J. B. D URRANDE
Questions résolues. Solution pratique du problème de combinaison proposé à la page 188 de ce volume
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 7 (1816-1817), p. 334-344
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334 QUESTIONS
Ce qui
nous aprincipalement
déterminé àprendre
ces deuxproblèmes
pourexemple
de nosméthodes 3
c’est que M.Lhuilier,
dansses
Élémens
d’analisegéométrique
et dandlisealgébrique,
insinueque , soit sous le rapport de la mise en
équation,
soit sous celuide la construction , la
géométrie analitique, qu’il appelle
la Méthodedes
coordonnées ,
neparait guère leur
être commodémentapplicable.
Nous pensons que les
géomètres qui prendrent
lapeine
de comparernos constructions à celles
qu’on
déduit des considérationspurement
géométriques,
enjugeront
d’une toute autre manière.Dans un
prochain articlc,
nous essayerons d’étendre nosprocédés
au-
problème général
où ils’agit
soit d’inscrire à uneligne
du secondordre un
polygone
de mcôtés ,
dont les côtés passent par un mêmenombre de
points donnés ,
soit de circonscrire àla,
même courbeun
polygone
de m côtés dont les sommets se trouvent sur unpareil
nombre de droites données.
QUESTIONS RéSOLUES.
Solution pratique du problème de combinaison proposé
à
la page I88 de
cevolume ;
Par M. J. B. DURRANDE.
ir.
IL
est bien connu,depuis long-temps,
que des lettresP , Q ,
R ,...,
toutes différentes les unes des autres , et aunombre
dem , peuvent être
disposées,
enligne droite ,
les unes a la suitedes autres , d’un nombre de manières
exprimé
par m!(*).
(*) J’emploie ici m!, avec M.
Kramp,
comme abréviation de I.2.3...m ;et j’en userai de ïnéme dans toute la suite de cet article. On a lieu d’être
surpris qu’une notation si simple , et
conséquemment
siutile ,
ne soitpoint
encore universellement
adoptée.
R É S O L U E S.
3352. Si l’on veut
savoir de combien demanières différentes
ces mêmes’lettres
peuvent
êtredisposées , circulairement, les unes
à la suite des autres ;on
considéreraqu’un arrangement
circulairequelconque
étant donné,
onpeut
le rompre en mpoints
différens pour l’é- tendre enligne droite ; que
parconséquent chaque arrangement
circulaire fournit m arrangemens,
rectilignes différens ;
etqu’ainsi
lenombre des arrangemens circulaires est m fois moindre que celui des arrangemens
rectilignes ;
d’où il-suit (i) que
le nombre total des arrangemens circulaires doit êtresimplement m! m
ou(m2013I)!.
3. On peut confirmer ce résultat par un raisonnement
inverse du précédent.
Concevons que , dans unarrangement rectiligne quel-
conque on fasse passer m2013I fois consécutivement la
première
léttreà la dernière
place y
sans intervertir aucunement l’ordre desautres ;
on obtiendra ainsi m
arrangemens rectilignes différens ,
que l’on ne ferait quereproduire
sanscesse ,
si Fon voulait pousserplus
loinl’application
duprocédé.
Il suit de. là évidemment que les m! arran- gemensrectilignes
différens que nos m lettres sontsusceptibles
defournir , peuvent
êtrerépartis
en m groupes de m! mou (m2013I)!
arrangemens tels que les
arrangemens.
dechaque groupe
seront ainsidéduits les, uns des autres, par le passage continuel de la
première
lettre à la dernière
place. Or,
il est clair que les divers arrange-mens
rectilignes
d’un même- groupeployés
en. cercle, donneronttoujours
le mêmearrangement circulaire ;,
d’où il suit que lenombre
des arrangemens circulaires différens serauniquement égal
aunombre
des groupes; c’est-
à-dire, qu’il
seram! m
ou(m2013I)!
commenous
1’avons-
déjà
trouvé. ci-dessus..4.
