• Aucun résultat trouvé

Marchés financiers et conjoncture. Gros plan sur l Europe: l économie en mouvement 2/2021

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Marchés financiers et conjoncture. Gros plan sur l Europe: l économie en mouvement 2/2021"

Copied!
36
0
0

Texte intégral

(1)

Gros plan sur

l’Europe: l’économie en mouvement

perspectives

Marchés financiers et conjoncture

(2)

«Pour relever les défis de demain, l’UE aspire à une intégration plus large de l’Europe.»

Sandro Merino, Chief investment officer

(3)

Éditorial

Sandro Merino Chief investment officer

Gros plan sur l’Europe:

l’économie en mouvement

Chères lectrices, chers lecteurs,

La gestion de la pandémie a exacerbé les différences entre les grands espaces économiques que constituent les États-Unis, l’Europe et la Chine. Le présent numéro de notre magazine est consacré à l’Europe. Mais qu’est-ce que l’Europe? Parle-t-on du continent ou de l’UE? La Russie et la Turquie font-elles partie de l'Europe? Pourquoi la thématique européenne donne-t-elle tant de fil à retordre à la Suisse?

Avec la création du marché intérieur et de l’euro, qui s’est finalement avéré plus stable que sa réputation, un espace économique d’envergure internationale a vu le jour. Bien que le Royaume- Uni ou la Suisse préfèrent conserver leur indépendance, le libre accès à ce marché est une priorité stratégique incontestée pour les deux pays. Le marché intérieur contribue également à intensifier les liens entre les nations à plusieurs niveaux.

Les valeurs fondamentales européennes, telles que la diversité, la liberté et l’État de droit, sont défendues et consolidées sur l’ensemble du continent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Avec l’essor apparemment inéluctable de la Chine, qui devrait devenir la plus grande puissance économique de la planète, l’étau des intérêts politiques chinois et américains, qui divergent fortement, se resserre de plus en plus autour de l’Europe. Cette dernière aurait intérêt à adopter un rôle de médiation, qui se dessine déjà d’un point de vue pragmatique.

Les valeurs de l’Europe constituent un précieux atout à l’ère de la mondialisation et des systèmes politiques concurrentiels. Elles doivent notamment être prises en compte dans la conception de placements durables. J’espère que notre perspective sur l’Europe s’avérera enrichissante pour les investisseurs qui nous lisent.

Sincères salutations

(4)

3

Éditorial

6

L’Europe prise en étau entre la Chine et les États-Unis La montée en puissance de la Chine vers la première place du podium économique mondial est inéluctable.

Les investissements en Chine ne comportent pas seulement des risques et opportunités financiers pour les investisseurs européens.

10

L’euro vaut mieux que sa réputation

Malgré des critiques justifiées au sujet de l’organisation de l’Union monétaire européenne, l’euro est un véritable succès.

14

Interdépendance économique: encore du potentiel pour l’Europe

L’interdépendance économique des États de l’UE et des pays associés est déjà bien engagée. Son approfondisse- ment nécessiterait de céder davantage de compétences nationales.

Dans ce numéro

6

L’Europe prise en étau entre la Chine et les États-Unis

10

L’euro vaut mieux que sa réputation

14

Interdépendance économique:

encore du potentiel pour l’Europe

(5)

18

L’Europe en route vers la transformation verte L’Europe entend être le premier continent à atteindre la neutralité climatique. L’objectif est ambitieux, mais réalisable.

22

Conséquences politiques et économiques du Brexit pour l’Europe

Le processus de sortie de l’UE a été long et difficile.

Les conséquences pour l’Europe et le Royaume-Uni sont clairement palpables, tant sur les plans politique qu’économique.

26

Les métropoles européennes de plus en plus chères Le marché de l’immobilier en Europe est depuis toujours attrayant. Mais l’urbanisation et l’amélioration du niveau de vie poussent les prix à la hausse.

30

L’Europe du point de vue des investisseurs

Même si l’Europe devra bientôt se contenter de taux de croissance du produit intérieur brut nettement plus faibles, les actions européennes ont leur place dans tout portefeuille équilibré.

30

L’Europe du point de vue des investisseurs

22

Conséquences politiques et économiques du Brexit pour l’Europe

(6)

Par Peter Berger, senior investment advisor

L’Europe prise

en étau entre la Chine et les États-Unis

La Chine détrônera bientôt les États-Unis au rang de première puissance

mondiale. Du point de vue européen, les questions de politique commerciale

et sociale dans les rapports avec et entre ces deux États devraient gagner

en importance. Les investissements chinois comportent des risques et

des opportunités pour les investisseurs européens. Il est difficile pour ces

derniers de trouver des possibilités de placement intéressantes.

(7)

Le dilemme économique de l’Europe s’est manifesté concrètement à l’occasion du sommet du G7 mi-juin. Le programme infrastructurel proposé par les États-Unis, en contre-pied de l’initiative chinoise de «nouvelle route de la soie», a certes rencontré le soutien de certains partenaires européens, mais en dehors de la Grande-Bretagne, des pays comme l’Allemagne ou l’Italie se sont montrés peu enthousiastes. La raison? Aucun des deux ne veut compro- mettre son solide partenariat économique avec la Chine.

L’engouement des autres États européens était également limité. Rien d’étonnant à cela, dans la mesure où le géant chinois est devenu en 2020 le premier partenaire de l’UE, devant les États-Unis. L’alternative au projet de «nouvelle route de la soie», qui se monte à plusieurs milliards, repré- sente cependant une tentative de taille de la part du gou- vernement américain pour freiner la croissance du concur- rent asiatique.

La Chine renforce sa puissance économique …

La montée en puissance de la Chine vers la première place du podium économique mondial semble inéluctable. Le Centre for Economics and Business Research (CEBR) britannique prévoit ainsi que le pays détrônera les États- Unis en 2028. L’économie chinoise devrait dépasser celle des États-Unis de 50 % (après correction du pouvoir d’achat) d’ici 2050 (voir fig. 1).

D’après les estimations du CEBR, les États-Unis devraient même passer au troisième rang des économies mondiales, après l’Inde, d’ici 2050. Dans le même temps, il est prévu que l’écart entre les plus grandes puissances (Chine, Inde et États-Unis) et le reste du monde se creuse de façon significative dans les prochaines décennies. L’Europe perdra encore plus de terrain: alors que l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie se sont classées parmi les dix premières puissances mondiales au cours de l’année écoulée, les prévisions de PwC laissent entrevoir que seules l’Allemagne et la Grande-Bretagne y figureront encore en 2030. En 2050, il ne restera plus que l’Allemagne.

La Chine, malgré le conflit commercial toujours larvé avec les États-Unis, a conclu en novembre 2020 le plus grand accord de libre-échange au monde avec 14 États de l’Asie-Pacifique. L’État communiste a ainsi profité du vide créé par le retrait américain (administration Trump) des négociations relatives à la zone de libre-échange trans- atlantique entre les États-Unis et l’Europe (PTCI). Le nou- veau partenariat économique de l’espace Asie-Pacifique (RCEP) concerne 2,2 milliards de personnes et environ un tiers de la performance économique mondiale. Parallèle- ment, les programmes en cours depuis 2006 en Afrique dans le secteur des matières premières (pétrole, gaz, minerais) ainsi que dans l’aide militaire et au développe- ment sont progressivement développés.

