Lycée Benjamin Franklin PTSI−2014-2015
D. Blottière Mathématiques
Chapitre 4
Nombres complexes et géométrie
Table des matières
1 Alignement de trois points 1
2 Orthogonalité de deux vecteurs 2
3 Translations 2
4 Homothéties 3
5 Rotations 5
6 Exercices 7
Convention :Dans tout ce chapitre, on fixe un repère orthonormé direct (O;−→u,→−v) du plan usuelP. On peut alors identifier le planP et l’ensembleCdes nombres complexes (cf. affixe d’un point et point d’affixe donnée).
1 Alignement de trois points
Théorème 1(Critère de colinéarité de deux vecteurs).
Soient−→w1et−→w2deux vecteurs du plan, d’affixes respectivesz1,z2.
−→w1et−→w2sont colinéaires ⇐⇒ z1z2∈R
⇐⇒ z1z2=z1z2
Démonstration. Cf. Prise de notes.
Corollaire 1(Critère d’alignement de trois points).
SoientA,B,Ctrois points du plan, d’affixes respectivesa,b,c.
A,B,Csont alignés ⇐⇒ (c−a)³ b−a´
∈R
⇐⇒ (c−a)³ b−a´
=¡ c−a¢
(b−a).
Démonstration. Les trois pointsA,B,Csont alignés si et seulement si les vecteurs−→
ABet−→
ACsont colinéaires.
Le résultat découle alors du théorème 1, en remarquant que l’affixe de−→
ABestb−a, que celle de−→
ACestc−aet en utilisant les propriétés algébriques de la conjugaison complexe.
Exercice d’application 1.
Déterminer l’ensemble des pointsMd’affixezdu plan tels que les points d’affixes 1+i,z+i et 1+i zsoient alignés.
2 Orthogonalité de deux vecteurs
Théorème 2(Critère d’orthogonalité de deux vecteurs).
Soient−→w1et−→w2deux vecteurs du plan, d’affixes respectivesz1,z2.
−→w1et−→w2sont orthogonaux ⇐⇒ z1z2∈iR
⇐⇒ z1z2= −z1z2
Démonstration. Cf. Prise de notes.
Exercice d’application 2.
Soient AetBles points d’affixes respectives 1, 3+2i. Déterminer l’ensemble des pointsMd’affixezdu plan tels que les vecteurs−−→
AMet−−→
B Msont orthogonaux.
3 Translations
Définition 1(Translation ).
Soit−→wun vecteur du plan. La translation de vecteur−→west l’application
¯
¯
¯
¯
¯
t→−w : P → P
M 7→ l’unique pointM′du plan tel que−−−→
M M′= −→w.
Figure 1 : Illustration de la translation de vecteur→−w
−
→w
M1
M′1
M2
M′2 M3
M3′
Propriété 1(Écriture complexe d’une translation).
Soit→−wun vecteur du plan, d’affixeb. Si l’on identifie le planP et l’ensemble des nombres complexesC, alors la translation de vecteur−→ws’écrit
¯
¯
¯
¯
t−→w : C → C z 7→ z+b
Démonstration. SoitMun point du plan d’affixez. SoitM′l’image du pointMpar la translation de vecteur→−w, dont l’affixe est notéez′. Il s’agit de prouverz′=z+b. De la définition 1
−−−→M M′= −→w
on tire, en utilisant la relation de Chasles
OM−−−→′=−−→
OM+ −→w.
Remarque 1(Interprétation géométrique de l’addition).
Soitb∈C. Ajouterbà un nombre complexe correspond géométriquement à la translation de vecteur le vecteur d’affixeb, i.e. à la transformation du plant−→woù−→west le vecteur d’affixeb.
Théorème 3(Propriétés des translations).
1. L’applicationi dP (application identité deP) est une translation, puisquei dP=t−→0.
2. Soit−→wun vecteur du plan. Alors l’applicationt−→w est bijective et son application réciproque est donnée par
¡t−→w
¢−1
=t−−→w. 3. Soient−→w1et−→w2deux vecteurs du plan. Alors
t−→w2◦t−→w1=t−→w1+−→w2. Démonstration. Cf. Prise de notes.
Exercice d’application 3.
Soient−→w1et−→w2deux vecteurs du plan. Les translationst−→w1ett−→w2commutent-elles pour le produit de compo- sition ?
4 Homothéties
Définition 2(Homothétie).
