ENTRE SCUS LE N° <10,309
FACULTE DE
MEDECINE
ET DEPHARMACIE
DEBORDEAUX
ANNEE 1897-1898 M» «3
1
DANS LE TRAITEMENT DES
CHEZ L'ADULTE
« Primumnon nocere »
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquementle 8 Décembre 1897
Pierre ABADIE-BAY/
Néà Saint-Pé(Hautes-Pyrénées), le 17février 18 Élève du Service de Santé de la Marine
Examinateurs dela Thèse:<
MM. MASSE DEMONS POUSSON MOURE
professeur.... Président.
professeur....
agrégé chargédecours)
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
9 i — RUE PORTE-IU.JEAUX — 91 189 7
Faculté de Médecine et de Pharmacie de lîordeaux
M. PITRES
Doyen.
PROFESSEURS
MM. MIGÉ
)
AZAM f
Professeurs honoraires.
DUPUY..'
Cliniqueinterne..
MM.
t PICOT.
/ PITRES.
. , \
DEMONS.
Clinique externe
j LANEl,ONGUE.
Pathologie interne...
N.
Pathologie et théra¬
peutique
générales. VERGELY
.Thérapeutique
ARNOZAN.
Médecineopératoire.
MASSE.
Clinique
d'accouche¬
ments
MOUSSOUS.
Anatomie pathologi¬
que
GOYNE.
Anatomie
BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie
VIAULT.
AGRÉGÉS ES
section demédecine
(Patliolocj
MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHia.
MM.
Physiologie
JOLYET.
Hygiène
LAYET.
Médecinelégale
MORACIIE.
Physique
BERGONIÉ.
Chimie BLAREZ.
Histoirenaturelle ... Gl
ILLAUD.
Pharmacie
FIGUIER.
Matièremédicale.... de
NABIAS.
Médecine expérimen¬
tale
Clinique
ophlalmolo-
gieque
Cliniquedes
maladies
chirurgicales des en¬fants.
Clinique gynécologique
BOURSIER
EXERCICE :
ieinterne etMédecinelégale.)
MM.
SABRAZÈS.
Le DANTEC.
FERRE.
BADAL.
P1ÉCHAUD.
sectionde chirurgieet accouchements
\MM.
RIVIÈRE.
. , . (1Y11U. i\l VIILXM^.
Accouchements.... CHAMBRELENT (MM. V1LLAR.
Pathologie
externe] BINAUD.
| BRAQUEHAYE j
sectiondessciencesanatomiques et
physiologiques
J'MM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON.
'( CANNIEU. Histoire
naturelle BEI LEE.
Anatomie.
Physique
Chimie etToxicologie
CANNIEU.
sectiondessciencesphysiques
MAL SIGALAS. | Pharmacie
M. BARTHE.
DENIGÈS. I
C4>URS C «IMPI,FRE A
T A 1 Ri E S
Cliniqueinterne des
enfants
Clinique des
maladies cutanées et syphilitiques
Clinique des
maladies des voies urinaires
Maladiesdularynx,des
oreilles
etdu
nezMaladiesmentales Pathologie externe Accouchements Chimie
Le Secrétairede laFaculté:
LEMAIRE.
MM. MOUSSOUS.
DUBREU1LH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
DENUCÉ.
RIVIÈRE.
DENIGES
Pardélibération du5 août 1879, la
Faculté
aarrêté
queles opinions émises dans les
Thèsesquilui sont
présentées doivent être considérées comme propres à leurs auteurs, et
qu'elle n'entend leur
donner ni approbation ni improbation.
V
A MA MERË
Bien faible témoignage de mareconnaissance.
V
A MON FRÈRE
J;
A TOUS CEUX QUI SE SONT
INTÉRESSÉS
A MOIJe dédie cemodeste travail.
A MES AMIS
A MES CAMARADES
de l'école principale du service de santé de la marine
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR MASSE
PROFESSEUR DE MÉDECINE OPÉRATOIRE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
INTRODUCTION ET DIVISION DU
TRAVAIL
Dans le courant de l'année 1890, Kocli
annonçait
avec- grandéclat qu'il venait de trouver
unsérum capable d'arrêter
le développement
de la tuberculose et de cicatriser les lésions
existant déjà dans
l'organisme. Le monde entier s'était
justement
ému à la nouvelle de la découverte du célèbre
bactériologiste
allemand. C'était du même
coupla guérison
assurée, la vie rendue
à
uncinquième de la population,
puisque
les statistiques prouvent
quela tuberculose compte
pour
20 0/0 dans le contingent de la mortalité.
C'était également
de grands ennuis épargnés au médecin,
trop souvent
impuissant contre cette maladie; et pour le
chirurgien, le
traitement des tuberculoses locales devenait
d'une singulière
simplification
:de même que le sérum
antidiphtérique
est
venu,dans beaucoup de cas de croup,
désarmer la main du chirurgien
toujours armée
pourla
trachéotomie, de même le sérum
antituberculeux aurait
désormais rendu inutiles ces
discussions
surla valeur de
telle ou telle
opération, de tel
outel traitement, dans telle
localisation bacillaire.
Malheureusement, la
tuberculine
arendu plus de services
à
l'hygiène qu'à la thérapeutique
:si elle sert comme moyen
sûr de diagnostic,elle
contribue, il est vrai,
parle fait même,
à nous mettreen garde contre la
propagation de l'infection;
mais il faut avouer que ses
propriétés curatives sont abso¬
lument nulles.
La question
du traitement de la tuberculose est donc
toujoursd'actualité.