L’Europe prise en étau entre la Chine et les États-Unis

Fig. 1: évolution du classement des premières économies mondiales*

2020 2030 2050 Place Pays PIB Pays PIB Pays PIB

1 États-Unis 20,932 Chine 36,112 Chine 61,079

2 Chine 14,722 États-Unis 25,451 Inde 42,205

3 Japon 5,048 Inde 17,138 États-Unis 41,384

4 Allemagne 3,803 Japon 6,006 Indonésie 12,210

5 Grande-Bretagne 2,710 Indonésie 5,486 Brésil 9,164

6 Inde 2,708 Brésil 4,996 Mexique 8,014

7 France 2,996 Russie 4,854 Japon 7,914

8 Italie 1,884 Allemagne 4,590 Russie 7,575

9 Canada 1,643 Mexique 3,985 Nigeria 7,345

10 Corée du Sud 1,630 Grande-Bretagne 3,586 Allemagne 6,338

Source: FMI, PwC; * Estimations du PIB en milliers de milliards de dollars américains (en parité de pouvoir d’achat)

(8)

L’Europe prise en étau entre la Chine et les États-Unis

Outre ces facteurs économiques, une série de facteurs structurels amènent à penser que la Chine détrônera les États-Unis au rang de superpuissance économique pen- dant la première moitié de ce siècle. Grâce à une moder- nisation fondamentale, la République populaire devrait atteindre d’ici 2035 un produit intérieur brut par habitant correspondant à celui d’un pays industrialisé moyen. À cet effet, elle entend promouvoir les technologies clés et de- venir l’un des pays les plus innovants. Le pays souhaite également se protéger davantage contre les sanctions.

L’un des éléments clés est la consolidation de l’économie intérieure, qui repose sur une stratégie de «double circuit économique»: grâce à un marché intérieur fort, l’économie domestique et le commerce extérieur se stimuleront mu- tuellement. Les réformes structurelles et les innovations technologiques dans les domaines du big data, de l’intel- ligence artificielle et de l’intégration d’Internet permet- tront d’améliorer et d’étendre l’offre, faisant ainsi aug- menter la demande. La hausse du niveau des salaires, le développement du secteur des services et la croissance de la classe moyenne contribueront également à dynamiser la demande intérieure. Les dépenses de défense consti- tuent en outre pour la Chine un facteur clé pour les inno- vations dans les domaines de la communication, du trans- port et de l’énergie. Le pays investira également dans la recherche et les demandes de brevets.

… tandis que les États-Unis perdent leur place dominante La lutte de pouvoir entre les États-Unis et la Chine, en- clenchée par Donald Trump, est entretenue par son suc- cesseur, bien qu’elle repose désormais sur une rhétorique différente. Joe Biden ne veut pas non plus admettre que la Chine deviendra la première puissance mondiale. Ce- pendant, même les prévisions de croissance du Congrès américain sont claires: d’ici 15 ans au plus tard, les États- Unis ne seront plus la première économie du monde. Grâce à leurs forces dans de nombreux domaines (marchés fi- nanciers, technologie, science, puissance militaire et/ou relations extérieures), ils devraient toutefois conserver une position dominante à long terme, quoi qu’en disent les Cassandre. Il en va de même pour le statut du dollar amé- ricain comme devise de réserve mondiale. D’après les don- nées du Fonds monétaire international, il s’agit de la devise de réserve la plus répandue. À la fin du premier trimestre 2021, il représentait 59 % des réserves mondiales. Le billet vert est en outre considéré comme la monnaie la plus stable et la plus liquide pour le commerce mondial. Compte tenu des tensions politiques que subit la Chine à l’intérieur et hors de ses frontières, il est difficile d’imaginer que le yuan puisse assurer le même rôle.

En 2020, la Chine est devenue le plus important partenaire

commercial de l’UE.

L’essor économique du pays s’accompagne d’un renforce- ment politique, qui donne du fil à retordre au régime com- muniste. En effet, outre les tensions de politique intérieure avec les différents groupes ethniques (Tibétains, Ouïghours, Kazakhs, Tatars, Kirghizes, Mongols, Zhuang), la Chine fait face à des différends avec plusieurs États (frontaliers).

À commencer par son comportement agressif envers Taïwan, le conflit larvé avec le Japon au sujet d’un archipel inhabité et les tensions avec le Vietnam et les Philippines.

La délimitation des frontières avec l’Inde demeure en outre confuse. Une opposition politique aux conditions de crédit opaques et peu équitables a également émergé dans les pays africains dans lesquels la Chine se positionne en bail- leur de fonds intraitable. Le récent conflit avec l’Australie (qui refuse de cofinancer la «nouvelle route de la soie») montre aussi le positionnement sans compromis du pou- voir chinois, même à l’égard des partenaires commerciaux importants. Toutes ces dissensions sont susceptibles de limiter le rôle du yuan.

Europe: miser sur la coexistence et la coopération En 2020, la Chine est devenue le plus important partenaire commercial de l’UE. Pour l’Europe, diverses questions émergent de la dynamique de croissance chinoise et quant à sa position «en étau» entre le géant asiatique et les États-Unis: comment se positionner entre les deux pays?

L’Europe doit-elle former un contrepoids face à la Chine avec les États-Unis et des États alliés? Les interactions avec la Chine deviennent délicates autour des sujets de politique sociale et économique, ainsi que de la gestion des droits humains et des minorités, de la liberté d’expres- sion, du vol de la propriété intellectuelle ou de l’accès ré- ciproque aux marchés des capitaux. Il faut s’attendre à ce que les relations s’avèrent très difficiles à entretenir. Car le conflit entre les États-Unis, l’Europe et la Chine ne se résume pas à un différend commercial, mais repose sur une confrontation séculaire entre deux systèmes. Sur le plan de l’indépendance économique, l’Europe n’a pas d’autre choix que de suivre une voie pragmatique pour ne pas mécontenter ses deux partenaires commerciaux sans pour autant compromettre ses propres normes et valeurs.

(9)

L’Europe prise en étau entre la Chine et les États-Unis

À quoi se préparer pour investir en Chine

Les investisseurs ne pourront eux non plus faire l’impasse sur les considérations morales dans leurs décisions de pla- cement en lien avec la Chine. Il s’agit de savoir dans quelle mesure les investissements dans un système autoritaire ne garantissant pas la liberté d’opinion politique ni les droits humains fondamentaux sont compatibles avec la conscience personnelle. Compte tenu des mutations éco- nomiques, on peut aussi se demander si la Chine attirera davantage d’investissements dans le futur. Les considé- rations relatives aux risques et au rendement jouent à cet égard un rôle essentiel. Les prévisions selon lesquelles la Chine détrônera là aussi les États-Unis dans les années à venir doivent être analysées avec prudence. En effet, il

n’existe aucun lien statistique entre la croissance écono- mique d’un pays et les rendements des actions de ses en- treprises. La croissance économique chinoise repose en outre surtout sur des entreprises qui ne sont pas cotées en bourse, tandis que celle des États-Unis est en grande partie due à de grands groupes. Le manque de transpa- rence des structures chinoises constitue un autre problème, que ce soit en matière de comptabilité, de relations com- merciales ou de développement durable. Sans parler du fait que la justice chinoise ne peut pas agir en toute indé- pendance en cas de différend. Chaque investisseur doit par conséquent évaluer et peser le pour et le contre d’un placement dans ce pays. ■

Les investisseurs ne pourront eux non plus faire l’impasse sur les propres valeurs telles que la démocratie, la liberté et les droits de l’homme dans leurs décisions de placement en lien avec la Chine.

(10)

L’euro dépasse sa mauvaise réputation

(11)

Vous vous souvenez des voyages en Europe dans les années 1990? Pour traverser le Vieux Continent, il fallait transpor- ter avec soi tout un assortiment de devises différentes. À la fin du voyage, il n’était pas rare que l’on se retrouve avec quelques lires italiennes, francs français, pesetas espa- gnoles, florins néerlandais ou marks allemands en poche.

