Vingt-deuxième Année. — N° 92 P r i x d u n u m é r o : 10 centimes
Jeudi 21 Novembre 1907 Bureaux : R u e de l a S e r r e , 5 8
S U I S S E
ABONNEMENTS
Un an Six mois :
Suisse . . . . Fr.6»— Fr. 3»—
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Paraissant la Jeudi et le Dlmaoens ï 11 C&aoi dB Fonds On s'abonne a tous les bureaux de poste.
ANNONCES
suisses 20cl., offres et demandes de place 10 et. la ligne, étrangères 25 centimes la ligne
Les annonces se paient d'avance
Organe de la Chambre suisse de l'Horlogerie, des Chambres de commerce, des Bureaux de contrôle et des Syndicats professionnels.
Les Consulats suisses à l'étranger reçoivent le journal
Bureau des Annonces : HAASENSTEIN & VOGLER, 49, rue Leopold Robert, LA CHAUX-DE-FONDS et succursales en Suisse et à l'étranger
Les comptes de la campagne
du contrôle anglais
Les souscripteurs ont reçu la lettre-cir- culaire dont le texte suit, du comité de défense des intérêts de l'horlogerie suisse :
Détails du compte du Fonds de défense des intérêts de l'Horlogerie suisse
Recettes suivant liste incluse . £ 2607 11-. 0 Reçu de la Banque Union of
London & Smiths pour inté-
rêt sur dépôt . . . » 24 9 5
£ 2032 0 5
Payé aux avocats de Londres,
Messrs. James & James et
Messrs. Prideaux £ 1909 15 7 Imprimés, timbre-poste, loca-
tion des salles de réunion à Holborn Viaduct Hotel, Per- tes sur change, vérification des comptes et autres menus
débours » 19 1 2 Montant remboursé suivant
feuille incluse » 703 3 H
£ 2 0 3 2 0 5
Le trésorier : GEORGES DIMIER.
I have duly audited, and hereby certify this balance sheet to be correct.
Novembre 11th, 1907.
(Signed)
GORDON LOW,Accountant, 46, Gannon Street, London, B. G.
Nous saisissons l'occasion qui nous est offerte, de remercier les souscripteurs et tout particulièrement le comité de L o n d r e s , qui a déployé, au cours de la campagne pour la défense de nos intérêts, une acti- vité et u n e vigueur dignes d'éloges. O n peut simplement regretter q u e les circons- tances aient été plus fortes q u e les bonnes volontés.
Information
Les intéressés peuvent demander des renseignements sur
E l i a s J a f f é , à M e m e l et H e r m a n n S e h a p i r o , à P o s e n , ex-associés, tous deux partis sans laisser
d'adresse,
au secrétariat général de la Chambre canto- nale d u commerce, à la Chaux-de-Fonds.
Comité franco-suisse
pour la célébration du centenaire de la mort de Ferdinand Berthoud
Après la mort de M,. A.-H. Rodanet, président du Comité fanco-suisse, le sym- pathique M, L. Leroy, vice-président, a bien voulu prendre en mains l'organisation des fêtes du centenaire (le la mort de Fer- dinand Berthoud, et se charger de mener à bien l'œuvre de M. A.-H. Rodanet.
L a circulaire ci-dessous indiquera aux adhérents du Comité franco-suisse q u e , bien qu'ayant été retardée, la célébration du centenaire de Ferdinand Berthoud n'en aura pas moins lieu avec toute la solennité qu'avait rêvé, pour cette fête, le regretté président du Comité franco-suisse.
Paris, le 25 octobre 1907.
Monsieur le Directeur de la
Fédération Horlogère.
J'ai l'avantage de vous informer, au nom du Comité franco-suisse du centenaire de Ferdinand Berthoud, que les préparatifs de notre fête, inter- rompus par la mort de notre regretté président, A.-H. Rodanet, ont été repris et que la solennité du centenaire aura lieu dans la grande salle des fêtes de la Sorbonne, le dimanche 15 décem- bre 1907, à 1
1/t heure précise, sous la prési-dence de M. André Lefèvre, président du Conseil municipal de Paris, membre d'honneur du Comité de patronage de l'Ecole d'horlogerie de Paris:
Cette fête comprendra :
La remise des bustes de Ferdinand Berthoud à l'Observatoire de Paris et à M. le Ministre de Suisse à Paris.
La distribution des récompenses aux lauréats des concours de la Chambre syndicale de l'hor- logerie de Paris, aux élèves de l'Ecole d'horlo- gerie de Paris et aux lauréats du prix Pierrot.
