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Richard Wagner. Aus gallischer Sicht – Vu de France

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Academic year: 2021

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Le fonds Boulet-Devraigne

Die Sammlung Boulet-Devraigne

Richard Wagner

Aus gallischer Sicht - Vu de France

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Catalogue de l’exposition « Richard Wagner, vu de France » / « Richard Wagner aus gallischer Sicht  », présentée du 19  juillet au 27  août 2013 à la Stadtbibliothek de Bayreuth, du 10 au 26 septembre 2013 à l’Ambassade de France à Berlin et du 5 octobre au 9 novembre 2013 à la Médiathèque André Malraux de Strasbourg.

Katalog zur Ausstellung „Richard Wagner, vu de France“ / „Richard Wagner aus gallischer Sicht“, vom 19. Juli bis 27. August 2013 in der Stadtbibliothek Bayreuth, vom 10. bis 26. September 2013 in der französischen Botschaft in Berlin und vom 5. Oktober bis 9. November 2013 in der Médiathèque André Malraux in Straßburg.

Commissariat scientifique / Wissenschaftliche Betreuung : Mathieu Schneider (Université de Strasbourg) et Nicolaus Richter (Ville de Bayreuth)

Scénographie / Ausstellung : Atelier Caravane

Graphisme du catalogue / Layout des Katalogs  : Pauline Steib (Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg)

Traduction allemande / Deutsche Übersetzung : literalex – Bettina Föllmi

Relecture / Korrektorat : Anne Chapoutot

L’exposition est produite par le CercleRichard Wagner de Strasbourg avec l’aide de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg, de la Ville de Bayreuth, de l’Ambassade de France à Berlin, de l’Université de Strasbourg, de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg et du groupe Suez Environnement.

Die Ausstellung wird vom Cercle Richard Wagner de Strasbourg durchgeführt, mit

Unterstützung von der Ville et Communauté urbaine de Strasbourg, der Stadt Bayreuth, der

französischen Botschaft in Berlin, der Universität Straßburg, der Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg und der Groupe Suez Environnement.

Ce livre a été publié dans le cadre du LABEX GREAM et a bénéficié d’une aide de l’Etat gérée par l’Agence nationale de la recherche au titre du programme d’Investissements d’avenir.

Der Katalog erscheint im Rahmen des LABEX GREAM und wird vom französischen Staat durch die Agence nationale de la recherche im Rahmen des Programms Investissements d’avenir unterstützt.

ISBN : 9782859230500

Dépôt légal / Pflichtabgabe : juillet / Juli 2013

Richard-Wagner Verband International e .V.

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Bibliothèque nationale et universitaire

de Strasbourg

Richard Wagner

Aus gallischer Sicht - Vu de France

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Sommaire

Avertissement Remerciements

Éditorial du maire de la Ville de Strasbourg Éditorial du maire de la Ville de Bayreuth Éditorial de l’Ambassadeur de France à Berlin

Éditorial de l’Administrateur de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Le fonds et son contexte

1. Le fonds Boulet-Devraigne : contenus, contextes, enjeux

2. Paul Boulet (1884-1971) : collectionner pour mieux comprendre la complexe relation de Wagner avec la France

3. Pierre Devraigne (1913-1974) : un nouveau rapport avec Wagner et l’Allemagne 4. Wagner et la France : fascination, déception, capitulation

5. Le wagnérisme en France : quelques repères

L’exposition

6. Le culte de Wagner

7. La naissance du wagnérisme en France 8. Le douanier Edmond Roche (1828-1861)

9. L’illustration wagnérienne en France et en Allemagne 10. Eaux troubles. Wagner et les nazis

11. Le choc des générations Postface de Philippe Olivier

Annexes

Bibliographie sélective Index des personnes Crédits photographiques 6 8 10 11 12 13 15 23 39 55 69 85 111 143 151 185 213 248 253 258 263

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Hinweis Dank

Vorwort des Bürgermeisters der Stadt Straßburg Vorwort des Bürgermeisters der Stadt Bayreuth Vorwort des französischen Botschafters in Berlin

Vorwort des Administrateur der Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Die Sammlung und ihr Zusammenhang

1. Die Sammlung Boulet-Devraigne: Inhalt, Kontext und Bedeutung

2.  Paul Boulet (1884-1971): Sammeln, um das komplexe Verhältnis Wagners zu Frankreich besser zu verstehen

3. Pierre Devraigne (1913-1974): ein neuer Bezug zu Wagner und Deutschland 4. Wagner und Frankreich: Faszination, Enttäuschung und Kapitulation

5. Der Wagnerismus in Frankreich: einige Anhaltspunkte

Die Ausstellung

6. Der Wagnerkult

7. Die Geburt des Wagnerismus in Frankreich 8. Der Zollbeamte Edmond Roche (1828-1861)

9. Wagner-Illustrationen in Frankreich und Deutschland 10. Trübe Gewässer. Wagner und die Nationalsozialisten 11. Der Schock der Generationen

Nachwort von Philippe Olivier

Anhang

Auswahlbibliografie Personenindex Bildnachweise 6 8 10 11 12 13 15 23 39 55 69 85 111 143 151 185 213 248 253 258 263

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Avertissement

Le présent ouvrage traite de la réception de l’œuvre et de la pensée de Richard Wagner en France à travers près de deux cents documents issus du fonds Boulet-Devraigne acquis en 2012 par la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. C’est donc à partir de l’histoire particulière des deux collectionneurs, Paul Boulet et Pierre Devraigne, ainsi que de leurs collections, que nous avons tenté de retracer ici quelques moments de l’histoire générale du wagnérisme en France entre 1842 et 1988. Le lecteur trouvera donc tant des témoignages personnels que des documents officiels ; il découvrira des pièces inédites autant que des objets familiers des spécialistes de Wagner.

Mettre en mouvement le regard porté par les Français sur Wagner durant cent ans, c’est aussi présenter une partie de l’histoire des relations franco-allemandes. Il n’était donc pas possible de publier ce catalogue dans une seule langue, et ce d’autant moins que l’exposition à laquelle il est lié voyagera d’Allemagne en France. Afin de ne pas publier un catalogue trop volumineux, nous avons fait le choix, avec la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, de consacrer un numéro entier de La Revue de la BNU (n° 7, printemps 2013) aux mouvements wagnériens apparus en France et en Allemagne et de ne faire du présent ouvrage qu’une présentation, détaillée et circonstanciée, des pièces exposées et des grandes questions qu’elles soulèvent. Les onze chapitres sont conçus comme des introductions aux notices qui leur font suite. De ce fait, les notes de bas de page ont été limitées au minimum et nous avons privilégié le renvoi aux notices, toutes assez largement détaillées. Ce sont elles qui constituent le socle du long et patient travail scientifique qui sous-tend ce catalogue. La bibliographie placée en fin d’ouvrage n’épuise bien entendu pas la question du rapport de Wagner avec la France – un ouvrage entier pourrait lui être consacré – mais recense les titres cités au cours des onze chapitres, les principaux ouvrages ayant servi de base à la rédaction des notices et les textes de référence sur le sujet.

Enfin, sauf mention contraire, toutes les pièces décrites dans le présent catalogue sont issues du fonds Boulet-Devraigne.

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Der vorliegende Katalog widmet sich der Rezeption des Werkes und Denkens von Richard Wagner in Frankreich anhand von 200 Dokumenten aus der Sammlung Boulet-Devraigne, welche die Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg 2012 erworben hat. Ausgehend von der besonderen Geschichte der beiden Sammler Paul Boulet und Pierre Devraigne und ihrer Sammlungen sollen einige Stationen der allgemeinen Geschichte des Wagnerismus in Frankreich zwischen 1842 und 1988 nachgezeichnet werden. Der Leser findet einerseits persönliche Zeugnisse, aber auch offizielle Dokumente. Es werden sowohl bisher unveröffentlichte als auch für Wagnerkenner wohl bekannte Objekte vorgestellt.

Indem gezeigt wird, wie die Franzosen seit mehr als hundert Jahren Wagner sehen, kommt natürlich auch ein Teil der deutsch-französischen Beziehungen zur Sprache. Deshalb war es selbstverständlich nicht möglich, diesen Katalog nur in einer Sprache zu veröffentlichen, um so mehr als die damit verbundene Ausstellung in Deutschland und in Frankreich zu sehen ist. Um den Umfang des Katalogs nicht zu sehr anschwellen zu lassen, haben wir uns zusammen mit der Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg entschlossen, eine eigene Nummer der Revue de la BNU (Nummer 7, Frühjahr 2013) den wagnerischen Bewegungen in Frankreich und Deutschland zu widmen. Der vorliegende Katalog beschränkt sich so auf die detaillierte und ausführliche Vorstellung der ausgestellten Objekte und die zentralen Fragen, die diese aufwerfen. Die elf Kapitel sind als Einleitungen zu den anschließenden Beschreibungen angelegt. Aus diesem Grund wurden die Fußnoten auf ein Minimum beschränkt, und es wird stets auf die sehr ausführlichen Beschreibungen verwiesen. Diese bilden den Hauptteil der langen und genauen Recherchen, die dem Katalog zugrunde liegen. Die Bibliografie am Ende des Katalogs deckt natürlich nicht den ganzen Bereich der Beziehungen zwischen Wagner und Frankreich ab – dazu wäre ein eigenes Buch nötig –, aber sie vereinigt alle in den Kapiteln zitierten Werke, die für die Abfassung der Beschreibungen notwendigen Bücher sowie die Standartwerke zum Thema.