Comparer les prix des hôtels ou des places de camping entre les pays pouvait s’avérer difficile, et des fluctuations imprévues des taux de change étaient susceptibles de mo- difier le coût du voyage. Sans parler des frais et des cours d’achat et de vente lors du change dans différentes mon- naies nationales. Ce que l’on expérimentait pendant les vacances, les entreprises y étaient confrontées au quoti- dien. La monnaie unique (adossée à l’Union européenne) a permis de réduire considérablement les incertitudes, les risques et, partant, les coûts, tout en redynamisant grandement l’économie européenne et en contribuant à une forte hausse des produits intérieurs bruts nationaux.

Outre ces intérêts économiques, les décisionnaires de l’époque voyaient dans l’euro un jalon essentiel de l’inté- gration politique et économique de l’Europe. Et, comme toujours en démocratie, des compromis ont été nécessaires

Par Stefan Kunzmann, responsable Investment Research

L’euro vaut mieux que sa réputation

Avant même son introduction, la monnaie unique européenne essuyait de nombreuses critiques, notamment de la part de spécialistes allemands.

Depuis son lancement le 1er janvier 1999, elle a dû surmonter plusieurs épreuves. Malgré quelques reproches encore justifiés au sujet de l’organisation de l’Union monétaire européenne, l’euro est un véritable succès. La confiance dans la devise et la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) se traduisent largement par la stabilité des prix et les prévisions d’inflation relativement basses.

pour mettre en place la monnaie unique. Ainsi, le traité de Maastricht et les critères de convergence, ainsi que la décision d’établir le siège de la BCE à Francfort, ont consti- tué des concessions envers une Allemagne attachée à la stabilité, tandis que la suppression du mark et la perte d’importance de la Deutsche Bundesbank ont permis aux pays d’Europe du Sud de réduire en partie la domination allemande en matière de politique monétaire et fiscale.

Aujourd’hui, plus de 20 ans après l’introduction de l’euro, il serait inimaginable de le supprimer de l’ordre monétaire mondial. Dans le contexte des relations internationales qui se dessinent avec la Chine et les États-Unis – les deux principaux pôles économiques – il sera de plus en plus dif- ficile pour les différents pays, dont ceux d’Europe, de faire entendre leur voix et de faire valoir leurs intérêts dans le cadre de conflits. Une monnaie forte, acceptée à l’inter- national et répandue dans le monde entier, constitue donc un facteur géostratégique essentiel sur lequel peuvent s’appuyer les pays de l’union monétaire dans le cadre de conflits politiques et est susceptible d’offrir aux entreprises de l’espace monétaire des possibilités de financement im- portantes.

(12)

Fig. 3: l’Europe a atteint un haut niveau de stabilité des prix*

12/69 12/78 12/87 12/96 12/05 12/20

35 30 25 20 15 10 5 0 -5

Source: Banque Cler, Bloomberg, OCDE; * taux d’inflation en Europe depuis 1970 en %

Espagne France Italie Allemagne

Fig. 2: une nette augmentation des bilans des banques centrales suite à la crise sanitaire*

01/00 01/04 01/08 01/12 01/16 01/20

160 140 120 100 80 60 40 20 0

Source: Banque Cler, Bloomberg; * chiffres en % du PIB BNS (Suisse)

BoE (Grande-Bretagne)

BoJ (Japon) Fed (États-Unis)

BCE (zone euro) L’euro vaut mieux que sa réputation

Selon nous, les principales difficultés de l’euro et de la BCE résident moins dans les facteurs économiques et géostra- tégiques que du côté de la politique. Ainsi, par le passé, la position nettement renforcée des populistes en Italie et leur flirt avec une sortie de la zone euro ont provoqué quelques inquiétudes. La prochaine épreuve décisive aura lieu en 2022, lors de la tenue des élections présidentielles françaises, où Marine Le Pen devrait affronter un Emma- nuel Macron quelque peu affaibli, du moins actuellement.

Pour couper les ailes aux populistes, il est important que la monnaie européenne soit assortie de mesures fiscales communes aux pays de l’Union, comme le plan de soutien de l’UE. Les mécanismes d’action concrets, loin d’être au-dessus de tout soupçon, importent moins que le signe de la solidarité et de la capacité de mobilisation collective.

Rétrospectivement, l’euro a répondu à des attentes essen- tielles. Le fait est que la BCE et l’euro ont été des stabili- sateurs et des facteurs d’intégration importants lors des crises passées. Dans certaines circonstances, la BCE peut de plus assurer la fonction de prêteur en dernier ressort pour les États. Les avis divergent quant au fait que les instruments de politique monétaire utilisés actuellement par la BCE résultent de la théorie purement scientifique d’économistes attachés à la stabilité ou que les différents programmes d’achat d’obligations s’apparentent déjà à un financement indirect des budgets des États. Cet argu- ment ne s’applique cependant pas aux critiques envers l’euro par rapport aux autres devises principales. Car la Réserve fédérale américaine, la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon et la BNS ont elles aussi adopté des mesures exceptionnelles et augmenté massivement leurs bilans (voir fig. 2) suite à la crise financière et à la pandémie de Covid-19.

Si l’on remonte plus loin dans l’histoire, la BCE, l’euro et leur ancêtre, le système monétaire européen (SME), ont réalisé de grands accomplissements, notamment la convergence des taux d’inflation en direction du haut niveau de stabilité des prix allemand (voir fig. 3). Cette stabilité des prix a fait diminuer les coûts de financement, renforcé la fonction de signal des prix comme indicateurs de pénurie et réduit les incertitudes relatives aux décisions d’investis- sement.

(13)

L’euro vaut mieux que sa réputation

Au cours des deux dernières décennies, la BCE a réussi à faire émerger une confiance envers l’institution. Nous pensons que cette confiance perdure malgré les mesures inhabituelles adoptées pour surmonter la crise – ou peut- être grâce à elles. Nous tablons donc sur une pérennité de l’euro et de l’intégration européenne. La pandémie de Covid-19 a agi comme un catalyseur dans ce contexte: le plan de soutien de l’UE et le recours commun à la dette n’auraient pas été envisageables sous cette forme avant la crise sanitaire. Les pays de la zone euro ont cependant encore un peu de travail à fournir pour que l’euro et l’UE ne soient pas mis en péril. Les débats autour de la monnaie unique continueront par conséquent à nous occuper et à provoquer des remous sur les marchés financiers. ■

Compte tenu de la confiance accordée à la BCE, nous prévoyons pour les années à venir un maintien du haut niveau de stabilité des prix et des rendements obliga- taires peu élevés en comparaison historique. Des pers- pectives positives pour les débiteurs signifient pour les investisseurs une pénurie durable de placements à taux fixe. Cela ne s’applique pas uniquement aux investis- sements en euros, mais aussi à ceux en francs suisses.

Il est peu probable que la Banque nationale suisse dé- corrèle fortement sa politique monétaire de celle de la BCE et prenne le risque d’une nette valorisation du franc. Cela serait difficile à expliquer, dans la mesure où la BNS fait également face à un haut niveau de stabilité des prix (consensus relatif à l’inflation fin juin pour 2022: 0,5 %). Les taux d’inflation actuellement quelque peu élevés sont notamment dus à des effets de base et à des processus d’adaptation liés à la crise du coronavirus, mais devraient être de nature tempo- raire. Pour les investisseurs, il s’agit de continuer à lar- gement diversifier les actifs et à prendre en compte dans leurs décisions les placements risqués, comme les actions, en fonction de leurs objectifs. Étant donné le haut niveau de stabilité des prix et la politique moné- taire expansionniste, les obligations demeurent sans attrait à court terme.

Quel impact

sur les placements?

Selon nous, les principales difficultés de l’euro et de la BCE résident moins dans les facteurs économiques et géostratégiques que du côté de la politique (photo: Christine Lagarde, présidente de la BCE).

(14)

Par Brigitta Lehr, analyste financière

Interdépendance économique:

encore du potentiel pour l’Europe

Avec la création du marché intérieur européen il y a tout juste 30 ans, le processus d’intégration initié après la Seconde Guerre mondiale pour garantir la paix, la stabilité et le bien-être en Europe a connu une avancée.