Parmi les
questions
lesplus controversées et les plus
dignes d'intérêt, rentrele traitement chirurgical de la tuber¬
culosepurement
articulaire du
genou :les
uns,trop
conser¬vateurs, tiennentpour la
méthode
nonsanglante
soustoutes
ses formes
(immobilisation longtemps prolongée, révulsion,
injectionsantiseptiques, méthode sclérogène), et
sedécident
rarementà uneintervention; d'autres, tropradicaux, n'épui¬
sant pas tous les moyens
de cette dernière méthode, sont partisans à outrance de la méthode sanglante dans tous les
cas.
Entre ces deux opinions opposées,
la
sagesse, croyons- nous, réside dans unjuste milieu.Mais, dans les cas rebelles à tout traitement conservateur
rationnellement
appliqué,
faut-il pratiquerla synoveetomie,
ou bienune opération plus grave,
la résection
oul'ampu¬
tation de la cuisse? Tel est le
problème
souventdiscuté
dansces derniers temps.
Nous n'aurionsjamaiseu la
témérité
de présenter, comme sujet de notre thèse inaugurale, unecritique
un peusévère
de la synoveetomie, si
l'idée
de cetravail
ne nousavait
pas été inspirée par M.le
DrBégouin, auquel
nousadressons
nos meilleurs remerciements, et si ce n'était d'après ses indications et d'après celles qui nous ont
été fournies
parune très intéressante leçon clinique de M. le
professeur
Démons, que nousl'avions
entrepris.
Nous avons eu, Tan dernier, l'occasion de constater les résultats produits par la synoveetomie sur une jeune
fille
opérée par M. Bégouin, dans leservice de
M.le professeur
Démons : ces résultats pouvaient être d'autant mieux appré¬
ciés, qu'en même tempsune résection dugenouvenait
d'être
faite sur un jeune homme du même âge et présentant des
lésions tuberculeuses semblables, limitées à la synoviale.
Nous avions l'intention de faire, à la fin de notre travail,
une comparaison entre ces deux cas, que nous avions pu observer nous-même; mais une circonstance tout à fait imprévue nous a empêché d'avoir les observations de ces
deux malades. Pourtant, nous pouvons en présenter les points les plus saillants au point de vue du résultat.
La jeune fille synovectomiée guérit plus
lentement;
son membre était dans uneattitude moins correcte; la guérison s'était faite par ankylose fibreuse,ankylose
peu solide qui, trois mois après, permettait encore quelques mouvementsplus nuisibles qu'utiles pour la fonction du membre; enfin, l'opérée se
fatiguait
à la marche plus vite que le jeune hommeréséqué.Ce
chapitre
n'aurait certainement pas été le moins inté¬ressant; malgré cette fâcheuse lacune, nous croyons avoir trouvé un nombre suffisant d'observations pour justifierles conclusions de notre travail.
Dans un premier chapitre, nous recherchons et décrivons les formes de tumeur blanche du genou, justiciables delà synovectomie, et nous appelons l'attention sur la difficulté de leur
diagnostic.
Dans un deuxième
chapitre,
nous parlons du traitement qui leurestapplicable;
après avoir glissé rapidement surla méthodeconservatrice, qu'il fauttoujoursessayer enpremier lieu, nous arrivons à la méthode sanglante, à la synovec¬tomie en particulier, dont nous traçons un court
historique
et le manuel opératoire.
Enfin, dans un troisième
chapitre,
le plus longet le plusimportant,
nous comparons la résection du genou et la synovectomie au point de vue simplement opératoire, aupoint de vue du résultat de l'opération elle-même et du résultat fonctionnel du membre; et nous établissons la supériorité de la résection typique du genou, telle qu'elle a étédécriteet préconiséeparOllier, le père de cette opération.
Les Observations forment le quatrièmeet dernierchapitre.
Avant d'entrer dans le
développement
de notre sujet, nous manquerions à notre devoiren n'adressantpas nosplus vifs remerciements à M. le professeur Masse, pour le grand honneur qu'il nous fait d'accepter la présidence de notre thèse.CHAPITREPREMIER
Formes d'arthrite tuberculeuse du genou
justiciables de la Synoveetomie.
On connaît la
prédilection marquée du bacille de la tuber¬
culose pourle tissu
lymphatique et
sesdépendances. Depuis
que
les recherches histologiques de
cesdernières années ont
rattaché à ce vastesystème toutes
les séreuses, la plèvre, le
péritoine,les enveloppes du crâne et de la moelle, il n'y a
pas lieu de
s'étonner des localisations primitives si fréquen¬
tes de la bacillosesur ces divers organes : pour ne
parler
que de
la plèvre, l'inflammation de cette membrane est, on le
sait, dans 85
0/0 des
cas,liée à la tuberculose, et elle est
aussi très souvent la manifestation
première de cette
maladie.
Pour la môme raison, on
s'expliquera facilement la
localisation du processus
tuberculeux
auxsynoviales articu¬
laires : les
synoviales,
eneffet, ont
unrôle analogue aux
séreuses; de même que
celles-ci facilitent le fonctionnement
des organes
qu'elles recouvrent, de même celles-là favorisent
lejeu des
articulations; d'ailleurs la structure des unes et des
autres est identique.
Mais là n'est pas
la question. La clinique nous montre
évidemment la fréquence des
arthrites tuberculeuses du
genou : les unes surviennentsur un
sujet très sain à l'occa¬
sion d'un traumatismeou detoute autrecause comme
lésion
primitive de l'infection,absolument
commele lupus, les
autres apparaissentsur un sujet
déjà malade, déjà envahi
par
le bacille de
Koch, commemanifestation secondaire de
l'empoisonnement général de l'organisme. Mais toutesles
arthrites bacillaires, toutes les tumeurs blanches, quelle que soit leur origine, sont-ellesjusticiables de la
synovectomie
?Evidemment non.