Schließlich bleibt anzumerken, dass alle ausgestellten Objekte, falls nicht anders angegeben, aus der Sammlung Boulet-Devraigne stammen.

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Remerciements

La préparation de l’exposition et la rédaction du présent catalogue représentent une tâche d’envergure qui suppose un grand nombre d’aides et de collaborations. Que soient ici remerciés toutes celles et tous ceux qui ont accepté de me prêter leur temps et leurs compétences pour ce travail. J’adresse donc en premier lieu mes plus chaleureux remerciements à Mme Catherine Devraigne, M.  Patrice Devraigne, M.  Nicolaus Richter, Mme  Katharina Wagner, Mme  Eva Märtson, Maître Louis Oster, M.  Philippe Olivier, M. Albert Poirot, M.  Christophe Didier, M. Daniel Bornemann et M. Gwénaël Citérin qui m’ont aidé lors de la rédaction des notices et m’ont permis d’appréhender et de comprendre l’importance et la portée du fonds Boulet-Devraigne. Je tiens aussi à saluer tout particulièrement la traduction avisée de Mme Bettina Föllmi, le patient et précieux travail de relecture de Mme  Anne Chapoutot, la maquette graphique de Mme Pauline Steib, la coordination du projet par Mme Daria Szczebara et Mme Caroline Flaesch-Wendling, la diffusion du présent catalogue par Mme Aurore Bruckmann et le regard expert de M.  Florian Siffer pour tout ce qui concerne l’iconographie. Enfin, je remercie les institutions qui ont soutenu cette ambitieuse entreprise, à commencer par le Cercle Richard Wagner de Strasbourg, qui a accepté de produire l’exposition, et tous les financeurs : la Ville et la Communauté urbaine de Strasbourg, la Ville de Bayreuth, l’Ambassade de France à Berlin, la Région Alsace, l’Université de Strasbourg (et son laboratoire d’excellence GREAM), la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, la Banque populaire et le groupe Suez Environnement. Je terminerai en remerciant le personnel des archives du ministère de l’Économie et des Finances et celui de la mairie de Vaucresson pour les informations qu’ils m’ont fournies sur la vie et la carrière de Paul Boulet.

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Die Vorbereitungen zur Ausstellung und die Abfassung des vorliegenden Katalogs waren eine enorme Aufgabe, welche die Hilfe und Mitarbeit zahlreicher Personen erforderlich machte. Hier sollen all jene erwähnt werde, die mir bei meinen Recherchen ihre Mitarbeit und ihre kostbare Zeit gewährt haben. Mein Dank geht in erster Linie an Catherine Devraigne, Patrice Devraigne, Nicolaus Richter, Katharina Wagner, Eva Märtson, Maître Louis Oster, Philippe Olivier, Albert Poirot, Christophe Didier, Daniel Bornemann und Gwénaël Citérin, die mir bei der Abfassung der Objektbeschreibungen behilflich waren und mir die Bedeutung und Wichtigkeit der Sammlung Boulet-Devraigne nahe gebracht haben. Ich danke ebenfalls Bettina Föllmi für die sorgfältige Übersetzung, Anne Chapoutot für die geduldige und genaue Durchsicht, Pauline Steib für das grafische Layout, Daria Szczebara und Caroline Flaesch-Wendling für die Projektkoordination, Aurore Bruckmann für den Vertrieb des Katalogs und Florian Siffer für seinen kompetenten Blick in allen ikonografischen Fragen. Schließlich danke ich allen Unternehmen, welche dieses ambitionierte Projekt unterstützt haben, an erster Stelle dem Cercle Richard Wagner von Straßburg, der die Durchführung der Ausstellung ermöglicht hat, sowie allen Geldgebern: die Ville et Communauté urbaine de Strasbourg, die Stadt Bayreuth, die französische Botschaft in Berlin, die Region Elsass, die Universität Straßburg (und das Laboratoire d’excellence GREAM), Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Banque populaire und Groupe Suez Environnement. Ich schließe die Reihe mit meinem Dank an das Personal der Archive des Ministère de l’Économie et des Finances sowie des Bürgermeisteramts von Vaucresson für alle Informationen, die sie mir über das Leben und die Karriere von Paul Boulet zukommen ließen.

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Éditorial du maire de la Ville de Strasbourg

Vorwort des Bürgermeisters der Stadt Straßburg

Alors que le monde musical international célèbre, en cette année 2013, le bicentenaire de la naissance de Richard Wagner, notre ville se distingue en la matière : elle accueille depuis peu les archives constituées par Paul Boulet et par Pierre Devraigne, deux mélomanes passionnés, entre 1937 et le début des années 1970. Celles-ci sont maintenant déposées à la Bibliothèque nationale et universitaire. Strasbourg est, par ailleurs, la seule cité française à réaliser – à partir de ce fonds  – une exposition de vaste envergure avec la Ville de Bayreuth, et ce en étroite collaboration avec elle.

Présentée à Bayreuth dans le cadre du festival de cet été, l’exposition Aus gallischer Sicht –

Richard Wagner, vu de France sera ensuite visible du 5 octobre au 9 novembre prochain à la

Médiathèque André Malraux, après s’être arrêtée à Berlin où l’Ambassade de France l’accueillera dans ses magnifiques locaux de la Pariser Platz.

Cette entreprise d’envergure, rendue possible grâce à un partenariat actif entre le public et le privé, est le fruit d’un travail d’équipe franco-allemand. Je félicite le Cercle Richard Wagner de notre ville – producteur de la manifestation –, la Bibliothèque nationale et universitaire et l’Université de Strasbourg tout comme Suez Environnement et leurs interlocuteurs allemands.

Mes félicitations s’adressent aussi à l’Union internationale des Cercles Richard Wagner, particulièrement soucieuse d’intéresser les jeunes générations à cette figure colossale, autant qu’à développer chez elles le sens critique puisque l’on connaît la récupération de ses œuvres à laquelle se livra le nazisme. Des visites et des animations seront, dans cette perspective, organisées à la Médiathèque André Malraux durant l’exposition. L’une d’entre elles sera réalisée en collaboration avec notre Conservatoire à rayonnement régional.

Richard Wagner a séjourné plusieurs fois à Strasbourg et a souhaité que son chef-d’œuvre

Tristan et Isolde y connaisse pour la première fois les feux de la rampe. L’exposition Aus gallischer Sicht – Richard Wagner, vu de France vient ainsi à point nommé. Elle montre, en cette année du

cinquantième anniversaire de la signature du Traité de l’Élysée, les liens étroits entretenus par l’Allemagne et la France depuis plusieurs siècles. Strasbourg, ville emblématique d’une nation surnommée « la fille aînée du wagnérisme », est par nature le lieu de naissance et de présentation d’une telle entreprise.

Roland Ries Maire de la Ville de Strasbourg Bürgermeister der Stadt Straßburg

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Vorwort des Bürgermeisters der Stadt Bayreuth

Seit 2011 bereiten die Städte Bayreuth und Straßburg gemeinsam ein denkwürdiges Ereignis vor, das zu den Richard-Wagner-Jubiläumsveranstaltungen 2013 bestens passt: eine deutsch-französische Ausstellung, die die musiktheatralische Begeisterung zweier französischer Festspielgäste dokumentiert. Der erste – Paul Boulet – besuchte den „Grünen Hügel“ 1937 bis zu den späten 1960er Jahren. Der zweite – Pierre Devraigne – erlebte das Phänomen Neu Bayreuth von den 1950er Jahren bis zu den frühen 1970er Jahren besonders intensiv. Mit einem meinen Vorgänger – Hans Walter Wild – war er eng befreundet.

Während Paul Boulet der alten, durch eine von den Werten des 19. Jahrhunderts geprägten Wagnerianergarde angehörte, war Pierre Devraigne ein glühender Urheber der französisch-deutschen Versöhnung. Die Gründung der Jumelage Annecy/Bayreuth war ihm eine große Freude. 1959 empfing er feierlich in der französischen Hauptstadt den damaligen Regierenden Oberbürgmeister Berlins. Pierre Devraigne war damals Oberbürgmeister von Paris. Da die Boulet-Devraigne-Sammlung von der Staatsbibliothek Straßburg 2012 erworben wurde, wird ein Teil ihrer Bestände der Mittelpunkt der „Aus gallischer Sicht“-Ausstellung sein.

