HAL Id: jpa-00206823
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Émission d’hélions énergétiques dans les interactions proton-noyau a 570 MeV
Jean Fain
To cite this version:
Jean Fain. Émission d’hélions énergétiques dans les interactions proton-noyau a 570 MeV. Journal de
Physique, 1969, 30 (8-9), pp.599-607. �10.1051/jphys:01969003008-9059900�. �jpa-00206823�
ÉMISSION D’HÉLIONS ÉNERGÉTIQUES
DANS LES INTERACTIONS PROTON-NOYAU
A570
MeVPar
JEAN FAÏN,
Laboratoire de Physique Nucléaire, Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand.
(Reçu
le 26 mays1969.)
Résumé. 2014 Une étude des interactions
proton-noyau
a été faite à 570 MeVd’énergie
incidente. Une attention
particulière
a été accordée à l’émission d’hélionsd’énergie supérieure
à 50 MeV. Les résultats ne
peuvent
êtreexpliqués
parl’éjection
de sous-structures durant la cascade. On observe un accordqualitatif
avec lesprévisions
du modèle de «pick-up
».Abstract. 2014 Interactions of 570 MeV
protons
with emulsion nuclei have been studied.The
scanning
was focused on the emission of the nuclei with energygreater
than 50 MeV.The results cannot be
explained assuming
knock-on of clustersby
cascadeparticles.
Aquali-
tative agreement with the
pick-up
model is observed.I. Généralités. - On utilise
g6n6ralement,
pourexpliquer
les reactions nucl6aires despallation
a hauteenergie
incidente(plus
de 100MeV),
le m6canismeen deux
6tapes propose
par Serber etGoldberger [1],
a
partir
du modele nucl6aire du gaz de Fermi. Lapremiere 6tape
est la cascadeintranucleaire;
lesparti-
cules
6ject6es
au cours de cettephase
constituent lapartie
hauteenergie
dessecondaires,
et sontcompos6es
de
corpuscules
élémentaires :protons,
neutrons, m6-sons 7t
(si 1’6nergie
miseen jeu
estsuffisante),
etc. Leurdistribution
angulaire
est fortementdirig6e
vers 1’avant.La deuxieme
6tape,
dited’évaporation, correspond
a la d6sexcitation du noyau
résiduel, qui
revient a un6tat fondamental en 6mettant des
particules :
nucl6onsou noyaux
16gers
tels queparticules
oc. Cesparticules d’6vaporation
ont uneenergie
de l’ordre degrandeur
des
energies
de liaison entre nucl6ons dans le noyau;leur distribution
angulaire
estisotrope
dans lesyst6me
du centre de masse
[2].
Expérimentalement,
il est souvent difficile des6parer
les secondaires
provenant
de l’une ou 1’autre de cesdeux
phases,
enparticulier
vers les bassesenergies.
En
premiere approximation,
il estg6n6ralement
admisque toutes les
particules
6mises au-dessus de 30 MeVproviennent
de la cascade.Le modele de
Goldberger
et Serber[1]
donne unbon accord
general
avecl’expérience.
Il y acependant
un fait
qui
n’est pasexplicable
directement par ce m6canisme :1’ejection préférentielle
defragments
nucl6aires
16gers
dansI’h6misph6re
« avant » parrapport
a la direction de laparticule
incidente[3-23], incompatible
avec la th6orie de1’6vaporation. Certes,
l’on
peut
attribuer au noyau r6siduel une certainevitesse,
mais elle est insuffisante pourexpliquer
enti6-rement
l’anisotropie
constat6eexpérimentalement.
D’ailleurs,
un certain nombre de cesparticules
ont desenergies largement sup6rieures
a cellespr6vues
par le modele del’évaporation.
C’est dans le cadre de 1’6tude de cephenomene
que seplace
ce travail.Parmi les resultats
expérimentaux,
relatifs a cesfragments,
lesplus
nombreux et lesplus precis
concer-nent les deut6rons. Ceux concernant les tritons sont
moins abondants.
Quant
auxisotopes
2 et 4 deI’h6lium,
leur etude a ete faite surtout a 1’aide d’6mulsions
nucl6aires,
et leurseparation
directe estimpossible
par cette
technique.
