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Quelle est l'influence de la valence émotionnelle des stimuli dans les processus d'inhibition sous-tendant l'impulsivité ?

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Master

Reference

Quelle est l'influence de la valence émotionnelle des stimuli dans les processus d'inhibition sous-tendant l'impulsivité ?

ALBOM, Mara

Abstract

L'impulsivité est impliquée dans plusieurs comportements problématiques tels que les conduites antisociales, le trouble de la personnalité borderline, le trouble du déficit attentionnel et/ou de l'hyperactivité, ou encore les abus de substances. Toutefois, il existe peu de consensus sur la définition de l'impulsivité. Ce travail se situe dans une perspective multidimensionnelle de l'impulsivité (Whiteside & Lynam, 2001), laquelle considère quatre dimensions/facettes : l'urgence, le (manque) de préméditation, le (manque) de persévérance et la recherche de sensations. Ces quatre facettes dépendraient de processus cognitifs différents. L'objectif de notre étude consiste à investiguer l'influence de stimuli reliés à des émotions positives, négatives ou neutres sur deux processus d'inhibition : l'inhibition de réponses dominantes et la résistance à l'interférence proactive en mémoire de travail, sous-tendant l'urgence et le manque de persévérance, respectivement (Gay et al., 2008). Les résultats principaux mettent en évidence (1) un effet perturbateur des stimuli émotionnels sur le processus [...]

ALBOM, Mara. Quelle est l'influence de la valence émotionnelle des stimuli dans les processus d'inhibition sous-tendant l'impulsivité ?. Master : Univ. Genève, 2009

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:2593

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FACULTE DE PSYCHOLOGIE

ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION SECTION DE PSYCHOLOGIE

40, bd du Pont-d’Arve 1205 Genève

Mémoire de Master en Psychologie Orientations clinique et cognitive

Année 2008-2009

Quelle est l’influence de la valence

émotionnelle des stimuli dans les processus d’inhibition

sous-tendant l’impulsivité?

Sous la direction de

Prof. Martial Van der Linden Ass. Lucien Rochat

Mara Albóm

albom4@etu.unige.ch

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Remerciements

Je remercie premièrement le directeur de cette recherche, le Professeur Martial Van der Linden pour m’avoir permis de participer à cette recherche.

Je remercie l’assistant Lucien Rochat pour m’avoir guidé, pour sa disponibilité inconditionnelle, pour son soutien et ses précieux conseils tout au long de ce travail.

Je remercie le Professeur Thierry Lecerf d’avoir accepté de prendre part comme troisième juré lors de ma soutenance.

Je souhaite particulièrement remercier Camille Brugger, camarade et amie, pour son grand soutien, sa disponibilité et ses conseils.

Enfin, merci à ma famille, à Josh et à toutes les personnes de mon entourage pour m’avoir soutenue et encouragée durant ces deux dernières années.

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Résumé

L’impulsivité est impliquée dans plusieurs comportements problématiques tels que les conduites antisociales, le trouble de la personnalité borderline, le trouble du déficit attentionnel et/ou de l’hyperactivité, ou encore les abus de substances. Toutefois, il existe peu de consensus sur la définition de l’impulsivité. Ce travail se situe dans une perspective multidimensionnelle de l’impulsivité (Whiteside & Lynam, 2001), laquelle considère quatre dimensions/facettes : l’urgence, le (manque) de préméditation, le (manque) de persévérance et la recherche de sensations. Ces quatre facettes dépendraient de processus cognitifs différents.

L’objectif de notre étude consiste à investiguer l’influence de stimuli reliés à des émotions positives, négatives ou neutres sur deux processus d’inhibition : l’inhibition de réponses dominantes et la résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail, sous-tendant l’urgence et le manque de persévérance, respectivement (Gay et al., 2008). Les résultats principaux mettent en évidence (1) un effet perturbateur des stimuli émotionnels sur le processus d’inhibition de réponses dominantes ; (2) un effet perturbateur de la valence émotionnelle positive sur le processus de résistance à l’interférence proactive ; (3) le manque de préméditation prédit des difficultés d’inhibition de réponses dominantes dans la condition émotionnelle, alors que la recherche de sensations est liée à des meilleures performances.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE ... p. 6 I. INTRODUCTION THEORIQUE ... p. 6 I.1 Qu’est-ce que c’est l’impulsivité? ... p. 6 I.2 Une approche multidimensionnelle de l’impulsivité ... p. 7 I.3 Inhibition et Impulsivité ... p. 10 I.3.1 L’inhibition, un concept multifactoriel ? ... p. 10 I.3.2 Régions cérébrales liées à l’inhibition de réponses dominantes ... p. 12 I.3.3 Régions cérébrales liées à la résistance à l’interférence proactive ... p. 13 I.4 Les processus cognitifs, affectifs et motivationnels de l’impulsivité ... p. 13 I.5 Emotion et Cognition ... p. 15 I.5.1 Emotion et Inhibition ... p. 16 I.5.2 Régions cérébrales impliquées dans les relations émotion-cognition ... p. 19 I.6 Objectifs de recherche ... p. 20 II. METHODOLOGIE ... p. 21 II.1 Population ... p. 21 II.2 Matériel ... p. 21 II.2.1 Tâches informatisées ... p. 21 II.2.2 Paradigme de Stop Signal ... p. 21 II.2.3 Recent Negative Task ... p. 24 II.3 Questionnaires ... p. 26 II.4 Procédure ... p. 27 II.5 Hypothèses ... p. 27 III. RESULTATS ... p. 28 III.1 UPPS et BDI-II ... p. 28 III.2 Rappel des hypothèses ... p. 28 III.2.1 Stop Signal ... p. 28 III.2.2 Recent-Negative Task (RNT) ... p. 28 III.3 Stop Signal ... p. 29 III.4 Recent Negative Task ... p. 31 III.5 Relation entre Stop Signal et Recent Negative Task ... p. 33 IV. DISCUSSION ... p. 34 IV.1 Rappel des objectifs et hypothèses ... p. 34 IV.2 Résultats principaux et interprétation ... p. 34 IV.2.1 Stop Signal ... p. 34 IV.2.1.1 Effet de la valence émotionnelle ... p. 34 IV.2.1.2 Relations entre impulsivité et SSRT ... p. 35 IV.2.2 Recent Negative Task ... p. 37 IV.2.2.1 Effet de la condition expérimentale ... p. 37

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IV.2.2.2 Interaction condition expérimentale*valence émotionnelle ... p. 37 IV.2.2.3 Relations entre impulsivité et interférence proactive ... p. 38 IV.3 Limites et perspectives ... p. 39 IV.3.1 Limites de l’étude ... p. 39 IV.3.2 Critiques des participants ... p. 40 IV.3.3 Perspectives futures ... p. 40 IV.4 Conclusion ... p. 41 BIBLIOGRAPHIE ... p. 42

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INTRODUCTION GENERALE

Actuellement, l’impulsivité est le centre d’intérêt de nombreuses études, en raison de son implication dans différents comportements problématiques malgré le manque de consensus quant à sa définition. A ce propos, Whiteside et Lynam (2001) ont développé un modèle multidimensionnel de l’impulsivité constitué de quatre dimensions : l’urgence, le (manque) de préméditation, le (manque) de persévérance et la recherche de sensations. Ces quatre facettes dépendraient de processus cognitifs, affectifs et motivationnels particuliers. L’inhibition de réponses dominantes et la résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail sont les objets d’étude de notre travail. Plus précisément, notre étude vise à investiguer l’influence des stimuli émotionnels sur ces deux processus cognitifs sous-tendant les différentes facettes de l’impulsivité, plus particulièrement l’urgence et le (manque) de persévérance. Nous nous intéressons à comprendre quel est l’impact des stimuli à valence émotionnelle sur les processus d’inhibition de réponses dominantes et de résistance à l’interférence proactive, deux processus cognitifs nécessaires afin d’accomplir les diverses tâches de la vie quotidienne.

