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Les changements de l'indice céphalique en fonction de la taille croissante

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Les changements de l'indice céphalique en fonction de la taille croissante

PITTARD, Eugène, DONICI, Alexandre

PITTARD, Eugène, DONICI, Alexandre. Les changements de l'indice céphalique en fonction de la taille croissante. Bulletins et mémoires de la Société d'anthropologie de Paris , 1927, vol. 7e série, t. 8, p. 38-50

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http://archive-ouverte.unige.ch/unige:111478

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(2)

Ëxtrait des Bulletins et Mdmoires de la Société d'Antliropologie

de Paris.

(Séance du t 7 février t 927.)

LE$ èHANGEMEMfS DE L;INDlèE CEPHALIQUE EN FONCTION DE LA TAiLLË CROISSANTE.

(Loi de Pittard sur l'indice céphalique).

PAI\ EUGÈNE P1TTARD ET ALEX D0Nrc1.

On sait la valeur - méritée, lorsqu'elle est sagement utilisée - que l'on attribue, en Ethnologie, à l'indice céphalique. Celle-ci résulte en partie du fait que cet indice est considéré comme étant d'une remarquable indifférence, dans uli groupe donné, quels que soient les autres carac- tères morphologiques concomitants - la stature par exemple - de ce groupe.

Cependant, l'un de nous (Pittard) a fait remarquer, ici même il y a déjà une vingtaine d'années 1, que cette indifférence n'était pas réelle et que l'indice.céphalique subissait les influences de la taille. Il a montré qu'au fur et à mesure que la taille croissait, les deux diamètres horizon- taux principaux du crâ.ne : antéro-postérieur maximum et transverse maximum s'augmentaient proportionnellement à cette stature croissanté.

·Mais ce développement horizontal de la tête ne reste pas dans des rela- tions égales; le diamètre aotéro-postérieur croit plus vite que le diamètre transverse. Il en résulterait que, dans un ·groupe humain quelconque, les plus grands posséderaient l'indice céphalique le moins élevé.

Cette conclusion a été déjà plusieurs fois relevée par des anthropolo- gistes divers sous le nom de « loi de Pittard sur l'indice céphalique ».Sa vérification a été faite à l'aide de plusieurs séries ethniques •. Godin, de son côté, constate sa réalité en étudiant le développement des élèves du Prytanée militaire de La Flèche 3. Il a montré, qu'au fur et à mesure de -leur o.:roissance vertici:lle, les adolescents qui étaient soumis à ses compas , présentaient des indices céphaliques un peu moins élevés.

· i Eugène P1TTARn, Influence de la taille sur l'indice céphalique dans un groupe

:thnique relati.veme11t pu1•. Bull. et Mém. Soc. d'Anthrop Paris, 1905.

1 Entre autres E. P1TTARD et H. LAGOTALA, Contribution à l'étude anthropologique des populations sporadiques de la Dobrodja : les Laus. Bull. de la Soc. des Sc. de Bucarest Roumanie, 1910.

• Gonri<, Cro.issance du crdne et de la face pen'lant la période pubertaire. Bull. et Mém. Soc. d'Anthrop. Paris, 1922.

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40

sbcntTÉ D' ANTHROPOLOGiE DE PARIS

Ce problème de morphologie dyoamique, si l'on peut ainsi parler, est d'uoe certaioe importance. La solution qui lui sera donnée peut servir, à elle seule, à con trou ver certaines « lois sociologiques» comme celle de l'attirance des ·villes pour les grands dolichocéphales. Elle doit donc èlre l'objet du plus grand nombre possible de vérifications. Il s'agit, en particulier, de savoir si tous les groupes ethniques obéissent à cette loi de corrélation.

Nous oe savoos pas, en effet, si le phénomène complexe de la crois- sance se manifeste partout dans l'espace géographique de la même façon, gardant toujours un rythme égal dans tous les groupes humains '.

· n

faudrait également savoir si, dans chaque groupe considéré, les femmes se comportent comme les hommes, suivant la même loi de développement qu'eux'.

