Les complexes Le retour
I- Forme trigonométrique
Géométriquement, que représente 1) Le module d’un nombre complexe ? 2) Un argument d’un nombre complexe ? 1) Module d’un nombre complexe
On se place dans un repère orthonormé (O ;#»u , #»v).
Soit M un point d’affixez=x+iy.
Lemoduledu complexez, noté|z|, est la distance OM.
|z|= OM = q
x2+y2.
Définition Module d’un complexe
Remarque
• Sizest un réel,|z|=
√
x2=|x|.
La notion de module dansCgénéralise donc celle de valeur absolue dansR.
• |z|= 0⇔z= 0.
• |z|2=x2+y2=zzdonc|z|2=z×z Exemple
Calcul du module de nombres complexes : Ô |3 + 4i|=
√
32+ 42=
√
9 + 16 =
√ 25 = 5.
√ √
2) Argument d’un complexe non nul
Soit M un point d’affixez.
Unargumentdu complexez, noté arg(z), est une mesure de l’angle orienté#»u ,# » OM
en radian.
Définition Argument d’un complexe
Remarque
• Le nombre 0 n’a pas d’argument.
• Un nombre complexeznon nul a une infinité d’argument, siθest un argument dez alorsθ+ 2kπ , k∈Z en est un autre, l’argument dezest défini à 2kπprès.
On note arg(z) =θ[2π] ou z=θ (mod 2π).
Exemple Soitz= 1 + i
alors arg(z) =#»u ,# » OM
(mod 2π) où M(1 ; 1) d’où arg(z) =π4 (mod 2π).
Exemple
Calcul d’un argument de nombres complexes :
Ô z1= 2 + 2i :
cosθ = 2
√
22+ 22 = 2 2
√
2 =
√ 2 2
sinθ = 2
√
22+ 22 = 2 2
√
2 =
√ 2 2
⇒θ=π
4 ⇒arg(2 + 2i) = π 4.
Ô z2= 1 +i
√ 3 :
cosθ = 1
q 12+
√ 32
=√1 4 =1
2 sinθ =
√ 3 q
12+
√ 32
= 2
√
4 =
√ 3 2
⇒θ=π
3 ⇒arg(1 +
√ 3i) =π
3.
3) Forme trigonométrique d’un nombre complexe non nul
En notantrle module etθun argument d’un complexeznon nul, on dit que l’écriturez=r(cosθ+ i sinθ) est l’écrituretrigonométriquedez
Définition
0 #»u
#»v
r=√ a2+b2
M(z)
θ
a=rcosθ b=rsinθ
Soitz=x+iyun nombre complexe non nul et|z|=r,θ= arg(z), :
• r=p x2+y2
• θvérifie :
( cosθ = xr, sinθ = yr Propriété
Pour trouver la forme trigonométrique d’un nombrez, il faut donc calculer successivement le module et l’argument dez.
Exemple
Passage de la forme algébrique à la forme trigonométrique :
Ô z1= 1−i :
|1 +i| =
√ 2 cosθ =
√ 2 2
sinθ = −
√ 2 2
⇒r=
√
2 etθ=−π
4 ⇒1−i=
√ 2
cos
−π 4
+isin
−π 4
.
Ô z2=
√ 3 +i :
√ 3 +i
= 2 cosθ =
√ 3 2
sinθ = 12
⇒r= 2 etθ=π
6 ⇒
√
3 +i= 2
cos π
6
+isin π
6
.
RemarqueDans certains cas, il est inutile de faire tous les calculs : la forme trigonométrique se "voit" :
• 1 = cos 0 +isin 0 donc|1|= 1 et arg(1) = 0.
• i= cos π
2
+isin π
2
donc|i|= 1 et arg(i) =π 2. Exemple
Passage de la forme trigonométrique à la forme algébrique : Déterminer la forme algébrique des complexes suivants : 1) z=
√
8(cos(3π4 ) +isin(3π4 ).
2) z=
√
4(cos(−3π) +isin(−3π).
II- Propriétés des modules et des arguments
1) Conjugué et opposé
0 u#»
#»v
M1(z)
M2(z) M3(−z)
bb
b
x y
− x
− y
• |−z|=|z|.
• |z|=|z|.
• arg(−z) = arg(z) +π[2π]
• arg(z) =−arg(z) [2π].
Propriété
2) Argument d’un réel, d’un imaginaire pur
Soitz un réel non nul :
• zest un réel non nul ⇐⇒ arg(z) = 0 [2π] ou arg(z) =π[2π].
• zest un imaginaire pur ⇐⇒ arg(z) =π2[2π] ou arg(z) = −2π[2π].