Deux tâches informatisées seront employées: la tâche de Stop Signal et la tâche Recent Negative Task évaluant l’inhibition de réponses dominantes et la résistance à l’interférence proactive, respectivement. Le questionnaire d’impulsivité (UPPS) sera également administré aux participants dans le but de mettre en lien les scores obtenus à cette échelle avec les résultats aux tâches informatisées.

Ainsi, l’intérêt de notre étude est d’élucider les différentes dimensions et mécanismes psychologiques de l’impulsivité afin de mieux comprendre son rôle dans divers états psychopathologiques.

I. INTRODUCTION THEORIQUE I.1 Qu’est-ce que c’est l’impulsivité ?

La littérature évoque peu de consensus sur la définition de l’impulsivité. Auparavant, les théoriciens et chercheurs avaient leur propre concept de l’impulsivité associé aux traits de la personnalité et négligeaient les mécanismes psychologiques qui pouvaient la sous-tendre.

Avec le temps, ce concept commençait à prendre forme et certains auteurs pensaient que l’impulsivité était observable directement dans différents comportements qui se manifestaient notamment de manière inappropriée et risquée (Daruna & Barnes, 1993). L’impulsivité est devenue alors le centre d’intérêt de nombreuses études dans le but d’investiguer ses

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mécanismes psychologiques sous-jacents. Cependant, le concept d’impulsivité reste encore discutable.

Il s’agit pourtant d’un construit très important dans la psychologie, dans la psychopathologie et dans la neuropsychologie qu’il paraît important d’expliciter. Effectivement, l’impulsivité joue un rôle très important dans la compréhension et dans le diagnostic de divers états psychopathologiques. Bien qu’elle puisse être présente chez chaque individu avec ou sans diagnostique du DSM-IV, il est très fréquent qu’elle soit présente chez des personnes avec des troubles psychiatriques, tels que des troubles de la personnalité, notamment le trouble borderline, les troubles de l’humeur, la dépendance aux substances (Moeller, Barratt, Dougherty, Schmitz & Swann, 2001), ainsi que le trouble de l’attention et de l’hyperactivité (Schachar & Logan, 1990).

Par ailleurs, certains auteurs se sont penchés plutôt vers un concept de l’impulsivité à dimensions multiples. Selon Evenden (1999), il n’existe pas une seule entité définie, mais plutôt une variété de différents comportements impulsifs dépendant de divers mécanismes biologiques. Enticott et Ogloff (2006), quant à eux, composent le concept de l’impulsivité en trois parties : l’impulsivité individuelle, l’impulsivité comportementale et l’impulsivité causale (les mécanismes sous-tendant le comportement impulsif). D’autres auteurs, Whiteside et Lynam (2001), ont élaboré un modèle multidimensionnel de l’impulsivité, qui s’est révélé très important dans le domaine de la psychologie. Nous en décrirons les détails dans le prochain chapitre afin d’aider à la compréhension de notre étude. Par la suite, nous intéresserons plus spécifiquement au concept d’inhibition sous-tendant certaines dimensions d’impulsivité et à l’influence que peuvent avoir des stimuli à valence émotionnelle sur les processus d’inhibition.

I.2 Une approche multidimensionnelle de l’impulsivité

L’intérêt de Whiteside et Lynam (2001) de se pencher vers une approche multidimensionnelle de l’impulsivité dérive du fait que celle-ci est présente dans plusieurs comportements problématiques qui sont similaires, mais qui très probablement ont des causes différentes. Ces auteurs cherchent ainsi à identifier les aspects multidimensionnels de l’impulsivité grâce à des analyses factorielles exploratoires effectuées à partir de l’administration du NEO-PI-R (Rivised NEO Personality Inventory) (Costa & McRae, 1992), questionnaire auto-reporté mesurant les traits de la personnalité, et d’échelles fréquemment utilisées pour évaluer l’impulsivité. Ces analyses ont permis de mettre en évidence quatre facteurs qui correspondraient à quatre dimensions de l’impulsivité. La première facette, l’urgence, se

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caractérise par une difficulté à résister à des fortes réactions, surtout en présence d’affects négatifs (Whiteside & Lynam, 2001). Elle est fortement associée au trouble de la personnalité borderline puisque les personnes borderline témoignent d’un système émotionnel hypersensible qui les fait réagir immédiatement. De plus, des études ont montré qu’un haut niveau d’urgence est associé à des troubles du comportement alimentaire notamment la boulimie (Smith & al., 2007), la dépendance de l’alcool (Cyders et al., 2007 ; Smith et al., 2007 ; Whiteside & Lynam, 2003), l’envie de fumer du tabac (Bilieux, Van der Linden &

Ceschi, 2007) et également la dépression (Miller et al., 2003). D’autres comportements problématiques ont été identifiés comme ayant un lien avec l’urgence, tels que les troubles d’attention et d’hyperactivité (ADHD) (Miller et al., 2003), le trouble obsessionnel-compulsif (Zermatten & Van der Linden, 2008), le jeu pathologique (Cyders et al., 2007 ; Smith et al., 2007), la dépendance au téléphone portable (Bilieux, Van der Linden, d’Acremont, Ceschi &

Zermatten, 2007) et les conduites antisociales (Miller et al., 2003) où l’urgence serait un fort prédicteur de l’agressivité.

La seconde facette, le manque de persévérance, renvoie à la difficulté à se concentrer sur une tâche pouvant être longue et/ou ennuyeuse (Whiteside & Lynam, 2001). Les personnes ayant un score bas de manque de persévérance sont capables de réaliser des tâches très complexes en résistant à des stimuli distracteurs. Les comportements problématiques liés à cette facette ont été observés à travers plusieurs études. La plupart mettent en évidence un haut manque de persévérance associé, dans certains cas, à des symptômes du trouble de la personnalité borderline (Miller et al., 2003), à des symptômes d’obsessions (Zermatten & Van der Linden, 2008), mais plus spécifiquement au trouble de l’attention et de l’hyperactivité (ADHD) (Miller et al., 2003). Le manque de persévérance serait un prédicteur de l’inattention (Miller et al., 2003), puisqu’il se caractérise par une incapacité à rester concentré longtemps sur une tâche. D’autres comportements problématiques liés au manque de persévérance sont la dépendance au téléphone portable (Billieux et al., 2007) et les conduites antisociales (Smith et al., 2007).

La troisième facette, le manque de préméditation, correspond à une incapacité à prendre en compte les conséquences positives ou négatives d'une action. Cette facette est la plus représentée parmi toutes les mesures qui ont été faites dans le passé. L’obtention d’un score bas de manque de préméditation signifierait que la personne est prévenante et délibérative, tandis qu’un score élevé correspondrait à quelqu’un qui agi sur le coup sans penser aux

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conséquences de son action (Whiteside & Lynam, 2001). Ce dernier comportement deviendrait problématique menant la personne à des conduites antisociales (Miller et al., 2003), au jeu pathologique (Smith et al., 2007), à la dépendance de substances (Miller et al., 2003), à des conduites sexuelles à risque, (Miller et al., 2003), ainsi qu’à la boulimie (Smith et al., 2007). Au contraire, un score bas de manque de préméditation serait le prédicteur de la réussite scolaire (Smith et al., 2007).

La dernière facette, la recherche de sensations, se manifeste par deux aspects : une tendance à rechercher constamment des activités excitantes et une tendance à l’ouverture vers des nouvelles expériences qui peuvent être dangereuses. Elle aussi, comme le manque de préméditation, a été beaucoup décrite dans les travaux théoriques sur l’impulsivité.

