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Art allemand et politique allemande : l’Allemagne comme antidote de la

France

La déception que Wagner connut en 1861 fut rapidement compensée par la levée de son interdiction de séjour en Allemagne et sa rencontre avec Louis II, qui lui ouvrit de nouvelles perspectives pour la diffusion de sa musique. Le retour en Allemagne renforça ostensiblement une composante essentielle de sa pensée, à savoir une forme particulière de nationalisme. Wagner

était en effet plus attaché à l’idée du peuple (Volk) qu’à celle de la nation. La régénération de la société devait selon lui passer par le peuple, qui, pour peu qu’il accède au pouvoir, parviendrait à renverser la domination bourgeoise et philistine. Mais ce peuple ne pouvait accomplir sa mission que s’il était porté par une culture dans laquelle il se reconnût et qui incarnât les valeurs de la nouvelle société. Dans les années 1860, cela se traduisit clairement par une francophobie toujours plus prononcée, dirigée non pas tant contre la France et sa musique que contre le penchant naturel de la bourgeoisie allemande pour la culture française. C’est cette position que Wagner défendit dans son essai Art allemand et politique allemande (1867), contre les influences de son propre style musical, qui avait d’évidentes dettes envers le style français. Une position qui n’est certainement pas étrangère au reniement tardif de Rienzi, grand opéra proche du style français, qui remporta un vif succès tant à Dresde qu’à Paris.

A partir des années 1860, Wagner semble donc définir la musique allemande de l’avenir, qu’il appelle de ses vœux, en négatif de la culture française : elle devrait être sérieuse là où la seconde est frivole, expressive là où la seconde cherche la virtuosité, dramatique là où la seconde est divertissante. Son opposition à la musique française se doubla d’une animosité personnelle – nourrie d’une vraie rancœur – à l’égard de Meyerbeer et Offenbach, qui fut en partie responsable de l’adjonction d’une composante antisémite à sa doctrine « nationaliste ». La chose était déjà en germe dans Le Judaïsme dans la musique (1850) et se cristallisa autour de la notion complexe de « régénération », qui prit, sous la plume de Wagner, un sens à la fois racial (sous l’influence déterminante de Gobineau à la fin des années 1870), artistique et philosophique. La France devenait le repoussoir de tout ce que Wagner souhaitait voir advenir dans la nouvelle Allemagne. Sa satire intitulée Une capitulation, qui tournait en dérision de nombreux personnages influents de France (Jules Ferry, Jules Simon, Jules Favre et Victor Hugo principalement), allait encore jeter de l’huile sur le feu et faire passer Wagner pour un francophobe acharné.

La francophobie de Wagner était avant tout une germanophilie, bien plus qu’une haine profonde et viscérale de la France. Wagner avait rêvé un temps de faire carrière en France, il avait été fasciné par le rayonnement de sa culture, mais, allant de déception en déception et voyant la possibilité, avec l’aide de Louis II, de fonder un nouvel art allemand, il profita du contexte politique de plus en plus nationaliste des années 1860 et 1870 pour présenter l’Allemagne comme l’antidote de la France. La « capitulation » à laquelle sa comédie faisait allusion était autant celle de Sedan que la sienne devant la réalité de ce qu’étaient devenus à ses yeux la société et l’art français.

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Wagner und Frankreich

Fig. 15. / Abb. 15.

Paul Fourcher & Bénédict H. Révoil, Le Vaisseau fantôme ou le Maudit des mers, Paris, Marchant, 1842.

Le 9 novembre 1842 fut créé à l’Opéra de Paris le Vaisseau fantôme, opéra de Pierre Louis Dietsch sur un livret de Paul Fourcher et Bénédict H. Révoil. Wagner avait remis dès 1840 la trame générale de son propre Vaisseau fantôme au directeur de l’Opéra de Paris, qu’il avait rencontré par l’entremise de Meyerbeer, dans l’espoir de le faire représenter sur la scène parisienne. Il se fit malheureusement doubler par Fourcher et Révoil, auxquels, pour payer ses dettes, il fut contraint de vendre le sujet de l’opéra pour 500 francs, le 2 juillet 1841. Dietsch en composa la musique. L’œuvre ne connut guère de succès et disparut de l’affiche après onze représentations, en raison semble-t-il d’une mise en scène qui ne mettait pas assez en valeur la dimension fantastique de l’œuvre.

Paul Fourcher & Bénédict H. Révoil, Le Vaisseau fantôme ou le Maudit des mers, Paris, Marchant, 1842.

Am 9. November 1842 wurde an der Pariser Opéra Le Vaisseau fantôme (Der fliegende Holländer), eine Oper von Pierre Louis Dietsch nach dem Text von Paul Fourcher und Bénédict H. Révoil, uraufgeführt. Wagner hatte dem Direktor der Pariser Opéra, den er durch Vermittlung Meyerbeers kennengelernt hatte, bereits 1840 eine Inhaltsangabe seines eigenen Fliegenden Holländers geschickt, in der Hoffnung, die Oper in Paris aufführen zu können. Doch Fourcher und Révoil kamen ihm leider zuvor, denn zur Finanzierung seiner Schulden hatte Wagner ihnen am 2. Juli 1841 das Thema der Oper für 500 Francs verkaufen müssen. So war es Dietsch, der die Musik komponierte. Das Werk hatte kaum Erfolg und verschwand nach nur elf Vorstellungen wieder von der Bühne. Grund dafür schien die Inszenierung zu sein, die den fantastischen Aspekt des Werkes nicht zu Genüge umsetzen konnte.

Fig. 16. / Abb. 16.

Edmond Roche, Poésies posthumes, Paris, Michel Lévy, 1863. Préface et notice de Victorien Sardou.

C’est Wagner qui confia au traducteur Edmond Roche (1828-1861) l’adaptation en français de Tannhäuser. Ne parlant pas l’allemand, celui-ci se fit aider par le chanteur Richard Lindau et livra un texte qui ne plut pas au directeur de l’Opéra de Paris. Ce dernier chargea alors Charler Nuitter de réviser la traduction de Roche. Roche était douanier, mais aussi poète. Son poème « Le chêne et le roseau », publié en 1863 à titre posthume, est dédié à Richard Wagner.

Edmond Roche, Poésies posthumes, Paris, Michel Lévy, 1863. Vorwort und Erläuterungen von Victorien Sardou.

Wagner persönlich übertrug dem Übersetzer Edmond Roche (1828–1861) die Aufgabe der französischen Übersetzung des Tannhäuser. Da Roche kein Deutsch konnte, bat Wagner den Sänger Richard Lindau um Hilfe. Seine Fassung missfiel jedoch dem Direktor der Pariser Opéra, der daraufhin Charles Nuitter beauftragte, Roches Übersetzung zu überarbeiten. Roche war Zollbeamter, aber auch Dichter. Sein 1863 posthum veröffentlichtes Gedicht „Le chêne et le roseau“ (Die Eiche und das Schilfgras) ist Richard Wagner gewidmet.

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Wagner und Frankreich: Faszination, Enttäuschung