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CORPS LÉGISLATIF.
CONSEIL DES CINQ -CENTS, fe F&c
IT HH
OPINION
D E
GRENIER,
Sur
la question de savoirsiVon
doit supprimerde la formule, du serment civique les mots de haine à l’anarchie.Séance du 8 thermidor an
7.R EPRÉSENTANS DU PEUPLE,
Je
vienscombattre
lamotion
qui a été faitede
supprimer de la formuledu serment
civique lesmots
4 ^
Tm mwsEmr
USRARY
de
haine à l'anarchie, parce
que
je crainsnue cen*
suppression
ne
produiseun mauvais
résultat?Ce
n’est point par rapport ànous que
ce chano-e-ment
peut etre dangereux.Notre
volonté derappeler
dV»r,i°,
n
tf° ï''
8"'' •de
,aP"”
dreæ
w toutes nos lois, de
comprimer
toutes les factions qui s eleveroientpour
lui porter atteinte,
ne
fait pasla matière d
un
doute.Mais
ilne
suffitpL que nous
sachionsque
telles sont nos intentions, il faut
encore
*?iÈ
dan
^
!e
cœur de £
ançais.
Or n
est-J pas a craindreque
, sur-tout dansles conjonctures
ou nous sommes
, l’innovation pro- poséene
laisse naître quelques alarmes , sinon rela-ÏÏu
e
lVn°
S lntenti°
ns ’du moi
»s rapport'à
i aous
que
1on
pourroit en faire?
1 *
Je
ne
crois pasque
la discussiondoive
avoir pré cisementpour
base la définitiongrammaticale du mot
anarchie. Cette matière est
du nombre de
celles surffi?!quelles le
sentiment
,
formé
par l’expériencedevance pensee
, et rend les définitions superflues.
Je sens toutes les difficultés
qu’on
pourraitéprouver
si ,
en
setramant
dans des discussionsétymologiques
’’
on
vouloiraetermmer
avec
rigorisme lavalût dû
En
qÛ U ne sak
clue cetembarras
se pré-sente a
chaque
pas dans les discussions scientifiques >Mais quand
la chose estconnue
,
quand
elle l’estsous
un mot
qui est reçu, à
quoi bon remonter
à lane eu mot
dans la langue primitiveoù
ila
été-puise . Je crois
que
ce serait brouiller toutes les idées.Qu
ilme
soitcependant
permis d’observerau’er ch.erchant
même
l’étymologiedu mot
anarchie'
3
Ola langue de laquelle il dérive , je crois
qu'on
pourroitêtre dans l'erreur en disant qu'il signifie
uniquement
toute absence de gouvernement : car , s'il falloit entendre par là
une
absence absolue et physique degouver- nement
, je cliroisque
lemot
seroit vide de sens ; carl’histoire d’aucun peuple civiliséne
nous donne
l'exemple d’une absencephysique
degouvernement
,dans
quel-que
position qu'il se soit trouve.Mais abandonnons une
discussionpurement gram-
maticale , et rentrons dans le vrai point
de vue de
la question.
\ a—
t—ilou non un
étatde
choses vrai-ment connu
sous lenom
d'anarchie ?Avons-nous à
redouter cet état de choses , vrai ileau des .Républiques naissantes 5
Ne
voulons-nous pas ,n avons-nous
pasvoulu nous prononcer
fortement contre l'existenceou
le retour de cet état de choses ?
Voila
la question.Or
lemot
anarchie a reçu , dans 1 esprit desFran-
çais ,
une
acception générale , sous laquelle il est par- faitemententendu
,un
sens sur lequel il est impossiblede
seméprendre.
Je crois
pouvoir
dire , sans crainte deme tromper
,
que
l'anarchie estun
état de choses qui existe ,non
paslorsqu'il
y
aabsence
physiquede
toutgouvernement
(car
,
comme
je viens de le dire ,on ne
trouve 1exemple
d’aucun peuple civilisé qui se soit trouve dans ce cas ) ;
mais, ce qui revient
au même
par les effets , lorsque legouvernement
estcomprime
par des factions quine prennent
pasmême
la peine d'éluder les loisavec
adresse^mais qui les foulent
aux
pieds avec audace.Cet
état de choses qu'il est difficile de rendre autre-ment que
par lemot
cl anarchie 3 esc - ilune
chL-A %
4
mère
? L’expériencene nous
aque
tropprouvé
lecon-
traire.