L’obtention d’un score élevé de recherche de sensations correspondrait au comportement d’une personne qui aime prendre des risques et qui donc pourrait s’engager dans des activités dangereuses. En effet, cette facette est reliée à des comportements à risque, tels que les conduites antisociales (Cyders et al., 2007 ; Miller et al., 2003), la dépendance aux substances, la consommation d’alcool et le jeu pathologique (Whiteside et al., 2005).

L’obtention d’un score bas, par contre, correspondrait à l’évitement du danger et du risque (Whiteside & Lynam, 2001).

A partir des saturations entre chaque facteur (chaque dimension) et les items correspondants, Whiteside et Lynam (2001) ont construit un questionnaire de 45 items constituant l’échelle de l’impulsivité, à savoir l’UPPS Impulsive Behaviour Scale. Une version française de cette échelle a été validée par Van der Linden et al. (2006).

Ainsi, on peut constater que le concept d’impulsivité est un concept hétérogène contenant différents traits de personnalité, et que chacune de ces dimensions est reliée à des comportements problématiques spécifiques. Toutefois, il reste à déterminer plus spécifiquement quels sont les processus cognitifs, affectifs et motivationnels sous-tendant chacune de ces dimensions. Afin de pouvoir mieux comprendre ces processus, nous aborderons d’abord en détails le concept de l’inhibition, qui est impliquée dans bon nombre de comportements problématiques relevant de l’impulsivité, puis nous discuterons de l’influence des stimuli émotionnels sur les processus d’inhibition.

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I.3 Inhibition et Impulsivité

Une étude de Logan, Schachar et Tannock (1997) a montré l’existence d’un lien entre l’impulsivité et l’inhibition d’une réponse dominante. Les résultats révèlent que les sujets impulsifs ont plus de difficultés à inhiber leurs actions, ce qui pourrait se traduire en un déficit du contrôle inhibiteur associé à des problèmes de comportements impulsifs (Logan et al., 1997).

Les comportements problématiques des enfants liés à l’impulsivité, tels que le déficit d’attention et d’hyperactivité (ADHD), le trouble des conduites et les pathologies chez les adultes tels que les troubles de l’humeur, de la personnalité sont caractérisées par des comportements inhibiteurs problématiques (Blaskey, Harris & Nigg, 2008).

Une étude moins récente de Schachar et Logan (1990) a montré que les enfants ADHD ont un déficit dans les capacités inhibitrices.

Le lien entre ces deux concepts (inhibition et impulsivité) est observable dans des activités quotidiennes et dans les comportements et réactions des personnes, tels que l’engagement dans une tâche avant qu’elle soit comprise, donner une réponse avant d’obtenir toutes les informations suffisantes ou prêter attention à des indices non pertinents. Il reste toutefois à définir plus précisément ce qu’est l’inhibition, sachant que plusieurs auteurs ont proposé que l’inhibition ne pouvait pas se réduire à un concept unitaire.

I.3.1 L’inhibition, un concept multifactoriel ?

L’inhibition, tout comme l’impulsivité, n’a pas une seule définition consensuelle, même si dans le passé elle était définie par une seule fonction (Verbruggen, Liefooghe et Vandierendonck, 2006). Actuellement, elle est définie de manière distincte par différents auteurs. En effet, avec le temps, les théories et modèles des processus d’inhibition ont pris diverses formes aboutissant ainsi à différents types d’inhibition (Harnishfeger, 1995). Selon Bjorklund et Harnishfeger (1990), cités Harnishfeger (1995), l’inhibition est, de manière générale, un processus cognitif impliqué dans la suppression des informations non pertinentes à une tâche cognitive, qui devient toujours plus efficient avec l’âge. La littérature évoque deux concepts différents au sein du processus d’inhibition : un processus intentionnel et un processus non-intentionnel de l’inhibition (Harnishfeger, 1995 ; Nigg, 2000 ; Colette, Germain, Hogge & Van der Linden, 2009).

Selon Harnishfeger (1995), l’inhibition serait divisée en trois dimensions : (1) un processus d’inhibition qui est intentionnel lorsque la suppression d’informations non pertinentes se produit de manière volontaire en contrôlant les intrusions dans la mémoire, et non intentionnel

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(ou automatique) lorsqu’on résout un problème sans en être conscient, (2) un processus d’inhibition comportementale qui contrôle le comportement, les réponses motrices et les impulsions et/ou l’inhibition cognitive, qui maîtrise les représentations mentales, l’attention et la mémoire en éliminant les stimuli qui ne sont pas pertinents, (3) la différenciation entre l’inhibition et la résistance à l’interférence. L’inhibition est un processus actif de suppression des stimuli dans la mémoire de travail, tandis que la résistance à l’interférence est un mécanisme qui ne laisse pas entrer les stimuli dans la mémoire de travail.

Nigg (2000) avance une autre classification développée par Harnichfeger (1995), en proposant quatre types d’inhibition révélés grâce à des études psychologiques développementales. Le premier processus d’inhibition défini par cet auteur est le contrôle de l’interférence. Celui-ci se réfère à la suppression des stimuli qui sont en compétition. Le deuxième type d’inhibition correspond à l’inhibition cognitive, à savoir la suppression des stimuli non pertinents pour maintenir les informations importantes dans la mémoire de travail.

Le troisième processus est l’inhibition comportementale se définissant comme la suppression des réponses dominantes. Pour finir, le quatrième type est l’inhibition oculomotrice qui se réfère à la suppression des saccades oculaires réflexes.

Friedman et Miyake (2004) reprennent l’étude de Nigg (2000) en suggérant un modèle composé de trois types d’inhibition dans le but de démontrer que le concept d’inhibition ne se limite pas à un seul construit unitaire.

Ils ont réalisé une étude sur 220 adultes afin de déterminer premièrement la relation entre trois types d’inhibition et deuxièmement la relation entre les trois types d’inhibition et les différentes tâches cognitives. Selon Friedman et Miyake (2004), la résistance à l’interférence de distracteurs (RID) se caractérise par la capacité à résister à l’interférence d’une information externe qui n’est pas pertinente pour la tâche en cours, les tâches évaluant ce processus sont l’Eriksen flanker task, le Word naming et le Shape matching ; la résistance à l’interférence proactive (RIP) se définit par la capacité à résister à des informations intrusives en mémoire qui étaient pertinentes durant la tâche et qui sont devenues non-pertinentes, les tâches évaluant ce processus sont le Brown-Peterson variant, le AB-AC-AD et le Cued recall ; et l’inhibition d’une réponse dominante (IRD) se définit par la capacité à supprimer intentionnellement une réponse dominante/automatique (cela correspond à la combinaison de l’inhibition comportementale et oculomotrice de Nigg, 2000), ce processus est évalué par les tâches l’Antisaccade task, le Stop Signal et la Stroop task. Les modèles d’équation structurale

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testés dans leur étude indiquent qu’il y a une forte corrélation entre la résistance à l’interférence de distracteurs et l’inhibition d’une réponse dominante, mais ces deux concepts ne sont pas liés à la résistance à l’interférence proactive. Ce résultat montre ainsi que les deux premiers peuvent être pris en considération comme un seul processus d’inhibition, puisqu’ils partagent un même mécanisme qui est celui de maintenir activement le but de la tâche en cours. Le troisième, par contre, est indépendant des deux premiers et peut donc être considéré comme un processus spécifique. Le processus d’inhibition (RID et IRD) et la résistance à l’interférence proactive (RIP) s’activent selon le type de tâche (Friedman & Miyake, 2004). A ce propos, Friedman et Miyake (2004) ont construit un modèle d’équation structurale (SEM) afin d’identifier les tâches cognitives qui correspondent à ces trois types d’inhibition. Il en résulte que le processus d’inhibition (RID et IRD), plus précisément la résistance à l’interférence de distracteurs est impliquée dans des tâches, tels que la tâche Random Number Generation (RNG), la task-switching ability et dans la fréquence de Cognitive Failures évaluées par un questionnaire. La résistance à l’interférence proactive est par contre impliquée dans la tâche reading span recall et dans la fréquence des pensées intrusives évaluée par un questionnaire. Les résultats de leur étude suggèrent que la nature du processus d’inhibition peut être différente et que la résistance à l’interférence de distracteurs et la résistance à l’interférence proactive bien qu’elles se ressemblent, sont différentes.

