<v LA
VOLEUSE D'ENFANTS
DRAME EN CINQ ACTES
ENIII’IT
TABLEAUX
PAR
EUGÈNE GRANGE
elLAMBERT-THIBOUST
*
PARIS
hue
MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES ÉDITEURS VIENNE,
2BIS,ETBOULEVARD
DESITALIENS-, 13A LA LIBRAIRIE NOUVELLE
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PERSONNAGES
ATKINS
• " *MM.
Castella no.LORC TREVELL1AN
Faille.OLIVIER SIDNEY,lieutenantîlevaisseau. . Hegnier.
I’IBROCK
R
EVRARD.JACOBSON,policeman Boutin.
DANIEL
WICKFIELD,pasteur Adler.ADAMS,
matelot Maciianettr.ARTHUR,
llieutenantâ devaisseau, amisl Capelli.GEORGES,!
d'Olivier i Tmuillv.ON AT
HAN
• Rjcher.DLACKBURN,
tailleur Desorme.JAMES,domestique IIoster.
B JB, matelot Néraui.t.
MATHEWS
,tavcrnier Crisar/PremierPoliceman Lover.
DeuxièmePoliceman Guillot
PremierBuveur Lavergxe.
DeuxièmeBuveur Peressb.
Un Pick-Pocket.. . .- Lalande.
SARAH WATERS
.M»«*Marie LaurentLADY HÉLÈNE TREYELL1AN
Défodon.MISS
FWNNY
Aoollard.M1STRESS
MAGGY,
hôtesse Faille.Policemen, Buveurs,Garçonsdetavernw, Domestiques, Matelots, Constablf.s, Pick-Pockets.
,Lascènesepasse àLondresetdanslesenvirons.
S’adresseràl’Ambigu-Comique,pourlamusique, à M. Arlus, chefd’orchestre, etpourlamiseenscène,àM.
Ma
sson, souffleur.DigilizedbyGoogle
LA
YOLEUSE D’ENFANTS
PROLOGUE PREMIER TABLEAU
L’intérieurd’unemasureau quartierdesIrlandais,ilLondres.Ausecond plan gauche,unberceauride.Deuxchandelierssurlacheminée,une vieillecommode, deuxescabeaux.
SCÈNE PREMIÈRE
POLIGEMEN,
puisJACOBSON
puisDANIEL WICKFIELD.
Anleverdurideau,lethéâtre est vide.Unpoliceman parait,s’assure qu'ilestseul et entre.
PREMIERPOLICEMAN.
Personnel...
DEUXIÈME POLICEMAN,entrant,suivi d’un troisième.
Alors,onpeut entrer.
PREMIER POLICEMAN.
Tenez, Tom... regardez danscettechambre,(il luimontrela porte à gauche,lodeuxième Policemany entre.)
JACOBSON,paraissantanfond.
Eh
bien,mes
enfants,çava-t-il?PREMIER POLICEMAN.
Ntfn,monsieur Jacobson.(ilouvreletiroird’nnevieillecom- mode.) Rien...
DEUXIÈME POLICEMAN,sortantdelachambre.
Rien!
PREMIER POLICEMAN.
Pasunindice...pasunelettre.
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2
LA VOLEUSE D’ENFANTS
JACOBSON.
D’abord Sarah Waters nesaitni lire,ni écrire;etpuis, apprenez, monsieurWebster,que dans ce commerce-là, ceuxquivendentetceuxquiachètent n’écrivent jamais...
passibête, l’Irlandaise1...jevousladonne pour unefine mouche, etles toiles d’araignées auront
au
mal à la prendre.PREMIER POLICEMAN.
Etceberceau?
DEUXIÈME POLICEMAN.
Ilestvide!
JACOBSON
.
Ce berceau ne prouverien...Sarah vousrépondrait qu'elle aunenfantennourrice, ce qui est exact, qu’elle attend cet enfantd’unjour àl’autre,etqueceberceauestlesien.
PREMIER POLICEMAN.
Nous
sommes
bien sûrsdela chose,cependant;sion l’arrêtait?JACOBSON.
Y
songez-vous, monsieur Webster?arrêtersans preuvcsl Jenereconnais paslàvotrehabitude des convenances.DANIEL,surleseuildelaporte;ilaunbâtonàlamain.
Pardon,messieurs... est-ceicilamaison de Sarah Waters?
JACOBSON.
Oui,
mon
révérend,icimême.
DANIEL,A lui'môme.
Pauvre Sarah1...quellemisèrel...
JACOBSON.
Vous semblezbien fatigué,
mon
révérend.DANIEL.
J’aifait,sansm’arrêter,levoyaged’Irlande.
JACOBSON.
Asseyez-vous!
mon
Dieu,vou§ ne tenezpas sur vos jambes.(Ilavance unescabeau.)DANIEL,s’asseyant.
Jevousremercie,monsieur,je
me
rendsaupresbytère quel’onm’aassignédans unpetitvillage,prèsdeBrighton, et je n’aipas voulutraverserLondres sansvoirmon
amie d’enfance.Sarah Waters?
JACOBSON.
PROLOGUE
3DANIEL.
Oui;depuisdeux ansellen’apointfait écrireaupays, etl’onnesaitce qu’estdevenuelapauvrefille.
JACOBSON.
Huml
ellen’est pasdevenue grand’chose de boni DANIEL.Oui... je sais qu’elle a été séduite parunmatelot
nommé
CharlesAdams,etqu’elleestdevenue mère.Maisnous autres,nous n’abandonnonspaslescoupables,nousn’avons pasledroitde fermerlaporteaurepentir.
JACOBSON,embarrassé.
Certainement,
mon
révérend, avoirunepelilefille,c’est grave pour unedemoiselle...maisenfinlapolice n’s rien à yvoir,elleest bienassezoccupéeailleurs;s’ilnousfallait arrêter touteslesjeunestillesqui...mais nousn’aurionsmême
pas letempsdedéjeuner... Chacunest librede peupler l’Angleterre,Sarah...comme
lesautresIah!sice n’étaitqueça!DANIEL,selevant.
Que
dites-vous,monsieur, et quelui reproche-t-on encore?JACOBSON.
Je dis que,depuis plusieurs mois,un crimeaffreux se
commet
dans Londres impunément...Dfetoutjeunes enfants disparaissent, arrachés, volés à leurs famillesenlarmes.Les Eauvresbabyssontvendusàdes bateleurs,àdes saltim- anques, à desmendiantsquiseserventdecespauvres petitescréaturespour éveillerla charité publique,pour mentiràl’aumône.
DANIEL.
Lesmisérables!Etlapolicene s’emparepointdes voleurs?
cesmonstresresteraientimpunis!
JACOBSON.
Encorefaut-ildes preuves,
mon
révérend; et jusqu’à pré- sent,nousn’avonsquedes soupçons...D’abordnouscroyons quelesvoleurs...sontunevoleuse...etcettevoleusenoussommes
chezelle.DANIEL.
Sarah1... c’estimpossible, jela connaismonsieur,je connaiscettenaturesauvageetindomptable;elle apucom- mettreunefaute;maisuncrime, jamais!... ah! jevousle répète,c’estimpossible.
JACOBSON.
Vous necroyez pasaumal,
mon
révérend,parceque vousDigitizedbyGoogle
4
LA VOLEUSE D’ENFANTS
êtesjeuneetque vousvivezdansle ciel...mais nousautres nousvivons surlaterre,etilya jolimentde^coquins,allez,
mon
révérend!DANIEL.
Je verraiSarah,jeluiparlerai.
JACOBSON.
Je croisbienquevos conseils arriveront troptard...D’a- bord,elleestlieeavecun
nommé
JohnAtkins,unpick- pocket...ah! celui-là,sijepouvaislepincer! Ensuite, voyez- vous,quand onade mauvaisinstincts,c’est lediablepour changer ça...Ainsi, tenez,moi quivousparle,j’ai un neveu...lefilsdema
sœur...lepetitPibrock...ilaquatre ans...ehbien, il^m’inquiète... a deuxansilachipéle bonnet desanourrice; voilàce qui s’appelle être précoce;àtroisansetdemi,iladérobéun
homard
dansHay-Market;sansuneindigestion,onn’auraitjamaisriendécouvert...
Pourl’encourager àlavertu,jeluidonnelefouet tousles matins,maisje n’aipas confiancedansl’avenirde ce garçon- là...Enfin,voyezSarah...parcequelejouroù nous aurons une preuve grande
comme
ça...dame, nousagirons...Sans adieu, etbon voyage,mon
révérend. (Auxautres.)Venez,les amis1 (Rumeursau dehors.)DANIEL.
Quelestce bruit?
JACOBSON.