Le marché commun se fonde sur le principe de libre circulation de quatre éléments: marchandises, services, capitaux et personnes. Parallèlement à la suppression des entraves non tarifaires au commerce (harmonisation et reconnaissance mutuelle des normes techniques ou suppression des contrôles physiques aux frontières), ces mesures contribuent à accroître la concurrence et à améliorer le bien-être, la productivité et l’innovation.

L’interdépendance économique des États de l’UE et des pays associés est déjà bien engagée. C’est ce que montrent les indicateurs relatifs à la répartition des quatre piliers du marché intérieur. Le volume total des interactions avec l’étranger est comparé à la performance économique ou à la population des pays, et la part correspondant à l’UE est mesurée (fig. 4A à 4D).

L’interdépendance économique montre des différences substantielles, mais une grande importance de l’Europe Notre analyse de données (année 2019, Europe des 28 incluant le Royaume-Uni) met en évidence certaines dis- parités substantielles entre les différentes économies en matière d’interdépendance générale avec l’étranger dans les quatre catégories. La part correspondant à l’UE se monte cependant presque toujours à plus de 50 % dans le commerce de marchandises et de services, ainsi que dans les investissements directs à l’étranger, ce qui témoigne de la grande importance du marché intérieur. Des diffé-

la proportion d’habitants étrangers est très faible (valeur sur l’axe des abscisses: 0,8 %), et seulement 11 % de ces personnes proviennent de pays extérieurs à l’UE (valeur sur l’axe des ordonnées). Cela s’explique par les disparités de revenu et l’attrait de l’Ouest qui en résulte. À l’inverse, le Royaume-Uni affiche une part supérieure à la moyenne européenne dans le domaine de la liberté de circulation des personnes (valeur sur l’axe des ordonnées: 60 %). Malgré une interdépendance très élevée des Britanniques avec l’UE, l’intégration dans le domaine du commerce et des capitaux est relativement basse par rapport aux autres pays. Les coûts du Brexit devraient donc s’avérer moins lourds pour le Royaume-Uni qu’ils ne l’auraient été pour d’autres pays s’ils avaient quitté l’UE.

En matière de concentration des capitaux, le Luxembourg, Malte, l’Irlande et Chypre font figure d’exceptions, en raison de leurs particularités fiscales et réglementaires.

Leur secteur financier se caractérise également par un

(15)

Interdépendance économique: encore du potentiel pour l’Europe

(16)

La vedette du marché intérieur est la circulation des mar- chandises. Le volume commercial des pays participants par rapport au PIB se monte en moyenne à tout juste 70 %, bien au-delà de la part de valeur ajoutée que représentent les secteurs industriel et agricole à eux deux. La part élevée des pays de l’UE partenaires dans le commerce de mar- chandises témoigne du fort attrait et du bon fonctionne- ment du marché intérieur.

À l’inverse, l’intégration dans le commerce des services – à l’exception des pays possédant un secteur des services financiers dominant – demeure en deçà des possibilités.

Dans ce cadre, le secteur contribue de façon exceptionnelle à la valeur ajoutée globale, avec une moyenne supérieure à 70 %. Le commerce des services n’atteint la plupart du temps qu’une part de 30 % du volume de transactions global, la nécessité de la présence physique et les barrières linguistiques constituant des obstacles dans certains do- maines. Compte tenu du niveau actuel, un potentiel non négligeable d’intégration et de croissance existe cepen- dant. Ainsi, les prestations de conseil juridique et fiscal ainsi que les services d’ingénierie ou d’architecture sont rarement fournis à l’étranger en raison des particularités locales, tandis que d’autres domaines, tels que le conseil en management, la recherche et le développement, la publicité et l’analyse de marché connaissent peu de res- trictions.

Le commerce des services n’a jusqu’à présent pas exploité tout

son potentiel. Une intégration plus avancée favoriserait la concurrence et le bien-être.

En raison de la fragmentation des marchés des services européens et de la moindre intensité concurrentielle qui en résulte, la croissance de la productivité dans le domaine des services en Europe a été deux fois moins élevée qu’aux États-Unis au cours des 20 dernières années. Aucune des entreprises qui se sont récemment hissées au sommet du marché des actions ne vient d’Europe: Apple, Microsoft, Amazon, Facebook, Google, Taiwan Semiconductor, Tesla, Tencent ou Alibaba sont toutes fortement impliquées dans le domaine technologique, dans lequel l’Europe a mani- festement des lacunes.

L’Europe devra relever de grands défis si elle souhaite jouer un rôle majeur dans le monde

Le tournant démographique, le renforcement économique et la force d’innovation croissante d’autres régions, no- tamment de la Chine, ont commencé il y a longtemps déjà à faire reculer l’importance de l’Europe. Actuellement, seuls trois des quatre pays européens membres du G7 font partie des sept plus grandes nations en termes de puis- sance économique. Une intégration plus avancée pourrait cependant permettre de renforcer le poids économique et politique de l’UE.

Elle nécessiterait de céder davantage de compétences nationales et de renoncer à des particularités locales, comme dans le secteur des services. Ce processus d’inté- gration est une initiative délicate, dont le poids s’accroît proportionnellement au nombre de participants et de leurs intérêts particuliers. Cela se manifeste également dans le dilemme de la Suisse, qui a apporté une réponse négative à la demande de l’UE visant à établir un accord-cadre pour élargir le champ du traité bilatéral complexe, rigide et fragmenté. L’UE entretient diverses relations avec des États tiers, qui peuvent aller des accords de libre-échange et d’union douanière à l’intégration dans le marché com- mun. Son objectif consiste à donner un cadre flexible à ces relations, afin de garantir leur adaptabilité en cas d’évo- lution des conditions. Il s’agit également d’éviter la possi- bilité d’interprétations multiples d’un cadre réglementaire complexe grâce à des dispositifs d’arbitrage, et de garantir un équilibre entre droits et obligations lors de l’accès au marché intérieur. Cet aspect revêt également une grande importance dans les rapports internes à l’UE.

La capacité à agir et le sens du compromis ne se déve- loppent malheureusement que dans les situations d’urgence ou sous une pression extérieure. L’exemple de la Suisse, dont le processus d’intégration vers un État fédéral a été couronné de succès malgré les difficultés, devrait donner un peu d’espoir à l’UE. Espérons que la voie vers une Europe plus intégrée évitera l’écueil des conflits militaires, tels que la guerre du Sonderbund qui a précédé l’entente relative à la Constitution fédérale suisse en 1848. ■

Interdépendance économique: encore du potentiel pour l’Europe

(17)

Fig. 4A à 4D: répartition des quatre piliers du marché intérieur

Ouverture générale des économies nationales à l’étranger (axe des abscisses) et part de l’UE (axe des ordonnées)

Codes ISO des pays et année d’adhésion à l’UE: AUT Autriche (1995), BEL Belgique (1958), BGR Bulgarie (2007), CHE Suisse, CYP Chypre (2004), CZE République tchèque (2004), DEU Allemagne (1958), DNK Danemark (1973), ESP Espagne (1986), EST Estonie (2004), FIN Finlande (1995), FRA France (1958), GBR Royaume-Uni (1973), GRC Grèce (1981), HRV Croatie (2013), HUN Hongrie (2004), IRL Irlande (1973), ISL Islande, ITA Italie (1958), LTU Lituanie (2004), LUX Luxembourg (1958), LVA Lettonie (2004), MLT Malte (2004), NLD Pays-Bas (1958), NOR Norvège, POL Pologne (2004), PRT Portugal (1986), ROU Roumanie (2007),