En vue de l’implication importante des capacités d’inhibition dans de nombreuses tâches, il paraît primordial de pouvoir supprimer les stimuli non pertinents, distracteurs ou même ses impulsions afin de pouvoir s’adapter au mieux dans la vie quotidienne.

I.3.2 Régions cérébrales liées à l’inhibition de réponses dominantes

De manière générale, on considère l’implication des lobes frontaux lors de l’activation du processus d’inhibition. De nombreuses études chez des patients atteints de lésions frontales mettent en évidence une péjoration des capacités d’inhibition. Plus précisément, les régions cérébrales associées à ce processus sont situées dans le cortex préfrontal ventromédial postérieur (Bechara & Van der Linden, 2005). Une étude en IRMf chez des patients souffrant d’un état maniaque montre qu’un déficit des processus d’inhibition s’exprime par une diminution de l’activation des aires cérébrales préfrontales, notamment la région ventrolatérale (Jeanningros, Mazzola-Pomietto & Kaladjian, 2008). Une autre étude en IRMf évaluant l’activité cérébrale de sujets sains a mis en évidence l’activation du cortex préfrontal ventrolatéral lors d’une tâche de Go/NoGo (Jeanningros, Mazzola-Pomietto & Kaladjian, 2008). Les résultats montrent que les sujets plus impulsifs sollicitent cette région de manière

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plus importante afin d’obtenir les mêmes performances d’inhibition que les sujets non impulsifs. Cela suggère une moins bonne efficience de cette région cérébrale. On retrouve les mêmes résultats pour la tâche de Go/NoGo avec des stimuli émotionnels (Jeanningros, Mazzola-Pomietto & Kaladjian, 2008).

I.3.3 Régions cérébrales liées à la résistance à l’interférence proactive

Bechara et Van der Linden (2005) postulent que l’activation de certaines aires cérébrales est en lien avec le mécanisme de la résistance à l’interférence proactive. En particulier, les régions orbitofrontales latérales et dorsolatérales du cortex préfrontal seraient impliquées lorsque le mécanisme de résistance à l’interférence proactive entre en jeu. Une recherche en TEP durant la tâche Recent-Probes task met en évidence l’activation du gyrus frontal inférieur gauche (Jodines et al., 1998, cités par Jodines & Nee, 2006). Une autre étude empirique montre l’implication du cortex préfrontal gauche (Nelson, Reuter-Lorenz, Sylvester, Jonides

& Smith, 2003).

En outre l’implication de régions cérébrales spécifiques, chaque facette de l’impulsivité est associée à des mécanismes psychologiques spécifiques.

I.4 Les processus cognitifs, affectifs et motivationnels de l’impulsivité

Selon les hypothèses de Bechara et Van der Linden (2005), l’urgence et le manque de persévérance seraient associés à deux processus d’inhibition différents proposés dans le modèle de Friedman et Miyake (2004). L’urgence se caractériserait par un processus cognitif qui est celui de l’inhibition de réponses dominantes, particulièrement dans des situations émotionnelles positives ou négatives. Le manque de persévérance, quant à lui, serait associé au processus de résistance à l’interférence proactive. Une étude de Gay, Rochat, Bilieux, d’Acrémont et Van der Linden (2008) s’intéresse à vérifier l’hypothèse de Bechara et Van der Linden (2005) concernant ces deux liens entre les dimensions de l’impulsivité et les processus d’inhibition. Dans cette étude, les quatre dimensions de l’impulsivité sont mesurées à travers le questionnaire UPPS, tandis que les processus d’inhibition de réponses dominantes et de la résistance à l’interférence proactive sont évalués grâce à la tâche du Go/No-Go et à la tâche Recent Negative Task1, respectivement. A partir d’une analyse de régression multiple, les résultats montrent que l’urgence est liée à des difficultés dans les performances d’inhibition de réponses dominantes dans la tâche du Go/No-Go, et que le manque de persévérance est lié

1 Tâche caractérisée par la présentation séquentielle de trois mots (positifs, neutres et négatifs) suivis par un mot- cible. Le but est de répondre par « oui » ou par « non » si le mot-cible a été présenté durant la dernière série de mots.

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à une difficulté à faire face à l’interférence proactive dans la tâche Recent Negative Task (Gay et al., 2008). En revanche, les deux autres dimensions de l’impulsivité (manque de préméditation et recherche de sensations) ne sont pas associées à des performances d’inhibition, ce qui laisse entendre qu’elles seraient liées à d’autres mécanismes psychologiques. Ces résultats, dans un premier temps, confirment l’hypothèse de Bechara et Van der Linden (2005) et dans un deuxième temps, montrent que différents processus cognitifs sont impliqués dans chaque facette de l’impulsivité.

En ce qui concerne les processus impliqués dans le manque de préméditation, selon Bechara et Van der Linden (2005), ils seraient reliés à la capacité de prise de décision. Ces processus seraient en interaction, ils constituent à la fois des processus contrôlés, tels que la flexibilité, la planification, les capacités d’inhibition et la mise à jour des informations au sein de la mémoire de travail, et des processus non conscients, dépendant des marqueurs somatiques ou émotionnels. Selon la théorie de Damasio (1994), l’individu se trouvant dans une situation incertaine prendra des décisions non conscientes sur les conséquences positives ou négatives sur la base de ses réactions émotionnelles déjà vécues dans le passé.

Afin de tester ce lien, Zermatten, Van der Linden, d’Acremont, Jermann et Bechara (2005) ont effectué une étude sur trente étudiants universitaires. Plus précisément, le but de leur étude est d’identifier les relations entre chaque dimension de l’impulsivité et les processus de prise de décision, évalués par le questionnaire UPPS d’impulsivité et par la tâche Iowa Gambling Task (IGT), respectivement. Leurs résultats indiquent que seul le manque de préméditation est relié aux performances de prise de décision influencée par les marqueurs somatiques dans la tâche IGT. Il y aurait donc un lien entre manque de préméditation et incapacité à prendre la bonne décision (Zermatten et al., 2005).

La recherche de sensations, quant à elle, est associée à un processus dépendant d’une plus grande sensibilité aux renforcements positifs (Van der Linden, Rochat & Bilieux, 2006). Cette facette correspondrait à l’approche motivationnelle de l’impulsivité (théorie de Gray), plus précisément à une tendance vers la récompense, ainsi que vers un comportement d’approche traduit par une majoration de l’activation comportementale (BAS élevé) (Bilieux et al., 2008).

Une étude en IRMf de Joseph, Liu, Jiang, Lynam et Kelly (2009) met en évidence le lien entre la recherche de sensations et les comportements d’approche. Les auteurs trouvent une différence entre un groupe de haut niveau et bas niveau de recherche de sensations. En réponse aux stimuli de haut niveau d’activation (arousal), le groupe de haut niveau de recherche de sensations présente une activation cérébrale plus importante dans les régions impliquées dans l’arousal et les renforcements.

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D’autres études ont par contre montré un lien entre une faible recherche de sensations et une orientation vers des comportements plutôt d’évitement (p.ex. Lissek et al., 2005).

Il est important de relever les deux niveaux d’analyse des ces quatre facettes de l’impulsivité.

