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Émission de fragments rapides de charge 2 dans les interactions nucléaires de grande énergie
Bernard Tinland, Françoise Bartholin, Adèle Burdet
To cite this version:
Bernard Tinland, Françoise Bartholin, Adèle Burdet. Émission de fragments rapides de charge 2 dans les interactions nucléaires de grande énergie. Journal de Physique, 1963, 24 (8), pp.604-610.
�10.1051/jphys:01963002408060400�. �jpa-00205537�
ÉMISSION DE FRAGMENTS RAPIDES DE CHARGE 2 DANS LES INTERACTIONS NUCLÉAIRES DE GRANDE ÉNERGIE Par BERNARD
TINLAND, FRANÇOISE
BARTHOLIN et ADÈLEBURDET,
Institut de Physique Nucléaire de Lyon.
Résumé. 2014 Nous avons étudié les particules de charge 2, d’énergie comprise entre 200 et 600 MeV émises dans les interactions des protons de 22 GeV avec les noyaux de l’émulsion photographique.
Nos résultats portent sur la section efficace de production, les distributions énergétique et angulaire,
l’association de ces particules aux étoiles à grand nombre de branches. Une interprétation théorique
de la production de ces fragments est proposée.
Abstract. 2014 We have studied the particles of charge 2 emitted with an energy between 200 and 600 MeV in the interactions of 22 GeV protons with emulsion nuclei. Our results give the
cross section, the energy and angular spectra, and show that such particles are most frequently
emitted in many pronged stars. We suggest a theoretical explanation of the production of these particles.
LE JOURNAL DE PHYSIQUE 24, 1963,
Introduction. - Il est bien connu que les inter- actions entre noyaux et
particules
degrande
éner-gie
donnent lieu à l’émission defragments,
c’est-à-dire de
corpuscules
constitués par deux ouplus
de deux nucléons
[1], [2], [3], [4].
Dans la
description usuelle,
les réactions nucléaires aux hautesénergies
sont considéréescomme se faisant en deux
phases.
Lapremière
estune suite de collisions « cascade » entre nucléons du noyau et
particule primaire
ouparticules
résul-tant d’une collision
antérieure ;
cet ensemble dechocs a pour effet
l’éjection
d’un certain nombre departicules d’énergie
élevée : nucléons du noyau etparticules
formées dans les collisions individuelles(pions) ;
il subsiste un noyau résiduelqui
se trouvedans un état excité. La seconde
phase
de la réac- tion est constituée parl’évaporation
de ce noyau ;c’est par elle que
s’explique
l’émission defrag-
ments de basse
énergie.
Mais divers auteurs ontsignalé
uneproduction
defragments
dontl’énergie
est
trop grande
et la distributionangulaire trop anisotrope peut
être raisonnablementexpliquée
par le mécanisme
d’évaporation.
La cascade nepermet
pas nonplus
d’en rendrecompte et jusqu’ici
aucune
explication
sérieuse n’a étéproposée,
lesrésultats
expérimentaux
étant eux-mêmestrop fragmentaires
ettrop dispersés
pour uneanalyse approfondie.
Il nous a semblé
qu’il
y avaitplace
pour un tra- vail de recherchesystématique
relatif à l’émissionde
fragments
3He et4He ;
nous avons donc exa-miné à ce
point
de vue les réactions nucléaires entreprotons
de 22 GeV et noyaux de l’émulsionphotographique.
I.
Techniques expérimentales.
-1)
EXPLO-RATION. - Les émulsions utilisées appar- tenaient au
type
standard Ilford G5 de format9,5
X14,5
cm2 X 600 ,m. Elles faisaientpartie
d’un stack de 64
pellicules qui
furentexposées longitudinalement
au faisceau deprotons
de 22 GeVissu du
synchrotron
du C. E. R. N.(densité
dufaisceau 2 X 105
protons/cm2).