SVK Slovaquie (2004), SVN Slovénie (2004), SWE Suède (1995) 90 %

80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0 %

90 % 85 % 80 % 75 % 70 % 65 % 60 % 55 % 50 % 45 % 40 %

90 %

80 %

70 %

60 %

50 %

40 %

30 % 100 %

90 % 80 % 70 % 60 % 50 % 40 % 30 % 20 % 10 % 0 % Part de l’UE (28 pays) dans la population étrangère

Part de l'UE (28 pays) dans le commerce de marchandises Part de l'UE (28 pays) dans le commerce des services

Part de l’UE (28 pays) dans les investissements directs étrangers

Ouverture: part d’étrangers en % de la population globale

Ouverture: exportations et importations de marchandises

en % du PIB Ouverture: exportations et importations de services

en % du PIB

Ouverture: investissements directs à l’étranger ou en provenance de l’étranger, en % du PIB

0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 %

0 % 90 % 140 % 190 % 0 % 100 % 200 % 300 %

0 % 100 % 200 % 300 %

LUX

LUX

LUX IRL

IRL

IRL

IRL BEL

BEL

BEL

BEL

DNK

DNK

DNK DEU

DEU DEU

DEU AUT

AUT

AUT NLD

NLD

NLD FIN NLD

FIN FIN

PRT FIN

ESP

ESP

ESP DNK FRA

PRT GBR

PRT

PRT SWE

SWE SWE

SWE

FRA

FRA FRA

ITA

ITA

ITA

GBR

GBR GRC

GRC GRC

GRC ITA ISL

ISL ISL

CHE

CHE

CHE

CHE NOR

NOR

NOR NOR

LVA

LVA LVA

LVA

EST

EST EST

EST

POL

ROU

ROU POL

BGR

BGR

BGR MLT

BGR

SVN

SVN

SVK

LTU

LTU

LTU LTU

HRV

HRV

HRV

POL POL

CYP SVK

SVK

CYP CZE

CZE

HUN HUN

SVN

HUN ROU

HUN CZE

CZE

GBR LUX

MLT

CYP

C – Commerce de marchandises D – Commerce des services

A – Libre circulation des personnes B – Concentration des capitaux

SVKSVN AUT

ESP

États membres ayant adhéré à l’UE jusqu’en 1995 États membres ayant adhéré à l’UE à partir de 2004

Pays associés GBR: sortie de l’UE

Interdépendance économique: encore du potentiel pour l’Europe

(18)

Par Nicolas Hefti et Daniel Breitenstein, analystes financiers

L’Europe en route vers la transformation verte

L’Europe entend être le premier continent à atteindre la neutralité

climatique. Il s’agit d’un objectif ambitieux, mais réalisable. Depuis

(19)

Fig. 5: la part d’énergies renouvelables dans la consommation électrique brute allemande augmente

Énergie hydraulique Éolien terrestre

Éolien en mer Photovoltaïque

Biomasse Géothermie

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020*

50 % 45 % 40 % 35 % 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 5 % 0 %

Source: Banque Cler, Ministère fédéral de l’Économie et de l’Énergie; * chiffres provisoires 15,3 % 16,4 % 17,1 % 20,4 % 23,5 % 25,2 %

27,3 %

31,6 % 31,6 % 36,1 % 37,8 %

41,9 % 45,5 % L’Europe en route vers la transformation verte

La première conférence des Nations unies sur le climat a eu lieu à Berlin en 1995. Il a cependant fallu attendre 2015 et l’Accord de Paris sur le climat pour disposer d’une convention multilatérale à large échelle et juridiquement contraignante ayant pour objectif de limiter à 2° C le ré- chauffement mondial moyen. En 2018 a suivi le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évo- lution du climat, portant sur les conséquences d’une hausse de la température mondiale de 1,5° C. Cette année-là, la canicule en Europe et les manifestations d’activistes pour le climat ont fait émerger un consensus quant au fait qu’il s’agissait d’une sérieuse menace. Mais le temps presse.

D’après le dernier rapport de l’Organisation météorolo- gique mondiale, le réchauffement de la planète a déjà atteint 1,2° C.

La «main invisible verte»

doit faire son travail.

Une transformation verte réussie nécessite, outre du dis- cernement de la part du public et des responsables poli- tiques, des conditions-cadres réglementaires efficaces, afin que l’économie privée agisse en tenant compte des objectifs climatiques. C’est dans ce contexte qu’est apparu le terme de «main invisible verte», en référence au concept d’Adam Smith. En 2019, l’Europe a lancé le Pacte vert pour tenter de devenir le premier continent à atteindre la neutralité climatique.

L’Allemagne passe à la vitesse supérieure dans le tournant énergétique

L’objectif est ambitieux, mais accessible. L’Allemagne passe donc à la vitesse supérieure dans ce domaine.

Certaines des valeurs cibles définies par le passé ont déjà été atteintes. La part d’électricité provenant de sources

renouvelables dans la consommation électrique brute1 s’élevait en 2020 à environ 45,5 % (fig. 5). Le seuil de 35 % fixé pour cette année a été nettement dépassé. En 2000, les énergies renouvelables ne représentaient encore que 6,3 %.

La fourchette fixée comme objectif pour le développement des énergies renouvelables d’ici 2025 (40-45 %) était déjà atteinte en 2019. La nouvelle loi allemande sur les énergies renouvelables est entrée en vigueur début 2021. Certaines pistes de développement ancrées dans la loi sont plus am- bitieuses que celles du programme de protection du climat 2030. Désormais, la part d’énergies renouvelables dans la consommation électrique brute doit s’élever à 65 % d’ici 2030. Avant 2050, la totalité de l’électricité produite et consommée en Allemagne devra reposer sur une produc- tion neutre en gaz à effet de serre. Pour atteindre ces objectifs, il est indispensable de disposer de capacités.

L’Allemagne mise avant tout sur trois piliers: l’éolien ter- restre, le photovoltaïque et l’éolien en mer. Ces secteurs constituent déjà plus de 70 % de la production électrique brute issue d’énergies renouvelables. Les taux de croissance annuelle moyens affichaient deux chiffres ces dix dernières années (éolien terrestre: 10,45 %; photovoltaïque: 15,74 %;

éolien en mer: 65,60 %). Le nouvel objectif prévoit une puissance installée de 71 gigawatts (GW) pour l’éolien terrestre et de 100 GW pour l’énergie solaire. Pour l’éolien en mer, l’objectif est de la faire passer de 15 à 20 GW d’ici 2030 et à 40 GW d’ici 2040.

1 La consommation électrique brute désigne la quantité totale d’électricité consommée dans un pays. Il est important de mentionner les données brutes, car elles tiennent compte de l’électricité consommée par les utilisateurs finaux, mais aussi du volume perdu, p. ex. lors du transport.

https://www.bmwi-energiewende.de/EWD/Redaktion/

Newsletter/2016/01/Meldung/direkt-erklaert.html

(20)

L’Europe en route vers la transformation verte

Les mesures d’efficacité énergétique sont également plus drastiques. La stratégie d’efficacité énergétique 2050 mise en place par le gouvernement fédéral en définit les grandes lignes. Ainsi, la consommation d’énergie primaire doit être réduite de 30 % par rapport à 2008. Rien que pour les pro- grammes de promotion de l’efficacité, les fonds fédéraux annuels moyens alloués à la planification financière des années 2021 à 2024 s’élèvent à 6,3 milliards d’euros. L’ins- trument de marché qu’est la tarification du CO₂ doit inciter à améliorer l’efficacité énergétique dans les domaines des transports et de la chaleur. La totalité des recettes issues du commerce des émissions dues aux combustibles est destinée à des mesures de protection du climat (p. ex.

prime à l’achat de véhicules électriques, promotion de la rénovation énergétique des bâtiments), de décharge de l’économie et d’équilibre social.