Plusieurs m6canismes ont ete
proposes
pour rendrecompte
de ces emissions :groupement
de nucl6onspendant
la travers6e du noyau, ou «pick-up
»;ejection
de sous-structures
préformées
par chocdirect,
ou encoreabsorption
depions
par ces memes sous-structures.Les
comparaisons
«théorie-expérience
» n’ont 6t6faites que dans deux domaines : ou bien noyaux
6ject6s d’6nergie
relativement basse(inferieure
a 50MeV) [6, 7, 27, 29-32, 35]
ou bienparticules
incidentes de hauteenergie (plusieurs GeV) [18, 20, 23, 43-44].
Les r6sul-tats concernant les noyaux d’hélium sont
fragmentaires.
Il est
pourtant
int6ressant de savoir si 1’6mission appa- remmentparadoxale
de tellesparticules s’explique
àpartir
deshypotheses
actuellement admises sur les interactions nucl6aires a haute6nergie.
Nous avonsdonc tente de fournir des resultats
exp6rimentaux
sur1’6jection
d’h6lions de hauteenergie
par desprotons
ayant uneenergie
incidente dequelques
centainesde
MeV,
domaine ou tres peu de mesures ont etefaites,
et nous avons
compare
ces resultats auxprevisions
deArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01969003008-9059900
600
divers modeles
theoriques.
Nous nous sommes fix6 unecoupure inferieure a 50 MeV pour
1’6nergie
des h6lions 6mis. Cette valeur étaittechniquement
n6cessaire pour avoir une bonneseparation
desparticules
decharge
1et 2.
L’emission d’un h6lion de
plus
de 50 MeV mettraen
jeu
au moins 10%
de notreenergie
incidente.L’incidence sur 1’ensemble de l’interaction en sera
donc
plus grande qu’a plusieurs GeV,
ou seulement 1%
eut ete mis en
jeu.
Nous nous trouvons ainsi dans undomaine
experimental
ou 1’emulsion nucl6aire est unetechnique
avantageuse : elle donne uneimage globale
de 1’evenement
(tout
au moins en cequi
concerne lessecondaires
charges)
contrairement auxcompteurs;
elle
poss6de l’avantage
sur les chambres a bulles àliquides
lourds depermettre
des mesures sur desparticules
de faible parcours. Encontrepartie,
desmesures
pr6cises
enenergie
sont souventimpossibles,
ainsi que la
separation
directe desisotopes
3 et 4 deI’h6lium.
Nous
indiquons
dans lapartie
II comment nousavons obtenu les resultats
expérimentaux;
nous com-parons ceux-ci a la th6orie dans la
partie
III.II. R6sultats
expdrimentaux.
- Unempilement
de 50 emulsions Ilford K5 sans
supports (dimensions
15 X 15 cm X 600
ym)
a ete irradi6 par desprotons
de 570 MeV dusynchrocyclotron
du C.E.R.N. La direction du faisceau étaitparallele
auplan
despellicules.
Dans 1’emulsion
nucl6aire,
utilis6e ici a la fois commecible et
d6tecteur,
les interactionsproton-noyau
appa- raissent comme des « etoiles » :plusieurs
tracespartent
du memepoint ( fig. 1).
Avant toute mesure, il fautexplorer
un certain volume d’6mulsions pourrep6rer
FiG. 1. -
Aspect
d’unedésintégration
nucleairedans 1’emulsion,
d’apres
unemicrophotographie.
un nombre suffisant d’événements
(« d6pouillement »).
Nous avons
repere
environ 800 « 6v6nements He »pr6sentant
une trace d’hélion de parcourssuperieur
a 830 ym
(ce qui correspond a
uneenergie
> 50 MeV pour 4He et > 44 MeV pour3He).
Dans la suite dece
travail,
nousappellerons
cesparticules
« h6lions dehaute
energie »
et leurs traces « traces He ». Afin depouvoir
comparer les 6toiles avec et sans h6lions de haute6nergie,
nous avons aussirepere
800 « 6v6ne-ments-temoins » ne
pr6sentant
pas 1’6mission d’une telleparticule.
1. DEPOUILLEMENT. - Le
d6pouillement
des 6v6ne-ments t6moins a ete fait suivant la m6thode
classique
de recherche en volume dans 1’6mulsion. Mais la raret6 relative des 6v6nements He
(environ
3%
desetoiles)
nous a
impose
pour eux une autre m6thode. Les tracesde
charge
2 ayant uneenergie comprise
entre 40et 200 MeV ont un aspect
caractéristique :
elles sontrectilignes,
fortementionis6es,
etpresentent
de nom-breux
rayons 3
dequelques keV;
il estpossible
de lesdistinguer
visuellement des traces decharge
1. Lestraces ainsi
distinguees
etaientreperees
et « remontees » a travers1’empilement
d’6mulsionsjusqu’a
1’6toilemere. On obtient ainsi un
gain
detemps
considerable parrapport
a la m6thodeclassique.
