La taille, la grandeur du buste et des jambes, l'indice céphalique et l'indice nasal de 253 Tatars de la péninsule des Balkans (215 hommes et 38 femmes)

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La taille, la grandeur du buste et des jambes, l'indice céphalique et l'indice nasal de 253 Tatars de la péninsule des Balkans (215

hommes et 38 femmes)

PITTARD, Eugène

Abstract

La taille moyenne des Tatars de la Péninsule des Balkans (en l'espèce des Tatars de la Dobroudja) est de 1 m 657. La taille moyenne des femmes tatares, provenant des mêmes lieux, est de 1 m 547. La différence sexuelle de la taille, dans ce groupe ethnique, est de 11 centimètres. La hauteur du buste est de 889 mm chez les hommes et de 828 mm chez les femmes. Le rapport de la hauteur du buste à la taille est 52,60 chez les premiers et 53,45 chez les secondes. La longueur des jambes est de 803 mm chez les hommes et de 721 mm chez les femmes. Et les rapports de la longueur des jambes à la taille sont respectivement 47,39 (hommes) et 46,55 (femmes). L'indice céphalique moyen des 215 Tatars est 83,33. Il indique la sous-brachycéphalie. Mais cette sous-brachycéphalie n'est que le résultat d'une combinaison des diverses formes céphaliques. Dans la répartition des indices individuels, ce sont les hyperbrachycéphales qui sont les plus nombreux. L'indice céphalique moyen des femmes tatares est 83,59. Il indique également la sous-brachycéphalie. Et, dans la répartition des indices individuels, ce sont, aussi chez [...]

PITTARD, Eugène. La taille, la grandeur du buste et des jambes, l'indice céphalique et l'indice nasal de 253 Tatars de la péninsule des Balkans (215 hommes et 38 femmes). Bulletins et mémoires de la Société d'anthropologie de Paris , 1911, vol. 2, no. 1, p. 432-441

DOI : 10.3406/bmsap.1911.8367

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http://archive-ouverte.unige.ch/unige:106675

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Extrait des Bulletins et Mémoires de la Societé éAntliropolo,qie de Paris.

7 _décembre 1911.

LA TAILLE₁ LA GRANDEUR DU BUSTE ET DES JAMBES, L'INDICE CÉPHALIQUE ET L'INDICE NASAL DE 253 TATARS DE LA PÉNINSULE DES BALKANS.

(2f5 hommes et 38 femmes), PAR EUGÈNE PITTARD

Les documents somatologiques que l'on possède sur les Tatars repré- sentent un véritable tohu-bohu anthropologique. Cette première cons- tatalion, à elle seule, a toute la valeur d'une introduction générale sur l'étude Je ce groupe ethnique.

En effet, le terme de Tatar ou Tartare est une étiquette accolée aux re- présentants Je groupes humains très divers. Il n'est pas besoin d'avoir longuement étudié les· caractères somatologiques des Tatars, pour s'apercevoir que le peuple ainsi dénommé est hétérogène. Les auteurs an- ciens l'avaient déjà aperçu. Prichard ¹ avait nettement formulé la dis- tinction qu'il reconnaissait entre les Tatars. Mais il attribuait les diffé- rences qu'il relevait à l'influence des milieux dans lesquels vivaient les divers peuples Tatars. La vie sédentaire des uns et la vie nomade des autres représentaient, pour Prichard, les agents modificateurs, explicatifs des différences morphologiques. Et Von Baer avait appuyé les vues apriorisliquPs de Prichard. Il écrivait ceci : cc Pour ce qui est de la grande inlluence, du genre de vie et surtout de la nourriture sur la. forme exlé·

rieure de l'homme, les Tartars semblent nous offrir un exemple frap- pant. ..

C'était l'époque où l'influence du milieu devait, à elle seule, tout démon- trer. Depui~, nous nous sommes aperçus qu'il n'y a pas besoin d'invoquer de telles causes. La formation historique de la nation tatare, telles que nous la con naissons pour ce qui concerne les Tatars de l'Europe, est suffi- sante pour nous donner la clef de l'hétérogénéité de ce groupe humain.