L’urgence, la persévérance (ou le manque de persévérance) et la préméditation (ou le manque de préméditation) sont des composantes liées à des capacités d’autocontrôle (Whittle, Allen, Lubman & Yücel, 2006), tandis que la facette de recherche de sensations est associée à des facteurs motivationnels d’approche ou d’évitement (Gray, 1994). Ces deux niveaux s’influencent réciproquement (Bilieux & al., 2008), à savoir que les facteurs motivationnels dépendent des capacités d’autocontrôle, comme ces derniers dépendent de facteurs motivationnels. Cela dénote qu’un comportement impulsif dépendra à la fois d’aspects motivationnels et d’aspects cognitifs contrôlés. Comme nous allons le voir, l’aspect émotionnel tient également un rôle important dans les comportements impulsifs. Avant de nous intéresser plus spécifiquement à l’influence des stimuli émotionnels sur les capacités inhibition, nous allons brièvement introduire l’idée d’une interaction entre la cognition et les émotions.

I.5 Emotion et Cognition

Les émotions jouent un rôle très important dans la vie de tous les jours. Elles influent sur le comportement social et sur la personnalité de l’individu (Bechara & Van der Linden, 2005).

De plus, elles nous fournissent des informations afin d’interpréter le comportement d’autrui et de donner une réponse adéquate à la situation.

Durant des années, les chercheurs ont tenté de comprendre le lien entre les émotions et la cognition. Un grand débat a persisté pendant longtemps entre ces deux domaines : sont-ils dissociables l’un de l’autre ? (Philippot, Douillez & Baeyens, 2008). Actuellement, on retrouve un consensus concernant une association entre émotion et cognition dans la littérature. Des études montrent la présence d’une association entre les émotions et les fonctions cognitives (Baskley, Harris & Nigg, 2008). En effet, les émotions apparaissent et sont maintenues grâce à des processus cognitifs, tels que l’attention, la mémoire autobiographique, les processus exécutifs, l’inhibition, etc. (Öhman, 1999, cité par Philippot et al., 2008). Nous ne pouvons donc pas les séparer. Cette relation indissociable nous amène à mieux comprendre l’existence de certains comportements psychopathologiques. Par exemple, étant donné que certains mécanismes cognitifs sont essentiels pour la régulation émotionnelle, un dysfonctionnement de ces mécanismes mènerait à une difficulté dans la régulation

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émotionnelle qui à son tour pourrait engendrer un trouble émotionnel et, par la suite, à une incapacité à interpréter et à interagir avec son environnement (Philippot et al., 2008). On peut penser à l’exemple du trouble de la personnalité borderline dont une des caractéristiques est une difficulté dans la régulation émotionnelle qui empêche l’individu d’adopter un comportement approprié à la situation.

Plusieurs modèles cognitifs ont été construits pour représenter les émotions (Philippot et al., 2008). Ils sont composés d’une partie cognitive où des processus de traitement de l’information émotionnelle entrent en jeu et une autre partie où les phénomènes émotionnels s’activent. Emotion et cognition ne sont donc pas dissociées, mais au contraire interagissent ensemble continuellement afin de permettre à l’individu de s’adapter à son environnement de la manière la plus adéquate possible.

I.5.1 Emotion et Inhibition

Plusieurs études ont montré qu’il existe une relation étroite entre émotion et inhibition. Nous nous intéresserons ici plus précisément à deux études (Verbruggen & De Houwer, 2007 et Levens & Phelps, 2008) évaluant l’inhibition de réponse dominante et la résistance à l’interférence proactive, respectivement, puisqu’elles mettent en évidence un lien entre émotion et inhibition. En outre, les tâches utilisées dans ces deux études seront employées dans notre recherche.

Le but de l’étude de Verbruggen et De Houwer (2007) est de démontrer la présence d’une influence des stimuli émotionnels sur les performances d’inhibition. Ces auteurs ont employé la tâche du Stop Signal afin d’évaluer cette influence. La tâche se caractérise par la présentation d’images émotionnelles suivies par des signes neutres. Il s’agit de répondre en catégorisant deux signes « # » et « @ », sauf si un signal sonore est présenté. Dans ce cas, le participant doit s’empêcher de répondre. Les auteurs ont élaboré deux expériences. Dans la première expérience, les stimuli émotionnels sont des images positives, neutres et négatives tirées de l’International Affective Picture System, (IAPS). Les résultats montrent que les stimuli émotionnels capturent l’attention ce qui perturbe les capacités d’inhibition de réponse dominante (inhibition comportementale). Les SSRT2 (Stop Signal Reaction Time) sont plus élevés lors de la présentation de stimuli émotionnels, que pour des stimuli neutres. Ces résultats ne permettent pas de déterminer s’il s’agit d’un effet de la valence émotionnelle des stimuli en tant que telle ou du niveau d’activation (arousal) induit par les images employées.

A ce propos, les auteurs se sont alors intéressés à réaliser une deuxième expérience, mais cette

2 Résultat d’un calcul de soustraction entre deux variables mesurées pendant la tâche : la distribution du temps de

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fois-ci avec des stimuli émotionnels (positifs et négatifs) de haut et bas niveau d’activation (arousal). Les résultats de cette deuxième expérience montrent que les stimuli émotionnels de haut niveau d’activation (arousal) ont une influence majeure sur le temps mis pour initier l’inhibition par rapport aux stimuli émotionnels de bas niveau d’activation (arousal). En revanche, la valence des stimuli émotionnels a très peu d’effet (Verbruggen & De Houwer, 2007). Ces résultats soutiennent ce que différentes études ont démontré, à savoir que les stimuli émotionnels capturent notre attention en perturbant l’activité en cours (Schimmack, 2005 ; Verbruggen & De Houwer, 2007), d’où un temps plus long pour initier l’inhibition en présence des stimuli émotionnels.

Il est important de comprendre si cet effet de l’émotion est dû à l’influence de la valence ou au niveau d’activation (arousal) des stimuli émotionnels. Plusieurs théories ont été formulées pour expliquer l’influence de l’émotion sur l’attention. En particulier, selon Pratto et John (1991), les stimuli à valence émotionnelle négative capturent plus l’attention que les stimuli à valence émotionnelle positive. Contrairement à cette théorie de différence de valence, la théorie de l’arousal postule que tous les stimuli émotionnels avec un niveau d’activation (arousal) élevé sont cruciaux pour l’attention et provoquent plus d’interférence durant l’exécution de la tâche, tandis que la valence n’a pas d’effet (Schimmack 2005 ; Verbruggen

& De Houwer, 2007).

L’étude de Schimmack (2005) met en évidence cette influence des stimuli émotionnels sur le contrôle exécutif de l’attention. En effet, étant donné que le contrôle exécutif est une composante de l’attention impliquant le processus d’inhibition de réponses dominantes, ce dernier sera à son tour affecté par les stimuli émotionnels.

Jusqu’à présent nous avons pris en considération l’effet négatif des stimuli émotionnels sur les performances d’inhibition de réponse dominante, notamment dans la tâche du Stop Signal.

Contrairement à l’étude de Verbruggen et De Houwer (2007), l’intérêt de l’étude de Levens et Phelps (2008) est de mettre en évidence la présence éventuelle d’un effet facilitateur des stimuli émotionnels sur les performances de résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail. Cet effet est évalué par la tâche Recent Negative Task. La tâche employée dans cette étude correspond à la présentation séquentielle de trois mots ou images neutres, positifs et négatifs suivis par un stimulus cible (mots ou image). Le but de la tâche est de répondre le plus rapidement possible par « oui » ou par « non » si le mot cible a été présenté auparavant.