Probablement SarahWatersquirevientaulogis,escortée demalédictions...lavoix publique l’accusedéjà!...mais nous n’avonspasde preuvessuffisantes.
DANIEL.
Mon
Dieu!accordez-moi deconnaîtrelavérité!’
SCÈNE
IILes Mêmes,
SARAH WATERS
;elleportelecostumedesIrlan- daises,sescheveuxtombenten désordre,elleentre enscène vivement etcommepoursuivie.SARAH,s'adressantaudehorsetmontrantlepoing.
Ah!
lesmégèresl...les harpieset les vieilles folles!...ah!je
me
vengeraibiendevous,allez!JACOBSON.
Qu’ya-t-ildonc,Sarah?...
SARAH,sans voir Daniel.
Ce
sont touteslescommères
quicriaillent...est-cequejeDigitizedbyGoogle
PROLOGUE
o saisce qu’elles ont,moi?Ah
!vousdevriezbienlesfaire taire,vous autres,aulieud’entrerchezmoi pourouvrirmes
tiroirs... (Ellelesreferme.)pour m’espionner!...Que me
voulez-vous?que demandez-vous?... que venez-vousfaire ici?...JACOBSON.
Te donner unconseil,Sarah: prendsbiengarde1...luvois, jetepréviens... je suis gentil.
SARAfl.
Prendre garde?et àquoi?...
JACOBSON. »
Oh
!lusaiscequejeveuxdire.SABAH.
Moi?(Riant.)Ah!ah!lesvoilàtousàouvrirdesgrandsyeux, à
me
regardercomme
les.commères
quisecampent sur leursportes etquime
maudissent quandjepasse,comme
silaruen’étaitpaslibre...Allez-vous-en!..‘.est-cequeje vousconnais, moi?...
JACOBSON.
Non...maisily aquelqu’unquetuconnais;crois-moi, écoute-le bien.
SARAH.
Etquidonc?
JACOBSON, montrantDaniel.
. Monsieur.
SARAH,surprise.
Daniel!
JACOBSON.
Au
revoir,Sarah!(Lespolicemen sortent.)SCÈNE
IIISARAH, DANIEL.
SARAH, nnpeuémue.
Daniel à Londres...c’esttoi!...
DANIEL,
.Oui,Sarah,c’estmoi,tonamid’enfance,moiqui courais avectoi lesbruyères,moi, ton frère,moi quetuaimais bien1
SARAH.
Maisje l’aime toujours, Daniel,et j’aiplaisiràtevoir.
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LA VOLEUSE D’ENFANTS
DANIEL.
Ilyahuit joursquej’aiquittélevillage.
SARAH.
Ah!tuviensdeClifdon ? DANIEL.
Je suis partiaprèsavoirembrasséton enfant.
SARAH.
Ah!tuasvulapetiteJane?ellevabienau moins?
DANIEL.
Oui,ellem’asouriau départ1
SARAH.
Lanourriceenabiensoin?elleestbelle,n’est-cepas,la petiote?... hé!hélelleaquinzemois, sais-tu, cettedemoi- selle!... voyez-vous
comme
ça pousse,ces enfants! moi quandjel’aivue,elleavaitquatremois... etde grandsyeux noirs... etdepetitscheveuxblonds,et sidoux...sidoux!ahlquejevoudraislesavoirsur
mes
lèvres!DANIEL.
J’aicoupé
moi-même
cette petiteboucle,etjelel’ap- porte.SARAH,laprenant.
Ah!
luaspenséàça,toi,Daniel?...(Riant et retenantses larmes,enregardant lescheveux.)Ahl
ail! descheveux de la petiteJanet...demon
angeàmoi!...(Elletesbaisereligieuse- ment.)Ah!C’estbon!(Elleregarde Daniel avec émotion, puisluisaute au coubrusquementetl’embrasse.)DANIEL.
Ah!
je savais bien, moi,quetuétaisincapabledecom-
mettreun
crime!SARAH.
.
Un
crime!DANIEL.
Sarah,sais-tuceque m’ontditces
hommes?
SARAH.
Non!
DANIEL.
Ilsm’ontdit...(pardonne-moi deterépéter leurs paroles) ilsm’ontditquetuvolaisde pauvrespetitsêtres etquetu lesvendaisàdes misérables qui exploitaient leurjeuneâge, auprofitdeleur paresse etdeleurshideuxmétiers.
SARAH, troublée.
Ces policemen ne saventquoi inventer.
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PROLOGUE
7 DANIEL.Jure-moiqu’ilsontmenti!
SARAH,riant.
Ah! ahljete lejure, va!...
DANIEL,loiprenant les mains.
Jure-le-moi surtafille...tu saisqu’unfauxsermentporte malheur;tusaisquesitublasphèmes,tafillemourra.
SARAH.
Ma
petiteJane!DANIEL,laitenant toujourslesmains.
Jure-moisurellemaintenant, queces
hommes
ontmenti, (sarahdemeureimmobile.)Tu
gardeslesilence?...Sarah, pour- quoinejures-tupas?SARAH,dégageantses mains.
Parcequ’ily a assezd’anges dansleciel,etquejeveux garder
ma
fille.DANIEL.
Malheureuse!c’étaitdoncvrai?
SARAH.
Pourquoiappellent-ilscela
un
crime d’abord?jenetue personne. Est-ceque jamaisj’aiversélesang desautres?DANIEL.
Maisarracherdesenfants auxcaresses,aux baisersde leurs mères...
SARAH
Eh
bien!est-ce quejelesconnais, moi?...Jeteparle àcœur
ouvert, Daniel, tuneme
trahiraspas,parcequetuesmon
ami etqu’ensuile, lespasteursgardentlessecrets qu’Onleur confie... jeveuxêtreriche,non pour moi, mais pourJane... jene veuxpasquesespetitspiedsaillenttout nusdansla neige,comme
lesmiens... quandj’étais à Clifdon... jene veux pasqu’elletendelamain auxpassants,comme
jelatendais,moi;jeneveuxpas qu’elleaitfaimet soif,comme
j’avaisfaimetsoif,moi;que m’importentles enfantsdesautres!...quelesmèrespleurent etdeviennent folles,que m’importe1...pour moi,iln’y aaumonde
quema
fille...c’estlebonheur dema
fillequeje veux,jeleK
aieraisde
mon âme
etdemon
sang,entends-tu?...eh ien!jepeuxbien l’acheteravec leslarmes desautres mères!DANIEL.
Non,tuentendras
ma
voixetmes
prières...toncœur
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LA VOLEUSE D'ENFANTS
inflexiblese laisseraattendrir!Sarah,onattendleretour duNelson,lenavire sur lequel
Adams
estparti.Adams
re- vientpourt’épouser.SARAH.
M’épouser!... quilui
demande
cela?DANIEL.
Ne
laimes-tudonc plus?SARAH.
Si !...Jelui aiétéfidèle,depuis sondépart.
DANIEL.
Eh
bienI lu neveuxdonc pa3donnerunpère à taSARAH.
Un
père?pourquoi?...DANIEL.
Pourlaprotéger.
SARAH.
La protéger!.,est-cequeje ne suis paslà.moi, sa
mère
?DANIEL.
Ainsi, tu refusesd’épouser
Adams
? SARAH.Oui...sijel’épousais,ilauraitdesdroitssur Jane. Sinous nousséparions,luietmoi,pourunmotifou pourunautre, ilvoudrait peut-êtrelagarder... D’ailleurs,quefaut-ilpour larendreheureuse?... del’argent... j’enai, et j’en aurai encore bien davantage.
DANIEL.
Maiscetargentestmaudit.
SARAH.
Hé
doncl queje soismauditeetque Janesoitriche!DANIEL.
Prendsgarde,toiquin’écoutes paslessanglots desmères, prendsgarde,unjour peut-être, c’est àdeux genoux quetu demanderas pardonàDieu.
SARAH,avecunorgueilsauvage.
Jene
me
suisjamaisagenouillée, Daniel;jenem’age- nouilleraijamais.DANIEL.
Dieufait chancelerlesplusforlset les jettedevant lui, lefrontdanslapoussière...
Au
revoir, fassele cielquetu nesoispaspunie!DigitizedbyGoogle
PROLOGUE
9 SARAH.Tu
neme
donnespaslamain,Daniel ? DANIEL.Non
Icar jenesuisplus ton frère.SARAH,leregardantdetravers.
Tuvas
me
dénoncer? DANIEL.Non, Sarah!...je vais prierpourvous,(ilsort.)
