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BOITE AU LAIT PARIS COMÉDIE - Y AUDE VILLE EN CINQ TABLEAUX MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS E. GRANGÉ ET JULES NORIAC

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Texte intégral

(1)

LA

BOITE AU LAIT

COMÉDIE

-

Y AUDE VILLE EN

CINQ

TABLEAUX

E. GRANGÉ ET JULES NORIAC

nuE

PARIS

MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS

VIVI-ENNEî'dis,et BOULEVARDDESITALIENS, 15

A

LA

LIBRAIRIE

NOUVELLE

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(2)

PERSONNAGES

C L AMPIN,huissier..

....MM.

Ch.Poiiïh.

ADALBERT.photographe Ghïnisr.

SOSTHÈNE

ROBINEAU,prétendu do Francine.... AobAlb.

POUPARDET,

directeurd'unesociétéparactions... Ch. Biokdiiet PACH ECO,'richeBrésilien Pastelot.

MISTIGRIS,apprentid'Adalbert Rolahd.

FRANCINE,jeuneouvrière MilesTauti».

GEORGINA,écuyèredol’hippodrome seGéRAosoe.

LA

MÈRE

LORRAIN,grand’nièro do Francine ' ÉLéoRoee.

ANNETTE,

femmedechambre de Gcorgina Kelleb.

SYLVESTRE,\ / Ahra Maret.

FÉLICIEN, >ciecrsd'huissie < Coioube.

VICTOR, J ( L.Faie.

AParis,denos jonrs.

Touteslesindicationssontprisesdelagauche et deladroiteduspecla*

leur.

Les personnages sontinscritsentêtedesscènes dansl’ordrequ’ils occupent authéâtre.

Leschangements depositionsont indiqués pardes renvoisau bas des pages.

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(3)

LA BOITE AU LAIT

PREMIER TABLEAU

{l'ncchambretrès-simple,auquatrièmeétage.

Porte d’entréeaufond à gauche.

Aufond.Adroite,une fenêtredonnant surlarue.

Portesla- térales;cellede gauche au troisième plan,cellede droite au deuxième.

Aufond, Agauchedelaporte d'entrée,une petite armoire.

Adroite,an troisième plan,unscommode,surlaquellesontdesvases etune boiteau lait.

Surledevant h gauche,unfauteuil.

Surledevant h droite,un guéridon.

Chaises.)

SCÈNE PREMIÈRE.

LA MÈRE LORRAIN,

puis-

GEORGINA.

LA

MK

RE

LORRAIN,

seule,époussetantlesvasesquisontsurta commode.

Jesaisbienquec’étaiten 1819...etque,de 1819àmainte- nant,çafaitdutemps, fautêtrejuste...maisc’estégal,à-c’le époque-là, lesjeunes gens étaient plus rassisqu’aujourd’liui...

Quandjedisplusrassis,je veu.xdirequ’ilsétaient moins... C’est pas

mon

prétendu, défunt Lorrain,qui,,àlaveilledesemarier, auraiteulachosede...(Onentend frapper hlaportedufond.)Tiens!

onfrappe!...(Criantd’une voixde fausset.)Entrez!(Elleposeleplumeau surleguéridon.)

GEORGINA,*

entrant parlefonden élégantetoilettadumatin.

Mademoiselle Francine,lacouturière?

*Georgina,lamèreLorrain.

1

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(4)

2

LA BOITE AU LAIT.

LA MÈRE LORRAIN.

C’estici)madame...

même

queje suis sa grand’mère.

GEORGINA.

Ah

!

madame

Lorrain...dontellem’aparlébiendesfois.

LA

MÈRE LORRAIN.

Vraiment?... Cette chèreenfant!...Mais sans être trop curieuse, qu’est-cequ’ilyapourvotre service?

GEORGINA.

Jevienspourun dominoqu’elleapromis de

me

rendre au- jourd’hui...

LA MÈRE LORRAIN.

Un

domino bleu?...C’estdonc àm’ame Georgina quej’ai l’honneurdeparler?

GEORGINA.

Précisément.

LA

MÈRE LORRAIN.

M’ame Georginaquidemeuredansc’te maison...àl’entresol?...

uneécuyèrede l’Hippodrome?

GEORGINA.

C’estçàmême.

LA

MÈRE LORRAIN.

Excusez-moisijenevousremettaispasd’abord...N’ayant jamaiseuleplaisirde vousvoir...Etpuis, je

me

figuraisqu’une écuyère, ça devait avoir des cravaches, des éperons, descerceaux depapierpourpasserparautravers.

GEORGINA,

souriant.

Ohlpas toujours!...nousleslaissonsauthéâtre.

LA MÈRE LORRAIN.

Moiquivousparle,j’ai connulesFranconi... lesvrais!...

c’étaiten...

GEORGINA,

rinlcrrotepant .

Pardon!... je suisun peupressée...Est-cequevotrepetite-fille n’est pasicipourle

moment

?

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(5)

PREMIER TABLEAU.

3

LA MÈRE LORRAIN.

Mandeexcuse!... Elle estdanssa chambre... Veuillezvous asseoir. Je vaisl’appeler.(Appelant.)Francine! Francinel...

FRANCINE,

endehors,àdroite.

Voilà, grand’mère,voilà!...Jedonneàmangerà

mon

serin!...

GEORGINA,

quig’estassisedanslefauteuil.

Ah

1elleaunserin?

LA MERE LORRAIN.

En

attendantqu’elle aitunmari.

GEORGINA,

riant.

Çafaitprendrepatience.

LA

MÈRE LORRAIN,

riantaussi.

Hél hé!...

Comme

vousditesl...maistenez!... Jel’entends...

Lavoilàquivient...en roucoulant,

comme

à son ordinaire...Je vaslafaire taire...

GEORGINA,

selevant.

Au

contraire,nel’interrompezpas!... j’aimebeaucoupà l’en- tendre.

SCENE

II.

LES MÊMES, FRANCINE,

portantunocageet entrantpar la droite sans voirGeorgina.

FRANCINE.

*

AIR:Monmaîtrea des cMieaux. (Chattemerveilleuse.)

'• Dèsle soleillevant.

Monserin s'éveilleen chantant;

Sonbabilargentin Metient lieuderéveiii’-matln.

Ausonde son doux ramage.

Vite, Jeprends

mon

ouvrage;

*6eorgina, Francine,1amèreLorrain.

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(6)

4

LA BOITE AU LAIT.

Ettousdeux,du voisinage Egayant tousleséchos, Moi cousant,luidanssacage.

Nousentamonsdesduos, {bis.) Jel’écoute etj’apprends

Scs gazouillements.

Monmaître,levoilà.

C’estcet ôiseau-là!

Ah!

Pourprixde son cachet 11ne prend qu’uncolifichet,

Profe.«seurbreveté.

Delapetit’propriété.

C’estl’professeurbreveté Delapetit’propriétéI

GEORGINA,

s’approchant.

Bravo,

ma

chère,bravo!

FRANCINE,

très-surprise.

Madame

Georginal...Ah!bah...vousétiez là?... (Allant poser la cage surleguéridonetrevenantaumilieu.)Et grand’mèrequine

me

prévient pas!

LA

MÈRE LORRAIN.

Maissifait!...jet’aiappelée!...

FRANCINE,

àGeorgina.

Comment

!vous avez prislapeinede grimpernos quatre étages?..

.

GEORGINA,

gaiement.

Bah! Qu’est-cequecela...pourmoi, habituée à sauter des bar- rières?...Jevoulais êtresûrequetune

me

manqueraispasde parole.

FRANCINE.

Manquer deparole àunepratique!...Ah!fidoncl... J’en suis incapable...

GEORGINA.

Lescouturières sont quelquefoissiinexactes!...

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(7)

PREMIER TABLEAU.

5

FRANCINE.

Oui,lesgrandes!...maismoiquicommence,quiaibesoinde

me

faireuneclientèle... (Gaicmcot.)Plus tard,jenedis pas!...

GEORGINA.

Alors,cedomino...je l’auraice soir?

FRANCINE.

Mieux queça!...Tout desuite.

GEORGINA.

Vrai?ilestprêt?

FRANCINE,

*allantprendreledominodanslapetitearmoire.

Toutprêt, toutenveloppé...(L’apportant.)Voyezplutôt!

LA MÈRE LORRAIN.

Etje disquec’estunebelle pièce...pour unebellepièce,vous avezlàunebellepièceI

'

GEORGINA.