La
proportion
defragments
3He ou 4Hed’énergie supérieure
à 200 MeV est faible. D’autrepart,
àcette
énergie,
les traces de telsfragments
ne sedistinguent
pas ausimple
examen visuel des traces deprotons,
deutons ou tritonsd’énergie
moindre.Il est donc
pratiquement impossible
de les détecterau niveau de l’étoile. Il a semblé
préférable
derechercher les traces d’ 4He ou d’ 3H e dans leur domaine de parcours
où,
par l’ionisation etl’aspect général,
elles sedistinguent
suffisamment bien des traces decorpuscules
decharge 1 ;
des mesuresultérieures d’ionisation
permettent
d’évaluer lavaleur de la
charge.
Cette méthode est apparuecomme
ayant
un rendementsatisfaisant ;
la pro-portion
des traces retenuesqui
ont été finalement attribuées soit à destritons,
soit à desdeutons,
nedépasse
pas1/4.
Toute trace
repérée
est suivie à travers le stackjusqu’à l’étoile,
d’unepart, jusqu’à
sa fin de par- cours, d’autrepart.
Le domaine de parcours résiduel dans
lequel
lerepérage
est effectif estcompris
entre 1 mm et5 mm. La
perte
estprobablement petite ;
eneffet,
nous avons utilisé un
balayage
continu du volume des émulsions parchamps
de 500 ,m ou 1 000 um suivantl’optique
utilisée.Or,
une trace d’He estreconnaissable sur une
longueur
de 5 mm environ.Chaque
tracequi
nous intéressait était doncrepé-
rable dans trois ou
quatre champs
au moins.2)
IDENTIFICATION DES TRACES. - Deux mé- thodes ont été utilisées :principalement
la mesured’ionisation ; accessoirement
la densité desrayons S.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01963002408060400
605
A)
Mesures d’ionisation. - Fowler et Perkins[5]
ont montré que, dans un
large
domaine de parcours, l’ionisation pour lescorpuscules
decharge
1 étaitproportionnelle
à lafonction g
donnée par :où B est le nombre d’amas sur une certaine lon- gueur de trace et H le nombre de lacunes de dimen- sions
supérieures
à 1 sur la mêmelongueur
detrace. Soit go la valeur de g au minimum d’ionisa- tion : go est aussi donné par :
où g est le diamètre de
grains (~ 0,65
um dansl’émulsion G5).
Pour des
protons,
dans le domaine des parcours résiduelssupérieurs
à 1 cm, lerapport g’
=glgo
aété trouvé très sensiblement
égal
aurapport I/I0
des ionisations calculées nar la formule classiaue :
où J est le
potentiel
d’ionisation moyen, et ceci pour toutes les émulsions detype
G5 eu K5.Nous avons déterminé go sur des traces au
pla-
teau
d’ionisation, puis g’
-g/go
pour desprotons
ou des mésons 7c dans le domaine
g’
> 2.Aucun
étalonnage
n’a étépublié jusqu’ici
pour les traces departicules
decharge supérieure
à 1.Nous ne
disposions
pas deplaques exposées
à desfaisceaux de
particules
ad’énergie
suffisante.Aussi avons-nous dû déduire la courbe d’étalon- nage pour les
corpuscules
3He et4He,
de la courbe obtenue pour lesprotons.
Leprocédé employé
a étéle suivant : nous avons admis que
g’
nedépendait
que de l’ionisation et non de la
charge
du corpus-cule,
cequi
semble raisonnable. Les données rela- tives aux courbesparcours-énergie
ontfourni,
pour
chaque
parcours .R d’un 3He ou d’un 4Hel’énergie cinétique correspondante T,
d’où sonionisation, égale, d’après
la formuleprécédente,
à 4 fois celle du
proton ayant l’énergie T/4,
etenfin la valeur de
g’.
