C H . S TURM
Géométrie analytique. Mémoire sur les lignes du second ordre
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 17 (1826-1827), p. 173-198
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I73
GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE.
Mémoire
surles lignes du second ordre ;
Par M. Ch. S
T U R M.THEORIE DES LIGNES DU SECOND ORDRE.
( Deuxième partie (*) )
§.
YI.Nous
avonsdéveloppé ,
dans cequi précède ,
la théoriepurement
analytique
despôles
etpolaires,
et nous avons fait voirqu’on pouvait
endédnire,
avecfacilité,
lespropriétés généralement
con-nues des
lignes
du second ordrequi
nous ont été transmises par les anciensgéomètres.
Nous allonsprésentement reprendre
les con-sidérations du
§. 1 ,
concernantle système
de troislignes
du se-cond ordre
qui ,
tracées sur un mêmeplan ,
ont les mêmespoints
d’intersection ;
et ,après
avoir étudié lespropriétés
d’un tel sys-téme ,
nous montrerons que, dans leurgénéralité,
elles renfermentla presque totalité de celles
qui composent aujourd’hui
lagéomé-
trie de ces sortes de courbes.
Soient sur nn
plan,
troislignes
du secondordre , rapportées
auxmêmes axes et
ayant
les mêmes intersections. Nous avons vuqu’en
supposant
ces courbesexprimées
par leséquations
(*)
Voy.
la pag. 265 duprécédent
volume.J.
D. G.Tom
XVII,
n.°VI,
I.erdécembre I826. 23
I74 THEORIE
DES LIGNESen devrait avoir les six
relations
dans
lesquelles
le nombre mpeut
êtrequelconque.
Cela
pose
, par unpoint 0 , pris
à volonté sur leplan
des troiscourbes,
et dont nous supposons les coordonnées X etY,
soitmenée une droite
parallèle
à l’axe des x ,c’est-à-dire, parallèle à
une droite fixe
arbitraire , puisque
les axes des coordonnées sontquelconques. Ensuite
, sanschanger
la direction des axes , trans-portons-en l’origine
en0 ;
il nous suffira pour cela dechanger
res-pectivenlent x
et y enx+X
ety+Y ,
dans leséquations (c) (c’) , (c’’) , qui
deviendront ainsiSi l’on
fait,
dans lapremière
y=o , on en tirera les valeurs des distances dupoint
0 aux deux intersections de la courbe(c)
avecla transversale menée par ce
point
0. Ces distancespourront
être réelles ouimaginaires ,
suivant que la transversale coupera ou ne coupera pas la courbe(c) ; inais ,
dans tous les cas , leurproduit,
aussi bien que leur somme
algébrique ,
auronttoujours
des valeursréelles. En
effet ,
endésignant
ceproduit
par P et cette sommeDU
SECOND ORDRE. I75
par S ,
on a , par lapropriété
deséquations
du seconddegré,
On obtiendrait des valeurs de même forme pour les
produits Pl ,
P’’,
et pour les sommesS’, S’’,
des distances dupoint 0,
auxpoints
d’iontersection réels ouimaginaires
de la transversale avecles courbes
(c’) , (c’’) ;
de sortequ’on
aDe
là,
enayant égard
auxrelations (a) ,
ondéduit, sur-le-champ,
ces deux
équations
qui donnent,
par lasubstitution de
A’’2013A’ à laplace,
demA
ou bien
d’où résulte enfin
Donc, quelle
que soit latransversale,
etquel
que soit Iepoint
0 de sa
direction,
les différences de l’unquelconque
desproduits
désignées
parP, P’ ,
PlI aux deux autres , ainsi que les différen-I76 THEORIE
DESLIGNES
ces de chacune des sommes
désignées par 8 , S/ ,
S’’ auxdeux
autres , sont dans un
rapport
donné etinvariable ,
tant que cettetransversale se meut
parallèlement
à elle-même.les moitiés des sommes
S, S’ , S’’ expriment ,
comme l’onsait,
les distances du
point
0 aux milieux des cordesinterceptées
surla transversale par les trois
courbes ;
de sorte que les moitiés des différencesS’2013S , S’’ 2013S , expriment
les distances de l’un de cesmilieux aux deux autres. En vertu donc de
-la
relationci-dessus,
ces distances sont
toujours
entre elles dans le mêmerapport ,
tant que la transversale se meutparallèlement
àelle-même,
et consé-quemmeut
elles doivent s’évanouir en mêmetemps.
