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FRONTIN MALADE PARIS COMÉDIE MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS. MM. JULES YIARD et HENRY DE LA MADELÈNE RUE VIVIENNE, 2 BIS EN UN ACTE ET EN VERS

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Texte intégral

(1)

4 ,

FRONTIN

MALADE

COMÉDIE

EN UN ACTE ET EN VERS

PAR

MM. JULES YIARD

et

HENRY DE LA MADELÈNE

PARIS

MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS

RUE VIVIENNE,2 BIS

1858

Représentation, reproductionettraduction réserrées.

(2)

%o^

PERSONNAGES

GERONTE,70 ans FRONTIN,50 ans VALÈRE LUBIN ISABELLE

MM.Saint-Léon.

Thiron.

Riga.

M. Roger.

M»eDEBRBNït.

La scèneest à Paris,chezGérante.

,i»

(3)

FRONTIN MALADE

Unsalonbourgeois:porieaufond,au milieu;

fenêtreau fond,àdroite;portes à droite et àgauche.

Agauche,surlepremierplan,une cheminéesur- montée d'uneglace.

Guéridon, chaises,fauteuils.

Unetablechargée d'in-quarto,àdroite.—bibliothèque,animaux empaillés, iustrumeutsd'astrologie.

SCÈNE PREMIÈRE.

GÉRONTE, ISABELLE,

puis

FRONTIN.

GÉRONTE,querellantIsabelle.

Et,moi,jevousle dis,et,jevouslerépète: Depuis plusde vingt jours, vous

me

rompezlatète!

Ilesttempsd’enfiniravec tousccs propos!...

Grâceà vous,je n’ai pl ’suninstantde repos1 {Levantlesbras auciel.)

Conçoit-on qu’àseizeans,

toutauplus,

unefille Veuillesetransformer enmèrede famille?

Jeneveux pointcela!

Je saiscequ’ilvousfaut.

Mieux quevous, ce

me

semble;

et,sij’eus ledefaut D’ètre toujours tropbon,pourvous,

encette affaire, Jeveuxêtreunrocher,pourvotre bien!..

ISABELLE.

— Mon

père.

Jen'aipoint mérité ce reproche sanglant.

GÉRONTE,demême.

Paix,la!

J’ensaisassez!

Quantà votre galant, Si je letrouve encore en travers de

ma

porte, Je le ferairouerI..oulediablem’emporte!..

FRONTIN,entrant.

Etmonsieurferabien!

Tousces godelureaux Devraient êtremarquésparlamaindesbourreaux!

CeValère, entre tousl

Est-ilun honnête

homme,

(4)

6

FRONTIN MALADE.

/

Ayantfilleàgarder, qui puissefaireun

somme?

Ilfaut veiller lanuit;

ilfautveiller lejour;

Fermer,derrièresoi, laporteàdouble tour!..

lit,lorsqu’oncroit,enfin,salâcheterminée.

Ilvoustombe,un beausoir,parune cheminée!..

Mepréservelecieldefaireunseulenfant,

— Du

sexe féminin, surtout!..

GÉRONTE.

Maîtrepédant!

Jen’aibesoin,ici,des conseils de personne!..

Qu’onse taise!

Isabelle, allezI

toi,sil’onsonne.

Je n’y suispas!..

(Isabelle sedirige verslaporte,à gauche.) FRONTIN,en bougonnant.

C’estbon!..

(ilrangeetépoussettelesmeubles au fond.) GÉRONTE,àlui-même, surledevant, àdroite.

Là-haut,quelquesinstants, J’aibesoin derêver...depuissixjours, j’atiends L’horoscope promis...Armandiasm’oublie!

ISABELLE,tristement, surleseuildelaporte,enobservant son père.

Levoilàretombé danssamélancolie!..

GÉRONTE,avecune craintemystérieuse.

— O

Firmament!

Destin!

Mystérieux pouvoir!

Armandiaspeutseul...jebrûlede savoir Decetesprit profond, de ce savantillustre.

Si je vivrai,jusqu’à

mon

dix-huitième lustre!

— Mon

étoile dira...

ISABELLE,avec impatience.

Rienencore!

GÉRONTE,

àFrontin.

Ah!.. Frontin!..

J’oubliais...N'as4upas deslettres,cematin?..

(Isabelle écoute avec anxiétélaréponsede Frontin.) FRONTIN,tranquillement,du fond.

Deslettres?

Non, Monsieur1

Seulement,danslabrume.

Un

laquais, tout de noir vêtu,pourvud’unrhume, D’un rhumeinextinguibleet fort divertissant, M’aremis ce paquet,

hiersoir,

en toussant!..

ISABELLE,avecunesatisfactionprofonde.

Ah!

(Ellesort.)

(5)

SCÈNE

II. 7

SCÈNE

II.

GÉRONTE, FRONT1N.

FRONT

IN,fouillantdans toutessespoches.

N’ayant pas jugélachose d’importance;

Sachant,d’ailleurs,fortbien,qu’en toute circonstance, Rienne doit déranger Monsieur, lorsque,le soir, 11rentretravaillerdansson cabinetnoir, J’aicru pouvoir garder...

40 (ilremet à Géronteunpaquet cacheté.) GÉRONTE,aprèsavoirregardélecachet,enlevant sacanne.

Doublesot!

FRONTIN,stupéfait.

Queveux dire?..

GÉRONTE,

menaçant Frontin.

Triple coquin!

pendard!

maraud!..

FRONTIN.

—Monsieur

veutrire!..

— En

quoipuis-je l’avoir,à ce point, offensé?..

GÉRONTE,

exaspéré.

Tu demandespourquoi?

Maroufle, âne, insensé!..

Misérable!

Tiens!

tiens...

(Ulebat.) FRONTIN,à genoux.

Monsieur,

mon âme

estpure!

Jen’airienfaitde mal,

exprès,

jevouslejure!..

GÉRONTE.

11netemanquerait, sur

ma

foi,quecela!..

Va-t’en, drôle, ousinon!..

(Agitantlalettre,avec fureur.)

Oh!direquevoilà Six grands jours!!!..etcegueux, qui sans cesse m’approche,

Me

gardelesarrêtsdu Destindanssa poche!..

— Tu

vas mourir!..

FRONTIN,éperdu.

Monsieur,lesarrêtsduDestin?.;

GÉRONTE,secontenant.

Calmons-nous!;.

(6)

8

FR0NT1N MALADE.

(k Frontin.)

Écoutezici,monsieurFrontin

;

Vousallez,sur-le-champ, débarrasserlaplace!..

Jeneveuxplusde vous..

FRONTIN.

Mais,Monsieur!..

GÉRONTE.

Jevous chasse!..

Ne

me

le faitespas répéter àdeuxfois!..

FRONTIN,à part.

11

me

chasse!

Tantpispourlui.parbleu!

Tucrois Quejevais t’implorer, àgenoux?

Passibête!..

GÉRONTE,criant.

Partiras-tu î

FRONTIN.

C’est bon,Monsieur,jepars!..

(apart.)

Latête N’estpas forte;

etje croisquecevieux querelleur Iragronder, bientôt,dansunmondemeilleur!..

(\ourcau gestede Géroute.)

C'estcompris!.,ons’enva!..

(ilsort.)

SCÈNE

III.