La présente étude concerne une population de l'Europe orientale: les lloumains, latins de langue et de civilisation, dont l'origine ethnique première est encore inconnue et qui est, du point de vue morphologique tl descriptif, un complexe ethnique 3

Nous avoosutilisé les fiches authropométriques de 2.125 Roumains (il sr.ra question des femmes daos un instant) que l'un de nous (E. P.) a lllesurés all cours de ses différentes campagnes scientifiques dans. la Péninsule des Balkans, notamment dans le Royaume de Roumanie. Nous avoos pensé que l'occasion était favo·rable pour tenter une vérification de la « loi de PittarJ sur l'indice céphalique » à l'aide de cette série - déjà importante numériquement - dont les individus ont été mesurés sur place, par le même auteur, selon la même technique.

Nous examioerons d'abord cette série masculine dans son ensemble, comme s'il s'agissait d'une série pure. Puis noùs passerons à l'étude des

t Ce serait là d'admirables études à entreprendre dans les divers groupes ethniques, en isolant, bien entendu, dans chacun d'eux, les types divers qui lés constituent, de façon à s'approcher Je plus possible de ce qu'on pourrait appeler des séries épurées.

'A cet égard il apparaît que si au terme final de leur développement les femmes per- mettent des conclusions sembhl1les à celles formulées ,pour les hommes, il ne doit pas eG

être exactement ainsi pour Io cours même du développement général On sait que le rythme de croissance n'est pas identique dans les deux sexes pour la mêm·e race. L'accélération du rythme de la taille à l'approche de la puberté, relativement plus grand chez les individus minins, est déjà une indication Nous ne connaissons pas, pour ce moment là, le dén- loppement concomitant !fu crâne.

3 Eugène Ptr·1·A11n, les Peuples des Balkans, Paris et Genève, t920'.

Pl'llrAno et DoN1ct, Reparlitio11 qéographique dans le Royaume de Roumanie de quelques cai·acteres anthr·opologiques. Le Globe, Tome LXV, Genève, 1926.

Idem, Etude sur l'indice céphalique en Roumanie, Bull. Société Royale de Géo·

graphie, Roumanie, Bucarest, 1926.

(4)

i>ntARD ET DON1ci. - Î.Es CHANGEMENTS DE t'rno1cl! cÙHÛrQUI!:

4t

groupes qui la composent, créés par les di verses morphologies crâniennes ( dolichocéphalie et brachycéphalie ), .

Nous avons laissé de côté les types mésocéphales, leur nombre étant troprestreint pour composer une série stable.

. .

1. - Examen d'une série de 1.748 hommes, sans autre spüification, rangés selon la valeur de la taille croissante.

Nous avons échelonné les groupes de statùre de cinq en cinq centi- mètres.

Dans le tableau suivant (tableau 1) nous faisons figurer ces différents groupes de taille avec, en regard, le nombre d'individus examinés et les deux diamètres crâniens utilisés pour obtenir l'indice céphalique; enfin cet indice lui-même, calculé comme moyennes de groupes.

TABLEAU N° 1

Les diamètres A . P. et T. et l'indice céphalique en fonction de ta taille crois.

sante chez 1. 7 48 Roumains du sexe masculin.

Nombre Moyennes Indices des

d'individus. Taille. D.A. P. D. T. des indices. moyennes.

mm. mm. mm.

64 ·t. 500 à 1. 550 180,78 150, 17 82,99 83,06 215 1. 560 à 1. 600 183,96 150,94 82,34 82,05 502 1 61(> à 1.650 184,96 152,44. 82,34 82,74 555 1. 660 à 1. 700 186,55 153,26 82,25 82,15 323 1. 710 à 1. 750 187,36 153·,27 81,84 81,8

89 1. 760 à 1.800 _187 ,82 153,26 81,3 81,6

1.748 différence. 7,04 3,09 . 1,69 1,46

La lecture de ce tableau est démonstrative et cependant celui-ci est com- posé par des 'groupes humains qui sont, chacun d'eux, un complexe ethnique, renfermant· des pr-oportions diverses - nous ne pouvons pas encore les saisir - des types crâniens, dolichocéphales, brachycéphales, etc. Malgré la composition hétérogène de ces subdivisions humaines, le lecteur constatera que les deux colonnes renfermant les diamètres horizontaux du crâne contiennent des chiffres dont la valeur augmente régulièrement en passant d'un groupe de petite taille à un groupe de plus· haule stature. Enlre les deux extrêmes de ce tableau nous voyons le D._ A. P. présenter une différence de plus de 7 millimètres, le D. T. une diffé'rènce dépassant légèrement 3 millimètres.

