N°
11
UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
FACULTÉ DE MEDECINE ET I)E PHARMACIE
ANNÉE 1901-1902
LE TRAITEMENT
DES
ANGIOMES
CHEZ LES TOUT JEUNES ENFANTS
VA A*'
,<VvA v
\c\ « L)U'V>
THESE
DOCTORAT DE L'UNIVERSITE DE CORDEAUX
Mention "
MÉDECINE 99
présentée et soutenue
publiquement le 7 Mai 1902
PAR
Ilia
GHEORGHIEFF
Né le20septembre 1874, à
Iambol» (Bulgarie).
Examinateursde laThèse
MM. BOURSIER professeur Président.
PIÉCHAUD professeur i CHAVANNAZ agrégé.
j
Juges.BÉGOUIN agrégé )
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI, P. CASSIGNOL
91 — RUK PORTE-D1JEAUX — 91 1902
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ 1
DUPUY MOUSSOUS.
Clinique interne...
Clinique externe...
Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique
Médecine opératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie Hygiène Médecine légale
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
CANNIEU VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
MORACHE.
AGREGES EN
section de médecine (Patholog
MM. SABRAZÈS.
LE DANTEC.
HOBBS.
Professeurs honoraires.
MM.
Physique médicale...
BERGONIÉ.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle .. . GUILLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale.... de NABIAS Médecine expérimen¬
tale FERRÉ.
Clinique ophtalmolo¬
gique BADAL.
Clinique des maladies chirurgicales de» en¬
fants PIÉCHAUD.
Clinique gynécologique BOURSIER.
Clinique médicale des
maladies des enfants A. MOUSSOUS Chimiebiologique...
DENIGÈS.
Physique pharmaceu¬
tique SIGALAS.
EXERCICE :
ie interneet Médecine Légale.) MM. MONGOUR.
CABANNES.
section de chirurgie et accouchements
Pathologieexterne'
MM. YILLAR.
I CHAYANNAZ.
I BRAQUEHAYE BÉGOUIN.
Accouchements.IMM. FIEUX.
ANDEROD1AS.
Anatomie.
section des sciences anatomiqijes et physiologiques
JMM. GENTES. | Physiologie MM. PACHON
••*} CAYALIÉ. Histoire naturelle BE1LLE.
section dessciences physiques
Chimie MM. BENECH. | Pharmacie M. DUPOUY.
COURS COMPLÉMENTAIRES :
Clinique des maladies cutanées etsyphilitiques Clinique des maladies des voies urinaires Maladies dularynx,des oreilles etdu nez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements Physiologie Embryologie Ophtalmologie
HydrologieetMinéralogie Pathologieexotique
Le Secrétairede la Faculté:
MM. DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
REGIS.
RONDOT.
DENUCci.
FIEUX.
PACHON.
PRINCETEAU LAGRANGE.
CARLES.
LE DANTEC.
LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août1879, la Facultéaarrêté que les opinions émises dans le? Thèsesqui luisontprésentées doivent être considérées commepropres à leursauteurs, qu'elle n'entendleur donner niapprobationni improbation.
A MON
PÈRE ET
AMA MÈRE
A LA
MÉMOIRE DE MA SŒUR VACILA
A MA
FIANCÉE
A MON ERE
RE ET A MES SŒURS
■ .
A MES
AMIS
A MES
MAITRES DE LA FACULTÉ
ET DES
HOPITAUX
AVANT-PROPOS
Avant decommencerla
discussion du présent travail, nous
avons à cœur de
remercier tous
ceuxqui ont l'ait notre
instruction médicale ou y
ont contribué.
M. le Prof,
agrégé Bégouin
nous ainspiré le sujet de cette
thèse, nous en a
facilité la tâche
;sa bienveillance nous a
profondément touché
:qu'il soit assuré de notre entière
gratitude.
Par ses savantes leçons etsa
bonté captivante, M. le Prof.
Boursiernous a
gagné l'esprit et le
cœur :qu'il veuille bien
accepter
notre vive reconnaissance pour le grand honneur
qu'il nous
fait
enacceptant la présidence de cette thèse.
Nos plus
sincères remerciements à M. le Dr Guyot et à
M. Rocher, interne
des Hôpitaux, à l'obligeance desquels
nous devons l'Observation VI.
Nous adressonsun
cordial adieu à
noscamarades français,
qui nous
ont toujours accueilli avec une sympathie toute
particulière et
nousont témoigné une amitié bien sincère.
Ce travail estdivisé en
cinq chapitres
:I. —Introduction — Historique.
II. — Aperçu
anatomique et clinique.
III. — Le traitement des
angiomes
engénéral.
IV. —Indication — Choix des
procédés.
V. — Observations.
Conclusions.
I
CHAPITRE PREMIER
Introduction —
Historique.
Parmi les
complications qui surviennent souvent au cours
de l'évolution d'un angiome,
l'ulcération tient,,
onpeut le
dire, la
première place
commefréquence et comme gravité
du
pronostic. Naturellement elle n'a pas l'importance de la
dégénérescence
cirsoïde, mais, comme résultat final, toutes
les deux ont une tendance
envahissante et aggravante et
mettent la vie du malade en danger,
à moins d'une inter¬
vention prompte
et efficace.
Ces ulcérations n'ont que peu ou pas
de tendance vers la
guérison, et
quand elles sont étendues elles simulent le sar¬
come et le carcinome ulcérés
(Mauclaire et de Bovis, Les Angiomes, 1896)
;cependant, avec un examen attentif, cette
confusion est
impossible aujourd'hui.