L’étude de ces auteurs est composée de trois expériences : dans la première expérience, les participants sont confrontés à une présentation séquentielle de stimuli, tels que des mots

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neutres et émotionnels, dans la deuxième expérience, les stimuli utilisés sont des images neutres et émotionnelles, et dans la dernière expérience les auteurs ont voulu tester l’influence de la valence et des niveaux d’activation (arousal) des stimuli émotionnels sur le processus de résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail (Levens & Phelps, 2008). Les stimuli sont regroupés en quatre catégories différentes, tels que (1) Récente réponse négative où le stimulus-cible n’a pas été présenté dans la série séquentielle présente, mais dans la série auparavant, (2) Non-récente réponse négative où le stimulus-cible n’a pas été ni présenté dans la série présente ni dans celle auparavant, (3) Récente réponse positive où le stimulus-cible est présenté dans la série présente et dans la précédente, (4) Non-récente réponse positive où le stimulus-cible est présenté dans la série séquentielle de mots présente. Il y a trois conditions expérimentales dont une est neutre et deux sont émotionnelles avec un but différent : dans une condition, les stimuli émotionnels sont la cible, tandis que dans l’autre condition elles ont la fonction de distracteurs, respectivement. Pour chaque condition, les auteurs prennent en compte le temps de réaction et le nombre d’erreurs afin d’évaluer l’effet de l’émotion sur la résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail.

Les résultats de la première expérience montrent, premièrement, que les temps de réaction sont plus élevés pour les stimuli (mots) dans la catégorie Récente que Non-récente dans les trois conditions expérimentales. De plus, le nombre d’erreurs est plus grand dans la catégorie Récente. Cela signifie que dans la catégorie Récente il y a plus d’interférence. Deuxièmement, afin de déterminer comment l’émotion influence l’interférence proactive, les auteurs ont comparé les trois conditions expérimentales au sein de la catégorie Récente et ont trouvé une différence entre les trois conditions. En effet, les résultats indiquent que les temps de réaction dans la condition émotionnelle où le stimulus émotionnel est la cible sont plus courts que dans la condition neutre et que dans la condition émotionnelle où le stimulus émotionnel est le distracteur. De plus, cette condition où le stimulus émotionnel est la cible engendre un nombre d’erreurs moindre que les deux autres (condition neutre et condition stimulus émotionnel-distracteur). Cela signifie que l’interférence diminue grâce à la présence de stimuli émotionnels. L’information émotionnelle semble ainsi aider à choisir la bonne réponse afin de diminuer l’interférence en mémoire de travail (Levens & Phelps, 2008).

En ce qui concerne la deuxième expérience, les auteurs trouvent les mêmes conclusions que pour la première expérience, à savoir que les stimuli émotionnels, mots ou images, facilitent la résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail.

Pour finir, afin de déterminer quels sont les composants (valence ou arousal) des stimuli émotionnels qui facilitent la résistance à l’interférence proactive, Levens et Phelps (2008) ont

(20)

proposé une troisième expérience. Les résultats obtenus, montrent que les stimuli émotionnels avec un haut niveau d’activation (arousal) ont un effet facilitateur sur les performances de résistance à l’interférence proactive. Ceci démontre que le niveau d’activation (arousal) est un aspect important des stimuli émotionnels qui apporte une influence positive sur les performances de résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail. Par exemple, les mots émotionnels, malgré leur valence avec un haut niveau d’activation (arousal), tels que

« mort » ou « bonheur » attirent beaucoup notre attention ce qui les inscrit profondément dans notre mémoire. En effet, les stimuli émotionnels sont plus « arousing » que les stimuli neutres, ils attirent plus l’attention et par conséquent sont plus rappelés.

Les stimuli émotionnels seront donc mieux encodés que les stimuli neutres en mémoire de travail ce qui diminuerait ainsi l’interférence proactive (Levens & Phelps, 2008 ; Talmi, Schimmack, Paterson & Moscovitch, 2007).

I.5.2 Régions cérébrales impliquées dans les relations émotion-cognition

De nombreuses études de neuroimagerie mettent en évidence l’intégration de l’émotion- cognition par l’activation de l’amygdale et du cortex préfrontal (Bechara, Damasio, Damasio

& Lee, 1999 ; Pirot, 2004).

En particulier, l’étude de Shafritz, Collins et Blumberg (2006) montre bien la relation entre les régions cérébrales impliquées dans l’émotion et celles impliquées dans l’inhibition. Plus spécifiquement, il s’agit d’investiguer les régions cérébrales impliquées dans les performances d’inhibition lors d’une tâche Go/No-Go composée par des visages contents et tristes ou par des lettres. Les résultats révèlent que le cortex frontal inférieur et l’insula sont activés lorsqu’il faut inhiber la réponse en présence de visages émotionnels. De plus, il ressort qu’il y a une activation du cortex cingulaire antérieur lorsqu’il faut en particulier inhiber les stimuli de visages tristes. Au contraire, ces régions ne sont pas particulièrement impliquées dans la tâche Go/No-Go lettres. Cela dénote qu’il y a différentes régions cérébrales impliquées dans les capacités d’inhibition surtout en contexte émotionnel.

Une autre étude similaire de Goldstein et al. (2007) met en évidence le rôle fondamental du cortex préfrontal et de l’amygdale dans l’intégration de processus émotionnels et de processus d’inhibition utilisant la tâche du Go/No-Go émotionnelle. A travers la technique IRMf, ils ont obtenu des résultats allant dans le sens de leur hypothèse, à savoir que le cortex préfrontal et la région limbique antérieure (amygdale) sont activés lors de l’exécution de cette tâche.

Pour conclure, ces deux concepts (émotion et cognition) vont intervenir ensemble afin de contrôler les pensées et les comportements de l’individu.

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I.6 Objectifs de recherche

Cette étude vise à identifier les processus d’inhibition sous-tendant certaines dimensions de l’impulsivité et à investiguer le rôle des émotions sur ces processus.

Le premier objectif de cette étude consiste à investiguer l’influence de stimuli reliés à des émotions positives, négatives ou neutres sur deux processus d’inhibition : l’inhibition de réponses dominantes/automatiques et la résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail. Le second objectif est d’investiguer les liens entre ces processus d’inhibition et deux dimensions spécifiques de l’impulsivité : l’urgence et le manque de persévérance. Plus spécifiquement, conformément à l’étude de Verbruggen et De Houwer (2007), les stimuli à valence émotionnelle devraient avoir un effet perturbateur sur les processus d’inhibition de réponses dominantes. A l’inverse, comme l’ont démontré Levens et Phelps (2008), la valence émotionnelle des stimuli devrait avoir un effet facilitateur sur les capacités de résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail. En outre, en ce qui concerne l’impulsivité, l’inhibition de réponses dominantes, en particulier en présence de stimuli à valence émotionnelle négative, devrait être associée à une urgence plus élevée. Enfin, la résistance à l’interférence proactive en mémoire de travail, en présence de matériel neutre, devrait être associée au manque de persévérance.

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II. METHODOLOGIE

II.1 Population

Notre échantillon est composé de 58 personnes (39 femmes et 19 hommes) âgées entre 18 et 30 ans (M) = 22.72, (E-T) = 2.70. La plupart des participants sont étudiants à l’Université de Genève, ils ont donc une bonne maîtrise de la langue française, ce qui constitue un préalable pour la participation à l’expérience. Ils ont participé à l’expérience de façon volontaire et non rémunérée. Tous ont signé un formulaire de consentement.

Les critères d’inclusion pour participer à l’expérience étaient les suivants : une bonne maîtrise de la langue française et une bonne santé générale.

Les critères d’exclusion étaient les suivants : la présence de troubles neurologiques (p.ex., traumatisme crânien, épilepsie, tumeur, etc.), et de problèmes psychiatriques (p.ex.

dépression, troubles anxieux, etc.), ainsi que la prise de psychotropes.