La relation en-tre
S , S’ ,
S’’ nous donne donc ce théorème :Lorsque
troislignes
du second
ordre ,
tracées sur un mêmeplan ,
ont les mêmespoints d’intersections ,
leurs diamètres dont lesconjugués
sontparallèles
à une même droite
fixe,
vont tous trois concourir en un mêmepoint (*).
(*) Il n’est pas difficile de prouver que cette
propriété
renfermeimplici-
tement les
précédentes,
bienqu’elle paraisse
d’abord moinsgénérale.
Soient,
en effet, ( A, B ) , ( C,D ),
( E, F ) lespoints
où la trans-versale indéfinie coupe les trois courbes ( e ) , ( c’ ), (c’’); et soient respec- tivement H , I, K , les milieux des cordes
interceptées
AB,CD, EF.
En supposant que les quatrepoints
C ,D,
E , F soient sur leprolongement
de
AB,
la double relationdonnera
d’où l’on déduira
DU
SECOND ORDRE.
I77Voyons
maintenant cequi résulte,
enparticulier,
de la relationétablie entre les
produits P, P’,
Pil. Si l’onprend
pour lepoint
0 l’un
quelconque
despoints
où la transversale coupe la courbe(c) ,
on a P=o et la relationP’-P P’’-P = A’’ A’ , devenant P’ P’’ = A’’ A’ ,
se traduit alors dans l’énonce suivant :
puis,
ln observant queAB=2AH, AC+AD=2AI, AE+AF=2AK ,
e’est la relation contenue dans
l’équation S’-S S’’-S = A’’ A’ ,
Soit
pris
ensuite unpoint quelconque
0 sur la direction de la transver-sale. En supposant que tous les
points
A , B, C ,D, E, F
se trouvent si-tués d’un même côté de ce
point 0,
on auraou, ce
qui
revient au mêmeP’-P P’’=P = A’’ A’ .
La
propriété qu’exprime
la doubleéquation
et que nous avons tnut-a-l’lieure énoncée , doit donc être considérée comme
la seule
propriété
fondamentale du système de troislignes
du second ordreayant les mêmes
points
d’intersection.I78
THEORIE DES LIGNESLorsque
troislignes
dit secondordre,
tracées sur un mêmeplan,
ont les mêmes
intersections,
soit réelles soitimaginaires,
toutedroite menée sur leur
plan , parallélement
à une droite donnée deposition ,
les coupe de telle sorte que leproduit
des segmens com-pris
entre l’un despoints
de section de l’une descourbes, proposée,
et les deux
points
de section de l’une des deux autres estégal
au
produit
des segmenscompris
entre le mémepoint
et les deuxpoints
de section de la courbe restante.De là nous passons aisément à la
propriété
suivante : Etant données , surun plan, trois
lignes
du second ordre , ayant les mêmes points d’intersection ,si par un
point
A pris à volonté sur l’une d’elles (c), on mène des parallè -les à deux droites données de
position ,
l’une coupant la courbe (c’) en deuxpoints
c, d, et l’autre coupant la courbe (c’’) en deuxpoints
e, f ; les deuxproduits
de segmens Ac.Ad, Ae.Af seronttoujours
entre eux dans un rapportconstant. En effet , par le
point
A ,pris à
volonté sur la courbe (c), soitmenée une
parallèle
à une autre droite fixequelconque ,
et soient respec- tivement C etD,
E et F lespoints
où cetteparallèle
coupe (c’) et (c’’).En vertu d’un
principe
connu , le rapportAC.AD
est donné etinvariable,
aussi hien que le rapport
AE.AF Ae.Af ;
mais on aprouvé
ci-dessus que le rap-ort
AC.AD AE.AF
doit aussi être donné et constant ; donc il doitégalement
enêtre de même du rapport
Ac.Af Ac.Af .
