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I.6 Objectifs de recherche

II.2.1 Tâches informatisées

II.2.2 Paradigme de Stop Signal (adapté de Verbruggen & De Houwer, 2007)

Cette première tâche évalue les capacités d’inhibition de réponses dominantes (figure 1). Il s’agit de l’apparition rapide durant 500 ms de visages d’hommes ou de femmes exprimant une émotion neutre, de joie ou de colère. Les visages apparaissent après la présentation d’une croix de fixation d’une durée de 500 ms. La tâche consiste à catégoriser le plus rapidement et correctement possible ces visages selon leur genre en appuyant sur une touche à gauche du clavier lorsqu’il s’agit d’un visage « femme » ou sur une touche à droite lorsqu’il s’agit d’un visage « homme », et en outre à inhiber la réponse lorsqu’un signal sonore (stop signal) apparaît tout de suite après le visage.

Les stimuli sont composés de 32 visages différents de 16 hommes et de 16 femmes divisés en trois conditions expérimentales : expression de colère, neutre ou joie. Ces visages ont été choisis dans la batterie Karolinska (Lundqvist, Flykt, & Ohman, 1998). Pour chaque condition expérimentale, il y a 12 visages (6 visages « homme » et 6 visages « femme »). Sur le total des stimuli, 25% des essais (96 essais) sont suivis du signal sonore, c’est-à-dire que les réponses doivent être inhibées par les participants. Il y a quatre temps d’apparition différents du signal sonore (stop signal) : 200 ms, 240 ms, 280 ms et 320 ms pour éviter que le participant ne puisse l’anticiper. Cela mène donc à un total de 32 essais à inhiber dans chaque condition expérimentale et huit temps d’apparition du stop signal, à savoir 8x200 ms, 8x240 ms, 8x280 ms, 8x320 ms. Dans chaque bloc, il y a donc 24 essais à inhiber, c’est-à-dire 8 essais pour chaque condition expérimentale, et ainsi chaque temps d’apparition du stop signal apparaît deux fois.

Ce paradigme se compose de quatre blocs d’une durée de 5 minutes par bloc de 96 essais chacun, pour un total de 384 essais.

A la fin de chaque bloc, un feedback concernant le temps de réaction des essais « go » (réponses sans signal sonore) et du temps de réaction obtenus durant la phase d’entraînement est indiqué à l’écran. Ce feedback est nécessaire pour que le participant comprenne qu’il ne faut pas attendre le signal sonore pour répondre.

Avant de commencer la phase de test du Stop Signal, décrite ci-dessus, il y a une phase d’automatisation qui entraîne le participant à donner la réponse dominante, c’est-à-dire catégoriser le plus rapidement et correctement possible les visages selon leur genre sans la présence du signal sonore. Cette phase est composée de 48 essais comprenant 16 essais dans chaque condition expérimentale où 4 visages différents sont présentés (il s’agit de visages différents de ceux présentés lors de la phase de test).

Une phase d’entraînement du Stop Signal suit tout de suite après cette dernière, dans laquelle sont présentés 20 essais dont 5 sont à inhiber. Les stimuli sont les mêmes que ceux de la phase d’automatisation. Dans ce cas, les erreurs (les réponses non inhibées, les erreurs de catégorisation ou l’absence de réponses) sont signalées à l’écran.

Femme Homme

Femme Homme

+ +

500 ms 500 ms

200 ms, 240 ms, 280 ms et 320 ms Phase de Test

Figure 1. Illustration de la tâche Stop Signal

La variable dépendante est le Stop Signal Reaction Time (SSRT). Issu du modèle de Logan (1994), le horse-race model, le SSRT est le résultat d’un calcul de soustraction entre deux variables mesurées pendant la tâche : la distribution du temps de réaction sans le stop signal moins le stop signal delay (SSD).

Le SSD est une estimation qui prend en compte le délai du temps de réaction entre l’apparition du visage et l’apparition du signal sonore (stop signal) (Verbruggen & De Houwer, 2007). En effet, comme mentionné plus haut, quatre temps d’apparition du Stop Signal (200 ms, 240 ms, 280 ms et 320 ms) ont été adoptés pour éviter que le participant n’attende le signal sonore.

Ce horse-race model représente la « course » entre deux processus, l’un est le processus qui correspond au temps de réaction lors de l’apparition des stimuli (dans notre cas, les visages) et l’autre est le processus qui correspond au temps de réaction lors de l’apparition du stop signal.

