HAL Id: tel-00011908
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Oscillations de Rabi quantiques : test direct de la
quantification du champ
Abdelhamid Maali
To cite this version:
Abdelhamid Maali. Oscillations de Rabi quantiques : test direct de la quantification du champ. Physique Atomique [physics.atom-ph]. Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, 1996. Français. �tel-00011908�
DÉPARTEMENT
DE
PHYSJQUE
DE
L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE
LABORATOIRE
KASTLER BROSSEL
THÈSE
DE DOCTORAT DE
L’UNIVERSITÉ
PARIS
6
spécialité
physique
quantique
présentée
parAbdelhamid MAALI
pourobtenir le
grade
deDocteur de
l’Université
Paris
6Sujet
de la thèse
OSCILLATIONS
DE RABI
QUANTIQUES :
TEST
DIRECT
DE LA
QUANTIFICATION
DU
CHAMP
Soutenue
le 27 Novembre 1996 devant le
jurycomposé
par:M. Alain ASPECT
M. Michel BRUNE
M.
Bertrand GIRARD
M. Pierre
GLORIEUX
M.
Serge
HAROCHE
M. Jean-Michel
RAIMOND
DÉPARTEMENT
DE
PHYSIQUE
DE
L’ÉCOLE
NORMALE SUPERIEURE
LABORATOIRE KASTLER
BROSSEL
THÈSE
DE
DOCTORAT
DE
L’UNIVERSITÉ
PARIS
6
spécialité : physique
quantique
présentée
parAbdelhamid MAALI
pourobtenir le
grade
de Docteur de
l’Université
Paris
6Sujet
de la thèse
OSCILLATIONS
DE RABI
QUANTIQUES :
TEST
DIRECT
DE LA
QUANTIFICATION
DU
CHAMP
Soutenue
le
27Novembre
1996devant le
jury
composé
par:M. Alain
ASPECT
M.
Michel BRUNE
M.
Bertrand
GIRARD
M. Pierre
GLORIEUX
M.
Serge
HAROCHE
M.
Jean-Michel
RAIMOND
Remerciements
Cette thèse a été
effectuée
au laboratoire KastlerBrossel
durant lapériode
1993-1996. Je remercie
Jacques Dupont-Roc
etMichèle Leduc
dem’y
avoir accueilli et de m’avoir faitbénéficier
d’excellentes conditions de recherches.Je remercie MM. Alain
Aspect,
Bertrand Girard
et PierreGlorieux
de l’intérêtqu’ils
ontporté
à ces recherches enacceptant
de fairepartie
dujury
de soutenance.
Serge
Haroche m’a accueilli dans le DEA dephysique quantique
dont il était leresponsable.
Il m’atémoigné
unegrande
confiance et sans son aideje
n’aurais pu obtenir mapremière
carte deséjour.
J’ai eu legrand
plaisir
d’effectuer ma thèse dans le groupe
d’électrodynamique quantique
en cavitédirigé
par lesprofesseurs Serge
Haroche et Jean-Michel Raimond. Leuren-thousiasme,
leurimagination scientifique
ainsi que leur talent depédagogues
ont été pour moi une aide trèsprécieuse. Merci,
Serge,
Jean-Michel
d’avoirguidé
mespremiers
pas dans la recherche et de m’avoir conduit à lama-turité
scientifique.
Lapartie
expérimentale
de cette thèse n’aurait pu être réalisée sans Michel Brune. Soninépuisable disponibilité
et sescompétences
expérimentales
m’ont été d’ungrand
secours. Bien au-delà desimples
as-pects
matériels, je
croisqu’il
a su mecommuniquer
unepartie
de sontalent,
je
l’en remercie.Plusieurs personnes ont
participé
directement
à ces recherches. Mercià Jochen
Dreyer,
EdwardHagley,
FerdinandSchmidt-Kaler,
Philippe Goy,
Luiz Davidovich et Xavier Maître pour l’amicale collaboration que nous avons eu durant ces années de thèse.Je remercie
également
ValérieLefèvre,
JeanHare,
François Treussart,
NicolasDubreuil,
PeterDomokos,
Gilles
Nogues,
Sébastien
Bize,
ThibaultJoncqheere
pourl’excellente relation
quej’ai
pu entretenir avec eux durantcette
période.
Sans
les
servicestechniques
ces recherches n’auraient pu aboutir.Que
MM.
Guillaume,
Lagadec, Outrequin, Clouqueur, Giron,
Perennes,
ainsi que l’ensemble des servicesgénéraux
dudépartement
trouvent ici mesremer-ciements.
Table des
matières
1 Interaction d’un atome à deux niveaux avec un
seul
mode duchamp électromagnétique
81.1 Hamiltonien du
système
et modèle deJaynes-Cummings
.. 91.1.1 Les états habillés
atome-champ
... 131.1.2 Oscillation de Rabi d’un atome dans le
champ
dequelques
photons
... 171.2 Conclusion ... 24
2
Observation
de l’oscillationde Rabi: le
dispositif
expérimen-tal 25 2.1 Introduction ... 25
2.2 Choix des Atomes ... 26
2.2.1
Propriétés
des atomes deRydberg
circulaires ... 272.2.2
Préparation
des niveaux circulaires ... 322.2.3 Zone de
préparation
des atomes ... 392.2.4 Détection des états circulaires ... 39
2.2.5 La
purification
des atomes circulaires ... 422.3 Le choix de la cavité ... 48
2.3.1 Modes et
géométrie
de la cavité ... 512.3.2
Préparation
de la cavité et mesure de son facteur dequalité ...
