P ONCELET
Géométrie transcendante. Recherche du cercle osculateur d’une courbe à double courbure en l’un quelconque de ses points
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 15 (1824-1825), p. 245-249
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245
GÉOMÉTRIE TRANSCENDANTE.
Recherche du cercle osculateur d’une courbe à double courbure
enl’un quelconque de
sespoints ;
Par M. PONCELET, capitaine du génie, professeur à l’école royale d’application de l’artillerie
etdu génie.
CERCLE OSCULATEUR.
DANS
le VII.e volume desAnnales (pag. 18 ),
M.Dupin
adonne un
procédé
assezsimple
pour obtenir le cercle osculateur d’une courbe à double courbure dont on a lesprojections
ortho-gonales
sur deuxplans quelconques.
Ceprocédé
consisteproprement
à rechercher deux sections
coniques
osculatrices desprojections qui
soient telles que les
cylindres projetais qui
leurrépondent
s’en-trecoupent ,
dansl’espace,
suivant une autre osculatriceplane. La
méthode donnée par M.
Hachette ,
dans le Bulletin de la sociétéphi- lomatique (
année I8I6,
page88 ),
senlblebeaucoup plus
com-pliquée, puisqu’elle
est fondée surl’emploi
des surfacesgauches.
On sait d’ailleurs
qu’elle
a pourprincipe
le beau théorèmedû
à Meusnier sur les rayons de courbure des sectionsobliques.
En combinant ce théorème avec celui de M.
Dupin,
sur l’in-dicatrice de la courbure des surfaces
(*) ,
nous sommes parvenus à une troisième solution duproblème qui
nousparaît
nouvelle(*)
Voyez
Annales, tom. IX, pag.I76
et I79.Tom. XV. n.° VIII, I.er février
I825. 33246
C E R C L Eet
qui,
si nous ne nous trompons , serajugée beaucoup plus simple
encore que les deux que nous venons de
rappeler. Voici
enquoi
elle consiste.
On sait que l’indicatrice de la
courbure
pour l’un despoints
d’une surface
cylindrique quelconque ,
seréduit
à deuxdroites parallèles
auxgénératrices ,
situées dans leplan tangent
en cepoint
et
symétriquement placées
parrapport
à celle de cesgénératrices qui
passe par ce mêmepoint , qui
d’ailleurs doit être considérécomme centre de ces deux droites. On sait aussi que toute section normale aux
génératrices
d’uncylindre
est nécessairement une sec-tion de moindre
courbure ;
de sorte que, pour lepoint
dont ils’agit ,
lagénératrice
et saperpendiculaire
dans leplan tangent
sontles directions de
plus grande
et de moindre courbure de la surfacecylindrique.
On sait enfin que les rayons de courbure des diversessections normales
en un mêmepoint,
sontproportionnels
auxquarrés
des
diamètrescorrespondans
de l’Indicatrice relative à cepoint ; lesquels
diamètres sont ici des droitesterminées
aux deuxparal-
lèles dont il vient d’être
question ci-dessus ,
etpassant
par lepoint
dont il
s’agit.
Il résulte de la que
si ,
pour unquelconque
despoints de
lasurface d’un
cylindre,
on connaissait le rayon de courbure de la section normaleaux génératrices,
onobtiendrait,
par une constructiontrès-simple ,
le rayon de courbure d’une autre section normalequelconque, passant
par le mêmepoint ,
et dont la direction serait donnée par une droite tracée dans leplan tangent
en cepoint ;
car il serait une
quatrième proportionnelle
an rayon donne et auxquarrés
des droites ou diamètresqui correspondent respectivement
aux deux rayons dans l’indicatrice.
Cela
posé ,
ayant une courbe à double courburequelconque ,
donnée dans
l’espace
par sesprojections orthogonales
sur deuxplans,
on aura, par là
même ,
deuxcylindres
renfermant à la fois cettecourbe et dont les rayons de moindre
courbure ,
enchaque point,
seront
égaux
etparallèles
auxrayons
de courbure despoints
cor-OSCULATEUR. 247
respondans
de leurs basesrespectives , c’est-à-dire ,
des deux pro-jections
de la courbe à double courbure dont ils’agit ;
rayonsqui
sont censés connus dans le
problème propose (*) ; donc ,
pour l’unquekonque
despoints
de l’intersection descylindres projetans,
onaura à la fois les rayons de courbure des deux sections normales
faites
suivant latangente
commune en cepoint.