SCÈNE IV SARAH,
seule.Punie!...etparqui?ilfautquelesjuges
me
prennent d’abord etilsneme
prendrontpas...jeveux de l’argent...etilyenalà...ilyena.(Elleouvreunecachettedanslemur.) Desbillets,del’or...hé!...on peut
me
volerici,malgréma
cachette...onaoubliéde mettre desserruresauxpor- tes...je garderaitoutsurmoi, c’est plus sûr.(Ellemottout danssespoches.)EpouserAdams
1labelle affaire!un brave matelot, je nedispas,maislesmatelots, çafinit toujours par resterdansquelquetempête.(EUoparie toutenbaisantla petiteboudede cheveu*)Quand
lematelotAdams
sera noyé, lapetitesera bien avancée... et puis,elle n’auraitqu’à l’aimer autantque moi1...Non,non, jeveuxêtre toutpour elle...pourma
fille...oui, jeveux quetusoisheureuse pour moiSeule!(Iciunétranger parait au fond;ilestmasquéetcouvertd'on manteau.)C’estpourtoi quejo veuxdel’argent et j’en aurai!l’étranger.
Je vienst’enproposer!
SCÈNE V
%
SARAH, L’ÉTRANGER,
puisATKINS.
SARAH.
Qui êtes-vous?que
me
voulez-vous?...De
l’argent!., vous m’apportez del’argent?...l’étranger.
Oui,maisilfautlegagner...SarahWaters!
sarah.
Comment
?J.
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LA VOLEUSE D’ENFANTS
L’ÉTRANGER,après s’être assnréqu’ilssont seuls.
Je vaisteledire...Je saisquelssoupçonsplanent sur toi...
SARAH,vivement.
Ussont fous1ilsmententtous!
l’étranger.
Tantpis!carsi,dansuneheure, je quittais Londres en emportant unepetite filled’un anenviron,ilyauraitpour toiunefortune.
sarah.
Une
fortune?...l’étranger. .
Deux
mille livres sterlingISARAH, commeéblonie.
Deux
mille livres!l’étranger.
Dans une heure
ma
voiture seradevantta porte...je viendrai à tout hasard...% ATKINS,entrantlesmainsdans ses poches, enfnmantuncigare.
Bonjour, Sarah!
Bonjour.
SARAH.
ATKINS,regardantl'étrangeravec attention,etïpart.
Tiens! tiens! voilà qui est bizarre!
L’ÉTRANGER,àSarah.
Tu
m’asbiencompris? SARAH.Oui.
l’étranger.
Dans une heure!
SARAH.
Dans une heure!(L’étranger sort.)
SCÈNE VI SARAH, ATKINS.
ATKINS.
Qu’est-ce quec’est doncque cegentleman?nous ne
sommes
plusau temps,ceme
semble, oùl’onsortaitmasqué.De
quelleténébreuse aventures’agit-il?DigitizedbyGoogle
PROLOGUE
ii SARAII.Que
t’importe!ATKINS.
Oh
!oh1comme
vous rudoyezlepauvremonde, chère amie!SARAH.
Moi, tonamie!
ATKINS. •
Mon
associée,situl’aimesmieux. Maison SarahWaterset compagnie...compagnie anonyme, (jetantsoncigare.)Ah
!l'affreuxcigare...désormaisjelesferaivenir delàHavane...
ça coûte plus cher,maisonestmieuxservi.
SARAH,réfléchissant.
Une
fortune...oui... oui...maisce Jacobsonme
sur- veille...jenepeuxpas.ATKINS.
J’aimeleconfort,moi!J’étaisné pouravoirun hôteldans Regent-Slreet,pourfouler,sous
ma
pantoufle paresseuse,les tissusmoelleux deSmyrne, pouravoirdouzebellesnégresses préparantmon
théetmessandvvichs,pouravoir vingtjockeys etdixmaîtresses.«John! vousme
trompez1oh! John1c’est bienmal1...»Amère
ironie!...Ce matinmon
bottierm’a refusédesbottes...Onvousdittoujours:«marchez, vousarri- verez,»maispour marcher,ilfautdesbottesquediable! (iltireun peigne de sapocheet semeth sepeigner tonten parlant.)Ce
seraitàpiquerune tèledanslaTamise!...maisl’avenirestlà, éblouissant,dorésur tranches, car je serai millionnaire,Sarah!oupendu...mais nonIjeseraimillionnaireavant!decelte façon,sije suis
condamné
à êtrependu, avecmon
million, j’achète toutes lespotencesdel’Angleterre,iln’en restera pluspourmoi...après quoi jeles revendsàl’Amérique,etje doublemon
capital!...Sarah?... Sarah?...SARAH,sortantde ses réflexions.
Que
veux-tu?ATKINS.
Que
tume
disesce quevoulait cegentleman,cdr,bien sûr, jeleconnais.SARAH.
Toi?
ATKINS.
Même
taille,même
tournure,c’estmon homme
decette nuit.DigitizedbyGoogle
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LA VOLVVSE D’ENFANTS
SariAH.
Ton homme
decellenuil?ATKIN3.
Oh
!une aventure quejetediraientempsetlieu.As-tu dugin ?SARAII.
Oui,là...
ATKINS,prenantunebonteilleetdenxverre».
Êtreobligédese servirsoi-même,humiliation!...êtrele citoyend'unpayslibreetnepas avoirdesdomestiques.C’est honteux pourl’humanité...Bois-tu?...
SARA».
Non!
ATKINS.
A
tasanté!(Lanuit vientpeuî»peu.)Mais, vrai,luastortde nepas avoir confianceenmoi. Je suishonnête enaffaires, etsimon
soupçon est fondé,si legentleman est bienl’homme
quejesuppose... par lestrois royaumes, nous avonslàunebelle partie à jouer.SARAII,serapprochant d’Alkins.
Eh
bien,quedirais-tu,Alkins,sijeleproposaisdete faire gagnervingt-cinqguinées?ATKINS.
Vingt-cinq guinées!...maisc’estleSacramenlo en bou- teille...j’accepterais.
SARAII.
Vois-tu,Jacobsonet lesautressont
comme
deshibous qui guettent;alors,moi,jene peuxpas...ATKINS.
Ah
!ilfaut volerunenfant ? SARAII.Oui,unenfant d’un an.
ATKINS.
Pourlegentlemanquisort,n’est-ce pas?...
SARAH.
Oui!
ATKINS,à part.
C’est bienlui,alors...ô fortune!
SARAII.
Le gentlemanreviendraicidanstroisquarts d’heure,..
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PROLOGUE
13 ATKINS.Ella nuitet lebrouillard favorisentnosprojets,(icionentend lessontd’unecloche.)Cette cloche?...
SABAH.
C’estlaclochede l’usinedeM.Morden...ellesonne le repas.
ATKINS.
Écoute...dansl’usine
deM.
Morden...ily aunenfant.SAHAH.
Oui... oui...
ATKINS.
Voici l’heuredudiner,lanourricelaissel’enfantseulet*
descendrejoindrelesautrespourlerepas...j’aidéjàremar- quéce détail, et
me
proposaisde t’en fairepart.Toutlemonde
entredanslesusines,comme
danslesmoulins.SABAH.
D’ailleurs jeferai leguet.
ATKINS.
Viens1
SABAH.
Pasparlà...les
commères
sont peut-êtreencoresurle pasdeleurs portes... àme
guetteraussi.ATKINS.
Jetegarantisqu’avec ce petitbrouillard,ellesauront beau essuyerleurs lunettes.
SABAH,ourrantunepetiteporteà gauche.
N’importe!...passonspar cettechambre...elledonne dans laruelleSaint-Nicolas.
Tu
serasàdeux pas del’usine.ATKINS.
C’estjuste... économisonsletemps...Timesismoney...
Ah
Ià propos... est-ceunefilleou un garçon? SABAH.Une
fille.ATKINS.
Tu
comprendsl’utilitéde ce renseignement, n’est-ce pas?... l’âge?...SABAH.
Un
an.ATKINS.
Parfait! dans dix minutes, je serai ici... vingt-cinq guinéesIviens!
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LA VOLEUSE D'ENFANTS
SARAH,s’arrêtant.
14
Ah!
ATKINS.
Qu’as-ludonc?
SARAH.
Rien.
ATKINS.
Ta mainest glacée,tu chancelles...
SARAO.
J’aireçu
comme
un coup dansle cœur... c’estlesermon deDaniel quienestcause...Je suisfolle...allons,viens!(iis sortentensemble.)Lethéâtre estvideetdansl'obscurité;onentend an dehors des chants qui se rapprochent.
VOIXau dehors.
Danslavergueon acrié:«Terre!» , Adieule flot!
Surleplancher del’Angleterre, Depale-aleremplis tonverre,
Bon matelot!
Danslavergueon acrié:*Terre!»