La croissance graduelle du crâne dans les deux dimensions horizon- tales principales, en fonction de la taille croissante, est donc nettement

!lémontrée comme un phénomène rég!.!lier ; acceptable, semble-t-il, pour toutes les ~atégories de statures, rangées en ordre croissant.

(5)

SOCIETÉ D; ANTHROPOL8Gii! Dl! PARIS

La colonne des indices céphaliques montre-t-elle une diminution gra- duelle en passant du groupe des plus petites tailles aux groupes succes- sifs de tailles supérieures ?

Il y a, entre les deux extrêmes, une différence dans la valeur de indices moyens de près de deux unités.

Cette différence est assez considérable pour qu'elle permette à un groupe de figurer Jans une autre catégorie dP. la classification des formes cépbaliques : déjà selon la terminologie de Broca, mieux encore si l'on utilise celle de Deniker. .

Dans le tableau 1 le gr.oupe de plus petite stature est caractérisé par la sous-brachycéphalie, le groupe de plus grande stature est mésocé- phale. Ce tableau l est, encore une fois, - et toute imparfaite que soit sa composition - une nette confirmation de la loi exprimée jadis par l'un de nous.

Mais il serait intéressant de pénétrer plus profondément dans ce problème de corrélation par l'analyse des groupes céphaliques inclus dans cette série générale. C'est pourquoi nous avons sorti de cette grande série tous les 1 ypes brachycéphales d'un côté, tous les types dolichocé- phales de l'autre,

Nous allons les examiner successivement dans le même ordre que ci-

de~sus.

2. - Examen des types brachycéphales.

Le tableau II est composé à l'aide de 1.006 hommes. Les subdivisions d.! la taille sont les mêmes. que celles utilisées pour la série entière.

TABLEAU II

Les formes brachycéfJltales (1.006 individus). Indices céphaliques s'échelonnant de 82 à 97.

Nombre Moyennes Indices des

d'individus. Taille D. A. P. D. T. des indices. moyennes.

mm. mm. mm.

40 1 510 à 1.550 177,9 152,9 85,96 85,94 113 1. 560 à 1. 600 180,4 155,3 86,16 86,08 297 1. 610 à 1. 650 180,7 155,67 85,67 86,1

323 J. 660 à 1. 700 182,9 156,5 85,62 85,56

178 1. 710 à 1. 750 183,6 156,7 85,41 85,35 55 1. 760 à 1.800 185,2 157,8 85,3 85,2

1.006 différences 7,3 4,9 0,66 O,J4

Les résultats sont ici plus nets encore que lorsque nous avons affaire à l'ensemble des Roumains.

La croissance des deux diamètres horizontaux principaux du crâne est plus grande dans ce type morphologique que dans le g.roupe général.

(6)

PITTAR!> l!T DONICI. - Ll!S CHANGl!Ml!NTS Dl! L1JND1CI! CÉPHALIQUI! 43 Entre les deux séries extrêmes nous consta.tons une augmentation de plus de 7 millimètres pour le O. A. P. et une augmentation d'un peu moins de 5 millimètres pour le D. T.

Cette dernière augmentalion doit ètre soulignée ; elle dépasse nota- blément celle que nous a fourni, pour représenter· l'augmentation de ce diamètre, la série générale des Roumains.

L'indice céphalique dé,~roit régulièrement de valeur au fur et à mesure que, partant de la plus petite taille, nous marchons vers les plus hautes statures.

Il y a, entre les extrêmes, une différence de 0,66. Ce qui importe sur- tout c'est de constater, au fur et à mesure de la taille croissante, le decrescendo de la valeur de l'indice céphalique. Tous les individus de cette série restent - ainsi groupés - très .nettement brachycéphales, mais les plus petits sont un peu plus brachycépales que les plus grands. Nous constatons une seule exception au decrescendo de l'indice cépha- lique. Elle est fournie par Je groupe de tailles comprises entre 1 m. 56 et f m. 60. Mais le phénomène général n'en est pas troublé. Il suffirait, pour ne plus voir cette exception, de subdiviser ces six groupes de tailles en trois séries de deux; ou en deux séries de trois.

Si les rythme~ de croissance de D. A. P. et de D. T. étaient les mêmes (au fur et à mesure de la taille croissante) nous pourrions représenter ceux· ci par la formule suivante:

Minimum de D. A. P.

Maximum de D. A. P.

Minimum de O. T.