Voila cequi arrive, lorsque
les. lettresP’, Q, R,
... sont toutes différentes les. unes des autres , ou , cequi
revient aumême ,
lorsqu’il n’y en
aqu’une
seule dechaque
sorte.,Mais ,
on,peut
supposer
que , ’dans la totalité, de m lettres dont ils’agit ,
il se336
Q U E S T I O N S
trouve p lettres
pareilles à P , q
lettrespareilles A Q , r lettres pareilles
à
R,
et ainsi des autres ; de sortequ’on
aitp+q+r+...
=m.Il est connu
qu’alors (*)
le nombre des arrangemensrectilignes
dif-férens dont nos m lettres seront
susceptibles ;
ou , cequi
revientau
même ,
le nombredes
manières différentesdont
ellespourront
être
disposées
enligne
droite les unes à cotedes autres ,
seraexprimé par la formule
,5. On
peut
demanderprésentement ,
comme nous l’avons fait dans lepremier
cas, de combiend’arrangement circulaires,
réel-lement
différens ,
ces mêmes lettrespourront
êtresusceptibles ;
etil
semblerait ,
aupremier abord ,
que les raisonnemens quenous-
avons faits alors
(2 , 3)
doivent conserver ici toute Leurforce ,
etqu’ainsi la formule qui répond à
laquestion proposée
doit êtreCette formule est, en
effet,
cellequi
résout laquestion y
dans lecas
particulier
où les nombresp ,
q , r, ,... sont premiers entreeux;
c’est-à-dire, dans
le cas oùi,l
ne se trouved’autres
diviseurs que l’unitéqui
leursoient communs à
tous.6.
Mais,
dans le cascontraire , c’est-à-dire ,
dans le cas oùquelque nombre,
autre que l’unité, divise à la fois tous les nombres p, q , r ,...’et
parc-onséquent
le nombre m , notre raisonnementcesse d,être
applicable ;
et la formule se trouve tout-à-fait en défaut Elle offre même souvent alors unpréservatif
contre lesapplications
inconsidérées qu’on prétendrait
enfaire,
endonnant,
pour le nombre(*)
Voyez,
enparticulier
la page .soi du tome. II.e de ce recueil.RÉSOLUES. 337
des arrangemens
cherché,
un nombre essentiellementfractionnaire;
ce
qui ,
dans unequestion
de ce genre , est unsigne
manifested’absurdité.
C’est ,
enparticulier ,
cequi
arrive ,lorsqu’on
supposetoutes les m lettres
égales
entre elles et â P. La formule se réduitalors,
eneffet,
àI m qui, excepté
le seul cas où m=I, estnéces-
sairement fractionnaire.
7. Il est très-aisé de concevoir
pourquoi ,
dans le cas dont nousparlons,
la formule ne saurait êtreapplicable. Lorsqu’en
effet lesnombres p,
q , r , ... ont un ouplusieurs
diviseurs autres que l’unitéqui
leur sont communs à tous;parmi
les arrangemens circulaires dont nos lettres sontsusceptibles ,
il doit nécessairement s’en trouverde
périodiques ;
or , cequi
est vrai despremiers
cesse de l’êtrepour
ceux-ci , c’est-à-dire , qu’en
les rompant successivement en deuxpoints différens,
pour les étendre enligne droite,
on ne formepas
toujours
deux arrangemensrectilignes
distincts : cela n’alîeu ;
en
elfet,
quelorsque
les deuxpoints
de rupture ne sont pas despoints
semblablementplacés
dans deuxpériodes différentes ,
despoints liomologues
de cespériodes.
8. Il y a donc lieu à proposer la
question
suivante dont nous ne nous proposons de donnerici ,
pour leprésent ,
que la solutionpratique ;
nous réservant dedévelopper
les raisonnemensqui
nousy ont conduit dans un
prochain
numéro.9.
PROBLÈME.