Nach der Ausstellungszeit in der Bayreuther Stadtbibliothek wird sie in den prächtigen Räumlichkeiten der französischen Botschaft in der Bundeshauptstadt zu sehen sein. Anfang Oktober wird sie in der Straßburger Médiathèque „André Malraux“ präsentiert. Ich freue mich daher besonders, dass mit der Ausstellung „Aus gallischer Sicht“ eine neue kulturelle Verbindung zwischen Deutschland und Frankreich, zwischen Bayreuth und Straßburg entstanden ist. Im Jahr des fünfzigsten Bestehens des Elysée-Vertrags ist diese Ausstellung ein weiterer Beweis der wertvollen kulturellen Beziehungen und wird – da bin ich sicher – eine große Resonanz erfahren.

Ich danke Roland Ries, dem Oberbürgermeister der Stadt Straßburg, für sein ständiges Engagement bei diesem gemeinsamen Vorhaben, dessen Verwirklichung kostbare Dokumente der Öffentlichkeit zugänglich macht. Mein Dank gilt auch den Herren Albert Poirot, Generaldirektor der Staatsbibliothek Straßburg, Dr. Louis Oster, Vorsitzender des Richard-Wagner-Verbands Straßburg, sowie Nicolaus Richter, Kulturbeauftragter der Stadt Bayreuth für Musik und Theater und Dr. Mathieu Schneider, Universität Straßburg, den zwei Kuratoren der Ausstellung, die eine hervorragende kollegiale und konkrete deutsch-französische Zusammenarbeit geleistet haben.

Zu guter Letzt grüße ich Philippe Olivier, den elsässischen Initiator der „Aus gallischer

Sicht“-Ausstellung. Nachdem er 1961 – mit 9 Jahren – den Bayreuther Festspielen zum ersten Mal

beigewohnt hat, hat er sich ständig für die französisch-deutschen kulturellen Angelegenheiten engagiert.

Brigitte Merk-Erbe Oberbürgermeisterin der Stadt Bayreuth Maire de la Ville de Bayreuth

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Éditorial de l’Ambassadeur de France à Berlin

Vorwort des französischen Botschafters in Berlin

Le cinquantenaire du Traité de l’Elysée que nous célébrons cette année, moment éminemment symbolique de l’amitié franco-allemande, coïncide avec le bicentenaire de la naissance et le cent trentième anniversaire de la mort de l’un des plus illustres compositeurs allemands, Richard Wagner. L’histoire elle-même nous invite, par cette synergie des dates, à revisiter le riche et fructueux rapport qu’entretenait Richard Wagner avec notre pays. Je me réjouis donc d’accueillir dans la « Rue de France » de l’Ambassade de France à Berlin l’exposition « Richard Wagner vu de France » et remercie vivement le Cercle Richard Wagner de Strasbourg, qui s’est associé à la Ville et à la Communauté urbaine de Strasbourg ainsi qu’à la Bibliothèque nationale et universitaire de la capitale alsacienne et à la Ville de Bayreuth pour la réalisation de cette exposition.

L’attrait qu’exerçait la France sur Wagner, où il séjourna pas moins de dix fois, était plein de curiosité et d’espoir. Paris, la « capitale du xixe siècle », pour reprendre les mots de Walter

Benjamin, était déjà ce vivier de création artistique et intellectuelle au rayonnement national et international incomparable. De même, du symbolisme au naturalisme, rares sont les écrivains français du 19e siècle qui n’ont pas été profondément marqués par « le dieu Richard Wagner

irradiant un sacre », comme le célébrait Mallarmé. Chacun se souvient des paroles de Baudelaire dans son article « Richard Wagner et Tannhäuser à Paris » : « [Wagner] possède l’art de traduire, par des gradations subtiles, tout ce qu’il y a d’excessif, d’immense, d’ambitieux, dans l’homme spirituel et naturel ». Et quel artiste ou intellectuel parisien ne lisait pas les articles de Mallarmé, de Verlaine, de Nerval, de Dujardin, de Villiers de l’Isle-Adam et de tant d’autres, qui paraissaient régulièrement dans la Revue wagnérienne ?

Cette exposition unique, qui rassemble les documents réunis par deux mélomanes français ayant assidûment fréquenté le festival de Bayreuth, Paul Boulet (1884-1971) et Pierre Devraigne (1913-1974), nous offre, à travers des archives encore jamais présentées au public, l’occasion de nous replonger dans ce riche moment de l’histoire de l’art entre la France et l’Allemagne et, ce faisant, de nous rappeler l’extraordinaire affinité culturelle qui lie nos pays depuis des siècles.

Maurice Gourdault-Montagne Ambassadeur de France à Berlin Französischer Botschafter in Berlin

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nationale et universitaire de Strasbourg

Vorwort des Administrateur der Bibliothèque nationale

et universitaire de Strasbourg

La bibliothèque, lieu de rencontre des savoirs, est aussi bien souvent le lieu de rencontre des passions. Passion du collectionneur, qui piste, accumule, classe les objets qu’il a choisis pour accompagner son existence ; passion de l’amateur d’art, en l’occurrence ici du mélomane, qui voue au culte du Beau une part non négligeable de ses pensées, de son temps et parfois de sa fortune ; passion de l’intellectuel enfin, qui voit dans le gigantesque réservoir de connaissances que constituent les bibliothèques le lieu d’exercice idéal de son activité.

Le fonds Boulet-Devraigne consacré à Richard Wagner, que la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg a pu acquérir en 2012 auprès des descendants de Pierre Devraigne, illustre ce propos de façon exemplaire : collection constituée, et donc d’une parfaite cohérence dans ses lignes de force et ses choix, elle a rejoint comme telle la bibliothèque et offre un fonds documentaire de première importance sur la réception du compositeur dans notre pays, comme l’illustrent le présent catalogue et l’exposition qu’il accompagne. La valorisation presque immédiate du fonds, un an à peine après son acquisition, est à mes yeux un autre signe de la passion qui anime les wagnériens, mélomanes souvent engagés et soucieux de faire partager ce qui leur fait voir, pour reprendre les termes de Baudelaire, « la vie en beau ».

Comment ne pas évoquer enfin l’intérêt de la présence de cette collection à Strasbourg, ville wagnérienne, visitée en son temps par le compositeur qui sut en apprécier les charmes, et qui aujourd’hui encore continue de lui rendre hommage par la vitalité de son Cercle Richard Wagner, le plus important de France ?

La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg est donc heureuse de pouvoir s’associer, en tant que nouvelle détentrice de ce fonds d’importance, au Cercle Richard Wagner de Strasbourg, aux Villes de Strasbourg et de Bayreuth et à l’Ambassade de France à Berlin pour pleinement participer aux commémorations de la naissance du compositeur. Etablissement emblématique des ponts qui se construisent entre la France et l’Allemagne, elle prend part avec conviction à un événement où la passion rejoint l’érudition – voire la politique, entendue au sens de la facilitation du dialogue entre pays et cultures qui est la marque de la construction de l’Europe d’aujourd’hui.

Albert Poirot Administrateur de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg Administrateur der Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

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LE FoNDS

ET SoN CoNTExTE

DIE SAMMLUNG

UND IHR

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contenus, contextes et enjeux

La Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU) a fait l’acquisition, au cours de l’année 2012, d’un important fonds documentaire sur Richard Wagner et sa réception, constitué d’un demi-millier d’ouvrages, de brochures et d’études, de près de trois cents articles de journaux, d’une centaine de tableaux et illustrations représentant Wagner et ses œuvres, de quelques centaines de photos de séjours à Bayreuth, d’une trentaine d’autographes de membres de la famille Wagner et d’artistes wagnériens (musiciens ou plasticiens), d’objets divers – souvent de dévotion – et de deux correspondances inédites avec Winifred et Wieland Wagner. Ce fonds résulte de la réunion de deux collections : une première constituée par un administrateur des Douanes parisien, Paul Boulet (1884-1971), fervent wagnérien, qui a rassemblé les quatre cinquièmes du fonds entre le milieu des années 1930 et 1970, et une seconde apportée par Pierre Devraigne (1913-1974), président du conseil municipal de la ville de Paris à la fin des années 1950, wagnérien passionné et fondateur du Cercle national Richard Wagner de Paris, qui se porta acquéreur du fonds de Boulet en 1972. Il y ajouta principalement des objets, des photographies et des autographes, témoins de ses nombreux séjours à Bayreuth (entre 1959 et 1974) et des nouvelles relations entre la France et l’Allemagne qu’il édifia, sur un plan politique, autour de la figure de Wagner.

Dès le début des années 1950, Boulet avait installé sa collection dans une pièce de son pavillon du 20, rue de la Folie, à Vaucresson (Hauts-de-Seine), où il s’était ainsi construit un petit musée Wagner. Devraigne, qui n’a jamais connu personnellement Boulet et qui ignorait ce détail, a lui aussi voulu mettre en valeur sa nouvelle acquisition en l’installant dans un « musée Wagner », une pièce entièrement dédiée à la collection dans son appartement parisien du 42 de la rue Ampère, dans le 17e arrondissement. Catherine Devraigne, la fille du collectionneur,

souhaitait que ce fonds fût désormais accessible à la communauté des chercheurs et au grand public, et se mit donc en quête d’une bibliothèque publique qui pût l’accueillir. Grâce à l’entremise de Philippe Olivier, secrétaire général de l’Association internationale des cercles Richard Wagner, elle porta son choix sur Strasbourg et c’est ainsi que ce fonds vint enrichir la collection d’ouvrages wagnériens déjà conséquente de la BNU.