Nous n'avons pas
trouvé dans les divers traités classiques,
ni dans les diverses collections
médicales
que nous avonseues sous lesyeux, une
mention spéciale et explicite de cette
affection ; sauf
quelques
raresexceptions, aucun ne l'a
signalée comme une
complication qui mérite d'attirer spé¬
cialement l'attention des
chirurgiens et d'indiquer le
traitement qui
pourrait lui être appliqué efficacement.
On a vu
quelquefois l'ulcération guérir spontanément ou à
la suite d'une intervention bornée
simplement à des
panse¬ments plus ou
moins aseptiques, et cette guérison amener
consécutivement la
disparition de la tumeur. Les cicatrices
quien
résultent entraînent la sclérose partielle ou totale de la
- 12 —
tumeur, les vaisseaux se rétractent, s'oblitèrentpar place et l'angiome
s'atrophie.
Toutefois, c'est un processus sur lequel il ne faut pas trop compter, car si par hasard cela peut avoir une action favorable à la guérison de l'angiome, par contre, on a une chance immense de voir cette ulcération devenir pluséten¬
due, plus grave qu'elle nel'a été au début et mettre la vie du malade en danger. Si une telle plaie seterminepar guérison, les cicatrices qui en résultent deviennent cause quelquefois
de troubles fonctionnels graves. C'est ainsi que Boyer (
Traité
desmaladies de la peau, Paris, 1827) a vu s'enflam¬mer un grand nœvus congénital étendu de
l'épaule
au bout desdoigts : une vaste ulcération le recouvrit en l'espace de deux mois et demi ; elle fut suivie d'une énorme cicatrice, qui amena une forte rétraction du bras.Il est donc nécessaire d'agir rapidement et radicalement toutes les fois que l'on voit une ulcération se former sur un
angiome,quelque petitque soitcedernier. « L'ulcération qui
devientordinairement le siège d'hémorragies répétées, pou¬
vant, si elles sont fréquentes,affaiblir le malade et mettre sa vie en danger, demande une rapide intervention. Tous les traitements en dehors du bistouri,alors mêmequ'ils seraient applicables, n'arriveraient à produire à temps un effet salu¬
taire. L'extirpation au bistouri, seule, en enlevant rapide¬
ment la cause du mal, peutsauver le malade. »
(Mlle
Paster- nack, Thèse de Paris, 1893.)Broca conseillait l'extirpation au bistouri des angiomes ulcérés, lorsque tous les autres moyens ont échoué. Il avait seulement tort de ne pas l'avoir recommandée dès le début de l'apparition du mal.
M. Tillaux était plus hardi en face des tumeurs érectiles ulcérées, quoique lui non plus n'ait pas été grand partisan
de
l'extirpation.
Il disait : « Il faut extirper les tumeurs cir- soïdesquand elles sont ulcérées etj'aitraité ainsi unetumeur cirsoïde delà fesse. »(Revue
de Ghir., 1881, p. 768.)M. Gevaert dit, dans 1e Journ. de Méd. et Ghir. de Bru-
— 13 —
xelles, 1894-, qu'on peut attaquer
les
angiomes aubistouri,
même quand
ils siègent dans l'intérieur de la bouche, si
l'état du mal exige une intervention rapide.
Plus récemment encore, nouslisons dans le traité classi¬
que de Forgue
et Reclus (Thérapeutique chirurgicale, 1898)
ceci : « s'agit-il d'une tumeur artérielle, apparente et disgracieuse,avec tendance
à la diffusion, à l'ulcération,
aux hémorragies, il faut l'extirper. »M. le Prof, agrégé Bégouin a
traité
cette questionavec plus de précision.En l'espace de trois
ans,il
atraité deux
angiomesulcérés,
dontles observations
sont reproduitesdans ledernier chapitre de cet ouvrage. Il est partisan de l'extirpation
des angiomes ulcérés toutes les fois
que cette opération estpossible (Journ. de méd. de Bordeaux, 1900).
« L'ulcération domine la scène, dit-il, et c'est pour les dou¬
leurs, les cris et l'affaiblissement de l'enfant qu'elle cause que les
parents font venir le médecin, auquel ils demandent
de mettre rapidement
fin
à cette situation qui trouble touteune maison ...» «...un traitement radical qui fît disparaître à
la fois ulcération et tumeur serait préférable»
{Gaz.
heb.des
Sciences méd. deBordeaux, 1902,p. 86). L'extirpation, d'après lui, est la méthode qui peut
enlever à la fois les deux
maux.M. le Prof. Bergonié dit avoir obtenu de très bons résultats
par l'électrolyse bipolaire dans
les angiomes
ulcérés, maisnousn'avons trouvé, ni dans les traités classiques, ni dans les oeuvrespériodiques, aucun auteur
qui ait préconisé
pour les angiomes ulcérés un autretraitement
quel'extirpation,
lorsque celle-ci estpraticable. Quant
auxulcérations
éten¬duesqui recouvrent une
grande surface, tout
un membre presque, ellesn'ont été et
nesèront justiciables
qued'un
traitement purement
palliatif, des
pansements aseptiques, etc., mais ceci ne fait pas l'objet de notre travail.Les observations que nous
possédons
ici se rapportent àdesangiomes de petit
volume; ils sont d'un
autre pronosticetd'une indication plus
précise; d'autre
part, ils sont facile¬mentabordables par les
procédés
que nous étudieronsplusloin.
— 14 —
Si le nombre des auteurs qui ont traité des angiomes ulcérés paraît restreint, ce n'estpas parce que cette compli¬
cation est une chose rare, mais parce que le traitement des angiomes ulcérés étant, dans certains cas, le même que dans les angiomes normaux, l'ulcération est passée inaperçue à côtéde la banalité des faits.