Les masses guerrières, mises en mouvement par les conquérants tatars, étaient., à leur arrivée en Europe, un ramassis ethnique formé <le tous les peuples rencontrés el traversés en cours de route par la bande en- vahissante .. J'ai essayé, il y a quelques années, ¹ d'expliquer cela, après un examen très étendu (plus de 1000 hommes ont été étudiés) des Ta- tars de la Dobroudja. Je reconnaissais parmi eux, deux types fondamen- taux : les Tatars mongoloïdes et les Tatars turquisés. Il serait peut-ê_tre plus juste d'appele,. ces derniers : Turcs tatarisés, car ils sont vraisem- blablemenl Je véritables Touraniens portant l'étiquette des Tatars.

Je ne veux µas faire ici une longue introduction à l'étude anthropolo- gique qui va suivre. Je la réserve pour un travail plus étendu qui doit paraître prochainement. J'ajouterai simplement quelques mots relatifs,

1 PR!CHARD, Histoii·e natur·elle del' homme, Paris 1843, p. U.5, i46.

" E11gène l'ITTARD Ethnologie de la Péninsule des Balkans, pt·emière pàrtie, les Roumains, les TJ:i_qa11es, les 1'ata1's. Mémoires Soc. de géogr, de Genève. Le Globe, i90i.

llUGÈNE PIT'l'Afü). - TATARS DE LA P~NINSULE DES BALKA)i!S 433 non plus aux Tatars en général, mais aux bomrnes et aux femmes présen·

tement étudiés, ·

Mes registres renferment les mensurations d'un très grand nombre de Tatars. Je les ai rencontrés au cours de cinq voyages dans la Péninsule des Balkans. principalement dans la Dobroudja. Cette ancienne province turque, remise à la Roumanie par le traité de Berlin, possède de nom·

breux villages occupés par des Tatars. Certains de ces villages sont ha- bités seulement par des représentants de ce groupe ethnique et ils sont immédiatement reconnaissables à leurs petites maisons de boue, basses, aux toits couverts de chaumes ou de roseaux. Dans les autres villages, les Tatars coéxistent, sans jamais se mêler, avec les autres populations ha- bitant la Dobroudja. Ils occupent dans le· village roumain, ou turc, ou bul- gare, ou allemand, un quartier séparé, dont l'aspect seul décèle l'origine ethnique de ceux qui en sont propriétaires.

Les Tatars sont mahométans, mais leurs femmes ne sont pas voilées.

Le gynécée tatar est bien plus abordable pour !'anthropologiste que le gy- nécée turc. C'est pourquoi j'ai pu ajouter une série· de 38 femmes aux 2i5 hommes examinés ici.

Les résultats de notre enquête somatologique l!Omprendroul l'élude de la taille, de l'indice céphalique et de l'indice nasal. Nos documents sont plus nombreux, mais nous en réservons le surplus pour un mémoire plus détaillé sur les Tatars de la Dobroudja, qui paraîtra dans te Bulletin de la Société roumaine des sciences à Bucarest.

I. -. LA TAILLE.

La littérature anthropologique possède déjà de nombreux chiffres re- présentant la taille des Tatars. Mais les moyennes ainsi fournies montrent une invraisemblable variation. Et déjà là, on voit poindre la confirma- tion de ce que nous avons dit dans les premières lignes de ce mémoire;

il y a Tat.an; et Tatars 1 Deniker a rassemblé les chiffres que l'on possède sur la taille des Tatars en général. Nous allons faire des emprunts à sa consciencieuse analyse ^1. Les Tatars dont il a étudié la taille sunL des Tatars de Russie. Les Tal ars volgaïques sont de petite ou de très petite t.aillfl. 2fülfi consL:rits des provinces de Kazan et de Samara ont la moyenne de 1 m. 609 (Anoutchine); d'autre part 3342 cons 3rits tatars de toutes les provinces que traverse la Volga ont une taille plus élevée : i m. 628. De- niker constate que dans la province de Samara les Tatars sont très pe- tits. Au surplus les Ta Lars qui habitent la rive droite de la Volga pa- raissent plus petits que ceux de ta rive gauche. D'ailleurs, pour ne pas entrer dans trop de détails, on peut résumer les documents fournis par les divers auteurs qui ont mesuré les Tatars de Russie, en un petit tableau (les chiffres sont toujours empruntés à Deniker).