Un autre avantageest que les h6lions de tres haute
6nergie,
donc lesplus
rares, sont favorises a cause de leur
long
parcours. Sontenregistr6s
en effet non seulement ceuxqui
prennent naissance dans le volumedépouillé,
mais aussi d’autresprovenant
de son entourage. Les inconvenients residentsurtout dans les nombreuses corrections a faire
[24]
tant
g6om6triques
que d’efficacite. Elles ne sont pasindiqu6es ici;
tous les resultats donn6s sontcorriges.
Quel
que soit le type dedépouillement,
les 6v6ne-ments ne
comportant
pas une trace « entrante » d’ioni- sation6gale
a celle des protonsprimaires
6taient 6li- min6s afin d’6carter les 6toilesproduites
par des secondaires. Les 6v6nements dont leprimaire
n’6taitpas
align6
a mieux de 30 avec le faisceau 6taient 6cart6s pour les memes raisons.2. MESURES. - Pour
chaque 6v6nement,
« temoin »ou «
He »,
les branches ont ete class6es enplusieurs
groupes dont nous verrons
plus
loin lasignification : a)
Branches « courtes ». - Ellescorrespondent
à1’6mission d’un
proton
de moins de 4 MeV(parcours
inferieur a 120
ym)
ou d’uneparticule
a de moinsde 9 MeV
(parcours
inferieur a 50pm).
Un examenattentif a fort
grossissement permet g6n6ralement
deles
distinguer
dans les emulsions K5. Les deuxenergies
4 et 9 MeV sont celles n6cessaires au franchissement de la barriere de
potentiel
d’un noyau lourd. Nous verronsplus
loin le role de ces traces « courtes » dans la d6ter- mination de la nature du noyau cible.b)
Branches « noires ». - Dans cettecatégorie,
nousincluons aussi les branches « courtes » et ne comptons pas les h6lions de haute
6nergie.
Les branches « noires »sont d6finies par leur parcours
qui
doit etre inferieura 3 750 ym, valeur
correspondant
a uneenergie
de30 MeV pour un proton. Dans
chaque 6toile,
toutesles traces ont ete contr6l6es afin de determiner si leur
longueur
est inferieure ousup6rieure
a 3 750 ym.c)
Branches «grises >>
ayant unelongueur sup6rieure
a 3 750 um et ne comprenant pas les h6lions.
d)
« Branches He ». -Fragments
decharge 2,
deparcours
superieur
a 830 pm, identifi6sgrace
a leur aspect.e)
« Reculs ». - Traces tres courtes(moins
de 3um), épaisses,
pouvant etre attribuees a unfragment
nu-cl6aire tres
lourd,
parexemple
au recul du noyau r6siduel.Pour toutes ces traces, sauf les
reculs, 1’angle
dans1’espace
parrapport
auprimaire
a ete mesure.Des mesures de parcours ont ete faites non seulement pour le classement des
branches,
mais surtout pour determinerFenergie
des h6lions. Une difficulté sepr6sente
ici : la relationparcours-énergie [25] depend
de la masse de la
particule consideree;
or, nousignorons a priori
si nous avons affaire;kl’isotope
3 ou 4 de I’hélium.L’energie
obtenue varie de 12%
suivantl’hypothèse
choisie.
3. DISTINCTION ENTRE NOYAUX CIBLES LOURDS ET
LEGERS. - L’6mulsion est un milieu
heterogene.
24
%
des interactions des protons incidents seprodui-
sent avec les noyaux
16gers (C, N, 0),
72%
avec lesnoyaux lourds
(Ag, Br),
cespourcentages
6tant 6valu6sd’apres
les sections efficacesg6om6triques.
Nous avons attribu6 aux noyaux
légers
les 6toilespresentant
au moins deux branches « courtes ». Eneffet,
ces derni6res ne peuvent etre 6mises enprincipe
par un noyau lourd. Ce crit6re a ete confirm6 par les constatations
suivantes,
parrapport
a 1’ensemble des étoiles : nombre de reculs bienplus faibles,
donc peu de noyaux résiduelslourds;
secondaires de basseenergie (branches
« noires») emportant
uneenergie
visibleplus faible,
donc excitation du noyau r6siduelmoindre;
secondaires de haute
energie (branches
«grises ») plus dirig6es
vers1’avant,
donc cascade intranucl6aire com-portant
un moinsgrand
nombre de chocs.La classe d’6v6nements «
legers »
ainsi constituee necomprend
que 12%
de 1’ensemble des6toiles;
50%
seulement des interactions dans CNO
presentent
doncdeux branches « courtes »;
toutefois,
la connaissance de cet 6chantillon nous permet d’eliminer la contribu- tion des noyaux16gers
a 1’ensemble desrésultats,
etdonc d’obtenir ceux relatifs aux noyaux lourds.