CHAPITRE 11
Aperçu anatomique et clinique.
Les angiomes sont des tumeurs constituées par des
vaisseaux de nouvelle formation. Le mot
angiome créé
par Virchow et celui de tumeur
érectile
de Dupuytren ont prévalu sur un grand nombre de noms qu'on leur avait donnés et dont nous ne citerons que celui de nœvus, en raison de ce qu'il estencore assez usité.La nature vasculaire de ces tumeurs a été démontrée pour la première fois par J.-L. Petit, mais ce n'est que dans la première moitié du xixe siècle que les travaux de Robin, Broca, Lebert, Esmarck, Porta, Virchow ont déterminé d'une façon
inébranlable
lapathologie
del'angiome.
D'après
leursiège,
les angiomes ontété
divisés encutanés, sous-cutanés, fissuraux, muqueux ou viscéraux; selon l'époque de leur apparition, en congénitaux et acquis; en diffus etcirconscrits,d'après leur tendance à l'accroissement.(.Path. gén. des
quatreagrégés.)
Virchow divise les angiomes, en angiome simple et angiome caverneux, et en superficiels et profonds d'après
leur siège. Aujourd'hui tous les auteurs, et parmi eux Cornil
etRanvier, admettent cette classification.
Les angiomes simples sont constitués par des vaisseaux de nouvelle formation, qui ont le caractère des vaisseaux normaux, tandis que dans les angiomes caverneux le sang circule dans un
système
lacunaire, analogue au systèmecaverneux des organesérectiles.
— 16 —
Actuellement on considère l'angiome caverneux comme un stade plus avancé de l'angiome
simple,
etil
a uneplus
grande tendance à la diffusion que cedernier.Le plus grand
nombre des angiomes
ont poursiège la
peau et le tissu
cellulaire sous-cutané. C'est
cettevariété qui
présente unintérêt capital
pourle chirurgien, à
causede
sa grande fréquence et del'accessibilité
anxinvestigations des
moyens chirurgicaux.
L'angiome, laissé à lui-même,
évolue
dedifférentes façons
: il peut resterindéfiniment stationnaire, disparaître, s'accroî¬
tre ou s'ulcérer.
L'ulcération dans lesangiomes n'est pas un
fait
rare et on l'a vue survenir à la suite de plusieurs causes, dont lesirritations par les vêtements ou un
objet quelconque passent
en première ligne. Broca a
mis
enrelief
par uneobservation
le rôle possible des dents
déviées
pourirriter les angiomes
siégeant sur leslèvres
et y creuserdes ulcérations fon¬
gueuses capables de simuler
le
cancer.(Duplay
etReclus,
t.
V.)
Chez les toutjeunes enfants, la
production des ulcérations
se faitsous l'influence du frottement et du contact irritant de linges souillés d'urine; il se fait
quelques excoriations
qui ont servi deporte d'entrée àl'infection. (Bégouin, Journ.
de méd. deBordeaux, 1900.)
L'ulcération peut se produire
à
la suited'une maladie
infectieuse : tel est le cas que Panas a communiqué au Congrès de chirurgie en 1891. Il s'agissait d'un angiome suppuré de l'orbiteau cours d'une
fièvre typhoïde.
D'autres fois, l'ulcération survient sans cause appréciable,
et Yirchow citeun cas bien curieux : c'est unejeune fille de
onze ans, qui présentait
à
la faceexterne du bras droit
un nœvus, non saillant, gris bleuâtre; il se tuméfiait sans raison appréciable toutes les six ou huit semaines etensuiteil suppurait abondamment.
(Les Angiomes, Mauclaire
etde
Bovis.)Nous voyons donc que, sous
l'influence d'une
cause— 17 —
quelconque,
l'angiome peut devenir le siège d'un travail
inflammatoire, de douleurs assez vives; son
volume peut
augmenter
rapidement, et quelques jours après on peut voir
l'ulcération s'y
produire.
Ces ulcérations n'ont que peu ou pas
de tendance
versla
guérison. Les toutes
petites ulcérations, très superficielles,
qui se forment
accidentellement
sur unsimple nœvus, n'ont
pas la même
gravité et elles peuvent guérir spontanément,
mais encore faut-il se méfier de cette
guérison spontanée,
car très souvent, nous le répétons, ces
angiomes de volume
insignifiant ont unetrès grande tendance à l'accroissement
quand ils
deviennent le foyer d'un processus inflammatoire.
Symptômes. —En
dehors des symptômes locaux que pré¬
sentent les angiomes
ulcérés, il
y aquelques symptômes
générauxou
fonctionnels à signaler.
Les
symptômes locaux
nediffèrent de ceux d'un angiome
normal que par
la présence des orifices ulcérés par lesquels
s'écoule du pus ou
du
sang:ainsi,
enprésence d'un an¬
giome cutané ulcéré,
onconstate une tumeur plus ou
moins saillante,
quelquefois pédiculée (forme très rare), sous
l'aspect d'unecerise, framboise
oufraise; elle est d'une colo¬
ration qui
varie du
rougevif jusqu'au bleu noirâtre. Quel¬
ques-unes
disparaissent
sousla pression du doigt et
augmentent
de volume
sousl'influence des efforts. « L'aug¬
mentation devolume peut
être intermittente, et
unangiome
jusqu'alors
stationnaire prend
undéveloppement redouta¬
blesous l'influence d'un
traumatisme,
auxépoques
mens¬truelles ,
pendant la
grossesse oul'allaitement. (Path.
générale des quatre agrégés.)