1 J DENIKER. La taille en Eu~ope; 2• supplément. Les Turco-1'artars et les Cauca·

.~ieT1$. Ou!l. otMcm Sor. d'Anll1rcip. Paris, t90J.

43.4 '7 DÊCEMBRE 19H

· 678 Tatars de la province de Kazan (divers auteurs t).

6.567 conscrits tatars (même district) ... , ... . 349 Tatars, distr. de Bouinsk (pt•ov. Sirnbirsk) ...•

110 conscrits, distr. de Kouznetsk (prôv. Saratov) ....

1 m.620

1 623 (1m.633) 1 624

1 629

En quittant les provinces volgaïques et en allant vers l'ouest, la taille des Tatars augmente en général :

33 Tatars, distr. Kassirnov (prov. Riazan) ... _ ..

50 Tatars, distr. Elatma (prov. Tambov) ... . 61 Tatars (prov. Oufa) ... . Tatars d' Astrakhan. . . . . ... . 90 Tatars de la Lithuanie . . . . ... . 303 Tatars de Crimée ... .

1 rn.642 1 639 1 620 1 680 1 628 1 664

En extrayant les moyennes de ces deux grands groupes on obtient, pour le premier: Tatars volgaïques : 1 m. 626 ; autres Tatars: im. 645. La moyenne générale est im. 636. La taille moyenne minimum est celle des Tatars de Kazan et aussi des Tatars d'Oufa ( t m, 620) ; la taille moyenne maximum est celle des Tatars d'Astrakhan (1m 680).

Tous ces chiffres marquent bien l'hétérogénéité du groupe Tatar. lis démontrent déjà, à eux seuls, que le terme tfltar est une étiquette ethni.

que appliquée sur des agglomérations humaines d'origines diverses. Les Tatars de la Péninsule des Balkans que nous avons étudiés provien- nent presque tous de la Dobroudja. Leurs origines géographiques sont variées. Un grand nombre d'entre eux sont venus de la Crimée, mais il en est venu d'ailleurs. N'oublions pas que les Tatars de la Crimée sont eux-mêmes un complexe ethnique. Beaucoup de leurs représentants des- cendent de la horde du Kiptchaks ou des Nogaî. Au surplus, la côte méridionale de la Crimée est peuplée par un mélange bigarrP. de Tatars, de Turcs, de Grecs et autres gens, sans compter les descendants des occu- pants primitifs, etcesCriméenss'appellentaussi Tatars et une certainequan- tilé d'entre eux sont aussi venus peuplerles villages tatars de la Dobroudja.

LA TAILLE UES HOMMES.

Les 215 hommes donl il est question dans cette note ont été séparés par groupes de iO iodividus, sériés selon la taille croissante. Nous obte·

non 22 groupes (21. de dix hommes et i de cinq). Les moyenne de la taillA de chacnn de ces groupes.sont indiquées ci-des ou . Nou rappe- lon

c ru '

aucun choix n'a. nté fait dans nos registres. Les 253 Ta Lars onl été sortis de ceuit.-ci, au fur et à mesure que nous les rencontrfons.

1 On troi.1Vera les noms des savants qui ont elîeclué les mesures ou qui les ont utilisés dun l'ouvrage de Deniker qui vient ù'êtreci.t6.

l:UGÈNI!: l'l'l"l'ARD, - TA'l'ARS 011: LA {>gNINSULE Ul!:S BALKANS .4-35

Taille moyenne des groupes de 1 0 hummes :

1. . . . .... .. . 2 .. ' ... ' .. . 3 ... ..

4 ... ... . ..

5 ..•... ' ' .... . 6 ... . 7 ... . 8 ... . . . 9 ... ..

10 ... . 11. ... ..

1 m.514 1 564 1 583 1 598 1 615 1 623 1 630

1 639 1 642 1 650 1 657

12 ... . 13 ... . 14 ... . 15 ... . 16 ... . 17 ... . . . . 18 ... ..