522.3.3 Le
couplage atome-champ
... 622.3.4 L’accord de la cavité ... 63
2.4 Le choix du
cryostat
... 642.4.1
Description générale
ducryostat
... 653
Oscillation de Rabi :
test direct de laquantification
duchamp
dans une cavité 70
3.1 Introduction ... 70
3.2 Effet maser et accord de la cavité sur la transition
atomique
713.3 La mesure du flux
atomique
et l’estimation de l’efficacité dedétection ... 73 3.4 Méthode
d’acquisition
des données ... 763.5 Oscillation de Rabi d’un atome dans une cavité vide ... 80
3.6 Oscillation de Rabi d’un atome dans un
champ
dequelques
photons
et test de laquantification
duchamp ...
83 3.7 Mesure de la distribution du nombre dephotons
dans unchamp
stocké dans la cavité ... 873.8 Conclusion ... 88
4
Interrupteur
quantique
etpréparation
d’états nonclassiques
du
champ
914.1 Interaction d’un atome avec une cavité non résonnante .... 92
4.2
Couplage
de la cavité à une sourceclassique
extérieure .... 954.3
Préparation
duchamp
dans un étatsuperposition quantique
du vide du
rayonnement
et d’unchamp
cohérent ... 98 4.3.1 Détection du chat deSchrödinger
... 1034.3.2 Etude de la décohérence du chat de
Schrödinger
pré-paré
dans la cavité ... 1064.4
Préparation
d’un état non local duchamp ...
1124.4.1 La détection des cohérences de l’état non local .... 117
4.4.2 Etude de la relaxation de l’état non local du
champ ..
1194.4.3 Effet de la relaxation sur la
probabilité
P(d
1
,
d
2
)
.... 1214.4.4 Effet de la
dispersion
des vitesses sur laprobabilité
P (d
1
, d
2
)
... 122 4.5Conclusion ...
124Introduction
Les
développements
récents del’optique quantique
permettent
mainte-nant de
manipuler
dessystèmes
quantiques uniques
placés
dans desenviron-nements bien
contrôlés[1,
2, 3, 4,
5,
6, 7, 8, 9, 10,
11,
12,
13].
Il est maintenantpossible
de réaliser desexpériences interprétables
directement en termes despostulats
fondamentaux de lamécanique quantique, proches
desexpériences
depensée
que les fondateurs de lamécanique quantique
(Bohr,
Schrödinger,
Einstein)
utilisèrent pour formuler soninterprétation
[14][15][16].
Laméca-nique
quantique
est sans doute la théorie la mieuxvérifiée,
avec unchamp
d’application
immense,
des théories dechamps
aux hautesénergies,
à desapplications
dans le domainemacroscopique
comme lasupraconductivité
oula
superfluidité.
Si sa validité ne faitguère
de doute dans l’état actuel de nosconnaissances,
elle n’engarde
pasmoins,
après
70 ans desuccès,
descarac-téristiques
contraires à l’intuition. Lesproblèmes
de corrélations nonlocales,
illustrés par les
paradoxes
EPR[17][18][19][20]
ou GHZ[21][22],
l’inexistencede
superpositions quantiques
d’étatsmacroscopiquement
différents[23](tels
que le fameux "chat deSchrödinger",
à la fois mort etvivant),
sontparmi
lesproblèmes
essentiels que ces nouvellestechniques expérimentales
nous per-mettentd’explorer.
Dans ce
domaine,
deuxtechniques
expérimentales
paraissent
lesplus
pro-metteuses : les ionspiégés
etl’électrodynamique
quantique
en cavité.Il est
possible
maintenant depiéger
dans son niveau fondamental devi-bration,
un ionunique,
de l’observerpendant
destemps
importants,
dema-nipuler
par laser sesdegrés
de liberté interne et son mouvement externe devibration dans le
piège,
decoupler
de manière contrôlée cesdegrés
deliberté,
de détecter de manière sélective et sensible l’état de
l’ion[8][24][25].
L’autre domaine dans
lequel
ces"expériences
depensée"
deviennentdernier cas de
coupler
un atome à deux niveaux à unchamp
électromagné-tique
stocké dans une cavité de très hautesurtension[26,
27, 28, 29, 30, 13,
31,
32].
En utilisant des atomes deRydberg
circulaires de trèsgrande
duréede vie et très fortement
couplés
aurayonnement
millimétrique,
et des cavitéssupraconductrices,
il estpossible
d’observer unéchange quantique
cohérentd’énergie
entre les deuxsystèmes
beaucoup
plus rapide
que les mécanismesde relaxation. La durée de vie des niveaux
atomiques
ou duchamp
est mêmesuffisante pour que les corrélations
quantiques
résultant de leur interaction subsistentaprès
leurséparation,
ouvrant despossibilités
fascinantes pourle test de notre
compréhension
de certainespropriétés
fondamentales de lamécanique quantique,
telles que la nonlocalité[17,
21, 19,
18].
Dans ce
mémoire,
nousprésentons
uneexpérience
réalisée dans ce cadre.Nous étudions l’interaction résonante d’un atome
unique
avec le mode dela
cavité,
vide initialement ou ne contenant quequelques photons
micro-onde. On assiste alors à un
échange d’énergie
réversible entre l’atome et lechamp,
laprécession
de Rabiquantique, qui
n’est autre que la limite pourde très faibles
champs
duphénomène
bien connu de laprécession
de Rabidans un
champ
laser intense. Nous avons montréexpérimentalement
[32]
que le
signal observé,
au lieu d’être unesimple
sinusoïde comme ce serait le cas pour l’interaction d’un atome avec unchamp classique,
est constitué deplusieurs
composantes
defréquences
discrètes,
révélant très directement laquantification
duchamp
électromagnétique
dans la cavité.L’histoire de la
quantification
durayonnement
commence avecPlank, qui,
dès
1900,
quantifie
leséchanges
d’énergie matière-rayonnement
pour expli-quer lespectre
durayonnement
du corps noir. La notion dequanta
d’énergie
lumineuse, qui
ne fut que bien tardappelée photon,
neprit
vraiment corpsqu’avec
le fameux articled’Einstein,
en1905,
reconnaissant,
dans lesfluc-tuation
thermodynamiques
durayonnement
noir,
un termecorpusculaire.