La même méthode
s’applique,
avecplus
de sécu-rité,
car une différence decharge
n’intervient pas,aux deutons et aux tritons. La
figure
1 donne lescourbes
g’
=g’(R)
pour lesprotons, deutons,
tri- tons,3He
et 4He. Les mesures d’ionisation ont été faitessystématiquement
pour les tracesrepérées
sur différents
segments
de leur parcours. Lespoints expérimentaux
ainsi obtenus seplacent
dansla surface hachurée de la
figure
1. Ils serapportent
à des « 3He ou 4He
supposés » ;
; nous faisons les constatations suivantes :a)
Lespoints
enquestion
sont situés nettementen dehors du domaine de la courbe relative aux
tritons ;
cette circonstanceplaide
en faveur decorpuscules
decharge 2 ;
eneffet,
il est bienétabli,
et nous avons pu le
vérifier,
que lespoints
concer-FIG. 1.
nant les tritons ou des deutons se
placent
effecti-vement sur les courbes « tritons » ou « deuton’s ».
b) Cependant
cespoints expérimentaux,
dansle domaine des fortes
ionisations,
sont presque tou-jours
assez sensiblement au-dessous de la courbethéorique ;
ce fait n’est pas trèsétonnant ;
eneffet,
les valeurs de
g’
concernées sontsupérieures
à13,
c’est-à-dire
appartiennent
à un domaineoù,
pour lescorpuscules
decharge 1,
les mesures sont incer- ,taines et la
proportionalité
de g à l’ionisation dou- teuse. Les considérations surlesquelles
nous noussommes
appuyés (proportionnalité
de g à l’ioni-sation)
ne sont pas établiesexpérimentalement ;
d’autre
part,
ils’agit
deg’
pourlesquelles
lesmesures sont affectées d’une erreur considérable.
Cependant,
lesg’ observés,
très nettementsupé-
rieurs à ceux attendus pour un
triton,
ne per- mettent pas de mettre sérieusement en doute le faitqu’il s’agisse
decorpuscules
decharge
2.D’ailleurs si la
longueur
de la trace est suflisantepour que des valeurs de
g’
relativement faibles( 10)
soientatteintes,
celles-ci sonttoujours compatibles
avec l’identification 3He ou 4He.Par
contre,
le faibledécalage
existant entre lescourbes concernant 3He ou 4He ne
permet
pas une discrimination entre ces deuxtypes
defragments.
Nous avons donc été conduits à
présenter
tous lesrésultats dans les deux
hypothèses - fragments
demasse 3 et
fragments
de masse 4. Il est bien évi-demment
possible,
voireprobable, qu’en fait,
lesfragments
des deuxtypes
soientprésents.
Nousverrons que
l’interprétation théorique
des résul- tats seraitprobablement plus
aisée si la mesurede la masse était
possible ;
notretechnique
dansson état actuel ne le
permet
pas.B)
Densité des rayons 8. - Nous avons utilisé la densité des rayons 8 comme moyen de contrôle de l’identification de certaines traces.(son emploi
systématique
était rendu difficile par le fond élevé dû à l’intensité del’exposition).
La convention des troisgrains
a étéadoptée :
sontcomptées
commerayons
8,
les traces d’électron issues de la traceprincipale
etcomprenant
au moins troisgrains.
Les mesures ont été faites dans le domaine de par-
cours résiduel - 1 mm-2 mm et donnent en moyenne
une densité de 4 à 5
rayons 8
par 100 ,m pour lesfragments étudiés ;
ces résultats sontcomparables
à ceux énoncés par divers auteurs
(Sôrensen
notam-ment).
Pour desparticules
decharge 1,
la densitéde
rayons 8
seraitquatre
foisplus
faible. L’identi- ficationproposée apparaît
donc bien confirmée.3)
CONCLUSION. - Les tracesrepérées
se clas-sent en deux groupes :
a)
unpetit
nombre de traces decorpuscules
decharge
1(notamment
destritons) :
:. environ 25%
du
total ;
b)
des traces dont l’ionisation et la densité derayon 8
sontincompatibles
avec celles des corpus- cules decharge 1,
maiscompatibles
avec celles decorpuscules
decharge
2. Ces traces ont été attri- buées à desfragments
3He ou 4He.La méthode
d’exploration
que nous avons uti- liséepermet
donc derepérer
desfragments
decharge
2 à des traces sensiblement horizontalessans contamination excessive.