GÉRONTE,

seul.

Je suis d’une colère!..

Entre ce vieux bavard,

ce brigandde Valère,

Et niafille,

àpester, jepasse tout

mon

temps!..

Je néglige,

poureux,

des soins plus importants!..

(Fause.)

CeFrontin

me

devient surtout insupportable!..

Fainéant,

raisonneur,

goinfre,

toujours àtable!...

— Ah

!j’aibienfaitd’écrireaufilsde

mon

fermier,

A

ce jeunel.ubin,qu’onm’offrit l’an dernier...

Ilest sol)re;

et,bienmieux quecelle

âme

damnée!..

Puis...je l’auraipourrien,danslapremièreannée!..

Et plus tard?...Atoutprendre,on pourralechasser...

D’ailleurs,unvaletpeut toujoursseremplacer!

Mais,c’esttropm’occuper de cesdétails futiles

(7)

I

SCÈNE

III. 9

Qui

me

font oublier tantde chosesutiles!

(Serrantlalettrésursa poitrine.)

Oh!maîtreArmandias,

sublime observateur, Tuits descience,

abîme,

astre,

esprit créateur,

Pourquilescieuxjaloux ne gardent plus devoiles, (Après avoir baiséla lettre.)

Voyonscequet’ont dit,sur

mon

sort, les étoiles?..

(illit.)

«SeigneurGéronte,enexaminantavecunescrupuleuseat-

«lentionet,àtroisreprises,lesastresqui écriventsurl’azur

«assombridufirmament,en lettresdefeu, lesdestinéeshu-

«maines,j’aitrouvé,enfin,l’étoile quientretientenvousla

«flammedela vie.

Salumière dorée vouspromet uneexis-

«tenceencorelongueetheureuse,àmoins quevotre valet

«Frontin qui, parune sympathiesidérique,aauciella

même

« étoilequevous, n’en éteignelalumière,enselaissantmourir.

(Avec stupéfaction, en s'interrompant.)

Frontin?

Jelismal! (ilrelit.)

NonI

C’estimpossible!

Mais, Pourtant,Armandiasnesetrompejamais!..

C’estbiensongrandcachet!

C’estbienson écriture!..

Frontinetmoi,liés!

quelleétrange aventure!..

(ilpoursuitla lecture.)

«11estdoncdelaplus haute importancedelesurveiller

«avec attention,de legarder de débauches, d’excès detravail

«ou de contrariété.

« Je vous envoie,ci-joint,deuxanneauxconstellés,préparés

«d’aprèsleshautsprocédésmagiques, qui éloigneront devous

« lescauses demortetque vousportereztous lesdeux,en

«signed’allianceetde destinée

commune; —

carl’arrêtest

«formel...Gérontedoitmouriràla

même

heurequeFrontin...

«etréciproquement. « Vale inunoDeo,trino etuno.

«Armandias.»

FrontinM!

(Avecfoietrésignationen passant,àsondoigt, lesdeux anneauxd'or.) 11faut subir son destinténébreux!..

(ilreptoielalettreetlaremet, tristement,danslapoche desarobe de

chambre.

Tout à coup,ils'écrie: )

Jel’aichasséd’ici!

Qu’ai-jefait,malheureux!..

(8)

10

FRONTIN MALADE.

(Appelant.)

Holà! Frontin!liolà!

Mystère impénétrable!..

FRONTIN,del'intérieur.

Monsieur,je fais

ma

malle!..

GFRONTE.

— Un

pareilmisérable!!!

Dérisiondusort!..

(Fiantune grandeagitation.)

Ilfautquej’aillevoir Armandias,moi-mème;

et jeveux, dès cesoir, Paruncontraten règle,et faitdevantnotaire,

Moyennant queFrontin restecélibataire, Et n’use passaforceaux douxplaisirsdes sens, Luibaillerunerente,aumoinsde..

(ilsonne arec frénésie.) FRONTIN,dehors.

Je descends!..

SCÈNE

IV.

FRONTIN, GÉRONTE.

FRONTIN,entrant.

Monsieurappelle?

GÉRONTE,l'attirantverslafenêtre,à droite,au fond.

Oui!..viens,etmontre-moita face,

— Au

grandjour!

!...très-bien!..

FRONTIN,étooné.

Quefaut-ilquejefasse?

GÉRONTE,

àlui-même, tournant autour de Frontinstupéfait.

Hé!hé!

Le drôleestvert!

œilvif,

jarret nerveux!..

Mineà

me

fairevoirmesarrière-neveux!

Carila bien encor...quarante ansdansleventre! (Illuitape surleventre.) FRONTIN,avecunpetitcri.

-Oh!..

(Apart.)

Quedit-il?

(Haut.)

Monsieur permet-ilquejerentre Pourfaire

mon

paquet?..

t

GÉRONT

E,mêmejeu.

A-t-il l’aircourageux!..

(9)

SCÈNE

IV. II

Pourlapremièrefois,jetrouveavantageux D’avoirunserviteur d’apparencesigrasse!..

(Haut.)

Quel âge as-tu,Frontin?

FIIO N T IN,allantpoursortir.

Mais,siMonsieur

me

chasse, Quepeutluifaire l’âge?...

GÉHONTE,lerappelant.

Eh!diantre, écouteici1..

Jetegarde!

FIIONTIN,étonné.

— Ah

!

vous me?..

GÉRONTE.

Tun’asplusde souci!..

Jusqu’à ton dernier jour, tuvisà

mon

service!

FRONTIN.

Envérité?..Monsieur

me

rend, enfin,justice!..

Ah!Monsieur,quele cieljuge delavertu!..

GÉRONTE,

gravement.

Laissele cieltranquille... et dis...quel âge as-tu?

FRONTIN.

— A

vousledirevrai,jen’ensaisrien,au juste!..

Je

me

senslecorpssoupleet le jarretrobuste; Et, jene craindrais guèreungaillardde vingt ans;

Mais,jedoisapprocher de cinquante printemps!..

GÉRONTE,Alut-mème.

J’en aisoixanteetdix1

L’avanceestsuffisante!

Voyonstesdents?..

FRONTIN,montrantsesdents. ,

Monsieur,ilm’enrestebientrente!

GÉRONTE.

As-tubonappétit?

FRONTIN.

Oui,Monsieur, par malheur!..

Etgrandsoif!..

GÉRONTE.

Donne-moitaparoled'honneur Quetu n’aspasdemalsecret,

pasdevarices,

Pasd’humeursfroides,

pasde...cautères aux cuisses?

FRONTI N.

Jen’airiendepareil!

et j’enjure

ma

foi!..

(10)

13

FRONTIN MALADE.

Mais, enfin!..

GÉRONTE.

Maintenant,marche unpeu, devantmoi!..

(frontinmarche.)

Cours, autourdusalon...

(Frontiucourt.)

Très-bien!—Maintenant,tousse...

Fortement!

FRONTIN.

— Hum! hum

!

hum

!..Oh!j’aiducreux!..

GÉRONTE.

.

Ron!

pousse

Ungrandcri!..

FRONTIN,criant à l’oreillede Géronte.

Boum!..

GÉRONTE,assourdi.

Parfait!

Faisvoirton poing!..

FRONTIN.

Voici!..

GÉRONTE.

Bien!

(Apprêtant son dos.)