II.2 Matériel

L’expérience se déroulait dans la salle M6389 (6ème étage) à l’Université Mail de Genève conçue pour la passation des tâches informatisées et où on dispose d’un ordinateur avec des haut-parleurs. Il s’agit d’un endroit silencieux où les participants peuvent facilement se concentrer tout au long de l’expérience. Notre expérience est constituée de deux tâches informatisées : Stop Signal et Recent Negative Task programmées avec le logiciel E-prime, et de 2 questionnaires : UPPS Impulsive Behavior Scale et BDI-II Beck Depression Inventory-II administrés dans un ordre pseudo-aléatoire.

II.2.1 Tâches informatisées

II.2.2 Paradigme de Stop Signal (adapté de Verbruggen & De Houwer, 2007)

Cette première tâche évalue les capacités d’inhibition de réponses dominantes (figure 1). Il s’agit de l’apparition rapide durant 500 ms de visages d’hommes ou de femmes exprimant une émotion neutre, de joie ou de colère. Les visages apparaissent après la présentation d’une croix de fixation d’une durée de 500 ms. La tâche consiste à catégoriser le plus rapidement et correctement possible ces visages selon leur genre en appuyant sur une touche à gauche du clavier lorsqu’il s’agit d’un visage « femme » ou sur une touche à droite lorsqu’il s’agit d’un visage « homme », et en outre à inhiber la réponse lorsqu’un signal sonore (stop signal) apparaît tout de suite après le visage.

(23)

Les stimuli sont composés de 32 visages différents de 16 hommes et de 16 femmes divisés en trois conditions expérimentales : expression de colère, neutre ou joie. Ces visages ont été choisis dans la batterie Karolinska (Lundqvist, Flykt, & Ohman, 1998). Pour chaque condition expérimentale, il y a 12 visages (6 visages « homme » et 6 visages « femme »). Sur le total des stimuli, 25% des essais (96 essais) sont suivis du signal sonore, c’est-à-dire que les réponses doivent être inhibées par les participants. Il y a quatre temps d’apparition différents du signal sonore (stop signal) : 200 ms, 240 ms, 280 ms et 320 ms pour éviter que le participant ne puisse l’anticiper. Cela mène donc à un total de 32 essais à inhiber dans chaque condition expérimentale et huit temps d’apparition du stop signal, à savoir 8x200 ms, 8x240 ms, 8x280 ms, 8x320 ms. Dans chaque bloc, il y a donc 24 essais à inhiber, c’est-à-dire 8 essais pour chaque condition expérimentale, et ainsi chaque temps d’apparition du stop signal apparaît deux fois.

Ce paradigme se compose de quatre blocs d’une durée de 5 minutes par bloc de 96 essais chacun, pour un total de 384 essais.

A la fin de chaque bloc, un feedback concernant le temps de réaction des essais « go » (réponses sans signal sonore) et du temps de réaction obtenus durant la phase d’entraînement est indiqué à l’écran. Ce feedback est nécessaire pour que le participant comprenne qu’il ne faut pas attendre le signal sonore pour répondre.

Avant de commencer la phase de test du Stop Signal, décrite ci-dessus, il y a une phase d’automatisation qui entraîne le participant à donner la réponse dominante, c’est-à-dire catégoriser le plus rapidement et correctement possible les visages selon leur genre sans la présence du signal sonore. Cette phase est composée de 48 essais comprenant 16 essais dans chaque condition expérimentale où 4 visages différents sont présentés (il s’agit de visages différents de ceux présentés lors de la phase de test).

Une phase d’entraînement du Stop Signal suit tout de suite après cette dernière, dans laquelle sont présentés 20 essais dont 5 sont à inhiber. Les stimuli sont les mêmes que ceux de la phase d’automatisation. Dans ce cas, les erreurs (les réponses non inhibées, les erreurs de catégorisation ou l’absence de réponses) sont signalées à l’écran.

(24)

Femme Homme

Femme Homme

+ +

500 ms 500 ms

200 ms, 240 ms, 280 ms et 320 ms Phase de Test

Figure 1. Illustration de la tâche Stop Signal

La variable dépendante est le Stop Signal Reaction Time (SSRT). Issu du modèle de Logan (1994), le horse-race model, le SSRT est le résultat d’un calcul de soustraction entre deux variables mesurées pendant la tâche : la distribution du temps de réaction sans le stop signal moins le stop signal delay (SSD).

Le SSD est une estimation qui prend en compte le délai du temps de réaction entre l’apparition du visage et l’apparition du signal sonore (stop signal) (Verbruggen & De Houwer, 2007). En effet, comme mentionné plus haut, quatre temps d’apparition du Stop Signal (200 ms, 240 ms, 280 ms et 320 ms) ont été adoptés pour éviter que le participant n’attende le signal sonore.

Ce horse-race model représente la « course » entre deux processus, l’un est le processus qui correspond au temps de réaction lors de l’apparition des stimuli (dans notre cas, les visages) et l’autre est le processus qui correspond au temps de réaction lors de l’apparition du stop signal.

Ces deux processus sont en compétition : si le processus répondant au Stop Signal finit avant le processus répondant au temps de réaction aux stimuli, la réponse sera inhibée ; par contre si le processus répondant aux stimuli finit avant le processus répondant au Stop Signal, la réponse sera effectuée (Logan, Cowan & Davis, 1984). On obtient ainsi une probabilité de réponse inhibée (Pinhibit) qui reflète la probabilité du processus Stop Signal de finir avant le

(25)

processus temps de réaction aux stimuli qui est représenté à droite de la courbe du graphique (figure 2).

A gauche du modèle représenté ci-dessous, on observe que le temps de réaction aux stimuli (Primary task stimulus) est plus rapide que le temps de réaction au Stop Signal, par conséquent le sujet donne une réponse alors qu’il devrait l’inhiber. Il fait donc une erreur d’inhibition.

La partie gauche de la courbe, distribution de temps de réaction, représente la probabilité de réponse (Prespond) en présence du stop signal et le nombre d’erreurs. Cela signifie que plus le nombre d’erreurs est grand, plus le SSRT est élevé. Par contre, à droite de la ligne, la réponse au Stop Signal est plus rapide que la réponse au stimulus. Ce qui montre que le sujet a correctement inhibé la réponse.

Nous avons pris en considération comme mesure le nombre d’erreurs et le temps de réaction (SSRT) pour chaque condition émotionnelle.

Figure 2. The horse-race model (Logan, 1994).

II.2.3 Recent Negative Task(RNT ; Gay et al., 2008 ; Levens & Phelps, 2008)

Cette tâche informatisée, Recent Negative Task, (RNT) est une tâche de reconnaissance de mots qui évalue l’interférence proactive en mémoire de travail. Elle se caractérise par la présentation séquentielle de 3 mots soit neutres, soit positifs, soit négatifs suivis par un mot- cible en 3 blocs de 5 minutes chacun.

La tâche consiste à répondre (le plus rapidement et correctement possible) « oui » si le mot- cible a été présenté dans la série de 3 mots en appuyant sur la touche « 8 » avec l’index gauche ou à répondre « non » lorsque ce n’est pas le cas sur la touche « 9 » avec l’index droit.

Lorsque le mot-cible n’est pas présent dans la série de 3 mots (réponse négative), deux conditions sont prises en compte : la condition récente où le mot-cible était présenté dans la

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Gâteau

série d’avant (N-1) et la condition non récente où le mot-cible appartient à une série présentée trois séries auparavant (N-3), (figures 3 et 4).

Pour chaque condition émotionnelle (mots neutres, positifs et négatifs), il y a 40 essais, dont 20 pour la condition récente négative et 20 pour la condition non-récente négative.

L’ordre des trois conditions expérimentales est randomisé de manière aléatoire et l’ordre des mots est contrôlé afin que le participant doive donner une réponse négative dans la condition récente et non récente. En outre, les mots sont appariés selon leur fréquence lexicale, leur degré d’imagibilité et leur longueur. Ces trois paramètres sont donc équivalents d’une condition émotionnelle à l’autre.