(Adamsparaitan fond escortédetroisonquatre matelots;Adamsporteun enfantemmailloté.)
SCÈNE VII ADAMS,
Matelots.ADAMS.
Mauditbrouillard...c’estégal, c’est ici-,bien sûr...Hé, Bob... as-tudesallumettes?...
LEMATELOT.
Oui!
ADAMS.
Alorsdonne-nousdugaz,camarade.
LE MATELOT.
Voilà!(ilfaitflamberuneallumetteetallumeunechandelle.) ADAMS,regardant l’enfant.
Ditesdonc,lesautres, voilàunepetiote...quiestcrâne-
ment
lafilled’un matelot...nos chansons nel’ontmôme
pas réveillée... elledortcomme
sielleétaitbercée parlabrise...surunecoquille à voiles.
LEMATELOT.
Une
fameuseidéequetuaseuelà,Adams!
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PROLOGUE
ADAMS.
Pasvrai? a peinedebaroue,jenefaisni une, nideux, jecours a ClildoivJeprenusJane chezla nourrice, et je 1apporte a Sarah...envoilàune de surprise!...etdans quinzejours,lanoce!
„
, LESMATELOTS.Hurrah!
ADAMS,regardant toujours la petite en riant.
Chut!êtes-vousbêtes! vous allezla réveiller...c’est quelledort toujours...
Ah
!lamère
adéjà préparéleber- ceau.Bonne
Sarah,va!...une bravefille,toutae même...LE MATELOT.
Et unebellefilledonc!
ADAMS.
N
est-cepas?allons,missLiltleJane, votre couverture estfaite...couchez-vousetsoyezsage, (u motl’onfantdansle berceau.)LE MATELOT,frappant sur l’épauled’Adams.
Tu
esun heureuxmortel,Adams.
ADAMS.
Oh
Joui, bienheureux,va!...maintenant,j’auraispeurde mourir.UN MATELOT.
Du
bruit!..quelqu’unvient.ÜN AUTRE matelot, regardant.
Une
femme!...ADAMS.
C
estSarah... Ditesdonc,lesautres, fautlalaisser seule...Ellevacroirequec’estl’angedeNoël qui a rapportéla pBtl16.
LES MATELOTS.
Oui...oui...c’est ça!...
ADAMS.
Voiciunebouteilledewiski. Venezparlàenboireun verre;fautêtrediscret... voyez-vous,lesenfantsontbeau nepas parleretnepascomprendre,lesmèresont toujours Quelque choseà leur dire... Venez"!(Ilprendlalumièreetentre àdroiteaveclesmatelots.)
SCÈNE VIII SARAH,
poisL’ÉTRANGER.
v..SARAH.
Quellenuit!(Elle allumeunochandelle.) J’ai vuAïkins se
16
LA VOLEUSE D’ENFANTS
glisserdansl’usine... j’aivules
hommes
attablésenbas...Toutva bien...c’estégal,j’aime mieux quecesoit luigui ait fait lecoup...Tiens!j’aientendu
comme
larespiration de quelqu’unquisommeille.(Regardant autour d'elle et apercevant l’enfantquisommeilledansleberceau.)L’enfant!...déjà!...Allons, Alkinsn’apasétélong. (Onentendlebruit d’unevoiture.)Déci- démentilabiengagné
lesvingt-cinqguinées. (Onfrappeà laporte,Sarah va ouvrir. L’étranger parait toujoursmasqué.)l’étranger.
Eh
bien?SARAH.
Eh
!bien, nous avonsréussi,mon
maître.Tenez,voilà l’enfant.(Elleprenddansleberceau l’enfantendormiet le loidonne.) l/ÉTRANGER,leprenantdans sonmanteauetjetantuneliassedebank-notes. .
*
Etvoilà l’argent1 (Sarahseprécipitedessus.)Mercietadieu, SarahWateret
v - SARAH.
Adieuetmerci,
mon
maitnt!(ivrede joieetpalpantlesbillets.)Ah! ma
filleestriche,maintenant!ma
filleest riche!(L’étran- ger sort;peuaprèson entendunevoiture s'éloignerau galop.)SCÈNE IX SARAH,
puisADAMS.
SARAH,agenouillée etcomptantfièvreusementlesbank-notes.
Qu’esl-ceque
me
disait doncle pasteur?Ah! pauvre Daniel,tuneferaspas fortune,toi,honnêtehomme!
(Adams estentrédoucementetprendlobrasdeSarahqui seretourneet cache son argent avec terreur.)Adams!...Lot!. ..
ADAMS.
Sarah!tunem’embrasses pas?
SARAH.
Oh
si!(Elleluisauteau cou.)Tu
esderetour?...c’estvrai, on annonçaitleNelsondepuisplusd’unmois...Tu
étaislà?ADAMS.
Oui...filais,vois-tu,jevoulaiste laisser d’abordavecelle...
parceqàe...
SARAH.
Avec
elle...qui, elle?saiwvvuv*mv
*
AvecJane...Æ
leme
disaisADAMS.:—
«J’auraimon
tour etma
part.»
Eh
bien!...oùest-elledonc?» DigitizedbyGoogle
PHOLOGUE
17 SARAH.Mais dequidoncparles-tu,
Adams?
ADAMS.
De
Jane... jel’aimiselà...dansce berceau...(Sarah io re- garde fixement.)Oui,j’airapportélapetite...etjel’aimiselà, dans ceberceau...endormiecomme
unpetitange.SARAH,poussantuncriterrible.
Ahl
ADAMS.
Qu’as-ludonc?
SARAH.
Jel’aivenduel... jel’aivendue!... jel’aivendue!...
ADAMS.
Vendue!
SARAH.
Oui...un
homme
m’a proposéunefortune...deuxmille livres sterling,si...sijeluilivrais...unenfant...Alors,j’ai envoyéAtkins...j’aicruquel’enfantendormiétaitl’enlant voléparAtkins...etalors,quandl’hommeestrevenu...là, tout a l'heure...(commefolio.)Ahl
j’aivendumon
enfantl...j’aivendu
mon
enfant!ADAMS.
Misérable!(Ilsaisitooehacheetlalèvesur Sarah.Daniel etles matelotssontentrés etcourentàlui.)
SARAH.
Laisse-moila retrouver d’abord,
Adams,
tume
tueras après1ADAMS.
Maiscet
homme,
quel est-il?SARAH.
Jenesaispas...jenesaispas...Ilavaitun masque,je n’aipasvu sonvisage...Mais,ilm’aparlé...celte voix... je lareconnaîtrai...oui,sois tranquille1 Va, je retrouverai Jane!...jelaretrouverai!(Ellevapour seprécipiterau dehors, Jacobsonparait.)
JACOBSON.
Sarah Waters, au
nom
delaloi,jevousarrête!SCÈNE X
Les Mêmes,
JACOBSON,
puisATKINS,
et lesPolicemen.sarah
.
Moi!...dequeldroit?
DigitizedbyGoogle
18
LA VOLEUSE D’ENFANTS
JACOBSON.
VOUSallez lesavoir.(Atkios entreau miliendesPoliccmen.) SARAH.
Atkins1
JACOBSON.
Cel
homme
a étéprisaumoment
où iltentaitdevoler l’enfantde M.Morden...11a tout avoué...Vousêtes sacom-
plice,Sarahl...Ah!dam!
maintenantilyadespreuves.DANIEL.
Pauvrefille!
JACOBSON.
Suivez-nous!
SARAH.
Où
donc?...JACOBSON.
Devant!ecoroner.
SARAH.
Moi!
ATKINS,froidement.
Etensuite,ladéportation,pour une quinzaine d’années!
SARAH.
Quinze ans!... quinzeans!...quandon emporte
ma
f...Jene veuxpas! Laissez-moi passer,voustous!... jevousdis quejeveuxpasser!(Elle s’élance.Jacobsonluitouche l’épaule arec sa baguette.Sarahresteimmobilisée,elleregarde autourd’elleet seToit entourée,commed'uo cercle,des baguettes noires des policemen.Elleva à Adamsquilarepousse, puisàDaniel qui pleure et neladéfend pas;alors ellesosentperdue.)Oh!
mon
Dieu!mon
Dieu!mon
Dieu! (En disant cesmots,elletombe peu àpeuàgenoux,levisage sillonné de lar- mesetlesmains tendues versleciel.)DigitizedbyGoogle
ACTE PREMIER
DEUXIÈME TABLEAU
L'intérieurd'une taverne. Porteanfond,donnantsurlarne.Comptoir, tables,banqnettes. Portesà gauchoetàdroite,conduisantàd'autres
salles. l
SCÈNE PREMIÈRE
(Anleverdurideaudesbuveursdetoutesortesontattablés,d’autres mangentau comptoir. Tablean très-animé.)