Vous recevrez, en temps utile, des invitations que vous voudrez bien répandre autour de vous, de manière à assister nombreux à cette fête de l'horlogerie, qui promet d'être des plus brillantes.
Recevez, Monsieur, mes salutations les plus empressées.
Pour le Comité franco-suisse :
L. LEROY, vice-président.Chez les pierristes
Le comité central de la Fédération des ouvriers pierristes s'est réuni à Bienne, pour p r e n d r e connaissance de la réponse patronale. Les rapports constatent q u e
partout il règne u n e excellente discipline et q u e le calme est complet. Il y a exacte- ment 1182 ouvriers en grève. Des commu- nications reçues, il résulte qu'en Italie, les ouvriers pensent également suivre le mou- vement.
Après u n e vive discussion, il a été décidé ce qui suit :
1. Maintien d'une augmentation de 1 0 % pour tous les ouvriers aux pièces.
2. Le tarif minimum est également main- tenu p o u r les ouvriers à la journée.
3. Les ouvriers demandent la prise.
;e n considération des articles du contrat collec- tif concernant la limitation du nombre des apprentis, la durée de l'apprentissage, la durée du travail, la déduction pour casuel, rebuts, etc., et la liberté p o u r l'ouvrier d'acheter ses fournitures où b o n lui sem- blera.
Les autres articles du contrat collectif seront abandonnés momentanément.
Comme on le voit, de nouvelles conces- sions ont été faites du côté ouvrier et il est à espérer q u ' u n e entente interviendra.
Les retraites ouvrières en France M. Cuvinot a fait connaître à la Commission sénatoriale des retraites ouvrières les résultats de l'enquête à laquelle il a été procédé auprès dés groupements intéressés.
C'est un travail très développé. Dix mille ré- ponses environ ont été reçues, aux questionnaires qui avaient été lancés auprès des groupements intéressés. : •
La majorité des réponses est favorable au ver- sement facultatif et hostile au prélèvement obli- gatoire sur les salaires.
Abordant un autre sujet, le président a appelé l'attention de la commission sur les charges qu'imposeraient à l'Etat les dispositions de la loi votée par la Chambre des députés. L'évaluation de ces charges était établie sur le vu des notes fournies par le ministre des finances, le 16 fé- vrier 1907, et tout récemment par le ministre du travail, le 30 octobre 1907.
Des chiffres placés sous les yeux de la com-
mission, il résulterait que, dans la période tran-
sitoire qui suivra l'application de la loi, le mon-
tant des allocations attribuées par l'article 32
aux ouvriers et anciens ouvriers ou employés de
l'industrie, du commerce et des professions libé-
rales, de l'agriculture et des forêts, aux fermiers,
métayers et domestiques, pourrait atteindre 264
millions par an, et décroîtrait à partir de la
752
trentième année pour devenir nul à la soixante- dixième.
Les charges à provenir des dispositions normales de la proposition de loi el qui ont pu être l'objet d'une évaluation sont les suivantes:
La_ garantie d'un minimum de retraite de 360 fr. commencerait à jouer, à partir de la 30"'
cannée, concurremment avec la dépense des allo- cations de l'article 32, et conduirait, pour la pé- riode de plein roulement, à une dépense annuelle de 300 millions environ. Les allocations en cas de décès prématuré donneraient lieu à une dé- pense supérieure à 14 millions.
Pour les autres articles, les renseignements font défaut.
Les frais de gestion de l'organisation projetée, estimées à 12 millions par le ministre du travail, sont évalués par le ministre des finances, à une somme beaucoup plus élevée.
Dans la séance du lu février 1007, les ministres des finances et du travail, entendus par la com- mission, ont reconnu que l'ensemble des charges qui pèseraient sur le budget, dépasserait de beaucoup les possibilités financières. Ils ont dé- claré, au nom du gouvernement, que l'allocation forfaitaire de l'Etat ne devait pas dépasser 100 millions, dans la période utile.
Les deux ministres ont d'ailleurs suggéré à la commission les réductions auxquelles il était né- cessaire de se résigner.
On renoncerait à mettre à la charge de la loi des retraites les dépenses correspondant à la pé- riode transitoire. Par contre on pourrait faire rétrograder l'effet de la loi d'assistance, en le re- portant de soixante-dix ans, à un âge moins avancé, à soixante-cinq ans peut-être.