L’exposition « Richard Wagner, vu de France » ne peut bien entendu présenter qu’une petite partie de ce fonds, un dixième environ, en raison d’évidentes contraintes spatiales, mais aussi parce que toutes les pièces n’offrent pas le même intérêt (certaines d’entre elles ont une valeur artistique, d’autres sont plus scientifiques, certaines enfin sont des témoignages privés, presque intimes, des collectionneurs). Un tri s’imposait donc ; il a été effectué en fonction de l’originalité des documents et de leur pertinence par rapport au thème général de l’exposition.

En découvrant une à une les pièces du fonds, nous nous sommes aperçus qu’un fil conducteur avait guidé les deux collectionneurs : la réception de l’œuvre de Wagner en France. Plus de cent années sont documentées, de 1842 à 1988, et ce à trois niveaux : musical, esthétique, politique.

Curieusement, le niveau musical est certainement le parent pauvre. Cela s’explique en grande partie par le fait que la réception de Wagner en musique s’appuie sur des concepts (leitmotiv, chromatisme harmonique, polyphonie orchestrale, mélodie infinie…) et des outils analytiques qui ne sont pas forcément à la portée de tout mélomane, même averti. D’ailleurs, avant que les compositeurs eux-mêmes ne parviennent à percer les véritables secrets de la forme et du son wagnériens et ne les mettent réellement en pratique, plusieurs décennies s’écoulèrent : les compositeurs français de la fin du xixe siècle appliquèrent souvent d’une manière très scolaire

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Die Sammlung Boulet-Devraigne

et schématique les principes qu’ils croyaient constitutifs du langage wagnérien. Dans les opéras de Chabrier, de Bruneau ou de Charpentier, le leitmotiv est encore traité comme un « panneau indicateur », pour reprendre l’expression péjorative de Debussy ; le chromatisme harmonique résulte d’une recherche de couleur expressive plus que d’une polyphonie de motifs. Ce wagnérisme musical est au fond difficile à documenter. Il peut l’être par les partitions – mais, visiblement, ni Boulet ni Devraigne n’étaient vraiment capables de les déchiffrer – ou, plus aisément, par l’enregistrement. Des quelque quatre cents vinyles que Boulet possédait chez lui, très peu nous sont parvenus ; il en va de même de la collection de disques de Devraigne. La réception de l’œuvre de Wagner en musique n’est donc montrée qu’à travers des ouvrages écrits par des critiques ou des musiciens, comme Lavignac, qui analysent l’œuvre de Wagner. Ces ouvrages sont devenus légion dans les années 1890, sous l’effet conjugué des nombreuses représentations d’opéras de Wagner à Paris (le boom commence en 1891 avec la création parisienne de Lohengrin) et des recherches de la presse musicale, qui, voulant sortir du débat idéologique florissant depuis 1860, souhaitait désormais informer et comprendre, plutôt que de polémiquer.

L’impact des théories et des œuvres de Wagner sur l’évolution des courants artistiques, notamment à la fin du xixe siècle, est en revanche plus largement documenté par le fonds

Boulet-Devraigne. De nombreux livres, essais, articles et textes en tous genres permettent de retracer la chaîne qui conduit des théories musicales de Wagner à la naissance de tendances progressistes appelées à influencer durablement la création artistique en France jusqu’à la Première Guerre mondiale. L’organe de propagande le plus connu, mais aussi l’un des plus éphémères puisqu’il ne vécut guère au-delà de trois ans, est bien évidemment la Revue wagnérienne, fondée et dirigée par Edouard Dujardin. A la mort de Wagner, il s’agissait avant tout d’assurer la diffusion de l’œuvre de Wagner, qui, pour la plupart non traduite, restait inaccessible au public et aux artistes français. C’était d’ailleurs là l’une des raisons les plus évidentes de l’incompréhension de Wagner en France. L’incompréhension, avant d’être musicale, était, dans tous les sens du terme, littérale. Les organes de diffusion musicaux, principalement les Concerts Lamoureux et les Concerts Colonne, trouvèrent ainsi un relais littéraire en même temps qu’un support qui allait propager les théories et les œuvres de Wagner parmi tous les milieux intellectuels et artistiques : à la Revue collaboraient des écrivains (Baudelaire, Catulle Mendès, Judith Gautier, Mallarmé, Villiers de l’Isle-Adam…), des traducteurs (Victor Wilder, Charles Nuitter), des musiciens ou des musicographes (comme Hans von Wolzogen et Edouard Schuré) et des illustrateurs (surtout Fantin-Latour). Ainsi, les deux aspects de la théorie de Wagner auxquels les artistes de l’époque étaient sensibles, à savoir l’idée d’un rapprochement, voire d’une fusion des arts, dans le concept de Gesamtkunstwerk, et le caractère mythique de l’art, purent donner une impulsion décisive à la naissance de différents courants artistiques. Le plus emblématique d’entre eux est le symbolisme. Cette époque est sûrement la mieux documentée par la collection de Boulet, qui comprend bien évidemment les numéros de la Revue wagnérienne, les textes fondateurs de Champfleury, Judith Gautier, Baudelaire, Schuré, les articles de Catulle Mendès, les analyses d’Albert Lavignac, Alfred Ernst ou Albert Soubies… Elle rassemble également un assez grand nombre d’illustrations, dont les lithographies, pour certaines signées, de Fantin-Latour, des portraits de Richard Wagner (par Carel Le Dake, Jostero Cosme), une photo par Pierre Petit… Tous ces documents permettent de comprendre à quel point les théories et les œuvres de Wagner contribuèrent au foisonnement artistique en France qui sortit l’art de l’antagonisme entre romantisme et réalisme pour l’emmener vers une expressivité exacerbée qui distordait la forme jusqu’à l’absurde.

Enfin, la question politique ne peut bien évidemment pas être esquivée quand il s’agit de la réception de Wagner en France. L’Allemagne devenait, avec la défaite de Sedan en 1870, l’ennemi à abattre. Au moment même où Bismarck faisait l’union de l’Allemagne « par le fer et le sang » (« durch Eisen und Blut »), Wagner, protégé par Louis II, préparait la construction du théâtre de Bayreuth, conçu comme un temple de la culture allemande où serait donnée, pour la

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première fois en 1876, sa grande fresque mythologique, l’Anneau du Nibelung. La concomitance de ces deux événements allait sceller pour de longues années le destin de l’Allemagne et celui de Wagner en France. La publication de la farce parodique de Wagner sur les Français, intitulée

Une capitulation, jeta de l’huile sur le feu. La crise du boulangisme au milieu des années 1880

exacerba encore les haines contre l’ennemi teuton, qui se cristallisèrent le 11 septembre 1891 lors de la première représentation de Lohengrin au Théâtre national de l’Opéra, où eut lieu une petite insurrection. Les boulangistes crièrent au scandale et titrèrent : « La patrie en danger ! » La collection de Boulet documente merveilleusement toute cette appropriation politique de Wagner et de son œuvre : affiches, articles de journaux, opuscules… Mais c’est surtout la période encore plus sombre de la récupération de Wagner et de ses œuvres par Hitler dès les années 1920 qui constitue l’arrière-plan de nombreuses pièces de la collection (des photographies, des dossiers de presse, des illustrations, des dédicaces même !). Le cas Wagner devenait alors plus une affaire interne à l’Allemagne, en proie à une redoutable propagande, qu’un casus belli entre la France, victorieuse en 1918, et son voisin germain. Cette propagande pro-wagnérienne finit toutefois par passer la frontière, une première fois en 1937 lorsque le Troisième Reich organisa à Paris une semaine artistique allemande, puis sous l’occupation, par le truchement d’un certain nombre de concerts et d’expositions. Boulet vécut de près tous ces événements, puisque, très souvent, il était dans la salle. La documentation sur cette période est donc bien fournie et toute une section de l’exposition lui est consacrée. Mais Wagner le révolutionnaire, Wagner l’insurgé, a maintes fois professé dans ses opéras la paix et la fraternité. Rienzi – même lui ! – ne cherchait-il pas à retrouver la paix et l’unité de Rome ? La mort expiatoire de Siegfried n’annonce-t-elle pas un nouveau monde ? Le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale a agi pour beaucoup comme l’incendie du Walhalla : une nouvelle ère devait commencer. Pierre Devraigne, lorsqu’il accéda à la mairie de Paris, fit de Wagner une figure de réconciliation entre la France et l’Allemagne. Bayreuth renaissait musicalement et scéniquement avec Wieland et Wolfgang Wagner dans les années 1950 ; il devait aussi renaître politiquement. Les nombreuses photographies, les discours et les témoignages des années 1960 permettent à cette double collection de conclure sur une note optimiste.