II.
Caractéristiques
de l’émission desfragments
3He ou 4He. - 1.
CARACTÉRISTIQUES
PHYSIQUESOBJET DES EXPÉRIENCES. - Les
caractéristiques physiques
relatives à l’émission desfragments
3Heou 4He
qu’il
y a lieu dedéterminer,
sont les sui-vantes : sections efficaces
globales
deproduction ;
distribution
angulaire ;
distributionénergétique ;
corrélation entre
l’énergie
dufragment
et sonangle d’émission ;
corrélation entre laprobabilité
de l’émission d’un
fragment
decharge
2 et lescaractéristiques
de l’interaction(nombre
total departicules
émisesnotamment).
2. INCIDENCE DES CONDITIONS D’EXPÉRIENCE
SUR LES RÉSULTATS. - 340
fragments probables
d’3He ou 4He ont été
repérés ; parmi ceux-ci,
50
ayant
unelongueur supérieure
à 1 cm(énergie
200
lB1eV, environ)
ont été retenus et identifiésdéfinitivement.
D’importants
facteurs decorrection,
due à lagéométrie
del’exploration,
sont nécessaires. On les trouvera dans le travail de l’un de nous. Les résul- tats donnés ici sont les résultatscorrigés.
3.
CARACTÉRISTIQUES
DES ÉTOILES DE RÉAC-TIONS DONNANT LIEU A L’ÉMISSION DE FRAGMENTS
3He oU 4He. - Les
caractéristiques
des événe- ments d’interactionproton-noyau ayant
donnélieu à l’émission de
fragments
ont été étudiéssysté- matiquement.
Soient :N,s le nombre de traces de
gerbes .(constituées
par despions. et
desprotons
degrande énergie),
Ng Le nombre de tracesgrises (essentiellement
desprotons d’énergie comprise
entre 30 MeV et400
MeV),
Nb le nombre de traces noires
(protons, deutons,
tritons de faible
énergie).
La
répartition
des étoilesayant
donné lieu à l’émission defragments
en fonction du nombre de branches(grises
et noires : Nb +Ng)
estcomparée (fig. 2)
à larépartition générale
concernant l’ensem- ble des étoiles(Manfredini
etal.) [7].
Les nombresmoyens de branches par étoile sont
respectivement :
Nb + Ng = 17,2 pour les étoiles « à fragments » (50).
Nb + Ng = 7,4 pour l’ensemble des étoiles (1 586).
FIG. 2. - Nombre (normalisé) d’étoiles ayant plus de 0, 1, ...,
33
branches grises et noires.607
Il est
possible
deprocéder
à uneanalyse plus précise.
Parmi les 183 étoiles à 0 branchegrise
ounoire observées par
Manfredini,
70 environ doivent être dues à l’interaction avec desprotons
libres del’émulsion. Les étoiles d’interaction avec un noyau
léger,
d’autrepart,
ont des lVb -E- Ng auplus égaux
à 8 et le
plus fréquemment (80 %
descas) compris
entre 3 et 8. Trois
fragments
seulementproviennent
d’étoiles
répondant
à cette condition.Donc,
92%
au moins des
fragments étudiés,
sont émis dans desinteractions avec des noyaux
Ag
ou Br.4. PROBABILITÉ D’ÉMISSION D’UN FRAGMENT He D’ÉNERGIE COMPRISE ENTRE 200 MeV ET 600 MeV.