SoitAun point du plan et soitk∈R∗. L’homothétie de centreAde rapportkest l’application
¯
¯
¯
¯
¯
h(A,k) : P → P
M 7→ l’unique pointM′du plan tel que−−−→
AM′=k−−→
AM.
Figure 2 : Illustration de l’homothétie de centre A et de rapport2
A
M1
M′1
M2
M2′
M4
M4′
M3
M′3
M5
M5′
M6
M6′
Figure 3 : Illustration de l’homothétie de centre A et de rapport−12
A
M1
M1′
M3 M3′
M2
M2′
Exercice d’application 4.
SoitAun point du plan. Que représente l’homothétie de centreAet de rapport−1 ? Propriété 2(Écriture complexe d’une homothétie).
SoitAun point du plan, d’affixea. Soitk∈R∗. Si l’on identifie le planP et l’ensemble des nombres complexes C, alors l’homothétieh(A,k) de centreAet de rapportks’écrit
¯
¯
¯
¯
h(A,k) : C → C
z 7→ a+k(z−a)
Démonstration. SoitM un point du plan d’affixez. SoitM′ l’image du pointMpar l’homothétieh(A,k) de centreAet de rapportk, dont l’affixe est notéez′. Il s’agit de prouverz′=a+k(z−a). D’après la définition 2
−−−→AM′=k−−→
AM En passant aux affixes, il vient
z′−a=k(z−a) relation de laquelle on déduit aisément le résultat.
Exercice d’application 5.
1. Déterminer la nature géométrique de l’application
¯
¯
¯
¯
C → C z 7→ −3z. 2. Soit l’application
¯
¯
¯
¯
f : C → C
z 7→ −z+i
Écriref comme la composée d’une homothétiehpar une translationt. Cette décomposition est-elle unique ?
Théorème 4(Propriétés des homothéties de centre un point donné).
SoitAun point du plan.
1. L’applicationi dP (application identité deP) est une homothétie de centreA, puisquei dP=h(A,1).
2. Soitk∈R∗. Alors l’applicationh(A,k) est bijective et son application réciproque est donnée par h(A,k)−1=h
µ A,1¶
.
Démonstration. Cf. Prise de notes.
Exercice d’application 6.
1. SoitAun point du plan. Soientk1∈R∗etk2∈R∗. Les homothétiesh(A,k1) eth(A,k2) commutent-elles pour le produit de composition ?
2. SoitAle point du plan d’affixe 1. Démontrer
h(O,−1)◦h(A,−1)6=h(A,−1)◦h(O,−1).
5 Rotations
Définition 3(Rotation).
SoitΩun point du plan. Soitθ∈R. La rotation de centreΩet d’angleθest l’application
¯
¯
¯
¯
¯
¯
¯
r(Ω,θ) : P → P
M 7→
( Ω, siM=Ω
l’unique pointM′du plan tel queΩM=ΩM′et³−−→ΩM,−−−→
ΩM′´
=θ[2π], siM6=Ω.
Figure 4 : Illustration de la rotation de centreΩet d’angleπ4
+
π 4 π4
π 4
Ω
M1
M1′ M2
M3
M3′ M2′
Exercice d’application 7.
SoitΩun point du plan. Que représente la rotation de centreΩet d’angleπ? Propriété 3(Écriture complexe d’une rotation).
SoitΩun point du plan, d’affixeω. Soitθ∈R. Si l’on identifie le planP et l’ensemble des nombres complexes C, alors la rotation de centreΩet d’angleθs’écrit
¯
¯
¯
¯
r(Ω,θ) : C → C
z 7→ ω+eiθ(z−ω).
Démonstration. SoitMun point du plan d’affixez. SoitM′l’image du pointMpar la rotation de centreΩet d’angleθ, dont l’affixe est notéez′. Il s’agit de prouverz′=ω+eiθ(z−ω).
• Cas où M=Ω
— D’après le définition 3,M′=Ωet doncz′=ω.
— PuisqueM=Ω,z=ωet doncω+eiθ(z−ω)=ω.
Ainsiz′=ω+eiθ(z−ω).
• Cas où M6=Ω D’après la définition 3
ΩM=ΩM′ et ³−−→ΩM,−−−→
ΩM′´
=θ[2π]
donc
|z′−ω| = |z−ω| et arg µz′−ω
z−ω
¶
=θ[2π]
en utilisant les interprétations géométriques des modules et des arguments. On en déduit
¯
¯
¯
¯ z′−ω
z−ω
¯
¯
¯
¯=1 et arg
µz′−ω z−ω
¶
=θ[2π].