Frappe, maintenant!..

FRONTIN.

Quejefrappe?

Merci!..

Monsieur

me

chasserait!..

GÉRONTE.

Eh!non, frappe,te dis-je!..

FRONTIN,àpart, hésitant.

— Ma

paroled’honneur, celatientduprodige!..

(Haut.)

Puisque vouslevoulez,Monsieur!..

(tlluidonne un léger coup.) GÉRONTE.(urieux.

Frappeplusfort...

jrdieu!..

FRONTIN,respectueusement.

Vousl’ordonnez?Tantpis!..

(ill’envoie,d'un coup, àl'autreboutdelascène.)

(11)

SCÈNE

IV.

CÉRONTE,criant.

43

Ah!jesuismort!...

(Se relevant, aidépar Frontin,etavecune grimace de douleuretde satisfaction.)

Jenetecroyaispaslepoignetsiterrible!..

FRONTIN,toutcontrit.

Mafoi, j’ai fait.Monsieur,de

mon

mieux!..

GÉRONTE,un peu vexéetpourtant enchanté.

C'estvisible!..

Mais... jenet’enveux pas!

N'importe!

unpareilcoup!

Oh!la,la!..

FRONTIN,demême.

Monsieurpeutlecroire, j’aibeaucoup Deregrets!..

GÉRONTE.

.

Laissedonc!

jenage danslajoie!..

Tutrembles,ettucrainsquejeneterenvoie?..

Tiens!

donne-moitamain, en signe depardon; Decebelanneaud’or,Frontin, jete faisdon!..

FRONTIN,émerveillé.

Cetanneaud’or1

— A

moi?

GÉRONTE,

solennel.

Conserve bien ce gage.

Car,je tepasseau doigt l’anneau de mariage!..

(tl luipasse l’anneau audoigt.)

FRONTIN,abasourdi.

Vousm’épousez?..

GÉRONTE,haussantlesépaules.

Dutout!., jeparleaufiguré, Etpoursymboliser ton avenir doré!

(Attirant Frontin surledevant delascène.)

AhlFrontin!.. tu ne peux pastefaireuneidée!..

Quelleivresse!..Envoyanttafigure ridée.

Tescheveuxgrisonnants,talenteurdevieillard, Vrai,jen’espérais pastetrouversigaillard1

FRONTIN,avec anxiété.

Monsieurva-t-il

me

dire,enfin,par quel mystère?..

GÉRONTE.

Tulesauras...plus tard! (Apart.)

Jecours chezlenotaire!..

(12)

FRONTIN MALADE.

U

Monhabit!..

(Froutinluiôte sa robe dechambreetl’habille.)

Avantpeu.jerentre!

Resteici!

Tiens-toicalme,

piedschauds,

ventrelibre...

FRONTIN,ébahi.

Merci!..

GÉRONTE,continuant.

Soisgai!.. Divertis-toi!..Prendsunpeu d’exercice!..

Etneteforcespas, en faisant tonservice!..

(ilsort,en envoyant des baisersàFroutin.)

SCÈNE

V.

FRONTIN,

seul,aveclarobedechambresurlesbras.

Plaît-il?

Eh?

Qu’est ceci?

Voyons,amiFrontin, Réfléchissonsunpeu;c’estgrave!

— Hum! —

Cematin, Géronte,aprèst’avoirbàtonné, d’importance, Techassede chezlui;

très-bien!

Toi,tucommence

A

fairetonpaquet;

bon!

Géronte, àl’instant, Terappelle;

tu crois letrouvermécontent?

Point!

Ilestpleind’égardsetdedélicatesse!..

Quel âge as-tu?

(Riant.)

Malgrétouteta politesse, Dansson dos,ilte fait baillerun coupde poing!

Tul’assommes,ilritetne se fâche point!

(ünsilence.

Regardant l'anneau de Géronte.) Safolieadu charmeet lerendfortbondiable!..

11est divertissant!..Oui!

mais,c’esteffroyable Depenserqu’ilpourraitreprendre sa raison!

Toutpesé, j’auraisdûquittercettemaison!..

(Pause.)

Hélas!queje faisais,autrefois,bonnechère Lorsquej’étaislaquaischezleseigneur Valère!..

Quel maître! quel grandcœur!

toujoursivreàdemi!

Ne comptantjamaislien!

— Ah

!

Frontin,

mon

ami!

Pourquoitamain,

tamain, jusqu’alors sans reproches,

S’cgara-t-olleunjourdanslefonddesespoches?

Ilm’achassé,l’ingrat!..

filsoupire,ettouilledanslespochesdelarobedechambreque Géronte vientdequitter.)

(13)

SCÈNE

YI. 15

— Ou

moins,et,pour

mon

bien, Jene risque jamais,

ici,

de trouver rien!..

Quel cuistrequeGéronte!..

(Trouvantlalettre.)

Ouais!etpar quel miracle Trouve-je quelque chose?

(ildéploielalettre.)

Hélas!

c’estunoracle!

Ilesttoujoursbourréde quelque talisman Cevieuxbarbon!

Lisons,

pournotreamusement!

(ilparcourt d’abordla lettre toutbat, et s’écrie:)

Est-ce possible?

ôciel!

n’ai-jepaslaberlue?

SCÈNE

VI.

FRONTIN, ISABELLE.

ISABELLE,surprenantFrontin.

Tiens!

quefais-tu,Frontin ? FRONTIN,embarrassé.

Moi?., rien!

Je vous salue!

(A part.)

O

fâcheux contre-temps!..Jebrûledesavoir...

ISABELLE.

Écoute-moiI

Jeveuxt’entretenir,cesoir, Seul,

cnlends-tu?..

FRONTIN.

Qui?

Moi!

pourquoi pas tout desuite ? ISABELLE.

Jene puis1

(apart.)

Ilfaut tout préparerpour

ma

fuite, Si

mon

dernier espoirétaitencoredéçu!..

(Haut.)

Réponds-moi, franchement;

dis,

mon

père a reçu Cematin...quelque chose?

unpaquet?.,unelettre?..

FRONTIN.

Unpaquet!

ISABELLE.

Justement!..

(14)

16

FRONTIN MALADE.

F RONTIN.

Jeviensdeleremettre,

Moi-môme,entrelesmainsdeMonsieur1..J’aivoulu Nepasperdreuninstant...

ISABELLE.

Et

mon

pèrea-t-illu?..

FRONTIN,portant1amaiuàsou épaule.

Sur-le-champ,hélas!..

ISABELLE. /

Bien!

et toi?..

FRONTIN,scandalisé.

Mademoiselle Saitladiscrétionde Frontin etsonzèle!..

Ilenestincapable!

Etc’esttropl’offenser Qued’avoir,

un

moment

même,

pulepenser!..

ISABELLE.

Oh!netefâche pas!..

(a part.)

Ila toutlu, ledrôle!..

(Avecjoie.)

Allons,Armandiasatenusaparole! (Haut, ensortant.)

Adieu, Frontin!

Tusais, tantôt,nous causerons!..

FRONTIN,seul.

De quoi?

Jen’ensaisrient

Bah!jeverrai!

Lisons!..

SCÈNE

Vil.

FROtNTIN,

lisant.

Encroirai-jemesyeux?

notreétoileest lamôme!..