Iln'arriveraitjamais àunchirurgienl'idée
d'arthrectomiser
un genoucouvert de fistules lorsque
le stylet, pénétrant dans
les canaux formés parcelles-ci, est conduitsur uneextrémité
osseuse, dénudée, malade. La synovectomie
étant
pardéfini¬
tion une opération dans laquelleon
n'enlève
quelasynoviale
ou mieux,comme nous l'expliquons au
chapitre suivant,une opération
qui consiste à faire disparaître toutesles partiesmolles articulaires malades ; seules doivent rentrer dans le cadre d'unepareille intervention les affections tuberculeuses purement articulaires, dans lesquelles In
synoviale,
les par¬ties molles
(capsules,
ligaments, tissu conjonctifambiant)
sont uniquement intéressées.
Cescas-làexistent-ilsréellement? Dansl'affirmative,quelles
sontles variétés dont la description s'impose et quels sont
les moyens d'arriver à leur diagnostic? Ce dernier pointest d'une grandeimportance : car le chirurgien ne saurait se lancer impunémentdans une
opération économique
comme lasynovectomieque s'il ala certitude absolue d'avoir établiun diagnostic
impeccable;
dans le cas contraire, eneffet,
c'est-à-dire dans les cas où, se croyant en présence
d'une
forme de synovite fongueuse pure, ily aurait
des lésions
concomitantes des extrémités osseuses, il irait nécessaire¬
ment au-devant d'un échec, d'un insuccès à conséquences
parfois
fort graves.Ou bien la synovite tuberculeuse est-elle toujoursaccompa¬
gnée delésions de même nature dans les os?
Cette dernière opiniona été énergiquement soutenue, elle
a surtout trouvé d'ardents défenseurs depuis qu'on a
fait
dela moelle un organe moitié sanguin, moitié lymphatique, depuisque Neumann et Ranvier ont décrit dans la moelle
rougedes os des éléments cellulaires,des
médullocelles,pré¬
sentant la formeet les dimensions des globulesblancs de la
lympheet du sang,
depuis
que les recherches du professeur Lannelongue ontparu apporter une confirmationclinique
à cettethéorie.La tuberculoseosseuse etla tuberculose synoviale nesont donc qu'une manifestation de
l'infection
tuberculeuse del'appareil
lymphatique:
mais de làà conclure quela seconde est constamment liée a la première et à l'érigeren principe,il y a, semble-t-il, exagération. Sans doute leur coexistence est la règle; mais l'existencede la synovitepure, isolée, n'est pas uneexception excessivementrare : les faits
cliniques
le prouvent, et encore mieux les faitsanatomiques.
Pour le genou spécialement, chez les enfants, la tumeur blanche est, dans la très grande majoritédes cas, accompa¬
gnée de lésionsdes extrémités du fémur et du tibia ; chez
l'adulte,
lafréquence
relative des deux infections est moins grande. On aindiqué
une raison à cette différence: chez l'enfant,l'activité formatrice ou dedéveloppement
estsurtout concentrée au niveau du cartilage deconjugaison, et cette concentration favoriseraitla localisation bacillaireau niveau de cecartilage;
tandis quechez l'adulte, c'estsurtout lasyno¬vialequi joue un rôle dans la nutrition des éléments de la jointure.
Malgré tout,
d'après
le professeur Lannelongue, il restera toujours un doute sur les formes exclusivement synoviales tant qu'on n'aura pas fait des résectionsosseuses desépi- pliyses
suivant des tranches peuépaisses.
A la Société dechirurgie,
en 1888, dans une discussion restée célèbre, Lucas-Ghampionnière
émettaitun avis à peuprès
identique: «J'ai faitA fois la résection du genou, dit Kirmisson, et A fois lesosétaient sains ». — « Voilà qui m'étonne infiniment, répon¬
dit
Ghampionnière
; sur21 cas oùj'ai pratiqué cette opéra¬tion, 20 fois la tuberculose osseuse était certaine. »
Muller cependant a établi des statistiques qui semblent
échapper
à toute critiquesur lafréquence
relative de latuberculose
synoviale et de la tuberculose ostéale : il a sou¬
misà un très
minutieux examen 232 pièces de la collection
deKœnig
à la Clinique chirurgicale de Gœttingen, pièces
obtenues pour
la plupart de résections pratiquées par ce chi¬
rurgien. Ce
chiffre
serépartit comme il suit :
Le type
ostéal s'est rencontré 158 fois et le type synovial
46 fois. Ce dernier
existait seul, sans aucune participation
des os, ou
bien il
yavait de petites altérations osseuses
«sans aucun doute
secondaires». Dans 28cas il était douteux
si l'affectiondela
synoviale était primitive ou secondaire. Si
l'onveut ranger ces cas
douteux parmi les formes ostéales,
ce qui
donnerait 186 à 46, il reste encore 20 0/0 où la synoviale
a été atteinte
primitivement, tandis qu'en les négligeant
complètement,
ontrouve une proportion de 25 0/0.
Si onexamine l'âge
des malades chez lesquels on a obtenu
ces232
pièces,
ontrouve les chiffres suivants, dans lesquels
n'entrent pas 4 cas
de tuberculose des os chez des enfants
âgés
de
3anset au-dessous :
I)e 3 à i l ans, 50 affections osseuses,
21 afl'eclions synoviales.