Du romantisme au symbolisme, de la haine à l’amour, de la discorde à la paix : telles sont les ambivalences qui jalonnent cent ans de réception de Wagner en France. Le fonds Boulet-Devraigne les documente d’une manière bien évidemment partielle (l’exhaustivité en ce domaine si vaste serait vaine) et partiale. Ce sont au fond tout l’enjeu et l’intérêt d’une collection, qui se conçoit autant qu’elle se déploie. La présente exposition a pour ambition d’en rendre la substance et d’en montrer la richesse.

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Die Sammlung Boulet-Devraigne

Fig. 1. Carel Le Dake, Portrait de Richard Wagner. Eau-forte publiée à Bruxelles par Dietrich & Cie et à Londres par Obach & Cie, mai 1895. 62,5 x 48 cm.

En 1985, Carel Le Dake, qui enseignait à l’Académie des beaux-arts d’Amsterdam, proposa cette eau-forte à plusieurs journaux belges. La Belgique était en effet un pays très curieux de Wagner, où furent menées dès 1864 des tentatives visant à faire représenter ses premiers opéras. En 1878, le musicien et critique Escudier forma même le projet de monter Lohengrin en italien. Le projet n’aboutit pas, mais traduit l’intérêt que l’on témoignait à l’époque à Wagner en Belgique.

Abb. 1. Carel Le Dake, Porträt von Richard Wagner. Radierung, veröffentlicht in Brüssel von Dietrich & Cie und in London von Obach & Cie, Mai 1895. 62,5x48 cm.

Carel Le Dake, der an der Kunstakademie von Amsterdam unterrichtete, bot diese Radierung 1895 mehreren belgischen Zeitungen an. In Belgien war man in der Tat sehr neugierig auf Wagner, und seit 1864 wurden Versuche unternommen, seine frühen Opern auf die Bühne zu bringen. 1878 beabsichtigte der Musiker und Kritiker Escudier, Lohengrin in italienischer Sprache aufzuführen. Das Vorhaben konnte zwar nicht umgesetzt werden, zeigt aber das Interesse, das man Wagner in Belgien entgegenbrachte.

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Inhalt, Kontext und Bedeutung

Die Bibliothèque Nationale et Universitaire in Straßburg (BNU) hat im Laufe des Jahres 2012 eine wichtige Sammlung von Dokumenten über Richard Wagner und dessen Wirkungsgeschichte erworben. Sie besteht aus etwa fünfhundert Werken, Broschüren und Studien, etwa dreihundert Zeitungsartikeln, rund hundert Gemälden und Illustrationen von Wagner und seinen Werken, mehreren hundert Fotografien von Reisen nach Bayreuth, etwa dreißig Autografen von Mitgliedern der Wagnerfamilie und Künstlern (Musikern und bildenden Künstlern) und weiteren Objekten, meist Devotionalien, sowie zwei bisher unveröffentlichten Briefwechseln mit Winifred und Wieland Wagner. Dieser Fond ist durch die Zusammenführung zweier Sammlungen entstanden: Die erste, etwa vier Fünftel des Fond, stammt vom Pariser Zollverwalter Paul Boulet (1884 -1971), einem glühenden Wagnerianer, der die Sammlung von der Mitte der 1930er bis in die 1970er Jahre zusammengetragen hatte, die zweite Sammlung wurde Ende der 1950er Jahre von Pierre Devraigne (1913–1974) zusammengestellt, dem Präsidenten des Stadtrates von Paris, einem leidenschaftlichen Wagnerianer und Begründer des Cercle National Richard Wagner in Paris, der die Sammlung Boulet 1972 erworben hatte. Er erweiterte sie durch Objekte, Fotografien und Autografen, die hauptsächlich von seinen zahlreichen Aufenthalten in Bayreuth (zwischen 1959 und 1974) zeugen oder von den neuen Beziehungen zwischen Frankreich und Deutschland, die er nach einem politischen Konzept an der Person Wagners festmachte.

Boulet hatte seine Sammlung Anfang der 1950er Jahre in einem Raum seines Privathauses in der Rue de la Folie Nr. 20 in Vaucresson (Departement Hauts-de-Seine) untergebracht und so ein kleines Wagner-Museum eingerichtet. Devraigne hatte Boulet nie persönlich kennen gelernt und konnte daher nichts davon wissen. Um seine Neuerwerbung besser präsentieren zu können, richtete er eben Falls in einem eigen dafür hergerichteten Zimmer in seiner Pariser Wohnung an der Rue Ampère Nr. 42 im 17. Arrondissement ein „Wagner-Museum“ ein. Die Tochter des Sammlers, Catherine Devraigne, wünschte die Sammlung Wissenschaftlern und dem breiten Publikum zugänglich zu machen und begab sich auf die Suche nach einer geeigneten öffentlichen Bibliothek. Dank der Vermittlung von Philippe Olivier, dem Generalsekretär des Richard-Wagner Verbandes International, entschied sie sich für Straßburg, und so gelangte diese Sammlung in die bereits reichhaltige Wagnersammlung der BNU.

In der Ausstellung „Richard Wagner aus gallischer Sicht“ kann natürlich nur ein begrenzter Teil, vielleicht ein Zehntel der Sammlung, gezeigt werden. Einerseits natürlich aus Platzmangel aber auch, weil nicht alle Objekte von gleichem Interesse sind (gewisse Objekte haben künstlerischen, andere eher wissenschaftlichen Wert, wieder andere sind private, manchmal fast intime Zeugnisse der Sammler). Daher musste aufgrund der Originalität der Dokumente und ihres Interesses für die allgemeine Thematik der Ausstellung eine Auswahl getroffen werden.

Bei der Sichtung der einzelnen Stücke der Sammlung haben wir festgestellt, dass es einen roten Faden gab, der die beiden Sammler geleitet hat: die Wirkungsgeschichte der Werke Wagners in Frankreich. Es werden über hundert Jahre dokumentiert – von 1842 bis 1988 und zwar in drei Bereichen: Musik, Ästhetik und Politik. Erstaunlicherweise ist der musikalische Bereich am wenigsten vertreten. Dies erklärt sich hauptsächlich dadurch, dass die Wirkungsgeschichte von Wagners Musik durch die Vermittlung von Konzepten (Leitmotiv, chromatische Harmonik, Orchesterpolyphonie, unendliche Melodie usw.) geprägt ist und die analytischen Mittel, mit denen sie dargestellt werden können, für einen Musikliebhaber, sei er noch so interessiert, schwer

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Die Sammlung Boulet-Devraigne

zugänglich sind. Selbst bis es Komponisten gelang, die wahren Geheimnisse der wagnerischen Form und des wagnerischen Klangs zu verstehen und in die Praxis umzusetzen, vergingen mehrere Jahrzehnte. Die französischen Komponisten am Ende des 19. Jahrhunderts wendeten oft in sehr schülerhafter und schematischer Weise jene Prinzipien an, von denen sie glaubten, es handle sich um die wagnerische Musiksprache. In den Opern von Chabrier, Bruneau oder Charpentier wird das Leitmotiv immer noch wie ein „Hinweisschild“ verwendet, wie Debussy es abschätzig ausdrückte. Und die chromatische Harmonik resultiert mehr aus der Suche nach expressivem Ausdruck, als aus der Polyphonie der Motive. Der musikalische Wagnerismus ist tatsächlich schwierig zu dokumentieren. Man könnte es mit Partituren versuchen, aber offensichtlich waren weder Boulet noch Devraigne in der Lage, solche zu lesen – oder etwas einfacher mit Tonaufnahmen. Von den rund vierhundert Langspielplatten, die Boulet besaß, sind uns nur wenige überliefert. Um jene aus der Sammlung Devraigne steht es nicht besser. So kann die musikalische Wirkungsgeschichte von Wagner nur durch die Veröffentlichung von Musikkritikern oder Musikern dargestellt werden: So wie es Lavignac tat, der das Werk Wagners analysiert hat. Eine ganze Flut solcher Publikationen entstand in den 1890er Jahren, als in Paris Wagneropern aufgeführt wurden (der Boom setzte 1891 mit der Pariser Erstaufführung von

Lohengrin ein) und die musikalische Presse sich von den polemischen Debatten der 1860er

Jahre lösen wollte, um mehr zu informieren als zu polemisieren.