En outre, on laisserait en dehors du champ d'application de la loi certaines catégories de parties prenantes : domestiques, fermiers et mé- tayers.
Curieux résultat du conflit horloger de Morteau
On prétend q u ' u n e personne de Morleau vient d'offrir 50.000 francs pour sa partici- pation en commandite dans une coopéra- tive de production. Vingt et quelques mille francs seront facilement souscrits, prélend- o h à Morteau, par des ouvriers grévistes et quelques commerçants se proposeraient de faciliter cette création. '
Brevets d'invention
Le délai référendaire pour la loi fédérale du 21 juin 1907 sur les brevets d'invention, s'est écoulé le 27 septembre 1907 sans avoir été utilisé.
Pour nos diplomates
Depuis quelques années, le nombre de nos légations a augmenté, tandis que le recrutement de notre personnel diplomatique devient de plus en plus difficile. Le Conseil fédéral s'est préoc- cupé de cette situation et a cherché à y remédier dans la mesure du possible.
La situation des ministres suisses à l'étranger à été améliorée en ce sens qu'il leur est alloué une indemnité globale pour le loyer, le chauffage, l'éclairage et le service des chancelleries de léga- tion ; en revanche, les traitements des autres fonctionnaires des légations n'ont subi aucune modification, bien que le renchérissement de la vie se soit accentué d'année en année dans les grandes villes. Aussi devient-il toujours plus difficile, avec les traitements actuels, de trouver des jeunes gens vraiment qualifiés pour la car-"
rière diplomatique.
Le Conseil fédéral a décidé de faire un nou- veau pas en avant et de reviser le règlement du 10 août 1904 concernant le personnel des léga- tions en modifiant comme suit l'article 4 :
Art. 4. — Les traitements du personnel des lé- gations sont fixés comme suit, sous réserve du vote des crédits par l'Assemblée fédérale :
1. Les secrétaires de légation de première classe: 9000 à 12.000 francs par an (jusqu'ici 7000 à 10.000).
2. Les secrétaires de légation de seconde classe ; 6000 à 9000 francs par an (jusqu'ici 5000 à 7000) ;
FÉDÉRATION HORLOGÈRE SUISSE 3. Les attachés de légation, après un stage de six mois : 5000 à 0000 fr. par an (jusqu'ici 4000 à 5000);
4. Les secrétaires de chancellerie : 5000 à 8000 francs par an (jusqu'ici 4000 à 6000: dans les pays d'outre-mer, 4000 à 7000);
5. Les commis ; 3500 à 5500 francs.
6. Les copistes 3000 à 4500 francs par an.
Pour ces deux dernières catégories, les traite- ments étaient fixés jusqu'à ce jour, dans chaque cas, par le Département politique, sur la propo- sition du chef de mission.
Pour réaliser cette amélioration de traitement, qui sera la bienvenue pour les intéressés, h Con- seil fédéral a inscrit au budget de 1908 un mo- deste crédit total de 25,541 francs en plus du chiffre de 1907. L'assemblée fédérale sera appelée à se prononcer clans la cession de décembre et si elle vole les crédits nécessaires, les nouveaux traitements pourraient entrer en vigueur à partir du 1
erjanvier 1908.
La plupart de nos secrétaires de légation n'en continueront pas moins à avoir besoin de leur fortune personnelle, tout comme nos ministres.
Car un membre du corps diplomatique ne peut vivre comme un fonctionnaire ordinaire ; il a des obligations auxquelles il ne peut se soustraire et, dans certaines capitales où la vie est extrême- ment chère, comme à Washington ou à St-Pé- tersbourg, par exemple, cela peut mener loin.
Mais l'amélioration de traitement décidée par le Conseil fédéral est équitable et il faut souhaiter qu'elle ait une certaine influence sur le recrute- ment du personnel des légations.
Examens et cours pour apprentis Au moment où quelques-uns des cours desli- nésaux appprentis ont recommencée! où d'autres s'ouvriront: cours de dessin, de théorie profes- sionnelle, de langues, d'arithmétique, de comp- tabilité, etc., l'inspecteur cantonal des apprentis- sages invite les intéressés à prêter leur attention à l'importance de cet enseignement.
'fous les apprentis et apprenties habitant les centres ou à proximité des centres où se donnent des cours, ont l'obligation d'en suivre au moins un. Ceux qui ne remplissent pas cette condition perdent tout droit à un des prix décernés par l'Etat lors des examens professionnels.