L’un des projets essentiels pour la réussite du tournant éner- gétique est le développement de l’infrastructure de réseau.

Les réseaux de distribution électrique servent à répartir l’électricité dans une région. Ils sont de plus en plus sollicités, ce qui conduit à une augmentation du courant injecté.

En effet, plus de 90 % de la puissance installée dans les installations d’énergies renouvelables y est raccordée, et de plus en plus de consommateurs de courant sont égale- ment producteurs. Mais dans la mesure où les réseaux de distribution ne sont pas dimensionnés pour un tel volume, des investissements sont nécessaires. L’utilisation des techno logies numériques joue un rôle décisif dans leur modernisation. Pour pouvoir répondre à ces sollicitations, ils doivent être transformés en réseaux intelligents (smart grids). Les réseaux électriques conventionnels deviennent des smart grids lorsqu’ils sont équipés de technologies de communication, de contrôle et de réglage, ainsi que de composants informatiques. De cette façon, ils peuvent être connectés intelligemment les uns aux autres, ainsi qu’aux infrastructures de production et de consommation d’électricité.

Intégration du secteur financier pour dynamiser la transformation verte

Pour atteindre la neutralité climatique, il est important que les investisseurs prennent le train en marche. Jusqu’à présent, il était difficile d’évaluer objectivement la dura- bilité des produits financiers. Il n’existait aucune définition uniforme de la durabilité, et la transparence nécessaire était insuffisante. Une réponse à ces problèmes est ap- portée grâce aux règlements qui entreront progressivement en vigueur à partir de cette année dans le cadre du Pacte vert.

• La taxonomie propose un système de classification des activités durables.

• La Sustainable Finance Disclosure Regulation (cadre d’investissement durable et responsable) impose la publication d’informations pour les produits financiers.

Son objectif est de promouvoir les entreprises qui privilé- gient les activités durables au moyen de flux d’investisse- ments issus du secteur financier. La Suisse prend une direction similaire. L’Autorité suisse de surveillance des marchés financiers a adapté ses circulaires «Publication – banques» et «Publication – assureurs» pour répondre à l’obligation de transparence au sujet des risques climatiques.

Un nouveau renforcement des mesures devrait avoir lieu.

Ces nouveaux jalons feront probablement évoluer à long terme les règles du jeu. L’industrie de l’investissement euro- péenne s’en est trouvée secouée. Les organismes proposant des fonds de placement ont commencé à adapter égale- ment l’orientation des portefeuilles qui n’étaient pas ex- plicitement gérés de façon durable. Il s’agit d’un avant- goût de ce que les nouvelles règles pourraient avoir comme incidences favorables sur les flux de capitaux. Auparavant, les placements durables avaient souvent pour objectif de ne pas réaliser des performances inférieures à celles du marché. Désormais, ils pourraient constituer un avantage à un moyen ou à long terme. ■

Investir de manière responsable

et profiter des opportunités de

rendement?

(21)

L’Europe en route vers la transformation verte

L’un des projets essentiels pour la réussite du tournant énergétique est le développement de l’infrastructure de réseau. Ce constat s’applique également à la Suisse.

Au col du Gotthard, un parc éolien, doté des plus imposantes éoliennes de la région alpine, a ainsi été inauguré l’année dernière.

(22)

Par Bernd Weeber, gestionnaire de portefeuille

Conséquences politiques et économiques du Brexit

pour l’Europe

Le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni a concrétisé sa sortie de l’Union européenne, à l’issue d’un processus long et difficile. Les conséquences s’en font sentir en Europe et en Grande-Bretagne, et pourraient s’avérer considérables. Au-delà de la sphère économique, elles affectent le devenir politique en Europe.

En janvier 2013, le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé la tenue d’un référendum sur le main- tien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Il s’y sentait contraint pour lutter contre les opposants à l’UE au sein de son parti conservateur et de l’UKIP eurosceptique. Mais il ne s’attendait pas à ce que les Britanniques décident, le 23 juin 2016, à une majorité de 51,9 %, de quitter l’Union européenne. Le jour même, Cameron annonçait sa démis- sion. Theresa May lui a ensuite succédé au poste de Premier ministre. Après avoir échoué à plusieurs reprises avec sa proposition d’accord sur le Brexit auprès du Parlement britannique, elle a également quitté ses fonctions en mars

2019. En juillet 2019, Boris Johnson, ancien ministre des Affaires étrangères, l’a remplacée. Johnson a misé sur une sortie qui se ferait si nécessaire sans accord avec l’UE («Brexit dur»). Le point d’achoppement résidait dans le

«backstop», qui devait permettre d’éviter de rétablir des contrôles aux frontières entre la République d’Irlande (pays membre de l’UE) et l’Irlande du Nord (appartenant au Royaume-Uni) après le Brexit. Après que les parlements britannique et européen ont finalement approuvé l’accord en janvier 2020, le Royaume-Uni a quitté l’UE le 31 janvier 2020, après 47 ans en tant que pays membre.

(23)

Conséquences politiques et économiques du Brexit pour l’Europe

(24)

Conséquences politiques et économiques du Brexit pour l’Europe

Phase transitoire post-Brexit

Durant une phase transitoire de février au 31 décembre 2020, le Royaume-Uni devait continuer à respecter les règles de l’UE. Le risque d’un Brexit dur n’était cependant pas encore totalement exclu. Les négociations portant sur les points encore en débat malgré la ratification de l’accord de sortie se sont avérées extrêmement épineuses et por- taient, en décembre 2020, avant tout sur les trois théma- tiques de la concurrence loyale, des fonctions douanières et de la pêche. La veille de Noël, les deux instances ont cependant fini par se mettre d’accord sur des modalités de libre-échange et par exclure la possibilité d’un Brexit dur chaotique. Après un examen qui a duré plusieurs mois, le Parlement européen a approuvé l’accord commercial le 27 avril 2021. Ce dernier a pour principal objectif de garantir les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’UE, ainsi que d’éviter les droits de douane.

Répercussions économiques du Brexit

Les répercussions des laborieuses négociations relatives au Brexit étaient déjà palpables au milieu du mois de décembre 2020. Le chaos régnait aux frontières, avec d’interminables embouteillages de camions à Douvres. De nombreuses entreprises britanniques n’étaient pas préparées à gérer le surplus de procédures administratives et les nouvelles formalités frontalières. D’après les données d’Eurostat (autorité statistique de l’UE), les exportations européennes vers la Grande-Bretagne ont diminué de 20,2 % en janvier et février de cette année, chutant à 39,8 milliards d’euros.

Les exportations britanniques vers l’UE ont quant à elles baissé de 47 % pendant la même période à 16,6 milliards d’euros. D’après le Kieler Institut für Weltwirtschaft (IfW), ces reculs devraient s’atténuer dans les mois qui suivront.

On peut cependant craindre que le volume des activités commerciales ne revienne jamais au niveau observé avant le Brexit. De nombreuses entreprises britanniques ont res- tructuré leurs chaînes d’approvisionnement et de multiples PME ont mis un terme à leurs trans actions avec l’Union européenne. En Irlande du Nord, la modification des condi- tions-cadres a même occasionné en début d’année des

Évolution politique après le Brexit

Après 23 ans de paix en Irlande du Nord à la suite de l’Ac- cord de Belfast signé le 10 avril 1998 entre la République d’Irlande, le Royaume-Uni et les partis d’Irlande du Nord, de nouvelles violences risquent de se produire. Lors d’émeutes qui ont duré quelques jours au printemps de cette année, plus de 70 agents de police ont été blessés, et un bus a été volé et incendié. Ces débordements sont liés au «Protocole sur l’Irlande du Nord». Cette partie de l’accord sur le Brexit doit empêcher les contrôles aux fron- tières entre la partie nord de l’île et la République, membre de l’UE. Dans les faits, l’Irlande du Nord continue ainsi à faire partie du marché intérieur européen. En contrepartie, des barrières commerciales ont été mises en place entre cette région et le reste du Royaume-Uni. Les partis unio- nistes d’Irlande du Nord craignent désormais que cette dernière ne se rapproche de la République en raison de ces récents événements. À long terme, ils y voient la possibili- té d’une ouverture à une réunification. Les tensions en Irlande du Nord ont également conduit Arlene Foster, cheffe du gouvernement nord-irlandais, à quitter son poste de dirigeante du parti Democratic Unionist Party (DUP) et ses fonctions gouvernementales à la tête de cette province britannique.