Au reste la même
proposition
peut directement se déduire de notre ana-lyse. En
effet , soient rapportées les trois courbes à deux aves de coor-données,
parallèles
aux deux droites données deposition.
Ces courbes étantalors
représentées
par leséquations
( c ) , ( c’ ) , ( c’’ ) ,accompagnées
desrelations ( a ) ; si l’on transporte l’ori
gine
en unpoint quelconque
( X, Y) de la courbe ( c ), les deux nouveaux axes étant menés par cepoint
là ,parallélement
auxpremiers,
on trouvera que leproduit
des abscisses com-prises.
entre cette, nouvelleorigine
et lespoints
d’intersection de la courbe (c’ ) avec le nouvel axe des x , est auproduit
des ordonnéescomprises
en-tre la même
origine
et lespoints
d’intersection de lacourbe (c’’)
avec le,DU SECOND ORDRE.
I79Soient donc
respectivement ( A , B ), (C, D ) , ( E , F )
lespoints
on les courbesproposées ( c ) , ( c’ ) , ( c’’ )
sontcoupées
par la transversale dont il
s’agit,
cette transversale étanttoujours
menée
parallèlement
à une droite fixequelconque 1
les deux rap-ports
auront une même valeur
déterminée
et constante, et il en serade
même desrapports
comme
aussi
des deux suivansde là résulte ce nouveau
théorème, qui
n’estqu’une conséquence
immédiate
duprécédent.
nouvel axe des y, en raison inverse des coefficiens A’ et B’’ de x2 et y2 ,
dans les
équations
( c’ ) , ( c’’ ) , ce rapport étanttoujours
le même,quel
que soit , sur la courbe
( c )
lepoint ( X,
Y ) parlequel
on mène les pa- rallèles aux deux axesprimitifs ;
laproposition
dont ils’agit
se trouve ainsidémontrée.
Voici une autre
proposition, déjà
connue,qui
découle, commecorollaire,
de ce
qui précède :
Unguadrilatére
étant inscrit à uneligne
du second er-4re , si , d’un
point quelconque
de la courbe, on aba:sse sur les directions des côtés de cequadrilatère
desperpendiculaires,
ou desobliques faisant
avec euxdes angles
égaux
à unangle
donné , lerectangle
desperpendiculaires
ou des obliques abaissées sur deux côtésopposés
sera dans un rapport constant avec lerectangle
desperpendiculaires
ou desobliques
abaissées sur les deux autres.I80
THEORIE
DES LIGNESSoient trois
lignes
du secondordre ,
tracées sur un mêmeplan
et
ayant
les mêmespoints
d’intersection. Si l’on mène àrolonié
sur leur
plan ,
une droitecoupant
chacune d’elles en deuxpoints, il y
aura sur cette droite arbitraire sixpoints
de section tels que les deuxproduits
de segmenscompris
entre unpoint
de sectionappartenant
à l’unequelconque
des trois courbes et lespoints
desection de chacune des deux autres , seront entre eux dans le même
rapport
que les deuxproduits
de segmenscompris
entre le secondpoint
de section de lapremière
courbe et les mêmespoints
de sec-tion des deux autres.
Ainsi,
l’on a ces troiséquations
En les combinant par voie de
mtiltiplication ,
on endéduit,
sur-le-champ ,
lesquatre
autres que voici :Lors donc
qu’une
droite arbitraire coupe troislignes
du secondordre
qui
ont les mêmespoints d’intersection ,
les divers segmensformés
sur cette droite par les troiscourbes,
sont liés entre euxpar le
système
desept équations.
Il estclair,
ausurplus, qu’une
seule de ces
équations
doitcomporter
les six autres ,puisqu’elles
dérivent toutes d’une seule et même
propriété ,
et que d’ailleursune seule suffit évidemment pour déterminer l’un
quelconque
dessix
points A , B , C , D, E, F ;
lescinq
autres étantplacés
arbitrai-rement sur la transversale indéfinie.