Jecomprendstout1

Voilàpourquoi Gérontem’aime!..

Touts’explique,Frontin!

— O

capricedusort!

Situvis,ilvivra;

situmeurs,ilestmort'..

Savieestattachée àlatienne;

ettonastre, D’une

même

fortune,ou d’un

même

désastre, Doitlefavoriser,oulefrapper,entoi!..

L’égoïstevieillard, c’est lui qu’ilaimeen moi!..

(Pause.)

Ilm’insultait,tantôt;

à présent,il

me

choie!..

J’étaistrop gras, tantôt;

à présent, avecjoie.

(15)

7

SCÈNE

VII.

. 11voit

mon

teint fleuri,messuperbes mollets!

J’étaispourlui,tantôt, ledernier desvalets.

Un

drôle,unanimal,nefaisantrienquivaille!..

— A

présent...ildéfendqueson valettravaille!..

Jegagnais trop, tantôt!

Il

me

faitdescadeaux!

Tantôt,il

me

battait!

il

me

prêteson dos.

Aussicomplaisamment queleTurcdelaFoire, Pouressayer

ma

force!

(Émerveillé.)

Ah

!c’està n’ypas croire! Ilycroitcependant;

jedois y croire aussi!..

11estdanslalogique,en agissant ainsiI

Moi, quiledisaisfou!

levieuxcancreIilestsage!..

Jecomprends,à présent, l’anneaudumariage!

— O

mystèreI

ô miracleI

Est-ceunrêve,vraiment?..

Non!

jene rêve pas!

jelis,réellement!..

LevieilArmandiasestunfortsavant

homme

; Pourinfaillible,enfin,partoutonlerenomme;

Enlui,Géronte afoi...

(Réfléchissant.)

Vois,depuis ce matin, Combien,à tonégard,ilestchangé, Frontin!..

(Pause.)

— Comme

ils’esttransforméI

c’estainsiquenoussommes!

Depuisqu’il saitqueDieu, ce grandtailleurdeshommes.

Du même

drapquelui,

lebourgeois fanfaron,

Nousataillés,tousdeux, surle

même

patron.

Pourlui,l’humble laquaisestun

homme,

estunfrère!

(p»use.)

— Un

frère!!!

Jusqu’ici,jenem'endoutaisguère!..

A

me

persécuter,le sorts’estenragé!

Notreétoile,entrenous, tu m’asmalpartagé!..

(Sepromenan1,abîmé dansset réflexions.)

Jesuisné deparents...Quels parents?

jel’ignore!..

Je suisné,danslarue,et jenesaisencore Si jen’eusqu’unseulpère,

ousij’eneus plusieurs!

— Ma

mère?

c’estun mythe!

unede ses erreurs

(16)

18

FRONTIN MALADE.

(Eneut-ellebeaucoup?

l’ignoranceestprofonde, Surce point del’histoire)ajetédanslemonde Unenfant souffreteux, de tousabandonné!

Tel fut

mon

premierlot!

(Pause.)

Mais Géronteî1!ilestné D'unemère connueetd'un père authentique!

D’unpèretrès-légal,douéd’une boutique!..

(Pause.)

Qui m’éleva?

mystère!

Enfant

du

carrefour, Je digéraislanuit,mangeantfortpeulejour;

— Aux

crochetsduvoisin,

oubiend’unevoisine,

Toutpouilleux,

jevivaisd'unetristecuisine!..

(Pause.)

Maislui!!

!—

l’heureuxmarmot,audouxbruit des chansons Danssonbeau berceaud’or,ayant des horizons Debonbons, de joujoux, de pots de confitures.

Chaquesoir,ildormait,chaudement;

des figures Deparents attendrisveillaientsursonsommeil!..

Sa bonnele lavait,enfin,à sonréveil!..

(Pause.)

Mendiant,

vagabond,

rongé degourmandise;

Sachant à peinelire,en

ma

fainéantise, Et lutinant toujoursles fillesduquartier, Jegrandis, sans secours, sanscrédit,sans métier!..

(Pause.)

Maislui,pendantcetemps,ilallaitàl’école!..

Ilétaitstudieux!

ilapprenaitsonrôle!..

Ilapprenaitcomment,

en consacrantsessoins

A

vendre plus,auxgens, ce qu’on achètemoins,

L’activitédel’homme,avec succès,s’exerce;

Je n’avaisquele vol;

ilavaitlecommerce!!!

(Pause.)

Saltimbanque,

soldat,

maraudeur,surlesquais;

Dansde grandes maisons, plustard, jefus laquais!

M’énamourant,souvent,derouges maritornes, arfois,à leurs amants,j’aifaitporterdes cornes;

Aimé,trahi,volé;

plustristequecontent,

Plusdupé quedupeur,

plus battuquebattant;

Sansunsou,

j’aivieilli;

roulant vingtfois, j’aihonte.

Desnoblesauxbourgeois,de Valèrc à Géronte!..

(17)

SCÈNE

VII. 19

(Pause.)

Maislui!!!quandje servais,ilse faisaitservir;

Pendantquejejeûnais,

ildînaità ravir!

Pourluiseul, le rôti!

pourmoi,ledétestable Ragoût,-

lesfarineux,

lesdébrisdelatable!..

Les os au chien Frontin1

Pendant queje versais, Lui,nietendaitleverre,etbuvait secet frais!

Oh!pauvremoi!

j’étaisforcé,

comme

unbélître, D’aller,aucabaretducoin, m’offrirunlitre!..

Ou

bien, furtivement,

— comme

lesgoujatsfont,

Quandiltournaitledos,de boireauxcarafons1..

(Pause.)

Quandjem’appauvrissais,

iltriplaitsa richesse!

Je portaislebillet

;

ilavait lamaîtresse!

J’avaisunelivrée, afin qu’il fûtbiendit Quej’étais levaletduMonsieur àl’habit!..

Il

me

faisaitvider,

ah!qu’unvoiledérobe Cehideux souvenir,

jusqu’à sagarde-robe!!!

(Pause.)

Pendantquejesemais

ma

grainede bâtard, Dansdenombreux amours,engendrant, par hasard, Destillesdecatin,plus catinsqueleurmère.

Oudesfilsde fripon, plus friponsqueleurpère...

Lui!., l’honnêteGéronteü!

épouxlégitimé, Strictementmonogame,et,de tous estimé, Faisait,

ainsiquefaitl’hommequiserespecte,

Ses fredaines d’époux, sans qu’aucunlessuspecte;

Élevaitsesenfants,danslerespectdesrois, L’amour dubénéfice

et lacraintedeslois!

(Pause.)

Sa femmene songeait qu’autravail1

chose rare!

Peucoquette,elleétaitde son argent avare!..

C’est le lotdesbourgeois d’amasser des écus;

Mais,ilssont tousfort laids,Donc, presque tous cocus;

Ehbien!lui,n’a trouvéquejoieen sa famille!..

Ila dotéson(ils!

ilpeut doter safille!

11eut touslesbonheursdel’hommemarié;

11futpèrelui-mème,ou...peu cocufié!

Maintenant,ilestveuf,pour résumersajoie!!! (Avecironie,montrantlepoing auciel.)

Tulesais,

mon

étoile!11

Ettuveuxquejecroie

(18)

*0

FRONTIN MALADE.