Il utilisera avec succès cette notion pourexpliquer
lescaractéristiques
de l’effetphotoélectrique.
Cependant,
l’effetphotoélectrique
lui même nepeut
être considéré comme une preuve décisive de laquantification
durayonnement.
Comme Wentzel dès1926[33],
puis
Lamb et Mandel l’ontmontré[34][35],
laquantification
du dé-tecteur seul est suffisante pour obtenir toutes lescaractéristiques
de l’effetphotoélectrique.
Enrevanche,
une trèsgrande
variétéd’expériences
réali-sées
depuis
lorsprouvent
de manière indiscutable la naturequantique
dules
déplacements
de niveaux associés(déplacements
deLamb)
sontdéjà
desindications très fortes dans cette direction. Les
expériences plus
récentes surles
propriétés
de corrélation duchamp
électromagnétique
[36,
37, 38, 39, 40,
41] (corrélations
dephotons,
états nonclassiques - sub-poissoniens
oucompri-més)
prouvent
cettequantification
de manière éclatante.L’électrodynamique
quantique
est sansdoute,
à cejour,
la théoriephysique
vérifiée avec leplus
de
précision
(voir
lesexpériences
sur la mesure durapport
gyromagnétique
de
l’électron),
dans ungrand
nombre de situations.Toutefois,
l’évidence laplus
directe et laplus
intuitive de laquantification
duchamp,
lasimple
constatation quel’énergie
duchamp électromagnétique
stockée dans une cavité estquantifiée,
a,jusqu’ici, échappé
à l’observationexpérimentale.
Les événements discrets dephotodétection
nepouvant être,
comme nous l’avonsmentionné,
une évidence de laquantification
duchamp,
il est nécessaire pour cela de
disposer
d’un détecteurplus
subtil. D’autrepart,
le caractèrequantique
duchamp
est ordinairementmasqué
par le caractèremacroscopique
des intensités utilisées(la
différence entre n et n+1photons
n’est
guère
appréciable
sur deschamps
laserordinaires).
Deplus,
la relaxationdu
champ
dans des cavités de faible finesse brouille usuellement tous les effetsquantiques.
Une évidence directe de laquantification
nepeut
doncêtre obtenue
qu’avec
des détecteurs derayonnement
sensibles à deschamps
microscopiques,
dans des conditions de relaxation très faibles.Nous montrerons dans la
première
partie
de ce mémoire(les
chapitres
1,2,3),
que l’association des atomes deRydberg
circulaires et des cavitéssupraconductrices
permettent
de réaliser cesconditions,
et d’obtenir uneévi-dence très directe de la
quantification
duchamp.
Nous montreronségalement
quel’analyse
dessignaux
permet
de remonter à certainespropriétés
statis-tiques
duchamp
(distribution
du nombre dephotons),
de mesurer l’intensité moyenne avec uneprécision
de l’ordre du centième dephoton,
constituant cequi
est sans doute un des détecteurs derayonnement
lesplus
sensibles.L’autre intérêt de cette
expérience
est de montrer que l’ondispose
main-tenant de deux
systèmes
quantiques
de trèsgrande
durée devie,
fortementcouplés, parfaitement adaptés
à toute une variétéd’expériences
qui
testentles notions fondamentales de la
mécanique
quantique.
Nous consacrerons ladeuxième
partie
(chapitre 4)
de ce mémoire à décrirethéoriquement
certainesd’entre elles.
Nous montrerons en
effet,
que l’interaction nonrésonante, dispersive,
dequan-tiques
cohérentes d’étatsprésentant
des différencesmésoscopiques
[13][12][42][43],
et d’étudier la durée de vie de tellessuperpositions.
Si la
mécanique
quantique
admet tout à fait dessuperpositions
linéaires arbitrairesd’états,
de tellessuperpositions
ne sontjamais
observées à l’échellemacroscopique.
Pourreprendre
les termesprovocateurs
deSchrôdinger,
lali-néarité de la
mécanique quantique
devraitpermettre
de réaliser unesuperpo-sition d’un chat mort et d’un chat
vivant,
cequi
n’est,
engénéral,
pas observéà notre échelle. Ce
problème
est en fait très fondamentalement relié à celuide la mesure
quantique.
Une mesure résulte d’uncouplage
entre unsystème
mesuré,
habituellementmicroscopique,
et unappareil
de mesure, nécessaire-mentmacroscopique puisque
nous devonsprendre
connaissance du résultat.Si le
couplage
entre ces deuxsystèmes
étaitsimplement
hamiltonien,
il enrésulterait un état
intriqué
dusystème
mesuré et del’appareil
de mesure, oùcelui-ci serait dans une
superposition quantique
d’étatsmacroscopiquement
différents :
sonaiguille,
parexemple, pointant
à la fois dans toutes lesdirec-tions
correspondant
à des résultatspossibles. Comprendre pourquoi
nous ne rencontronsjamais
de chats deSchrödinger
oucomprendre
pourquoi
nousn’observons
jamais
d’appareil
de mesure dans un tel état ne sont que desmanifestations différentes d’un même
phénomène.
L’interprétation
laplus
communément admise de cesphénomènes,
sou-tenue enparticulier
par W.Zurek[44][45][46][47][48],
estqu’il
existe un pro-cessus dit dedécohérence,
qui
transforme trèsrapidement
de tellessuperpo-sitions
quantiques
d’étatsmacroscopiquement
différents en desimples
mé-langes statistiques, parfaitement classiques
(nous
ne savons pas dansquel
état est
l’appareil
de mesuresimplement
parce que nous ne l’avons pas encorelu).