Il pourra souvent arriver que la transversale arbitraire ne ren- contre pas à la fois les trois courbes
proposées. Supposons
, parI8I
DU
SECOND ORDRE.
exemple, qu’elle
ne coupe pas la troisième(c’’) ; alors , parmi
tessix
points
de sectionA, B, C, D, E, F,
que cette droitedoit
en
général ,
déterminer sur les courbesproposées ,
les deuxE ,
Fseront devenus
imaginaires ,
et toutefois lesproduits AE.AF, BE.
BF conserveront
toujours
des valeursréelles puisque
chacun d’euxn-’est autre chose que le
produit
des racines d’une certaineéqua-
tion du second
degré
dont les coefficiens sonttoujours
réels. Nousconclurons de cette remarque,
qui
se lie d’ailleurs avec celle que-nous avons faite dans la note du
§. II,
que lesystème
des formu-les
(f)
atoujours
unesignification
réelle etindépendante
de la réa-lité des
points
de section de latransversale ,
pourvu néanmoins queces
points
ne soient pas tous à la foisimaginaires ;
car alors onserait
obligé
de remonter a la relationP’-P P’’-P = A’’ A’’,
pour leur trou-ver un sens
intelligible.
Desargues, géomètre contemporain
deDescartes,
lepremier qui
ait considéré les diverses sections
coniques
comme des variétés d’une courbeunique paraît
être aussi lepremier qui ait
examiné lespropriétés qui appartiennent
à sixpoints rangés
sur une même droiteet liés entre eux par les relations
(f).
Cette liaisonremarquable
était nommée par lui involution de six
points.
Son ouvrage sur les sectionsconiques qui
ne nous est connu que parquelques
cita-tions des
contemporains , renfermait
entre autres , ledéveloppe-
ment de la
proposition
suivante et de ses corollaires: Unquadri-
latère étant inscrit à une section
conique quelconque,
toute droitetracée sur son
plan détermine,
par ses intersections avec la courbeet les côtés du
quadrilatère,
sixpoints qui
sont eninvolution , c’est-à-dire , qui
satisfont ausystème
des relations(f).
Ceprincipe,
sur
lequel
nous reviendronsbientôt,
etqui
sedéduit,
comme co-rollaire ,
de notre secondthécrème ,
a fourni à M. Brianchon le su-jet
de son intéressant Mémoire sur leslignes
dit second ordre. Ila encore été
rappelé
dans la 2.me section du Traité desproprié-
tés
projectives des figures;
maisjusqu’ici
on n’avait pas encore Coll-Tom. XVI. 24
I82 THEORIE DES LIGNES
sidéré
l’ensemble des
reis ions(f)
commel’expression
de la pro-priété
essentielle etcaractéristique
dusystème de
trois sections co-niques qui
ont mômespoints
d’Intersection. Leprincipe
de Désar-gues,
ainsigénéralisé ,
devientbeaucoup plus fécond
etplus digne
d’intérêt. Leprésent mémoire
estparticulièrement
consacréau
développement
desnombreuses conséquences qui
découlent decette source
(*).
(*) A cause de
l’importancE
de cettepropriété ,
on sera sans doute bien aise d’en trouver ici une démonstrationanalytique
directe etsimple,
ettelle nous
paraît
être la suivante :Les
équations
des trois courbes ,rapportées
à deux axesquelconques
,étant
toujours supposées
on a Yu dans une note du f. I, que , pour que ces trois courbes se conpas-
sent aux. quatre mêmes
points ,
il fallait que , 03BB , 03BB’, 03BB’’ étant trois mul-tiplicateurs ,
on eut les six relations suivantesCela
posé , puisque
les courbes sont situées d’une manièrequelconque
par rapport aux axes, l’axe des x peut , à l’inverse, être considéré comme unetransversale
quelconque
tracée sur leplan
de ces trois courhes. Soient res-pectivement
p et q, p’ et q’, p’’ et qll les abscisses despoints
d’intersec- tion de cette transversale avec les trois courbes , c’est-à-dire , les valeursde x que donnent leurs
équations , lorsqu’on
y fait 03B3=o ; nous aurons, par la nature des racines deséquations
du seconddegré,
DU
SECOND ORDRE.