. UN GARÇON.
A
quiladouzained’huitres?PREMIER BUVEUR.
A
moi!.DEUXIÈME BUVEUR.
Hé!pèreJohnBuil,passez-moilejambon d’Yorketune pintedeporter.(Jonathan entreen scène tenantun coq.Ilgrimpe sur unetable.)
JONATHAN.
Ohé!lesamateurs,hurrah!...(Montrant son coq.)Jevous présenteSalomon Crick, leplusbeau coq del’Ecosse,le champion d’Edimbourg! SalomonCrick défietouslescoqs destroisroyaumes. J,esparissontouverts.
LES BUVEURS.
Hurrah pour SalomonCrick!...
PREMIER BUVEUR.
Vingtshillings!
DEUXIÈME BUVEUR.
Une
livre!P1BROCK,entrantillientaussiuncoqénorme.
De
quoi! dequoi!SalomonCrick ? c’estun coqpoitri- naire.(Grimpantsurune table, enfacedeJonathan.) Ladies and gentlemen,jevousprésentemonsieurGoliath,leplusbeauDigitizedbyGoogle
20
LA VOLEUSE D'ENFANTS
coqdel’Angleterre,lechampion delaGrande-Bretagne!
Goliath défie Salornon. Hip, hip, hip!...Hurrahl LESBUVEURS.
Hurrah pourGoliathI...
JACOBSON,fendantlafouleI
Que
vois-je1...mon
neveusurunetable.PJBROCK.
Tiens! bonjour,
mon
oncle!Çavabien?JACOBSON.
Un
coq!vousn’avez pasledroitdefairebattrelescoqs...Ilfautuneautorisation.
LESBUVEURS,avecdésappointement.
Oh!
. JACOBSON.
Veux-tu descendre,scélérat!
PIBROCK, n’obéissantpas.
Vousvoulezm’embrasser,
mon
oncle?...JACOBSON.
Oh!
lebrigand! fairebattrecespauvresbêtes!...PIBROCK,riant.
Puisque c’est leurprofession!... (S’adressantàson coq.) Allons, maître Goliath, ditesbonjourà votrepetitoncle.
JACOBSON.
Moil’oncled'uncoq!
PIBROCK.
Çadoitvousflatterça,hein ? JACOBSON,prendlecoq.
Pauvreanimal!iln’aplusqu’unœil...etilaperdu la moitiédesesplumes...Qu’est-cequevontdire sespoules, demain matin?
PIBROCK.
Bah!ilne
manque
pasde coqsdans lespoulaillers! Les poulesferontcomme
lesfemmes,mon
oncle...ellesse consoleront.(Rires.)JACOBSON.
Une
dernièrefois,veux-tudescendre,gredin?...PIBROCK,sautantàterre.
On
y va,ony val...JACOBSON.
Tu
n’esqu’unmonstre...Tu me
faisblanchirlescheveux avantl’àge!DigilizedbyGoogle
ACTE PREMIER
21 PIBROCR.A
quiparlez-vous,mon
oncle?àmoi ouà Goliath?JACOBSON.
A
toi,êtredépravéIserpent!abomination delanaturel rebutdel'espècehumaine!Tiens, tiens!Tu
eslahonte de ton sexe!PIBROCR.
Ayez donc delafamillepourêtrearrangé
comme
ça!...Oh!lesparents,onabeaufaireilsnesontjamaiscontents.
JACOBSON.
Etdequoiveux-tuquejesoissatisfait,chenapan?
Com- ment
vis-tu ?PIBROCK.
Le
plus gaîment possible...Voulez-vous que je vous chantequelque chosezJACOBSON.
Lapeste t’étouffe, le diablel’étrangle, mécréant1par- paillot1
PIBROCR.
Mon
oncle,vousêtes tout rouge,vousallezavoirun coup de sang.JACOBSON.
Ah
tquim’eûtditquandtuesvenu aumonde,loi, le filsde
ma
sœur...PIBROCR.
Pardon,
mon
oncle,vousallezme
fairedelamorale,etmon
coqme
gênepourécouter...ilme
donne desdistrac- tions.Hé!pèreJohn Bull!(aJacobson.)Sivous avezpeur d’oublierquelquechose,faitesunnœud
à votremouchoir.JACOBSON.
Voilà
comment
ilme
respecte...oh1lesneveuxIPIBROCR.
PèreJohnBull,prends maîtreGoliathetmets-ledanssa cage...maintenant,
mon
oncle, jesuistoutoreilles...Vous
enétiez àma
naissance.JACOBSON.
Enfin, lu n’as pasdeprofession...
PIBROCR.
Moil...merci!j’enaiuneflotteI
•Lesquelles?
JACOBSON.
DigitizedbyGoogle
LA VOLEUSE D’ENFANTS
22
P1BROCK.
D’abord, jefaisbattrelescoqs...
JACOBSON.
Ah
1jolilPIBROCK.
Toutleinonde nepeutpas être banquier...Ensuiteje suis boxeur... hier matin,j’aitombé Ary-Slow,lechampion de l’Amérique.
JACOBSON.
Oui,ilest
même
dans unjoli état...iln’aplusdenez..PIBROCK,fièrement.
L’honneur del’Angleterrel’exigeait,tout
homme
se doit àsonpays...tenez, vousdevriez êtrefierde moi,mon
oncle. Je suislepremierboxeurdeLondres.Quand
jelou- cheunhomme,
ilason compte.JACOBSON.
Écoute,
comme
neveu,je l’aime... oui,j’ai lafaiblessede t’aimer...Comme
boxeur,jete tolère...Maiscomme
pick- pocket, je t’abomine... carluesunvoleur.PIBROCK.
Moi! ohl
mon
oncleIvousavezla manie devoir des • voleurs partout. Je suis adroitdemes
mains,c’est lavérité, etsi jevoulais...maisjen’exerce pas, paroled’honneur.Moi, volerIohI
JACOBSON. ”
Jene peuxriendire,jen'aipasde preuves; mais quej’en aieune seulement,rienqu’unepetite... etjet’arrête
comme
lepremiervenu...
PIBROCK.
Oh!
JACOBSON.
Oui,ledevoiravantlafamille...quandjepenseque moi, un honnête policemanjj’aipourneveu un coquin!
PIBROCK.
Lefaitestquec'estdrôle,ça!
JACOBSON.
Qui m’eûtditquetu croîtraisen maliceetenperversité
J
ourcontrarier tonpauvre
bonhomme
d’oncle?Ah!
j’aieu eautedonnerlefouetdanstonenfance...etcertesjen’y manquaispasunjour...PIBROCK.
C’est vrai. (Pendantque Jacobsonparle,Pibrockluienlèvepreste- mentsonmouchoiretsatabatière.)
DigitizedbyGoogle
ACTE P REMI EU
ïi JACOBSON.Etcen’étaitpaspour
mon
plaisir1PtBROCK.
Cen’étaitpaspourlemien,nonplus!
JACOBSON.
J’airempliscrupuleusementtous
mes
devoirsenverstoi...etlum’en récompensesparlaplus flagrante ingratitude.
Tu
Tais battrelesoiseaux et tucasseslenezauxpersonnes...voilà ton affaire àtoi.Lavieaun butplussérieux etdes occupationsplus nobles.
PIBROCK.
Mon
oncle,uneprisepour vousreposer.JACOBSON.
Ma
tabatière!...Ou
l’as-tutrouvée?PIBROCK.
Dansvotrepoche.
JACOBSON,laloiarrachant.
Ah
!j’en pleurerais.PIBROCK.
Voilà votremouchoir.
JACOBSON.
Mollmouchoir!
PIBROCK.
Faut surveillervos poches,
mon
oncle.Ilya tantde filousàLondres.JACOBSON,exaspéré.
Veux-tu quejetedonne
ma
malédiction ? PIBROCK,virement.Oh
ça,non,parexemple!...c’estvraiqueje suisun peu mauvaissujet,parcequ’ilfautque jeunessese passe...je vousfaisun
tasdepetitesniches,parcequelesonclessont sur terrepourêtretaquinésparlesneveux...maisjevous aimebien,allez!...qu’on viennedoncfairedu mal au père Jacobson...qu’on y vienne donc!Je voudraisqu’on vous casse...seulementunepatteoudeux... etvousverriez!JACOBSON, ému.
Mon
Dieu!...tuesméchant,maistun’espasmauvais...je saisbien
.
PIBROCK.
Alors,venezembrasservotrebâton devieillesse.
JACOBSON,vivement.
Non.
^gilizedbyGoogle
LA VOLEUSE D’ENFANTS
24
PIBROCK.