19 ... . 20 ... . 21 ... . 22 ... .

l

m.664 1 670 1 674 1 680 1 691 1 704 1 713 1 724 1 733 1 754 1 812

On voil déjà, par les proportions des groupes de petites tailles et de grandes tailles, que l'élément ethnique que nous examinons est un com-

plexe ethnique. _

La

tailü moy n11e

de

215

hommes e. L

1m. fi57.

etLe moyenne est com- prise enLre

te extrêmes

su

ivants: 1m. 41.0 el fm

. 842

. (La moyenne des

dou · extrêmes

= 1

m.

67).

Tout

à 1

heu1·e t10us a von rassemblé en

deux

groupes

les chiffl'e empmntés

à Deniker. Tatarsvo

¹

gaïques,

1m. 626;

Tata1·s d'autres lieux:

1

m.

()45.

La taille moyenne des TaLat'S de la.Dobroudj a est supérieure

à

celle de ces deux groupements; elle est supadeure de deux

centimètres h

la taille moyenne des Tatars en général. Parmi les

séries

provcanol de régions diverses, nou t1·ouvons l'une d'elles bien rapprochée de notre propre série. Ce ont jusL ment les Tatai·s de Crimée dont lu laille moyenne est

im. 664,

donc légè rement supérieui·e à celle des Tulars de Dobroudja. Nous avo

ns dit que ces derniers

étaient is us de

gr~:iupe.

lata1

·s

diver .

i

leurs carnctères moyens (en l'espèce

la

slaLul'e), obt

ub

peu dilTérenls de cette autre agglomération complexe que sont le

'ratars de Crim~e,

on peut se représenter simpl. ement que les diverse familles aoce tl'ales ne se solll pas mêlées dans

les mêmes

proportion pour constituer : d'un côté les Tatars de Dobroudja , de l'autre les Tatars de la presqu'i_le pontique.

Il

ne semùle µas qu'il soH nécessaire de cher- cher plus loin la différence constatf>e.

Répartition

des 2Hi

tRilles masculines :

Petites tailles. . . . . . .

.

Tailles au-dessous de la moyenne

.

Tailles au-dessus de la moyenne Grandes tailles . . . . . . .

Indtv.tdus

37

soit le

53 28

97

17,2 % 24,6 % 12,9

%

45,1 %

La prédominance des tailles au-dessus de la moye nne et des grandes

tailles est manifeste. A ell

es

deux, elles représentent Je 58 °/o. Mais les

proportions indiquées dans ce tableau marquent bien l h térog'néité du

groupe LaLar. Selon la nomenclature de Topinard, les Tatars appa.rtien-

436 7 DÉCEMBRE 19H

draient, par leur taille moyenne, au groupe des tailles au-dessus de la_

moyenne, mais juste à la limite de celles-ci et des tailles au-dessous de la moyenne,

LA TAILLE DES FEMMES.

Les 38 femmes Tatares ont été arrangées en quatres groupes: trois de dix et un de huit sujets. Voici les tailles moyennes de ces quatres grou- pes:

1.

2.

3.

4.

Moyenne

1m.481 1 532 1 573 616

1 m.547

La dilfétwce sexuelle de la taille est de onze centimètres. Elle est à peu près semblable à celle que l'on trouve chez les autres groupes humains d'une taille moyenne analogue à celle des Tal>irs masculins. Nous avons televé la même différence chez les Tsiganes•.

Ré.partitions des tailles selon la nomenclature : Individus Petites tailles .

Tailles au-dessous de la moyenne . Tailles au-dessus de la moyenne Hautes tailles. • . . . . .

)).

14 soit le 13 11 38

))

36,8 % 34,2 % 28,9 %

Les tailles au-dessus de la moyenne et les haules tailles représentent le 63

o/

^0; cette proportion est plus élevée que dans la série rna~culine. Le groupe des petites tailles n'a pas un seul représentant.

Les tailles extrêmes des femmes sont1m. 436 et im. 670.

Grandeur du buste et longueur des Jambes. Les 215 hommes i,;ont séparés en deux groupes de 100, puis un groupe de 15. Les 38 femmes ne sont pas séparées. Les moyennes de ces divers groupes sont les suivantes :

l Taille moyenne de 780 Tsiganes masculins : t m. 649.

Taille moyenne de 430 Tsiganrs féminins': 1m.1132.

Différence : onze centimètres.

Et:OÈNE P1TTA.1U>. - A1ialyse de <fl'elques grandeurs du co1·p1,• cite.: l'homme et che.$ la femme (HMO Tsiganes) . ..,... Arch. dus Sc. phys. el llat., Gcncve 1906.