I83Il est bon
d’observer,
des aprésent , qa’il peut
arriver que l’un des sixpoints
de section vienne à coïncider avec sonconjugué ,
ce
qui
arrivera si la transversale esttangente
à une des trois cour-bes. Il est aisé de ïoir à
quoi
seréduiront,
dans ce cas, les rela-tions (f), qui
constitueront alors une involution decinq points ,
suivant
l’expression
deDesargues.
Si en outre la même chose ar-rive pour deux autres
points également conjugués,
on retomberaprenant la somme des
produits pespectifs
deséquations
de chacune de ces.deux. colonnes par h) 03BB’, 03BB’’, et ayant
égard
aux relations (2), il viendrajoignant à
ceséquations l’équation
et éliminant entre elles NA’ AA et N’A’’ NA comme deux
inconnues,
on obtien-dra cette
équation
Or 1 si
dansl’équation
on chasse les dénominateurs ; en transposant, réduisant et divisant par p-q
I84 THEORIE
DESLIGNES
sur la relation entre
quatre points
que nous avonsdéjà
fait con-nairre sous le nom de division
harmonique.
Nous devons encore
placer
ici uneconséquence immédiate de
notre théorie
qui
nous sera utile dans la suite. On sait que trois cercles traces sur un mêmeplan
etayant
une corde commune réelle ouidéale , peuvent
êtreenvisages
comme troislignes
du se-coud ordre
qui
ont les mêmespoints d’intersection ,
dont deux si-tués à l’infini. Ou
peut
donc leurappliquer
les résultatsprécédens;
et, en les combinant avec la
propriété
connue des sécantes menées d’un mêmepoint
à un mêmecercle ,
on aura le théorème suivantqui
est d’ailleurs facile à démontrer par les élémens : Si troiscir- conférences
tracées sur un mêmeplan,
ont une corde commune ,réelle ou
idéale,
et que, d’unpoint quelconque
de l’uned’elles ,
on mène à volonté deux droites
qui coupent respectivement
les deuxon obtiendra
l’équation (4) ; donc , quand
p-q n’est pas nul,l’équation (4)
revient a
l’équation
(5) ; or , cette dernièreexprime que les
six.points
d’in-tersection sont en involution; donc l’autre
l’exprime également.
On sait que les
conjugués
dis diamètresqui,
dans les troiseourbes,
sontparallèles
à l’axe des x ont pouréquations respectives
Or, trois des
équations (2)
prouvent que ces trois droites concourent en un mêmepoint ; puis
donc que l’axe des x est une droite arbitraire sur leplan
dos tiols courbes, il en faut conclure que ,lorsque
trois coniques sontles mêmes intersections , si on leur mène, sous une direction arbitraire , trois diamètres parallèles, les
conjugués
de ces diamètres concourent nécessairementen un même point. C’est ce que M. Sturm avait
déjà
établiplus
haut, d’unemanière un peu ditférente.
J. D. G.
DU SECOND ORDRE.