Lorsque
l'angiome ulcéré est sous-cutané, la constatation
d'une tumeur plusou
moins saillante, d'une légère réducti-
bilité sous la pression,
le reflet bleuâtre de la peau autour de
l'ulcération,la
sensation d'une tumeur spongieuse permettra
d'habitude au chirurgien de
reconnaître la nature de la
tumeur.
La chaleur et le froidont une
influence
assezmarquée
sur- 18 -
la coloration des angiomes; tandis que
le froid les fonce, la
chaleur, aucontraire, leurdonne une
couleur vive éclatante.
Dans les angiomes caverneux, on
peut constater parfois
dusouffle, mais c'est un signe qui est
discuté
; onl'attribue
à un anévrisme cirsoïde au débutde son développement.
Quant à 1
"ulcération, elle peut être étendue, recouverte de
gros bourgeons
charnus, d'aspect fongueux. C'est
cequi les
a fait englober autrefois
dans le fongus liématode
avecle
sarcomeet lecarcinome ulcérés
(Mauclaire et de Bovis).
Ces ulcérations étendues sont généralement
le siège de
suppurations etd'hémorragies abondantes.
Si l'ulcération est peu
étendue, elle
seprésente
sousforme
de petits
orifices réguliers
ouirréguliers
parlesquels
un écoulement, insignifiant, mais persistant,de
pus oude
sanga lieu. Parfois ces ulcèresse recouvrent de croûtes qui, au bout de quelques
jours, tombent
enlaissant de
nouveaule
sang etle pus
s'écouler.
Les
symptômes généraux
oufonctionnels sont rares dans
les angiomes normaux;
les douleurs sont très
rareset quand elles existent
on nesait trop à quoi les attribuer.
Tillaux incriminait la compression et
l'envahissement des
nerfs, et Ch. Monod,
la névrite des filets inclus dans la
tumeur.
Il n'en est pas
ainsi dans les angiomes ulcérés. La douleur
est ici un
symptôme
presqueconstant. Chez le petit malade,
elle l'empêche
de dormir, le fait crier, le rend irascible; l'en¬
fantpâlit,
maigrit,
serefuse à téter, et
sasanté générale est
vitecompromise si on
n'intervient
pasà temps. Au début,
ces
phénomènes
peuventêtre
peuaccusés
ou manquer com¬plètement,
mais
avecle temps la tumeur augmente rapide¬
ment, l'ulcération devient
plus étendue, les suppurations et
les hémorragies plus
abondantes et plus répétées, et les symptômes fonctionnels s'accentuent.
Le pronostic des angiomes
ulcérés est
parconséquent
sérieux, surtout chez les tout jeunes enfants,
à
cause de lafaible résistancede leur organisme.
CHAPITRE III
Le traitement des
angiomes
engénéral.
Quand on jette un coup
d'œil
surles divers procédés que
les chirurgiens de tout temps
ont opposés
auxangiomes,
on est surpris de leur
grand nombre: autant de noms
d'auteurs, autantde
procédés.
On écrit dans tous les traités que la
multiplicité des mé¬
thodes est la conséquence
des variétés
souslesquelles les
tumeurs érectiles se présentent;
il
y adu vrai
encela, mais
il serait bienjuste aussi
d'ajouter
queleur multiplicité est
due en partie à
leur inefficacité.
Il est bien facile de
comprendre la situation embarras¬
sante desancienschirurgiens, lorsque,
à leur époque, l'ou¬
tillage et
l'antisepsie chirurgicaux étaient très peu perfec¬
tionnés ; pourattaquer
les tumeurs érectiles, ces savants du
passé
étaient obligés de recourir à tout autre procédé qu'au
bistouri, car ils craignaient
le bistouri, et leur crainte avait
sa raison d'être: le dangerd'une
intervention sanglante était
l'hémorragie etla production
d'une plaie étendue susceptible
de devenir le foyer d'un
érysipèle
oud'une infection puru¬
lente.
Mais actuellement, avec
l'introduction dans la pratique
chirurgicale de
l'antisepsie, des forcipressures et de l'anes-
thésie, tous les inconvénients
du passé sont supprimés, et
une telle crainte à l'heure actuelle ne serait pas
justifiée.
Et cependant
l'extirpation des angiomes
aubistouri était
la méthode la plus
anciennement
connue,et déjà dans la
- 20 —
seconde moitié du xvie siècle A. Paré attaquait ces tumeurs
au bistouri, en faisant l'incision au delà des limites de la tumeur et en liant les vaisseaux afférents afin d'éviter
l'hémorragie.
Ce
procédé
ne manquait pas de partisans, mais il ne pou¬vait pas avoir le succès qu'il a aujourd'hui, à cause des difficultés que les chirurgiens de ce temps-là éprouvaient
pour parer aux hémorragies abondantes qui survenaient pendant l'opération ; aussi est-il tombé dans le même discré¬
dit que toutes les opérations sanglantes.
Après cet insuccès, les anciens chirurgiens se sont mis à la recherche de moyens moins dangereux et plus faciles à manier. C'est ainsi qu'on a vu paraître tour à tour la cauté¬
risation aux substances caustiques, sous diverses formes : en solutions, en pâte, en sétons, etc. ; aux astringents, à la compression, à la vaccination, aux coagulants, et à tant d'autres, aussi nombreux qu'inefficaces, jusqu'au jour où le bistouri, avec le concours de l'antisepsie et des moyens
hémostatiques,
estvenu de nouveau montrer sa supérioritésur tous lesautres procédés que nous venons d'énumérer et
en donner la preuve par les succès que les chirurgiens modernes obtiennent tous les jours.
