Calcul pratique de primitives
Pour alléger, les constantes d’intégration ne figurent pas et sont à ajouter par le lecteur.
II - Primitives d’une fonction rationnelle
Une fonction rationnellef admet des primitives sur tout intervalle ne contenant aucun pôle def. On peut les obtenir à partir de la décomposition en éléments simples def.
NB : vérifier toutefois au préalable si l’on ne peut pas“intégrer à vue”, par exemple x4−4x3+ 1 x5−5x4+ 5x−12 est de la forme u′(x)
u(x), à un coefficient multiplicatif constant près. . . ).
1) Partie entière
C’est un polynôme. . .
2) Éléments simples de première espèce
A
(x−α)mdx=
ln|x−α| si m= 1
−A
(m−1) (x−α)m−1 si m >1
3) Éléments simples de seconde espèce
Ils sont de la forme Ax+B
(x2+λx+µ)mdx, que l’on sépare en deux termes, le premier de la forme u′ um, le second avec un numérateur constant :
Ax+B= A
2 (2x+λ) +B−A 2λ
d’où Ax+B
(x2+λx+µ)mdx= A 2
2x+λ
(x2+λx+µ)mdx+ B−A
2λ dx
(x2+λx+µ)m.
Le premier terme s’intègre à vue, pour le second, on metx2+λx+µsous forme canonique(x−α)2+β2 (avecα, βréels,β= 0puisqu’il n’y a pas de racine réelle par hypothèse), puis on effectue le changement de variable affine t= x−α
β .
On se ramène ainsi au calcul de dt (t2+ 1)m :
•pour m= 1, on connaît une primitive : t→arctant!
•pour m >1, on peut poserθ= arctant,t= tanθ,dt= dθ
cos2θ et 1
t2+ 1 = cos2θ, d’où dt
(t2+ 1)m = cos2m−2θdθ
et il n’y a plus qu’à linéarisercos2m−2θ= eiθ+e−iθ 2
2m−2
. . . NB : pour revenir à la variablet (puisx. . . ) se rappeler :
cos arctant= 1
√t2+ 1 et sin arctant= t
√t2+ 1.
Calcul pratique de primitives Page 2 Autre idée : une intégration par parties fournit une relation de récurrence entre lesFn(t) = dt
(t2+ 1)n (c’est intéressant lorsqu’on a besoin de la collectionF1(t), F2(t), . . . , Fm(t)).
dt
(t2+ 1)n = t
(t2+ 1)n− t· −2nt
(t2+ 1)n+1dt= t
(t2+ 1)n+ 2n t2+ 1−1 (t2+ 1)n+1dt autrement dit :
Fn(t) = t
(t2+ 1)n + 2n· Fn(t)−Fn+1(t) soit
2nFn+1(t) = t
(t2+ 1)n + (2n−1)Fn(t). On en déduit de proche en proche lesFn(t), partant de F1(t) = arctant.
NB : la même idée fournit la relation de récurrence classique entre lesintégrales de Wallis
π/2 0
cosnθdθ.
4) Exemples
dx
x2+a2 = 1
aarctanx
a ; dx
x2−a2 = 1
2aln x−a x+a . 1−x
(x2+x+ 1)2dx= x+ 1
x2+x+ 1+ 2
√3arctan2x+ 1
√3 .
II
II - Primitives d’une fonction rationnelle en cos et sin
SoitR(X, Y)une fonction rationnelle“à deux indéterminées” (i.e. un quotient de sommes de monômes de la forme aXpYq). On cherche R(cosx,sinx) dx(sur des intervalles à préciser. . . ).
1) Cas où
Rest un polynôme
Par linéarité de l’intégrale, on est ramené au calcul de cospxsinqxdx.
•sip (resp. q) est impair, on peut poser t= sinx (resp. t= cosx) pour se ramener à un polynôme ;
•sip et q sont pairs, on linéarise par l’intermédiaire des exponentielles complexes ou de formules de trigonométrie.
2) Méthode générale
t= tanx 2Six∈]−π+ 2kπ, π+ 2kπ[(k∈Z), on posex= 2 arctant+ 2kπ t= tanx
2 et l’on a : cosx= 1−t2
1 +t2 , sinx= 2t
1 +t2 , dx= 2dt 1 +t2, ce qui conduit à une fonction rationnelle en t.
3) Règles de Bioche
Elle peuvent permettre de trouver un autre changement de variable que le précédent, parfois plus efficace.
Si l’intégrande ω(x) =R(cosx,sinx) dx car R(cosx,sinx) peut est invariant par le changement alors on peut poser se mettre sous la forme
x→ −x u= cosx sinx·f1(cosx)
x→π−x u= sinx cosx·f2(sinx)
x→π+x u= tanx f3 cos2x
Procédé mnémotechnique : la nouvelle variable est invariante par le même changement que l’intégrande.