La décohérenceprovient
ducouplage
très efficace de toutsystème
ma-croscopique
avec desréservoirs,
produisant
des processus de relaxation. Dans toutes les situations où onpeut
pousser assez loin ladescription
théorique,
on montre en effet que la relaxation annule trèsrapidement
les cohérences entre ces étatsmacroscopiquement
différents. Ladynamique
de cette relaxation fixant la baseparticulière
constituant les états finaux del’appareil
de me-sure[49][45]("preferred
basis").
Ces
processus de décohérencejouent
un rôleessentiel en
empêchant
le mondemacroscopique
deprésenter
descaractéris-tiques
quantiques
(qui
ne seraient pas sans nous poser bien desproblèmes).
Il est donc essentiel de bien les
comprendre
et depouvoir expérimentalement
observer leurs processus de décohérence.
des
temps
si courtsqu’ils
défientl’imagination
(et
sortent en fait desap-proximations
utilisées).
Ce n’est que pour dessystème mésoscopiques,
ne contenant quequelques
atomes ouquelques
quanta,
que l’échelle detemps
de la décohérence sera assezlongue
pourpouvoir
être observéeexpérimenta-lement,
à condition bien sur que la durée de vieintrinsèque
dusystème
soit assezlongue.
Là encore,l’électrodynamique quantique
en cavité nous fournit un cadre presque idéal pour aborder cette étude.Un seul
atome,
non résonant avec la cavitémicro-onde,
possède
unin-dice de réfraction suffisant pour modifier la
fréquence
du mode d’unefaçon
appréciable.
Ilpeut
ainsi contrôler lecouplage
de la cavité à une source derayonnement
classique.
Iljoue,
enquelque
sorte,
le rôle desplongeurs
di-électriques
communément utilisés entechnologie
micro-onde pour accorderles cavités. A la différence d’un
plongeur macroscopique,
un atomepeut
êtrepréparé
dans unesuperposition quantique
d’étatsdifférents,
et donc dans unesuperposition quantique
d’indices de réfraction différents. Nous montreronsqu’il
devrait êtrepossible
de réaliserainsi,
dans un futurproche,
un"inter-rupteur
quantique"
[42]
[50],
qui puisse
être dans unesuperposition
cohérentede ses états "ouvert" et "fermé". Nous verrons
qu’on
peut
alorspréparer,
dans unecavité,
un étatsuperposition
du vide derayonnement
et d’un étatco-hérent
d’amplitude mésoscopique, présentant
toutes lescaractéristiques
d’un "chaton deSchrödinger".
Nous montrerons enfin comment un autre atomepourrait
être utilisé pour sonder la nature cohérente de cettesuperposition,
et étudier
donc,
entemps
réel le processus de décohérence. En associantdeux
interrupteurs quantiques
de ce genre, nous montreronsenfin,
comment onpeut
réaliser et sonder dessuperpositions quantiques
d’états différents par la localisation d’unchamp mésoscopique
(un
champ
cohérent contenantquelques
photons).
Ceci réalise enquelque
sorte,
unprototype
idéald’appa-reil de mesure, où
l’aiguille
estremplacée
par unchamp électromagnétique.
L’observation de ces effets serait une
étape
importante
pour leprogrès
de notrecompréhension
de lamécanique quantique.
S’il ne faitguère
de doute que les résultats de cesexpériences
doivent être conformes à ce que nousattendons,
leur réalisation serait toutefois un des tests lesplus
fondamentaux que nouspuissions
réaliser sur la théorie de la mesurequantique.
Chapitre
1
Interaction d’un
atome
à deux
niveaux
avec
un
seul mode du
champ
électromagnétique
Dans ce
chapitre
nous allonsprésenter
une étudethéorique
del’interac-tion d’un atome à deux niveaux avec un seul mode du
champ
stocké dans une cavité. Nous allons travailler dans une situation où l’atome est enin-teraction avec un seul mode du
champ,
en choisissant le désaccord entre lafréquence
duchamp
et de l’atome très faible devant laséparation
entre les modesadjacents.
Dans notre étude nous
adopterons
unedescription complètement
quantique
de
l’interaction,
autrement dit la matière et lerayonnement
seront tous les deuxquantifiés.
Lorsque
la relaxation estnégligeable
devant lecouplage atome-champ,
lesystème
est bien décrit par le modèle deJaynes-Cummings
qui
permet
de calculer l’évolution dusystème
de manièrepurement
analytique
[51].
Nous
rappelerons
d’abordl’expression
du hamiltonien et les états propres etvaleurs propres du
système.
Ensuite nous montrerons quel’échange
d’énergie
entre l’atome et la cavité contenant unpetit champ
se fait d’une manièrecohérente et réversible et ne
peut,
en aucun cas êtreexpliqué
à l’aide d’une1.1
Hamiltonien du
système
et
modèle de
Jaynes-Cummings
En
négligeant
larelaxation,
lesystème
atome-cavitépeut
être décrit parle modèle de
Jaynes-Cummings[51].
Le hamiltonien dusystème
estcomposé
de trois termes :
Le
premier
terme décritl’atome,
le second décrit le mode duchamp
et le dernier terme décrit l’interaction entre l’atome et lechamp.
Les deuxni-veaux
atomiques
seront notés|e>
pour le niveau excitéet
|f>
pour le niveaufondamental,
lafréquence
de transition entre ces deux niveaux sera notée 03C90
. Si
l’énergie
du niveaufondamental
|f>
est arbitrairement choisienulle,
lehamiltonien de l’atome s’écrit:
où 03C30 =
|e><e|.
Les états propres du hamiltonienH
A
sont
|f>
et|e>,
avec lesvaleurs propres
respectives
0 et03C9
0
.
De la même
façon,
lechamp
sera décritquantiquement,
et on neprendra
encompte
qu’un
seul mode. Le hamiltonien duchamp
s’écrit alors:Les
opérateurs
a eta
~
sont lesopérateurs
d’annihilation et de création d’unphoton
dans le mode duchamp.