Le temps de présentation de chaque mot dans la série est de 750 ms, présentation suivie par 100 ms d’intervalle avant le prochain mot. Ensuite, suit un masque (####) apparaît pendant 400 ms pour annoncer l’apparition du mot-cible qui est présenté pendant 600 ms. Une nouvelle série de mots commence dès que le participant a répondu (Gay et al., 2008).

Avant de commencer le test, deux essais d’entraînement ont été proposés pour que le participant comprenne la tâche.

SERIE CIBLE RÉPONSE/CONDITION

¡ bleu-blanc-rouge - rouge? Positive

¡ noir-vert-jaune - blanc? Négative / Récente (N-1)

¡ pourpre-pâle-pivoine - pâle? Positive

¡ gris-orange-violet - bleu? Négative / Non-Récente (N-3)

Figure 3. Illustration de la tâche Recent Negative Task (RNT)

750 ms

750 ms

750 ms

400 ms

600 ms

Figure 4. Illustration de la tâche RNT Surprise

Cadeau

####

Gâteau

(27)

En ce qui concerne les variables dépendantes de cette tâche, nous prenons en compte les indices d’interférence (le nombre d’erreurs dans la condition récente moins le nombre d’erreurs dans la condition non récente, dans la réponse négative), pour chaque condition émotionnelle.

II.3 Questionnaires

UPPS Impulsive Behavior Scale

Ce questionnaire est une version française de Van der Linden et al., (2006) qui est composé de 45 items sélectionnés par Witheside et Lynamm (2001) grâce à des analyses factorielles exploratoires. Ces items évaluent 4 facettes distinctes de la personnalité associées à l’impulsivité, tels que l’urgence (12 items), (le manque de) préméditation (11 items), (le manque de) persévérance (10 items) et la recherche de sensation (12 items) et ils sont évalués sur une échelle de Likert de 4 degré : 1 = « tout à fait en accord », 2 = « plutôt d’accord », 3 =

« plutôt en désaccord » et 4 = « tout à fait en désaccord ». Urgence : (item 36) J’aggrave souvent les choses parce que j’agis sans réfléchir quand je suis contrarié(e). Préméditation : (item 27) D’habitude je me décide après un raisonnement bien mûri. Persévérance : (item 20) Je me concentre facilement. Recherche de sensations : (item 3) Je recherche généralement des expérience et sensations nouvelles et excitantes. Plus les scores sont élevés, plus le niveau d’impulsivité est élevé.

BDI-II Beck Depression Inventory-II (Beck et al., 1979)

Ce questionnaire auto-reporté mesure le niveau de dépression de la personne. Il a été construit sur la base de 21 énoncés qui caractérisent des symptômes manifestés par un échantillon de patients psychiatriques dépressifs dans les années 1960 (Beck et al., 1961). Les énoncés sont cotés de 0 à 3 en termes d’intensité de dépression. Ils représentent (1) la tristesse, (2) le pessimisme, (3) les échecs dans le passé, (4) la perte de plaisir, (5) le sentiment de culpabilité, (6) le sentiment d’être puni, (7) les sentiments négatifs envers soi-même, (8) l’attitude critique envers soi, (9) les pensées ou désirs de suicide, (10) les pleurs, (11) l’agitation, (12) la perte d’intérêt, (13) l’indécision, (14) la dévalorisation, (15) la perte d’énergie, (16) la modification dans les habitudes de sommeil, (17) l’irritabilité, (18) la modification de l’appétit, (19) la difficulté à se concentrer, (20) la fatigue, (21) la perte d’intérêt pour le sexe. Plus le score est élevé plus l’intensité des symptômes est élevée.

(28)

II.4 Procédure

Les sujets ont été recrutés à Uni Mail et ont réalisé notre expérience dans la salle 6389 pendant environ 60 minutes. Malgré l’absence de rémunération, les étudiants ont accepté d’y participer. Avant de commencer l’expérience, le participant devait signer une feuille de consentement où le déroulement de l’expérience, son objectif général, l’anonymat et la confidentialité des données étaient décrits. Pour chaque participant, nous avons rempli une fiche personnelle où figuraient l’âge, le sexe, le nombre d’années d’études, la langue maternelle et les critères d’exclusion. L’expérience commençait avec les tâches informatisées Stop Signal et Recent Negative Task. Dans un deuxième temps suivaient les deux questionnaires à remplir. Les tâches informatisées et les questionnaires ont été administrés de façon pseudo-aléatoire. Chaque tâche informatisée durait 15 minutes et le temps employé pour remplir les questionnaires était d’environ 20 minutes.

II.5 Hypothèses

Conformément à l’étude de Verbruggen et De Houwer (2007), les stimuli à valence émotionnelle devraient avoir un effet perturbateur sur les processus d’inhibition de réponses dominantes. Dans la tâche du Stop Signal, nous nous attendons à observer des SSRT plus élevés lors de la présentation des stimuli émotionnels (visages de joie et de colère) par rapport à des stimuli neutres, traduisant de plus grandes difficultés d’inhibition dans les conditions émotionnelles que neutre. De plus, nous cherchons à trouver des temps de réaction au stop signal (SSRT) plus élevés dans la condition de colère pour les participants qui ont obtenu un score élevé dans la dimension urgence (Gay et al., 2008). Plus précisément, nous nous attendons à trouver une corrélation positive entre le SSRT colère et l’Urgence.

En ce qui concerne la tâche Recent Negative Task, nous nous attendons à observer un effet facilitateur des stimuli émotionnels sur les performances de résistance à l’interférence proactive (Levens & Phelps, 2008). Nous nous attendons à trouver un nombre d’erreurs plus petit dans les conditions émotionnelles, traduisant des meilleures performances dans la résistance à l’interférence proactive, à savoir une meilleure reconnaissance des mots émotionnelles. En outre, nous cherchons à trouver des indices d’interférence plus élevés dans la condition neutre associés à un score élevé de manque de persévérance (Gay et al., 2008).

Nous nous attendons à trouver une corrélation positive entre le nombre d’erreurs des indices d’interférence dans la condition neutre et un manque de persévérance.

(29)

III. RESULTATS III.1 UPPS et BDI-II

Pour vérifier la consistance interne des deux questionnaires administrés aux participants (UPPS et BDI-II), nous avons calculé le coefficient α de Cronbach. Les résultats, présentés dans le tableau 1, témoignent d’une très bonne consistance interne (> .70).

Tableau 1 : coefficient α de Cronbach, moyenne et écart-type des scores aux quatre facettes de l’impulsivité évaluées par le questionnaire UPPS et au questionnaire BDI-II.

α m e-t

Urgence .89 27.72 6.03

M. de Prém .89 22.74 5.34

M. de Pers .81 19.65 4.14

Rech. de Sens. .91 31.40 8.40

BDI-II .79 7.16 4.74

Note. α = coefficient de Cronbach ; Urgence, Manque de Préméditation, Manque de Persévérance et Recherche de Sensation = UPPS ; BDI-II = Beck Depression Inventory-II

III.2 Rappel des hypothèses

III.2.1 Stop Signal

Dans la tâche Stop Signal, nous cherchons à trouver un effet négatif des stimuli émotionnels sur les performances d’inhibition de réponses dominantes. De plus, l’inhibition de réponses dominantes, en présence de stimuli à valence émotionnelle négative, devrait être associée à l’urgence.

III.2.2 Recent-Negative Task (RNT)

Dans la tâche RNT, nous nous attendons à un effet facilitateur des stimuli émotionnels sur la reconnaissance des mots encodés en mémoire de travail. En particulier, la résistance à l’interférence proactive serait, en présence du matériel neutre, associée au manque de persévérance.

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