Qu’ausortd’un

homme

heureux

mon

guignonfutlié!

Alors,de ceguignon,quen’eùt-il lamoitié!..

Ou

quen’eus-je, plutôt,moitiéde sa fortune!..

(Avecrésolution.)

Désormais,je l'aurai!

plusde plainte importune!..

Que

me

fait lepassé?

denouveauxjours ontlui, Eldérouteest

ma

choseet

ma

proie, aujourd’hui!..

Troplongtemps, ce vieux drôle eutlapremièremanche!

Ah!jevaisdoncpouvoir prendre,enfin,

ma

revanche!

(pause.)

Quel talismanmagique!

aveccesquatremots:

«Monsieur, je suismalade!»En unjour,tousmes

maux

Soinfinis.

J’aidel’or,

dugigot,

desrillettes,

Dupoulet,

des habits,

dudindon,

desfillettesI

Queveux-tu?

Levoilà!

Je règneabsolument!

Je

me

feraicoucher

seul

surson testament.

(Pause.)

— Ma

santé,c’est lasienne!

et

ma

vie estsavie!..

Jetetiens,vieux grigou!

J’aurais vraiment envie De

me

tuer

unpeu

pourlefaireenrager!

Si j’allais

me

jeteràl’eau,pourincvenger?

Moi, trépassé,jevoisson affreuse grimace.

S’iltrouvait,toutà coup,laMortdevantsaface!..

GrandDieu!

qu’ilseralaid!

etqueFroutinrira Quandleriche!

l’heureux!

lemaître crèvera!!!

(Pause.)

Mais,onpeut

me

surprendre;

apprenonsl’horoscope Parcœur;

reiisons-le!..

(ilrelitdesjeux avecsatisfaction;puistout icoup:)

Ciel!jetombeensyncope!

Je n’avais pas tout vu, lorsqueje l’avais lu!

Cet horoscopeestdouble!Il et lesorta voulu Poursuivre, jusqu’au bout,cetteplaisanterie!..

(Relisantencore.)

«Géronte doitmouriràla

même

heurequeFrontin...et...

«réciproquement.»

Et réciproquement!

— Ah

1

ma

vie estsa vie;

Jusqu’ici, c’est parfait!

mais, ô gredin de Sort!

Sasanté,c’est lamienne,ets’ilmeurt,jesuismort!

Géronte doit mourir, à

mon

heure;

j’ycompteI

Mais Frontin doitmourirà l’heure de Géronte!!!

(19)

SCÈNE VU.

21 CYstécrit!

C’estbienlà1

Jem'étonnais aussi Que

ma

mauvaisechance eût pu tournerainsi!

Lesort

me

souriait;

àprésent,il

me

rase;

Jelereconnais bien, aucoupdontilm’écrase!..

Cet oracle aditvrai!

lepassém’enrépond!..

(Froisiant l'horoscope arec citère.)

Etré-ci-pro-que-ment!..

Oh!

ceci

me

confond!

(Avecterreur.)

.Ma vie estattachée à ce vieuxcacochyme!..

A

cecorps tout cassé!

Lesoufflequim’anime, Delà,doits’exhaler,

unjour,

avecle sienl..

Sagoutte,c’est

ma

goutte!

etsonrhumeest lemien! Attelé,moivivant,à cemort!

Providence,

Tu me

comblesvraiment1

supplicedeMézenceü!

(Avecuusubitattemlrissement.)

— Ah

!l’augustevieillard!

moi, quilehouspillais!

Coudoyais!

rudoyais!

saboulais!

bousculais!..

Quilelaissais,unmois, sansqu’il prîtd’exercice!..

Moi qui,

quandiltoussait,

luimangeaissaréglisse!..

Quiluibuvais sonlaitde poule!

ettantdefois L’ai laissésecoucher, sansfeu,danslesgrandsfroids!

Quilefaisais bràilier,aprèsmoi,

comme

un;\ne!

Quilelaissais sortir,enville,sans sacanne!..

Toujours,

comme

aujourd’hui!

Moi, qui souventairi

Deschutesqu’il faisaitsurledos!

Vieux chéri!'I

Quandtusonnais,Frontinte disait:«Sonne, sonne!..» (Avec mélancolie.)

Jecommenceà m’aimer, Géronte, entapersonne!..

Ces joursquej’abrégeais,je les aiperdus,moi!

Mauvais cœur!

c’étaitmoi queje tuais,entoi!

(Avec une inquiétudecroissante.)

Maisj’ypense, à présent!

quefait-il,cebonmaître?

Ah!qu’iltardeà rentrer!

Je souffre!

oùpeut-ilêtre?

11est,sans doute,allévisiterses terrains, Sesmaçons.

S’iltombait,et

me

cassait... sesreins!

Ou,siquelque muraille, à peine terminée.

Me

roulaitsur...son corps!

siquelquecheminée.

Toutà coup,

me

tombaitsur...satète!

Oh!tourment!

Je le vois,surlesol,mourant...Ence-moment...

Et puisjemeurs!

(20)

FRONTIN MALADE.

24

(ilchancelle.)

Ma

vue,à ce tableau,setroublef

Créature sacréeI

ù

mon

frère!

ô

mon

double!

Prèsdu pauvreFronlin, reviendras-tu jamais?..

GEHONTE,au dehors, avec empressement.

Froutin!

jeveuxlevoirl

Frontin!..

FRONTIN,avecjoie.

Ali! jerenais!..

Sa doucevoix m’appelle!.,ilrevient!.,ilremonte...

Leperron!

(ilremet l'horoscope danslapoche delarob*dechambre,etsemetàla brosser, tranquillement.)

SCÈNE

VIII.

FRONTIN, GÉRONTE.

GÉRONTE,

allantdroitàFrontin.

— Mon

Frontin!!!

FRONTIN;allant àGéronte.

Ce bon monsieurGéronteI

GÉRONTE,empressé.

Tu

vas bien?

FRONTIN,empressé, demême.

EtVOUS?

GÉRONTE.

Moi?bien!

maistoi?

FRONTIN.

Bien!

mais vous?

GÉRONTE,

avecsatisfaction.

Jamaisjenete vissifrais!

FRONTIN,avectristesse,àpart.

C’est faitde nousl Jamaisjenele vissifatigué!

Jetremble!..

Unde ces quatre jours,nouscrèveronsensemble!..

GERONTE,

se présentantlesbrasouvertsàFrontinattristé.

Quelteint!

quelles couleurs!

cetexcellent Frontin!..

Jenel’aipoint encore embrassé, ce matin1

FRONTIN,interdit,à part.

Cevieillardm’aimetrop!..

GÉRONTE;

les tirastendus.

—Sur mon

cœur!.,

mon

fidèle!

(21)

Dans mesbras!

SCÈNE VIH.

23

FR0NTIN.

Ah!Monsieur!

GÉRONTE,

mêmejeu.

Viens, serviteur modèle!..

FRONTIN,serésignant.

Prenonsnotre courage àdeuxlèvres...

GÉRONTE.

Viens!..

FRONTIN,aumoment dusacrifice,àpari.

Pouh!

Je ne pourraijamaisembrassercevieuxloup!

Cette face ridée!..

(Aumomentd'embrasser Géronte,ils’arrête.)

— O

maître!

non!

je n’ose!..