On a mlettres , parmi lesquelles
il se trouvedes P en nombre p, des
Q
en nombre q , des R en nombre r,et ainsi des autres en sorte
qu’on
ap+q+r+...
=m. Decombien de manières ces m lettres peuvent - elles être
disposées
circulairement les unes à côté des autres ?
10. Solution. I. Soit D le
plus grand
commun diviseur des nombres p , q , r ,,..., et soitD=a03B1b03B2c03B3... ;
c
étant des nombrespremiers
essentiellement différens.Il. Soit formé le
produit
338
QUESTIONS
dont les termes , au nombre de
(03B1+I)(03B2+I)(03B3+I)....,
sont, commel’on
sait,
tous les diviseurs. deD , pris
une seule fois chacun.III. Soit
désignée par f
une fonction d’unnombre quelconque k,
dont la définition soitIV. Soit enfin
le terme-
général
de la suite que forrnent les diviseurs deD ;
de.sorte
qu’on puisse
en déduire tous ces diviseurs, en donnant succes-sivement à chacun des exposans
03B1’ , f/ , y/ ,
... toutes les valeurs.entières ,
positives,
ou.nulles,
quepermettront
les conditions.V. Alors le- nombre
d’arrangemens
circulaires cherché sera lasomme des termes d’une suite de
(03B1+I)(03B2+I)(03B3+I)...
termes ,,dont le terme
général
sera.et
qui
devraconséquemment
renfermer tous les termes de cetteforme
qui pourront
être formés sous les conditions ci-dessus, énoncées.II.
Remarque
I. Si leplus grand
commun diviseur D desnombres
p , q , r ,... était
simplement
leproduit
abc... deplusieurs
nombrespremiers, inégaux ,
le, termegénéral
de- la suite deviendrait sim-plement
-dans
lequel
on devrait successivement admettre etrejeter
une ou.plusieurs
des lettresa , b ,
c , ... ; en sorte que le nombre cherche serait de la formeRÉSOLUES. 339
I2.
Remarqne
II. Si leplus grand
commun diviseur D des nom-bres p,
q , r, ... étaitsimplement
unepuissance
a03B1 d’un nombrepremier ;
le termegénéral
de la suite deviendraitcette suite serait donc
13. Remarque
III. Si leplus grand
commun D des nombres p, q, r , ...était l’unité , c’est-à-dire ,
si cesnombres
étalentpremiers
entre eux ,alors 03B1 , 03B2 , 03B3 , ...
seraientnuls ;
et laformule se réduirait à son
premier
termeainsi que cela doit être
(5).
I4. Remarque
IV. Si enfin les m lettres données étaient touteségales
entre .elles et àP ;
onaurait p=m ,
et lesnombres q,
r ,...n’existeraient pas ; on aurait donc
toutes les fonctions
désignées
parf
se réduiraient donc al’unité ;
340 Q U E S T I O N S
et, comme , dans ce cas, le nombre cherche doit évidemment être
l’unité ;
il s’ensuit que, si l’on a un nombre m, tel quem=a03B1b03B2c03B3....;
a ,
b ,
c , ... étant des nombrespremiers inégaux,
la suite dontle terme
général
seraégal
àdans
laquelle
on admettra successivementpour 03B1’ , 03B2’ , 03B3’ ,....
toutes les
valeurs entières , positives
ou nullesqui
n’excéderont pasrespectivement 03B1 , 03B2 , 03B3 , ....,
seraégale
aunombre
mlui-même.
5.
Exemple.
Soit D=a2b.Les diviseurs de D seront, dans ce cas, les termes du
dé-
veloppement
duproduit c’est-à-dire ,
En
représentant
donc par x le nombrecherché,
on aurac’est-à-dire ;
R E S O L U E S. 34I
16.
Application.
On demande de combien de manièresdifférentes
on
peut arranger
autourd’une
tableronde
36assiettes dont I2 de
vermeil et
de porcelaine ?
