• Aucun résultat trouvé

Les Alpes dans la Préhistoire et l'Antiquité: en guise d'introduction à la recherche d'une chronologie

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Les Alpes dans la Préhistoire et l'Antiquité: en guise d'introduction à la recherche d'une chronologie"

Copied!
5
0
0

Texte intégral

(1)

Article

Reference

Les Alpes dans la Préhistoire et l'Antiquité: en guise d'introduction à la recherche d'une chronologie

GALLAY, Alain

GALLAY, Alain. Les Alpes dans la Préhistoire et l'Antiquité: en guise d'introduction à la

recherche d'une chronologie. Bulletin d'études préhistoriques et archéologiques alpines , 1990, vol. 1, Actes du Ve Colloque sur les Alpes dans l'Antiquité, Pila, 11-13 sept. 1987, p.

23-26

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:98041

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)

EN GUISE D'INTRODUCTION A LA RECHERCHE D'UNE CHRONOLOGIE par ALAIN ÜALLAY 1

En guise d'introduction à ce

se

Colloque sur les Alpes dans la Préhistoire et l' Antiquité, peut-être n'est­

il pas inutile de situer ici les objectifs et les enjeux de cette rencontre.

Si le désir de mieux comprendre le devenir d'une région que nous aimons tous nous rassemble ici nous nous devons de préciser ce que cette compréhension signifie.

Concernant les enjeux d'une démarche générale je distinguerai trois niveaux, trois approches étroite­

ment imbriquées.

Niveau 1. Les scénarios locaux.

Reconstituer les séquences historiques locales constitue la première des tâches de l'archéologue, celle qui se trouve la plus proche de son travail de terrain. Les matériaux sur lesquels se fonderont les réflexions ultérieures se présentent d'abord sous la forme d'autant de microhistoires propres à un site, un groupe de si­

tes, une vallée, ou une région. Ces dernières paraissent irréductibles les unes aux autres, du moins dans une première phase de la recherche.

Nous savons d'autre part que ces scénarios sont toujours partiels et incomplets puisque fondés sur un nombre forcément limité de découvertes. Il n'est donc jamais possible d'apprécier leur degré de pertinence, puisque l'histoire réelle, objet de notre quête, est inconnue. Il convient donc de garder une certaine humilité face à une connaissance dont nous savons qu'elle n'est qu'une approximation plus ou moins grossière d'une réalité dont nous ne pourrons jamais atteindre toutes les nuances.

Niveau 2. Les régularités.

Au-delà des scénarios locaux, nous désirons tous pourtant dégager une certaine cohérence dans la dyna­

mique des peuplements locaux et retrouver l'unicité de certains développements.

Ces modèles rendant compte des convergences identifiées sont en effet indispensables à toute valida­

tion de nos connaissances empiriques puisqu'ils permettent seuls d'opérer des prédictions susceptibles d'être confirmées ou infirmées par les recherches ultérieures. L'expérience montre pourtant que la réalité est toujours plus complexe et plus diversifiée qu'on ne le suppose.

J'en veux pour preuve l'expérience de prospection que nous conduisons actuellement en Valais, mes col­

lègues et moi-même. Cette prospection était initialement fondée sur l'hypothèse d'une certaine homogénéité dans le peuplement épipaléolithique et néolithique des Alpes justifiant l'établissement d'un modèle général fondé sur la connaissance de scénarios partiels définis notamment dans le Trentin, en Valais et aux environs du massif du Vercors. Trois années de recherches nous incitent à formuler des nuances fondamentales tenant compte des différences écologiques affectant les versants méridionaux des Alpes et les vallées internes com­

me le Valais. Il semble par exemple bien improbable aujourd'hui que les chasseurs mésolithiques aient péné­

tré dans la haute vallée du Rhône pour y chasser, comme c'est le cas pour le Trentin à la même époque.

Niveau 3. Les mécanismes du peuplement.

Au-delà se situe enfin la sphère combien lointaine de l'explication pouvant rendre compte des régulari-

1 Département d"Anthropologie et d'Ecologie de !"Université de Genève. 12. rue Gustave Revilliod -1227 Carouge - Genève (Suisse).

(3)

24 A.GALLAY

tés observées, c'est-à-dire de l'unité des processus transparaissant à travers les contingences historiques. Les sciences de la nature nous apprennent que l'explication doit se formuler en termes de mécanismes et non de finalité. Du fait des particularismes écologiques des Alpes, il convient de réserver ici une place privilégiée aux mécanismes adaptatifs. Au coeur de ce problème, pour les civilisations agricoles notamment, se pose par exemple la question de l'émergence du "contrôle vertical" si caractéristique des économies dites de montagne.