De 14 à 30 ans, 65 —
18
—Apartirde30 ans,
39
—12
—Maintenant, suivant
qu'il s'agit du genou ou de la hanche,
on trouveune très
grande différence entre les deux formes
de tuberculose. Augenou,
les affections de la synoviale sont
relativement beaucoup
plus fréquentes
:sur 118 cas, les os
étaient atteints
primitivement 69 fois, la séreuse 33 fois, tan¬
dis que 16
fois le début était douteux; en faisant abstraction
de ces derniers, il reste 102 cas,
dont près d'un tiers se rap-
portan
t à I
asynovia 1
e.Ces tuberculoses
synoviales n'ont
pastoutes la même mar-
Genou.
Hanche Coude .
118 61 53
che, elles ne présentent pas non plus les mêmes lésions.
A cedouble point de vue clinique et
anatomique,
il semble qu'on peut les diviseren deux grandes catégories :La tuberculose aiguë de la synoviale.
La tuberculose chronique.
Cette dernière forme est la plus importante, la plus fré¬
quente et la mieux connue. On peut lui distinguer
à
sontour plusieurs variétés.La
première
de cesvariétés, c'est l'abcèsfroid articulaire,
si bien décrit parBonnet. Elle est caractérisée par samarche lente, indolente; son évolution est identique
à
celle du pus des abcès froidsordinaires; etcomme pour ceux-ci, lemême
traitement (ponctions répétées et injections
d'éther
iodo- formé) lui estapplicableet donne unsuccès
dans la plupartdes cas.
Cet abcès froid articulaire a un caractèreparticulier: il a
une tendance à percer la synovialeet à former des
fistules:
dans ces conditions, au bacille tuberculeux s'associent d'au¬
tres microbes
pyogènes
venant del'extérieur,
qui viennent changer les caractères de l'affection et modifier le pus. La présence de ces microbes ajoutés précipite le cours de latuberculose articulaire pure : l'apparition de suppuration
chaude dans l'articulation, la formation d'abcès périarticu- laires, la destruction des tissus sont les signes de cette inva¬
sion secondaire; les bords de la fistule deviennent bleuâtres, ulcérés, anfractueux, œdématiés. En môme temps les phéno¬
mènes généraux s'aggravent; on note de
la fièvre
avec exacerbations vespérales, de ladiarrhée,
un affaiblissement progressif. Puis des déformations surviennent dansl'articu¬
lation et le membre prend une direction vicieuse.
La même complication peut survenir dans la
deuxième
variété, lasynovite fongueuse primitive
:c'est celle
quel'on
rencontre leplus fréquemment, c'est celle aussi qui est
le plus
souvent associée à des lésions osseuses. Comme son nom
l'indique, elleestessentiellement
caractérisée
parla présencede fongosités.
La
synovite fongueuse
aété très bien étudiée par Chan-
delux
qui
en afait le sujet de sa thèse d'agrégation.
Au
point de
vuemicroscopique, d'après lui, on trouve dans
les
fongosités
dela synoviale trois variétés de nodules : a)
Lenodule embryonnaire, représentant le tubercule dans
sa forme la plus
élémentairè. 11 est composé de cellules
montrant une active
pullulation
surleur marge, tandis
qu'au centre
cescellules sont déjà envahies par les granula¬
tions degraisse
libre qui indiquent un degré de dégénéres¬
cenceavancée.
b)
Lefollicule de Ko
ster formé par une cellule géante à
prolongements
rameux,autour de laquelle sont étagées des
cellules
épithéliales, elles-mêmes entourées d'une auréole
inflammatoire dans
laquelle
seforment des follicules secon¬
daires: cette forme de
tuberculose est essentiellement dégé-
nérative et aboutit à la
production de grosses masses ca-
séeuses.
c) Le
nodule de Friedlander, qui a pour caractéristique
d'être isolédes follicules
voisins;
sabande dégénérative s'é¬
tend lentement. C'est la
plus torpide et la moins extensive
des formestuberculeuses;
c'est celle qui favorise le plus les
tendances
fibro-formatives des tissus et qui se prête le mieux
au processus
curatif.
Au point
de
vuede l'évolution des différents nodules,
Chandelux distingue :
la synovite à nodules embryonnaires
et confluents, la
synovite
avecnodules à tendance fibro-
caséeuse, et enfin
la synovite à éruption discrète et à très
lente extension.
Une troisièmeforme
de synovite bacillaire chronique a été
signalée
parKœnig
:c'est la synovite tubéreuse qui serait le
point
de départ de certains corps étrangers articulaires ;
ceux-ci, implantéssur
le tissu fibreux de la synoviale, ne se¬
raientautrechose que
des tubercules
envoie de dégénéres¬
cence.
Il faudrait encore
mettre
au rangde la tuberculose articu¬
laire ces arthrites
dans lesquelles
011trouve une hyperplasie
— 17 —
fibro-plastique
etgraisseusede lasynoviale.
Nicaise en arap¬porté unexempleen 1892.
Enfin, depuis que les recherches
anatomo-pathologigues
nous ont démontré l'identité de structure
histologique
des grains riziformes et des tuberculesbacillaires,
la synovite où se produisent ces formations doit également s'ajouterauxvariétés précédentes.
Toutes ces formes
chroniques (abcès
froid articulaire, synovite fongueuse primitive, synovite tubéreuse, synovite àhyperplasie fibro-plastique
et graisseuse, synovite à grainsriziformes),
toutes ces formeschroniques, disons-nous,
peu¬vent être absolument
indépendantes
de toutegénéralisation,
s'établir etévoluer d'une
façon
primitive.Il n'en est pas de même de la tuberculose articulaire aiguë.
Cette seconde forme
clinique
n'a pas de variétés. Elle a été décrite pour la première fois, en 1876, par Laveran, puis,en 1882, par Zanellis sous le nom de tuberculose articulaire confluente
galopante.
Depuis, denombreux exemples ont été publiéset elle a fait le sujet de la thèse de Chainorro(Paris, 1888).
C'est une forme rare et exclusivement articulaire, généra¬
lement elle est mono-articulaire et elle a une prédilection marquée pourle genou droit; elle coïncide rarementavecla synovite d'autres articulations. Ainsi, sur une statistique de 9cas on trouve :
4 cas, genou droit seul pris.
2 cas, genou gauche seul pris.
2 cas, genou et cou-de-pied.
1 cas, les deux*genoux.
Lescauses de cette affection
échappent
à toute investiga¬tion ; pourtant, l'étude des observations publiées nous la montre toujours commel'une des manifestationsde la tuber¬
culoseaiguë, et plus particulièrement dans le cours de la
A.-B.
2
— 18 —
bacillose des poumons
et du squelette
:jamais elle n'est pri¬
mitive etne reste une
tuberculose locale. Dans les cas de
coexistence de lésionsosseuses,
l'infection s'est faite à dis¬
tance: Chamorro relate
l'exemple de quatre malade posses¬
seurs, depuis
plusieurs mois'et même depuis plusieurs an¬
nées, d'unecarie
de la fourchette sternale.
Cette forme de
synovite est caractérisée essentiellement
par un
semis de granulations à la face interne de la syno¬
viale, par un
épanchement abondant et par des phénomènes
inflammatoires intenses : pour tous ces
caractères, elle a
reçu
diverses appellations : arthrite tuberculeuse aiguë,
granulie de la synoviale, tuberculose articulaire confluente
galopante. D'après Chamorro, il serait préférable de lui ré¬
server le nom
d'hydarthrose tuberculeuse aiguë : cette der¬
nière
appellation,
eneffet, aurait l'avantage d'indiquer à la
fois sa marche clinique et son
principal symptôme, l'épan-
chement.
Au point
de
vueanatomo-pathologique, 011 trouve un cer¬
tain
épaississement du tissu conjonctif sous-synovial qui est
en même temps
hypervascularisé, œdématié, mais sans pré¬
senter toutefois cet aspect
lardacé
propre auxvieilles tu¬
meurs blanches. La capsule, lesos,
les cartilages sont sains.
Les lésions
importantes siègent
surla synoviale; celle-ci
devient d'une
épaisseur qui peut dépasser 1 millimètre ; elle
est rouge,
congestionnée,
saface interne
aulieu d'être unie
est soulevée par
places
pardes granulations très abondantes
du volume d'une tête
d'épingle
oud'un grain de millet, exceptionnellement d'une lentille. L'évolution de ces granu¬
lationsne tarde pasà
être suivie d'épanchement;
engénéral,
la
quantité varie de 50 à 150
grammes ;cet épanchement ne
diffèrepas
microscopiquement de la synovie; il est jaunâtre,
filant, transparent,
il renferme toujours
unegrande propor¬
tion de fibrine, et,
d'après Kœnig,
unepartie de cette fibrine
donnerait lieu en se coagulant
à
laproduction de
corpsrizi-
forrnes.
Tels sont les
principaux caractères et les lésions des deux
— 19 -
formes bacillaires purement articulaires avecleurs variétés.
Un caractère qui leur est commun, c'est la possibilité des déviationsdu membre. L'établissement de ces déviations est très facile à comprendre: en effet, l'accumulation de fongo- sités, l'accumulation deliquide, de pus, de grains riziformes,
ontpour résultat d'augmenter la capacité articulaire; or, les expériences d'Albert,
répétées
et perfectionnées parM. le professeur Masse, ont montré quela capacité articulaire du genou est à son maximum lorsque la jambe est en demi- flexion ; par suite, le genou malade, distendu, aura une ten¬dance toute naturelle à seplacer dans cette position, pour éviter les douleurs intenses qu'occasionnerait la distension.
Letraitement des formes synoviales de tumeur blanche du genou par la synovectomie est soumis, on le comprend facilement, à la certitude du diagnostic. Celui de la forme aiguë est d'une difficulté extrême; cette affection n'a aucun caractère particulier qui permette d'affirmer sa nature, aussi nepeut-on que soupçonner son origine tuberculeuse.
Ses'signes physiques et fonctionnels sont ceux de toute ar¬
thrite aiguë ; rougeur et gonflement de la jointure, douleur et étatgénéral fébrile ; les seuls moyens de la reconnaître doivent être tirés des circonstances qui ont présidé à son éclosion.
Et pourtant il serait d'une bien grande utilité pour le ma¬
lade d'en faire le diagnostic,carelle a une marche très ra¬
pide et envahissante. Le liquide épanché se résorbe peu
à
peu et disparaît, mais la synoviale s'épaissitde plus en plus,
se recouvre de fongosités, et ces lésions ne tardent pas à êtresuivies d'altérations des os et des cartilages. Le traite¬
ment non sanglantne paraît pas bien efficace à arrêter cette
évolution;
aussi, faudrait-il pratiquer de bonne heure l'enlè¬vement de la partie malade, source des autres lésions, l'enlè¬
vementde la synoviale; la synovectomie serait donc bien
indiquée
dans ces cas, malheureusement leurdiagnostic est presqueimpossible.Toutes les variétéschroniques nesont pas non plus aisées
- 20 -
à reconnaître. Nous
n'insisterons
passur les divers
moyens
d'y arriver,
onles trouve dans tous les traités de
pathologie.
Pourtant, nous
indiquerons ici
unmoyen signalé par De-
lorme pour
distinguer l'hydarthrose des fongosités : « On
exerce sur la jointure une
compression énergique, une compression ouatée forcée. Tandis que Fépanchement de
l'hydarthrose simple disparaît en huit ou dix jours et qu'après
sa
disparition
on neconstate pour ainsi dire pas d'épaissis-
sement de la
synoviale
ouqu'un élargissement très léger, la
compression exercée pendant ce court laps de temps est
sans influence sur les
fongosités, et, quand l'arthrite fon¬
gueuse se
complique d'un épanchement qui rend le diagnos¬
ticincertain et douteux, la
disparition rapide de l'épanche-
ment
parla compression précise ce qui, dans le gonflement
del'article,
revient à l'épaississement synovial.
»Mais unefois le
diagnostic de tumeur blanche posé, le
point
le plus délicat, le plus important, c'est de s'assurer de
la non concomitance de
lésions
osseuses; or,il faut l'avouer,
les moyens
préconisés jusqu'à
cejour, recherche des points
douloureux,
percussion
surla rotule, percussion sur les ex¬
trémités osseuses, sont
bien souvent insuffisants, et même
lorsque
l'articulation est ouverte, on peut ne pas soupçonner
l'existenced'unou plusieurs
foyers
osseux, carceux-ci sont
souvent indépendants
de tout rapport
avecl'articulation,
sontséparés
des lésions synoviales et ligamenteuses de toute
l'épaisseur
du cartilage sain.
Aussi le chirurgien qui
pratique la synovectomie est-il
toujours
exposé à faire fausse route, à aller au-devant d'un
insuccès d'autant plus
probable
queles synovites tubercu¬
leusespures
sont très
rares, commeon l'a déjà vu, et dès
maintenanton peut
prévoir la supériorité d'une opération
plus radicale, la résection typique du genou.
CHAPITRE II
Traitement des formes
synoviales de
tumeur blanche du genou.Histoire de la Synovee-
tomie.
En présence d'une tumeur blanche du genou, on ne doit
pasoublier le principe indiqué par le professeur Lannelon-
guedans son livre sur la Goxotuberculose : « Il y a unejuste
mesureà garder entre la précipitation des chirurgiens qui opèrent prématurément, pour obéir à une règle formulée
d'avance et sans fondement, alors quela maladie peut gué¬
rir par la méthode conservatrice, et un atermoiement indé¬
fini qui fait attendre pour intervenir quela vie
soit
compro¬mise. »
L'éloge de la méthode conservatrice n'estpas
à
faire; toutle monde a obtenu d'elle des résultats excellents, parfois inespérés, et c'est par ellequ'il faut commencer.
Au traitement local doitse joindre un traitement général tonique et reconstituant; ce n'est pas
ici le
lieud'indiquer
tous les moyens préconisés pour relever et augmenter les
forces des tuberculeux, stimuler leur appétitet leur donner
del'embonpoint ; il nous suffit de dire
qu'il
a sonindication
dans lecas desynovite fongueuse du genou tout
aussi bien
que dans les casde tuberculose pulmonaire,
intestinale
ou autres.Le traitement local doit avoir pour effet de faire cesser le
spasme etl'atrophie musculaire, de
détruire
etde modifier
les tissus devenus pathologiques, de
rétablir la circulation,
— 22 -
decorriger les
déformations et
endernier lieu de restituer
les fonctions de l'articulation. Il faut donc
maintenir le
ma¬lade au lit, mettre le
membre malade dans
unappareil, une gouttière qui permette l'immobilisation absolue et qui pro¬
duise l'extension, électriser et masser
les muscles atrophiés
de la cuisse etde la jambe;
à
ces moyens, on enajoute d'au¬
tres : la compression en
première ligne, puis les simples
badigeonnages
à la teinture d'iode, la cautérisation ponctuée
souvent répétée,
les pointes de feu profondes avec crayons
d'iodoforme, l'applicationde topiques antiseptiques. Enfin
une mention spéciale
doit être réservée à la méthode préco¬
niséepar le
professeur Lannelongue, la méthode sclérogène,
les injections
modificatrices de chlorure de zinc ; les résul¬
tats éloignés en sont
des plus encourageants,
onpeut s'en
convaincre par la
lecture de la thèse de Mauclaire
;dans les
formesnon suppurées,
c'est
uneméthode rapide de traite¬
ment
qui donne
presquetoujours
unsuccès; dans les for¬
mes suppurées,
elle prépare le terrain
pourles interventions
sanglantes,
synovectomie
ourésection.
Mais tous ces moyens
ont été employés
sansrésultats
;la
tuberculose a
poursuivi
samarche envahissante et a
dépasséles limites de l'articulation pour s'étendre aux
bourses séreuses environnantes, au tissu
cellulaire, à la
peau ; le genou,
criblé de cicatrices, traces des pointes de
feu, est devenu
plus gonflé, les mouvements sont mainte¬
nant douloureuxsi toutefois ils existentencore.
Bien mieux,
les lésions viscéralesse sont elles-mêmes
aggravées et
sem¬blentmarcher de
pair
avecla progression des lésions arti¬
culaires.
Il ne reste plus
alors qu'un seul mode de traitement à
choisir, qu'un
seul vraiment rationnel
:faire disparaître le
mal au moyendu
couteau, à l'aide de la curette; le chirur¬
gien doit
recourir à la méthode sanglante s'il veut sauver la
vie et le membre deson malade déjà
affaibli
parplusieurs
mois d'immobilisation.
Pourtant, dans cette
forme où la synoviale est seule inté-
— 23 —
ressée, va-t-on sacrifier
l'articulation
enentier
avecl'extré¬
mité des deuxos, va-t-on faire du membre une tige osseuse, rigide, en un mot va-t-on
recourir d'emblée à la résection?
Poussés par un noble
esprit d'épargne, certains chirur¬
giens étrangers,
Volkmann surtout, ont fait connaître et ont
vanté, depuis quelques
années déjà,
uneopération plus éco¬
nomique et qui
donnerait de bons résultats, du moins
en théorie. Pourquoi enlever desparties
osseuses,si elles
ne sontpointmalades? Débarrasser le malade de
sasynoviale
ou de son articulation seule
puisqu'elle est seule malade,
enlever le mal et rien quele mal :
tel
estle but de la
svno- vectomie.Lasynovectomie ou
arthrectomie 'est donc née de l'insuffi¬
sance des méthodes non sanglantes
esquissées plus haut et
del'exagération apparente des
méthodes sanglantes précé¬
demment et encore employées,
telles
quela résection
ou l'amputation. Ni trop,ni
trop peu,rester dans les limites
exactes des lésions, faire le minimum de dégâts: telle est l'idée constante qui guide le chirurgien
dans le
courscle
l'opération.Avant de décrire son manuel opératoire, il est tout
d'abord
nécessaire de s'entendresur la signification exacte du mot
et d'en tracer brièvementl'historique.
On a employé
dans
cesderniers temps les mots arthrecto¬
mie et
synovectomie
; cesdeux mots sont-ils
synonymes ou bien serapportent-ils à des interventions différentes ?
Bœckel emploie
indistinctement l'un
oul'autre
:pourtant
il a une préférence pour
le dernier lorsque l'opération inté¬
resseuniquement
la synoviale, mais il dit
: «L'arthrectomie
estune
opération qui
a pourbut l'extirpation totale de la
synovialearticulaire dégénérée,
ycompris les ligaments
altérés. »
M. le professeur
Ollier
acréé l'appellation de synovectomie
etla
préfère à celle d'arthrectomie
«employée quelquefois et
qui moinsspéciale s'applique à l'ablation de l'articulation
tout entière, »
Verneuil se range à l'opinion
d'Ollier, et
pourlui le mot
arthrectomie est d'un choix peu heureux.
Pour nous, nouscroyons que
c'est purement
unequestion
de mots ; attacher
à la synovectomie et à l'arthrectomie deux
significationsdifférentes, c'est vouloir être
un peutrop sub¬
til. Pour enlever la
synoviale,
enconséquence
pourprati¬
quer
la synovectomie, il est de toute nécessité d'ouvrir la capsule articulaire et de
couperles ligaments
:aucune mé¬
thode, aucune
incision
nepermet de l'éviter. De plus, il est
évident qu'une
lésion tuberculeuse de la synoviale s'accom¬
pagnepresque
toujours d'une inflammation voisine plus
oumoins étendue et de même nature soit dans la capsule soit
dans les ligaments : il
faudra donc enlever cette partie de
tissus
pathologiques. D'ailleurs est-il possible d'isoler à
ce- pointla synoviale qu'on
nesacrifie
pas uneseule parcelle des
tissus voisins ?
Pour toutes ces raisons, nous
emploierons donc indiffé¬
remmentle motarthrectomie et le mot
synovectomie, tout
en donnantpourtant
la préférence à
cedernier,
car,le mot
arthrectomie, comme l'a fort bien dit
Verneuil,
«signifie
encoreplus
résection qu'extirpation de la synoviale.
»Historique. —Sans remonter à l'immortel
Hippocrate,
on est en droit de supposer que les Anciensavaient entrevu
sinon l'arthrectomie du moins la résection
partielle
ouatypique, puisqu'on lit dans Paul d'Egine
: «Si extremitas
ossisprope
articulum affectai fueri, ipsam
resecare opor- tet». Mais les résultats qu'on avaitobtenus étaienttellement
désastreux, qu'il faut
arriver à la période antiseptique
pour voir cetteopération de pratique assezcourante,
pour envoir
décrire nettementles indications et le manuel opératoire : l'histoire de la synovectomie est donc tout
à fait moderne,
contemporainemême.
A Volkmann en revient la paternité ; en 1873,
il
recom¬mande delaisser les extrémitésosseuses non malades et de n'enlever que les parties
articulaires pathologiques. Seule¬
ment il conseille cette méthode non pas spécialement pour le genou
chez l'adulte, mais
pourtoutes les articulations.
— 25 —
La pratique de Volkmann fut rapidement suivie en Alle¬
magne; il suffit de citer les noms de Dahlmann, Scliede, Scriba, Nussbaum, Albert, Hueter, Langenbeck, Kœnig; et
depuis
lors, la question fut mise à l'ordre dujour dans la plupart desCongrès de chirurgie allemands.Pour le genou en particulier, on apporta de nombreuses observations où l'on faisait ressortir les bons résultats apparents; et Kœnig, au 19° Congrès, s'écriait : « Je ne
comprends pas qu'on vienne discuter encore les bons résul¬
tats de
l'arthrectomie,
ces résultats sont évidents ». La plu¬part descaspubliésconcernaient desenfants,et dans le même Congrès,Petersenseprononçaitégalementcontrelarésection du genouchez eux et prônait l'arthrectomie.
Déjà, en 1887, Tilling en avait décrit la technique
complète
pour toutes lesjointures.
A son histoire se rattachent encore les noms de Sendler, Bartha, Frey, Neugenbauer, Krœnlein, Israël etWolff..
En Angleterre, l'opération s'implanta avec rapidité. En 1879, Marshall publia un cas d'arthrectomie du genou. Au Congrèsmédical de Liverpool, un chirurgien présenta deux beaux résultats; en 1885, Wrightten rapporte 15 cas, mais
avecdes résultats bien variés. Bryant fat un de ceux qui la prônèrent le plus dans un article intitulé : « Du
sacrifice
minimum desparties du corps
érigé
enprincipe de chirur¬
gie opératoire », s'appuyant sur des observations probantes
concernant la hanche, le coude et le genou.
Cependant, Heugston, ayant eu des casmalheureux, s'était fait une opinion opposée et ne trouvait pas encore en 1889 la question définitivement réglée ; à la même époquedans The Dublin Journalof médical science, Ardle, au contraire, van¬
tait l'arthrectomieet ajoutait que, dans beaucoup de cas, faite de bonne heure, elle remplace la résection.
Dans les autres pays étrangers, il faut citer encore Mu- gnari en Italie, Winiwarter en Belgique, Saxtorph en Dane¬
mark, Sayre en Amérique, Julliard et Soutter en Suisse, et enfin Bilroth etAlbert en Autriche.
- 2G —
Cependant,
il est utile de remarquer que personne ne s'est
occupé
d'une manière bien spéciale du genou et que, dans les
articles ou discussions
qui ont trait à l'arthrectomie dans
cettedernière articulation, on
n'a guère établi la distinction
entre l'enfant et l'adulte.
En France, la
question n'a
pas nonplus été laissée de côté.
En
publiant,
en1879,
sonarticle sur « Une nouvelle méthode
d'opération des tumeurs ou abrasion intra-articulaire ou
encore arthroxesis»,
Letiévant
serapprochait de l'interven¬
tion
préconisée
parVolkmann six années auparavant ; il
proposait d'attaquer par de larges incisions les fongosités de
la
synoviale et de les détruire radicalement en ayant tou¬
jours
devant les
yeux ceprincipe : « Enlever le mal, rien que
lemal ;
respecter
cequi est sain, tout ce qui est sain ». Et
ainsi,
d'après lui,
ondoit obtenir : 1° une économie pour
l'organisme
dans le travail de réparation -, 2° une adaptation
exacte des surfaces
articulaires laissées dans leurs rapports
normaux; 3° la
conservation plus complète des capsules
articulaires tégumenteuses
qui seront à peine intéressées;
4° une
précision dans les mouvements que les méthodes en
usage ne
donnent
pasgénéralement. Malheureusement pour
sa « Nouvelle méthode »,
Letiévant rapporte cinq observa¬
tions, dont une
seule est bien probante.
De
Laprade et Poinsot ont publié, peu de temps après, de
nouvellesobservations, et pource
dernier le manuel opéra¬
toirecomprend
trois temps
:1° ouverture large de l'articula¬
tion ; 21 raclage
des fongosités; 3° désinfection énergique
auchloruredezinc.Poinsot
insiste beaucoup
surcetroisième
temps,
qui nettoie les points où la curette ne peut pas péné¬
trer.
En 1882, le professeur
Lannelongue recommande les résec¬
tions
partielles et l'arthrectomie associée ou non aux lavages
avec le chlorure de zinc; en
1884, Bouilly publie plusieurs
cas favorables.
Ollier, soitdans son
Traité de résection, soit dans ses arti¬
cles sur « les
opérations conservatrices dans la tuberculose
articulaire », se montre peu partisan des résections atypi¬
ques et de l'arthrectomie, mais les conseille néanmoins chez l'enfant. En 1885, il écrivait : « Quant aux ablations totales de la synoviale, sans toucher aux os,
proposées
par KœnigetVolkmann, leur exécution rigoureuse est toujours difficile
et leur gravité nousparaît incontestable, au point de vue de
l'infectiongénérale, dans les cas de lésions manifestement tuberculeuses. Pour les formes moins avancées, cette clénu- dation des extrémitésosseuses pourra sans doute réussir;
maisnous préférons, chez les enfants, faire au genou des abrasions moins complètes, suivies de la cautérisation des
tissus suspects ». Quelques années plus tard, dans une note
sur la synovectomie dont il venait de créer le mot, il disait :
«Cette opération qu'on ne doit pas généraliser, est
appli¬
cable dans les casoù la synoviale est le
siège du
processus tuberculeux assez avancé. Parfois, en effet, les os sont intacts, tandis que la synoviale, en couche épaisse, estcriblée de petits foyers caséeux et purulents Avec l'isché¬
mie, l'anesthésieet
l'antisepsie,
avec des drainageslatéraux
etpostérieurs, cetteopération est bénigne et donne d'excel¬
lents résultats immédiats. Malheureusement les récidives sont fréquentes. C'est pourquoi on doitréserver cette opéra¬
tion pour le cas où la synoviale seule est malade. Quand les
épiphyses
sont envahies par des masses tuberculeuses, et surtout quand il s'agit d'adultes, la résection s'impose avec ses résultats magnifiques Dans les cas absolument limités à la synoviale, l'arthrectomie est très indiquée, la résection étant réservée aux cas où les os sont malades.L'arthrectomie est une opération relativement nouvelle, elle répond à certaines indications. Avant de l'adopter ou de la rejeter, voyons d'abord les résultatsqu'elle donne. »
En 1889, Bœckel. dans un mémoire lu à l'Académie de mé¬
decine, relate 12 observations personnelles de synovecto¬
mie ou d'ostéo-arthrectomie chez l'enfant et chez l'adulte, et
se déclare partisan de la résection: « Réservez la synovecto¬
mie, dit-il, chez les adultes, pour les cas où la