C H . D UPIN
Géométrie descriptive. Recherche du plan osculateur et du centre de courbure d’une ligne courbe, en un point donné
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 7 (1816-1817), p. 18-23
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I8
GÉOMÉTRIE DESCRIPTIVE.
Recherche du plan osculateur
etdu
centrede courbure d’une ligne courbe ,
enun point donné;
Par M. CH. DUPIN , capitaine du génie maritime , correspondant de l’académie des sciences, institut de
France.
ON
a insérédepuis
peu, dans le Bulletin dessciences ,
la noticed’un
mémoire ,
danslequel
M. HACHETTE traite laquestion
suivante :
Trouver ,
pour l’unquelconque,
despoints
d’une courbeplane
ou à doublecourbare ,
donnée dansl’espace
par deux sur-faces
dont elle estl’intersection ,
leplan
osculateur et le rayonde courbure de cette courbe ?
Un
illustre géomètre
avaitdéjà
traité cettequestion,
par la con- sidération des surfacesdéveloppables.
M.Hachette y emploie
dessurfaces
gauches,
cequi
encomplique
nécessairement lasolution,
sans la rendre au fond différente de celle de M.
Monge.
Lorsqu’une
courbe estdonnée,
dansl’espace ,
par l’intersection’de deux
surfaces,
ou de toute autremanière ;
ilfaut ,
pourpouvoir
lui
appliquer
lesprocédés
de lagéométrie descriptive ,
laprojeter
sur deux
plans. Or ,
nous allons voirqu’alors
lasimple
méthode desprojections
suffit pour résoudrecomplètement
leproblème
dont ils’agit.
LEMME.
Les centres decourbure ,
pour un mêmepoint P ,
I9 de toutes les
projections orthogonales
d’une mêmecourbe ,
surdes
plans
conduits par satangente
en cepoint P,
sont tous si- tuès sur une mémedroite , perpendiculaire
auplan
osculateur mené à la courbeprimitive
par ce mêmepoint
P.Démonstration. Considérons l’un des
cylindres projetans
de lacourbe
proposée ,
ainsi que lasphère ayant
pourgrand
cercle lecercle osculateur de la
projection,
base de cecylindre.
Ces deuxsurfaces auront , suivait la
tangente
enP
, un contact du secondordre ;
d’où ilrésulte ( Dévelop. de géom.
pag.36 )
que toutplan
conduit par cette tangente , et
conséquemment
leplan osculateur
coupera la
sphère
et lecylindre
suivant deux courbesayant
de mêmeentre elles un contact du second
ordre ;
mais ce dernierplan
coupe lasphère
suivant uncercle ;
donc ce cercle est le cercle osculateur de la courbeprimitive
enP ;
etconséquemment
le centre de lasphère ,
centre de courbure de laprojection ,
est aussi un des centrerde courbure de la courbe
primitive.
Les centres de courbure detoutes les
projections
se trouvent donc être ainsi les centres d’une suite desphères passant
toutes par le cercle csculateur de la courbeprimitive ;
ces centres sont denc sur une même droiteperpendicu-
laire au
plan
de ce cercle etpassant par
son centre.PROBLÈME.
Construire leplaie
osculateur et le centre de cour- bure d’une courbe donnée en unpoint
donné ?Solution. I.er Cas.
Supposons
d’abord que la courbe soitprojetée orthogonalement
sur deuxplans quelconques,
passant par satangente
en
P ;
on verrasur-le-champ
, par cequi précède :
I.°
Que
la droitejoignant
les centres de courbure des deuxprojections
en
P ,
sera , pour ce mêmepoint ,
le lieu des centres decourbure
2.°
Que
leplan
conduitpar P , perpendiculairement à
cettedroite ,
sera le
plan
osculateur de la courbe enP ;
3.0
Enfin ,
que l’intersection de ceplan
et de cette droite serale centre de courbure de la
courbe ,
pour le mêmepoint
P.Il n’est pas difficile de
voir 1 d’après cela ,
cequ’il y aurait à
COURBURE
faire,
si les deuxplans
deprojection ,
au lieu depasser
par latangente ,
lui étaientsimplement parallèles.
II.me Cas.
Supposons présentement
que lesplans
deprojection
soient
quelconques
parrapport
à latangente
enP ;
soient T cettetangente
et C la courbe(*) ;
de manière queCh , Cv
soient lesprojections
de la courbeTh , Tv
celles de satangente,
etenfin , Ph, Pv
celles dupoint
de contact. Soient deplus
H etV lesrayons
de courbure de
Ch
etCy
, enPh
etPv.
Soit menée la droite de
projection PhPv
et soient menées à cettedroite deux
parallèles quelconques qui
en soientéquidistantes ;
etconcevons que
Th
etTv représentent
leslongueurs
desparties
detangentes interceptées
entre cesparallèles ; Ph
etPv
seront ainsiles milieux
respectifs
deTh
etTv.
Soit menée à
Th ,
du côté dé la concavité deCh ,
uneparallèle (AB)h , qui
en soit distante d’unequantité
troisièmeproportionnelle
à H et à
I 2Th.
SoientOh
lepoint
où cette droite(AB)h
coupePhPv ,
et
Ah , Bh
lespoints
où elle coupe les deuxparallèles
àPhPv.
Soit pareillement
menée àTv ,
du. côté de la concavité deCv ,
une
parallèle (AB)v , qui
en soit distante d’unequantité
troisièmeproportionnelle à V
et àI 2Tv.
SoientOy
lepoint
où cette droite(AB)y
coupePhPv,
etAv , Bv
lespoints
où elle coupe les deuxparallèles à PhPv.