1. IMPORTANCE DES QUESTIONS CHRONOLOGIQUES

II me faut maintenant revenir sur les questions chronologiques qui se trouvent au coeur de cette rencon­

tre. L'ordre retenu ci-dessus dans la présentation des questions ouvertes est l'ordre logique des démonstra­

tions achevées, sinon l'ordre réel de notre démarche pratique, que cette dernière soit empirique ou déducti­

ve. II n'en reste pas moins que l'établissement des scénarios reste la base de l'édifice historique. C'est éga­

lement le niveau où se situent les chercheurs les plus nombreux. Certains admettent même que seule cette fraction des réalités anciennes est réellement accessible à travers les vestiges découverts par les archéolo­

gues. Je ne partage pourtant pas cette vision trop pessimiste des limites effectives de notre métier.

Quoi qu'il en soit les questions chronologiques constituent un thème largement mobilisateur pour une réunion comme la nôtre, qui se doit de rassembler le plus grand nombre d'archéologues venant d'horizons les plus divers.

L'établissement des chronologies passe, nous le savons tous, par trois types de démarches:

des sériations de documents fondées sur des références internes (stratigraphies, etc.) ou externes (comparaisons à distance),

des datations absolues (Carbone 14, dendrochronologie),

l'établissement, pour les périodes les plus récentes, de relations avec le monde historique méditerra­

néen, monde gréco-étrusque d'abord, monde de la romanisation puis de la christianisation, ensuite.

Je vois aujourd'hui dans cette approche une difficulté et de nombreux bouleversements dus aux recher­

ches de ces dernières années.

2. SPECIFICITE DE L' APPROCHE CHRONOLOGIQUE DANS LES ALPES

Les Alpes centrales et occidentales qui nous concernent ici font partie de mondes historiquement dis­

tincts à travers lesquels s'opposent notamment les versants nord et sud du massif. Cela nécessite que 1' on établisse des ponts entre les développements propres à la Méditerranée, notamment à l'Italie septentrionale, et les développements caractérisant le versant septentrional des Alpes, où se marquent à la fois l'influence du monde méditerranéen remontant le bassin rhodanien et celle de l'Europe centrale.

Deux exemples qui me sont proches illustrent ce propos:

1. Les nécropoles chalcolithiques jumelles de Sion, Petit-Chasseur (Valais) et d'Aoste, Saint-Martin de Corléans (Val d'Aoste) ne peuvent s'interpréter qu'à la lumière d'une confrontation générale entre le nord et le sud qui fonde la spécificité alpine. Le peu que nous savons de la culture matérielle des phases les plus anciennes paraît se rattacher à une composante septentrionale, la civilisation Saône­

Rhône, alors que les figures de poignards évoquent la métallurgie des civilisations de Remedello et Spilamberto, propre à la plaine du Pô.

2. L'analyse récente, effectuée par notre collaboratrice Mireille Elbiali-David, d'une grotte sépulcrale des environs de Viège en Valais montre que les composantes du début du Bronze final valaisan (Bronze D/Hallstatt A 1) sont nettement d'affinité méridionale et trouvent leurs meilleurs parallèles dans la culture tessinoise de Canegrate alors que les influences septentrionales des Champs d'Ur­

nes ne deviennent prédominantes en Valais que par la suite.

Ces deux exemples montrent, à mon avis, à quel point des rencontres entre chercheurs travaillant de part et d'autre des Alpes sont nécessaires à l'élaboration d'une chronologie alpine, quelle que soit la spécifi­

cité de ce monde montagnard.

(4)

3. BOULEVERSEMENTS DUS AUX RECHERCHES DE CES DERNIERES ANNEES.

Trois domaines de recherches ont été, ces dernières années, affectés de profonds bouleversements dont l'approche chronologique alpine doit tenir compte, nous pensons:

aux nouvelles sériations chronologiques obtenues dans les régions particulièrement favorisées, aux nouvelles possibilités de datations offertes par la calibration du carbone 14 et la dendrochronologie, au renouvellement de notre compréhension des relations liant culture matérielle et phénomènes histo­

riques.

1. Dans plusieurs régions alpines et périalpines les recherches de ces dernières années ont entraîné une meilleure connaissance de l'évolution des traditions culturelles. C'est notamment le cas pour les sé­

quences néolithiques des stations littorales des lacs nord-alpins, je pense tout particulièrement à des sites comme Twann sur le lac de Bienne ou Kleiner Hafner sur le lac de Zurich. Les recherches pour­

suivies sur le lac de Constance s'inscrivent également dans cet ordre d'idée.

Dans le monde alpin proprement dit il convient de mentionner tout particulièrement le Trentin qui est actuellement, grâce à des prospections systématiques, l'une des régions alpines les mieux connues pour ce qui touche !'Epipaléolithique et le Néolithique, ainsi que les massifs du Vercors et de la Chartreuse.

Saluons dans cette perspective également la très belle découverte de la séquence néolithique de Castel Grande à Bellinzone (Tessin) dont il convient de souligner l'importance pour la compréhension de la néoli­

thisation des Alpes.