Àh! quetu esgentille!...J’auraisétésicontrariéede nepou- voirallerce soiraubalaveclebaronPoupardet...

LA MÈRE LORRAIN.

Le baronPoupardet?...

FRANCINE.

Un

devos adorateurs?...

GEORGINA.

Oui,un

homme

mûr...etassezbien conservé... à quij’aiper- mis dem’adresser seshommages,en tout bien tout honneur...Le directeur générald’une société paractions...

LA

MÈRE LORRAIN.

Mazette!...

GEORGINA.

J’aisurluidesvuessérieuses... etjecomptesurce balpourles réaliser.

\

»

*Francine, Georcina,lamëreI.onaiii.

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(8)

6

LA BOITE AU LAIT.

FRANCtNE.

Vousvoulez êtrebaronne?

GEORGINA.

Pourquoipas? Pichenetteestbien vicomtesse...unepetitegrue qui n’a jamaispufaire lacoursedes chars!

LA

MÈRE LORRAIN.

Voyez-vousça!...

GEORGINA.

Mais je bavardeetj’oublieque

mon

coiffeurm’httend...

FRANCINE.

Voulez-vousquejedescendecepaquetchezvous?

GEORGINA,

prenantledomino Inutile!...Jem’encharge!...

Air:Monsieurva aucercle.

Vite, vite, Jevousquitte;

Je

me

rends à

mon

boudoir.

Je veuxplaire

£t coursfaire Tousmesapprêtspour cesoir.

ENSEMBLE

REPRISE.

.

GEORGINA.

Vite, vite.

Je vousquitte, ètc.

FRANCINE

et

LA

HÈRE LORRiTlN.

Partesvite!

Parla suite.

Nous espérons vousrevoir.

Pourmieuxplaire.

Courezfaire Tous vos apprêts pource soir.

(Georginasortparlefond,reconduite jusqu’à ta portopar lamèreLorrain, Francine prendlacage etva l'accrocherà-lafenêtre qu’elleonvre.)

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(9)

FHliMlER ^TABLEAU.

7

SCENE

III.

LA MÈRE LORRAIN, FRANCINE.

.

LA MÈRE LORRAIN,

à la portedufond.

Voire servante,madame...Biencharméed’avoirfaitvot’con- naissance... (Fermantlaportoetrevenant en scène.)Là!...maintenant occupons-nousde... (VoyantFrancineà la fenêtre.)

Eh

bien!... eh bien! flâneuse, turesteslà,lesbras ballants?... Qu’est-cequetu faisàlafenêtre...en observatoire?...

FRANCINE.

Moi?...rien,grand’mère... je regardais...

LA

MÈRE LORRAIN.

Quoi?...

FRANCINE.

Dame!... Je regardais...sijeneverraispas Sosthène...(Elle quittelafenêtre qu’elleferme.)

LA MÈRE LORRAIN,

avechumeur.

Ah!M.

Sosthène Robineau!...

FRANCINE.

Tiens!

comme

vousdites ça!

LA MÈRE LORRAIN.

On

ne songequ’àlui...onn’a desyeux que ppurlui!...

FRANCINE.

Écoutezdonc, c’est

mon

futur...Et

comme

voicil’heure laquelleilvientchaquematin,avantd’allerà son bureau...'

LA MÈRE LORRAIN,

h part.

Sonbureau!... Oui,parlonsdeça!

FRANCINE.

Qu’est-ce que vousavez donc, grand’mère... Vous, qui,iln’

a qu’unmoment,paraissiezdesibonnehumeur...

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(10)

8

LA BOITE AU LAIT.

LA

MÈRE LORRAIN.

Pardiiie!...fautbien êtreconvenable aveclemonde...quand on ades usages...

FRANCINE.

A

présentvousv’Iàtoute...(Lacâlinant.)Voyons, qu'avez-vous pourfaire lamineàvotrepetiteFrancine?...

LA

MÈRE LORRAIN.

Maisrien...maisrien...occupe-toide tonouvrageet laisse-moi tranquille.

FRANCINE.

Décidément vousêtesdansvosnoirs.

LA

MÈRE LORRAIN.

C’estpossible...ya

comme

ça desjours...

FRANCINE.

On

diraitqueçavousfâchequejevous parlede

mon

prétendu.

^LA

MÈRE LORRAIN.

Tonprétendu!...Tonprétendu!...

FRANCINE.

Eh! maiscertainement!...Toutn’est-ilpasarrêté,convenu?...

N’est-cepasdansquelques joursque notremariage doitse

faire?

^

LA

MÈRE LORRAIN,

entresesdents.

Oh

!oh!...dansquelques jours!...

FRANCINE.

Oh

!

mon

Dieu! est-ceque vousauriezchangéd’idée?..^Est-ce que vousreprendriez votreconsentement?

LA

MÈRE^LORRAIN,

avecembarras.

Jene dispas ça; mais...

FRANCINE.

Mais quoi?... qu’est-ce qui vous taquine?... qu’est-ce quivous cluffonne?...Est-ce parceque vouscroyezquej’aimeSosthène plusquevous?...parcequejevousparledeluisans cesse?... faut pasqueçavousfâche, grand’mère!...

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(11)

PREMIER TABLEAU.

9

Air:Cettunenfant. (Caféduroi.) Parlerdelui Mesemblaitdoux en son absence;

Parierdeiui M’aidait à charmer

mon

ennui.

^

Je

me

tairai,

Sice chapitre TOUSoffense;

Je

me

tairai,

A

votreordrej’obéirai.

Jepenserai

A

iui toujours...mais ensilence!...

Dès aujourd’hui.

Jeneparleraiplusdelui!

LA

MKRE LORRAIN,

'radoucie.

Ne

plus parlerdelui!..,Eli!

mon

Dieu!jen’en exige pastant...

seulement...jedisais...Tusensbienque... (Changeantdeton.) Allons,voyons, faut acheverleménageetpuissonger au déicuner...

(Elle s’assieddanslefauteuil.)

FRANCINE,

s’empressantdjprendreleplumeau.

Voilà,grand’maman...voilà!(apart.)Maisquellemouchel’a

piquée?Jen’ycomprendsrien...(Elleépoussette lachambreàtorteth trarers.)

SCÈNE IV.

Les mêmes, SOSTHÈNE,

SOSTIIÈNE,entrantvivement parlefond et recevantun coupdoplumeau

\

Ah!

FRANCINE.

Oh!

LA

MÈRE LORRAIN,

à part.

C’estlui!

*Lauiëre Lorrain, .Sfsthéne, Francine.

I.

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(12)

10

LA BOITE AU LAIT.

FRANCINE.

Soslhènet...pardon!jevousai faitmal?

SOSTHÈNE,

se frottanlla joue.

Non, aucontraire... nefaitespas attention.

FRANCINE.

Aussi,vousentrezlà...(Elleremetle'pluR>B*R

w

guéridon.)

SOSTHÈNE.

Dame!...j’entreparlaporte... Bonjour, Francine. Bonjour,mère Lorrain.

LA

MÈRE LORRAIN,

sèchement.

Bonjour, bonjour!

SOSTHÈNE,

h Francine.

» Lasanté est toujours bonne?...(\ lamèreLorrain.)Et VOUSaussi, la

maman,

ça vabien?

LA

HÈRE LORRAIN,

demême.

A

ladouce, merci1

FRANCINE

.

Obi... àladouce... C’est-à-dire...grand’mèreàmissonbonnet detravers aujourd’hui.

^ SOSTHÈNE,

regardantlamèreLorrain.

Ah

bah!...

FRANCINE.

Mais

comme

vousvenez tard ce matin!

'

SOSTHÈNE,

un peucontraint.

Ah!oui...je vasvousdire...c’estque...

FRANCINE

.

C’estque?

SOSTHÈNE

.

J’avaisàécrire...unelettre.

FRANCINE

.

Unelettre?...à quidonc?

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(13)

PREMIER TARLEAU. M SOSTHÈNE,

avecembarras.

A... à quelqu’un...voussaurez pluslard.

FRANCINE.

Ah! unsecret!

LA MÈRE LORRAIN,

bpart.

Etmoi, je devine!

SOSTHÈNE.

Etpuis,ce quim’aencore retardé,c’estquej’avaisàfaireune emplette...pourvous.

FRANCINE.

Pour moi?

SOSTHÈNE,

tirantunepetiteboitede'sapoche et y prenantune bagne

.

Oui...