En même temps que l'extirpation des angiomes par le bis¬
touri renaissait, l'électricité médicale, avec le perfectionne¬
ment qu'on lui a apporté dans ces derniers temps, est venu appauvrir la
thérapeutique
des angiomes en nombre de pro¬cédés, mais l'enrichir en nombre de succès. A côté de ces deuxgrandes méthodes:
l'extirpation
etl'électrolyse,
l'igni- puncture a trouvé sa place respective et aujourd'hui, nous pouvons le dire, l'avenir est à ces trois procédés, que nousappelleronsméthode actuelle.Tous les autresprocédés qu'on avaitpréconisés, indifféremment à toutes les époques,seront
connus sous la
rubrique
de méthodes abandonnées.Avant d'aborder l'étude des premières, nous allons passer
rapidement en revue lessecondes, parmilesquelles ungrand nombre ne seront que citées pour
mémoire
; telles sont— 21 -
l'acupuncture,
le topique, les sétons, l'écrasement, la vésica-
tion, etc.
A) Méthodes abandonnées.
a) Réfrigérants et
astringents.
—Abernethy et Lebert (Bull.
Soc. Chir., VI,1855) auraient
obtenu quelques succès de cette
méthode, mais parson
inefficacité elle est aujourd'hui aban¬
donnée
complètement
;tout
auplus serait elle bonne dans
les cas où on aurait à
combattre
une menacede phlegmon
autour d'un angiome
sous-cutané.
b) Compression.
—Certains chirurgiens, comme Dupuytren,
Dieffenbach,Brainard
(de Chicago)auraientobtenudessuccès
par la
compression, et Boyer cite l'exemple d'une mère bien
patiente,
qui obtint la guérison d'un nœvus vasculaire de
la lèvresupérieure
de
sonenfant
encomprimant la tumeur
avec lepouce,
sept heures
parjour, pendant plusieurs semai¬
nes.
Cette méthode est
acceptée
parNélaton, mais, suivant cet
auteur, il faut: U que
la tumeur repose sur des parties
solides,qui
puissent lui fournir un point d'appui ; et 2» que la
compression soit exercée
surtoute la surface de la tumeur
etmême au delà desà
circonférence. Ce procédé
al'incon¬
vénient de
produire du sphacèle lorsque la compression est
forte et pas
uniformément répartie, chose qu'il est difficile
d'obtenir à la fois. Brainard se
servait du badigeonnage
au collodion; ilobtenait ainsi
unecompression douce et uni¬
forme. Néanmoins,c'est une
méthode insuffisante et insup¬
portable.
c) Ligature. — La
ligature des vaisseaux afférents a été très
souventpratiquée,
mais elle
adonné rarement des guérisôns.
Roux, Dupuytren
et d'autres encore l'ont tentée plusieurs
fois, et cela sans
succès. Il est d'ailleurs facile de comprendre
la raison de ces insuccès: la tumeur
est liée à la circulation
générale, non seulement parles
grosvaisseaux afférents,
mais aussi par des
vaisseaux de volume minime, et princi-
— 22 —
paiementpardes
capillaires qui mettent
enrapport la tumeur
avecles vaisseaux du voisinage. Ces
échecs
ont conduit àuneméthodeplus radicale: c'est de
lier les
grostroncsvascu- laires qui irriguent non seulement la tumeur, mais encore toutela région voisine, tout unmembre,si celui-ciest porteur de la tumeur. Mais c'estun procédé qui esttrès
dangereux,et lesstatistiques montrent unemortalité de 25
à30
°/opourles
sujets qui ontété soumis à cette opération.La ligature de la tumeur elle-même a été
pratiquée
aussi,mais ceci n'est possibleque si la tumeur est
pédiculisée.
d)
Vaccination. — C'est uneméthode
quiaujourd'hui
estpresque sans partisans. Elle est sans effet sur les
sujets
vaccinésetsur ceuxqui onteulavariole.Hogdson etVelpeau
(Arch. gén. de méd.,
2e série, VI, p.206)
ontété
les principaux vulgarisateurs de cette méthode. Elle est dangereuseàcause desphénomènes inflammatoires qu'elle est capable de pro¬duire.
e)
Cautérisation. — 1°A l'aide de caustiques chimiques. La pâte de Vienne,l'acide
nitrique, le canquoin sont les subs¬tances les plusemployées; 2° à l'aide de sétons caustiques.
Ils consistent à traverser en plusieurs points de part en part la tumeur à l'aide d'un trocartqu'on remplace par un cylin¬
dre de pâte caustique. Bœckel essaya les sétons imbibés de perchlorure de fer: « Malgré des perforations nombreuses
etrépétées de la tumeur, dit-il,je n'ai pas obtenu une seule guérison
complète
par ce moyen. (Mathez,Thèse
de Paris, 1894.)Quelquesoit le caustique que l'on emploie, il y a unelimite
au delà delaquelle on ne peut
pénétrer
en une seule cauté¬risation. Il faut attendre patiemment la chute des eschares
etpratiquer uneseconde cautérisation dans le fond delàplaie, puis une troisième, et ainsi de suite. L'élimination des eschares entraîne une ulcération, de la suppuration, et si la guérison estobtenue, c'est le plus souvent au risque d'une cicatrisation vicieuse et défectueuse.
En dehors de ces inconvénients, ce procédé est fort dou¬
loureux et produit très souvent des hémorragies.
f) Coagulant.
—Ce procédé fut inventé par Monteggia, en
1814, contre les
anévrismes cirsoïdes. En 1828, Lloyd l'essaya
pour
la première fois sur les angiomes, en se servant de
l'acidenitrique ou
du chlorure de chaux. En 1876, Bœckel a
traité avec succèsun
certain nombre d'angiomes par injec¬
tions dechloral à10
%• Velpeau employait la teinture d'iode ;
Polaillon, le tanin
et l'alcool, etc. Les injections de perchlo-
rurede fer onteu, un
temps, de très grands succès, mais
lesnombreux cas de
nlort qui ont résulté de l'emploi de
cette méthodel'ont
discréditée auprès du< plus grand nom¬
bredeschirurgiens
modernes. Les embolies étaient la cause
de ces résultats funestes.