Maximum de D. T.

mais en réalité Je premier maximum (O. A. P.) est supérieur à la valeur théorique, et le second (D. T.) est inférieur à cette valeur correspondante.

Ainsi, si dans la proportion : Minimum D. A. P.

Maximum D. A. P.

Minimum D. T.

Maximum D. T.

nous supposons le maximum de D. A. P. inconnu et l'appelons X, nous avons l'équation suivante: ·

f77.9mm X

= ---

152.9mm d' 157.800m ou , X

17.7.9mm 157°.Smm

- - - =

f52.900m 183.6mm

c'est-à-dire que si D. A. P. augmentait pareillement à D. T. il devrait

•être de 183.6mm, et non 185.2 mm.

Par contre, en suppossant le maximum D. T. inconnu et en l'appe- lant Y, nous avons:

177.9mm _ 152 9mm· d' , _ 152.9rilm - 185.2'"m _

15gmm

185.2mm - Y OU Y - 177.9mm -

d'où

il

ressort que D. T. théoriqueme~t devrait être de 159.17mm. En réalité il est de 152.9mm.

(7)

44 SOCIÉTÉ D' ANTHR0°POLOGIE DE PARIS

L'augmentation de D. A. P. par rapport au D. T. devrait être de 5.7mm 183.6mm - 177 gmm

=

5, 7mm) et non de 7 ,3mm (185.2mm - 177 .9mm

=

7 .3mm) ce qu'il e.st en réalité.

L'augmentation de D. T. par rapport au D. A. P. devrait être de 6.27 mm

(i59.17mm - 152.9mm

=

6.27mm) au lieu de 4.9m• (1.57.Smm - 152.9mm

=

4.9 mm) ce qu'il est en réalité. Cette formule nous montre :

1° Que le rythme de croissance de D. A. P. est plus accéléré que celui de D. T.

ou si lon veut aussi :

20 Que le rythme de croissance de D. T. est plus lent que celui du D. A. P.

En résumé à !;aide de cette série d'individus brachycéphales le phéno- mène paraît très n'et.

Voici donc une première confirmation de ce que nous a montré l'exa- men de la série considérée dans son ensemble. Que nous donnera l'autre série composée avec des types dolichocéphales ?

3. - Examen des types dolichocéphales:

Le tableau III est composé à l'aide de 742 hommes. Les groupes de stature sont indiqués de la même façon que dans le tableau II

TABLEA.U Ill.

Les formes dolichocéphales (742 individus) indices céphaliques s'échelonnant de 70 à 79.

Nombre Moyennes Indices des

d'individus. Taille. D. A. P. D T. des indices. moyennes.

mm. mm. mm.

24 1.510 à l 550 185,54 145,64 78,04 78,5 102 1 560 à 1.600 187,91 146,08. 77,83 77,74 205 1 610 à 1.650 190,23 147,77 77,53 77,68 232 1.660 à 1 700 191,7 148,74 î7,5f\ 77,67 145 t. 7 LO

a

t. 750 192 149 77,46 7i,6

34 1. 760 à l 800 192,0d 148,5 77,44. 77,33

742 différences. 6,49 2,86 0,6 0,98

En examinant verticalement la colonne qui renferme les moyennes des indices (la vraie moyenne) on s'aperçoit très vite qu'il existe un decres- cendo régulier lorsqu'on passe du groupe des petites statur.es au groupe des statures les plus grandes. Il y a, entre ces deux groupes extrêmes, une différence dépassant un peu une demi unité. Et si, à la place de !1t moyenne de ces indices, nous utilisons les in.dices des moyennes, le phé- nomène se présente exactement le même, plus net encore. Dans ce tableau III aussi on constate, en passant du groupe 3 au groupe 4, une très légère - elle est presque inexis~ante - augmentation de l'in.dice, au lieu

q~ la, diminution prévue. Il e:ot bi~n certain que cett.e Qbservation ne ~od~~

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pJTTARD !!T DONICI. - LES CHANGEMENTS Dl! L'INDICE CÉPHALIQUE 45 fie en rien les conclusions générales. Avec les indice3 des moyennes cet accroc au decrescendo régulier ne ~e manifeste pas.

Lorsqu'on utilise la moyenne des indices la différence entre les extrê- mes est un peu plus grande. Elle est de presque une unité.