Un

souvenir...ouplutôtunpetitprésent...

FRANCINE,

prenantlabague.

Une bague!

SOSTHÈNE.

Que

jevouspriedeconserverpar amitiépourmoi...

FRANCINE,

joyeuse.

Ahlcertainementquejelaconserverai... toujours.

s I

SOSTHENE,

avecunpeud'emotion.

Toujours...oui,n’est-ce pas?...vous

me

lepromettez?...

FRANCINE,

allantmontrerlabagueàlamèreLorrain *.

Mais,voyezdonc, grand’ mère!...voyez

comme

elleest jolie!

LA MÈRE LORRAIN,

selevant.

Oui...oui...c’estbien!vadanstachambremettreunchâle, unbonnet...ilfautdescendrechercherdulaitpourlecafé.

FRANCINE.

Toutà l’heure, grand’mère... Sosthènenefaitqued’arriver...

j’ailetemps.

,

*LamèreLorrain, Francine, Sosibëne.

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(14)

12

LA BOITE AU LAIT.

LA

MÈRE LORRAIN.

Oui...Et puisla laitièreserapartie.Allons,va donc!...faisce queje te dis...

FRANCINE,

àpart.

Elle

me

renvoie...c’estdrôle!...(Haut.) J’obéis,grand’maman.

(Ellepasseà droite.)

LA

MÈRE LORRAIN.

* C’estheureux!

FRANCINE,

à part.

Biensûr,'ya quelque chose!(l.amèreLorrain passeau milieu.)

ENSEMBLE

*.

Air desDousetravaux d'Hercule.

FRANCINE,

>part.

Decettecolère Quelestlesujet ? C'estquelquemystère Qu’ici l’on

me

faitI

LA

MÈRE LORRAIN,

h part.

Ah!de

ma

colère Cachonsle sujet! i

Oui,sachons

me

taire, Gardons

mon

secretI

SOSTHÈNE,

àpart.

l)ecetlecolère Quelestlesujet?

Son regardsévère.

Annonceunsecret! (Francine sort parladroite.)

’La mèreLorrain, Soslliènc, Francine, Snslbèuc,lanière Lorrain, Francine.

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(15)

PREMIER TABLEAU.

13

SCÈNE V.

SOSTHÈNE, LA MÈRE LORRAIN.

L\

MÈRE LORRAIN.

A

nousdeux, maintenant,M.SosthèneRobineau1

SOSTHÈNE.

'

Hein?Qu’avez-vousdonc,mère Lorrain?

LA

MÈRE LORRAIN.

J’ai...j’ai...quej’en aiapprisdebellessur toncompte.

SOSTHÈNE

Surmoi?...(apan.)Ah! grand Dieu!Est-cequ’ellesaurait?

LA MÈRE LORRAIN.

Depuisce matin,je

me

mangelessens...jen’airienvoulu dire à Francine,pour nepas désoler celtepauvrepetite...maisnous voilà seulset fautquej’éclate...

SOSTHÈNE.

Maisqu’ai-jedoncfait,mèreLorrain ? LA

MÈRE LORRAIN.

Ce quet’as fait!...Ilalefrontdeledemander!...Avanceiciet réponds-moi

comme

àuntribunal...D’abordetd’une, tu n’as plusdeplace... tu t’es faitrenvoyerdetonbureau...

SOSTHÈNE,

à pari.

AïeI

LA

MÈRE LORRAIN.

Ensuite, tu as desdettes...tudoisunbilletdedeuxcents francs pourlequeltepoursuitM. Clampin,l’huissier,quidemeure au deuxième dansceltemaison.

SOSTHÈNE,

confuü.

MèreLorrain.... jevas vousdire...

LA MÈRE LORRAIN,

rioterrompant.

Mais ce n’est rien encore... etlepiredetout...c’estquetu t’esattiréuneatfaire...tuasunduel...

#

DigitizecbyCoogU'

(16)

14

LA BOITE AU LAIT.

SOSTIIÈNE,à part- Ellesait(oui!

LA

MÈRE LORRAIN.

Tu

tebatsce malinavecun denosvoisins... lepotographe, qui logeau-dessous...j’aiappris toutçaparleconcierge,,,Saloge est

mon

bureaude renseignements1

SOSTIIÈNE,à part.

Vieuxbavard!,..Ilavaitbien besoindejacasser!

LA MÈRE LORRAIN.

Eh

bien!voyons,quandturesteraslà,planté

comme

unterne...

Est-celavérité?

SOSTIIÈNE.

Hélas!oui,mère Lorrain...jel’avoue...(Vivement.) Maisj’ai uneexcdse...

LA

MÈRE LORRAIN.

Uneexcuse?...

SOSTIIÈNE.

C’est

mon

amour pourFrancine qu’est causede toutes

mes

traverses...

LA

MÈRE LORRAIN.

Par exemple!...

SOSTHÈNE.

Lesentiment

me

donnait desdistractions...Jenégligeais

ma

besogne pourne songer qu’àelle...Je quittais

mon

bureau avant l’heure,pourlarevoir plustôt...

LA

MÈRE LORRAIN.

Etton patronl’aflanqué àlaporte!...

SOSTIIÈNE.

-Voilà!...

LA

MÈRE LORRAIN.

Eh

bien!etcebillet ?...Est-ce aussi paramour pourFrancine ?

(17)

m

PREMIER TABLEAU.

lo SOSTIIÈNE.

Dame

!'sansdoute... voussavez,ledimanche,noussortions ensembletousles trois... jedonnaislebras à

ma

prétendue...et, pourêtrejoli,pourluifairehonneur... je

me

suisfaithabillerau grandcomplet...

LA HÈRE LORRAIN.

T’asfaitunbilletquetun’aspaspayé?

.

SOSTHÈNE.

Dame!..,n’ayant plusdeplace...

LA

MÈRE LORRAIN.

Mais enQn, ce duel?... cemalheureuxduel?..,

SOSTIIÈNE.

Ah! quantà ça,mèreLorrain...c’estpas

ma

faute...Jugez plutôt...Hier, à quatre heures, en sortantdecettemaison, je m’arrête àlaportepourregarderlesphotographies qui sontdans uncadre...

LA

MÈRE LORRAIN.

ConnuI

SOSTHÈNE.

Toutà coup,jevois unindividuquis’approchedemoi...le photographedu troisième,à cequej’aisuplustard...«Jeune

homme,

qu’il

me

dit,voulez-vousquejevousfassevotre portrait pour rien?...

»—

Pour rien? (àlamèreLorrain)Çam’allait...

assez...jel’auraisoffert à Francine.

«Seulement,ajoute

mon

particulier,faudramettreunevesteetuneperruque...»

— Com-

ment, uneperruque...uneveste?

«Sansdoute,j’aibesoinde faireunJocrisse.»Et là-dessus,ilsemetà

me

rireaunez...

ma

foi!çam’avexé;je lui aiflanquéuneclaque...

LA HÈRE LORRAIN.

Une

claque!

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(18)

16

LA BOITE AU LAIT.

SOSTHÈNE.,

Air:Tensouviens-tu?

, Oui,j’aivoulu punirsoninsolence.

LA

HÈRE LORRAIN.

Maisnnsoufflet!...

SOSTHÈNE.

Damijeconviensquej’ai Peut-êtreuupeumanquéde patience;

Mais à Francine enc’momentj’aisongé.

Bientôt, m'suis-j’dit,avecellejem’engage, C’estsonhonneur,comm'lemien, quoj’d’éfends...

Etjedevais,

même

avantnot’mariage.

Fairerespecterlepèr’deses enfants.

Oui, je devais,

même

avantnot’mariage, Fairerespecterlepèr’desesenfants, Respecter1’pèrde vospetits-enfants!

LA

MÈRE

LORRAIN,passantilgauche.

Ta,ta, tal...Toutça,c’estpas desraisons...

.SOSTHÈNE

*.

Permettez...

LA

MÈRE LORRAIN,

s’échauflant.

Tiens, vois-tu,tun’esqu’un mauvaissujet!

SOSTHÈNE

suppliant, y

MèreLorrain!...

LA MÈRE LORRAIN.

Jet’avaispromisFrancine...j’avaisconsentià votre mariage...

maisà présent...

SOSTHÈNE,

très-ému.

Ehbien! à présent?...

LA

MÈRE LORRAIN.

A

présent, je reprends

ma

parole...

*La mcreLorrain, Sostbëne. I

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(19)

PREMIER TABLEAU.