L’une des répercussions politiques importantes du Brexit concerne en outre la possible indépendance de l’Écosse.

En 2014, un référendum s’y était déjà tenu et une majo- rité d’Écossais s’étaient prononcés en faveur d’un maintien au sein du Royaume-Uni. Les discussions relatives à l’in- dépendance se sont cependant poursuivies. Le choix du Brexit en 2016 a renforcé en Écosse la demande d’un nou- veau référendum populaire, d’autant plus qu’environ 62 % de la population de la région s’est déclarée favorable à un maintien dans l’UE. Le nouveau référendum sur l’indépen- dance est soutenu par le Parti national (SNP) et le Parti vert écossais. Nicola Sturgeon, cheffe du gouvernement écossais et présidente du SNP, souhaite organiser un nou- veau référendum sur l’indépendance, suite à la victoire électorale de son parti au mois de mai de cette année.

(25)

Brexit: depuis le 31 janvier 2020, l’Union européenne et la Grande-Bretagne empruntent des voies séparées (photo: le premier ministre britannique Boris Johnson et la chancelière allemande Angela Merkel).

Conséquences politiques et économiques du Brexit pour l’Europe

Cette décision s’avère cependant compliquée, dans la me- sure où elle nécessite l’accord du gouvernement britan- nique. Boris Johnson a déjà annoncé qu’il rejetterait la tenue d’un référendum. Dans ce cas, la Cour suprême du Royaume-Uni pourrait être amenée à prendre une décision.

Nous devons par conséquent attendre de voir si Nicola Sturgeon parviendra à imposer la volonté de son parti et à mettre en place un nouveau référendum. Les sondages actuels montrent que le nombre de partisans et d’oppo- sants est à peu près équivalent.

Répercussions sur l’Union européenne

Avec la sortie du Royaume-Uni, l’Union européenne perd un membre important. En 2019, le pays était le deuxième plus grand contributeur net au budget européen (environ 6,8 milliards d’euros), après l’Allemagne (environ 14,3 milliards d’euros). Dans les années à venir, les 27 États membres restants devront combler ce manque à gagner financier. À n’en pas douter, la contribution nette de l’Alle- magne devrait augmenter. Sur le plan politique, le Brexit soulève également des questions délicates pour l’UE. Cette dernière doit par exemple faire preuve de prudence quant à la question de l’indépendance écossaise. Il s’agit d’un conflit de politique interne, dans lequel l’UE ne doit pas se laisser entraîner. L’éventuelle tenue d’un deuxième référendum doit faire l’objet de négociations entre les gouvernements écossais et britannique, et éventuellement être tranchée par un tribunal. Du point de vue de l’UE, il est important que celui-ci se déroule conformément à la constitution et que l’indépendance soit déclarée en accord avec le gouvernement britannique. Dans le cas contraire, cela pourrait donner du grain à moudre aux mouvements séparatistes, comme en Espagne (Cata- logne). Une évo lution qu’il serait préférable d’éviter du point de vue européen. ■

(26)

Par Rolf Wetzer, analyste financier, et Corina Hennig, senior investment advisor

Les métropoles

européennes de plus en plus chères

Le marché de l’immobilier en Europe est depuis toujours un marché

attrayant. Propulsée par l’urbanisation et l’amélioration du niveau

de vie, la demande augmente plus vite que l’offre depuis longtemps.

(27)

Autriche France

Espagne Pays-Bas

Italie Suisse Belgique

Allemagne Grande-Bretagne

UE

120 % 100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 0 %

Milan Genève

Vienne ZurichBerlin Londres

Berne Oslo Bâle Paris

Hambourg Munich

Amsterdam Francfort 16 000

12 000

8 000

4 000

0

Fig. 7: les différents degrés d’urbanisation en Europe

Fig. 6: les métropoles européennes affichent des différences de prix importantes pour les logements*

Source: Banque Cler, Deloitte, Realadvisor; * en francs par m² Source: Banque Cler, Banque mondiale, Office fédéral de la statistique

59 % 71 % 75 % 77 % 81 % 81 % 84 % 85 % 92 % 98 %

Les métropoles européennes de plus en plus chères

«L’investisseur malin d’aujourd’hui place son argent dans l’immobilier», déclarait le magnat de l’acier américain Andrew Carnegie (1835-1919) il y a plus de 150 ans déjà.

Les logements étaient déjà onéreux à l’époque. Aujourd’hui, nous désignons les régions où les prix augmentent forte- ment et où les biens deviennent très chers sous le terme de «hotspots». Ces zones sont convoitées car l’économie y est en plein essor, la vie sociale y fleurit et s’accompagne d’une offre culturelle et politique. En Europe, il s’agit princi- palement des capitales, mais également de métropoles comme Munich, Amsterdam ou Zurich (voir fig. 6). Pourtant, même les villes les plus chères d’Europe sont encore loin des prix de New York, Tokyo ou Hong Kong.

L’exode rural et l’amélioration du niveau de vie font flamber les prix

Mis à part Milan, elles ont vu les prix de vente augmenter constamment ces dernières années et atteindre un niveau parfois vertigineux. À titre de comparaison, le mètre carré à Munich coûte 40 % moins cher qu’à Paris. À l’échelle nationale, des villes comme Londres et Paris sont trois à quatre fois plus onéreuses que Manchester ou Lyon. Ces disparités résultent d’un long changement structurel. En effet, l’Europe connait un véritable exode rural: de plus en plus de personnes partent pour les centres urbains, plus attrayants. Dans ce contexte, le degré d’urbanisation de la Suisse a fortement progressé par rapport au reste de l’Europe (fig. 7).

(28)

Les métropoles européennes de plus en plus chères

La forte demande engendre une hausse des prix pour différentes raisons. Face à cette tendance, des milliers de logements font défaut dans les villes. Si la crise sanitaire a transformé les pendulaires et les citadins en «digital nomads», il n’est pas certain que la nouvelle tendance du télétravail atténue ou inverse l’attrait pour les villes. L’amé- lioration du niveau de vie est un autre facteur de hausse des prix. Les rémunérations avantageuses et les coûts de financement peu élevés permettent à de plus en plus de personnes de réaliser leur rêve d’achat immobilier.

Une offre qui peine à progresser, malgré les interventions des États

L’élargissement de l’offre est un processus très lent. Il faut trouver de nouvelles surfaces ou construire sur les surfaces existantes. En Europe, le nombre de nouveaux bâtiments fluctue entre 460 000 (France) et 3000 (Lettonie) unités.

En Suisse, on en dénombre 12 000. En France, cela corres- pond à une ville de la taille de Toulouse, et en Suisse, de la taille de Zoug.