Ainsi le système
de Babeuf
étoitun
système d’anar- chie ; le systèmede
Robespierre, qui, sans doute n’é- toit pas celuide
laConvention
, étoit
un
système d’a-narcme.
il \ a anarchie toutes les foisque
les lois sont imploréesvainement, que
le républicain le pluspur
?r
Ù
royaliste le plus effrénémontent également
& 1 ecüaraud.
En un mot,
lerégime de 1-93,
si re-douté du
peuple français, n’étoit
que
le résultat d’uneenrayante
anarchie.Je pousserai encore plus loin
mes
idées, et je le ferai av ec cette confiancequ
inspire la *purete des intentionsQe chacun
de nous.»Ce que
le peuple françaisentend
par lemot
anarchie , ce sont les habitudes révolution- naires. ilnous
a fallu être révolut:onnairespour fonder
la
République
;mais
,
pour
la conserver , il faut cesserue 1 être :
nous devons
être, et
nous voulons
être cons-titutionriels.
Ce
sentimentque chaque
Français a dansle
cœur
,!^ r 1 1
aussi satisfaisante qif instructive par
un homme
oui aprofondément médité
sur notre révolution ,dont
il a eteun
des principaux acteurs, et
dont
le suffrage sur cette matièrene
peut être suspect.Cet homme
est Ber- trand Jéarère,dans
sonouvrage
intitule :De
J.r ren- sec du gouvernement républicain , chapitreXVIII
, des habitudes révolutionnaires.R
11g^and danger
, dit-il, aenvironné
legouver-
55
nement
constitutionnel dès les premiersmois
de son» activité^
C
est en se précipitant dans de nouvellesme-
” sures révolutionnaires
,
en
cherchant à les éviter.5J
J)
W
yy
» M
»
yy
yy
yy
yy
Voilà la rouille qui
pendant long-temps
menacera. ,.e dévorer la constitution , siceux
qui sont préposés- par le peuple à sa garde et à son maintien ne veil- lent de très-près et sur leurs propres passions et surles passions extérieures,, qui cherchent tou,ours a exer- cer leur influence et à
happer
parle brasmeme du
pou-voir légitime ,
pour
le faire hair...
Que
le respect des formes légalesprésideaux
mesuresde gouvernement
etaux
dispositions des loisqu
ilréclame :
autrement
c’en est fait dfe la seule ancre quinous
'restepour
sauver laRépublique
par les lois; ,eveux
dire la constitution actuellementmise en
acti-vité. Les formes sont la partie conservatrice et
îm
-muable
de la liberté s elles sontune
partie de la libertémême.
.... Une
constitution politiquenon
respec-» téè
'
non
exécutée religieusementou impunément
v'^lee n’est plus qu’un livre. Bientôt
chaque
facnon chaque
partie ,chaque
opinion régnante tour-„
à-tom
viendra l’ouvrirouïe
fermer , lecommenter
»
ou
1 obscurcir , suivant ses passionsou
ses besoins. »„
Le
o-ouvernement tout entier est charge par le„ péuple’de veiller à ce
que
les diguesque
la consti-„ tùtion
oppose
au royalisme , a l anarchie , au pouvoir!
ÏXên/fso,
en.conservée, Les
insrmt
ou
se dégraderen
partie , c estsubmerger
”
h
liberté , anéantir la loi constituuonne.se et rouvrir« les cataractes
de
la révolution. «Législateurs , les
maux dont
je viensde vous
tairekneLure, en vons
r.ppel.nc les eKpreu.ons de B.-, rèrene
sont pas des ehuneres ; il sont aredou-
ter
pour
notre constitution : ilnous
dit ceque nous
Tentons tous ,que nous devons nous
pre,erverOpinion de Grenier.