Vous nevoulezpas m’embrasser?
JACOBSON,faiblement.
Non.
PIBROC K.
Eh
bien,laissez-moi vousembrasser, moi... lesjoues d’unbravehomme,
ça doit porterbonheur.JACOBSON,luitendantlesbras.
Eh
bien,essayons.(Pibrock l’embrasse snrlesdeuxjoues.) PIBROCK.Maintenant,qu’esl-ceque vouspayez,
mon
oncle?...D
gin?.,.
JACOBSON.
Non...pasdeliqueurs...ungrog...situveux.
PIBROCK.
Va
pourlegrog!...suis-je gentil,hein ? JACOBSON,kpart.Mon
Dieul cetenfant-là,j’en ferai peut-êtrequelque chose.(Crftnt.)Hé!pèreJohnBull,deux grogs au genièvre!(Ilsvont s’asseoiràunetableà droite.)
SCÈNE
IILes Mêmes,
OLIVIER SIDNEY, ARTHUR
etGEORGES.
(Touslestroiseucostumed’officiersde marine.) ARTHUR,entraînantOlivier.
Viens donc,Olivier!
OLIVIER.
Es-tu fou?où
me
conduis-tu?• GEORGES.
Danslataverne deScott,parbleu!
OLIVIER.
Une
taverne!GEORGES.
LeslordsentrentchezScott,
mon
lieutenant,tes épau lettespeuventbien y entrer.(Criant.)Un
punch!LEGARÇON.
Tout desuite,
mon
officier!OLIVIER.
Du
punch!...mercijeneboiraipas.DigitizedbyGoogle
ma m
*ACTE PREMIER
*5 GEORGES.Tu
boiras,ettu noierasdanslaflammebleuetasottemé- lancolie. Qu’as-tu, enfin? Est-celespleen?noust’engué- rirons!as-tuperdu au jeu?voicima
bourse.Veux-tu te brûlerlacervelle?OLIVIER.
Peut-être1
GEORGES.
Sotueràvingtans1...Allons donc!...Est-ce.que luas desrhumatismes?
OLIVIER.
Quet’importe
mon
secret!GEORGES.
Tu
esamoureux,parbleu1Eh
bien,j’aiétéamoureux vingtfois,moi...etjeneme
suisjamaistué...jamaisI...ARTHUR.
Ah
1Voilàlepunch.(Us vont à une table, à gauche.) GEORGES,versant.Allons,
mon
cherOlivier, àl’oublidetesamours!GEORGESetARTHUR.
A
l’oubliIOLIVIER,prenant son verre.
Non... A?l’amouréternel!...
PIBROCK,à Jacobson.
Mon
oncle,unpetitverredebrandy pourl'airecoulerle genièvre.JACOBSON.
Soit!maisnousn’enprendronsqu’un.
, PIBROCK.
Certainement... l’ivrognerieestunpéché.
JACOBSON,criant. m
Deuxpetitsverresde brandy!
PIBROCK,criantaussi.
Apportezlecarafon!(i cionvoitparaîtreSarah chancelante. Elle se traîne plutôt qu’elle nemarche;sur safigureamaigrie,onvoitlestraces d’une longue douleur;elleentreen s’appuyant contrelaporteetsesou- tenantà peine.)
SCÈNE
III%
Les Mêmes,
SARAH.
SARAH,s’adressantàunetableoùsontdouxbuveurs, d’nne voix faible.
Lacharitépour l’amourde Dieu!
2
DigitizedbyGoogle
*6
LA VOLEUSE D’ENFANTS
PREMIER BUVEUR.
BonivoilàScottqui laisse entrerlesmendiantsàprésent.
(Elles’adresseàune autretable.) DEUXIÈME BUVEUR.
Alors,sion nepeutpas boire tranquilleI...(Onluitournele dos;elleva àunetroisième table,onneluirépondpas.)
SARAH,àelle-même.
Mon
Dieu!... j’ai faim...j’aifaim...Est-cequejevais mourir? (Avecénergie.)Non... non... jene veuxpas...pour- tantjesouffre bien...A
moi!...A
moi!...(Elleselaissetombersur unechaise.)P1BROCK.
Aht
unefemme
quise trouve mal... ehlJohnBull,un verredebrandyI(Mouvement.)JACOBSON,luifrappantdanslesmains. • Voyons,
ma
pauvre femme...(laregardant et à part.)Ahl mon
Dieulcestraits...c’est elle!PIBROCK.
Buvez-moiça.
JONATHAN,l’arrêtant.
Laissedonc,Pibrock... jelareconnais, moi... Jel’aivue hier... elledébarquaitau pont de Londres avec une douzaine desespareilles.Le bateau ramenaitle gibierdeBolany- Bay... Elle afaitson temps.
PIBROCK,indécis.
Bah!
JONATHAN,luiprenantleverre.
Du
brandy pourelle...excusez!OLIVIER,s’élançant.
Misérable!
JONATHAN.
Hein?
OLIVIER,prenantunverre sur sa table.
Pauvrefemme!... Tenez, buvez...buvez doucement!...
(ilfaittioiroSarabquipeu A peu revient àelle.)
JONATHAN,à Olivier.
Quand
on vousditquec’estunedéportée.OLIVIER.
Qu’importe!c’estune
femme
qui a faim.SARAH,
Ah
1merci, monsieur...vousêtes bienbon,vous.DigitizedbyGoogle
ACTE PREMIER
27 JACOBSON,àpari.C’estSarahWaters!
JONATHAN,àPibrock.
Disdonc,Pibrock...ilnousa insultés.
pibrock.
Tu
crois ?JONATHAN.
Ilnousaappelésmisérables.
PIBROCK.
C'estvrai...voilàle
moment
de boxer,(n retrousseses manches.)JACOBSON,quilesaentendus.
Encore!
PIBROCK.
Nous sommes
insultés,mon
oncle!JONATHAN,so préparantàlalutte.
Oui!ilm’appartientl’officier.
PIBROCK.
Non,c’estàmoi... d’ailleurs,lusaisbienquejesuisplus fortque toi, toutgrosquetues...jel’aidéjà donnéton compte, Jonathan.
JONATHAN.
Oui,mais...
PIBROCK.• Allons... pairou non,à qui l’aura!
JONATHAN.
Pair!
PIBROCK.
Cinq...huit...onze...j’ai
gagné
!luvas voir...JACOBSON.
Comment
Iluvasmaltraiter cethonnête jeunehomme?
PIBROCK.
Etçaneserapaslong.
JACOBSON,auxcontcoups.
Ah
!lepetitgredin!...Voilàlesmauvaisinstincts qui re- viennent!Ilestincorrigible...OLIVIER,àSarah.
Allons,adieu,
ma
bravefemme, du courage.PIBROCK.
Ditesdonc,
mon
officier?DigitizedbyGoogle
28
LA VOLEUSE D’ENFANTS
j OLIVIER,arechauteur.
Que
veux-lu, drôle?PIBROCK,voulantsoprécipiter.
Drôle!
JONATHAN,l’arrêtant.
Iln’estpasengarde. *
PIBROCK,h Olivier.
Quand
oninsulleunhomme,
onretrousse sesmancheset onboxe,danslamarine marchande... maisjecroisqueles beauxofficiersdelareineontpeur pourleursmanchettes, pas vrai,mon
gentleman?OLIVIER.
Tu
croiscela?PIBROCK.
Oui.(Otantson tween.)Je crois cela, moi, beloiseaude mer.
OLIVIER.
Eh
bienItutetrompes, voilàtout.(Uretirefroidementson habit.)SARAII.
Oh! monsieur,jevousenprie...
OLIVIER.
Ne
craignezrien, (l ses amis qni vententteretenir.)Mesamis, etl’honneurdupavillon!PIBROCK.
Jem’appellePibrock,
mon
officier. J’aibattulescham-
pionsde1Amérique...OLIVIER.
Moi,dansdeuxminutes, j’aurai battuPibrock.
PIBROCK,enarrêt.
C’estceque nousallonsvoir1...
En
garde!JACOBSON,audésespoir.
Etjene peuxrien dire!
En
Angleterrelaboxeest libre...Toutle
monde
aledroitdese casserlafigure.JONATHAN.
En
garde!One... two...three...Partez!(scènedeboxe h avantageégal,d’abord.Olivierreçoitunconpqnilofaitchancelerune seconde.)SARAH,quisoitavidementleschancesdela lntte.
Mon
Dieu!(Lecombatrecommence;Pibrock, pressé hson togr, chancelleets’appuie surson oncle,légèrement essoufflé.)DigitizedbyGoogle
V
ACTE PREMIER
29 JACOBSON,touteu soutenant son neveu.Tu
n’esqu’unscélérat1(OnfaitboirePibrock.Lalutterecom- menceplusacharnée.)PIBROCK,avecuncri.