Die Wirkung der Theorie und Werke Wagners auf die Entwicklung künstlerischer Strömungen, insbesondere im ausgehenden 19. Jahrhundert, ist in der Sammlung Boulet-Devraigne ausführlich dokumentiert. Zahlreiche Bücher, Essays, Artikel und Texte aller Art ermöglichen es, den Weg von Wagners Musiktheorie bis zum Entstehen progressiver künstlerischer Strömungen zu verfolgen, welche das künstlerische Schaffen in Frankreich bis zum Ersten Weltkrieg nachhaltig beeinflusst haben. Das berühmteste, jedoch kurzlebige Propagandaorgan, das nur drei Jahre lang existiert hat, ist natürlich die von Edouard Dujardin gegründete und geleitete Revue wagnérienne. Als Wagner starb, galt es erst einmal, das Werk Wagners, das aufgrund mangelnder Übersetzungen dem französischen Publikum und den französischen Künstlern weitgehend unzugänglich war, weiter zu verbreiten. Darin liegt übrigens einer der Hauptgründe, weshalb Wagner in Frankreich missverstanden worden ist. Das Unverständnis betraf nicht nur die Musik, sondern vor allem auch das Wort. Die musikalischen Einrichtungen, insbesondere die Concerts Lamoureux und Concerts Colonne, fanden so einen literarischen Vermittler und gleichzeitig eine Unterstützung, welche die Theorie und die Werke Wagners in allen intellektuellen und künstlerischen Kreisen vermittelte: In der Revue fanden sich Schriftsteller (Baudelaire, Catulle Mendès, Judith Gautier, Mallarmé, Villiers de l’Isle-Adam u. a.), Übersetzer (Victor Wilder, Charles Nuitter), Musiker oder Musikschriftsteller (Hans von Wolzogen, Edourard Schuré) sowie Illustratoren (insbesondere Fantin-Latour). Somit konnten die beiden Hauptthemen der wagnerischen Theorie, welche die Künstler damals interessierten – nämlich die Annäherung oder sogar Vermischung der Künste im Konzept des Gesamtkunstwerks sowie der mythische Charakter der Kunst – einen entscheidenden Anstoß zur Entstehung verschiedener künstlerischer Stilrichtungen geben. Emblematisch dafür ist in erster Linie der Symbolismus. Diese Epoche ist mit Sicherheit die am besten dokumentierte in der Sammlung Boulets, die selbstverständlich alle Ausgaben der Revue wagnérienne enthält, die Grundlagentexte wie Champfleury, Judith Gautier, Baudelaire, Schuré, die Artikel von Catulle Mendès, die Analysen von Albert Lavignac, Alfred Ernst oder Albert Soubies usw. Sie beinhaltet ebenfalls eine recht umfassende Zahl von Illustrationen, Lithografien von Fantin-Latour, einige davon signiert, Porträts von Richard Wagner (von Carel Le Dake, Jostero Cosme) sowie eine Fotografie, die Pierre Petit gemacht hat, und anderes mehr. Alle diese Dokumente helfen zu verstehen, wie sehr die Theorie und die Werke Wagners in Frankreich auch zu einem künstlerischen Aufschwung geführt haben, welcher die Kunst vom Antagonismus zwischen

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Romantik und Realismus befreite, um sie zu jener überschäumenden Ausdrucksfähigkeit zu führen, welche die Form bis ins Absurde verzerrte.

Schließlich können auch die politischen Fragen nicht ausgeklammert werden, wenn es um die Rezeption Wagners in Frankreich geht. Deutschland wurde mit der französischen Niederlage bei Sedan im Jahre 1870 zum Erbfeind. Gleichzeitig mit Bismarcks Reichsgründung durch „Blut und Eisen“, machte sich der von Ludwig II. protegierte Wagner an die Erbauung des Theaters in Bayreuth, einem Tempel deutscher Kultur, wo im Jahre 1876 die Uraufführung von Wagners großem mythologischen Werk, dem Ring des Nibelungen, stattfand. Das Zusammenfallen dieser beiden Ereignisse sollte für lange Jahre das Schicksal Deutschlands und dasjenige Wagners in Frankreich besiegeln. Die Veröffentlichung von Wagners parodistischer Komödie über die Franzosen, Eine Kapitulation, verschärfte die Situation zusätzlich. Die Krise des Boulangismus Mitte der 1880er Jahre schürte den Hass gegenüber dem deutschen Feind weiter. Sie endete schließlich am 11. September 1891 fast in einer Katastrophe, als es bei der Uraufführung von

Lohengrin im Théâtre national de l’Opéra zu einem kleinen Aufstand kam. Die Boulangisten

fanden die Aufführung skandalös und schrien: „La patrie en danger!“ (Das Vaterland in Gefahr!). Die Sammlung Boulets dokumentiert diese politische Aneignung von Wagner und seinem Werk eindrücklich mit Plakaten, Zeitungsartikeln, Heften usw. Doch ist es vor allem die noch finsterere Periode, als Wagner und seine Werke von den 1920er Jahren an von Hitler in Beschlag genommen wurde, von der zahlreiche Dokumente der Sammlung zugrundeliegen (Fotografien, Pressedossiers, Illustrationen und sogar Widmungen!). Der Fall Wagner wurde somit eher eine innerdeutsche Angelegenheit, die einer gefährlichen Propaganda ausgeliefert war, als ein Casus Belli zwischen dem siegreichen Frankreich von 1918 und seinem deutschen Nachbarn. Die pro-wagnerische Propaganda überschreitete die Grenze aber doch noch, zum ersten Mal 1937, als das Dritte Reich in Paris eine deutsche Kunstwoche organisierte und später während der Besatzungszeit, als verschiedene Konzerte und Ausstellungen stattfanden. Boulet erlebte diese Ereignisse aus nächster Nähe, denn er befand sich sehr oft unter den Zuhörern. Diese Periode ist sehr ausführlich dokumentiert, und daher widmet sich ein ganzer Abschnitt der Ausstellung dieser Zeit. Aber Wagner der Revolutionär, Wagner der Rebell hat sich viele Male in seinen Opern über Frieden und Brüderlichkeit geäußert. Sucht nicht Rienzi – sogar er! – den Frieden und die Einheit Roms wiederherzustellen? Kündet nicht der Sühnetod Siegfrieds von einer neuen Welt? Das Trauma des Zweiten Weltkrieges hat für viele in ähnlicher Weise wie die Feuersbrunst in Walhalla gewirkt: Es musste eine neue Ära beginnen. Als Pierre Devraigne ins Pariser Rathaus gewählt wurde, machte er Wagner zum Sinnbild für die Versöhnung zwischen Frankreich und Deutschland. Bayreuth erneuerte sich musikalisch und szenisch in den 1950er Jahren mit Wieland und Wolfgang Wagner; es musste genauso politisch erneuert werden. Die zahlreichen Fotografien, Reden und Zeugnisse aus den 1960er Jahren der Doppelsammlung geben einen zuversichtlichen Blick in die Zukunft frei.

Von der Romantik zum Symbolismus, vom Hass zur Liebe, von Auseinandersetzungen zum Frieden: Diese Ambivalenzen kennzeichnen die hundert Jahre Wirkungsgeschichte Wagners in Frankreich. Die Sammlung Boulet-Devraigne dokumentiert sie natürlich nur teilweise (eine Vollständigkeit ist in diesem riesigen Bereich unmöglich) und auch nur parteiisch. Doch genau darin liegt die Absicht und der Zweck einer Sammlung, die trotz aller Planung ihren eigenen Gesetzen folgt. Diese Ausstellung möchte davon die Substanz und den Reichtum wiedergeben.

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comprendre la complexe relation de Wagner avec la

France

On sait au fond très peu de chose sur Paul Boulet, tout d’abord parce que ses descendants se sont rapidement départis de sa collection et ensuite parce que Pierre Devraigne, qui en fit l’acquisition par l’intermédiaire d’un libraire parisien en 1972, ne savait rien non plus de lui qu’il eût pu transmettre à ses enfants. A ce jour, nous n’avons donc pu retrouver aucun témoin qui fût en contact direct avec Boulet et qui eût pu détenir des informations de sa part sur la manière dont s’est constituée cette importante collection. Les registres d’état civil1 et la feuille

de services2 de Boulet au ministère des Finances nous permettent cependant de disposer de

renseignements tangibles qui, recoupés avec ceux contenus dans son fonds, et notamment dans sa correspondance, nous autorisent à formuler des conjectures fiables, du moins plausibles, sur sa vie et son rapport avec Wagner.

L’administrateur des Douanes

Est-ce une ironie du sort qui voulut que Paul Boulet portât comme premier prénom celui de Devraigne ? Pierre Paul Boulet, comme cela figure dans l’état civil, naquit le 2 janvier 1884 à Brebières (Pas-de-Calais), de Pierre Henri Boulet (dont il hérita, comme il était d’usage, le premier prénom) et de Pauline Derudder. Il vit donc le jour un an à peine après la mort de Wagner et peut être considéré, à ce titre, comme un enfant du wagnérisme ; il appartenait à cette génération aux yeux de laquelle les vifs débats artistiques et politiques autour de Wagner, qui eurent lieu en France avant la Première Guerre mondiale, ne purent passer inaperçus. Même si Boulet vécut en province jusqu’à la fin de la guerre, loin de Paris où ces débats avaient cours, on peut supposer que, s’il lut les journaux, il fut au moins conscient des enjeux de la question wagnérienne.