La croissance des deux diamètres horizontaux principaux du crâ.ne est en ce qui concerne D. A. P. de 6mm5 environ plus grande chez les homm··s de plus haute stature que chez les hommes de plus ,petile stature. Elle est de 2mm 86 en ce qui concerne D. T.

En appliquant à ce groupe dolichocéphale la même formule que· tout·

à-l'heure:

Minimum D. A. P.

Maximum D. A. P.

Minimum D. T.

MaximumD. T.

dans laquelle le D. A. P. et le D. T. seraient successivement X et Y, nous avons:

X

=

185·54mm - 148.5mm

=

189.iS•m

145.64"'m

Y - i92.03mm - 148.5mm

=

153.69mm

- 185.54

d'où nous constatons que l'augmentation de D. A. P. est de 6mm 49 (192.03mm - 185.54mm) au lieu d'ètre 3.64mm (189.18mm - 185.54mm), et celle de D. T., 2.86mm (H8. 5mm - 145.64mm) au lieu de 5,09mm (153.69IDID - t45.64mm) donnant une confirmatio~ de ce fait que chez les crâ.nes dolichocéphales aussi, proportionnellement à l'augmentation de la taille, le D. A. P. croît davantage que D. T.

4. - Examen des typps céphaliques e.'l:trêmes.

Et maintenant que nous pouvons comparer, selon les mêmes groupes de taille, le développement de ces deux diamètres crâniens, nous pou- vons constater un fait extrêmement intéressant. A taille égale le diamètre antéro-postérièur des individus brachycéphales est toujours plus petit que celui des individus dolichocéphales.

Le diamètre transverse est chez eux toujours plus grand.

Quant aux différences absolues, selon les extrêmes de tailles, P,lles sont, dans les deux cas (D. A. P. et D. T.), plus grandes chez lés brachy- céphales. Or, il y a là un problème de développement sur lequel nous reviendrons un jour.

Les crânes dolichocépales croissent moins, à taille égale, anléro-pos- térieurement, que les crânes brachycéµhales. Ils croissent moins a11ssi transversalement, ce qui apparaît plus naturel quand on .pense à. leur forme. Mais la forme crânienne est le résultat d'un rapport dans l'expres- sion duquel les grandeurs absolues ne sont pas visibles.

(9)

46 SOCIÉTÉ· D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

5. - Examen des formes extrêmes.

Nous avons cherché à obtenir, par un autre moyen, une vérification de ce qui a été exposé ci-dessus en recherchant, dans chacun des grou-· pes de tailles : d'une part les formes crâniennes extrêmes du côté de la dolichocéphalie, et, de l'autre les formes crâniennes extrêmes du côté de la brachycéphalie. Un tel dépouillement nous a permis d'établir les ta- bleaux IV et V.

TABLEAU IV.

Pourcentage des formes brachycéphales· calculé à l'aide des crânes brachycéphales seuls (Roumains de sexe masculin).

Sous-brachycéphales Hyper et ultra

Taille. et brachycéphales. brachycéphales.

1 5'10 à 1 550 52.5 % 47.5 %

1.561 à 1.600 57.6 % 42:4 %

1.610 à 1.650 60 .. ~ % 39.l %

1. 660 à 1. 700 62.4 % 37-.. 6 %

1. î10 à 1. 750 65.18 % :34.82 %

1.760 à 1.800 64.8 % . 35.2 %

Dans ce tableau IV on peut constater, au fur et à mesure de la taï.lie. croissante, - exception pour le groupe terminal des plus hal.]tes sta- tures, - une diminution graduelle des formes hyper et ultra brachycé- phale.;. Le groupe des plus petites statures renferme une proportion de plus de 50 0/0 de ces formes crâniennes, tandis que le groupe des plus hautes statures n'en montre que 35 0/0. Il est bien entendu que ces pour- centages ne sont ca!Culés qu'à l'aide des.seules formes sous-.orachycéphales et brachycépales, et non à l'aide de la série entière. Dans celte dernière supposition ils seraient naturellement les plus faibles.

TARLEAU V.

Pourcentage des formes dolichocéphales calculé à l'aide des crânes

dolicho~lphales seuls (Roumains de sexe masculin).

Sous-dolichocéphales Hyper et ultra Taille. et dolichocéphales. dolichocéphales.