G

ÉRONT

E,seprécipitantsurlajouede Frontinetlabaisant sansque Frontin puisses’endéfendre.

Alors, ce seramoiquicueillerai tarose!

Coquette!..

FRONTIN

,luiéchappant.

Holà!monsieurGéronte,et

ma

vertu!..

GÉRONTE,

toutchancelant, avec sentiment.

Je

me

sens rajeunir... auprès detoi...vois-tu!..

FRONTIN,à part,avec désespoir.

Moi,vieillirdetrenteans!..

AutrefoisI

GÉRONTE,familier.

J’étaisunjoyeuxdrille...

(iltousseunpeu.)

FRONTIN,àpart.

Vieux poussif!

(Haut.)

_s

Monsieur,sij’étaisfille,

Vrai,j’auraispeur de vous!..

GÉRONTE,

familier.

Je suisencor gaillard!..

FRONTIN,luitapant surleventre aveclafamiliaritédesfarceurs.

Vous

me

scandalisez!

Taisez-vous, vieuxpaillard!..

GERONTE,demême,lepoussantdu coude.

Tout

comme

toi,

malgré

ma

tètequi grisonne,

On

saurait bien encor payer de sa personne;

(22)

24

FRONTIN MALADE.

Enmainte occasion,semontrerbravement, Et,qui plusest,

mon

cher, s’entirergalamment!..

(Ilvas'asseoirdans sa ganache, en toussant encore.) FRONTIN,àpart,leregardant avecpitié.

Ilneluimanquaitplusquecourir l’aventure!

Lesvicesimpuissants sont peints

,sur sa figure;

Sonvisages'empourpreetson œil seternit...

Il

me

paraît plus vieux, depuisqu’ilrajeunit!

(Céronteestprisd’un accès de toux formidable.

L’écoutanttousser.)

C’estmoiqui tousseainsi1

cet

homme

m’assassine!

Chaqueaccès de sa toux

me

briselapoitrine!..

t;ÉHONTÉ,àFrontin, entredeux accès de toux.

Tavueestsaineetbonneà

mon

cœur!..

FRONTIN,à lui-même.

Dansledos J’aidesfrissons!

Jevois...unsuisse!..desbedeaux!..

Descierges!.,des amis, qui vont, suivant

ma

bière!..

— On

m’emporteaugrandtrou

commun

ducimetière...

Laterreet lescailloux roulent sur

mon

cercueil...

Frontin, prépareuncrêpe à tonchapeau de deuil!

Cartamort,

cetteannée,

ô

mon

fils,estcertaine!..

GÉRONTE,regardauttoujoursFroutin avecjoie.

Jen'aiquecinquante ans!

j’atteindrai lacentaine!

(iltousse.)

Ah!vraiment,dudestin je suis favorisé!..

(Nouvel accèsde toux de Géronte.) FRONTIN,frissounant.

Brrroul

je

me

sens glacé!

tout cadavérisél..

(Allant à Géronte avecsollicitude.)

Vousaurezgagnéfroid,dansvotrepromenade!

(Avec reproche.)

Vousn’avez pas encormangévotrepanade?

Voulez-vousunbouillon?

Quittezdoncvos souliers!..

Et votre habit!..

(Illuipasse sarobedechambre.)

Prenezcetterobe!

— A

vos pieds, Mcttez-moi,promptement,vos pantoufles!..

(illuimetsespantoufles.)

Peut-être Souffrez-vous ?

(23)

SCÈNE

IX. ,25

GÉRONTE.

NonFrontin!..

FRONTIN,avecialérèl.

Êtes-vousmieux,cher maître?..

Je vais prendredubois,aucellier,pourle feu!..

GÉRONTE.

Netedérangepas,

mon

ami,poursipeu:..

FRONTIN,sortant.

— Oh

1Monsieurl

GÉRONTE.

Non,Frontin, tu vastemettre en nage!

(Frontintort.)

SCÈNE IX.

GÉRONTE,

seul,dans sa ganache.

Quelchangementde ton,

d’allures,

de langage!

Est-ce bienlàFrontin?

Ouais!

Saurait-il?

—Comment?

C'est impossibleI

à moins...Eh!

cest

mon

changement

A

moi, Géronte,aussi,quil’achangélui-même!..

C’estsisimple d’aimerlemaître quivousaime!

Ouij je lebrusquais trop!

cebonFrontin1

tantôt, Jel’aichassé,jecrois!

j’attends

même

unrustaud Quidoitleremplacer...

(Selevant.)

Le remplacer!

Quel

homme

Peut remplacerFrontin?

Quel.est-il?

Qu’onle

nomme!

(Pause.)

Oui dût-ilm’encoûterlamoitié de

mon

bien, 11fautqueFrontin vive, et longtemps,ettrès-bien!..

— Mon

intérêtleveutl

(Réfléchissant.)

Orçà,quedois-je faire?

Est-ilbon queFrontinsoit instruitdu mystère?

Vaut-ilmieuxqu’il l’ignore?..

(Pause.)

Ah1certes,s’ilsavait Quesavie est

ma

vie,àcoupsûr,ilprendrait Soninfime existence en bien plus hauteestime!

11verraitàsesjours,

alors,

unbut sublime!..

Etlui,

l’homme derien,

quin’avaitpas compris

(24)

96

FRONTIN MALADE.

Lavaleurde savie,eu saurait toutleprix; Puisquele ciel n’avaitqu’un but, enlindecompte.

EncréantunFrontin:

fairevivreunGérante!. .

(Pause.)

Mais,son

âme

estvulgaire;

ilpourraits’attrister!

Etpuis,s’ilsavaittout...ilvoudrait m’exploiter!

Nedisons rien encor!..

(Axee inquiétude.

)

Quefait-ilàlacave?

S’est-ilcassélesreins,en tombant?..

SCÈNE X.

GÉRONTE, LUBIN,

puis

FRONTIN.

LUBIN,entre-béiliantlaporte;

ilporteunpaquet au bout d’un béton et tientun grand panier àlamain.

Soyonsbrave!

C’estbète d’être aussi timidequecela!..

GÉRONTE,

surpris.

Lubin!

LllBIN,s’avançant d’unair bête.

Eh!oui!.,monsieurGérante...

me

voilà!..

GÉRONTE,entraînant Lubin, àdroite.

— Tu

viens,pour

me

servir?

LUBIN,saluant.

Sij’en étaiscapable...

(Frontin parait chargé de bois.) GÉRONTE,embarrassé,àpart.

Frontin!

Quelembarras!..

FRONTIN,terminantses réflexions,sous son fardeau.

Bongite, etbonnetable!

C’est

mon

lot,désormais!..

(Arec inquiétude, apercevantLubin qui salue gauchement.)

Quevientfaire,céans.

Cejouvenceaunaïf,auxgestesmalséants?..

LUBIN,demême.

Je viens,pourremplacer votre vieuxdomestique!

FRONTIN,laissanttomber sou bois surlesjambes de Lubin.

— Me

remplacer!—blanc-bec!

cochon delait!

bourrique!

Jevoudrais bien voir çat

(Se jetantdanslaganache deGéronte, à gauche.)

(25)

SCÈNE

X. *7

Jevais

me

trouvermal!..

Je chancelle,

mon

Dieu!