4. RESULTATS. - Nous donnons ici nos resultats
exp6rimentaux
pour les 6v6nements t6moins et « He ».Tous les
histogrammes
sont normalises ensurface,
a1’exception
de celui de lafigure
6.Nous avons tente de comparer les résultats obtenus
avec ceux d’autres auteurs. Mais les travaux similaires
sont rares dans notre domaine
d’energies,
et nousdevons faire la
plupart
de noscomparaisons
en ce quiconcerne les 6v6nements
t6moins,
avec les calculs deM6tropolis
et al.[26]
à 460 et 690 MeVd’énergie incidente,
pour Al et U. Nous avonsinterpol6
cescalculs a 570
MeV,
et pour un noyau de nombre demasse A = 100.
Les 6v6nements He
provenant
des noyauxd’Ag,
Brsont divises en trois classes suivant le
parcours R
deI’h6lion
éjecté :
-
Groupe
A : 830 R 1 860 pm :correspond
aun 4He
d’6nergie
50-80MeV,
ou a un 3He de44-70
MeV;
-
Groupe B :
1 860 R 7 750 ym : soit 80- 180 MeV pour4He,
70-160 MeV pour3He;
-
Groupe
C : R > 7 750 pm.a)
Sectionefficace.
- La section efficace totale aHe obtenue pour1’ejection
d’hélions de parcours :est :
Cette valeur de cH, est assez
6lev6e, Gauvin,
Lefortet
Tarrago [27]
ont trouve une section efficace de 17 mb pour1’ejection
d’hélions deplus
de 50 MeV(supposes
etre des
4He)
par des protons de 420 MeVinteragissant
avec des noyaux de
bismuth; cependant,
lacapacite
de detection de leur
appareillage
était limit6e a 80 MeV.b)
Distribution des branches « noires ». - Ellesrepré-
sentent la
partie
basse6nergie
des secondaires. Onpeut
les supposer 6misesprincipalement
lors de la d6sexcitation du noyau r6siduel. Leur nombre peut donc donner une indication surl’énergie
laiss6e dans celui-ci par lacascade, d’apres
la th6orie de1’evapo-
ration
[2].
Le tableau I donne le nombre moyenNn
de branches « noires ».
D’après
cetableau,
1’6mission d’h6lions de hauteenergie
ne seproduit
paspréférentiellement
dans de«
grandes » 6toiles, poss6dant
de nombreusesbranches,
comme c’est le cas a
plusieurs
GeVd’6nergie
inci-dente
[19, 20, 22].
TABLEAU I
602
c)
Distribution des branches «grises
». - Ces branchesproviennent
essentiellement desparticules
6mises lors de l’interactiondirecte,
etposs6dent
uneenergie sup6rieure
a 30 MeV. Toutes lesparticules
de lacascade n’entrent pas dans cette
categorie; certaines,
les moins
énergiques, peuvent
donner des traces« noires ». La
plupart
des traces «grises »
sont dues ades
protons
et a despions charges ;
il y a aussiquelques
deutons et tritons
[3].
Le tableau II donne le nombre moyenNg
de traces «grises »
dans les differentescategories
d’6v6nements.Le nombre de
particules
de cascade diminue donc d’autantplus
dans les 6v6nements « He » que1’6nergie
de 1’helion est
plus grande.
Les calculs de
M6tropolis
et al.prévoient
en moyenne3,7
nucl6ons decascade,
dont 46%
deprotons.
77%
deces protons ont une
energie sup6rieure
a 30 MeV etapparaissent
donc sous forme de traces «grises
»;s’y ajoute
encore0,19 pion charge
par 6v6nement[26].
Le nombre moyen de branches «
grises » pr6vues
est donc :
L’accord est bon avec notre valeur
expérimentale
concernant les 6v6nements t6moins.