- Dans un volume de
30,6
cm3d’émulsion,
50
fragments
«repérables »
ont été observés. Lenombre de
fragments
réellement émis est calculé à l’aide des facteurs de correctiongéométrique,
il estégal
à 420 environ. Les sections efficaces de réaction desprotons
de 22 GeV avec les noyaux constituant l’émulsion n’ont pas étédéterminées,
mais se déduisent facilement des sections effi-
caces d’interaction
proton-nucléon. Adoptant
lgp-p = 6p-n = 42
mb,
nous déduisonsd’après
les travaux de G. Philbert
[8] :
où 6 > H et a > L
désignent
les moyennes des sections efficaces pourles
noyaux lourds(Ag
etBr)
et les noyauxlégers (C, N, 0)
de l’émulsion.Ainsi que nous l’avons vu, les
fragments
observésproviennent
tous d’une interaction avec un noyaucomplexe ;
si nous admettons que les troisfrag-
ments
signalés
commepouvant provenir
d’uneinteraction avec un noyau
léger, proviennent
effec-tivement d’une telle interaction, nous obtenons :
et
où les 63He-4He sont les sections efficaces de réac- tion avec émission d’un 3He ou d’un 4He
d’énergie comprise
entre 200 et 600 MeV.FiG. 3. - Distribution angulaire corrigée.
Si nous supposons que tous les
fragments
sontémis dans un événement de noyau
lourd,
nousobtenons:
: Nous n’avons trouvé dans la littérature
aucun
. élément
susceptible
deprocurer
unecomparaison
avec nos.résultats.
5. DISTRIBUTION ANGULAIRE. - La correction
géométrique
a étéappliquée
pour la détermination du nombre defragments
émis dans une directiondonnée. Nous donnons la distribution
angulaire
! vraie
(corrigée) :
Elle fait
apparaître
une très netteprépondérance
L de l’émission vers l’avant
(NFW/NBW
=21,2)
etb même de l’émission sous des
angles
très faibles. Ilest bien. connu que l’émission des
fragments
de: faible
énergie ( T
50MeV)
est presqueisotrope
,
(NFW/NBW = 1,2
à1,4).
6. CORRÉLATION ÉNERGIE-ANGLE D’ÉMISSION. - L’étude de cette corrélation est
importante
pour la détermination duspectre énergétique vrai ;
elleprésente
aussi un intérêtintrinsèque.
Lafigure
4FIG. 4.
donne la
répartition
despoints -représentatifs
desfragments.
Les noyaux les
plus énergiques apparaissent
clairement être émis sous des
angles plus
faiblesque lès noyaux moins
énergiques.
Aucune correc-tion,
nigéométrique,
ni derendement, n’ayant
étéfaite,
la densité despoints représentatifs
n’a pas designification physique.
7. SPECTRES
ÉNERGÉTIQUES.
- L’obtention duspectre énergétique oblige
àopérer
un assezgrand
nombre de corrections sur les résultats
bruts,
cor-rections dont
l’importance
est telle’que
les résul-608
tats définitifs ont seulement une valeur indicative.
a)
La correction de rendement estgrande
pour les traces lesplus longues :
celles-ci sont en effetémises
préférentiellement
vers l’avant et se termi-nent dans un domaine
qui échappe
àl’exploration.
b)
La correctiongéométrique
estplus particu-
lièrement
importante
pour les traces émises sousdes
angles compris
entre 450 et1350;.
âans cedomaine
d’angles,
cesont,
comme npus l’avons vudans le
paragraphe précédent,
surtout desfrag-
ments
d’énergie
inférieure à350MeVqui
setrouventémis (sur la figure 5 sont reportés les spectres éner-
FIG. 5. - Distribution énergétique corrigée.
gétiques corrigés
dans les deuxhypothèses
oa lesfragments
sont tous des 3He ou tous des4He),
Le facteur de correction
angulaire
a été établicompte-tenu
des résultats de corrélation(fig. 4).
Nous avons admis
simplement
que pour unangle donné,
ce facteurprenait
deux valeurs : l’unecorrespondant
auxfragments d’énergie
200 à400
MeV ;
l’autrecorrespondant
auxfragments d’énergie
400 à 600 MeV.Les données montrent en effet que les
réparti-
tions
angulaires
desfragments
sont bien différen- ciées pour ces deux domaines mais à peuprès
indé-pendantes
del’énergie
dans chacun d’entre eux.Les deux: limites dw
spectre
sont données par les conditionsexpérimentales.
Il ressort du résultat que lafréquence
d’émission desfragments
est unefonction décroissante de leur
énergie.
Ils’agit
làd’un résultat
qui,
sous formequalitative,
est bienconnu.
8. CONCLUSIONS GÉNÉRALES DE L’ÉTUDE EXPÉ-’
MENTALE. -’-- L’étude
expérimentale permet
dedégager
les conclusionsgénérales
suivantes :a)
Desfragments
3He et 4Hed’énergie comprise
entre 200 et 600 MeV sont
mis,
essentiellement dans les interactions p-noyauxAg
ou Br avec unefréquence
de l’ordre de 10-4 par interaction.b)
Cesfragments
sont émis versl’avant ; l’angle
d’émission moyen est d’autant
plus
faible quel’énergie
dufragment
estplus
élevée.c)
Le nombre defragments
est d’autantplus
faible que leur
énergie
estplus
élevée.d)
Leurproduction paraît
associée à des évé- nements nucléaires danslesquels
il y a émission d’ungrand
nombre departicules.
IV. Discussion des résultats basés sur l’inter-
prétation théorique.
-1)
AUTRES DONNÉES EXPÉ-RIMENTALES. - A l’aide d’une
technique
de comp- teurs, des 3He ont été observés émis à8,4°,
à desénergies
de2,3
GeV en mêmetemps
d’ailleurs que des tritons et des deutons dans les interactionsp-Al
à 25 GeV(Lundby [9]).
Lesexpériences
nefournissent pas la
probabilité
deproduction
parinteraction,
maisseulement,
pour unangle
et uneénergie donnés,
lerapport
entre celle-ci et laproba-
bilité de
production
deprotons
dont le moment estégal
à0,65
fois celui des 3He. Cerapport
estégal
à 10-4
(3He
de moment4,3 GeV/c,
p de moment2,8 GeVrc
émis à8,4°).
Nous avonsessayé
d’abou-tir à une évaluation de la
fréquence
d’émission par interaction en formulant diverseshypothèses, plau- sibles,
mais nereposant
pas sur une baseexpéri-
mentale sûre :
a)
Lesprotons
degrande énergie
sontsupposés
émis avec une
fréquence
de0,05
par GeV dans l’intervalled’énergie
1-6 GeV. Nous obtenons cettefréquence
en admettant :- que les
protons
degrande énergie proviennent
des réactions. :
rm
- que ces réactions donnent un
proton
dansl’intervalle 1-6 GeV avec une
probabilité
de0,5 ;
- que les
protons rapides
ne subissent pas de collision secondaire abaissant leurénergie
au-dessous de 1 GeV
dans
50%
des cas.b)
Lesdistributions angulaires
eténergétiques
des 3He et des
protons
dans le domaine 1-6 GeV sont considérées comme étant les mêmes.Dans ces
conditions,
il y aurait environ 4 X 10-6 3He par intervalled’énergie égal
à 1GeV,
soit 4 X 10-7
par 100
MeV dans le domaine 1-6 GeV.Étant
donné le caractère fort incertain deshypo- thèses,
ce chiffre a une valeurpurement
indicative.Il est à
rapprocher
de celui que nous obtenons dans l’intervalle 400-600 MeV pour l’ensemble 3He +4He,
soitenviron, après
lescorrections,
5 X 10-6 par 100 MeV
(les
noyaux en interaction sont d’ailleurs de A ~ 95 dans notre cas au lieu d’être de A m27).
Nous considérons les deux résultats comme
compatibles
etpouvant
confirmer la décroissance609
de la
fréquence
d’émission avecl’énergie
dufrag-
ment.
2. BASES DE L’INTERPRÉTATION
THÉORIQUE. -
l,a recherche d’une théorie
susceptible
de rendrecompte quantitativement
desphénomène
mis enévidence,
déborderait le cade de ce mémoire. Elleobligarait
en effet à un calculcomplet
de la cascadeinfra-nucléaire,
calcul extrêmementpénible
et dontseuls
jusqu’ici
certains éléments ont été résolus.Aussi nous nous bornerons à donner
quelques
indi-cations
qualitatives
sur ledegré
deplausibilité
desdifférents mécanismes
susceptibles
d’êtreinvoqués
pour
expliquer
la formation desfragments
Heénergiques.
Troistypes
de processuspeuvent
êtrepris
en considération :1) L’évaporation ; 2)
L’in-teraction du
proton
avec des sous-structures intra-nucléaires ; 3)
La formation de structuresd’3H,
3He dans les interactions
proton-proton.
1 °
L’évaporation.
- Ainsi que nous l’avionsindiqué
dans l’introduction tous les auteursqui
nous ont
précédés
ont estimé quel’évaporation
nepouvait expliquer
l’émission de cesfragments rapides.
Notretravail
nouspermet
de confirmer totalement cepoint
de vuepar deux
de ses résul-tats : l’extension du
spectre énergétique jusqu’à
100 MeV et la très forte
anisotropie
de la distribu- tionangulaire.
20 Sous-structures. - Les
fragments
sont pro-duits dans les collisions de
particules
incidentes oude
particules rapides
de la cascade avec des sous-structures nucléaires
éphémères,
telles que2H, 3H, 3He,
4He.... Cettehypothèse
a été notamment avancée par P. Cüer et ses collaborateurs et sa véri- fication a faitl’objet
de divers travaux de l’écolestrasbourgeoise.
Il n’estguère
douteux que de telles sous-structures existent etqu’elles jouent
unrôle dans certaines interactions de moyenne ou de
grande énergie.
Ainsi des interactions ont étéobservées, provoquées
par desprotons
de330
MeV(Combe [10])
ou de 1 GeV(Philbert,
nonpublié) qui s’expliquent
par la collision duproton rapide
avecun 4He
appartenant
à un 12C ou à un 160. Nous nepensons pas que la théorie
proposée
vaille pour lesfragments
que nous observons. Lesobjections
sontles suivantes :
a)
Nous pouvons supposer d’abord que ce serait l’interactionprimaire
duproton
degrande énergie qui
interviendrait. Il nepourrait guère s’agir
que d’une diff usionélastique
duproton
et de la sous-structure. En
effet,
aucunphénomène
dutype :
p + noyau léger --> p + noyau léger + zr, n’a été
observé jusqu’ici.
Or la diffusioninélastique
d’un
proton
avec une sous-structure serait trèsanalogue
à la diffusion de diffraction p-noyauléger : l’énergie
transmise à la sous-structure serait faible(30-40 MeV)
et il serait émis à 90°.D’autre
part,
iln’y
avait aucune raison pour queles étoiles à
grand
nombre de branches se trouventfavorisées par la
production
defragments.
Lephénomène
inverse devraitplutôt
seproduire.
Eneffet,
lefragment (émis
versl’avant, d’après
nosobservations)
aurait d’autantplus
de chances d’êtredécomposé
par_une interaction ultérieurede
la
cascade,
que la collisionprimaire
seferait,
parrapport
au noyau, avec unparamètre d’impact petit ;
et à un telparamètre correspond
une cas-cade
longue,
donc l’émission d’ungrand
nombrede
particules
de moyenne et faibleénergie. L’hypo-
thèse de la
production
defragments
He par colli- sion d’unproton primaire
avec unesous-structure,
ne nous
paraît
donc pas soutenable.b)
Admettons maintenant que lesfragments
soient formés dans des interactions secondaires
(dues
parexemple
à desprotons
ou despions
decascade dont
l’énergie
seraitcomprise
entre 1 etquelques GeV).
En ce cas, les remarquesprécé-
dentes relatives à
l’énergie
et à l’orientation(mais
dans une moindre mesure, car la direction des par- ticules
responsables
de l’interaction n’estplus
aussibien
définie) s’appliquent
encore. D’autrepart,
ondevrait observer l’émission de
fragments
dans les«
petites
étoiles » dues à desprimaires
de 1 àquelques GeV,
cequi
ne semble pas être le cas.Nous concluerons donc que l’existence de sous-
structures
ayant
lespropriétés
depotentiel
d’un3He ou 4He ne
peut
êtreinvoquée
pourexpliquer
la
production
defragments.
3. Formation de
fragments
dans les interactionsprimaires
p + p. -Hagedorn
asuggéré
quc les processus suivants sontresponsables
de la forma- tion de fragments radides :Inexistence du processus
(1)
n’estguère
douteuse.A des
énergies
de l’ordre duGeV,
laprobabilité
relative d’une réaction de
type (1)
n’est pasnégli- geable,
et iln’y
a pas de raisonthéorique
pourqu’elle
s’annullecomplètement
à desénergies plus
élevées.
Une preuve, mais celle-là non
décisive,
del’interprétation
de(2) pourrait
être laprésence
de3He et 3H de
grande énergie (Lundby [9])
etl’absence de 4He
(Cocconi, Lundby [9]).
Les deu-tons de
grande énergie (3,75 GeV) peuvent s’expli-
quer par l’interaction
(1),
les 3Hed’énergie
voi-sine de
2,3
GeVproviennent peut-être
du proces-sus
(2).
Parcontre,
ilparaît
douteux que(2)
inter-! vienne dans la formation de
fragments
He de200
. à 600 MeV.
L’objection
adéjà
été formulée à propos des sous- structures et est la suivante :(2)
seproduirait
dans une interaction
primaire
oupeut-être
dans! une des
premières
interactions secondaires de la 40cascade ;
iln’y
aurait aucune raison de trouver lesfragments
associés aux «grandes
étoiles ». Aussi l’idée suivante a-t-elle été avancée : les 3He seraient formés dans deux processus consécutifs :a)
Formation de drapides
par(1).
b)
Formation de 3He(et
de3H)
dans l’inter- action secondaire des drapides
avec un nucléon dunoyau :
c)
Un processussupplémentaire expliquerait
laformation éventuelle des 4 He.
Cette idée ne
paraît
se heurter à aucuneobjec-
tion décisive. Elle
explique
aussi bien laproduction
vers l’avant
(ainsi
que le montrerait l’étude ciné-matique)
et l’association des He auxgrandes
étoiles.Elle a
l’avantage
de ne faire intervenir que les pro-cessus
expérimentaux
observés. La réaction d -E- P -> 3He + 7T a en effet été observée narAbashian,
Booth et Crowe[12]
avec des deutons de 624 à 742 MeV. Une vérificationexpérimentale possible
serait la détermination durapport
nombrede
fragments
3He au nombre defragments
4He.Une telle détermination à l’aide des
techniques
usuelles de l’émulsion nucléaire est exclue.
L’emploi
des
champs pulsés
lapermettrait peut-être.
Nous remercions M. le pr G. Philbert sous la direction
duquel
ce travail a été effectué. Nous remercionségalement
M. le pr Cüer et ses colla-borateurs
qui
ont bien voulu secharger
du déve-loppement
desémulsions, lequel
s’est révélé en touspoints
excellent. Les mesuresexpérimentales
n’auraient pu être menées à bien sans
l’équipement
de
précision
que M. le ’Pr A.Sarazin,
Directeur de l’Institut dePhysique
Nucléaire deLyon,
a bienvoulu mettre à notre
disposition.
Manuscrit reçu le 29 mars 1963.
BIBLIOGRAPHIE [1] MUNIR (B. A.), Phil. Mag., 1956, 4, 355.
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