GÉRONTE,a Lutrin,avec colère.

Délai

cuistre!

animal!..

Parler,devant Frontin, deluivoler sa place! (Lubie semet à pleurer, dans un coin delascèue,àdroite.)

FRONTIN,lamentable.

J’aidonc, ô

mon

bonmaîlre,encouru

ma

disgrâce?

GÉRONTE,lerassurant.

Non,

mon

ami1

FRONTIN,avecreproche.

Pourtant, ceLubinestvenu!..

GÉRONTE.

Uva partir! (A Lubin.)

Va-t’en!..jetechasse,inconnu!

LUBIN,sanglotant.

Inconnu!..moi, Monsieur!..

FRONTIN,demême.

Jetombeendéfaillance!..

Moi!vous quitter!..

GÉRONTE.

Jamais!je tegarde!..

FRONTIN.

Mon

bonmaître!..

— O

souffrance, LUBIN,pleurant toujours.

Inconnu!

moi!lefilsdeLucas!

Vousm’avezfaitvenir!

GÉRONTE.

EhbienIdonc, en cecas,

Jete faisrepartir!

Retourneà tonvillage!

LUBIN,pleurant toujours.

Moi,quivousapportaisdeuxpoulets,

unfromage,

Delapartde papa!..

GÉRONTE,prenantlepanier.

Laisselàlespoulets!

Mais va-t’en;

je n’aipas besoin dedeuxvalets!..

LUBIN,désolé.

Quevadirepapa?

Monsieur,pourqu’il

me

croie.

Faites-moi

mon

congé,

— comme

auxgens qu’on renvoie!

(26)

28

FRONTIN MALADE.

GÉRONTE,inpaticnté.

Oui;je certifieraiquetum’as bienservi!

Es-tu content,pleurard?

LCUIN, sanglotant.

Monsieur,jesuis ravi!..

GKRO N T E,revenantàFrontin.

Rassure-toi, Frontin...

FRONTIN.

L’émotionestforte!

A mon

âge,Monsieurveut

me

mettre àlaporte!

(Gestede Géronte.

Frontin, se levant.}

Et vous avez raisonî

Lubinferabienmieux Votreaffaire!..

GÉRONTE.

Maisnon!...

FRONTIN.

Frontin,devenuvieux.

Nevautpas...

GÉRONTE.

Puisqu'il part!...

FRONTIN.

— Oh

!je

me

rends justice!

J’aitantvieilli,depuisquejesuisau service!

Toutà l’heure,

enmontantcebois,

je le sentais!..

Jefléchissais,souslefardeauquejeportais!..

Etj’aifailli,vingtfois...

GÉRONTE,effrayé.

Quoi!

FRONTIN,froidement.

— Me

briser l’échine!..

GÉRONTE.

Toi1

— mon

Frontin chéri!

FRONTIN,tranquillement.

Oui, moi!..

GÉRONTE,

secroisantlesmains.

Bonté divine!..

FRONTIN,mor.lrautl.ubinquipleure.

— Au

lieuquelui,voyez!

ilestjeune,

ilest fort!..

Oui, vous vouliezleprendreetvous n’aviez pastort!

(Avec mélancolie.)

Levieux Frontin s'eu va!

Jipenche, verslatombe...

(27)

SCÈNE

X. 21)

Lesans m’ont tant maigri,que

ma

culotteentombe!

Je suis toutépuisé;

j’aibesoin de repos;

i’renez-moi cevalet,vaillant, frais etdispos!..

'

J’iraimourir,ailleurs,

isolé,

sans ressource...

GÉHONTÉ,toutbouleversé.

Assez,Frontiu!..

(Alui-mème.)

Quefaire?

— Ab

!

— ma

bourse!

— ma

bourse1

Deuxvalets!

Cependant,jene puislelaisser

Me

servirpluslongtemps!

s’ilallaitseblesserI..

K RO N T1S,s’éloignant.

AbandonnezFrontiu!

Oui,jevouslerépète!..

GÉRONTE,

àlui-mème.

Frontinva

me

coûter touslesyeuxdelatète!

Allons,ne faisons pasleschoses àdemi!..

Cen’estplusunvalet, d’ailleurs... c’est

mon

ami!..

F'RONTIN,l’observant,avec inquiétude.

Ilhésite!

Toutseul,ilest làquibavarde!

Don!..

GÉRONTE,

résolument.

Tum'as convaincu;

ceLubin,je legarde!

FRONTIN,désolé.

Qu’ai-jefait?

LUBI

N,cessantde pleurer.

Quelbonheur1

GÉRONTE,

iLubin.

Viensici,jeune garsI

LUBIN,accourant.

Moi,Monsieur?

GÉRONTE.

Jeteprends!..

LUU IIS,sautant dejoie*

Jereste!..

FRONTIN,tristement.

Moi,jepars!

GERONTE,eu souriant,aveciiouliomie.

Mais, non!..

FRONTIN.

— Comment?

(28)

30

FRONTIN MALADE.

GÉRONTE,

présentantLu binà Frontln.

— Tu

voisLubin?

Jete ledonne!..

FRONTIN,reconnaissant.

Ah!Monsieur!..

GÉRONTE.

Désormais, Frontin,commande, ordonne!

Lubint’obéira!..

LU OIN.

Certes!..

GÉRONTE.

Tuvieilliras Présde moi...doucement!

lu tereposeras!..

FRONTIN.

Noblecœur!

GÉRONTE,&part.

.

11

me

doitbeaucoup moinsqu’ilnepense!

FRONTIN,àpart.

— Au

fait,encemoment,c’estlui qu’ilrécompense!

LUBIN,arec respect à Frontin.

Etquem’ordonnez-vous,

mon

maître,en ce

moment?

FRONTIN.

Moi?

d’allumer cefeu,maroufle,etpromptement!

(Lubins’inclineetva verslacheminée.

Ilcherche,pendanttoutelascène, à allumerle feu,sans yréussir.)

GÉRONTE.

Es-tu content?..

FRONTIN,jouant l’émotionetallants’asseoirdanslaganachede droite.

Trop!

GÉRONTE,étonné.

Bah!

FRONTIN,àpart.

Nelâchons pas

ma

proie! (Haut.)

Oui; tant d’émotions!

ladouleur,

puisla joie...

M’ont tout bouleversé... J’éprouve à l’estomac...

GÉRONTE,considérant Frontin, avecanxiété.

Qu’as-tudonc?

eneffet...je sens...

FRONTIKjde plus en plusdéfaillant*

C’estun mic-mac...

Ün

malaise...unecrampe...

(29)

SCÈNE X.

31

GÉRONTE.

Eli!

parbleu,c’estla bile!

Je vaisfairequérirun médecinhabile!

Nousallonstesaigner!

Nousallonstepurgerl F HONTl N,t'arrêtant.

Cen’estpas

mon

système;

et,j’aimemieuxmanger!...

GÉRONTE.

C’estimprudent, pourtantI

et,plusjevois ta mine!..

FRONT

IN, gravement.

J’aides opinions. Monsieur, enmédecine;

Oui!...Je suis toutàfait,

j'aid’excellents motifs,

Pourles fortifiants,

contrelespurgatifs... -

GÉRONTE,avec conviction.

Moi,pourlespurgatifs!...

F R O N T1N

.