Les nombres complexes z′−ω
z−ω eteiθont donc même module et même argument ; ils sont égaux. De l’identité
z′−ω z−ω =eiθ on déduit aisément le résultat.
Exercice d’application 8.
1. Déterminer la nature géométrique de l’application
¯
¯
¯
¯
C → C z 7→ i z.
2. Soit l’application
¯
¯
¯
¯
f : C → C
z 7→ ¡ 1−ip
3¢ z
Écrire f comme la composée d’une rotationr par une homothétie h. Cette décomposition est-elle unique ?
Propriété 4(Interprétation géométrique de la multiplication par un nombre complexe non nul).
Soitaun nombre complexe non nul. L’application
¯
¯
¯
¯
µa : C → C
z 7→ az= |a|eiarg(a)z
est la composée de la rotation de centreOet d’angle arg(a) par l’homothétie de centreOet de rapport|a|. Ainsi multiplier un nombre complexe paracorrespond géométriquement à la transformation du plan
Théorème 5(Propriétés des rotations de centre un point donné).
SoitΩun point du plan.
1. L’applicationi dP (application identité deP) est une rotation de centreΩ, puisquei dP=r(Ω,0).
2. Soitθ∈R. Alors l’applicationr(Ω,θ) est bijective et son application réciproque est donnée par r(Ω,θ)−1=r(Ω,−θ).
3. Soit (θ1,θ2)∈R. Alors
r(Ω,θ2)◦r(Ω,θ1)=r(Ω,θ2+θ1).
Démonstration. Cf. Prise de notes.
Exercice d’application 9.
1. SoitΩun point du plan. Soient Soit (θ1,θ2)∈R. Les rotationsr(Ω,θ1) etr(Ω,θ2) commutent-elles pour le produit de composition ?
2. SoitΩle point du plan d’affixe 1. Démontrer r³
O,π 2
´
◦r³ Ω,π
2
´ 6=r³
Ω,π 2
´
◦r³ O,π
2
´.
6 Exercices
Exercice A
Déterminer l’ensemble des pointsMd’affixeztels queMet les points d’affixes 1 etz2soient alignés.
Exercice B(Généralisation de l’exercice d’application 2)
SoientAetBdes points deux à deux distincts, d’affixes respectivesa,b. Déterminer l’ensemble des pointsM du plan tels que les vecteurs−−→
AMet−−→
B Msoient orthogonaux.
Indication : On pourra introduire le milieu C du segment[AB].
Exercice C
1. Soit l’application
¯
¯
¯
¯
f : C → C
z 7→ (1+i)z−2i.
(a) Déterminer une rotationrde centreO, une homothétiehde centreOet une translationttelles que f =t◦h◦r.
(b) En déduire l’image du pointAd’affixeipar la transformationf, par voie géométrique.
2. Soit l’application
¯
¯
¯
¯
g : C → C
z 7→ (1−i)z+2i. Déduire de la question 1.(b) l’image du pointApar la transformationg.
Exercice D(Similitudes directes)
On appelle similitude (directe) toute application de la forme
¯
¯
¯
¯
f : C → C
z 7→ az+b oùa∈C∗etb∈C.
1. Proposer une interprétation géométrique d’une similitude, en s’inspirant de la décomposition obtenue à la question 3.
2. Justifier que l’application identité est une similitude.
3. Démontrer qu’une similitude est une application bijective, et que son application réciproque est égale- ment une similitude.
4. Démontrer que la composition de deux similitudes est une similitude.
Exercice E
Déterminer une similitude
¯
¯
¯
¯
f : C → C
z 7→ αz
oùα∈C∗, telle quef(A)=A′,f(B)=B′,f(C)=C′etf(D)=D′, où les pointsA,B,C,D,A′,B′,C′,D′sont définis sur la figure ci-dessous.
−10 −9 −8 −7 −6 −5 −4 −3 −2 −1 1 2 3 4 5 6
−2
−1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
0
A B
C D
C′
D′ A′
B′
Exercice F
SoitA,B,Ctrois points du plan, non alignés, d’affixes respectivesa,b,c. On dit que le triangleABCest équila- téral direct si et seulement sia+b j+c j2=0.
Exercice G
1. SoitABC Dun carré dans le plan. Prouver que si les coordonnées deAetBsont entières alors les coor- données deCetDle sont aussi.
2. Peut-on construire un triangle équilatéral dont les trois sommets possèdent des coordonnées entières ?