17 SOSTIIÈNE.

Ah!

mon

Dieu!ilseraitpossible?...

LA

MÈRE LORRAIN.

*

Certainement!...Jusqu’ànouvel ordre,dumoins...Jen’irai pas sacriQerceltejeunesse,en l’unissant àunquerelleur...àun

,panier percé... àun

homme

sans place!

SOSTIIÈNE.

AhIc’est

comme

ça!... c’estvotre derniermot?

LA

MÈRE LORRAIN.

Oui!

SOSTIIÈNE,leslarmesauxyeux.

Eh

bien!encecas,

mon

partiest pris!...

LA

MÈRE LORRAIN.

Hein!...

SOSTIIÈNE.

Quoiqueje n’aiejamaismaniéuneépée aujourd’hui, surle terrain...j’aurais essayéde

me

défendre...de

me

conserverà Francine...maismaintenant, ça m’estégal,*jene

me

défendrai pas...je"meferai tuer...

' LA

HÈRE LORRAIN,

très-émne.

Qu’esl-c’qu’il dit?...Qu’est-c’qu’ildit?...

-SOSTHÈNE.

Cettelettrequej’écrivaiscematin,c’étaitpourelle...jelui faisaismesadieux...en cas d’événement... j’espérais n’avoir pas à l’envoyer...(latirantdesapoche.)Mais,tenez,lavoilà...jevous chargedelaluiremettre... delaconsoler...

LA

MÈRE LORRAIN,

h part,essuyant sesyeux.

Allons,bon!...v’iàquej’yvasde

ma

larme àc’t’heure!

SOSTIIÈNE,luitendantla lettre.

Prenez,mère4.orrain,prenez! (Onentend chanter Francine.) LA

HÈRE LORRAIN.

Tais-toi!...C’estelle!...

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(20)

18

LA BOITE AU LAIT.

S03THÈNE.

Elle!...(LatnôroLorrain s’assied dansle fantcuil.

Sosthèneremetvi- vementlalettredans sa poche.

La mèreLorrainsemoacho pourcacher son émotion. Francine rentre parladroite'•elleaunchâleetunbonnet.

. Musiqueà l’orchestre jusqu’àla findel’acte.)

SCÈNE VI.

Les mêmes,

FRANCINE.

FRANCINE*,

à part, près delaporte.

Plusdeplace!...desdettes!... etunduel!

LA MÈRE

LORRAIN,serrantàladérobéelamaindeSostbine.

Pas unmot!...sois

homme!

SOSTHÈNE,

bas.

Oui...oui...

FRANCINE,

s’avançant et très-gaiement.

Ah!

me

vlà prête!...Je vaischercherle lait!,.. (Ellevaprendre la boite sur lacommode.)

LA

MÈRE LORRAIN,

selevant.

C’estçàl...pendantcetemps, moi, je vas allumerlefeu,et fairecuirelescôtelettes.

SOSTHÈNE.

Vous neserezpaslongtemps, Francine?... jevousreverrai?...

t

FRANCINE.

Certainement!nous nousreverrons!(à part)J’ycomptebien!...

(Hautet gaiement, en passantau milieu.)Allons!jodescends!... à bien- tôt!... .

*La mèreLorrain,Sosthène,Francine.

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(21)

PREMIER TABLEAU.

19

LA MÈRE LORRAIN*

86disposantesortirparlaportode gauche.

Va!... ddpêchc-loi!(Francinesort parlefond, referme laporteder- rièreelle;puisonl’entenddonner untour declef.)

LA MÈRE

LORRAIN*.,

Eh

bien!...eh bien!...Quefait-elledonc?...

SOSTHÈNE.

Comment!ellenous enferme!... (Onentend retirerlaclefdelaser- rure.]Etelleemportelaclef!...

LA

MÈRE LORRAIN.

AhIl’étourdie!... (Courant h la porte ainsiqueSosthène et eriant.)

Eh

!

Francine!... Francine!...

FRANCINE

en dehors.

Ne

vous impatientez pas, grand’mère!... Je reviens!...

I

Lerideau baisse.

*La mèreLorrain,Francine, Sosthène.

**La mèreLorrain,Sosthène.

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(22)

DEUXIÈME TABLEAU

L’alclicrdephotographie d'Adalbcrl.

Porto d’entrée à ganche.

Portedu laboratoireh droite.

Aufondungrand vitrage devant lequelcslunappa- reilde photographie.

Agaucheunpetitsecrétaire surlequelsontdeux fleurets.

Adroiteune petite estrade, sur laquelle sontunfûtde colonne, unechaiseetunpetitguéridon.

Aufond,droite,undivan,surlequel ily dos photographies.

Cadres remplis de photographies accrochésau mur.

SCÈNE PREMIÈRE

MISTIGRIS, ADALBERT.

ADALBERT,

danslachambreh droite,appelant.

Misligris!... Misti...(Entrant)Ah!ça,répondras-lu?...

MISTIGRIS.

Pardon, bourgeois...maisc’estce diablede

nom

deMistigris que vous m’avezdonné...

AQALBERT.

Letien étaitstupide!...Edmond!... on nes’appellepas

Edmond

danslesarts...Toutrapin se

nomme

fatalementMistigris,Mous- tiqueouGargantua... Préfères-tuGargantua?

MISTIGRIS.

Çam’estégal,bourgeois.

ADALBERT.

D’abord,situneveuxpasqueje tependehaut et court jusqu’à cequemorts’ensuive,ne

me

displus bourgeois!

Un

photographe estunartiste...lesgrandsartistessontdesmaîtres...donc,tu doism’appeler maître...Comprends-tu,rapin?

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(23)

DEUXIÈME TABLEAU.

- 21 MISTIGRIS.

Oui, bourgeois.

ADALBERT.

Ah

Itripleanimal!sije n’étaispassipressé, jet’infligeraisles plus affreuxsupplices... je leretiendraistroisfrancssur ton mois...

tlISTIGRIS,pleurant.

Alilbien, nonl...

Ah

I bien, non,là!qu’est-cequ’il

me

res- terait?

ADALBERT.

' Allons, cessedegeindre...etdonne-moilesépreuves descartes, quej’y jetteun coupd’œil...(Mistigrie lusprend danslesecrétaire etles luidonne.—Les regardant.)

Comme

c’eslpur1.. .

comme

c’est éclairé !...

Cen’estpasunecartedevisite,c’estuneœuvre...c’estunta- bleau...c’estunpetitMeissonnier.(Mettantlescartessurledivan et7 prenant deux- antres photographies.)Tiens, Mistigris, portececichez l’encadreur.

MISTIGRIS,prenantlesphotographies.

Chezl’encadreur? oui,jnailre.; N

ADALBERT.

Tu

diras en

même

temps auconciergede nelaissermonter personne...J’aiàsortir...Ilfautquejem’habille.

MISTIGRIS.

Compris!... àChaillot,lesgêneurs!(11sort parlagauche.)

SCÈNE

II

ADALBERT,

seul,regardant partir Mistigris.

Jeferaiquelque chose delui!(tirantsamontre.)Dixheures vingt- cinq!... Diab!e!je n’aipasdetempsà perdre...Lerendez-vous estpourmidi,devantledonjon... Satanéeaffaire!...Cet imbécille qui se fâchepourunechargequeje lui fais...qui me...(ilportola mainà sa joue)carilm’a...Bah! aprèstout,

mon homme

n’apas l’airféroce...Etquandjeletiendrai au boutde

ma

rapière...

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(24)

ii

LA BOITE AU LAIT.

[Prenantunfleuretsurlesecrétaireettirantaumur.)Uns!... deux!...

une!... deux!...(On entend frapper àlaporte degauche.(Allons!quesl- ce qui vient

me

déranger?...(ilremetson fleuret surlesecrétaire.)

SCÈNE

III

FRANCINE,

sa boiteanlaitàla main.

ADALBERT,

puisà lafin,

MISTIGRIS.

FRANCINE,

entr’ouvrant la porte do gaucho.

Pardon,

mon

voisin...peut-on entrer?...c’estmoi, Francine...

ADALBERT.

Tiens1tiens!... lapetite couturièreduquatrième!... Qu’est-ce qui

me

procure l’avantage?...

FRANCINE,

entranttout-à-fait.

Comment! M.Adalbert...vous nedevinez pas?... Je viensvous prierdefaire

mon

portrait.

ADALBERT.

Votre portrait?...

FRANCINE.

Sansdoute.

Airde Madelon,(Kazln.) Souvent,

mon

voisin^,pargalanterie, Quandvous

me

trouviezsur votre chemin, Vousm’avezoffert

ma

photographie;

Toujours, enriant,je disais:«Demain!« Oui,jerépondaispar ce badinage;

Maisenfinademain> s'estévanoui, Et, vous apportant gaiment

mon

visage.

Je vienscette fois (bis)vousdire:«Aujourd’hui1» Jeviens,

mon

voisin,vousdire:« Aujourd’hui,

Vousdire:«Aujourd’hui1» Oui,

mon

chervoisin, c’estpour aujourd'hui,

C’estpour aujourd'huiI

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(25)

DEUXIÈME TABLEAU.

2J

ADALBERT,

àpart.

Ça tombebien!

*

FRANCINE.

'Est-cequeçavouscontrarie ?

ADALBE

RT.

Moi?... non... non...seulementje doisvous avouer quejepré- féreraisunautre jour.

FRANCINE.

Bah!lejour estsuperbe.

ADALBERT.

Jeveuxdire:uneautrefois.Je suisun peupressé.

FRANCINE.

Oh! unephotographie, c’estsitôtfait!...sur votreenseigne il ya : « Portraitsentroissecondes... » en lettresgrandes

comme

ça.

ADALBERT.

Oui,sur l’enseigne, jenedispas...

FRANCINE.

Vous trompez donclepublic ?

ADALBERT.

Cen’estpas moi,c’est le soleil.

Enfin, tenez, voisine,aujour- d’hui ça n’est pas possible.

FRANCINE.

AhI

comme

c’estcontrariant!...moiquivoulaisfaireprésent dece portrait à quelqu’un... carvous nesavezpas?je vais

me

marier.

ADALBERT.

Bah?vraiment?...vous vousmariez?...

FRANCINE.

Oui,dansquelquesjours...Et,enattendant,j’auraisétébien aisede donner

ma

photographie à

mon

prétendu.

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(26)

24

LA BOITE AU LAIT.

ADALBERT,

souriant.

Lacopieà-comptcsurl’original.

FRANCINE.

Etpuis,onn’estpasfâchée,quand onestmadame, devoir

comme

onétaitquand onétaitmademoiselle.

ADALBERT.

Jecomprendsça,voisine1mais, jevouslerépèle,ence

mo-

ment,je...

FRANCINE.

Ah!voilàbienleshommes!... quandilsvousrencontrent,ils vousfont mille prolestalions.«

Ah

!

ma

jolievoisine,queje serais donc heureux de vousêtreagréable!venezdonc

me

demander unservice...disposezde moi!...quand vousvoudrez...dèsque çavousferaplaisir!... »

Un

jour,on arrive,onleurdit:

Me

voilà!... Et puis,flûte!...Ilsvousrépondent:«Jen’aipasle temps1ce serapouruneautrefois!...»Etsionrepasse,ona l’aird’un rasoirI..:

ADALBERT.

Pardon,voisine... désolede vousrefuser;maisj’aiaffaire...

j’aiunrendez-vous.

FRANCINE.

Un

rendez-vous!... avecune famé?

ADALBERT.

Non,non...iln’estpas questiondeça.

FRANCINE.

Alors,quelleaffairesipressée,siintéressantepeutdonc vous forcer?...

ADALBERT.

Eh

bien!là,puisqu’ilfauttoutvousdire...

FRANCINE.

Eh

bien?...

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(27)

DEUXIÈME TABLEAU.

Î5

ADAL8ERT.

Ils’agit...d’uneaffaired’honneur.

FRANCINE,

TÎremeat.

Un

duel!...

ADALBERT.

Oui,unduel.

FRANCINE.

Comment!... vous vousbattezce matin?...

ADALBERT.

Cematin, à midi.

FRANCINE,

Teignantune grande émotion.

Ah

!

mon

Dieu!...Et vousm’annoncezga tout tranquillement!...

sans ménagements... sans préparation...

ADALBERT.

Bahl... qu’est-cequegapeutvousfaire?... Vous ne pouvez vousintéresserbeaucoupà moi... ,

FRANCINE.

Pourquoidonc?...unvoisin!...Il suffitqu’onconnaisseles personnes...(Portantlamainàsoncœur.)

Un

duel!...

Ah

Imiséri- corde!...j’entremble

comme

lafeuille...

ADALBERT,

à part, avec fatuité.

Ah!ça,est-cequelapetitevoisine?...(Haut.)Tranquillisez- vous!...

mon

adversaire n’êst pas bien dangereux, jecrois..

-

FRANCINE.

Ah!... vraiment?...c’est?...

ADALBERT.

Un

petitcriquet,uneespèce d'Olibriusqueje rencontrehier à la porte...Jeluitrouveunebonnetète...jeluioffredelephoto- graphier...Etmonsieurse lâche!...

FRANCINE,

Ily a des gens quiontlecaractèresimalfait !...Et...ilse nomme?...

i

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(28)

LA BOITE AU LAIT.

ADALBERT.

Ma

foi,jen’ensais rien...jenel’avaisjamais vu... (Cberdunt à

«e rappelerlenom.) Gobi... Bobi...ausurplus,j’ailàsacarie...(ii vaprendreunecartesurson bureau.Francine vapof>ersaboiteaulaitsur l’estrade.)

FRANCINE,

jetantlesyeuxsur la carteetfeignantunegrande surprise.* Soslhène Robineau...!

ADALBERT.

Vousleconnaissez ?

FRANCINE.

Si jeleconnais!...Maisc’est

mon

prétenduI

ADALBERT,

mettant la carte dans sa poche.

Votre?.,, ah!voisine!...combienjesuis désolé!...Parole d’honneur, ça

me

faitunepeine...

FRANCINE.

Etàmoi donc!...Je suis toutesaisie.. .

ADALBERT.

Jecomprendsvotre inquiétude...unfutur!...

FRANCINE.

Oh

Icen’est paspourluiqueje suis inquiète...

ADALBERT.

Ah

!bah!...Etpourquidonc?

FRANCINE.

C’estpourvous.'

ADALBERT.

Pourmoi!...(A part.)Le cœurdesfemmesestun abîme1

FRANCINE.

^ Lui!...çam’est bien égal!...Ilnerisquerien, lui!...

ADALBERT,

étonné.

Plaît-i!?...

'

FRANCINE

.

Mais vous,

mon

voisin,vous!... -

*Francine, Adalbcrt. ._ .-

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(29)

DEUXIÈME TABLEAU.

27

ADALBERT.

Ah

1ça...quevoulez-vous dire ?

FRANCINE.

Maisvousnesavezdoncpascequec’estquevotreadversaire?.. .

Ou

nevous adoncpas prévenu?...

ADALBERT.

Prévenu...de quoi?

FRANCINE.

Eh

bien!desaqualité,desaforce.

ADALBERT,

vivement.

Ilest fort?

FRANCINE.

Malheureux1...maisilestprévôtchezM.Gâtechairj...

ADALBERT,

interdit.

Hein?... prévôt...chezM.Gâtechair?...Diable1...voilàun

nom

qui n’est pasencourageant!...

FRANCINE.

Ila déjà tué quatrehommes.

ADALBERT,

commea(amtàtrembler.

SapristiI...

FRANCINE.

Voyons!...aumoins, êtes-vousd’une certaine force àl’épée?...

ADALBERT.

Moi?...dame!j’aiun peuappris...dansletemps...

comme

tout lemonde...

FRANCINE.

Un

peu, ce n’est guère.

ADALBERT.

Éfoutezdonc!...jene suis pasunspadassin, moi!...Je suis artiste, jesuisphotographe!

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(30)

28

LA BOITE AU LAIT.

FRANCINE.

C’estjuste!,..Ohllesjeunesgens ont bientortdenégliger l’escrimeIonnesaitpas ce quipeutarriver...

ADALBERT,

reprenantunfleuret.

Quandvous êtes entrée, je m’essayais, je poussaislemur...

FRANCINE.

Et vousl’aveztouché?...C’estmalin!... (Riant.)Ahl quelle garde!...(Désignantlefleuret)Donnez-moiun peuça...

ADALBERT.

A

vous?...

F R ANCI

N

E

,

luiprenantlefleuret.

Ça

me

connaît!,.,

mon

pèreétaitunancienmilitaire.

Ça

l’a

même

contrariéquandjesuisvenueau monde... parcequ’ilaurait mieux aimé ungarçon...Ildisaittoujours:«Si

ma

filleétait

un

garçon,' je voudraisqu’ellesoitdragon!...»Çane se pouvaitpas, àcauseducasque...maisc’est égal,ilm’aélevé militairement...

ADALBERT.

En

vérité!

FRANCINE.

AIRduCabaret, Bien desfois,d’avoirunefllle Cherchant à calmer sonregret,

U me

faisaitquitter l’aiguille, Pour

me

mettreenmain unfleuret.

«Çapeutl’servir!» disait

mon

père.

Etje vois qu’il avaitraison;

Car ça

me

servira, j’espëte,

A

vousdonner uneleçon.

Oui,çava

me

servir,j’espère,

A

vousdonneruneleçon!

ADALBERT.

Une

leçon!...

Commentl

vousvoudriez?

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(31)

DEUXIÈME TABLEAU.

29

FRANCINE.

Certainement!...si,dansceduel,vouspouviezen être quitte pouruneblessure...

ADALBERT.

Uneblessure!...

FRANCINE.

Ceserait fortheureuxpourvous.

ADALBERT,

avec une grimace.

Merci1

FRANCINE.

Je vaisvousindiquerlecoupdes trembleurs.Vousne serezque blesséaubrasdroit.

ADALBERT,

avecforce.

Lebras qui verselecolodion?...Jamais

I

FRANCINE.

AhI.dame!ilnefautpas espérervousentirerà moins...

ADALBERT.

Comme

c’estrégalant!...

FllANCINE.

Allons,prenezunfleuret... eten garde!

ADALBERT,

prenantlesecondfleuret.

Volontiers...(Semettant en garde.)M’yVOici!...

FRA

NCINE.

Couvrez-vous!...Lapointe àlahauteurdel’œil!...

Boni..

Effacez-vous!...

Bon!

Appuyezsurlajambe gauche pour avoirlesmouvementslibres.

— Y

êtes-vous?(Ferraillant.)Une, deux, ettrois... (Luiportantun coup de fleuret.)Touché!

ADALBERT*.

Saperlotte!...Vousêtesd’unevivacité!...

*Adalbert, Francine.

2

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(32)

•30

LA BOITK AU LAIT.

•FR

ASCINE

.

Ail!vousen verrezbien d’autresavec Robineau!...Iljointla précision d’unchronomètreàlarapiditédutélégraphe électrique.

— En

garde!...(ilss’ymettent.)Une,deux!...couvrez-vousdonc!...

ou vous vousferezembrocher

comme

une mauviette...

Une, doux!... (Elleluifaitsautersonfleuret.Tranquillement.)Allons,ilest inutiled’allerplusloin...jesuisfixée...vousêtesün

homme

mort.(Elleremetlefleuretsur la secrétaire.)

ADALBERT,

effrayé.

Mort!.,,(ilramasse sonfleuret et leposesurledivan.)

FRANCINE.

Mais aussic’estépouvantable!.,,onn'apasdeduelsquand

on

nesaitpas teniruneépée!...

ADALBERT,

sepromenantavec agitation.

Ah! mauditequerelle!...satanéeaffaire!...

FRANCINE.

Après^’a,voyons, csl-ce quevous tenezbeaucoupà

vous

battre?

ADA L B K R T.

Moi!...maispasdutout!..je ne suispasun buveur desang...

Je suisartiste, jesuisphotographe...

FRANCINE.

Eh bien!voisin,puisquejeconnaisvotre adversaire,voulez- vousqueje

me

charge d’arranger celteaffaire-là?...

ADALBERT.

L’arranger!...Etcomment?

FRANCINE.

11suffiraitpeut-êtrede quelques excuses...

ADALBERT,

vivement.

Vouscroyezqu’ilconsenti.-aitàm'enfaire?. .

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(33)

DEUXIEME TABLEAU.

FRANCINE.

31

Lui?...Robineau?...Ohl non!... Songez donc, un prévôl d’armes!...ungaillardsûrdetuersonhomme...

ADALBF.RT,Ircs-agilc.

Tuer son homme!.. Etmoiquileprenaispour unûlrcsans conséquence...unsimple roquet!...

FRANCINE.

Comme

onsetrompeI

ADALBBRT.

Oui...oui... . , .

.

FRANCINE.

Aussi,à votre place, je n’hésiteraispas...

ADAI.BERT,

A

quoi?

FRANCINE.

A

luifairedes excuses.

ad'albert.

Desexcuses!...moi!fidonc!... J’auraisl’aird’avpir peur...

FRANCINE.

Ah!sivousn^vezpaspeur,c’estdifférent.

ADALBERT.

Jene dis pasça...maisenfin...des excuses!...quediraitle Cercle desBeaux-Arts?

FRANCINE.

Oh

1quelques lignesde regret seulement.

ADALBERT.

Vouspensezqueçasuffirait?

FRANCINE.

J’espèreluifaireentendre raison.

APALBERT.

Sapristi!...c’esthumiliant!...

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(34)

32

LA BOITE AU LAIT.

FRANCINE.

Iln’y ajamais d’humiliation à reconnaître sestorts.

ADALBERT.

-Mestorts!...mestorts!...maisvous nesavezdoncpasqu’ila levélamainsur moi...jecrois

même

qu’ill’alaisséeretomber...

FRANCINE.

Ehbien!après?

ADALBERT.

Maisc’estunsouillet!...

FRANCINE.

Bah!ça s’adressaitauphotographe...etnonàl’homme.

ADALBERT,

ébranlé.

Vouscroyez?...aufait,siça s’adressait au photographe...

FRANCINE.

Eh

bien!...voyons...êtes-vousdécidé?

ADALBERT.

Eh

bien!...eh bien!oui!...

FRANCINE,

à part.

Allonsdonc!

ADALBERT,

allantau secrétaire *.

Ças’adressaitau photographe...(s’asseyantetsemettant à écrire.)

«Monsieur, hierjevousaifaitceque nousautresartistesnous

»appelonsunecharge...Ilvousaconvenudelatrouver

mau-

» yaise...

FRANCINE.

Parfait!... (DicUnt.) «

Ma

loyauté

me

faitundevoirdeprocia-

»clamerque

mon

intentionn’étaitpasdevonsoffenser.»

ADALBERT,

achevant d'écrire.

«N’étaitpas]devousoffenser...Agréez...Signé:Adalbert. » Pliant la lettreet selevant.)

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(35)

DJiüXIÈME TABLEAU.

33

PREMIER COUPLET.

AIRnouveau de M. Victor Chéri.

Etes-vous contente,voisine ?

FRANCINE.

Oui,celam’ôteungrand tourment.

ADALBERT.

C’estcomplet,c’estfranc,j’imagine.

Etj’agisassezcarrément,{bis.)

FRANCINE.

Jeréponds aveccette lettre, ü’arrangertout

comme

iivoueplait.

ADALBERT,

laloidonnant.

Chargez-vousdonc delaremettre...

FRANCINE,

à part.

Glissons-Iadans

ma

butteaulait! (Ellemetlalettredans sa boiteanlaitqu’ellereprend.

ENSEMBLE.

FRANCINE.

Ah!labonneaubaine! '

Non, plus desouci!

Cen’estpas sans peine,' Maisj’airéussi1

Grèce àmonadresse.

Grâce à

ma

finesse.

Je sorsdetracas.

Et d’embarras!

Ah1ah!ah! ah!

Plusdetracas!

ADALBERT.

Ah!labonneaubaineI

Non, plus desouci!

A

sortirde peine J’aidoncréussi1

Grâce à

ma

sagesse, Sans trop de bass^se, Jesorsdetracas

Et d’embarras!

Ah!ah1ah!ah!

Plusdetracas!

ADALBERT, DEUXIÈME COUPLET.

Puisquel’affaire estterminée.

Voisine, allons,mettez-vouslâ.

(ilva b l’estrade.) Jevousdonne

ma

matinée...

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(36)

LA BOITL AU LAIT.

Si

FRANCINE

*.

A mol? comment?pourquoi cela?

ADALBERT.

Jeveux,gentillecouturière.

Vousoffrir...

FRANCINE.

QuoiP

ADALBERT.

Votreportrait. ,

FRANCINE.

Monportrait?... soit!..

ma

foi,grand’mère Attendrasesdeux sous delait.

(Elleva remettre sa boîte aulaitsurleguéridoâ.)

ADALBERT,

à Mistigris qui entre par la gauche, parlé**.

AhIMistigris,aide-moi.(ilsplacent l’appareil.)

Va me

chercher

un

cliché.

MISTIGRIS.

Un

cliché?...BoumI...(ilentreà droite danslelaboratoire.)

ADALBERT,

ilFrancine quiestmontéesur l’estrade***.

Allons,

ma

voisine,enplace!...Le coudesurlacolonne...làtète un peuinclinée àdroite...

FRANCINE,

seposant.

Comme

çà?...

ADALBERT.

C’estça!...Bravo’l...

Francine, Adalbcrt.

*’Mistigiis, Ailalbcrt,Francine.

Adalbcrt, Francine.

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(37)

DEUXIÈME TABLEAU.

REPRISE DE

l’e.

N

SEMBLE

Ah!labonne aubaine!

Etc.

(Pendant cettereprise,Adatberta disposéson appareil et mis sa tête sous la serge. Mistigris apportelecliché.)

AD

ALBER T,après avoir mislecliché, '' AUenlion!,.,

Ne

bougeonsplus!...

Lerideau baisse.

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(38)

TROISIÈME TABLEAU

Une*!tuded’hoUsier.

Laporte au fonddonnantsurlecarré.

Autreporteh droite.

— A

gauche unetable longue, sur laquelle travaillentlesclercs.

— A

droitelebureaudeQampin,couvertdedossiers.

Fauteuilde bureau.

Chaises, dontunecentrelebureau.

ArOcbesdeventes,cartonniers,etc.

SCÈNE PREMIERE

VICTOR, FÉLICIEN, SYLVESTRE,

assisilatablede gaucheetécrivant.

' CHOEUR.

Air:Jli, alo.

Toujours copier

* Etnoircirdu papier>

Quelle Tâche mortelle!

Toujourscopier Etnoircirdupapier,

t

Ah

!quelaffreuxmétiert

Unsotmétier, C’est d’étre clerc d’huissier!

SYLVESTRE,

dictanttoutenécrivant.

«...Et, àlarequêtedusieurRenard,j’ai,Jean-Baptiste

Clam-

»pin,huissier, fait

commandement

audit.sieurRobineau...s

FELICIEN

etVICTOR,répétantenécrivant.

«

Au

ditsieurRobineau...»

SYLVESTRE.

«D’avoir à payerdanslesvingt-quatre heures...» (S’interrous- pant.)

Ah

1

ma

foi,au diablelessommationsI(iise lève.)'

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(39)

TROISIÈME TABLEAU.

37

FÉLICIEN

et

VICTOR,

écriranl.

Au

diablelessommations!...

SYLVESTRE.

Ehl... non, je ne dicteplus!... sont-ilsbétesi...Ah!Dieu!les sommations... C’est assommant!...

FÉLICIEN,

selevantetpassant de l'autre côté de latable.

Pour ceuxquilesrédigent...

SYLVESTRE.

Autant que pour ceuxquilesreçoivent.

FÉLICIEN,

àpart.

Lepatronn’estpaslà;songeonsàmes amours.(11se rassiedau côté droit de la table.) .V.

^

Victor,

àpart.

Écrivons àcellequej’aime...

ê

SYLVESTRE,

àpart.

Improvisonsunedéclarationpourl’astredemesrêves.

FÉLICIEN,

écrivantetàpart.

«CharmanteFrancine...»

VICTOR,

écrivantetà part.

«Adorablecouturière...»

SYLVESTRE,

debout écrivantsurlebureau de Clampin,à part.

«Ange duquatrième...» (lUcontinuent à écrire. Petitmoment desi- lence.Onentendaudehors la voix de Francine.)

FR

ANC

INE,chantant en dehors surl’escalier.

C’estmoi quisuis le petit clerc, Bonpied,bonœil,jambedefer...

LES TROIS

CLERCS,

vivement.

Ah!

.C’est elle!

FÉLICIEN,

SClevant.

3

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(40)

38

LA BOITE AU LAIT.

VICTOR,

domôino.

Lajoliecouturière!

SYLVESTRE.

Je reconnais sa VoUI..< (UstodIourrir

U

portodofond et regardenten dehors.)

FÉLICIEN.

* Oui...lavoilà quidescendl’escalier...

SYLVESTRE.

Est-ellegentillet...

FRANCINE,

endehors,continnant lachanson.

Je

me

promène, Je

me

démène...

(Jetantnncri.) Ahi:..

FÉLICIEN.

.Ciell...

VICTOR.

Elleafaitunfaux pas!...

SYLVESTRE.

Elles’estpeutr-êtredonnéuneentorse...(ilsconrentan-devantde Francine,qne l’on voit paraîtreanfond, et l’amènentdans l'étnde, en lasou- tenant.)

SCÈNE

II

Les mêmes, FRANGINE,

avec sa botte anlait.

LES TROIS CLERCS.**

Entrez, entrez,mademoiselle1...

SYLVESTRE.

Appuyez-voussur

mon

bras!...

• Sylveslre, Victor, Félicien.

** Victor, Félicien, Francine, Sylvestre.

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(41)

TROISIÈME TABLEAU.

39

LES DEUX AUTRES CLERCS.

Surlemien!

ENSEMBLE.

Air:

Du

painetdespommes.(Forlunio.

VICTOR

et

FÉLICIEN.

Denotreaeeistance

SYLVESTRE.

Denotreasaietance

VICTOR

et

FÉLICIEN.

Usezun moment!

SYLVESTRE.

Usezun moment!

VICTOR

et

FÉLICIEN.

Mais pas d’imprudence!

SYLVESTRE.

Non, pas d’imprudenceI

VICTOR

et

FÉLICIEN.

Marchez doucement!

SYLVESTRE.

Marchez doucement!

FRANCINE,

boitantanpen.

Detantd’obligeance.

Messieurs,grand merciI (a part.)

Feignons la'sooi&ance, Pourresterici!

REPRISE.

FRANCINE.

Devotreassistance...

LES TROIS CLERCS.

De notreassistance...

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(42)

40

LA BOITE AU LAIT.

FRANCINE.

Oui,j'usenmoment.

LES TROIS

CLERCS,

»

Usezunmoment!

FRANCINE.

Mais pas d’imprudence!

LES TROIS CLERCS.

Non, pas d’imprudence!

FRANCINE.

Marchons doucement.

LES TROIS CLERCS.

Marchez doucement!

ENSEMBLE.

Oui,delaprudence!

Marchez Marchonsdoucement!

FRANCINE

.

Mon

pieda tourné... ceneserarien...

SYLVESTRE.

\

Reposez-vousunpeu...

VICTOR

et

FÉLICIEN.

Asseyez-vousI...(Chacund’enzapprocheunechaise.)

FRANCINE,

avec hésitation.

Mais je crainsde vousdéranger...

FÉLICIEN.

NullementI

SYLVESTRE.

Au

contraireI...JesuisenchantéI...

LES DEUX AUTRES.

Etmoidonc!...Etmoi'...(Francine s’assied et pose sa boiteanlait snr la table.)

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(43)

TROISIÈME TABLEAU.

il

SYLVESTRE,

àpart.

Sijeprofilaisdelacirconstancepourlui glisser...

FÉLICIEN

et VICTOR, ipart.

Sij’essayaisde... (lU Tont touatroisprendre leurslettresk leurs places.)

SYLVESTRE,

s'approchant de Franrine et bas.

Ah

!mademoiselle, voilà bienlongtemps quejeguettais l’occa- sion...(ils’éloigne en voyant venir Félicien.)

FÉLICIEN,

*bas à Francine.

Chaquejour,jevousadmiretravaillantàvotrefenêtre...(ilre- monteen voyant Victor s’approcher.)

FRANCINE

,àpart.

Lui aussi!

VICTOR,

bas àFrancine.

J’oublielesprotêtspoursonger à vous...

FRANCINE,

àpart.

Ahlbah!... toutel’étude!...sijepouvais avoirfaitaussila conquêtedupatron!...

FÉLICIEN,

80rapprochant.

Enfin,mademoiselle...

VICTOR,

domême.

Veuillez recevoir...

SYLVESTRE,

demême.

Daignez accepter...(lisvontpourInitendreleurslettres.Laportede droites’ouvrebrusquement,etClampinparaît.)

LES

TROIS CLERCS,

s’arrêtantinterdits.

Dieu!...lepatron!(llscachentleslettres.)

• Victor, Félicien, Francine, Clampin, Sylvestre.

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(44)

42

LA BOITE AU LAIT.