Aucun apprenti ne peut prétendre qu'il n'existe pas de cours utiles pour lui. A défaut de leçons s'appliquant à leur métier directement, tous les apprentis et apprenties doivent suivre les cours de français el d'arithmétique ou de comptabilité, branches d'une utilité incontestable pour chacun.
Le moment d'ouverture des cours dépend de l'organisation des différentes écoles et des loca- lités; le service cantonal des apprentissages ne peut en conséquence envoyer aucun avis person- n e l a u x apprentis. C'est à eux, ainsi qu'aux parents et aux mailres, de se renseigner.
B r e v e t s d ' i n v e n t i o n
Horlogerie et Bijouterie
LISTE DES BREVETS D'INVENTIONS E n r e g i s t r e m e n t « «
Cl. 04, n" 38941. 11 février 1907, 6 '/, h. p. — Mouvement de montre avec cercle cache-pous- sière. — Les Fils de L. Braunschweig Fa-
brique Election Société Anonyme, 153, ruede la Paix, Chaux-de-Fonds (Suisse). Manda- taire : A. Mathey-Doret, Chaux-de-Fonds.
Cl. 65, n° 38942. 14 mars 1907, 8 h. p. — Ca- dran pour pièces d'horlogerie. — Piere Rey-
mond, fabricant, 45, rue Fendt, Genève (Suis-se). Mandataire : E. Imer-Schneider, Genève.
Cl. 05, n° 38943. 22 juin 1907, 11 h. a. — Dis- positif de fixation de cadran de pièce d'horlo- gerie. — Fritz-J. Diacon, horloger, 71, rue de la Paix, Chaux-de-Fonds (Suisse).
Cl. 04, Brevet additionnel n° 36033/096. 22 juin 1907.11 li. a. — Dispositif de fixation de cadran de montre. — Fritz-J. Diacon, horloger, 71, rue de la Paix, Chaux-de-Fonds (Suisse).
ItmlintioiiM.
Cl. 64, n" 24792. Montre.
Cl. 64, n° 26597. Mouvement de montre à mar- che de longue durée.
Cl. 64, n° 36943. Cadran pour montres.
Cl. 64, n° 36944. Mouvement de montre.
Cl. 64, n° 36945. Montre avec quantième.
Cl. 64, n° 37367. Perfectionnement aux montres.
Cl, 65, n° 31790, Echappement à ancre fixe.
La crise américaine
M: Jacques Siegfried, député, ancien ministre, commence dans le Temps une série de lettres sur la crise américaine. Dans la première, il ex- prime son admiration pour la grandeur de ce beau pays, il en loue l'énergie et l'esprit d'Initia- tive. Puis il cite une série de chiffres qui con- courent à prouver les progrès gigantesques-des Etats-Unis et leur immense prospérité.
« Il ne saurait venir à l'idée de personne, dit- il, que la crise actuelle pourra leur porter tort d'une façon définitive ; le temps d'arrêt qu'ils su- bissent ne servira qu'à leur faire prendre halèine;- et leur marche en avant repartira de plus belle.
C'est avec raison que l'on parle d'une crise de croissance : il n'en est pas moins permis de dé- clarer que c'est une belle et bonne crise... » >
Selon M. Siegfried, la cause primordiale de la crise est 1'« excès de vitesse».
« Lorsque les affaires marchent bien, la na*
lure humaine les pousse progressivement, mais fatalement, vers l'exagération, et la spéculation s'en mêlant, il arrive un moment où il faut s ar- rêter dans une course qui devient vertigineuse.
Cet arrêt se fait toujours d'une façon brusque, comparable à celui de l'automobile qui, partant raisonnablement, en vient, grisée par sa propre vitesse, à faire du 120 à l'heure et fait panache à la rencontre du moindre obstacle. Il est d'Usage alors el fort commode de s'excuser en déela-rant que la faute en est au caillou qui se trouvait sut*
le chemin, à l'homme qu'on a écrasé, au chien qui aboyait, voire même au poteau indicateur qui, sur le bord de la route, prévenait que le tournant élait dangereux ; c'est ce qui n'a pas manqué celle fois-ci au président Roosevelt, sur lequel les conducteurs imprudents, pour ne pas dire fautifs, essayent de faire retomber la respon- sabilité de leurs propres erreurs. »
Le président Roosevelt n'est pas moins opti- miste ; dans une lettre à M. Cortelyou, il s'expri- me comme suit :
« Il n'y a pas le moindre risque à laisser les affaires suivre leurs cours normal. Les Amé- ricains peuvent se sortir d'embarras, eux et leur pays, en remettant en circulation l'argent qu'ils ont gardé par devers eux. Les banques el les compagnies des trusts sont solvables. Il y a plus d'espèces métalliques dans le pays qu'il n'y en avait il y a un mois, alors qu'on en était complè- lement pourvu. On a importé 55 millions de dollars.