Avec l'intention d'échapper aux
accidents d'embolie, on a
remplacé
le perchlorure de fer par une autre solution, qu'on
a
appelée
«liqueur de Piazza ». Voici la formule :
Perchlorurede fer
25 grammes
Chlorure desodium
15
—Eaudistillée
60
—Malgré cette
modification, les résultats n'ont pas été plus
heureux
qu'avant. On
abien essayé de parer à ces dangers
par la
compression périphérique de la tumeur, pendant et
après l'opération, durant les quinze premières minutes
(Mauclaire
et de Bovis); mais toutes les régions ne se prê¬
tent pas
à
unetelle compression, et d'autre parties eschares,
suivies de
suppuration,
ensont très souvent la conséquence.
De plus,
elle laisse à
sasuite de gros nodules scléreux, non
moins difformes que
la lésion primitive. MM. Forgue et
Reclus rejettent
cette méthode comme incertaine et dange¬
reuse, et leur
exemple est suivi
parle plus grand nombre de
chirurgiens.
B)
Méthodes actuelles.
a) Ignipuncture. —
Au temps de Lallemand, Marshall Hall,
etc., on traitaittrès
souvent les angiomes par l'introduction
dans l'épaisseur
de la tumeur d'une série d'aiguilles que
l'on laissaiten place
pendant
uncertain temps, afin d'obte-
- 24 —
nir lebroiement, la discission de la tumeur. Ce procédé fut
appelé
acupuncture. Caron du Villars et Varren ont eul'idéede chauffer lesaiguillesau rouge avant de les enfoncer.
Plus tard, Tillaux pratiqua cette même opération, mais avec une seuleaiguille qu'il faisaitrougir au feu. Il obtint ainsi la guérison d'un angiome du volume d'une mandarine.
L'acupuncture devint ainsi
l'ignipuncture.
L'ignipuncture estpratiquée à l'heure actuelle, soitavec la pointe fine du thermocautère de Paquelin, soit avec le cautèregalvanique.
Yoici comment Forgue et Reclus formulent la technique
de cette opération: « La pointe fine du thermocautère est poussée en plein angiome; ces cautérisations sont espacées
en « quinconces » de 6 à 8 millimètres. Point intéressant :
elles restent généralement exsangues. Si elles saignent un peu, on plongeà nouveau dans le trajet la pointe du ther¬
mocautère au sombre. Une couche de collodion protègeces
pointes pénétrantes contre toute souillure. Dix à quinze jours après l'effet de capitonnage scléreux s'est produit; on larde au thermocautèreles points intermédiaires.
Après
les mêmes délais, nouvelles séances, portant sur les grains érectiles qui persistent. »D'après ces auteurs,comme
d'après
tous, l'inconvénient dece procédé serait la longueur du traitement; donc, en dehors de cet inconvénient, il est considéré comme une
méthode efficace. Cependant parmi les nombreux succès obtenus par
l'ignipuncture,
on a vu aussi cette méthode entraîner des hémorragies etdes suppurations abondantes.Clément Lucas, traitant ainsi une vaste tumeur vasculaire de la moitié de la face, dut s'arrêter devant la répétition des
hémorragies.
Dansune autre observation(Hofmokl)
l'igni¬punctureentraîna une suppuration, dont l'abondance et la durée(six mois) avaient mis en danger les jours du petit malade.
Leprocédé serait plus efficace pour les tumeurs de petit volume, mais pour les angiomes qui ont une évolution
— 25 -
rapide,
unetendance envahissante, compliqués d'ulcérations
et d'hémorragies,
il
noussemble qu'il serait préférable de
recourir à un
procédé plus radical et plus rapide dans son
exécution que
l'ignipuncture. M. Gevaert préconisait l'igni-
puncture pour
les tumeurs superficielles réduites à quel¬
ques
grains framboisés, sans tumeur profonde et sans saillie
excessive.
b)
Electrolyse.
—Le procédé qui jouit actuellement de la
plus haute réputation après l'extirpation est, sans conteste,
l'électrolyse.
Elle
a apparuvers le commencement du xixe
siècle.
Bailly, Meyraux
et Marlaudière sont les premiers qui l'ont
appliquée,
en1825,
pourla cure des épanchements liquides.
Pravaz l'employa en
1830 contre les anévrismes (Gaz. méd.,
1830) ;
seulement, faute d'une technique précise et d'une ins¬
trumentation
parfaite,
ceprocédé n'a pas donné de résultats
trop
encourageants. D'autre part, le moyen d'action du cou¬
rantélectrique
ayant été mal interprété, les chirurgiens ne
savaient pas
profiter de
soneffet réel dans les tissus orga¬
niques, ne
sachant
pasle bien manipuler. Aussi cette mé¬
thode est-elle restée
pendant plus de trente
ansdélaissée
dans tous les pays,
mais particulièrement en France. En
1860,
Ciniselli, de Crémone,
afait connaître des résultats
fort encourageants
obtenus
parl'électrolyse dans la théra¬
peutique
des angiomes,
endonnant une interprétation juste
aumoyen
d'action du courant électrique. Il réhabilita la mé¬
thode et fut son
principal vulgarisateur (M. Stœber, Revue
méd. de l'Est, I, 1).