.

SCENE

III

Les mêmes, CLAMPIN.

CLAMPIN,

*avec colère, deboutàson bureau.

Ëb

bien!qu’est-cequejevoislà?...comment!...pepsoooe n’estautravail!...Encoreàflâner!...à lantiponner!...

LES mois CLEBCS,

tremblaut.

Patron...

CLAMPIN,

apereeTautFrancine.

Etcette jeunefille?...quiest-elle?...

Que

fait-elleici?...

FRANCINE,

Apart,toujours assise.

Comme

ilal’airbourru!..

.(Haut.)Pardon, monsieur,jesuisvotre voisine...Francine, couturière,auquatrième,lajmrte à gauche...

CLAMPIN.

Eb

bien?...

FRANCINE.

Jevenais... j’étaisentrée pour...

CLAMPIN.

Pour?

SYLVESTRE,

Tivemeut.

Mademoiselle....endescendantl’escalier...avaitfaitun faux pasi.f et...

FRANCINE.

Etcesmessieurs onteulabontédem’offrir...

CLAMPIN,

Asesclercs.

Ah!ça,est-ceque

mon

étude estuneambulance...unephar- macie?... Allons, monsieurSylvestre,prenez votre chapeau et courez à l’enregistrement!... Vous,monsieurVictor,portezces assignations...Etvous, Félicien,al!ezprésenter ceseffetsau

rem-

*Victor,Francine, Félicien, Sylvestre, Clarapin.

DigitizedbyCoogI(

(45)

TROISIÈME TABLEAU.

43 boursement.(illeurremetkchacundes papiers,)Etdépôchez-vous!...

n’allezpasbaguenauder

comme

à votre habitude!..,(Les clercs vont prendre leurs chapeaux.)

LES TROIS CLERCS.

Non,patron.

FÉLICIEN,

àpari.

Et

ma

lettre?

VICTOR,àpari.

Mon

poulet?

SYLVESTRE,

de même.

Et

ma

déclaration?...

CLAMPIN.

Eh

bien!...partirez-vous?.. .

LES TROIS CLERCS.

Voilà, patron!...(a pari, frappés d’une idée.)Ahl...(pendant l’ensem- ble suivant,ilss’approchentdelatableoùest laboîteaulaitetyglissent tour k tour leurslettres.)

ENSEMBLE.

CLAMPIN.

Aib:

Am

revoir,monsieurBiseotin, Décampeztousvivement Et,sans perdreunmoment, Revenezpromptement!

Par métier.

Toutclerc d’buisster.

Doit avoir(bû)unjarret d’acier!

LES TROIS CLERCS,

kpart.

Décamper,c’estassommant!

Courirà toutmoment, Âh!pour nous quei tourment!

Aumétier Declerc d’huissier.

Ilfaudrait {bis)unjarret d’acier!

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(46)

il

LA BOITE AU LAIT.

FRANC

IXE,î»part.

Attendons résolument!

Mais à

mon

butcomment Parvenirsûrement?

Par métier.

Unvieiihuissier N'estpasprompt (bû)às'apitoyer!

(Les clercs sortentparlafond,Clampin, sansfaireattentionilFrancine, s'assied devant sonbureauet semethexaminerdos dossiers.)

SCÈNE IV FRANCINE, CLAMPIN.

FRANCINE,

àpart.

Comment!ils’assied!...sansseulementfaireattention àmoi!...

Eh

bien! c’estpoli!...jen’osepasluiparler... cependant,ille faut...allonsducourage!...(Solevantets’approchantunpeuettrès- doucement.)Monsieur...

CLAMPIN,

levantlatête.

Hein?... quoi?...(Brusquement.)Yousélesencoreici?...

FRANCINE

, ilpart.

Quel oursI(Haut.)Pardon1...j’avaisquelquesmotsàvousdire...

CLAMPIN.

A

moi?(ilsoremetkcompulser ses dossiers.)

FRANCINE.

C’est

môme

pourçaquejesuisentrée.

CLAMPIN,

sansleverlesyeux.

Ah!...

De

quois’agit-il?...parlezvite...jesuis occupé...

FRANCINE,

àpart.

Quelpetitton encourageant!

CLAMPIN.

Eh

bien!voyons, est-cepourdemain?Est-ce quevous êtes muette?...

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(47)

TROISIÈME TABLEAU.

45

FRANCINE.

Muette?... moil... plus souvent!...

CLAMPIN.

Alors, parlez!...expliquez-vous!

FRANCINE,

cherchanthprendreun peud’assurance.

Mon

Dieu,monsieur,voilà!...jeviens...pourunbillet.

CLAMPIN.

Quelbillet?

FRANCINE.

Un

billetdedeuxcents francs.

CLAMPIN.

Souscritpar?

FRANCINE.

MonsieurSosthène Robineau.

CLAMPIN.

Ah!bon!...jesais...(Cherchantledossier.)Deuxcents francsde capital...quatre-vingt dix-sept francs cinquante centimesdefrais.

FRANCINE.

Ah!

mon

Dieu!... tantqueça!

CLAMPIN.

Parbleu!...sivouscroyezquelepapier timbrénecoûterien...

Ilyaeu protêt, assignation,jugement,dénonciation,

commande-

ment... voicilespièces...tout estenrègle.

Vous venez pour payer?

FRANCINE.

Non.

CLAMPIN.

Comment!non!...Alors qu’est-ceque vousvoulez?

FRANCINE.

Je voulaisvousprier...voussupplier...

3.

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(48)

46

LA BQITE AU LAiT.

CLAMPIN.

Bon!boni... Jeconnais cette chanson-4àI C’est

du

tempsque vousdemandez?Impossible!s’ilfallaitaccorder des délais à tous lesmauvaispayeurs...

FRANCINE.

Monsieur...

CL

AM

P IN,avec impatience.

Ah!en voilàassez!... J’ai affaire...

FRANCINE,à part.

Comment

l’apprivoiser?...

CLAMPIN.

Si d’icià vingt-quatre heuresledébiteur n’a pas payé,onsai- sira.

FRANCINE.

I

Unesaisie!...Ah!miséricorde!...(Poassant descris.)Ah!...Ah!..

Ah!... (EUeselaisseallersur lachaisequi estcontrelebureau.)

CLAMPIN,

se levant.

Eh!bien!...Quoidonc? uneattaquedenerfs!... ici!...dans

mon

étude!...(s’approchantd’elleetavec colère.)* Saperlotte!...

Ma-

demoiselle...(La regardant et changeant deton.) TietlS-!elleestgen- tille!...Je n’avaispasremarquéd’abord...(iiim prendlamlUn.)

La

main douceetpotelée... (Francine,commeprised’unmouvementnerveux, avancelepied.)

Un

pied charmant!...Eh!eh!... elle estfortbien, cettepetite... (Luitapountlesmains.

Haut.)Voyons,

mon

enfant, revenez à vous...

FRANCINE,

àpart.

Je croisqu’ilse radoucit!

, CLAMPIN.

Ouvrezces yeux... cesbeauxyeux...(Francinelesouvrepeu h peu.

à part.)Très-beaux,

ma

foi!...ledroitsurtout^

Que

diaolre!

on

n’estpassidiable qu’on en al’air...

* Clampin, Francine.

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(49)

TROISIÈME TABLEAU FRANCINE,

à part.

47

Ça marche!

CLAMPIN.

Vous vousintéressezdoncbien à ce jeune

homme?

FRANCINE,

d’ane voix dolenteetse levant.

Cen’estpasunjeune

homme.

CLAMPIN.

Ab!

FRANCINE,

demême.

C’est

mon

oncle.

CLAMPIN.

Votreoncle?

FRANCINE.

Un

oncle quim’aélevée, quim’aservide mère.

CLAMPIN.

Vraiment?...

FRANCINE,

avec attendrissement.

Un

bienbrave

homme,

allez...qui aeudes malheurs.

CLAMPIN.

Desmalheurs!... Oui,nousconnaissonsça.

FRANCINE,

d’une voix brisée.

Ruiné, Monsieur,ruiné...par quatorzefaillites!!...

CLAMPIN.

Quatorzefaillites!...Comment,ilafaitquatorzefoisfaillite?

Mais,alors,ildoit êtreà sonaise...

,

FRANCINE,

mêmejeu.

Cen’estpaslui... c’estquatorzefaillitesqu’ilasupportées.-

CLAMPIN.

A

labonne heure!..,.Jedisaisaussi!•.

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