I85autres, les deux
produits
de segmenscompris
sur l’une et sur l’au-tre de ces
sécantes ,
entre lepoint
commun d’où ellespartent
et lescirconférences qu’elles
coupent, sonttoujours
entre eux dans unrapport
constant. En outre , si l’on mène une transversale arbi-traire,
les sixpoints
desection ,
soit réels soitimaginaires , qu’elle
déterminera sur les trois
circonférences,
seront en involution.§
VILEtant
donné
sur unplan
unquadrilatère simple quelconque ,
on
peut envisager
ses deuxcouples
de côtésopposés
et ses deuxdiagonales
comme troislignes
du second ordreayant quatre points
communs
conséquemment,
si l’on mené sur sonplan
une droitearbitraire, coupant
ces mêmes côtés etdiagonales
en despoints A, B , C , D, E , F ;
ces sixpoints
de section seront entre eux en in- volution. Cettepropriété , qu’il
serait d’ailleurs facile de démontrerdirectement
est une extension de cellequi
concerne la divisionharmonique
desdiagonales
duquadrilatère complet ; puisqu’il
suf-fit,
pour obtenir cettedernière ,
de supposer , dans les relationsci-dessus,
que la transversale arbitraire passe par lespoints
de con-cours des côtés
opposés
de notrequadrilatère simple,
Il suit de làque, si l’on déforme ce
quadrilatère ,
de manière quecinq
despoints
de section dont ils’agit
demeurentfixes ,
sur la mêmedroite,
le sixième ne variera pas.
Ainsi,
toutquadrilatère simple
dont lescôtés et l’une des
diagonales passeront respectivement,
et dans unordre
assigné,
parcinq points A , B, C , D, E , pris
à volontésur une même
droite,
aura son autrediagonale toujours dirigée
vers un autre
point
fixe F de la mêmedroite,
et liée aux pre- miers par l’ensembledés relations (
f). Donc , cinq points
étantdonnés ,
sur une mêmedroite ,
il seratoujours facile ,
avec larègle
pour tout
instrument,
d’en trouver un sixièmequi
soit en involu-lion avec eux ; et l’on voit en outre que ce
sixième point
seraunique.
I86 THEORIE DES LIGNES
Ceci
fournit
une nouvelle solution duproblème
connu : Par unpoint donné,
mener avec larègle
une droitequi
passe par lepoint
de concours ,
supposé
inaccessible de deux droites donnéesdeposi-
tion ? Et
conséquemment
de celui-ci : Deuxparallèles
éltant tracéessur un
plan,
mener par unpoint
donné sur ceplan ,
et en n’em-ployant
que larègle,
uneparallèle
à ces droites ? Ceproblème ,
dunt Lambert a déduit la solution des
principes
de la perspec-tive,
a étérappelé
à la page 108 du Traité despropriétés
pro-jectives
desfigures.
Ayant,
sur unplan ,
unquadrilatère simple
avec ses deuxdiagona-
les ;
si l’on fait varier deux côtésadjacens
de cequadrilatère ,
enles
assujettissant
à tourner sur deuxpoints
fixespris
à volonté surson
plan ,
etqu’on
laisse immobiles les deux autres côtés et la dia-gonale qui part
de leurpoint
de concours ; il arrivera que l’au-tre
diagonale,
en variant dedirection,
couperatoujours
au mêmepoint
la droite que déterminent les deuxpoints
fixes verslesquels
les deux côtés mobiles sont
dirigés
sans cesse. Parconséquent,
enconsidérant ,
dans deuxpositions quelconques
letriangle
variableformé par cette
diagonale
et ses côtésmobiles,
on aura ce théo-rème : Si deux
triangles
ont l’un et l’autre leurs sommets situés surtrois
lignes
droitesqui
concourent en un mêmepoint,
les troispoints
de concours de leurs côtésplacés
entre ces mêmesdroites, prises
deux à deux se trouveront enligne
droite. Etréciproque-
ment, si deux
triangles
sont tellementdisposes
sur unplan
que leurs côtés concourent deux à deux en troispoints
situés enligne droite ,
les trois droitesqui joindront
leurs sommetscorrespondons
iront concourir en un même
point (*).
(*)
On peut consulter , sur diverses autres démonstrations de ces théorè-mes le Traité des
propriétés projectives
desfigures
( pag. 87 - 94 ), et les mémoires de M. Brianchon.( Note de l’auteur. )
DU SECOND ORDRE. I87
Cette
prop.osition ,
fortimportante
dans lagéométrie
de la rè-gle,
a été donnée pour lapremière
fois parDesargues ,
et repro- duite par MM. Servois et Brianchon.Quoique
nous ne fassions pasusage
ici de la méthode desprojections,
nous ne pouvons nous refuser à observer que laproposition
dont ils’agit
devient evi-dente ,
parsimple intuïtion , quand
on met enprojection
ou enperspective
sur unplan
un tronc depyramide triangulaire
à basesnon
parallèles (*).
On en déduit ce corollairequi peut
être sou-vent
utile , savoir,
que si deuxtriangles
sont inscrit et circonscrit fun à l’autre de telle sorte que les droitesqui joignent
leurs som-mets
opposés
concourent en un mêmepoint ,
lespoints
de concoursdes directions de leurs côtés
opposés appartiendront
à une mêmedroite ;
etréciproquement.
Au moyen du même
théorème,
étant donnè sur unplan
unquadrilatère simple
on pourraconstruire,
avec larègle seulement ,
la droite dont la direction passe par les deux
points
de concours.de ses côtés
opposés,
ensupposant
ces deuxpoints inaccessities,
et déterminer en même
temps
lepoint
où cette droite estcoupée
par une autre droite donnée à volonté sur le même
plan (**).
On
peut
encore , enn’employant
que larègle,
construirele point
de concours de deux
droites ,
déterminées chacune par deuxpoints
et que des obstacles
quelconques,
situés entre cespoints
ou au-delà, empêcheraient
de tracer(***).
(*) C’est ainsi que nous l’avons nous-même démontrée dans notre XVI.e
volume (
pag. 2I9 ) où l’on peut voir lesapplications
que nous en avons dé-duites.
J. D. G.
Nous
avonsindiqué
cetteapplication à
l’endroit cité.J. D. G.
(***) C’est un des deux
problèmes
résolus parM. Vallès (
tom.XVI
pag.
385 ).
J. D. G.
I88
THEORIE
DES LIGNES§.
VIII.Lorsqu’un quadrilatère
est inscrit à uneligne
du second ordrequelconque
, onpeut envisager
ses deuxcouples
de côtésopposés
comme deux
lignes
du second ordreayant
avec laproposée
qua-tre
points
communs. Onpeut
doncappliquer
ici la théorie du§. YI ;
c’est-à-dire quesi ,
sur leplan
d’unquadrilatère
inscrità une
ligne
du secondordre ,
on mène une droitearbitraire,
sespoints
d’intersection avec deux côtésopposés
duquadrilatère ,
sespoints
d’intersection avec les deux autres etenfin
sespoints
d’in-tersection avec la courbe seront six
points
en involution. C’est encela que consiste le théorème de
Desargues
mentionné au§.
VI.M. Brianchon en a déduit un
grand
nombre deconséquences
par-ticulières ,
surlesquelles
il seraitsuperflu
de revenir.Supposons
que l’on rende fixes lespoints
où la transversale estcoupée
par trois des côtés duquadrilatère inscrit ,
etqu’on
fasseensuite varier ce
quadrilatère
de telle sorte que, sans cesser d’ê-tre
inscrit ,
il aittoujours
trois de ses côtésdirigés
vers les mê-mes
points ,
lequatrième
côté variera-aussi ;
mais comme dessix
points
eninvolution, cinq
demeurerontinvariables savoir,
les.trois
points
dont ils’agit
et les deuxpoints
d intersection de la trans-versale avec la
courbe ,
le sixième aussi devra être m variable.Donc
si l’on inscrit à uneligne
du second ordre une suite dequadri-
latères tels que trois de leurs côtés
passent
constamment , et dansun ordre
assigné ,
par troispoints fixes , pris
à volonté sur unedroite
arbitraire ,
leursquatrièmes
côtès concourront constammenten un
quatrième point fixe
de la même droite.Soit ABCDEF un
hexagone quelconque
inscrit à uneligne
dusecond
ordre ; désignons
parG , H , K , respectivement,
lespaints
de concours des côtés
opposés
AB etDE ,
EC etEF,
CD et If A ;menons
par les
deux sommets opp osés A et D unediogonale
cou-pdiit
CH en1, ;
les deuxquadrilatères
ABCD et DEFA auront troisDU SECOND ORDRE. I89
de leurs côtés
qui
passeront par les trois mèmespoints G, H ,
L d’unedroite ;
donc lepoint k
de concours des côtés restans devraaussi se trouver sur cette
droite ; c’est-à-dire ,
que, dans tout hexa-gone inscrit à une
ligne
du secondordre ,
lespoints
de concoursdes côtés
respectivement opposés
sont situés sur une mêmeligne
droite
(*).