Les memes auteurs
pr6voient
uneenergie
moyenne d’excitation du noyau r6siduel6gale
a 120 MeV.D’apr6s
la th6orie del’évaporation,
ceci est6galement
en bon accord avec notre valeur
expérimentale
deNn
pour les 6v6nements t6moins.
Pour obtenir la distribution
angulaire
des nucl6onsd’6nergie sup6rieure
a 30MeV,
nous avonssuppose
que les branches «
grises »
de nos 6toilescorrespondaient uniquement
a des nucl6ons et a despions charges,
enn6gligeant
les deutons et tritonspresents
dans lacascade. Les
pions
ont ete soustraits(0,19
en moyenne par6v6nement)
en les consid6rant 6mis defaçon isotrope.
La distribution ainsi obtenue estcompar6e (fig. 2)
a celles deMetropolis et al.,
calcul6es pour Uet Al a 460 MeV. L’accord est
satisfaisant,
comptetenu de la difference
d’6nergie
incidente. Nous nedonnerons pas ici la distribution
angulaire
des traces«
grises
» issues d’etoiles « He »qui
nepr6sente
que peu de difference avec lapr6c6dente.
L’intensité de notre faisceau incident interdit 1’eva- luation de
1’energie
des traces «grises »
apartir
de ladensite d’ionisation ou de la diffusion
coulombienne,
a moins
d’y
consacrer untemps prohibitif.
Seules lesmesures en
energie d’apres
le parcours sontpossibles,
et ce pour les h6lions de
grande energie seulement,
dont les traces ne sortent pas de
1’empilement. Or,
ilsera
n6cessaire,
pour les calculs men6s dans la par- tieIII,
dedisposer
d’uneexpression analytique
donnantla
probabilité :
d’émission differentielle d’un nucl6on de
quantite
demouvement p
etd’angle
d’6mission0, p
6tantpris
àl’int6rieur du noyau en supposant un
puits
depotentiel carr6,
deprofondeur
35 MeV.Vu le bon accord des autres
résultats,
il nous a paru valable de determinerempiriquement fc(p) d’apr6s
les differents resultats concernant la distribution en
angle
et enenergie
donn6e parMetropolis et
al. Cesresultats sont rendus de maniere satisfaisante par
1’expression empirique
suivante :fc(p)
6tantexprim6
en nucl6ons par6v6nement,
parGeV/c,
parst6radian,
a l’int6rieur du noyau, pourune
energie
incidente de 570MeV; p
est enGeV/c.
Cette
expression empirique
est valable pour tous les nucl6ons decascade;
elle tient donc compte des protons d’interaction directeapparaissant
sous formede branches « noires ».
Nous avons trace sur la
figure
2(courbe ---)
laFIG. 2. -
Dvenements (T).
Distribution
angulaire
des nuel6ons de cascade.distribution
angulaire
obtenue enintegrant fc ( p)
sur le domaine
d’6nergie correspondant
aux traces«
grises
».d)
Distributions des hilions de hauteinergie.
- Sur untotal de 808 6v6nements « He
»,17 presentent 1’ejection
de deux h6lions de parcours
superieur
a 830 um; un seul enpr6sente
trois.FIG. 3. - Distribution
angulaire
des helions classe A(50-72 MeV).
FiG. 4. - Distribution
angulaire
des h6lions classe B(72-160 MeV).
FIG. 5. - Distribution
angulaire
des helionsclasse C
(au-dessus
de 160MeV).
604
Les distributions
angulaires
pour les troiscategories A,
B et C sont donn6es par lesfigures 3, 4,
5. Elles sontd’autant
plus dirig6es
vers l’avant que1’6nergie
deI’h6lion est
plus
6lev6e. Cetteenergie
croitquand
onpasse de la classe A a la classe C.
La
figure
6pr6sente
la distribution enenergie
desh6lions calcul6e
d’apres
leur parcours. Comme nousne savons pas, a
priori,
s’ils’agit
del’isotope
3 ou4,
les distributions
correspondant
aux deux éventualitésont ete
figurées.
Ces
spectres angulaires
et6nerg6tiques
ressemblent a ceux observes aplus
de 10 GeVd’énergie
inci-dente
[12, 18-20, 22, 23];
enparticulier,
le spectre differentiel enenergie
peut etre rendu par une expres- sion de la forme :avec k constante ety
compris
entre2,1
et2,4.
III.
Comparaison
avec les modelestheoriques.
-1.