Sur un plan professionnel, on sait qu’il entra comme surnuméraire, à l’âge de dix-neuf ans, dans l’administration des Douanes à Rouen. Il en gravit les échelons successifs, d’abord sur les côtes de la Manche (à Boulogne, à Dunkerque, puis au Havre où il s’établit en mars 1908) et, à partir du 1er juillet 1918, au ministère à Paris. Après avoir occupé les grades d’inspecteur

puis de chef de bureau, il termina sa carrière en qualité d’administrateur de première division, avant de partir à la retraite, en tant qu’administrateur honoraire des Douanes, le 2 janvier 1944, jour de son soixantième anniversaire. Boulet fut décoré à plusieurs reprises pour bons et loyaux services rendus à la nation : chevalier puis officier du Mérite agricole (1923 et 1934), chevalier puis officier de la Légion d’honneur (1927 et 1936), officier d’académie (1926) et officier de l’Instruction publique (1937). La reconnaissance de ses mérites lui valut également d’assurer, pendant près de vingt ans, dans les années 1920 et 1930, des cours à la prestigieuse Haute Ecole de commerce de Paris3. A sa retraite, Boulet quitta son domicile parisien du 10, avenue d’Iéna

(16e) pour s’installer dans un pavillon en banlieue, à Vaucresson. C’est là qu’il installa son musée

Wagner (fig. 2).

1. Acte de décès n° 027 de la commune de Vaucresson, établi le 2 juillet 1971. 2. Ministère des Finances, Feuille de service de Pierre Paul Boulet, n°1029.

3. Cette information figure dans la lettre de Paul Boulet à Wieland Wagner datée du 23 septembre 1963. Boulet y précise qu’il fut employé pendant vingt-deux ans dans cette école.

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Paul Boulet (1884-1971)

Cette carrière dans les douanes eut au moins deux impacts sur la collection : elle donna tout d’abord à Boulet les moyens financiers4 lui permettant d’acquérir l’ensemble des précieux ouvrages

et illustrations qui la composent (plus de mille pièces), mais aussi d’effectuer, entre 1937 et 1970 (avec une interruption entre 1939 et 1950), le voyage à Bayreuth ; ensuite, sa position dans l’administration des Douanes le poussa à s’intéresser à la biographie de son collègue Edmond Roche (1828-1861), l’un des traducteurs du Tannhäuser parisien de 1861, originaire comme lui du Pas-de-Calais. Boulet publia une première étude sur Roche en 1941, à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de Tannhäuser, dans les Annales des douanes, puis rédigea, sous forme de tapuscrit, une étude plus détaillée en 1951. Il fut également à l’origine d’une saynète, écrite par Madeleine Guignebert et Henri Wetzmann, intitulée Le Douanier de Wagner, Edmond Roche, et présentée à la RTF en mars 1961 dans l’émission « Soirée de Paris »5.

Une collection dont l’idée germa dans les années 1930

Il subsiste, en revanche, des incertitudes sur la période à laquelle Boulet commença à constituer sa collection. On sait de source sûre – puisque Boulet mentionne cette date à plusieurs reprises dans sa correspondance avec la famille Wagner et tient une liste détaillée des représentations de Bayreuth auxquelles il a assisté – qu’il se rendit pour la première fois à Bayreuth en août 1937. C’est sans doute cette information qui fonda M. et Mme Jourdain, probablement la fille et le gendre de Boulet, à affirmer, dans le document général décrivant la collection et qui servit de notice au commissaire-priseur chargé de la vente, que celle-ci fut rassemblée entre 1937 et 1970. Certes, l’année 1937 fut pour Boulet une grande année wagnérienne : il se rendit à Bayreuth pour la première fois et assista à la Semaine artistique allemande organisée en septembre par la Chambre culturelle du Reich (Reichskulturkammer) à Paris (salle Pleyel et Théâtre des Champs-Elysées). Mais il est vraisemblable que les trois cents articles de presse soigneusement découpés par Boulet fussent acquis progressivement. Il a certes pu se procurer des numéros de journaux antérieurs à leur date de parution : une copie peut toujours être faite en bibliothèque, mais lorsqu’il s’agit d’originaux découpés, soit le journal disposait encore d’invendus (dont il devait toutefois se débarrasser rapidement), soit Boulet les a retrouvés chez un tiers. À en juger par la quantité, il paraît peu probable que l’ensemble du fonds ait été constitué a posteriori. Or la plupart des articles datent de la période 1920-1945, ce qui laisse penser que la collection s’est enrichie progressivement, depuis l’installation de Boulet à Paris en 1918, et que les acquisitions se sont accélérées à partir de 1937. C’est sans doute à partir de cette époque que Boulet, disposant d’un appointement confortable au ministère, acquit sa grande collection de livres, y compris les premières éditions des années 1860 et 1870. La preuve en est que ce ne fut qu’au tout début des années 1940, alors qu’il était en correspondance avec lui, que Boulet se fit dédicacer le Pèlerinage à Bayreuth (Paris, Savine, 1892) d’Emile de Saint-Auban. Les articles de ce dernier sur la Tétralogie, parus dans Le Soleil à Paris en 1909, lui auront peut-être été envoyés à cette même période. Enfin, dernier indice : dans sa lettre à Wieland Wagner du 19 décembre 1963, Boulet indique qu’il a mis trente ans à rassembler sa collection, ce qui confirme bien notre hypothèse selon laquelle l’idée d’une collection lui vint au milieu des années 1930.

4. L’appointement de Boulet, juste avant de prendre sa retraite en 1944, était de 90 000 francs par an. Pour repère, le salaire horaire moyen d’un manœuvre à l’époque était d’environ 6 francs et le prix d’un kilo de pain 3,15 francs. Boulet vivait donc très confortablement.

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Une collection ouvertement centrée sur la réception de Wagner en

France

La collection de Boulet répond à un besoin systématique de mieux cerner la personnalité et l’œuvre de Wagner, et surtout d’en comprendre la signification. Systématique, cette collection l’est, car elle cherche à rassembler tous les écrits du wagnérisme en France. Elle n’est pas exhaustive, mais tendait à l’être. Boulet légitimait d’ailleurs ses prises de position artistiques sur les mises en scène de Wieland dans sa correspondance avec ce dernier, en rappelant qu’il possédait (ce qui sous-entendait qu’il avait lu) près de mille ouvrages parus sur Wagner en France6. Le fonds

Boulet est donc avant tout l’œuvre d’un authentique collectionneur, qui cherche à réunir une collection la plus complète possible. Toute lacune doit être comblée.

Les pièces réunies dans la collection seront d’ailleurs dotées, dès 1941, d’un ex-libris (fig. 3) que Boulet confectionne à partir des armoiries de la famille Wagner. La date de 1941 n’est pas choisie par hasard : elle marque certes le quatre-vingtième anniversaire de la création française de Tannhäuser – et donc le début de la querelle autour de Wagner qui donna ensuite naissance au wagnérisme –, mais elle correspond aussi à la première publication de Boulet sur Wagner (dans les Annales des douanes) et à la tenue d’une exposition sur Le Vaisseau fantôme, de la composition duquel on fêtait alors le centenaire, dans la maison de Meudon où Wagner en écrivit le texte et la musique7. Le lien de Wagner avec la France y est, dans les trois cas, central.

Marquer la collection du sceau de cette année signifiait donc pour Boulet se donner l’ambition de documenter la réception de Wagner en France et le regard que les Français ont porté sur l’œuvre du compositeur.

Un rapport ambigu avec le national-socialisme

Le fait que la collection ait pris corps en tant que telle entre 1937 et 1941 n’est certainement pas un hasard. La montée du nazisme et les relations que la presse française entretenait avec l’œuvre de Wagner et avec la famille (notamment Winifred) ne pouvaient qu’interroger sur le sens profond de l’œuvre de Wagner et sur sa portée. Boulet n’était pas un résistant. Loin de là. Il fut même promu administrateur honoraire par le gouvernement de Pétain. Il était un lecteur assidu du Figaro et fricota après-guerre avec les journalistes et critiques de droite (Gavoty, Rozner, Samazeuilh…). Il n’était pas pour autant en admiration béate devant le régime national-socialiste : certes, il photographia Franz Stassen, l’artiste officiel du Troisième Reich, et se fit dédicacer ses illustrations, mais légenda une photo de Bayreuth en 1938, bariolée de drapeaux avec des croix gammées : « L’obsession des croix gammées… » (fig. 5). Remarque incrédule ou faussement naïve ? Toujours est-il que Boulet soit ne saisissait pas l’enjeu de ce qui se tramait en Allemagne à cette époque, soit avait compris l’impitoyable machine qu’était la propagande nazie et feignait de ne pas en mesurer les conséquences. Le fait qu’il se soit fait dédicacer un portrait de Winifred en 1937, alors qu’il avait lui-même conservé un article de journal dans lequel une caricature la présentait comme la future femme de Hitler8, nous incite plutôt à

penser qu’il demeurait encore naïf quant à la véritable portée du régime. Boulet fut sûrement ébloui par l’ambiance du festival, les personnalités que l’on y rencontrait (Winifred Wagner,

6. La première mention de cette collection est faite dans la lettre de Boulet à Wieland Wagner du 30 août 1952. Déjà à cette époque, Boulet avait acquis un millier d’ouvrages, soit, si par ouvrages Boulet entend les livres et exclut les articles, environ la totalité de ce qui est aujourd’hui dans le fonds.