Le nombre de permis de construction est également en hausse. Mais aucun pays ne parvient à progresser assez rapidement pour suivre le rythme. La pénurie qui en résulte est un sujet de préoccupation constant dans le débat politique de tous les États européens. Afin de garantir la paix sociale, la majorité des États intervient donc dans l’évolution du marché. L’Autriche, l’Espagne, la France et les Pays-Bas régulent les loyers, tandis qu’en Allemagne, la tentative de renforcement de la protection des loca- taires selon le modèle berlinois a échoué récemment pour des raisons de forme. En Suisse, les loyers sont indexés sur l’évolution des taux depuis 30 ans. Ce dispositif présente la singularité de voir les premiers augmenter parallèlement aux seconds. Pour garder la maîtrise des prix de vente, des États comme le Danemark, la Finlande ou les Pays-Bas conditionnent l’achat immobilier à la domiciliation ou interdisent les résidences secondaires, comme en Autriche, afin de décourager les investisseurs étrangers. Avec la

«Lex Koller», la Suisse interdit aux étrangers ne possédant pas d’autorisation de séjour de faire l’acquisition de biens immobiliers. Chaque pays produit en outre une offre sup- plémentaire à travers la construction de logements sociaux.

La réglementation revient à maîtriser l’art de créer une situation gagnant-gagnant: les familles doivent pouvoir accéder à des logements à prix abordable, et les maîtres d’ouvrage des incitations à investir. En Suisse, le pari semble réussi. Plus de deux tiers des citoyens vivent en location: il s’agit du taux le plus élevé d’Europe. Ils consacrent seulement 20 % des revenus du ménage à l’habitat et à l’énergie. En Allemagne, la proportion se monte à environ 40 %. La hausse des prix en Europe et en Suisse n’a cepen- dant pas pu être empêchée par les mesures étatiques.

Ainsi, au début du siècle, Paris était considérée comme la ville la plus onéreuse, mais également la plus réglementée d’Europe. Aujourd’hui, y vivre coûte pourtant quatre fois plus cher.

Suisse: le taux de logement en propriété le plus bas d’Europe

Les Suisses sont très nombreux à vouloir posséder leur propre maison. Pourtant, en raison des prix très élevés, le pays enregistre le taux de logement en propriété le plus bas d’Europe, avec environ un tiers des habitants. À titre de comparaison, cette proportion se monte à 42 % en Allemagne; la Grande-Bretagne et la France se situent dans le tiers supérieur, et le grand vainqueur est la Roumanie avec 96 %. Il est cependant positif de constater que, bien que les prix n’aient fait pratiquement qu’augmenter depuis 25 ans, l’accès à la propriété en Suisse est meilleur marché que dans les pays voisins si l’on se base sur les revenus.

Ainsi un ménage doit travailler environ huit ans et demi pour acheter un logement, contre plus de neuf ans en Alle- magne, plus de dix ans en Autriche et même treize ans en France. D’après une étude de Raiffeisen, les Suisses sont ceux qui épargnent le plus lorsqu’ils accèdent à la propriété.

(29)

Les métropoles européennes de plus en plus chères

L’immobilier comme placement et comme prévoyance Outre l’achat d’un logement pour y vivre, il existe d’autres possibilités pour tirer parti des avantages du marché im- mobilier, p. ex. en achetant des fonds. Les biens immobiliers sont des biens matériels non liquides qui ont constitué des valeurs fiables par le passé, même en période de ralentisse- ment conjoncturel et de hausse de l’inflation. Ainsi, malgré leur valorisation parfois élevée et leurs risques de placement, ils offrent une certaine stabilité et de bonnes possibilités de rendement.

Les caisses de pension en sont friandes. Outre des biens immobiliers directs, leurs portefeuilles comprennent égale- ment des fonds immobiliers, des fondations de placement et des actions immobilières. Compte tenu du volume élevé de ces investissements, la demande générée accentue la raréfaction des biens. L’expérience montre que les inves- tissements immobiliers demeurent longtemps dans les

dépôts des investisseurs institutionnels: ils sont par consé- quent «en dehors du marché» et assurent une certaine stabilisation.

Depuis quelques années, on parle de surchauffe, voire de bulle de l’immobilier. Ce phénomène n’a cependant pas occasionné de recul des prix, bien au contraire. Les em- placements les plus prisés poursuivent leur hausse, et ce, pas seulement en Suisse, mais dans toute l’Europe. Les investissements dans l’immobilier constituent, selon nous, une possibilité de placement avantageuse à long terme.

Investir dans un fonds permet une large diversification et, ainsi, une répartition des risques par région ou par type de biens (habitations, bureaux et/ou commerces). Nous main- tenons donc notre taux stratégique de 5 % d’investisse- ments dans des fonds immobiliers suisses dans la gestion de fortune. ■

En dépit d’une activité soutenue dans le secteur de la construction, les logements abordables restent une denrée rare dans de nombreuses grandes villes européennes.

C’est pourquoi on assiste à une véritable ruée sur leurs appartements locatifs.

(30)

Par Stefan Kunzmann, responsable Investment research

Actuellement, les États-Unis et la Chine constituent les principaux pôles économiques. Tandis que la Chine ambi- tionne de se positionner comme la première puissance mondiale sur le plan économique et géostratégique à travers son projet de «nouvelle route de la soie», les États- Unis tentent d’augmenter durablement le rythme de croissance de leur économie en ravivant la coopération avec leurs vieux alliés et en planifiant un programme de méga-infrastructures, censé combler les déficits évidents dans le pays.

Ces deux projets promettent, pour les années à venir, des taux de croissance dynamiques et comparables pour les deux puissances mondiales. L’Europe devra bientôt se

L’Europe du point de vue

des investisseurs

contenter de taux de croissance nettement plus faibles.

Elle fait en outre face à de nombreuses difficultés (poli- tiques et sociales). Par conséquent, nous ne recommandons pas activement les actions européennes comme un axe de placement, mais nous restons fidèles à notre estimation selon laquelle une large diversification mondiale est la plus pertinente. Dans ce cadre, les actions européennes – en plus des actions suisses, américaines et de celles des pays émergents – continueront bien entendu à jouer un rôle essentiel.

Les possibilités d’investissement correspondant à une po- sition de satellite comprennent les fonds suivants, issus de notre liste de recommandations «Meilleur de la classe»:

Depuis la crise financière de 2007/2008, le marché des actions européen

(MSCI Europe) a deux fois moins progressé que son homologue américain

en points de pourcentage. Cette différence témoigne non seulement

d’une croissance moins dynamique sur le Vieux Continent, mais aussi

des multiples difficultés auxquelles est confrontée l’Europe. Toutefois,

dans le cadre d’une stratégie de diversification mondiale, les actions

européennes ont leur place dans tout portefeuille équilibré en termes

d’allocation stratégique des actifs.

(31)

L’Europe du point de vue des investisseurs

Références

Documents relatifs

Ces simples considérations, dans la mesure où les techniques de col- lecte des oiseaux nicheurs des deux sites sont identiques, nous conduisent à caractériser le site

Il vise à stimuler l’entrepreneuriat local en favorisant l’accès aux capitaux pour le démarrage ou la croissance d’entreprises traditionnelles ou d’économie sociale et pour

Il vise à stimuler l’entrepreneuriat local en favorisant l’accès aux capitaux pour le démarrage ou la croissance d’entreprises traditionnelles ou d’économie sociale et pour

Il vise à stimuler l’entrepreneuriat local en favorisant l’accès aux capitaux pour le démarrage ou la croissance d’entreprises traditionnelles ou d’économie sociale et pour

PROGRAMME D'APPUI AU DÉVELOPPEMENT DES SECTEURS STRATÉGIQUES ET DES CRÉNEAUX D'EXCELLENCE 194 530 $ Voir Annexe, page 9 Ce programme a pour but de mobiliser et de

Ce programme représente le principal outil financier des municipalités régionales de comté (MRC) mis en place pour soutenir les entreprises de leur territoire.. Il vise à

Il vise à stimuler l’entrepreneuriat local en favorisant l’accès aux capitaux pour le démarrage ou la croissance d’entreprises traditionnelles ou d’économie sociale et pour

Il vise à stimuler l’entrepreneuriat local en favorisant l’accès aux capitaux pour le démarrage ou la croissance d’entreprises traditionnelles ou d’économie sociale et pour