E JECTION
DE SOUS-STRUCTURES PAR CHOC DIRECT DESNUCLEONS DE CASCADE. - La
presence
de sous-structurespréformées
dans les noyaux lourds ou16gers
peut etre consideree comme certaine[27-35];
cesgroupements
de nucl6ons ont une existence tres6ph6m6re; parmi
eux, 4He est de loin le
plus favorise,
a cause de sastabilite. Les
param6tres
de ce modeletheorique
sontrelativement bien
d6finis,
et desprevisions
assezpr6-
cises sont
possibles,
enparticulier
pour la section efficaced’éjection
des 4He6Dergiques.
Nous avonsdonc
entrepris
lescalculs,
enpartant
deshypotheses
de base suivantes :
Les sous-structures 4He sont
suppos6es
localis6esdans les couches
p6riph6riques
du noyau[36].
Leurenergie cinetique
W estprise 6gale
h :Cette valeur 6tant celle
qui
donne le meilleur accordaux basses
energies d’6jection [27],
,d’apr6s
la memereference,
nous admettons que laprobabilit6
y pourun nucl6on de faire
partie
d’une sous-structure a uninstant donne est, dans la zone de faible densite autour
du noyau :
Ceci conduit pour
Ag
et Br a un nombre moyen degroupements
instantan6s :L’6nergie
de la sous-structure dans le noyau estd’environ 5
MeV;
nous pouvons donc la considerercomme se trouvant dans un
puits
depotentiel
deprofondeur
15 MeV. Laprofondeur
dupuits
depotentiel
pour les nucl6ons de cascade est,elle, prise 6gale
a 35MeV,
et1’energie
moyenne de Fermi a :On cherche la
probabilit6 d’ejection
de sous-structure par choc direct des nucl6ons de cascade. La distribu-tion fc(P)
de ceux-ci sera celle donn6e par1’expres-
sion
(1).
Lacin6matique
est celle d’un chocelastique
entre un nucl6on et un noyau 4He ayant tous deux
une vitesse initiale non nulle. Les sections efficaces nucléons-(X dans le centre de masse sont obtenues par
compilation
des resultatsexp6rimentaux [37-40]
existant sur la diffusion
élastique nucleons-a,
celle-ci6tant consideree comme
ind6pendante
de lacharge
du nucl6on.
Il est tenu
compte
duprincipe
d’exclusion de Paulien interdisant les collisions pour
lesquelles
le nucl6onposs6de
dans 1’etat final uneenergie
inferieure aEf.
Les reflexions et refractions sur les bords du
puits
depotentiel
sontnegligees
ainsi que lapossibilite
d’undeuxi6me choc pour la
particule a éjectée.
Les calculs ont ete effectués par une m6thode de
Monte-Carlo,
et men6s a biengrace
a l’ordinateur C.D.C. 6600 du C.E.R.N. Nous ne donnerons ici que le resultat leplus significatif :
c’est la section efficacetheorique
pour1’ejection
d’un h6lion deplus
de50 MeV :
L’ejection
de sous-structures ne peut donc intervenir que pour une faible part dans laquantite
d’h6lions de hauteenergie observes,
contrairement a1’explication
tres satisfaisante
qu’elle
fournit pour uneenergie
desh6lions inferieure a 50 MeV.
2. CAPTURE D’UN PION PAR LES SOUS-STRUCTURES. -
A 570
MeV,
la distribution despions
6mis dans les interactions proton-noyau estquasi isotrope [26].
L’absorption
d’unpion
par une sous-structure selon la reactionenvisagee
par certains auteurs[23] :
donnerait donc
6galement
des noyaux 3He distribuesisotropiquement,
en contradiction absolue avec1’expe-
rience a notre
energie
incidente.3. MECANISME DE « PICK-UP ». - Au cours de la
cascade,
deux ouplusieurs
nucl6ons assezrapproch6s
en
quantite
de mouvementpeuvent s’agglom6rer
pour former un noyauleger;
c’est cephenomene
que nousdesignons
sous le termegeneral
de «pick-up
». Le casle
plus simple
est celui des reactionsX(n, d)X’
ouX(p, d)X’;
c’est le «pick-up
direct »[41, 42] :
du faitde son mouvement propre, le nucl6on du noyau cible
se trouve suffisamment
proche
enquantite
de mouve-ment du nucl6on incident pour former avec lui un
deut6ron
qui emporte
lamajeure partie
de1’energie
incidente. La
production
dedeut6rons, d’apr6s
cemod6le,
est limit6e a un cone 6troit dans la direction« avant », et d6croit tres fortement pour des
energies
croissantes du .deuteron. Ces
predictions
n’6tant pas v6rifi6es parInexperience,
au-dessus de 60 MeV d’éner-gie incidente,
le «pick-up »
indirect a etepropose [3] :
le m6canisme est fondamentalement le
meme,
mais c’est un nucl6on de cascadequi joue
le rolepr6c6dem-
ment
imparti
a laparticule
incidente.Cependant,
lapresence
de2H, 3H, 3He,
etc., ayant desenergies
deplusieurs
centaines de MeV a ete constat6e en propor- tion notableparmi
les secondaires des interactions nu- cl6aires a tres hauteen ergie (500
MeV-25GeV) [9-23].