Alors le
plan
conduit par P et par AB sera leplan
osculateurBe la courbe C en
P ;
et son rayon de courbure au mêmepoint
sera une troisième
proportionnelle
à la distance dupoint
P à ABet à la moitié de la
longueur
de cette droite.Démonstration. Concevons que, sur
OhPh
etOhAh,
comme demi-(*) Nous emploirons ici une notation commode , dont nous avons
déjà
fait l’essai, dans nosDéveloppemens
de géométrie. Elle consiste à représenter les pro-jections horizontale et verticale des divers
objets,
considérés dans l’espace, par les lettres mêmequi
représentent cesobjets ,
mais affectées des indicesFespectifj
h et v.
DES COURBES.
2Idiamètres
conjuguer
on construise uneellipse Eh
et que surOvPv
etOvAv , pris
aussi comme demi-diamètresconjugués ,
on construiseune autre
ellipse Ev ;
ces deuxellipses
se trouveront ainsicomprises
entre les
deux parallèles
àPhPv , qui
en seront destangentes
com-munes. De
plus, d’après
la constructionEh
etEv
seront respec- tivement osculatrices deCh
etCv ,
enPh
etPv (*).
(*) Ceci est fondé sur le théorème que voici
THÉORÈME.
Le rayon de courbure d’une ellipse, en unquelconque
de sespoints,
es-t troisièmeproportionnel
à la distance de ce point au diamètreparal-
lèle à sa tangente , et à la moitiè de ce diamètre.
Ce théorème , dont M.
Dupin
fait ungrand
usage dans sesDéveloppemens
de
géométrie ,
se déduit fortsimplement
de la théoriequ’il
y expose ( voyezla page 29 de cet ouvrage ). Il peut aussi se démontrer directement comme
il suit.
Ou a
vu (Annalé1,
tom.VI,
pag. 229 ) qu’en prenant respectivement pouraxes des x et
des y
la tangente et la normale en unpoint quelconque
d’uneligne
du secondordre, l’équation
de cette courbe était de la formee étant le rayon de courbure qui repond à
l’origine.
Il est connu d’ailleurs ( Annales , tom. VI , pag. 160 ) que les dérivées de
cette équation , prises successivement par rapport à x et à y , sont les équations
de deux diamètres , c’est-à-dire , de deux droites qui se coupent au centre de
la courbe ; de sorte
qu’en désignant
par 03B1 et 03B2 les coordonnées de ce centre,on doit avoir
d’où on tire
Ces valeurs étant substituées dans
l’équation
(I) , elle dévierCOURBURE
Cela
posé , corderons
lesellipses Eh
etEv
comme les base$ dedeux
cylindres
deprojections ;
ces deuxcylindres ayant
les mêmesplans
tangens , en A etB ,
auront une commune sectionplane ,
passant
parA , B , P ,
et dontEh
etEv
seront lesprojections (
Mém. sur les - contacts dessphères
et dessurfaces
du seconddegré.
DUPIN).
Cette intersection des deux
cylindres
oscule nécessairement C enP ;
d’où il suit que leplan
conduit par P et AB est osculateur de C en P.Et,
comme le rayon de courbure en P de l’intersectionplane
desdeux
cylindres
est aussi celui de la courbe C au mêmepoint ;
ils’ensuit que ce dernier est troisième
proportionnel
à la distance de P à AB et à la moitié de lalongueur
de cette droite.Voilà donc la courbe
exprimée
en fonction du rayon de courbure et des cool-données du centre.
L’équation
du diamètreparallèle à
la tangente, ou à l’axe des x, est y=03B2; en la combinant avecl’équation
(4), ilvient
équation
qui fera connaître les deux extrémités du diamètre , et qui donneSi l’on
appelle
2a lalongueur
entière du diamètre dont ils’agit , a
sera lademi-différence de ces deux
valeurs ;
c’est-à-dire qu’on auraconfermément à
l’énoncé du théorème.J.D.G.
DES 23
Remarque.
Il est un casparticulier qui
mérite d’êtreremarqué :
c’est celui où la
tangente T à C ,
par lepoint P ,
se trouve dansun
plan perpendiculaire
à la fois aux deuxplans
deprojection.
Ilne suffit
plus
alorsque Eh
etEv
aient avecCh
etCv
un contactdu second
ordre,
pourque E
oscule C en P. Il estnécessaire ,
dans ce cas , que les deux contacts soient du troisièmeordre ,
ainsiqu’il
serait facile de Je démontrer.Si de
plus,
dans ce même cas , on suppose leplan
osculateurde la courbe
proposée parallèle à
l’intersection des deuxplans
deprojection ;
le rayon de courbure de cette courbe se trouvera immé- diatement donné par cethéorème,
que nous avonsexposé
ailleurs( Dévelop.
degéom. ) :
Si l’onprojette
une courbe sur deuxplans
à
angle droit , parallèles
au rayon de son cercle osculateur en unpoint P ;
au mêmepoint P ,
la somme des rayons de courbure des deuxprojections de
cetteligne,
estégale
au rayon même ducercle
osculateur de la courbe
proposée.
Nous ne saurions terminer sans
signaler à l’impartiale justice
desgéomètres
laphrase suivante , qui
termine la notice sur le mémoire de M. Hachette : «L’application
de ces diversespropositions
» est de la
plus
hauteimportance
dans les artsgraphiques ;
» elle donne la mesure de la
quantité
de courbure deslignes
ets, des
surfaces ,
dont on n’adéterminé , jusqu’à présent ,
que la»