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4) Cas d’une fonction rationnelle en
chet
sh•Le cas d’un polynôme est similaire à celui des fonctions circulaires.
•Méthode générale : poser x= lnt (t=ex) ; on a alors : chx= t2+ 1
2t , shx= t2−1
2t , dx= dt t , ce qui conduit à une fonction rationnelle ent.
•Règles de Bioche : elles s’appliquent, en remplaçant au préalablech,shrespectivement par cos,sin, puis en appliquant les règles précédentes à la nouvelle intégrale obtenue. Si elles conduisent au changement de variable u = cosx (resp. u = sinx,resp. u = tanx), c’est qu’on peut poser, dans l’intégrale initiale,u= chx (resp. u= shx,resp. u= thx) !
III
III - Exemples d’intégrales abéliennes
Soit à nouveau R(X, Y) une fonction rationnelle à deux indéterminées.
1) Primitives de
R x, n ax+bcx+d (n≥2, ad−bc= 0) Le changement de variablet= n ax+b
cx+d conduit à intégrer une fonction rationnelle ent.
En effet, si c= 0:
x= −dtn+b ctn−a =−d
c − ad−bc
c(ctn−a) et dx= ad−bc
(ctn−a)2 ·ntn−1dt et si c= 0(on peut alors supposer d= 1etaest nécessairement non nul) :
x= tn−b
a et dx= ntn−1 a dt Exemples :
dx x+√
x−1 = 2tdt
1 +t2+t = ln 1 +t2+t − 2
√3arctan2t+ 1
√3 +Cste où t=√ x−1
√ dx x+√3
x = 6· t3 3 − t2
2 +t−ln (1 +t) où t=√6 x !
2) Primitives de
R x,√ax2+bx+c(où
∆ =b2−4ac= 0!)
a) Première idée : forme canonique et trigonométrie
•si∆>0,ax2+bx+c se met sous la formea (x−α)2−β2 , avecβ >0.
∗ si a >0, on pose x−α=βchθ sur [α,+∞[ (resp. x−α=−βchθ sur ]−∞, α]) avec θ≥0 et l’on a :
ax2+bx+c=√
a·βshθ, ce qui conduit à une fonction rationnelle en chetsh;
∗ si a <0, on pose x−α=βcosθ avecθ∈[0, π]et l’on a : ax2+bx+c=√
−a·βsinθ, ce qui conduit à une fonction rationnelle en cosetsin.
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•si∆<0,ax2+bx+cse met sous la formea (x−α)2+β2 , avecβ >0 (ici nécessairementa >0, sinon la fonction étudiée ne serait définie nulle part !).
On peut alors poser :
∗ soitx−α=βshθ et l’on a :
ax2+bx+c=√
a·βchθ, ce qui conduit à une fonction rationnelle en chetsh;
∗ soitx−α=βtanθ avecθ∈]−π/2, π/2[et l’on a : ax2+bx+c=
√a·β cosθ , ce qui conduit à une fonction rationnelle en cosetsin.
b) Autre idée lorsque ∆>0
On peut se ramener à la racine carrée d’une fonction homographique (cf. 1)), en écrivant ax2+bx+c=a·(x−λ) (x−µ), avec λ < µ.
•sia >0, sur]−∞, λ]ou sur]µ,+∞[, on écrit par exemple ax2+bx+c=√
a|x−µ| x−λ x−µ.
•sia <0, sur]λ, µ], on écrit par exemple
ax2+bx+c=√
−a(x−λ) µ−x x−λ.
c) Autre idée lorsque a >0
On peut se ramener à une fonction rationnelle ent en posant : ax2+bx+c=x√
a+t ou ax2+bx+c=−x√ a+t.
En effet, par exemple avec l’expression de gauche : ax2+bx+c=ax2+ 2√
axt+t2 d’où x= t2−c b−2√at, les intervalles d’étude étant à préciser. . .
Exemple :
√ dx
x2+α = ln x+√
x2+α (sur Rsi α >0 et sur]−∞,−a[ou ]a,+∞[si α=−a2 <0).
Pour éviter les fonctions hyperboliques, je pose :
x2+α=−x+t; x2+α=x2−2xt+t2 ; x= t2−α 2t = t
2− α 2t d’où
dx= 1 2 + α
2t2 dt et x2+α=−x+t= t 2 + α
2t et donc
√ dx
x2+α = dt
t = ln|t|= ln x+ x2+α .
NB : on retrouve bien les expressions logarithmiques des fonction argchetargsh(désormais hors pro- gramme),
∀x ∈ ]1,+∞[ argchx= ln x+ x2−1
∀x ∈ R argshx= ln x+ x2+ 1 .