«Il y a dans ces constatations de quoi engager le public à coopérer avec le gouvernement au rétablissement d'une situation normale. Nous avons de bonnes récoltes, nos affaires reposent sur des bases solides et nous pouvons rendre à la circulation l'argent que nous avons. La pros- périté est grande, et la situation n'a- aucun rap- port avec celle de 1893. Le 30 octobre 1893, le Trésor ne possédait que 161 millions de dollars;
or, cette année, le 14 novembre, il possède 907 millions de dollars.
«Voilà des garanties de l'excellence de la situa- tion des Américains et de leur Trésor. Ainsi, il n'y a plus qu'à faire des affaires normales, d'une façon normale, et toutes les difficultés auront disparu.»
Variété
Une expérience socialiste.
En mai 1903, M. Pellatan, alors ministre de la marine, vint à Brest en visite officielle. Le syn- dicat des ouvriers de l'arsenal s'en fut drapeau rouge en tête, le recevoir à la gare. Et c'est sous les plis de l'emblème séditieux que le ministre entra dans la ville. Le soir même, le chef.de la marine française, dans une salle de bal, décorée encore de drapeaux rouges, recevait les accla- mations des révolutionnaires enthousiastes et les assurait de sa bienveillance el de sa protection.
Depuis ce jour, le syndicat devenait le maître du port et le maître de l'arsenal. Or, l'arsenal est la grande affaire de Brest. L'industrie n'y existe pas. Elle se réduit à une demi-douzaine d'usines sans grande importance. La seule industrie, la seule usine vers laquelle toutes les main's se ten- dent, c'est l'arsenal. Depuis Richelieu, Brest vil de et par la marine.
Maître de l'arsenal, le syndicat allait devenir
maître de la ville. Un an après que M. Pellatan
s'en allait de Brest dans une incroyable apothéose,
qui rappelait les triomphes de Boulanger, et
accompagné par une foule en délire qui chantait
LA FEDERATION HORLOGERE SUISSE 753
Y Internationale à la barbe des amiraux, des élections, muriioipalès assuraient le triomphe de lafévolutïon. Le parti républicain, qui avait eu le iort de se diviser., était définitivement écarté de l'hôtel de ville, où il régnait depuis de longues, an'èées. La liste socialiste, passait toute entière.
Le: nouveau conseil municipal de Brest- était composé de 36 socialistes-collectivistes, dont 22 étaient fonctionnaires.
Brest est une ville de 80.000 habitants. Elle enjçomple 120.000 avec les communes subur- baines qui, bien' qu'autonomes, mêlent leur existence quotidienne à la vie brestoise, boivent la"même eau et sont unies par les rails d'acier diMîième t r a m w a y . Cette importante commune dèjFfance, en montrant à l'œuvre une municipa- lité socialiste, a donné au monde entier u n e leçon de choses qui ne doit pas être perdue.
L'es'premières décisions prises par la munici- palité furent d'interdire le port dû viatique a u x mourants et l'exhibition d'emblèmes religieux aux enterrements. Ces décrets, qui s'attaquaient aux moribonds et a u x morts, au cœur de celte Bretagne s i ' a r d e m m e n t catholique, devaient fournir.Ja mesure du nouveau conseil, de ses talents et de l'esprit dont il était animé.
Ces-grands-réformateurs arrivaient au pouvoir avec d'admirables promesses. Mais le bilan de leur règne est'facile à dresser. Nous le trouvons en' détail dans un livre très documenté et très clair (Une cille sous le régime collectiviste, par Louis Coudurier). -Le résultat global peut se résumer ainsi :-
L'agitation antimilitariste et.révolutionnaire, entretenue dans l'arsenal par le Syndicat rouge, provoqua par deux fois, en 1904 et en 1905, un commencement de grève générale des arsenaux de F r a n c e , mettant ainsi la défense nationale en péril. La Bourse du Travail, créée et subven- tionnée p a r lp municipalité collectiviste-révolu- tionnairer-engendra d'interminables grèves qui ruinèrent le commerce local et mirent l'industrie dans le plus piteux état. Les contribuables furent écrasés d'impôts. Puis, incapables de mener jus- qu'au bout le m a n d a i qui leur avait été confié, les collectivistes se dévorèrent entre eux, à telle
enseigne qu'aux derniers mois de 1907, sur 3d élus le 8 mai 1904, il ne resLait plus que 12 con- seillers à leur poste, tous les autres ayant déserté l'Hôtel de Ville.