Propriété
3) Opérations
a) Inégalité triangulaire
Pour tout nombres complexeszetz0, on a : z+z0
6|z|+ z0
. Propriété
b) Produit
Le module d’un produit est le produit des modules.
z·z0
=
z ·
z0 Propriété
RemarqueLe module « transforme un produit en un produit ».
L’argument d’un produit est la somme des arguments (à 2πprès).
arg (z·z0) = arg (z) + arg (z0) (mod 2π) Propriété
RemarqueL’argument « transforme un produit en une somme » à 2πprès.
∀n∈N∗,|zn|=|z|n et arg(zn) =narg(z) (mod 2π) Propriété
Exemple
Déterminer la forme trigonométrique dez= (1−i
√ 3)2013.
c) Quotient
Pour tout nombres complexes non nulz etz0, on a :
• 1 z
= 1
|z|.
• arg(1z) =−arg(z) [2π]
• z z0 = |z|
|z0|.
• arg(zz0) = arg(z)−arg(z0) [2π].
Propriété
Exemple Calculer (1 +i)4
(
√
3 +i)5 sous forme algébrique.
III- Lien avec le plan complexe
1) Utilisation des modules et des arguments
Soit A, B, C et D 4 points distincts du plan complexe rapporté à un repère (O ;#»u , #»v) d’affixes respectiveszA, zB,zCetzD, on a :
• AB =|zB−zA|etu#»; # » AB
[2π].
• CDAB =
zD−zC zB−zA
et# »
AB ; # » CD
= argz
D−zC zB−zA
[2π]
Propriété
Exemple
Le plan complexe P est rapporté à un repère orthonormal (O, ~u, ~v) d’unité graphique 1 cm.
Soient A, B et C les points du plan d’affixes respectiveszA,zBetzCtelles que : zA=−2 + 2i; zB= 3 + i et zC=−1 + 7i.
1) Placer les points A, B et C dans le plan P.
2) Soit A = zzC−zA
B−zA.
Écrire A sous forme algébrique.
3) Calculer le module et l’argument de A
4) En déduire que le triangle ABC est rectangle isocèle.
5) Calculer l’affixe du point D de sorte que le quadrilatère ABCD soit un carré.
2) Caractérisation géométrique par les nombres complexes a) Point sur un axe du repère
Point sur l’axe des abscisses
Soit M un point d’affixez.
M est sur l’axe des abscisses
⇐⇒ zest un réel
⇐⇒ Im(z) = 0
⇐⇒ arg(z) = 0 (modπ) ou M = O.
Théorème
♥
Exemple
Pourz,i, on pose
Z =z−(1 + i) z−i .
1) Soitz=x+ iy. Exprimer l’écriture algébrique de Z en fonction dexet dey.
2) Quel est l’ensemble des points M d’affixezpour lequel Z est réel ?
Point sur l’axe des ordonnées
M(z)
Point sur l’axe des ordonnées
Soit M un point d’affixez.
M est sur l’axe des ordonnées
⇐⇒ zest un imaginaire pur
⇐⇒ Re(z) = 0
⇐⇒ arg(z) =π
2 (modπ) ou M = O. Théorème
♥
Exemple
On reprend l’exercice précédent.
3) Quel est l’ensemble des points M d’affixezpour lequel Z est imaginaire pur ?
b) Point sur un cercle
Soit M un point d’affixez.
M est sur le cercle de centreΩet de rayon R
⇐⇒ ΩM = R
⇐⇒ |z−zΩ|= R
⇐⇒ (x−xΩ)2+ (y−yΩ)2= R2avecz=x+ iy Propriété
Exemple
Déterminer le lieuLdes points M d’affixezvérifiant 1) |z−a|=r, avecr∈[0; +∞[ eta∈C.
2) |z−a|=|z−b|avecaetbcomplexes distincts.
3) |z−3 + 5i|= 3.
4) |z−2−4i|=|z+ 1−i| Exemple
Déterminer l’ensemble des points M(z) tels que : 1) arg(z−2−i) =−π
3[2π].
2) arg(3z−7 + 6i) =π6[2π].
Exemple
Déterminer le lieuLdes points M d’affixezvérifiant arg
z−a z−b
=π
2 (mod 2π).
IV- Forme exponentielle
1) La fonctionθ7→cos(θ) +isin(θ).
Soitf la fonction définie surRà valeurs dansCpar
f(θ) = cos(θ) + i sin(θ). Pour toutθréel, on a|f(θ)|= 1 et arg (f(θ)) =θ.
De plus, pour toutθetθ0 réels, on a :
f (θ+θ0) =f(θ)×f (θ0). Lemme
Démonstration
On utilise le fait que deux nombres complexes non nuls sont égaux s’ils ont le même module et même argument (modulo 2π).