Ah
!(iltombe àmoitiérenversésurunetable.) JACOBSON.Ah
!mon
pauvre neveu!PIBROCK.
J’enaiassez.
JACOBSON.
Bassinez-luilenez1...ayez-enbiensoin!...
Ah!
lechena- pan!lechenapan1PIBROCK.
C’estégal,c’estun rude boxeurl(OnentraînePibrock dans nuesalleàgauche,Jacobsonlesuit.)
SCÈNE IV
Les Mêmes,moins
PIBROCK
etJACOBSON.
OLIVIER,remettantson habit.
Ledrôleboxetrès-bien.
GEORGES,luiserrant lamain, en riant.
Merci,pourlamarineroyale.
LESBUVEURS.
Hurrah pourl'officier1
olivier,lesfaisanttairedugeste.
Merci...bien obligé!
SARAII.
Oh!c’estpourmoi,monsieur,que vousvous battiez...
pourmoiqui suis une...
olivier.
Vous êtesmalheureuse,et lesmalheureuxdoivent se comprendreetseprotéger.
SARAH,avecintérêt.
Pauvre jeune
homme!
ah!oui,j’entends,quelqueamour
contrarié...olivier.
Un amour
sansespoir!SARAH.
AhI...
9M•
DigitizedbyGoogle
30 '
LA VOLEUSE D’ENFANTS
OLIVIER.
Allons!adieu etcourage,
madame!
. SARAH.
Adieu, monsieur,etquelebon Dieu vous gardecelleque vous aimezI
OLIVIER.
Venez,
mes
amis!(iusorient.)SCÈNE V SARAH,
puisJACOBSON.
SARAH.
Pauvre jeune
homme
!luiaussi,ilsouffre!JACOBSON,sortantdo la gaucho, et à part.
Son nez enapour quinzejours...siseulementça pouvait luiprofiter... (Regardant Sarah.)Pauvre Sarah!
comme
elleest changée!(Allantàelle.)Sarah?SARA».
Mon
nom!... vous méconnaissez?...JACOBSON.
Etvous,vousne
me
reconnaissezdonc pas?SARAH.
MaitreJacobson!
JACOBSON.
Oui...Jacobsonqui,ilyaquinzeans...
Que
voulez-vous!ilyavaitdespreuves... il a Lienfallu...Et vousvoila revenueàLondres?
SARAH.
Oui,jesuisarrivéehierde Bolany-Bay. Toutelanuit, j’aierrédansles ruesdeLondres.Ah! maître Jacobson, j’aiété bien coupable...maislechâtimenta été bien cruel.
• JACOBSON.
Oui... votre ami, le pasteur, m’a tout dit... votre enfant...
SARAH.
Oh!...c’estpourlaretrouverquej’aivécu. Là-bas,quand le soleilbrûlait
mon
front,quandla fièvrefaisaittremblermon
corps,quandj’entendaisgronderlamer
entre inatille et moi...sij’aivécu,c’estqu’unespoirme
soutenait...La
retrouver,la revoir...sanscet espoirsuprême,jeme
serais punie,allez!...Jeme
seraisluce...Je serais allée là-hautde-mander
pardonàAdams,
lepauvrematelot qui n’est plus.DigilizedbyGoogle
A CT
KPREMIER
3i JACOBSON.PauvregarçonIque Dieuaitson âme!...Quant àcelle d’Atkins,quelediable l’emporte!
SARAH.
Comment
1Atkins?...JACOBSON.
Aprèsavoirsubi sapeinependant dixans.Atkins est allémourir en Amérique... C’estunbon débarraspour l’Angleterre.
SARAH.
Si j’aivécu,moiseule,c’estdonc quejedois laretrou- ver, n’est-ce pas,monsieur Jacobson?
JACOBSON.
Dame!
tout estpossible..SARAII,d’nno voix douce.
Vous nesavez pas,là-bas, j’airêvé d’elle toutesles nuits...Elle
me
souriaitcomme
unpetitange.«Jeneveux {iasquelupleures,
me
disait-elle, c’estpourmoi queluvou- aisdel’argent... Siluns étécoupable,c'estàcausedemoi, c’estpresquema
faute...voyons nepleure pas,maman,
ne pleure pasl...>Quand
jeme
réveillais,jeme
retrouvaisau milieudes autresfemmes
qui chantaientetqui riaient;elles demandaient l’aumône aux gensquivisitaientlaprison;c’étaitpouracheter des liqueurs... moi,jedemandaisl’au-
mône
aussi,maisc’étaitpouracheterceci.(Elleliredeson corsageuo médaillonpeoda&soncou)C’estlinpetitmédaillon...(Arecunorgueilpresque enfantin.)Tenez...ah!ilestenorl...J’y ai renfermélescheveux de
ma
fille...Ilssontbeaux,n’est-ce pas,monsieurJacobson?... Elle avaitunan,lapetite,quand onles lui acoupés.Une
fois...vousnesavezpas...unedes détenuesa voulume
prendremon
médaillon...Ah
!jel’ai bien défendu,allez! J’aiétélaplusforte...dame!
c'estmon
cœurqui est là-dedans...c’esttoutcequime
rested’elle...Ah
!ilyadesgensbienméchants,allez,monsieur Jacob- son...On
voulaitlevolerparce quec’estdel’or...aussi moi, je letenaisserrédansma
bouche pourdormir...comme
çaj’étaisbien tranquille..on nepouvaitpasme
le prendre...
JACOBSON,qoipleure.
Pauvrefille!
SARAH.
Vouspleurez ?
JACOBSON.
Dame!...oui... qu’esl-ceque vousvoulez!...(Lui serrantla main.)Tenez... voilatoutcequejepeux vousdire.
DigitizedbyGoogle
32
LA VOLEUSE D’ENFANTS
SABAH.
Oh!j’aiélé bien criminelle, jele sais...maisj'aitantsouf- fert...Quinzeans, et c’estsilong unan...Jecomplaisles jours,lesmois,lesheures...Enfin,Dieu merci,
me
voilà revenue... je vaispouvoirlachercher.JACOBSON.
Maiscet étranger...qui aemportéJane...ilétait
mas-
qué?SARAH.
Oui.
JACOBSON,avec tristesse.
Eh
bien!... alors...SARAH.
Ilm’aparlé...(Répétantlesparolesde l’étraDger.)«Si,dansune heure,je quittais Londres en emportantunepetite fille d’unanenviron,ily auraitpourtoiunefortune...
Deux
mille livres sterling!...Dans uneheure,ma
voiture seradevant laporte!Dans
une heure!#Voilàquinzeansquej’aien- tenduces exécrables paroles etellessonnentàmon
oreille,comme
sic'étaithier.Voilàquinzeans,etcette voix, je l’entends...c’estlalumièreque Dieua laitepouréclairermes
ténèbres!... aprèsm’avoirchâtiée, brisée, anéantie,du hautdesa miséricorde,c’estun lambeau d’espérancequ’il m’a donné!JACOBSON.
Oui...oui...Et vouslaretrouverez.
' SARAH.
Ah!
çam’afaitdubiendeparlerd’elle...Jeme
sens plus fermeetplus vaillante.JACOBSON.
Vrai?
SARAH,
Oui...j’aiconfiance...
Ah!
c’estquej’aidelareligion, maintenant.JACOBSON.
Ah!
SARAH.
Oui...ilyavaitlà-bas,unpasteur,unsaint
homme
pres- queaussibonqueDaniel...ilm’adit:«Repentez-vous..,le cielest àceuxqui se repentent.»Eh
bien! jeme
repens, et le ciel,pour moi,c’estma
fille!JACOBSON.
Pauvre Sarah!
DigitizedbyGoogle
ACTE PREMIER
33VOIX, audehors.
Au
secours!...Arrêtez-le! arrêtez-le donc!... (Lasbuveur*quittent leurs tablespouraller regarder.) JACOBSON.
Allons! bon... qu’est-cequ’ily
a?
Est-ce encoremon
neveu?JONATHAN,regardant.
Non... c’estun chevalquis’emporte!
JACOBSON.
Un
accident!Ah!mon
Dieu! quellejournée!...mon
neveu a lenezcassé,Sarahqui revient, moiqui pleure etun
chevalqui s’emporte!En
voilà des émotions! (iltombe assis.)JONATHAN.
Ah
!onarrêtelecheval.JACOBSON.
C’estmoiqui devrais l’arrêter... maisjen’ai plusde jambes.
SCÈNE VI
Les Mêmes,
OLIVIER
portantHÉLÈNE
évanouiedansses bras.OLIVIER.