IUGÈNE Pl'l'TARD, - 1'ATAI\S DE J;A PÉNINSULE DES llALKANS 437

HOMMES FEMME~

·-_..._.__-~

Buste Jambes Buste Jambes

Les 100 premiers 855 mm. 750 mm. 828 mm. i21 mm. Les 100 suivants 895 - 795

-

Les 15 derniers. 919

-

⁸⁶⁴

^-

Moyennes. 889 mm. 803 mm.

Ces grandeurs absolues sont naturellement plus considérables chez les hommes. Nous avons calculè les rapports : 1° du buste à la taille lotale (n• 1); 2° des jambes à la taille totale (n° 2).

HOMMES

__

FEMME! ^_,..._

_-

(N' t) (N• 2) (N° t) (N• 2)

53,28 46,70 53,45 46,55

f)2,97 47,02

IH,rm

^48,4[)

Moy .. 52,60 47,39

Le buste est relativement plus développé chez les femmes Tatares que chez les hommes, et, en contn1 partie, la longueur des jambès est plus développée chez les hommes. Les Tatars obéissent, à cet égard, à la loi générale.

Nous avons déjà publié quelques-uns des nombreux documents anthro- pométriques que nous avons recueillis dans la Dobroudja. Les mesures étant faites par la même personne, les résultats qui en découlent sont- exactement comparables.

Voici quelques chiffres représentant les rapports du buste à la taille chez quelques groupes ethniques de la Péninsule des Balkans. Il s'a~it de séries composées exclusivement par des hommes :

Kurdes . Tsiganes.

Albanais . • Lazes. .

51,73 52,14 52,61

52,61

Le rapport moyen de la grandeur du buste à la taille totule est exac- tement chez les Tatars ce qu'il e~t cl:).ez les Albanais et chez les Lazes.

On remarquera que les Kurdes ont un rapport qui indique un buste rela- tivement plus petit.

Pour la comparaison de r.e rapport chez les femmes, n•Jus ne possé- dons que la grande série des Tsiganes dont il a déjà été question. Chez les femmes tsiganes, la moyenne de la hauteur du buste à la lflille est 52,92. Les femmes tatares ont un buste relativement plus développé que les femmes tsiganes. Mais, en rnison de la série relativement faible des femmes tatares, il faut considérer ce chiffre (53,45) comme un document d'attente.

7

DËO.IUOU\E

HH

t

Il. - L'INDICE CÉPHALIQUE

L'indict céphalique moyen des 215 hommes est 83,34. Cette moyenne est comprise entre le minimum 73,27 et le maximum 93,68. L'indice moyen indique, selon la nomenr:lature de Deniker, la .sous-brachycé·

phalie.

Les documents concernant l'indice céphalique des Tatars ne sont pas nombreux. Ils proviennent presque tous des Tatars habitant la Russie.

Une série, cependant, a été étudiée en Bulgarie par Bassanowitch; elle est composée de Tatars émigrés de Crimée~.

Dans la carte qu'il a dressée, de la répartition de l'indice céphalique en Europe, Deniker reporte<< l'indice donné par Lygin, tout en le trouvant trop faible ll. Cet indice est fourni par les Tatars Nogaï des steppes et des montagnes de la Crimée. 5:~ individus mesurés par Lygin donnent un indice mérncéphale (80,8). A côté de cette série, Deniker indique d'autres chiffres. C'est d'abord l'indice 82,8 (sous-brachycéphale) de 30 Tatars du gouvernement de Riazan, mesurés par Benzenger; puis les indices 83,9 et 82,7 pour une ~érie de 13 crânes mesurés par'Malief et une autre série de 8 crânes mentionnés par Qnatrefages

Pt

Hamy: l'indice moy1m est 83,4 (modifications fuites); il est aussi sous-brachycéphale. Et il s'agit ici de Ta Lars de Kazan.

Les Tatars (venus de Crimée), mesurés par Bassanowitch en Bulgarie, sont brachycéphales (indice 85). En outre, 82 Tatars de steppes étudiés par Merejkovsky, ont donné l'indice 84,5 ; mais les mesures n'étant pas indentiques aux aulres, une correction est nécessaire et Deniker ramène l'indice

à

83.