Au fil de ces recherches nous assistons à une profonde mutation de notre compréhension d'une évolu­

tion culturelle où les discontinuités et les ruptures s'affaiblissent pour faire place à une évolution plus régu­

lière des caractéristiques esthétiques au cours du temps.

2. Depuis quelques années les possibilités offertes par les datations dendrochronologiques et la calibra­

tion des datations carbone 14 ont entraîné de profondes modifications de notre compréhension du passé, modifications clairement apparues lors du cours 1986 organisé par la Société suisse de préhis­

toire et d'archéologie et publié dans le volume Chronologie, Datation archéologique en Suisse (An­

tiqua 15, S.S.P.A. Basel).

Nous pouvons mentionner:

- l'allongement considérable de l'échelle chronologique, notamment pour le Néolithique et l'âge du Bronze.

- la mise en évidence de l'importance des lacunes affectant les chronologies fondées sur les sites litto­

raux des lacs nord-alpins,

- le caractère beaucoup plus continu de l'évolution des composantes culturelles avec ses conséquences sur notre compréhension de la dynamique des processus historiques.

Il conviendra donc à l'avenir de tenir compte de cette situation nouvelle, clairement visible au niveau des stations littorales, à l'échelle de l'ensemble des Alpes en procédant à un nouvel étalonnage des chrono­

logies, fondé sur la calibration.

3. Le dernier secteur de renouveau concerne par contre essentiellement les périodes protohistoriques et repose sur une meilleure compréhension des relations complexes liant faits matériels et phénomènes ethnohistoriques. L'un des meilleurs exemples de cette situation nouvelle concerne la question des Celtes en Italie septentrionale particulièrement bien étudiée par Venceslas Kruta. Ce renouveau est d'abord fondé sur une critique de l'approche monothétique traditionnelle basée sur la notion d'une population celte historiquement définie, d'origine centro-occidentale, parlant celte et caractérisée par la culture matérielle dite de La Tène qui aurait envahi l'Italie au 4e et 3e siècle av. J.-C. L'approche actuelle tend au contraire à dissocier de façon radicale:

- le fait ethnique, soit la présence d'une population d'origine septentrionale apparaissant au sud des Alpes bien avant le 4e siècle,

- le fait linguistique, soit l'extension d'un parler celte parmi les populations locales ou d'origine exter­

ne, occupant l'Italie septentrionale,

- le fait archéologique, soit la diffusion au sud des Alpes d'objets, d'armes et de bijoux rattachables au style de La Tène,

- le fait politique présent dans la notion de population celtique véhiculée dans les textes des auteurs an­

tiques.

(5)

26 A.GALLAY

On remarque en effet désormais dans le nord de la péninsule une grande variété de situations, soit par exemple:

- la présence en Italie de populations celtiques antérieures aux mouvements du 4e et 3e siècle avant J.-C. comme cela semble être le cas pour les Celtes de la civilisation de Golasecca (Premier âge du Fer),

- la présence de populations italiques ayant adopté la civilisation de La Tène, comme c'est le cas pour les Ombriens, les Ligures, les V énètes et les Rèthes.

Il est de même possible de mieux définir les origines diverses des Celtes italiques au nord des Alpes comme c'est le cas pour les Sénons dont l'origine paraît se situer en Champagne.

En conclusion j'ose espérer que ce colloque apportera quelque contribution à ce renouveau des ques­

tions chronologiques qui tienne compte à la fois de cet allongement de l'échelle du temps et de la confronta­

tion nécessaire des scénarios locaux établis tant à la périphérie du massif alpin qu'en son cœur.

Monsieur le Professeur Alain GALLAY, Directeur du Département d'Anthropologie et d'Ecologie de l'Université de Genève et Président du Colloque, prononce son discours d'ouverture du Colloque même.

Références

Documents relatifs

The territory includes the moun- tainous part of southwestern Switzerland: Valais, alpine and pre-alpine regions of Berne, Fribourg and Vaud Four cate- gories of remains

Son relief général est peu marqué: la glabelle, les arcades sourcilières, les bosses frontales et pariétales ne sont pas spécialement développées, par contre la

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. 1

Nous nous excusons auprès de nos amis pour ce retard de la publication, retard d'autant plus regrettable que les connaissances dans ce domaine évoluent actuellement

Plusieurs sites des Alpes, du Plateau et du Jura permettent de se faire une bon- ne idée de l'architecture présente en milieu terrestre.. Les vestiges conservés

3.1. Depuis le milieu du siècle dernier, on connaît l'existence de restes de villages préhistoriques en bordure des lacs et dans les marais du Plateau

Voilà une vision bien courte: les habitants de la plaine valaisarme sont dans les Alpes et sont aussi responsables du projet global que ceux des Alpes valaisannes.. Cette tâche

Prospection archéologique du Valais et du Chablais: premier bilan et test d'un modèle de peuplement..