7. Exposition organisée par le Musée des Amis de Meudon-Bellevue du 25 mai au 3 novembre 1941. Boulet figurait parmi les invités au vernissage (fig. 141-145).

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Paul Boulet (1884-1971)

Franz Stassen…) et bien évidemment par les opéras de Wagner. Le festival 1937 agit comme un électrochoc : Boulet eut envie de mieux connaître ce personnage qui fascinait l’Allemagne et dont la famille déclenchait en France les polémiques les plus glauques. La collection prend donc racine dans les années les plus sombres de l’histoire du wagnérisme.

Collectionner pour mieux comprendre Wagner et le wagnérisme

Elle n’est pourtant pas une apologie du wagnérisme hitlérien. Elle répond au contraire clairement à la volonté de comprendre la signification profonde de l’œuvre de Wagner. Cela se vérifie d’abord dans le choix des ouvrages acquis par Boulet : à côté des classiques sur le pèlerinage à Bayreuth (qui le traitent toutefois d’un point de vue tant pratique que musical), comme Lavignac ou Saint-Auban, à côté des grands textes critiques et polémiques de la naissance du wagnérisme (Judith Gautier, Charles Baudelaire, Adolphe Jullien, Edouard Dujardin, Catulle Mendès, Camille Saint-Saëns…), Boulet a rassemblé de nombreux ouvrages et articles expliquant la musique de Wagner, ou en proposant une indispensable traduction pour le public français, en général non germanophone. Figurent, parmi ces ouvrages, des textes célèbres comme ceux de l’Alsacien Edouard Schuré (Le Drame musical, en deux tomes), de Maurice Kufferath (analyses systématiques de tous les opéras de Wagner), de Joséphin Péladan (Le Théâtre complet de

Wagner), de Georges Servières (Tannhäuser à l’Opéra en 1861), de Jacques-Gabriel Prod’homme,

le traducteur des écrits de Wagner ; on en trouve de plus rares, comme des articles de Louis Laloy (sur le drame musical moderne, paru dans Le Mercure musical en 1905) ou de Jean du Tillet, qui commenta plusieurs opéras de Wagner dans La Revue bleue entre 1895 et 1901. Chaque fois, c’est de musique qu’il est question : de la nomenclature des leitmotive, du rôle des instruments de l’orchestre, de la mélodie vocale. La plupart de ces articles et de ces ouvrages étaient conçus comme des guides décryptant, pour l’auditeur profane ou même pour le mélomane averti, la musique et le texte des opéras du maître de Bayreuth. Ils s’apparentaient à des gloses de la bible wagnérienne, visant à en démocratiser l’usage et à diffuser la bonne parole auprès du plus grand nombre. Boulet dut y trouver de quoi satisfaire sa curiosité de nouveau converti au wagnérisme. Lorsqu’il pénétrait dans le temple du Festspielhaus, il pouvait déjà faire figure d’initié.

On peut légitimement se demander si Boulet eut le temps de lire tout ce que contenait son énorme bibliothèque. Sur ce point, nous ne pouvons être que formel : tous les livres à découper furent effectivement lus, et une très grande majorité des ouvrages sont patiemment annotés par Boulet, qui avait pour habitude d’inscrire des commentaires en marge du texte et de souligner les passages qui lui paraissaient importants. L’examen attentif de ces gloses révèle un intérêt surtout centré sur les interprétations politiques et esthétiques de l’œuvre de Wagner. Ces commentaires et remarques vont toujours dans le sens d’une interprétation « politiquement correcte ». Dans des ouvrages polémiques comme ceux de Chamberlain, par exemple9, on sent que Boulet est

désireux de mieux connaître l’engagement politique de Wagner en faveur d’un drame national allemand, et qu’il veut comprendre l’enjeu que représentaient ses drames musicaux dans cette optique ; en revanche, les interprétations purement nationalistes, belliqueuses ou xénophobes ne sont jamais soulignées. Remettre Wagner dans un contexte culturel allemand, pour parvenir à bien séparer les faits survenus à l’époque, comme la montée du national-socialisme, de la pure doctrine wagnérienne, telle était manifestement l’ambition de Boulet lorsqu’il lisait les ouvrages qu’il collectionnait. Pendant la guerre, il rassembla précisément les articles dans lesquels Wagner n’était pas associé aux nazis. C’est le cas des articles des 10 et 11 mars 1940 dans Les Echos de Paris, intitulés « Faut-il rejouer Wagner ? ». Ou bien, plus curieux dans sa collection, celui de plusieurs articles sur Wagner parus durant l’hiver 1941 dans Trait d’union, le journal des prisonniers de

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guerre : plusieurs figures importantes de la culture allemande y étaient présentées, dans le but de bien les dissocier de l’idéologie du régime nazi. Le fait que Boulet collectionnât ces articles corrobore notre hypothèse : la collection ambitionnait de comprendre Wagner pour mieux se défendre d’idées reçues (et fausses) sur son œuvre.

Sur un plan plus strictement musical, Boulet paraît moins bavard. Jamais un commentaire ne vient prolonger, nuancer ou, pire encore, contredire, une analyse musicale de l’œuvre. Les connaissances de Boulet dans ce domaine étaient vraisemblablement limitées. Il en va de même de sa familiarité avec la langue de Goethe : tous les ouvrages rassemblés sont en français et les pièces de sa collection qui étaient en allemand – notamment sa correspondance avec la famille Wagner ou avec des artistes comme Stassen ou Furtwängler (une seule lettre pour chacun d’eux) – ont toutes été traduites par un tiers et recopiées, ou plus tardivement dactylographiées, par Boulet.

Boulet et la mise en scène

La question de l’interprétation des œuvres de Wagner a longtemps taraudé Boulet, plus sur le plan de la mise en scène d’ailleurs que sur celui de l’exécution musicale. Cet intérêt est documenté avant tout par les articles de journaux de la collection, qui se composent pour une très large majorité de critiques de concerts et de représentations lyriques. Celles-ci couvrent avant tout les représentations françaises de Wagner, depuis la fin des années 1890 (les représentations parisiennes de Lohengrin en 1891, la création française de L’Or du Rhin à Paris en 1909…) jusque dans les années 1950, sans exclure la province (les Ring du théâtre de Bordeaux en 1935 et du théâtre du Capitole en 1949). Les grands critiques de chaque époque sont représentés, comme Camille Bellaigue et ses célèbres papiers pour la Revue des deux-mondes dans les années 1890, ou plus tard, dans les années 1950-1960, Bernard Gavoty, Claude Rostand ou Jean Cotte, qui furent tous trois, à l’instar de Boulet, de farouches opposants aux mises en scène de Wieland Wagner. La correspondance entre ce dernier et Boulet, doublée en miroir par celle avec Winifred Wagner, est d’ailleurs très éloquente de l’intérêt porté par Boulet aux mises en scène et de son attitude conservatrice en la matière. La qualité des interprètes y est certes toujours commentée, mais en passant et en fin de lettre – souvent d’ailleurs de manière assez élogieuse, ou du moins bienveillante –, tandis que Boulet se montre bien moins amène envers les innovations de Wieland. La nostalgie des mises en scène d’avant-guerre, du temps de Preetorius et Tietjen, témoigne clairement d’un choc de génération. Boulet, né en 1884 et très conservateur dans sa manière de penser, ne pouvait imaginer que Wagner fût mis en scène autrement que comme le maître lui-même l’avait prévu dans ses didascalies. Boulet en finit par devenir obsessionnel et à réclamer que le « cadre » et le « lieu », deux mots qu’il compose presque toujours en majuscules dans ses lettres, fussent conformes aux prescriptions de Wagner.

Une collection qui n’échappe ni au fétichisme ni au narcissisme

Nous en venons là à un point qui caractérise la collection de Boulet, mais que l’administrateur des Douanes parisien partage avec la plupart des collectionneurs, au sens fort du terme : le fétichisme. Ce fétichisme se traduit par une relation quasi sacralisée à l’objet de la collection, à savoir Wagner. Cette sacralisation fut ce qui motiva Boulet à approcher le maître du plus près qu’il le pût, en entrant par exemple en contact avec sa famille. Dès 1937, il demanda un autographe à Winifred, sûrement plus parce qu’elle était la bru de Wagner que pour ce qu’elle représentait dans l’Allemagne nazie. Il noua, pour les mêmes raisons mais aussi par intérêt pour les mises en scène de Bayreuth, des relations avec Wieland et Wolfgang. Ce fétichisme le poussa également à augmenter sa collection de quelques autographes, dont un de Richard Wagner (une

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Fig. 1. Carel Le Dake, Portrait de Richard Wagner. Eau-forte publiée à Bruxelles par Dietrich & Cie  et à Londres par Obach & Cie, mai 1895
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