6
de deux
écueils : quels sont - ils *comment
les ex- prime-t-il? Le royalisme etV
anarchie.Et nous
voudrionsen
cemoment
sembler lever la diguepour
l’un , etne
la conserver
que pour
l’autre ! Je m’élève contre cettemesure,
parceque
je crainsque
les amis des rois n’en profitentpour
intimider les citoyens ,en calomniant nos
intentions,
pour
exciter encore desmouvemens
révolu- tionnaires quiseroient de nouvelles chances dangereusesque nous devons
prévenir avec soin.Le Corps
législatif, par l’organe de ses présideras, au- roit encore fixé le sens de cemot
anarchie,s’ilen
eût été besoin.Comment
s’expliquoit notre collègueGarat
dans lediscours qu’il a
prononcé comme
présidentdu
Conseil desAnciens,
le 2 pluviôse, jour anniversairedu 21
janvier 1793. «Non,
disoit-il>page 14, la royauté et» la tyrannie
ne
pourraient jamais reparaîtreparmi nous
„
qu
après cestemps
, sinous
étionscondamnés
à les» revoir, qu’après ces
temps
de confusionoù
toutesjj les notions sociales sont interverties j
où on
parle>j de lois sans vouloir reconnoître
de
magistrats ;où
jj
chacun met
ses passions les plus effrénéesau rang de
j> ses premiers droits ;
où
lessoupçons
de la haine sontjj des preuves légales , et les assassinats des
jugemens
; jj qu’après cestemps dont on
a rassemblé tous les M crimes et tous les désastres sous lenom
d’anarchie*»
Pour
sortir de l’anarchie, s’il n’estpointd’autre issue,
5j les peuples implorent la royauté:
Jurons haine
»
immortelle a l’anarchie
!La
royauté est la ty-« rannie d’un seul contre tous , et il est difficile
que
»» cette tyrannie s’étende par-tout sans s’affoiblir : l’a-
» narchie est la tyrannie de tous contre tous ; et
quand
*> elle se
prolonge
, il est impossibleque quelqu’un
7
J>
échappe
à ses fureurs.Le
ravage est universel : JU-‘w
RONS HAINE IMMORTELLE A
LANARCHIE
1 ”Nous
savonsdonc
tons ceque
c’estqu
anarcki*, etje ne crois pas
qu
ily
ait à redouteraucune équivoque
sur la formule clu
serment
, relativement à cette ex- pression.Je sais tout
Tahus qu on
a faitdu mot
anarchiste et docelui de terroriste. Je sais
qu on
sen
est trop souventservi
pour
vexer des républicains énergiques. ÎVIa sgj quoi
n’abuse-t-on pas > n’a-t-on pas aussi abusémanière
également cruelle des qualifications values ci'sroyalistes _> fédéralistes 3 conspirateurs , poui
immole^
Cv. >hommes
véritablement républicains! et ne seroit-n pas ridicule d’en conclure qu’il faudrcit supprimerdu
ser-ment
lemot
royautéfi Il est bienpeu de nous
, je crois,
qui , à diverses
époques
de la révolution,n
aient pas reçu quelques-unes d.e toutes les qualificationsque je
viens de rappeler :
mais nous
savionsque nous ne
lesméritions pas ; nous sentions encore
que
ceux qui les prodiguoient en étoientconvaincus
jnous
savionsqu
ilsne nous
haïssaientque
parceque nous
étions répu-blicains : et sans doute cela a
dû nous
suffire.*
Nous devons abandonner
tout sentiment personnelpour ne
considérerque
Ta chose publique.Gr,
dansun temps où
nousnous
efforçons demarcher
dans lechemin
tracé par la constitution ,
cù nous nous
efforçonsde
rassurer les citoyens qu’on voudroit égarer
ou
intimi- der par la crainte de factions renaissantes,
quelle rai-
son y
auroit-ii de supprimer, de la formuledu
serment, des expressions qui ne peuvent être entendues , quine
Font
étéque
dans le sensque nous emploierons
tousnos moyens pour comprimer
les factions , etpour
ne8
permettre d’autre règne
que
celuide
la constitutiond«
l’an
3
?Je sens qu’il doit venir
un temps où
cette suppres-sion pourrait être sans
danger
:mats
je croisqu
elleproduirait
de
funestes effets dans lemoment ou nous nous occupons
à consolider 1 édificede
la liberté.Evitons
tout prétexte sous lequelonpourroit
faire glisser le sen- riment de la terreurdans lame
des républicains ; c estun
desmoyens
essentielsde
ranimer la confiancepour
le
gouvernement
, et de raviver l'esprit public.Tout
individu
dont
la terreur s’empare devient sans toiceet
oui
nous apprena que
î anartint: ale plus redoutable dans les révolutions quelle a tou.