Cela ne peut etre
explique
par les modelesprecedents,
1’ecart entre les
quantités
de mouvement des nucl6onsde la cascade et ceux du noyau 6tant
trop grand.
Parcontre, le nombre de nucl6ons de cascade augmentant, deux ou
plusieurs
d’entre euxpeuvent
se trouver assezrapproch6s
pour former un 6tat lie(noyau leger) .
On aainsi un groupement « en vol »
[43-45].
Naturellement, d’apr6s
cesmodeles,
les taux deproduction
sont d’autantplus importants
que les noyaux6ject6s
sontplus 16gers.
Ainsi laprobabilite
d’obtenir 3H et 3He sera bien
plus
faible que celle de 2H et au contrairebeaucoup plus
forte que celle de4He,
tandis que dans le modele en sous-structuresc’est 4He
qui
estprivil6gi6.
A notre
energie incidente,
les diff6rents m6canismes de «pick-up » (en particulier,
«pick-up
indirect »et
groupement
envol)
interviennent concurremment et un calcul d6taiII6 estimpossible
a cause de lacomplexite
duprobl6me.
Pour tenter,toutefois,
d’ob-tenir des résultats
approximatifs,
apartir
des m6ca-nismes de «
pick-up
», nous avonsemploy6
le modelegrossier
suivant :Durant la cascade
nucl6aire,
deux nucl6ons ayant à l’int6rieur du noyau unequantite
de mouvement rela-tive par
rapport
a untroisi6me,
inferieure a unecertaine valeur
AP, s’agglom6rent
avec lui pour fournirun noyau
16ger
de nombre de masse6gal
a3,
parexemple
3He s’ils’agit
de deuxprotons
et d’un neutron.Si
l’ énergie cin6tique
moyenne des constituants estsup6rieure
a laprofondeur
dupuits
depotentiel, nucl6aire, prise toujours 6gale
a 35MeV,
il y aura sortie d’un 3He a l’extérieur. Nous ne tenons donc pas compte dans cette formation de laproximite
endistance,
mais seulement en
quantite
de mouvement.D’autre
part,
le faible parcours des 3He dans la matiere nucl6aireimpose
leur formation dans les couchesp6riph6riques
du noyau. On peut doncprendre
comme distribution des nucl6ons de cascade dans cette
region 1’expression (1)
d6duite de la distribution obser- vee a 1’exterieur du noyau. Mais les nucl6ons se regrou- pant en 3Hen’appartiennent
pas forc6ment tous a lacascade;
lescategories
de nucl6ons suivants peuvent,en
effet,
contribuer a cette formation :- Les nucl6ons du noyau non
perturb6s,
doncayant une
energie cin6tique comprise
entre 0 etEf
= 27MeV,
et ob6issant a une distribution deFermi;
- Les nucl6ons
projetés
sur un niveausuperieur
a
Ef pendant
lacascade,
maisd’6nergie trop
faiblepour sortir du
puits
depotentiel
et donc pour etre classes « nucl6ons de cascade ». Nous n’avons aucuneindication
quant
a leurrepartition;
on ne peut meme pasprendre
celle de Fermi pour un noyauexcite, puisque 1’equilibre statistique
n’est pas encore atteint.Une distribution
exponentielle
a ete choisie arbitrai- rement, telle que1’energie
d’excitation moyenne du noyau r6siduel soit 120MeV,
d’unepart;
et que, d’autre part, lapartie
hauteenergie
de cette distribu-tion se raccorde sans discontinuite a celle de la cascade.
Comme
pr6c6demment,
les calculs ont ete effectu6s par m6thode de Monte-Carlo sur C.D.C. 6600.Pour les m6canismes de «
pick-up
», une compa- raisonthéorie-expérience
du taux deproduction
s’estaveree
impossible.