Ils vérifient la relation de commutationcano-nique
[a,
a
~
] =
1. Les états propres du hamiltonienH
c
sont les états de Fock|n>
de nombre dephotons
bien déterminé.L’énergie
d’un état à nphotons
estE
n
=03C9
c
(n
+1/2).
Le
couplage
atome-champ
estdipolaire électrique,
il est décrit par leha-miltonien :
où
D
estl’opérateur dipolaire électrique
de l’atome etE(r)
est lechamp
électrique
du mode de la cavité aupoint
r où se trouve l’atome.La fonction vectorielle
f(r)
décrit la structuregéométrique
du mode de la cavité. Elle vérifie leséquations
d’ondesclassiques
suivantes:La
composante
tangentielle
def(r)
s’annule sur les surfacesmétalliques.
|f(r)|
a des maxima locaux aux ventres dumode,
et s’annule aux noeuds.L’intégrale
du carré de son module définit le volume dechaque
mode:Le
champ électrique
parphoton
E
0
(amplitude
des fluctuations duvide),
estalors défini par:
ceci assure que
l’énergie
de nphotons
estégale
à(n
+1/2)03C9
c
.
Le
système
atome-champ
en interaction estprésenté
sur lafigure
1.1. Lesdeux niveaux
atomiques
sont|e> et
|f>.
Lechamp
est un oscillateurharmo-nique
etpossède
des niveauxd’énergie équidistants.
Les deuxsous-systèmes
sont
couplés
par le hamiltonienH
I
.
L’opérateur dipolaire
atomique
D
peut
êtredécomposé
sous la forme sui-vante :Les deux
opérateurs
03C3 et03C3
~
échangent
les deux étatsatomiques.
Ils sont définis par:On utilise
l’approximation
des ondes tournantesqui
consiste ànégliger
les termesqui
ne conservent pasl’énergie.
Autrementdit,
on neprend
encompte
que les termesqui
font passer l’excitation de l’atome vers lechamp
ou inver-sement.Le hamiltonien d’interaction du
système atome-champ prend
alors la formeoù g
est la constante ducouplage atome-champ,
donnée parl’expression
suivante:
En
regroupant
les trois hamiltoniensprécédents,
on arrive à uneexpression
pour le hamiltonientotal, qui
a été introduite parJaynes
etCummings[51]:
Ce hamiltonien est bien
adapté
pour étudier l’évolution cohérente dusystème
atome-champ.
Au-delà
du modèle deJaynes-Cummings
Dans une situation
réelle,
l’atome et lechamp
ont uncouplage
dissipatif
avec leur environnementqui
leur faitacquérir
une évolution incohérente. Le processus dedissipation
est bien décrit par leséquations
maîtresses desopé-rateurs densité de l’atome et du
champ[27].
Dans nos
expériences,
on utilise des atomes deRydberg
circulaires dont la durée de vie tat est de l’ordre de 30 ms, et une cavitéqui
a untemps
d’amor-tissement de l’ordre de 220 03BCs. Ceci nous
permet
denégliger
la relaxationatomique,
et de ne considérer que la relaxation duchamp.
La relaxation du
champ
dans une cavité à latempérature
T = 0 est donnéepar
l’expression
suivante[52]:
où 03C1C est
l’opérateur
densité duchamp,
03BA le taux d’amortissement duphoton
dans la cavité. Il est relié au facteur de
qualité
par:L’opérateur
densité dusystème global atome-champ
03C1
(A+C)
suit alorsFIG. 1.1 - Interaction de l’atome à deux niveaux avec le mode du
champ
Nous allons conclure ce
paragraphe
par unesimple comparaison
entre lesordres de
grandeur
de la constante decouplage g
et le taux d’amortissement duchamp
dans la cavité. Comme nous l’avonsindiqué
dans le début de cettesection la durée de vie du
photon
dans la cavité est22003BCs
cequi
correspond
à un taux d’amortissement 03BA =
10
3
.
s
-1
La constante ducouplage
g/203C0
entrel’atome et le
champ
estégale
à3
25.10
s
-1
(voir
lechapitre
suivant).
On voit bien que g » 03BA, et parconséquent,
lesystème
atome-champ
a suffisammentde
temps
pouréchanger
l’excitation avant que le processus dedissipation
ne prenne effet.1.1.1
Les
états habillés
atome-champ
Nous allons maintenant chercher les états propres du hamiltonien
global
H
T
=H
A
+H
C
+H
I
,
qui
sont dénommés états habillés dans lalittérature[53].
On commence par écrire le hamiltonien total
H
T
dans la base des états noncouplés
formés par|e, n) et
|f, n).
On remarque que le hamiltonien totalH
T
écrit dans la baseprécédente
estdiagonal
par blocs. Chacun de ces blocsreprésente
un sous-espace danslequel
ne sontcouplés
que les états detype
|e, n>
et
|f, n + 1>.
Dans un tel sous-espace le hamiltonien du
système
s’écrit:où 03B4 =
03C9 c
- 03C90. La
diagonalisation
de cette matrice 2 x 2 fournit les étatshabillés de
système atome-champ:
où
l’angle
03B8
n
est tel que:avec
0 ~ 03B8
n
~
03C0 2.
Les niveaux
d’énergies
sontrépartis
en doublets. Laséparation
entre les ni-veaux dechaque
doubletdépend
du nombre dephotons
et du désaccord 03B4 entre lesfréquences
de l’atome et de la cavité:A résonance 03B4 =
0, donc 03B8
n
=03C0 4,
nous avons:Ces états habillés sont situés en
énergie
de manièresymétrique
parrapport
à
03C9
c
(n
+ 3 2)
(cf.figure
1.2)
et leurséparation
est donnée par:La mise en évidence de ces états habillés
peut
se faire encouplant
à cesystème
(atome-cavité)
une sonde faible defréquence
variable. L’excitationdu
système
(atome-champ)
produite
par la sondepeut
êtreobservée,
soiten détectant
l’atome[54],
soit en mesurant lechamp
transmis à travers lacavité[55].