Après lui, Middeldorpf
enAllemagne et
Nélaton en France, en 1864,
s'élancèrent dans la nouvelle
voie. En France cependant
elle n'a
pas euplus de vogue
qu'avant etelle
aété négligée encore pendant assez long¬
temps. A
partir de 1877,
on a vuparaître tour à tour les tra¬
vauxde
Dujardin-Beaumetz (Soc. méd. des Hôpit., 1877), de
Gross, Onimus,
Teissier, Robin, Duncan, qui, par des études
approfondies et
de nombreux succès, ont placé la méthode à
la hauteur où elle est à l'heure
actuelle.
— 26 —
Autrefois on croyait que le courant
électrique
n'avait surles tissus organiques qu'un simple effet
thermo-électrique;
aujourd'hui ce problème est résolu d'une manière plus
scientifique,
et voici comment : le courant décompose lesliquides
organiques en produisant des acides à l'un des électrodeset des bases à l'autre. Les acides et les bases qui prennent naissanceréagissent
sur les tissus et font l'effet d'un cautère. L'eschare du pôlepositif est dure et rétractile, celle du pôle négatif, molle et non rétractile.(Diction.
deDechambre.)
Il y a quelques annéeson ne se servait que d'un pôle, le pôlepositif. On introduisait l'aiguillepositive dans la tumeur, et le pôle négatifsous forme de plaque indifférente était ap¬
pliqué sur un point
quelconque
du corps.Cette méthode a été inventée par Monoyer, et suivie par
Boudet, Schwartz, Quénu, etc. Actuellement
l'électrolyse
bipolaire, c'est-à-dire l'introduction des deux pôles dans la tumeur entre en usage. Elle paraît donner de meilleurs ré¬sultats que
l'électrolyse
monopolaire. Cependant elle a étéun peu négligée
jusqu'au
jour où les travaux de Ciniselli, Bœckel, Duncan, Delore, etparticulièrementde notre savant professeur de la Faculté de médecine de Bordeaux, M. Ber- gonié, sont venu jeter un jour tout nouveau sur cette méthode bipolaire.Cross en a fait le sujet de sa thèse inaugurale, où il a très bien étudié la théorie et le manuel
opératoire
de cette méthode. Il nous rapporteles observations de trois malades qui furent traités parl'électrolyse
bipolaire, et les résultats furentdes plussatisfaisants.La
technique
opératoiredel'électrolyse
est fort simple.Une pile àcourantcontinu et constant autant que possible.
Dans lecircuit on intercale un galvanomètre pour la men¬
suration des courants : ceux-ci varieront entre 20 et 45 mil-
liampères : il ne faut jamais
dépasser
60 milliampères. Les fils setermineront,
l'un par une plaque en zinc malléable, l'autre par une mèche métallique libre qui servira d'attacheaux aiguilles.
— 27 —
Lemalade sera
placé dans le décubitus dorsal, la région
malade bien désinfectée.
Cette position, cependant, n'est
pas
absolument indispensable; elle varie suivant l'âge du
malade etlesiège de
la
tumeur.L'anesthésie n'est indiquée
qu'avec
les sujets indociles. Le plus souvent on se borne à
uneanesthésielocale.
On enfoncealors dans la tumeur
les aiguilles préalable¬
ment désinfectées. Le
nombre des aiguilles ne doit pas
dépasser
le chiffre de 6 à 8 pour éviter une réaction trop
vive. L'angiome
doit toujours être à la périphérie pour assu¬
rerl'oblitération des vaisseaux
afférents et supprimer l'ap¬
port
du
sang.Les aiguilles
seront placées dans la même zone à une
distance minima de 3
millimètres; plus rapprochées, elles
produiraient des eschares.
Dans les séances qui
suivront,
onles appliquera dans la
zonevoisine de la
précédente, mais intérieure à elle, et on
avance ainsi de la
périphérie
versle centre de la tumeur.
Dans
Vélectrolyse bipolaire,
onfixe à chaque pôle une
aiguille eton
les enfonce ensuite dans la tumeur. Les aiguil¬
les doivent être introduites
parallèlement, aussi bien dans
laméthode
monopolaire
quebipolaire. C'est dans ce but que
M. leProf. Bergoniéa
imaginé le porte-aiguilles par lequel
les deux aiguilles du
pôle positif et négatif sont fixées et
maintenues
parallèles l'une à l'autre. Ceci est fait pour
éviter une diminution de
l'intensité du courant électrique,
chose qui a
lieu lorsque les bouts des aiguilles se touchent.
De cette façon, les deux
aiguilles sont enfoncées à la fois.
La durée de chaque
piqûre est de une à deux minutes, sui¬
vant les circonstances. Le
nombre de ces piqûres varie
suivantle volume de la tumeur.
Lorsque le
courant est établi, il faut commencer par zéro
intensité et ne l'élever que
progressivement jusqu'à la limite
optima, pour
revenir à la fin lentement au zéro. Ceci est
nécessaire pour
atténuer les douleurs et les ramener au
minimum et éviter toute secousse.
(Cross, Thèse de Paris
1898.)
•— 28 —
Quant à l'intensité maxima dont on doit se servir, l'opi¬
nion de la majorité desauteurs est : les courants faibles aux
angiomes des enfants, et les courants forts pour les adultes.
Les courants de haute intensité, dit M. le Prof.
Bergonié,
sont préférables aux courants faibles, en raison de la des¬
truction rapide des tissusavec des séances très courtes et peu nombreuses.
La durée de
chaque
séance est de cinq à dix minutes, sui¬vantl'étendue et la nature de la tumeur.