On
a icim=36 , p=24 , q=I2 ; d’où D=I2=22.3 ; donc
a=2 ,
b=3 ,
03B1=2 , i. Enconséquence ,
laprécédente for-
mule deviendra
Le
premier
termerevient à
Le second
revient à
Le
troisième rev,ient -à
Le quatrième
revient à
Le cinquième revient 1
Tom. Vii.
46
342 QUESTIONS
Enfin ,
le sixièmerevient
La somme
des
termesfractionnaires revient à 549 ;
et commed’ailleurs le terme entier est"
34768755 ;
on adéfinitivement
I7. Nous placerons
ici tousles tats que o
obtientjusqu’à m=6, pour les ’divers assemblages de lettres qu’on peut former
sans excéder cette
limite
ce sontaussi
les résultats lesplus
usuels :nous
y ajoutons
enregard, sous la dénomination
dey ,
lenombre
des
arrangement rectilignes correspondans.
R E S O L U E S. 343
Il est
essentiel
de remarquerqu’ici
nousregardons et
devons re-garder, en effet ,
’commearrangemens
distincts deuxarrangemens
inverses
l’un de l’autre ;
deux arrangemens dont l’un devientFautre,
en le renversant le dessus en
dessous ;
deux arrangemens , en un mot formésd’up
mêmearrangement rectiligne qu’on
auraitsuccessivement ployé
encercle
en le courbant dans deux sensopposés.
18. Si,
parexemple
on voulait savoir de combien de manières différentes trois hommes et troisfemmes,
sans distinction d’individu àindividu ,
dans le même sexe ,peuvent
êtreplacés
autour d’une
table ronde ? Cette
question
serapporterait
au easPPPQQQ
denotre
tableau,
etconséquemment
le nombre des arrangement pos- sibles serait4-
i g.
Lepremier
terme de notre formulegénérale
étant le nombredes arrangemens circulaires
qui
auraient lieu dans le cas où lespériodes
seraientimpossibles,
et les termesqui.
suivent celui - làétant tous
positifs ;
il en résulte cetteconséquence,
pourajnsi dire
344 QUESTIONS PROPOSEES.
paradoxale ,
quel’existence possible des périodes,
loin de diminuerle nombre total des arrangemens , comme il semblerait résulter de
ce que nous avons dit
(7), Îe
readau
contraireplus grand.
2o. Ceux
qui penseraient
que lacomplication
de nos méthodesn’est
point
suffisamment rachetée par l’utilité des résultatsqu’on
enobtient
montreraient par lâqu’ils ignorent
que toutproblème
decombinaison est en même temps un
problème
deprobabilité ;
etque , dans ceux du genre de
celui.ci ,
le calculintégral
aux dif-férences ne
paraît
paspouvoir
être d’un utile secours.Les
problèmes
de combinaison sont d’aiijeurs unsujet
d’exerciced’autant
plus utile ,
que rien n’estplus
aisé que de commettre desparalogismes
enessayant
de -les résoudre.QUESTIONS PROPOSÉES.
Problèmes de Combinaison.
I.
COMBIEN
de mots différens de n lettrespeut-on faire,
enprenant
arbitrairement ces n lettresparmi
mlettres ,
dont unnombre p
pareilles
àP ,
unnombre q pareil à Q ,
un nombre rpareil
àR,
et ainsi des autres ; cequi
donne?
II. De combien de manières
différentes peut-on
choisir n lettresparmi
mlettres,
dont unnombre p pareilles
àP,
unnombre q pareilles
àQ ,
unnombre r pareilles
àR, et
ainsi des autres ;ce
qui
donnep+q+r+....=m ?
problèmes de Géométrie.
1.
Quel
est lepoint
de l’intérieur d’untriangle duquel
menantdes droites à ses_ sommets, ces droites le divisent en trois
triangles équivalens ?
II.
Quel
est lepoint
de l’intérieur d’untriangle duquel
abaissantdes
perpendiculaires
sur sescôtés ,
cesperpendiculaires
le divisenten trois