Ces
expériences
despectroscopie
ont faitl’objet
de la thèse de FrédérickBernardot. On se contentera dans ce mémoire d’en
rappeler
lesprincipaux
résultats.
La
spectroscopie
despremiers
états habillés dusystème
(atome-cavité)
se faità l’aide d’une transition à un
photon
dont lespectre
présente
deuxpics
centrés surE
+
et E
-
. A
résonance,
les deuxpics
sontsymétriquement positionnés
parrapport
à lafréquence
de lacavité,
ils sont distants de2g
et ont la même hauteur(cf.figure 1.3).
Laprésence
de ces deuxpics témoigne
ducouplage
caractérisé par la constante g,
qui
existe entre lesétats |f,
1)
et|e, 0>.
Il
importe
de noter que la sonde n’est pascapable
d’exciter lesystème
(atome-cavité)
à leurfréquence
commune 03C9c. Eneffet,
un atomeprésent
àl’intérieur d’une cavité provoque un indice
microscopique qui
décale la fré-quence de la cavité(cf.chapitre 4).
Une fois
qu’un photon
de la sonde excite l’un despremiers
niveaux habillés à lapulsation
03C9
c
±
g, aucun autrephoton
nepeut
entrer dans la cavité pourFIG. 1.3 -
Spectre d’absorption
del’énergie
par lesystème
atome-champ
àrésonance.
exciter les états habillés de la deuxième
multiplicité
(car
la sonde n’est réso-nantequ’avec
lespremiers
étatshabillés).
Laspectroscopie
des niveauxplus
excités nécessite alors des excitations à
plusieurs photons.
L’excitation des niveaux habillés
|±, 1)
pourrait
sefaire
à l’aide d’unetran-sition à deux
photons,
enpassant
par des niveaux intermédiaires.Lorsque
les
fréquences
des deuxphotons
sonde sontégales,
onparle
d’une transitiondégénérée.
Lafréquence
dechaque photon
est03BD = 03C9
0
±
g/2.
De la mêmemanière,
laspectroscopie
des étatsplus
excités|±,
n 20141)
nécessitel’absorp-tion de n
photons
defréquences v
=03C9
0
±
g/n.
De telles transitions sonttrès difficiles à
réaliser,
parcequ’elles
exigent
une sonde suffisamment intense pour que lecouplage
àplusieurs photons
soitimportant,
mais aussi assezfaible pour ne pas induire des transitions à un
photon
(puisque
l’écart enénergie
entre lespremiers
états habillés et les niveaux intermédiaires estpe-tit).
On
pourrait
éviter cette difficulté en excitant lesystème
(atome-cavité)
avecdeux
champs
sonde defréquences
différentes. Lepremier
champ
sondeex-citerait un des
premiers
états habillés|±,0>
àpartir
de l’état fondamental|f, 0),
et le secondporterait
lesystème
vers l’un des états|±,
1).
Toutes les
expériences
qui
ont été faitesjusqu’à présent
n’ont pu mettre enévidence que les deux
premiers
niveaux habillés.Cela
est dû au faitqu’en
plus
des difficultésprécédentes,
lecouplage atome-champ dépend
de lapo-sition de l’atome dans la cavité
(profil
gaussien
dumode).
Eneffet,
si on ne tient pascompte
de laposition
de l’atome dans lacavité,
la constantede
couplage
que nous mesurons est une moyenne. Parconséquent,
lesignal
spectroscopique
obtenu seralarge
et de mauvaiserésolution,
cequi
empêche
la mesure directe de l’écart en
énergie
entre les états habillésplus
excités.1.1.2
Oscillation
de Rabi d’un
atome
dans le
champ
de
quelques
photons
Nous supposons dans la
suite,
que l’atome et lechamp
sont àrésonance,
et nous étudions l’évolution de cesystème
en fonction dutemps
d’interaction.L’atome est
préparé
dans l’état|e>
et lechamp
dans la cavité estpréparé
l’instant
t
0
= 0 est:En absence de
relaxation,
l’état dusystème
atome-champ
seraaprès
l’inte-raction :
En
projetant
|03A8(t)>
sur|f, n
+1),
nous obtiendrons laprobabilité
P
n
f
(t)
de trouver l’atome dans l’état fondamentalaprès
l’interaction avec la cavité:D’après l’expression
précédente,
unchamp
préparé
dans un état de Fock|n>,
échangera périodiquement
une excitation avec un atomepréparé
dans l’état|e>,
selon unepulsation,
que nousappelerons pulsation
de"Rabi",
etqui
estégale
à:où
03A9
0
est lapulsation
de cetéchange
d’excitation si la cavité était initialementvide
(pulsation
de Rabi dans levide).
Sur la
figure
1.4,
nous avonsreprésenté
P
n
f
(t).
L’atome émet lephoton
puis
le
réabsorbe,
et ainsi de suite.En
couplant
une sourceclassique
cohérente au mode de lacavité,
onpeut
préparer
un état deGlauber[56][57] (dit
"étatcohérent").
Cet état est unesuperposition
cohérente d’états de Fock:Les c0153fficients cn valent
e
-|03B1|2
2 03B1
n
n’.
L’amplitude complexe
03B1 est reliée aunombre moyen ncoh de
photons injectés
par la sourceclassique
dans la cavitéFIG. 1.4 - Oscillation de Rabi
d’un
atome initialementexcité
danschamp
préparé
dans unétat
defock
à
nphotons.