Celui-civarie,
eneffet,
tresrapi-
dement avec le
parametre AP,
et il existeratoujours
une valeur de AP
physiquement acceptable (de
l’ordrede 200
MeV/c)
pour donner une valeur correcte dutaux de
production.
Cela ne nous fournit donc pasd’argument
ni pour ni contre le «pick-up
».L’accord entre le spectre
6nerg6tique experimental
des h6lions et celui calcule
d’apres
le «pick-up » (fig. 7)
FIG. 7. - Distribution en
energie
des h6lions.est assez
bon,
surtout au-dessus de 130 MeV. Le d6sac- cord observable sur les bassesenergies
peut etre duaux
approximations
faites.Les distributions
angulaires
dans les trois classesd’énergie
de I’h6lion montrent6galement
un accordsatisfaisant
( fig. 3,
4 et5).
Les resultatstheoriques
dela classe A semblent toutefois
indiquer
uneanisotropie
606
TABLEAU II
vers 1’avant
plus
forte que celle observ6eexperi-
mentalement.
Un autre fait
peut
encore appuyerqualitativement l’interprétation
par «pick-up » :
le nombre de branches«
grises »
decroit avec1’energie
de 1’helion(tableau II).
Cette variation
pourrait s’expliquer
de la mani6resuivante : la contribution des
protons
deplus
de30 MeV a la formation du noyau 3He est d’autant
plus importante
quel’énergie
de celui-ci estplus grande.
Au-dessus de 180 MeV(classe C),
seuls detels
protons peuvent
encoreparticiper
a cette forma-tion,
laquantite
de mouvement parrapport
aux nucl6ons du noyau r6siduel 6tanttrop grande.
Nous pouvons enfin faire la remarque suivante : dans la classe
C,
la formation de 1’helion demanderait la contribution de deuxprotons
deplus
de 30MeV, qui apparaitraient
autrement sous forme de traces«
grises »
dans 1’emulsion.Experimentalement,
lenombre moyen
Ng
de branches «grises »
dans les6v6nements t6moins tels que
Ng
> 2 est :Apr6s I’agglom6ration
des deuxprotons
avec un neutron, il ne doit donc rester que0,32
branche«
grise »,
en moyenne.Or, l’on
observeNg
=0,9
dansles 6toiles de la classe C. Cet 6cart peut etre
interpr6t6
de la mani6re suivante : la formation du noyau 3He
est d’autant
plus
facile que la cascade estplus
d6ve-lopp6e,
donc que les nucl6ons la constituant sontplus
abondants et donc
plus proches
enquantite
de mou-vement les uns des autres. Cela
expliquerait
que les fortes valeursde Ng
soient favorisees. A notre6nergie,
ceteffet n’est pas encore tres
sensible,
car ungrand
nombrede chocs dans la cascade entrainent un 6touffement de
celle-ci,
dont1’energie
passe alors en excitation du noyaur6siduel;
le nombre de branches «grises » n’augmente
donc pas avec le nombre de branches« noires ». Ce n’est
plus
le cas aplusieurs GeV,
et celaexpliquerait
la valeur deNg
+Nn plus grande
dansles 6toiles « He » que dans les 6v6nements t6moins alors observes par
plusieurs
auteurs.IV. Conclusion. -
L’ejection
d’h6lions degrande energie
par desprotons
de 570 MeV est donc en d6saccordquantitatif
tres net avec la th6orie de1’ejec-
tion de sous-structures. Par contre, il y a
accord,
aumoins
qualitatif,
avec les modeles de «pick-up
». Lescalculs men6s a
partir
de ces deux theories sont som-maires, particulièrement
pour la deuxi6me. Pour uncalcul
plus poussé,
il faudrait tenir compte, defaçon plus pr6cise,
de la forme de la fonction d’onde du noyau3He;
une meilleure connaissance des distribu- tions concernant les nucl6ons de cascade serait aussi n6cessaire.Cependant,
en dehors meme de cescalculs,
lemodele de «
pick-up
»prevoit
les faits suivants :-
predominance
des nucl6ideS 3Heparmi
les h6lions de haute6nergie,
-
quasi-identit6
des distributions de 3He et 3H.La verification ou l’infirmation de ces
previsions
fournirait un argument tres
important
pour ou contre le «pick-up
».Remerciements. -
Je
remercie le Centre National de la RechercheScientifique
pour 1’allocation d’6tudeset 1’aide efficace
qui
ontpermis
d’effectuer ce travail dans de bonnes conditions.BIBLIOGRAPHIE [1] GOLDBERGER
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