Les Criméens ou Tauridiens méridionaux - qui sont des hommes très mélangés - sont des hyperbrachycéphales : 86,5 pour la série de 35 hommes de Kharouzin et 86,2 pour la série d'Jkov (81 hommes).

En résumé, si nous faisons abstraction des Tauridiens méridionaux., nous nou~ trouvons en face de quelques séries qui - à l'exception des Tatars de Bulgarie mesurés par Bassanowitch- sont toutes sous-brachy- céphales.

Notre série est numériquement plus importante que toutes les autres réunies (les Tauridiens mis à part). L'indice céphalique moyen qu'elle exprime a quelque chance d'ètre. détinitif. Et il marque également la sous- brachycéphalie.

Nous pouvons donc conclure - au moins pour ce qui concerne lés hommes - que les Tatars ont un indice moyen sous-brachycéphale :

Répartition des indices individuels :

1 On trouve la bibliographie dans: J. O&NIKER. - L'indice céphalique en Eu1·ope 1899.

EUGÈNE Pl'l'l'AllD. - TATARS DE LA PÉNINSULE DES BALKANS 43!}

Hyperdolichocéphales Dolichocéphales . . Sous-dolichocéphales Mésocéphales . . . Sous-brachycéphales Brachycéphales . Hyperbrachycéphales

Hommes Proportions 8· soit le 3,7 %

12 5,5 %

24 11,1%

39 18,1 %

40 18,6 %

38 17,6 ~~

54 25,1 %

Cette répartition modifie la proportion ci-dessus. Ce sont les crânes hyperbrachycéphales qui sont représentés le plus fréquemment. Les crânes à formes dolichocéphales sont relativement rares. Ce n'est, rians tous les cas, pas de ce côté que tend la forme crânienne des Tatars. Nous réunissons les trois premiers et les trois derniers termes du tableau :

Groupe dolicho ..

Gi·oupe brachy ..

20,3 % 61,3 '.)-()

Je ne connais pas de documents sur l'indice céphalique dP,s femmes tatares. Il me suffira donc d'exposer les chiffres que j'ai obtenus.

Les 38 femmes que j'ai mesurées m'ont donné l'indice céphalique moyen 83,59. C'est un indice sous-brachycéphale, comme celui des hom- mes. Il est légèrement plus élevé. C'est là, d'ailleurs, un fait général.

Répartition des indices individuels :

Hyperdolichocéphales 1 soit le 2,6 %

Dolichocéphales . 3

-

^{7,9 %}

Sous-dolichocéphales 4 ^I 10,5 %

Mésocéphales . 6 15,7 %

Sous-brachycéphales 5 13,2 %

Brachycéphales 7 18,4 %

Hyperbrachycéphales 12 31,6 %

De même 4ue l'indice moyeu est presque exactement semblable à celui des hommes, la répartition des diverses formes céphaliques est IH'm;4ue identique dans les deux séries sexuelles :

Groupe dolicho.

Groupe brachy. .

21 % 63,2 %

On remarquera cependant que la proportion des hyperhrachycéphales est plus forte chez les femmes que chez les hommes.

Avant de quitter l'indice céphalique, je voudrais dire encore deux. mots d'un rapport que j'ai signalé ici même entre J'indice céphalique et la

440 7 DÉCEMBl\E f 911

taille ¹• Depi.üs, j'ai eu l'occasion de confirmer l'existence de ce rapport'.

Nos séries étant toujours arrangres selon la taille croissante, il n'est pas difficile de le chercher.

Je laisse de côté les femmes tatares qui sont trop µeu nombreuses etje considère simplement les séries masculines :

Les 100 p1·emiers Les 100 suivants Les 15 derniers

Taille 1 m.605 1 620 1 783

lnd. céphalique

84,19 82,66 82,48 On ne doit conserver que les dellx premières séries. La troisième - qui vient aussi en confirmation de ce que nous avons trouvé - est trop faible Notre série de Tatars vient, après les Tsiganes, les Albanais et les Lazes, appuyer l'observation rappelée ci-dessus : Dans un groupe ethnique donné, l'indice céphalique diminue au fur et à mesure que la taille s'accroît.