tours été
un moyen
auxiliairedu
royalisme, et peut-être le plus puissant
,,
que
c’est sur ellequ
il aprincipa-lement fondé
ses espérances.Que
les conscrits partent sans crainte, sur le sortde
leurs familles ;
ne
laissons entrevoiraux
républicains,a nos
guerriers , d’autresennemis que
les rois coalises etleunTsuppôts . et alors
on
leur verra üeployer ,pour
lescombattre,
ce courage qu’ils ont toujours trouvedans
le sentiment de leur gloire, dans leur
amour pourra
liberté dans leur affection
pour
ce quilsont de
pluscher au monde
: ils répareront ,nous pouvons
en jurerpar le génie qui a toujours veillé sur les destinees
du
peuple français , des revers quiont du nous
affligermais
qui ne "nous ont point décourages.J’observe encore
que
desehangemens
multipliesdans
la formule
du serment ne peuvent qu
affaiblirle respect,qui doit lui être imprimé.
Notre
formule de sermenta
été acceptée par le peuple ,il.l’a compris.
Gardons
nous.9
de
faire élever des doutes surla forced’unserment
prêté depuisdeux
ans. Ils seroientdangereux
en les reportantsur le passé et sur l’avenir.
C’est par cette considération
que
je ne crois pasqu’on
doive adopter la nouvelleformule
proposée par notre collègueJourdan,
qui consiste, relativement à laroyauté
, à jurer de s'opposer de tout son pouvoir au réta- blissement de la royauté en France.On
se rappelleque
cette formule futproposée
par lecitoyen
Dupont
(de Nemours),
et qu’elle fut rejetée.Le serment
de haine à la royauté de la part d’un ré- publicain français est suffisammententendu
: ceserment
se réfère toujours à sa qualité
de
citoyen français ; ilse rapporte
évidemment
a l’intérieurde
l’étatoù
il veutvivre.
Toute
autre interprétationne
peut êtreque
lefruit de la malignité et de la
mauvaise
foi.Les
roiseux-mêmes
neprennent
pas lechange
sur l’objetde
notre serment. Lesgouvernemens
des pays étrangers,
quels qu’ils soient
, ont été
reconnus
par laRépublique
française dans tous les traités qui ont été faits ; et les
Français
ont
fait preuve d’assez de lumières,
pour
ne pasêtre
soupçonnés
d’avoirvoulu
consacrer damsun
ser-ment
la destruction desgouvernemens
qui existent sur la terreautrement
qu’en république.Quelque
palliatif, quelque modificationque vous
apportiezau
serment , les rois, leurs amis le redouteront toujours par cela seul
que nous sommes
etque nous voulons
être républicains.Le
seulmoyen
de mériter leur véritable haine est cleconserver, dans sa pureté , le
dépôt
sacré de notre cons- titution, de la faire exécuter uar les règles éternelles
de
la justice et
de
la morale, et d’éviterde nouvelles chances révolutionnaires; qui seroient
un
sujetde joiepour
eux.îo
Et
à ce sujet, je
ne
puism’empêcher
de rapporter encore ceque
dit Bertrand Barère dans lemême
ouvrage que
jevous
ai déjà cité : « Laissez - là les« révolutions
, qui
ne peuvent
plus êtreque
les ten-« tatives de la folie et
du
crime,
que
des chancespour
la« royauté
,
ou
les jeux perfides d’une aristocratie vindi-« cative
5 habile en troubles factices , en meurtres judi-
« ciaires.
Se
défaire des républicains estTunique
et« constant projet des amis des rois. Les révolutions ne
» peuvent désormais servir que les complots de la royauté, » Je vote