Le conseil municipal avait commencé par reviser tous les droits d'octroi et frappait notam- ment « les tuyaux de cheminée parce qu'ils ser- vent à chauffer les riches», et puis aussi les sa- vons parfumés, l'adjoint du maire, M. Le Tré- huidic s'étnnl déclaré « incommodé par le parfum que les grandes dames laissent sur leur passage.»
On éleva ainsi le droit d'octroi s u r les savons de 5 à 24 francs sans se soucier le moins du monde du préjudice qui en résultait pour la corporation des coiffeurs petits et g r a n d s .
En exonérant de tout impôt les loyers au- dessous de 150 francs, le conseil réduisit de plus de la moitié le nombre des contribuables. Il en résulta une surcharge considérable pour ceux-ci.
Ainsi les-loyers de 1200 francs virent leurs im- pôt majoré de 70°/o. Pour de plus gros loyers la majoration atteint le 200 °/°- Les édiles n'avaient pas à souffrir eux-mêmes de celle élévation d'impôt. Ainsi, dix-sept d'entre eux ne payaient plus rien du tout dès 1905, dont l'un, professeur au lycée, et les autres ne payaient guère davan- tage, dont un député taxé (36 francs.
Ces mesures ne devaient pas amener plus de richesse à la ville de Brest, bien au contraire.
Les entrées de l'octroi indiquent une diminution de consommation pour tous les arlicles qui sup- posent un minimum de b i e n - ê t r e : viande de boucherie, savon, etc. En revanche, le nombre des protêts a augmenté de 300 en un a n , ce qui ne suppose pas une grande prospérité du pelit commerce. On ne bâtit p l u s : le chiffre des cons- tructions neuves tombe de 120 en 1902 à 15 en 1907. Cette crise du bâtiment a jeté s u r le pavé toutes les corporations qui vivent du bâtiment.
Les ouvriers sont déchargés de quelques francs d'impôt, c'est vrai. Mais ils sont réduits à la mi- sère par le chômage. Les socialistes avaient trouvé 400.000 francs disponibles en a r r i v a n t ' à l'Hôlel-de-Yille en 1904. Deux a n s plus tard, la caisse était vide. Et la municipalité ne pouvait plus entreprendre aucun travail.
Il est vrai qu'elle avait alloué 35.000 francs à l'œuvre excellente et indispensable de la «Goutte de lait». Mais sur ce total, les frais d'adminis- tration figurent pour 18.000 francs, soit plus de la moitié qui s'en va dans la poche des a m i s , préposés à ce service charitable. Ainsi, pour dis- tribuer un litre de lait de 17. centimes, on en dé-1
pense 35. En revanche, le maire se fuit allouer pour 10.000 francs d'indemnités, et l'adjoiat Coude se fait envoyer à Rome, a u x frais de la caisse municipale, pour représenter la ville de Brest au congrès de la Libre-Pensée!
El pendant ce temps, aucun des grands projets de travaux réclamés par la ville entière n'a pu aboutir. Le régime des eaux signalé comme per- nicieux n ' a pas été modifié. L'hospice .où les :
malades sont entassés n'a subi aucune améliora- tion, et ainsi de suite.
En attendant la rue est s a n s cesse livrées a u x ; bagarres et à l'émeute. L'antimilitarisme révo- ; lutionnaire est entretenu et cultivé dans ces'ate- ' Hers nationaux o ù . l e culte du drapeau devrait :
être préservé de toute atteinte. ; La place nous manque pour citer d'autres
chiffres et d'autres faits non moins probants Mais il ne faut pas s'étonner si depuis quelque ' temps le thème des discours des hommes politi- ques de Erance est un cri de guerre à l'hervéisme ' et au collectivisme. M. Pelletan lui-même, s'il . revenait à Brest, n'aurait plus les mêmes sou- i rires pour le drapeau rouge et pour le chant de l'Internationale.
(Journal de Genève.)
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Afin d'éviter des différences de mesures, et pour faciliter l'introduction des verres de montres par 1 dixième de milli- mètre, il est de toute nécessité que chaque consommateur demande à son fournisseur les verres par 1 dixième de milli-
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