Ces deux processus sont en compétition : si le processus répondant au Stop Signal finit avant le processus répondant au temps de réaction aux stimuli, la réponse sera inhibée ; par contre si le processus répondant aux stimuli finit avant le processus répondant au Stop Signal, la réponse sera effectuée (Logan, Cowan & Davis, 1984). On obtient ainsi une probabilité de réponse inhibée (Pinhibit) qui reflète la probabilité du processus Stop Signal de finir avant le

processus temps de réaction aux stimuli qui est représenté à droite de la courbe du graphique (figure 2).

A gauche du modèle représenté ci-dessous, on observe que le temps de réaction aux stimuli (Primary task stimulus) est plus rapide que le temps de réaction au Stop Signal, par conséquent le sujet donne une réponse alors qu’il devrait l’inhiber. Il fait donc une erreur d’inhibition.

La partie gauche de la courbe, distribution de temps de réaction, représente la probabilité de réponse (Prespond) en présence du stop signal et le nombre d’erreurs. Cela signifie que plus le nombre d’erreurs est grand, plus le SSRT est élevé. Par contre, à droite de la ligne, la réponse au Stop Signal est plus rapide que la réponse au stimulus. Ce qui montre que le sujet a correctement inhibé la réponse.

Nous avons pris en considération comme mesure le nombre d’erreurs et le temps de réaction (SSRT) pour chaque condition émotionnelle.

Figure 2. The horse-race model (Logan, 1994).

II.2.3 Recent Negative Task(RNT ; Gay et al., 2008 ; Levens & Phelps, 2008)

Cette tâche informatisée, Recent Negative Task, (RNT) est une tâche de reconnaissance de mots qui évalue l’interférence proactive en mémoire de travail. Elle se caractérise par la présentation séquentielle de 3 mots soit neutres, soit positifs, soit négatifs suivis par un mot-cible en 3 blocs de 5 minutes chacun.

La tâche consiste à répondre (le plus rapidement et correctement possible) « oui » si le mot-cible a été présenté dans la série de 3 mots en appuyant sur la touche « 8 » avec l’index gauche ou à répondre « non » lorsque ce n’est pas le cas sur la touche « 9 » avec l’index droit.

Lorsque le mot-cible n’est pas présent dans la série de 3 mots (réponse négative), deux conditions sont prises en compte : la condition récente où le mot-cible était présenté dans la

Gâteau

série d’avant (N-1) et la condition non récente où le mot-cible appartient à une série présentée trois séries auparavant (N-3), (figures 3 et 4).

Pour chaque condition émotionnelle (mots neutres, positifs et négatifs), il y a 40 essais, dont 20 pour la condition récente négative et 20 pour la condition non-récente négative.

L’ordre des trois conditions expérimentales est randomisé de manière aléatoire et l’ordre des mots est contrôlé afin que le participant doive donner une réponse négative dans la condition récente et non récente. En outre, les mots sont appariés selon leur fréquence lexicale, leur degré d’imagibilité et leur longueur. Ces trois paramètres sont donc équivalents d’une condition émotionnelle à l’autre.

Le temps de présentation de chaque mot dans la série est de 750 ms, présentation suivie par 100 ms d’intervalle avant le prochain mot. Ensuite, suit un masque (####) apparaît pendant 400 ms pour annoncer l’apparition du mot-cible qui est présenté pendant 600 ms. Une nouvelle série de mots commence dès que le participant a répondu (Gay et al., 2008).

Avant de commencer le test, deux essais d’entraînement ont été proposés pour que le

Figure 3. Illustration de la tâche Recent Negative Task (RNT)

En ce qui concerne les variables dépendantes de cette tâche, nous prenons en compte les indices d’interférence (le nombre d’erreurs dans la condition récente moins le nombre d’erreurs dans la condition non récente, dans la réponse négative), pour chaque condition émotionnelle.

II.3 Questionnaires

UPPS Impulsive Behavior Scale

Ce questionnaire est une version française de Van der Linden et al., (2006) qui est composé de 45 items sélectionnés par Witheside et Lynamm (2001) grâce à des analyses factorielles exploratoires. Ces items évaluent 4 facettes distinctes de la personnalité associées à l’impulsivité, tels que l’urgence (12 items), (le manque de) préméditation (11 items), (le manque de) persévérance (10 items) et la recherche de sensation (12 items) et ils sont évalués sur une échelle de Likert de 4 degré : 1 = « tout à fait en accord », 2 = « plutôt d’accord », 3 =

« plutôt en désaccord » et 4 = « tout à fait en désaccord ». Urgence : (item 36) J’aggrave souvent les choses parce que j’agis sans réfléchir quand je suis contrarié(e). Préméditation : (item 27) D’habitude je me décide après un raisonnement bien mûri. Persévérance : (item 20) Je me concentre facilement. Recherche de sensations : (item 3) Je recherche généralement des expérience et sensations nouvelles et excitantes. Plus les scores sont élevés, plus le niveau d’impulsivité est élevé.

BDI-II Beck Depression Inventory-II (Beck et al., 1979)

Ce questionnaire auto-reporté mesure le niveau de dépression de la personne. Il a été construit sur la base de 21 énoncés qui caractérisent des symptômes manifestés par un échantillon de patients psychiatriques dépressifs dans les années 1960 (Beck et al., 1961). Les énoncés sont cotés de 0 à 3 en termes d’intensité de dépression. Ils représentent (1) la tristesse, (2) le pessimisme, (3) les échecs dans le passé, (4) la perte de plaisir, (5) le sentiment de culpabilité, (6) le sentiment d’être puni, (7) les sentiments négatifs envers soi-même, (8) l’attitude critique envers soi, (9) les pensées ou désirs de suicide, (10) les pleurs, (11) l’agitation, (12) la perte d’intérêt, (13) l’indécision, (14) la dévalorisation, (15) la perte d’énergie, (16) la modification dans les habitudes de sommeil, (17) l’irritabilité, (18) la modification de l’appétit, (19) la difficulté à se concentrer, (20) la fatigue, (21) la perte d’intérêt pour le sexe. Plus le score est élevé plus l’intensité des symptômes est élevée.

II.4 Procédure

Les sujets ont été recrutés à Uni Mail et ont réalisé notre expérience dans la salle 6389 pendant environ 60 minutes. Malgré l’absence de rémunération, les étudiants ont accepté d’y participer. Avant de commencer l’expérience, le participant devait signer une feuille de consentement où le déroulement de l’expérience, son objectif général, l’anonymat et la confidentialité des données étaient décrits. Pour chaque participant, nous avons rempli une fiche personnelle où figuraient l’âge, le sexe, le nombre d’années d’études, la langue maternelle et les critères d’exclusion. L’expérience commençait avec les tâches informatisées Stop Signal et Recent Negative Task. Dans un deuxième temps suivaient les deux questionnaires à remplir. Les tâches informatisées et les questionnaires ont été administrés de façon pseudo-aléatoire. Chaque tâche informatisée durait 15 minutes et le temps employé pour remplir les questionnaires était d’environ 20 minutes.

II.5 Hypothèses

Conformément à l’étude de Verbruggen et De Houwer (2007), les stimuli à valence émotionnelle devraient avoir un effet perturbateur sur les processus d’inhibition de réponses dominantes. Dans la tâche du Stop Signal, nous nous attendons à observer des SSRT plus élevés lors de la présentation des stimuli émotionnels (visages de joie et de colère) par rapport à des stimuli neutres, traduisant de plus grandes difficultés d’inhibition dans les conditions émotionnelles que neutre. De plus, nous cherchons à trouver des temps de réaction au stop signal (SSRT) plus élevés dans la condition de colère pour les participants qui ont obtenu un score élevé dans la dimension urgence (Gay et al., 2008). Plus précisément, nous nous attendons à trouver une corrélation positive entre le SSRT colère et l’Urgence.

En ce qui concerne la tâche Recent Negative Task, nous nous attendons à observer un effet facilitateur des stimuli émotionnels sur les performances de résistance à l’interférence proactive (Levens & Phelps, 2008). Nous nous attendons à trouver un nombre d’erreurs plus petit dans les conditions émotionnelles, traduisant des meilleures performances dans la résistance à l’interférence proactive, à savoir une meilleure reconnaissance des mots émotionnelles. En outre, nous cherchons à trouver des indices d’interférence plus élevés dans la condition neutre associés à un score élevé de manque de persévérance (Gay et al., 2008).

Nous nous attendons à trouver une corrélation positive entre le nombre d’erreurs des indices d’interférence dans la condition neutre et un manque de persévérance.

III. RESULTATS

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