Supposons que les règles de dérivations des fonctions dansRs’appliquent aussi aux fonctions à valeurs dansC.
On a alors :
f0(θ) =−sin(θ) + i cos(θ) = if(θ). Eulera alors proposé pour ces nombres, l’écriture exponentielle :
f(θ) = eiθ= cos(θ) + i sin(θ).
Pour toutθetθ0 réels et pour tout entier naturelnnon nul, on a :
• eiθ
= 1
• ei(θ+θ0)= eiθ×eiθ0
• eeiθiθ0 = ei(θ−θ0)
• (eiθ)n= einθ
• eiθ= e−iθ=e1iθ. Propriété
2) Forme exponentielle d’un nombre complexe
Tout complexeznon nul, de moduleret d’argumentθadmet une écriture de la former·eiθ. Cette écriture est laforme exponentielledez.
Définition Notation exponentielle d’un nombre complexe
Exemple
Le nombre complexe de module 2 et d’argumentπ3 est noté 2eiπ3. Sa forme algébrique estz= 2(cosπ3+ iπ3) = 1 + i
√ 3.
Soitz un nombre complexe non nul.
Sizs’écritz=reiθ avecr >0 etθun réel alorsr=|z|etθ= arg(z) [2π].
Théorème
Exemple
Ecrire les nombres suivants sous forme exponentielle.
1) z1= 5i.
2) z2= 4 + 4i.
3) z3=−e−iπ3. 4) z4=−ie−i3π4. Exemple
Ecrire les nombres suivants sous forme algébrique : 1) z1= 3e−iπ2. 2) z2=
√
2e3iπ4. 3) z3= 6ei2π3 .
Les propriétés sur les modules et les arguments des nombres complexes se traduisent par : reiθ×r0eiθ0=r×r0ei(θ+θ0) reiθ
r0eiθ0 = r
r0ei(θ−θ0) (reiθ)n=rneinθ Théorème
3) Efficacités de la notation
La notation exponentielle permet de calculer plus facilement des produits ou des quotients de nombres complexes.
Exemple
Soitz= 3ei3π4 etz0= 7ei−2π3 . Calculerzz0et zz0. zz0= 3×7ei(3π4+−2π3 )= 21ei12π.
z
z0 =37ei(3π4−−2π3 )=37ei17π12.
La notation exponentielle permet de calculer plus facilement des puissances de nombres complexes.
Exemple Calculer (1 + i)8 (1 + i)8= (
√
2eiπ4)8=
√
28ei8π4 = 16ei2π= 16
La notation exponentielle permet d’obtenir (entre autre) les formules d’addition de trigonométrie :
cos(a+b) = cosacosb−sinasinb sin(a+b) = cosasinb+ cosbsina
Théorème Formules trigonométriques
Démonstration
D’une part,ei(a+b)= cos(a+b) + i sin(a+b).
D’autre part ,
ei(a+b) = eia×eib
= (cosa+ i sina)(cosb+ i sinb)
= cosacosb−sinasinb+ i(cosasinb+ cosbsina) Par identification des parties réelles et imaginaires, on retrouve les formules d’addition : cos(a+b) = cosacosb−sinasinbet sin(a+b) = cosasinb+ cosbsina
Exemple
En remarquant que 12π =π3 +−4π, donner les valeurs exactes de cos(12π) et sin(12π) cos(12π) = cos(π3 +−4π) = cos(π3) cos(−4π)− sin(π3) sin(−4π) =12×
√ 2 2 −
√ 3 2 ×−
√ 2
2 =
√ 2 4 ×
√ 6 4 =
√ 6+
√ 2 4 . On montre de la même manière que sin(12π) =
√ 6−
√ 2 4 .
4) Applications
(cosθ+ i sinθ)n= cosnθ+ i sinnθ.
Théorème Formule de Moivre
cette formule est à la base de la méthode permettant d’exprimer cosnθet sinnθen fonction de cosθet sinθ.
Exemple
Exprimer cos 3θet sin 3θen fonction de cosθet sinθ.
D’une part , d’après la formule de Moivre, (cosθ+ i sinθ)3= cos(3θ) + i sin(3θ).
D’autre part, la formule (a+b)3=a3+ 3ab2+ 3a2b+b3donne :
(cosθ+ i sinθ)3= cos3θ+ 3 cos2i sinθ+ 3cosθ(i sinθ)2+ 3(i sinθ)3= cos3θ−3 cosθsin2θ+ i(3 cos2θsinθ−sin3θ) Par identification des parties réelles et imaginaires, on déduit :
cos 3θ= cos3θ−3 cosθsin2θ= 4 cos4θ−3 cosθet sin 3θ= 3 cos2θsinθ−sin3θ.