Cette belle et
importante propriété
del’hexagone
inscrit a étéénoncée pour la
première
fois parPascal
,qui
ladésignait
sous(*)
La démonstration queje
viens de donner de ce beau théorème, dé- monstration queje
croisnouvelle ,
ine paraît se recommander par sa sim-plicité.
La théorie ordinaire des transversales en fournit une autrequi
peuttrouver ici sa
place.
Soit forme un
trianyle
par lesprolongemens
des côtés AB, CD , EF del’hexagone,
et soientrespectivement
L, M, N les sommets de cetriangle
opposés à ces côtés. En luiappliquant
un théorème connu, on aura d’abordMA.MB.NC.ND.LE.LF=ME.MF.NA.NB.LC.LD.
Considérant ensuite tour à tour
BC ,
DE , FA , comme des transversales cou-pant le
triangle LMN ,
nous auronsLC.MH.NB=LH.MB.NC , ME.NG.LD=MG.ND.LE ,
NA.LK.MF=NK.LF.MA ;
multipliant
ces quatreéquations
membre à membre, etréduisant,
il viendraMH.NG.LK=LH.MG.NK ;
te
qui
prouve que les troispoints
G,H, K appartiennent à
une même droite.Tom.
XVII.
I90
THEORIE DES LIGNES.
le nom
d’hexagrame mystique,
et en avait fait la base d’un traité de sectionsconiques qui
n’a pas étépublié. Quoiqu’elle paraisse
n’avoir pas été
Ignorée
deDesargues,
la découverte en estgéné-
rarement attribuée à Pascal.
Depuis lors , plusieurs géomètres
l’ontreproduite
sous différentesformes,
et en ont tirébeaucoup
de con-séquences
utiles ou cuirieuses. M. Brianchon a établi sur le mêmeprincipe ,
d’une manièrepurement géométrique ,
toute la théoriedes
pôles
etpolaires
deslignes
et surfaces du second ordre(
Jour-nal de l’école
polytechnique
XIII.e cahier).
Il a faitconnaître,
enmême
temps ,
un théorème non moins intéressant que celui de Pas-cal ;
théorème que nous allons démontrerd’après lui ,
à l’aide dela théorie des
pôles
etpolaires.
Etant donné un
hexagone
circonscrit à uneligne
du second or-dre,
si nousjoignons
lespoints
de contact de ses côtés consécu-tifs
par desdroites ,
nous formerons unhexagone inscrit,
dont cha-que côté aura pour
pôle
un sommet del’hexagone circonscrit ;
et,comme
( §. Il )
la droitequi joint
lespôles
de deux autres ason
pôle
aupoint
de concours de celles-ci ,
il s’ensuit que les dia-gonales qui ,
dansl’hexagone circonscrit, joindront
deux sommetsopposés,
auront pourpôles
lespoints
de concours des directions des côtésopposés
del’inscrit ; puis
donc que ces troispoints appartien-
nent à une même
ligne droite ,
les troisdiagonales
dont ils’agit
devront concourir en un même
point, pôle
de cettedroite ;
c’est-à dire que , dans tout
hexagone
circonscrit à uneligne
du secondordre ,
lesdiagonales qui joignent
les sommetsopposés
concourenttoutes trois en un même
point (*).
(*) On trouve dans le
présent recueil,
tom. IV , pag. 78 et 381, tom.XIV, pag. 29, tom. XV, pag.
387
et tom. XVI, pag.3az ,
diverses dé-monstrations de ces deux. théorèmes.
J. D. G.