Or ,
de là on déduira aisément le rayon de courbure de la courbe mêmed’intersection
, ainsi que leplan
osculateur de cette courbeau
point donné ,
attendu que le cercle osculateurcorrespondant
doit être commun aux sections
obliques
faites par ceplan
dansles deux
cylindres proposés.
Eneffet ,
il résulte du théorème de Meusnier que leplan
osculateur dont ils’agit
sera per-pendiculaire
a la droitequi joint
les centres de courbure desdeux sections normales
respectives
faites suivant latangente
com-mune aux deux
cylindres qui répond
anpoint
donné sur leurcourbe
d’intersection ,
et deplus
coupera cette même droite descentres de courbure en un
point qui
sera le centre osculateurdemandé.
Ainsi , la
solution duproblème
que nous nous sommesproposé
se réduit
proprement a
cequi
suit : 1.°déterminer ,
pour lepoint
donné sur lacourbe,
les rayons de courbure de ses pro-jections orthogonales
sur deuxplans quelconques ;
.2.’& à l’aide deces rayons ,
qui
sontrespectivement égaux
etparallèles
aux rayons de moindre courbure descylindres projetans ,
relatifs aupoint
donné ,
déterminer les rayons ou centres de courbure des sections normalesqui correspondent,
dans les deuxcylindres , à
la tan-gente
en ce mêmepoint ;
3.0enfin , joindre
les centres dont ils’agit
par unedroite ,
etconduire
par latangente
unplan qui
(*) Sur la détermination de ces rayons , voyez
Annales,
tomeXI,
pag. 361 et tomeXII,
pages 135 etI37.
248
CERCLEsoit
perpendiculaire
à cettedroite,
etqui
la coupera au centre de courbure demandé.On déduit facilement de cette construction une
expression
très-simple
du rayon de courbure d’unecourbe,
soitplane,
soit à doublecourbure située
d’une manièrequelconque
dansl’espace ,
en fonctiondes rayons de courbure des
points correspondans
desprojections orthogonales
de cette courbe sur deuxplans
arbitraires.Soient,
eneffet, R
et RI les rayons de courbure des deuxprojections,
pour lespoints
de cesprojections qui repondent
à celuide la courbe
duquel
on cherche le rayon de courbure.Soient ,
enoutre, a et al les
angles
que forme latangente
en cepoint
avecses
projections respectives
sur les deuxplans.
Soientenfin
r et riles rayons de courbure des sections normales des deux
cylindres projetans ,
faites suivant cettetangente ;
on aura,d’après
les pro-priétés
del’indicatrice rappelées ci-dessus ,
Cela
posé ,
si l’on nomme d la distance entre les centres (le courbure des sections normalesqui
ont r et r’ pour rayons decourbure ,
Nl’angle
formé par ces rayons ou les normales aupoint
donné de l’intersection commune des deux
cylindres , enfin, 03B1 et
03B1’les
angles compris
entre les directions de ces normalesrespectives
et le rayon de courbure
cherché ;
enreprésentant
ce dernier par p ,on aura
également ,
par cequi précède ,
dans lestriangles
forméspar ces
diverses droites,
d’où l’on
tirera
249 OSCULATEUR.
et par suite
Il serait
facile ,
ausurplus ,
d’arriver directement à ce résultat par la théorie ordinaire des coordonnées dansl’espace (*).
(*) Dans la lettre d’envol de l’article
qu’on
vient delire,
M. leprofesseur
Poncelet nous observe , I.° que le théorème démontré par M.Talbot,
tom.XIV,
page 126, se trouve énoncé sous une autre forme àla page 262 du Traité des
propriétés projectives
desfigures,
n.°457 ;
2.que les articles du même ouvrage
qui précèdent celui-là,
à compter dun.° 453 , page 260 ,
répondent négativement
à laquestion
que nous noussommes faite au bas de cette même page 126 du tome XIV , et font connaître sous
quelles
conditions le sommet d’un cônequelconque
du 2.edegré
peut seprojeter
sur leplan
de sabase,
de telle sorte que sa pro-jection
soit lefoyer,
soit de cette base, soit de laprojection
d’une sectionplane quelconque
faite dans ce cône.J. D. G.