Place!...place!...
JACOBSON.
Une
jeunefilleévanouie...vite,duvinaigre!...Ah
!j’ai toujoursdessels...encas d’accidents.OLIVIER.
Donnez...
SARAH,avec intérêt.
La pauvreenfant!
OLIVIER.
Cen’estrien... J’ai saisi lechevalparlabride, etj’aireçu ladyHélène dans
mes
bras...HÉLÈNE,revenant &elle.
Olivier...c’esttoi !...c’estàtoiqueje doislaviel...
OLIVIER.
Hélène!
HÉLÈNE.
Je
me
promenais dansHyde-Park avecmon
père, etnousDigitizedbyGoogle
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LA VOLEUSE D'ENFANTS
nousdisposions àrentrer àl’hôtel,quand,jenesaispour- quoi,
mon
cheval prit peur et s’emporta.,.Mon
père s’élança,maismon
cnevaleffrayédeplusenplussemblait dévorerl’espace...Je tournailatêtepourappelermon
père, maisilétaitloindemoi. Alors, je l’avoue, jeme
suiscrue perdue,j’ai eu peur...oh!pourla première fois,carje suis brave... C’est égal, Olivier, ah!jesuisbienheureuse de tedevoirlavie!...(Ellelaitendlamain.)OLIVIER,avecbonheur.
Hélène!
SARAII,qui écouteavidement.
Qu’elle est belle!...des yeuxnoirs...descheveuxblonds,
comme
Jane!...HÉLÈNE,apercevantSarah.
Ah
!mon
Dieu!...lapauvre femme...voisdonc,Olivier,comme
sesyeuxsontfixéssur moi.SARAII.
Oh
!nefaitespas attention, miss... celane vousfaitrien quejevousregarde, etmoicelame
console.HÉLÈNE,étonnée.
Comment?
qui êtes-vous ? SARAII.Une
mère... quien vousvoyant, miss,nepeuts’empêcher de songerà safille.HÉLÈNE,avec intérêt.
Ah
! vous avezunefille? SARAII.Hél3s1je ne l’ai plus...on
me
l’a prise...onme
l’a volée...HÉLÈNE,arecémotion.
Volée!...
SARAII.
Oh!
maisjelachercherai... etilfaudra bien...HÉLÈNE.
Pauvre femme!... (Lui tendantquelquespiècesd’orqu’ellea prises dans son porte-monnaie.)
Eh
bien!...tenez..;prenezceci...c'estpour vousaider à retrouver votre enfant.
SARAH,ladévorant des yeux.
Mon
enfant... oui... oui... jelaretrouverai...HÉLÈNE.
Moi, je prieraiDieupourvous.
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ACTE PREMIER
35 SARAH,très-émue.Oui...priez... priez pourmoi... les prièresd’unange, Dieulesécoute!...
SCÈNE VII
LesMêmes,
LORD TREVELLIAN
parait au fond, avecnn domestique.HÉLÈNE,allanthlui.
Ah
!...mon
père!..- rassurez-vous,jenesuispas morte.TREVELLIAN.
Imprudente!...folleque vousêtes!
me
causerdepareilles frayeurs!...SARAH,quiallait sortir,s’arrêtantàlavoixde lord Trevellian.
Ah!...
TREVELLIAN.
Vous
ne monterezplus cettesauvagebête!...dussé-jela donner pourcinqlivres,je laferai vendre... et celadans une heure!SARAH,quia écouté avecune émotioncroissante, à part,commefolle.
Dans uneheure!...oh!lavoix! c’estla voix!...c’est lui!
TREVELLIAN.
Allons,venez... quittons cette taverne...
HÉLÈNE.
Vous ne remerciez pas
mon
sauveur,mon
père ? TREVELLIAN.Votre sauveur?...
„ HÉLÈNE.
Sivotrefilleestencorevivante, c’estgrâceàsirOlivier.
TREVELLIAN,àpart.
Lui!... encore!...(Haut.)Jevoussuis reconnaissant,mon- sieur.(Ilsaluo froidement.)
HÉLÈNE,avec reproche.
Comme
vousluidites cela,milord!... àlui,votreneveu,etmon
amid’enfance!...- TREVELLIAN,avecimpatience.
Voyons, Hélène,rentrons àl’hôtel.
HÉLÈNE.
Au
revoir etmerci,monsieurOlivier., SARAH,courant àJacobson, bas.
Monsieur Jacobson,quel est cet
homme?
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LA VOLEUSE D’ENFANTS
JÀCOBSON,bas.
Cet
homme
?... c’estlord Trevellian.SARAH,bas.
LordTrevellian1enfin!...
TREVELLIAN.
Venez, Hélène!(u sort avec sa une.) SARAH,seuleà l’avant-scène.
Ah!
ilabeau l’appelerHélène...c’estJane!...c’estma
fille!...(Trevelliandonnelebras àHélèneqni,arrivéeanfond, se détourneponradresserundernier regardà Olivier. Olivier s’incline; seule àl’avant-scène,Sarahregarde avecravissementHélènequi s’éloigne.Le rideau baisse.)
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ACTE DEUXIÈME
TROISIÈME TABLEAU
Au West-End,chez lord Trevcllian.Unriche salon.Ailfond,grande porte, clperrondonnant surlejardin,l’oiteslatéralesdanslespans coupés, cheminéeb gainlie.Ameublement somptueux
.
SCÈNE PREMIÈRE HÉLÈNE, JAMES.
HÉLÈNE,seule,assise etparcourant avec distractionnnlivrequ'elletient hlamain;entreundomestique poudré et enlivrée.
Eh
bienIJames,tju’y a-t-il ?¥ JAMES.
Miladyveut-ellerecevoirsirOlivierSidney? HÉLÈNE,arec émotion, selevant.
SirOlivier!...ilestlà?
JAMES.
Ilvenait
demander
des nouvellesdemilady...J’airépondu quemilordétaitan cercle,etqu’en son absence,j’allais prendrelesordresde milady.HÉLÈNE.
Faites entrer.(Le domestique introduitsirOlivieret se retire.)
SCÈNE
IIHÉLÈNE,
OLIVIER.HÉLÈNE,avec joie.
Olivier!
OLIVIER,avecémolion.
Ah
!vousdu moins, vous neme
chassezpas,Hélène!3
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LA VOLEUSE D’ENFANTS
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HÉLÈNE.
Pourquoi celteméchante parole? que l’ai-jel'ait,moi? suis-jeresponsabledestortsde
mon
père!S’ilt’abanni de son loyer,net’ai-jepasgardélaplacedansmon cœur
?OLIVIER.
Pardonne-moi,mais...enentrant dansceltemaison si pleinedesouvenirs,danscellemaison où
ma
jeunesseafait unsibeaurêve..enrespirantl’aird’autrefois,decepassé d’hiersiheureuxet sidoux...ah! malgré moimon cœur
sebrise...etmes
yeuxse remplissentdelarmes!(nseiai<se tombersur un fauteuil.)HÉLÈNE.
Mon
ami!...mon
frère!...OLIVIER.
Touslesjours jerôdeautourdecettedemeurequim’est fermée,et jeihe dis:Jelaverrai peut-êtreI
HÉLÈNE.
Oh
!jet’aibien vu,moi!...OLIVIER.
Enfin,aujourd'hui, je suis entrémalgré moi;une force invincible
me
poussaitcomme
pour undernier adieu...caril
me
semble quejevaiste perdre...etjen’aique
toi au monde.HÉLÈNE. *
Etmoi,nesuis-je passeule aussi? n’ai-jepas eu à souffrir del’indifférencede
mon
père?et lamort dema
inère ne m’a-l-ellepasfaitedeuxfoisorpheline?... Olivier,je t’aijuré quejeseraistafemme...etcesermentje nel’aipas oublié.Va
!aimons-nousetattendonsIle ciel est avec ceux qui s’aimentIOLIVIER,couvrantscsmains de baisers.
Ah
!chèreHélène!...HÉLÈNE.
Dèsaujourd’hui... toutàl’heure,je parleraià
mon
père...
Il nepeut vouloir
mon
malheur...ilconsentira...nous serons sesdeuxenfants... D’ailleurs,nem'as-tu passauvéla vie? Alt! jenesais pourquoi,mais j’ai làcomme
une espéranceinfinie clilme
semblequenotreépreuveestter- minée.(on entend un bruit dovoiture.Avec émotion.)C’estluiqui rentreàl’hôtel...ilnefuutpnsqu’ilnoustrous'eensemble...sors parlejardin,maiscesoir,à neuf heures, soislà...
et j’aurai,j’espère,d’heureuses nouvelles àledonner.
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