Al'extraction des aiguilles, il s'écoule ordinairementquel¬
ques gouttes de sang que un peu de ouate
hydrophile
suffit pour arrêter.Si avant
l'expiration
du temps fixé, on voyait la tumeur pâlir au voisinage desaiguilles,ceserait uneindication pour les retirer.Les séancespeuvent être renouvelées tous les cinq à dix jours. Le traitement ne doit cesser que lorsque la tumeur
est dure, non vasculaire, ne dépasse pas les téguments voisins et que toute la région enfin a repris les caractères
normaux.
(Cross.)
Il n'est pourtant pas toujours facile d'arriver à ce résultat parfait. Les téguments conservent
quelquefois
leur teinte foncée, et une légèresaillie à la place de la tumeur persiste indéfiniment.Les suites de
l'opération
dans chaque séance sont presqueinsignifiantes. Une congestion passagère se déclare, mais disparaîten deux ou trois jours; parfois il se formeune toute petite eschare au point d'implantation des aiguilles, mais elle est éliminée en quelques jours sans laisser de traces appréciables.
c)
Extirpation.
— Il y a une trentaine d'années, on citait l'extirpation des angiomes au bistouri comme un procédé secondaire etdangereux; aujourd'hui c'est tout le contraire.Non seulement elle occupe, à l'heure actuelle, la première place, mais elle est la moins dangereuse et la plus sûre de toutes les méthodes et donne des guérisons promptes et
radicales. Il est d'ailleurs
facile de comprendre cette évolu¬
tion des divers
procédés qui ont été opposés aux angiomes.
Le
progrès qui
aété réalisé dans la chirurgie, dans ces
derniers temps,a
tout modifié. Une hémorragie grave, une
plaieétendue susceptible de devenir la source d'une infec¬
tion
purulente, d'un érysipèle épouvantaient les anciens
chirurgiens
(Mlle Pasternak). Aujourd'hui, ceci n'est plus à
craindre. Avec lespinces
à forcipressure, les antiseptiques
et les anesthésiques,
le médecin
serend maître de tous ces
inconvénients.
Autrefois on redoutait la
production d'une phlébite à la
suite de l'extirpation au
bistouri,
enraison des connexions
veineuses des tumeurs
érectiles. Mais quelle est l'opération
oùles veines soient à l'abri
du couteau ? Si la production
d'une phlébite
avait lieu autrefois, c'était simplement faute
d'asepsie;
aujourd'hui cela
nefait plus l'objet de discussion.
Un
point de la question qui est encore un peu discuté par
lesmédecins, c'est
la chloroformisation, qui est considérée
comme une chosegrave.
Cettecrainte nedoit
plus avoir
saraison d'être
enprésence
des exemples de tous
les jours. Ne voit-on pas tous les jours,
dans leshôpitaux,
chloroformiser des enfants pour diverses
opérations sans
qu'aucun accident en résulte ?
L'extirpation au
bistouri des angiomes est la méthode la
plus ancienne.
C'est A. Paré qui la pratiqua le premier
dans la seconde moitié du xvie
siècle;
pourempêcher l'hé¬
morragie, cet auteur
liait les vaisseaux afférents.
Après lui, l'opération trouva un grand défenseur en
J.-L. Petit. C'est lui le premier
qui
posales règles de cette
opération, enconseillant surtout de faire l'incision au delà
des limites de la tumeur. Comme moyen
hémostatique, il
employait la
compression
audoigt des vaisseaux coupés, et
il disait que
l'hémorragie n'arrive que quand l'opération a
été mal faite.
Malgré les
succès
quecette opération a donnés entre les
mainsde A. Paré, J.-L. Petit,
Fabrice de Hilden, etc., elle est
- 30 -
tombéedans le discrédit à la suite de l'inhabileté de leurs successeurs. Voici ce que dit à ce sujet M. Gevaert
(Journ.
de méd. chir.
etpharm.,
Bruxelles 1894) : « D'où vient que le praticien choisit toujours la cautérisation, l'injection ou des moyens analogues, lorsqu'il a l'excision à sadisposi¬
tion ? C'estqu'ilexigeunpetit arsenalchirurgical, l'habitude de
l'asepsie.
»L'extirpation donc fut abandonnée, pendant près de deux
siècles,
en faveur des innombrables procédés qui lui ont succédé etqui rivalisaient par leur inefficacité et la chance d'aggraver le malaulieu de le guérir. Mais lavérité parvient toujours à percer les ténèbres. Avec Verneuil, Trélat, Terrillon, A. Broca,etc., le bistouri a repris de nos jours la place que lui avait donnée A. Paré, et aujourd'hui l'extirpa¬tion constitue la méthode de choix dans le traitement des angiomes.
L'extirpation partielle a été pratiquée par Lalemand, Mal- gaigne, Dieffenbach, et un peu plus tard par Lannelongue, mais à l'heure actuelle nous ne voyons plus personne la pratiquer.
Quant au manuel opératoire de l'extirpation totale, il est bien simple. Voici comment A. Broca recommande de la pratiquer: « Circonscrire la tumeur par une incision circu¬
laire ou
elliptique,
en empiétant sur les tissus sains et la détachant du reste par trois ou quatre coups de bistouri.L'application de quelques sutures profondes assurent l'hémostase. Un pansement à la gaze iodoformée ou un pan¬
sement collodionné achève cette opération d'une durée de quelques minutes.
(M'ie
Pasternak, Thèse de Paris1893.)
La forme circulaireouelliptique n'estpasla règle absolue;
onpeut circonscrire la tumeur commeonveut,suivant l'éten¬
due, la forme etle
siège
de la tumeur.Si la laxité de la peau le permet, on peut serrer la basede la tumeur entre les mors d'une longue pince à crans du modèle de Richelot ou de pinces-clamps, plus souples de branches. La tumeurestainsiénucléée; sadissection devient