HL - L'INmaE ^NASAL

L'indice nasal moyen des 215 Tatars du sexe masculin est 70, 76. Il indique la mesorrhinie, mais juste à la limite. Cet indice moyen est com- pris entre le minimum 50,67 et le maximum 95,45; ce dernier marquant la platyrrhinie. Il y a, entre les extrêmes, un écart de 45 unités.

Répartition des indices individuels : Leptorrhiniens

Mésorrhiniens.

Platyrrhiniens

99 soit le 46 %

109 50,7 %

7 3,2 %

On voit que les mesorrhiniens sont les plus nombreux. La répartition quantitative fournit la même indication que l'indice moyen.

L'indice nasal moyen des 38 femmes tatares est 68,39, marquant la leptorrhinie. Cet indice est compris entre les extrèmes 56,36 et 82,61 (différence, 21 unités).

On remarquera que le maximum féminin 82,6i indique encore la mesor- rhinie.

Répartition des indices individuels : Leptorrhiniens

Mésorrhiniens.

Platyrrhiniens

23 soit le 60,5 %

15 39,4 %

J) ))

1 EUGÈNE PITTARD. - Influence de la taille sur l'indice céphalique dans un groupe ethnique relativement pur. - Bull et Mém. Soc d'Anthrop Paris, t901l.

! Idem. - Contribution à l'étude anthl'opologique des peuples de fo peninsule des Balkans et de l'Asie antérieul'e : !. la taille et l'indice cephalique des Albanais;

JI. la taille et l'indice céphaliqne des Lazes - Bull. Soc. Anthrop. Lyon, 1910.

EbGÈNE PITTARI>. - TATARS DE LA PtNINSULE DES BALJÜNS

44f

Comme pour les hommes, la répartition quantitative de l'indice'nasal montre le même ré!lultatque celui indiqué par J'indice moyen. Les femmes tatares n'ont présenté aucun cas de platyrrhinie.

Le résultat général de la comparaison sexuelle faite ci-dessus est le même que celui que nous avions obtenu avec notre grande série de Tsiganes (841 hommes el 425 femmes) ¹•

R~SUM~

La taille moyenne des Tatars de la Péninsule des Balkans (en l'espèce des Tatars de la Dobroudja) est de 1 m. 657.

La taille moyenne des femmes tatares, provenant des mêmes lieux, est de 1 m. 547.

La différence sexuelle de la taille, dans ce groupe ethnique, est de 11 centimètres.

La hauteur du buste est de 889mm chez les hommes et de 828mm chez les femmes. Le rapport de la hauteur du buste à la taille est 52;60 chez les pre- miers et 53,45 chez le.s seconde.s.

La longueur des jambes est de so3mm chez les hommes et de 72fmm chez les femmes. Et les rapports de la lougueur des jambes à la taille sont respectiver;nent 47,39 (hommes) et 46,55 (femmes).

L'indice céphalique moyen des 215 Tatars esL 83,33. Il indique la sous- brachycéphalie. Maü; cette sous-brachycéphalie n'est que Je résultat d'une combinaison des diverses formes céphaliques. Dans la répartition des indices individuels, ce sont les hyperbrachycéphales qui sont les plus nombreux.

L'indice céphalique moyen des femm3s tatares est 83,59. Il ,indique également la sous-brachycéphalie. Et, dans la répartition des indices individuels, ce sont, aussi chez les femmes, les hyperbrachycéphales qui sont les plus nombreux.

Les crânes dolichocéphales sont assez rares chez les Tatars et cela aussi bien chez les femmes que ch~z les hommes.

Les Tatars de la Péninsule des Balkans ont un indice nasal moyen mesorrhinien (70, 76), mais, juste à la limite; leurs femmes ont un indice nasal moyen leptorrhinien (68,39). Le détail ùes indices individuels confirme ce résultat, et, cela, pour les deux sexes.

Il existe un rapport entre l'indice céphalique et la taille. Au fur et à mesure que la taille s'accroit, la valeur de l'indice céphalique diminue.

1 EuoÈNE P1TTARD. - L'indice nasal et le développement des dimensions du ne.t en fonction de la taille che_ç 1266 Tsiganes des deux sexes. :_Revue Anthropolo- gique. Paris, i911.