La
statistique
duchamp
est caractérisée par la distributionpoissonienne
p
coh
(n)
qui
donne laprobabilité
de trouver nphotons
dans le mode duchamp:
On
peut
aussipréparer
dans la cavité unchamp
thermique
à unetempérature
T. La
statistique
de cechamp
est décrite par:où
n
th
=(exp
(03C9
c
kT) -
1)
-1
est le nombre moyen dephotons thermiques
dans le mode.Le
champ
étantpréparé
dans un état de Glauber[56] |03B1>
et l’atome dansl’état
excité|e>,
l’état initial dusystème atome-champ
est:En se servant des
équations
1.26 et1.27,
onpeut
déduire l’état dusystème
à un instant ultérieur:
La
probabilité
de détecter l’atome dans l’étatfondamental, après
untemps
d’interaction t avec le
champ,
s’obtient alors enprenant
le module au carréde la
projection
de|03C8(t)> sur
|f>:
on
rappelle
que03A9
0
=2g.
La
probabilité
p
f
(t)
est unesuperposition
deplusieurs
composantes
deFourier,
chacune décrit l’oscillation de Rabi d’un atome dans lechamp
den
photons.
Laprobabilité
p
f
(t)
estindépendante
des cohérences duchamp
initial. La transformée de Fourier dep
f
(t)
donne despics
defréquences
03A9
0
n + 1,
l’aire dechaque pic
estproportionnelle
aupoids
statistique
dechaque
nombre dephotons
n dans l’état initial duchamp.
Notons que la structure discrète duspectre
de laprobabilité
p
f
(t)
est unesignature
de laquantification
duchamp,
puisque
si lechamp
n’etait pasquantifié
lespectre
serait un continuum.
Nous avons
représenté
sur lafigure
1.5 les variations dep
f
(t)
en fonction dutemps
d’interactionatome-cavité,
pour différentes valeurs du nombre moyende
photons
dans lechamp
initial. A cause de ladispersion
du nombre dephotons
autour den
coh
,
les oscillations dep
f
(t)
se brouillent au bout den
coh
oscillations à lapulsation
2gn
coh
(c’est
le"collapse").
p
f
(t)
devientpratiquement
indépendant
dutemps
[58]
[59] [60]:
Le
brouillage
des oscillations n’est pas dû à une relaxation. Ilprovient
seu-lement de la fluctuation de
l’énergie
duchamp
initial.Ce
brouillage
n’est pas un effetpurement
quantique, puisque
même à l’aide d’unedescription
semi-classique
onpeut
le retrouver si on suppose lechamp
classique
possède
unedispersion
d’intensité.Etant donné que la
probabilité
P
f
(t)
est une somme discrète sur unnombre fini de
photons
les différentescomposantes
de Fourier de cette pro-babilitépeuvent
se remettre enphase.
Ceci
produit
une renaissance desoscil-lations de la
probabilité
p
f
(t).
La renaissance des oscillations(dit "revival")
a lieu aux
temps t
rev
=qT
rev
,
où:avec q entier.
Les renaissances successives ont des
amplitudes
décroissantes et deslar-geurs
qui
s’étalent dans letemps
(cf.fig. 1.6).
Après
un certaintemps
[58],
elles se
superposent
et donnent àp
f
(t)
unaspect
chaotique.
FIG. 1.6 -
Comportement
deP
f
(t):
on voit bien que lesamplitudes
desre-naissances successives sont
décroissantes.
Nous avons pris n = 49.L’observation
expérimentale
ducollapse
et du revivalexige
quet
collapse
et trev
Le
brouillage
et la renaissance des oscillations ne sont pas des effets liésFIG. 1.7 -
Oscillation
de Rabid’un
atome dans unchamp thermique,
avecn
th
= 6.
seulement à l’interaction d’un atome avec un
champ
cohérent. Eneffet,
si lechamp
initial est unchamp thermique,
laprobabilité
de trouver l’atome dansl’état
fondamental |f>
s’écrira :où
p
th
(n)
est donné par la formule 1.36.Comme la
dispersion
du nombre dephotons
dans unchamp thermique
estplus grande
que dans unchamp
cohérent,
letemps
decollapse
estbeaucoup
plus
court[59].
Il estégal
à:Par
contre,
les revivals successifs se recouvrentcomplètement
pour donner une évolutionerratique
comme le montre lafigure
1.7.1.2
Conclusion
L’ensemble formé d’un atome à deux niveaux
couplé
à un seul mode duchamp
électromagnétique,
stocké dans une cavité de trèsgrand
facteur dequalité,
constitue unsystème simple
dont les états propres et lesénergies
propres sont calculés de manièreanalytique
en utilisant le modèle deJaynes-Cummings.
Les états propres que l’on
appelle
aussi "états habillés" sontrépartis
endou-blets,
etchaque
doublet est constitué de deux niveauxséparés
d’uneénergie
qui
dépend
du nombre dephotons
dans le mode duchamp.
A résonance enparticulier,
cetteséparation
enénergie
estégale
auproduit
de lafréquence
de Rabi du vide par la racine carrée du nombre d’excitations que contient le
système atome-champ.
Lorsque
le nombre dephotons
dans le mode est biendéfini,
laprobabilité
de détecter l’atome dans l’un de ces niveaux oscille de manière sinusoïdale avec une
fréquence égale
à laséparation
entre les états habillés du doubletcorrespondant.
Enrevanche,
si lechamp
est dans un état dont le nombre dephotons
n’est pas bien défini l’oscillation n’estplus
sinusoïdale. C’est notam-ment le caslorsque
lechamp
est dans un état cohérent: l’oscillation se brouille au bout d’un certaintemps
puis
elle serégénère,
ensuite elle se brouille à nou-veau et ainsi de suite. La renaissance des oscillations de laprobabilité
p
f
(t)
est une
signature
de laquantification
duchamp
puisque,
dans unedescription
semi-classique
de l’interaction entre l’atome et lerayonnement,
la renaissancene
peut
pas avoir lieu(
nous l’avonsdéjà
mentionné).