1. 510 à 1. 550 84

" %

16 %

1. 560 à 1. 600 83.33 % 16.67 %

1. 010 à 1.650 81.3 % 18 7 %

1. 660 à l. 700 82 % 18 %

1. 710 à 1. 750 79.5 % 20.5 %

1 760 à 1.800 79.05 % 20.95 %

Ce tableau représente les résultats de la même recherch.e que ci-dessu.§

rriais ~n utpis11nt seµlement le groupe dei .l)olichocéphaleii~

(10)

PlTTARD ET DONICI,· - LES CHANGEMENTS DE L'INDl~R CÉPHALIQUE 47.

Le-lecte.ur constatera qu'il nous .donne une image exactement inverse de ~elie .d.u tableau précédent, ce qui, théoriquement, si nos pré~isions étaient légitimes, devaient se présenter. Ici, les groupes de· faibles sta-.

tures possèdent seulement 16 0/0 de types hyper et ultra dolichocéphales.

tandis que les groupès de plus haute stature en renferment presque 2t 0/0. . .

Le.ëontenu ·de ces déux tableàux confirme donc les résultats consignés dans les trois .premiers tableaux.

L'influence de i'accroissement de la taille sur la valeur de l'indice céphaliq.ue apparaît donc avec une parfaite netteté quel que soit· le moyen employé pour déceler cette influence.

6. - Examen de la serie féminine.

Nou.s pouvons placer à côté de cette série masculine un grn~pe com- p.psé de 337 fernmes roumainel?.·. Cett_e quantité évidemment, n'est pas bien consid_érable_. Toutefois, ~lle _ e_st assez grande pour permettre de cqnstituer, avec des nombres déjà importan_ts, deux groupes que nous' pourrons opposer l'un ià l'autre. .

Le premier, composé. de 157 individus, possède un~ taille corn.prise entre i m: 45 et 1 m. 54. · · -4 · '-

Le second groupe renferme 180 individus. Il a une taille comprise

entr~ 1·m. 55 et i m. 64.

Nos calculs ont été faits sur les m~m~s. bases que ceux utilisés pour le contingent ·masculin. Mais ici,

à: .

cause du petit nombre de personnes composant la série totale, il nous a été impossible d'extrai.re les formes extrêmes pour en constituer des groupes crâniens que opus aurions opposés l'un à l'autr~ comme nous l'avons fait pour les hommes .

. A priori il !J.pparaît donc certain q·ue ce . qui ressortira de cette

comparaison .~era beaucoup moins net que.ce qu'auraient pu montrer des groupes naturels. .

Nous avons recherché dans la masse entière féminine - dont les indices individüels s'échelonnent de 70 à.97·- quelle allure prennent, dans leur développément re~pect-if les deux-·diamètres :--antéro~postérieur et trans·

verse.

La comparaison entre les deux groupes de taille est contenu dans les éléments du tableiiu :suivant. . ·

.1 . ÎAllLEAUVI.

Les diamètres A. P. et T. et l'-indice céphalique en fonction de la tàitte croissante chez 317 femmes roumaines. ·

Moyennes Indices des Taille.' D. A. P. D. T. <les indices. moyennes.

mm. mm. mm.

1. 450 à 1. 540 177,1 ' 144,6 81,79 81,6

~ .550. à 1.640 ·177,7 \• 145 81,53 ,81,5

:Pif!éreµc~s,

O,q

o,4 o,~fl. 0,1.

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48 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGII! DE PARIS

On voit qu'au fur et à mesure de la taille croissante les deux diamètres horizontaux principaux du crâne augmentent, d'ailleurs très faiblement.

Les moyennes des indi.ces céphaliques montrent une légère diminution en passant des petites tailles aux tailles plus élevées. Ce résultat est donc semblable à celui que les hommes ont, dans leur ensemble, appor\té. La loi qui les concerne est confirmée par l'étude des mêmes développements chez les femmes.

Cette démonstration est marquée également, quoique avec moins de netteté, si nous utilisons les _indices des moyennes.

Dans le mémoire écrit par l'un de nous et cité au début de cette note, une observation de même nature avait été enregistrée en étudiant une·

grande série de Tziganes. Les femmes Tziganes les plus petites avaient un indice céphalique un peu plus élevé que les femmes les plus grandes. Et déjà aussi nous avions constaté que la variation de la valeur de l'indice céphalique, en fonction de la taille croissante, était moins grande que dans la série masculine 1Peut-être cette plus faible variation provient-elle du fait que les femmes ont un moindre développement relatif de la région glabellaire?

7 . ...:. Le D. A. P. et le D. T. en fonction de la taille.

Il est utile de voir comment se comportent, pour chaque groupe de taille arrangés selon leur valeur croissante, les deux diamètres A. P. et T. en fonction de la taille même. Nous avons cherché ces rapports:

d'abord dans la série 'entière, puis chez les types brachycéphales isolés de la masse générale, et enfin chez les dolichocéphales considérés égale- ment à part. Ici, chaque groupe est représenté par sa taille moyenne, ce qui explique la différence qu'on pourrait constater entre les chiffres qui figurent dans les tableaux suivants et ceux inscrits dans les colonnes de la stature des tableaux précédents. Chez ces derniers les groupes de taille étaient échelonnés de 5 en 5 centimètres.

TABLEAU VIL

Taille DA. P. D. T. Taille D A. P. D. T.

moyenne. taille. taille. moyenne. taille. taille.

mm. mm.

1.528 11,83 9,83 1.679 11,11 9, 13

1.58ù 11,64 9,55 1.727 10,85 8,87

1.631 11,34 9,35 1.776 10,57 8,63

Différences des extrêmes. 248 1,:!6 1,2

1 C'est après de telles constatations que l'un de nous a es;ayé d'expliquer la brachy- céphalie plus accentuée des fe_.mmes dans les groupes ethniques brachycéphales, leur moindre dolichocéphalie dans les groupes ethniques dolichocéphales. li a pensé que les femmes, toujours plus petites que les hommes de leur groupe. devaient, vis·à·vis d'une telle étude. être considérées comme si elles n'avaient pas de sexe. Elles pourraient figurer dans les subdivisions des petites tailles, dans une série générale où les sexes seraien combinés. E. P1TTARD. les va1·iations seJ uel/es qe l'm{iice cépltalique. Actes de l!I Soç.

Wei Y. des .Sc. nat., Berne, 19Jl~. ·

(12)

PlTTARD ET DONICI. - LBS CHANGBMENTi! DB .L'INDICE CÉPHALIQUE

49

Ce tableau VU est constitué à l'aide de la série masculine entière, sans spécifications morphologiquès. Malgré l'état de complexité anthro- pologique de cette série on constate que les rapports vont en diminuant régulièrement depuis les petites statures jusqu'aux plus hautes.

· Il y a, entre les extrêmes, les variations suivantes:

10 Pour les extrêmes de tailles une différence de 248 mm.

2° Pour le rapport de D. A. P. sur taille une différence de 1 mm. 26 30 Pour le rapport de D. T. sur taille une différence de 1 mm. 2.

On voit donc que les rapports des grandeurs de D. A. P. et de D. T. à.

la taille diminuent au fur et à. mesure que la stature s'élève.

En cherchant les rapports, entre eux, des deux termes extrêmes de D. A. P. et de D. T. à la taille, nous trouvons: pour le premier 0,893 pour le second 0,888. Nous voyons donc que D. A. P. diminue moins vite que D. T. au fur et à mesure de la stature croissante.

ÎASLEAU VIJI.

Taille D. A. P. D. T. Taille D. A. P. D.T.

moyenne. taille. taille. moyenne. taille .. taille.

mm. mm.

1.530 11,63 9,99 1.678 10,9 9,33

1.b87 U,37 9,78 1 727 10,63 9,07

1.632 11,07 9,54 1.776 10,42 8,88

Différences des extrêmes. 246 1,2i 1,11 Dans ce tableau VIII ne figurent que les individus brachycéphales.

Leurs indices céphaliques sont compris entre 82 et 97. Les rapports cher- chés donnent des résultats semblables à ceux du tableau général; à peine un peu plus faibles. Les relations, entre les extrêmes des deux rapports contenus dans ce tableau sont les suivants·:. pour D. A. P. 0,896, pour D. T. 0,888.

TABLEAU IX.

Taille D. A. P. D. T. Taille D. A. P. D T.

moyenne. taille. taille. moyenne. taille. ~

mm. mm

1.525 12,16 9,55 l.680 11,41 8,85

1.585 11,85 9,~1 1 727 11,1'1 8,63

1.631 11,66 9,06 1 776 10,81 8,36

Différences des extrêmes, 251 1,35 1,19 Enfin le tableau IX ne contient que des documents concernant les individus dolichocéphales (indices céphaliques compris entre 70 et 79).

Ici nous constatons une différence entre les extrêmes un peu plus él~vée

que dans les deux tableaux précédents. Pour ce qui concerne la relation de .D. A. P. à la taille, les rapports entre eux des deux termes extrêmes

~ont : pour .Q. A. P. 0~889 et poµr D.

1'·

0,8~&,

(13)

50 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS

Lorsque nous examinons, comparativement, dans les deux derniers tableaux, les rapports du O. A. P. à la taille, nous voyons que, pour chaque groupe de taille, le rapport fourni par les types dolichocéphales est toujours plus élevé. Pour chaque groupe de taille également, le rap- port de D. T. est ch~que fois plus faible. On remarquera, dans ce table.au consacré aux. types dolichocéphales, que la valeur du rapport entre les deux termes extrêmes de la relation D. T. sur taille est t,19. Elle est légèrement supérieure à celle qui représente le même caractère dans la

série.des types brachycéphales. ,

Cett~ obser.vation permet de constater que la dolichocéphalie plus accen·

tuée des individus de haute taille n'est pas due à un raccourcissement relatif de D. T. qui serait plus considérable que chez les types brachycé- phales, mais bien à un allongement plus grand du D. A. P.

• !

Nous avons calculé les mêmes rapports dans la série féminine. Ces résult~ts sont co_nienus dans le. tableau X.

TABLEAU X.

Taille D. A. P. D. T.

Taille. moyenne. taille.

lame:-

1. 450 à 1. 540 1.506 mm. 11.76 9,59

.1. 550 à L640 :1..585 11 ,21 9,15

Différences. 79 0,5"> 0,44

· · Le D. A. P. et le D. T. diminuent relativement de grandeur au fur et à mesure de. la taille croissante. Les différences entre les extrêmes sont ici. plus faibles que dans la série masculine, quel que soit le point de vue auquel elle ait été étudiée. Les relations entre les rapports des deux termes extrêmes sont : pour O. A. P. 0,957; pour O. T. 0,954, plus élevés que chez .tes hommes.

CONCLUSIONS.

L'intérêt du présent travail réside surtout dans ce fait qu'il nous a été possible de disséquer la grande série d'individus mise à notre di~posi­

tion et d'opérer des études ·sur des groupes isolés, morphologiquement distincts. Ces groupes, s'ils ne représentent pas des séries pures, sont néanmoins, à cause du triage qui a été fait, des groupes définis. Les comparaisons que nous pouvons tenter présentent à cause de cela infini- ment plus d'intérêt.

Ceci dit nous pouvons constater les faits suivants:

t 0 La taille possède une influenc(l çert<l.ine ~tff la valeur de l'indice céphalique;

(14)

PITTARD I!T DONid. - Li!s ciiANGI!MI!Nrs DI! L'INDICE deliALIQtiE

51

2° Au fur et à mesure de la taille croissante nous voyons la brachy- . céphalie, dans les groupes brachycéphales, diminuer ; la dolichocéphalie

dans les groupes dolichocéphales, augmenter ;

3° Les deux diamètres A. P. et T. servant à obtenir l'indice cépha- lique croissent d'une manière absolue au fur et à mesure que croit la taille.

Mais cette croissance ne se manifeste pas avec un rythme égal pour ces deux dimensions. D. A. P. croit plus vite que D. T.;

4° Quand on cherche le rapport de D. A. P. et de D. T. à la taille dans les différents groupes de statures, on constate que, au fur et à mesure que 111 taille s'élève, la grandeur relative de D. A. P. et de D. T. diminue moins que le rapport de D. T. à la même dimension ; ·

5° La dolichocéphalie plus accentuée des individus de haute taille provient donc d'une augmentation relativement plus grande du diamètre A.

P.

et non d'un raccourcissement relatif du diamètre transverse.

La «loi de Pittard sur l'indice céphalique» est ainsi confirmée.

De telles constatations concourent - comme d'autres de même qualité exprimées autrefois - à repousser les hypothèses formulées au sujet de la prétendue attirance par les villes des individus à la fois les plus grands et les plus dolichocéphales.

Cette prétendue sélection sociale s'explique par la coexistence de deux résultats physiologiques :

L'agrandissement de la taille due aux conditions de la vie urbaine (résultat qu'à nos yeux, contrairement à l'opinion courante, il faut consi- dérer comme un déficit);

L ·abaissement de l'indice céphalique dü à cette augmentation de la taille.

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