Chacun asaméthode;

D’ailleurs, lamédecine,elle aussi, suit lamode!

GÉRONTE.

Lavieilleavaitdu bon!...

FRONT1N.

Jenedispasnon;

mais, Je préfère, entre nous,cellequejeconnais!...

Et puis,

jene veux pas vous enfaireun grandcrime,

Mais,vousm’avezsoumis, bienlongtemps,aurégime!..

Vous

me

nourrissez mal!...

GÉRONTE.

Tucrois?..

FR0NT1N.

C’esttrop certain!

Ma

maladie,à moi... Jelesens,c’est lafaim!

GÉRONTE,bon mouvement.

Ah!

ce pauvre garçon!...

FRONT1N,continuant tranquillement.

J’aileversolitaire!

GÉRONTE,

épouvanté.

Toi?

GrandDieu!...

FRONTIN,demême.

Desgrospois...puis,des

pommes

deterre...

Desragoûtsauxnavets... et,puis, desharicots...

Desfarineux!

toujours!

des restes defricots!...

C’estfortmaigre!

etsans vin!

J’aides vents qui font rage!

(30)

33

FRONTIN MALADE.

En

homme

bienappris,

par respectpourvotreAge,

Jelescontiens, parfois;

mais,j’ensouffrebeaucoup!...

GÉRONTE;avecbonhomie.

Oh!

nelegène plus!

Entre nous!...

FRONTIN,à|>art.

Le grand

coup

!

(Haut.)

Pour quejevivebien;

pour que

ma

maladie Seguérisse...ilfaudrait, à

mon âme

affadie,

Du

bonfiletde bœuf... des bouillons succulents!...

Du

gibier,

dupoulet!

des vinsrougesetblancs!

Defraispoissons,aveclasauceauxéchalottes...

Des entremets sucrés,

des huîtres,

des charlottes!...

11

me

faudraitenfin,

ô maître,

vosrepas!.. (Grimace(leGéronte.)

Sanscela,

je lesens,

jene guérirai pas!..

.

GÉRONTE,

avec empressement.

Frontin, tu dîneras, dès cesoir,à

ma

table!...

FRONTl N.

N’en doutez pas, Monsieur;

unpeu de confortable, Et

mon

pauvreestomac, bientôt,seguérira!

GÉRONTE,

àpart.

Ense fortifiant,il

me

fortifiera!

FRONTIN,à part.

Quellesoitbonne, au moins, puisqu’elle sera courte!

GÉRONTE,

jouissantduplaisir qu’ilvadonneràFrontin.

Tuvasterégaler!

nous avonsunetourte1...

FRONTIN,

avec extase.

Nousavonsunetourte!!!

GÉRONTE,demême.

Hein?

Gourmand?...

(Voyant Lubin quis'efforcedefairedufeu.)

Mais,morbleu!

Cet animal n’a pas encorefaitdefeu!...

Finiras-tu,bêta!...

(Lubintouttroublé,redoubledezèle,sans mieuxréussir.) FRONTIN,à part,en joueur heureux.

Suivons! suivonslaveine!

(Haut.)

Cen’estpastout,Monsieur

1—

Vous comprendrez

ma

peine...

(Géronte vients'asseoirprès de rrontiu quiselève.—Géronteleprie de serasseoir.

Fronlin continue négligemment.)

(31)

SCÈNE X.

33

— On

flâne;

un amipasse;

onsesentlebesoin Deluipayercliopine,au cabaretducoin.

— Un

pâtissiervouslente:

onvoitdestartelettes, Descrèmes, debeauxfruits,

duflan...etdesgalettes!1!

(Confidentiellement.)

Unefdlevousplaît!.,mais,pourtousmesdésirs.

Jen'aipasunsou!..

f.EHONTE,luidonnant sa bourse.

Tiens...pourtesmenusplaisirs!

Mais,soisprudent!

Chut! (ilmontre Lubin.)

FRONTIN,demême.

Chut!..

GÉRONTE,selevant,àlui-même.

Pluscherquesesservices.

Mon

vaurien,

je lecrains,

ferapayerses vices!..

(ilvaversLubin qui batlebriquet,sansrésultat,depuislongtemps.) FRONTIN,àlui-même.

Bon!

iltientàlavie,encor plus qu’à son or!

GÉRONTE,battantlebriquetlui-même,à Lubin.

Regarde!

on batainsi!..

FRONTIN,se levant,subitementetreprenant Géronte.

Cen'estpas tout encor!..

Etmesgages,Monsieur?

Parlonsdoncdemesgages!..

(ilserasseoit.)

GÉRONTE, premiermouvement.

Mais,chezmoi, ce

me

semble... avec ces avantages...

Centlivres!., c’est joli!..

FRONTIN,serelevantenmettantlemarchéàlamain.

Chez unbourgeois...à Sens...

L’autrejour...en Bourgogne...on m’enoffrait...deuxcents!..

GÉRONTE,un peuétourdi,d'abord,parlecoup deFrontin, courtprendre un papierdanslapoche de son habitetleremet ê Frontin.

Lis ce contrat, Frontin!..etdiss’iltecontente?

Tantôt,jet’aidonnésixcentslivresde rente!!!

FRONTIN,chancelantdejoie etregardantlepapier.

Oh!

maître!..

(ilsauteau coude Géronte.)

GÉRONTE,àlui-même, avec résignation.

Un peuplustôt..ou bien,un peuplus tard!...

(32)

34

FR0NT1N MALADE.

FRONTIN,radieuxetfourrantlecontratdans sa poche.

Lefer estchaud!

battons!

réglonstout,sansretard!..

Cen’estpas tout encor!..

(Géronte écoute,toutépouvanté des exigences croissantes deFrontin qui poursuit:)

Sousles toits,lasoupente

jecouche,estmalsaine...ilypleut...ily vente!

— On

y gèle en hiver;

onycuitenété;

Mon

rhumatismeveut... lesoinde

ma

santé Exige unlogement, plussain,plus convenable...

GÉRONTEj

àpsrt»

Sondésir,aprèstout,estassez raisonnable!..

Haut.

C’estjuste!

tul’auras!

11estunlieusacré

jamaisaucun

homme,

après moi,n’estentré,

Quejesache,dumoins!

C’est lelitde

ma

femme.

De

ma

pauvre défunte!..

FRONTIN,hypocritement.

Ah!

Dieugarde sonâme!..

. GÉRONTE.

11estàtoi,Frontin!

Cesoir,en debons draps, l’rèsde moi,dansl’alcôve,ami, tudormiras1

FRONTIN,de plus en plus lamentable.

Cen’estpas toutencor!..

(Géronteleregardeavecstupéfaction.

Frontin continueavec impassibilité.)

J’avaischaud, tout à l’heure, Enmontant,ducellier,ce bois;

mais,quejemeure.

Si jen’éprouve pas, à présent, desfrissons!..

GÉRONTE,inquiet.

Vraiment?

FRONTIN.

Etjesuais!..

GÉRONTE,

toutéperdu.

— Tu

suais?

— Ah

!pensons Bienàceci,Frontin!..

FRONTIN,grelottant.

J’aifroid,

comme

endécembre!

,

GÉRONTE,

ôtant sa robede chambre.

Enveloppe-toi bien, dans

ma

robede chambre!.*

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