L’observation de ces effets
quantiques exige
des atomes de trèslongue
duréede vie
qui
secouplent
très bien aurayonnement,
et une cavité de trèsgrand
facteur de
qualité,
afin depouvoir
négliger
la relaxation dusystème
devantle
couplage
et devant letemps
de mesure. Dans leprochain chapitre
nousprésenterons
les atomes et la cavité que nousutilisons,
ainsi que lespro-cédures de leurs
préparations.
Ensuite nousprésenterons
dans le troisièmechapitre
les résultats de nosexpériences
et nous verronsqu’elles
sont en trèsbon accord avec les
prédictions
du modèle deJaynes-Cumming
etqu’elles
mettent en évidence directement laquantification
duchamp
dans la cavité.Chapitre
2
Observation
de
l’oscillation
de
Rabi: le dispositif
expérimental
2.1
Introduction
Dans ce
chapitre
nous allons décrire les différents éléments utilisés dans notre étudeexpérimentale
de l’interaction résonnante d’un atome à deuxni-veaux avec un seul mode du
champ
stocké dans une cavité. Cette étude a pourbut de mettre en évidence le caractère
quantique
duchamp
qui
devrait semanifester directement dans l’évolution de la
population
atomique.
Commenous l’avons
rappelé
dans lechapitre
précédent,
lapopulation
atomique
ef-fectuera des oscillations de Rabi dont le
spectre
doit refléter le caractèrequantique
duchamp.
La réalisation de ce travail
qui
est basé sur le suivitemporel
de l’évolutionde la
population
atomique
impose
des conditions sur le choix des outils detravail: les atomes et la cavité doivent avoir un fort
couplage
et doivent aussiformer un
système
bien isolé de l’environnement. Autrementdit,
leurstemps
d’amortissement doivent être
longs
parrapport
à lapériode
de Rabi(temps
au bout
duquel
l’atome bascule d’un niveau àl’autre).
Nous allons voir dansla suite que nous avons pu
remplir
ces conditions en utilisant des atomesde
Rydberg
circulaires et une cavitésupraconductrice
dont lestemps
dere-laxation sont
respectivement
de l’ordre de 30 ms et 220 03BCs. Cestemps
derelaxation sont
beaucoup plus grands
que lapériode
de Rabiqui
est de l’ordre de 20 03BCs. L’atome et lechamp
ont alorslargement
letemps
d’échanger
del’énergie
avant que les processus dedissipation
neprennent
effet.L’expérience
est constituée d’unjet
d’atomesqui
traverse troisrégions
dudispositif expérimental
(cf.figure 2.1).
Dans lapremière région,
onprépare
les atomes dans des niveaux de
Rydberg
circulaires. Les atomes entrenten-suite,
dans la deuxièmerégion
qui
est constituée d’une cavité de trèsgrand
facteur dequalité
résonnante avec les atomes. Dans la troisièmerégion,
les atomes sont détectés par latechnique
de l’ionisation parchamp
électrique.
Les électrons arrachés à
chaque
atome sont focalisés vers unmultiplicateur
d’électrons
qui
les convertit en unsignal mesurable,
cequi
permet
de détecterles atomes un par un. De
plus,
le seuil d’ionisation dechaque
atomedépend
de son état interne. On arrive ainsi à détecter les différents états
atomiques
avec une bonne résolution. En mesurant letemps
de vol à travers ledispositif
expérimental
dechaque
atomedétecté,
onpeut
déduire sa vitesse et par suite sontemps
d’interaction avec la cavité.2.2
Choix des Atomes
Le
dispositif expérimental
que nous avons décritplus
haut mesure environ17.5 cm de
longueur,
et pour relier lechangement
de l’état interneatomique
à un
échange d’énergie
avec lacavité,
il faut que les niveauxatomiques
soientrobustes et résistent au processus de relaxation
pendant
la traversée dudispo-sitif. Cette condition est satisfaite pour les états de
Rydberg
circulaires. Dans uneimage classique,
l’électron d’un tel atome tourne sur une orbite circulairede rayon d’autant
plus grand
que le nombrequantique
principal
de l’atomeest
grand.
Sur cetteorbite,
l’électron estbeaucoup
moins accéléré que dansle cas d’une orbite
elliptique,
cequi
confère à cet atome unegrande
duréede vie. De
plus,
comme ledipôle
de ces atomes est trèsgrand,
ceux-ci sont fortementcouplés
avec lerayonnement.
Ilssont,
aussi,
une très bonneréalisa-tion de l’atome à deux niveaux: lors d’un
couplage
avec unchamp
résonnant: cet atome ne fait intervenir que les deux niveauximpliqués
par la transition.Dans nos
expériences,
ces deux niveaux sont ceux dont les nombresquan-tiques principaux
sontégaux
à n = 50 et n = 51
respectivement.
Pour unemeilleure
compréhension
descaractéristiques
et desavantages
que nousof-frent les atomes
circulaires,
il est nécessaire d’examiner leurcomportement
dans unchamp
électrique statique.
FIG. 2.1 -
Shéma
général
dudispositif
expérimental.
Lejet
d’atomes
estproduit
par lefour
(O).
Les atomes sontpréparés
dans la zone(B)
et traver-sent ensuite la cavité pourêtre détectés
dans le condensateur(D).
La sourcemicro-onde
(S)
estcouplée
à
lacavité.
2.2.1
Propriétés
des
atomes
de
Rydberg
circulaires
Les atomes
de
Rydberg
circulaires
enchamp
électrique
En
présence
d’unchamp électrique statique,
les étatssphériques
|n,
l,
m)
(n=nombre
quantique
principal,
1=nombrequantique orbital,
m=nombrequantique
magnétique)
ne sontplus
des états propres del’atome,
puisque
les étatssphériques
de même nombremagnétique
m secouplent
entreeux[61][62].
Les états propres del’atome,
dans ce cas, sont les états dits "étatsStark",
représentés
par|n,
m,n
1
>
où est 1n un nombreparabolique.
n1peut
prendre
l’une des valeurs suivantes: