RÉSECTION INTESTINALE CHEZ LE PORC
III. — EFFETS COMPARÉS DE LA RÉSECTION
OU DE
L’EXCLUSION
FONCTIONNELLE D’UN SEGMENTJÉJUNAL
SELON
L’ÂGE
ET LE SEXEJ.-P. LAPLACE
C. GERMAIN
I.aboratoire de Physiologie de la Nutrition, Centre national de Recherches
zootechniques,
I. N. 12. A.,78350 jouy en Josas
RÉSUMÉ
Une étucte comparative des effets de la résection ou de l’exclusion fonctionnelle in situ
(fistule de Thiry-Vella) d’un segment jéjunal limité a été réalisée chez le Porc. Au total 60porcs de race I.I5t1’ge White, mâles castrés et femelles, ont été utilisés soit à partir d’un poids vif de 30kg (go jours
d’âge)
soit à partir de 60 kg( 14 6 jours).
A compter de ces deux stades, la croissancecorporelle et la consommation alimentaire de matière sèche de tous les porcs ont été enregistrées
durant i6 semaines. Au terme de cette période l’abattage des porcs a permis l’étude des mensu-
rations viscérales (foie, reins, estomac et intestins) et celle de la composition corporelle
(adiposité
des carcasses).
Les résultats recueillis confirment
qu’une
anse intestinale isolée du circuit digestif fait l’objet d’une véritable involution, et montrent que la transformation de l’intestin résiduel/fonc-tionnel n’est pas fondamentalement différente après ces 2interventions. Cependant, la croissance
corporelle des porcs soumis à exclusion fonctionnelle est considérablement ralentie par rapport à celle des
réséqués.
Cette différence globale s’accompagne après exclusion d’une ingestion sponta-née <l’aliment plus faible et d’une moins bonne utilisation de cet ingéré. De plus, les modifications de l’adiposité sont rigoureusement inverses de celles qui accompagnent la résection. Une quel-
conque influence de l’âge n’a pu être mise en évidence.
INTRODUCTION
L’isolement
fonctionnel £/1 situ d’unsegment digestif généralement
assezlong
est réalisé chez l’Homrne dans les cas d’obésité
pathologique (Mouu,É, ig 7 o)
afind’obtenir une
perte
depoids grâce
à la réductionimportante
de lacapacité digestive
fonctionnelle chez l’adulte ou l’adolescent
(B AB E R ,
HAYDEN etT HOMPSON ,
Ig73 ;D
ANO
, J ARNUM
et VAGNNlEI<SEN,
1973 ; PAYNE etaL.,
Ig73 ; SCOTT etGiL.,
1973 ;W
EISMANN
,
Ig73 ; CORSO etJOSEPH,
1974 F’IKRI etCASShI,I,A,
Ig7q. ;JUHI&dquo; QUAADE
et
B ADEN ,
1974;R A . NDOII > H ,
WI,INTRAU1; etRIGC, 1974 ).
Abstraction faite des effets secondairesmultiples,
tels quedéplétion électrolytique
grave(Kozior p , JAC
K
SON
etJOSEPH, 1975), hypersécrétion
acidegastrique (BucxwAI,D, C OYLE
etV
ARCO
, 1974 ),
troubleshépatiques (Bltow, 0’L,E ARY
etWOO DW A RD ,
1974; BUCH- wAr,D, LOBER etVA R CO,
1074 ;°’1,ÉA RY
etal., 1974 ) etc., qui peuvent
éventuelle- ment nécessiter la restauration del’intégrité
fonctionnelle du tubedigestif,
un telisolement fonctionnel s’avère
capable
d’induire uneperte
depoids spectaculaire.
On sait
pourtant
que l’intestin fonctionnel resté enplace après
un isolement in situ(anse
en Y ou anse totalement isolée abouchée à lapeau) développe,
à l’instar del’intestin
grêle
résiduelaprès résection,
les mêmes transformationsmorphologiques (NYGAA
R
D, 1967 ;
RODGERS etBOCHEN E K,
Ig70 ;GLEESON, CUI,LI;N
etDO WLIN G,
Ig72
; GRENIER et
al., I g74).
Toutefois aucunehypertrophie compensatrice
de l’intes-tin en
place
n’est constatée chez le Chienaprès
court-circuitjéjuno-iléal,
mais dansce cas la mort survient au bout
d’environ 5 mois,
alors que la résection d’un terri- toirehomologue permet après
6 mois la stabilisation à unpoids
viféquivalent
à8
0p. 100 de la normale
(Box D A R
etPiSESKY, I g67).
Il semble donc que pourl’orga-
nisme l’exclusion fonctionnelle et la résection d’un même
segment
intestinal n’aient pas desconséquences
totalementsuperposables.
Le Porc constituant selon BONDAR et PISESKY( 19 6 7 )
un animalexpérimental
de choix pour l’étude de cesproblèmes,
nous avons
procédé
dans cetteespèce
à une étudecomparative
des effets de ces deuxinterventions en choisissant de n’enlever ou exclure
qu’un segment
trèslimité,
ne faisant
l’objet
d’aucunespécificité
fonctionnelle reconnue, et dont on sait par ailleurs que la résectionpermet
une croissancesomatique analogue
à celle des témoins(L APLACË
,
1975a).
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
I. - 5cT7é>raa
<’A’/!’!6’!f7/
Au total 60 porcs de race Large White ont été utilises. Ces porcs se répartissent en 2 classes
de poids vif-âge nettement distincts, dénommées classe 30kg-oo j et classe 60kg-q6 j. Les 30 porcs de chaque classe sont affectés au hasard aux 3 groupes expérimentaux dits témoin, réséqué et porteur d’anse isolée. Chacun de ces groupes est constitue (le males castrés et de 5 femelles.
Les âges et poids vifs moyens caractéristiques de chacun des sous-groupes au premier jour de l’expérience, précisés dans le tableau i, sont analogues .w sein d’une même classe. La durée totale de l’expérimentation est de t6 semaines.
2
. - F!;il)etiC),l (1,>S CLI777)lCll-f.r
Pour les porcs opérés (résection ou anse isolée), l’intervention est précédée d’une diète de 2
-1 h avec eau il wolonté, et suiv-ic d’un jeûne total de 2-1h, inclus clans la période expérimentale.
Les porcs témoins ne reçoivent qu’une demi-ration alimentaire au cours des 3
premiers
jours expérimentaux Par la suite, tous les porcs, héberges en loge individuelle, ont été alimentés ad libitum avec un aliment standard de croissance identique il celui dont la valeur nutritionnellea été antérieurement précisée (LAPLACE, i q7<>) L’aliment est fourni sous forme de soupe liquide
assurant l’abreu;ei1Jcnt, en l’absence <lcs abrcuvoirs autolnatiql1cs supprimés pour éviter le grattage des cutérostomics.
3. - l,rs op<&dquo;rafinnx
Les conditions générales (les interventions chirurgicales sont
identiques
c1 cottes antérieu- rement utilisées (LAPLACE, ig7o a; LAPLACE, 1975a).
Le segment intestinal dejéjunum
distalconcerné par la résection ou l’exclusion fonctionnelle, est délimité selon le processus précédetnro.en.t défini (LAPLACE, 1976).
La résection consiste en l’ablation complète du segment ainsi choisi. L’exclusion fonction- nelle est réalisée par montage de ce même territoire jéjunal en anse isolée (fistule de Thiry et Vella) avec double entérostomie dans le creux du flanc droit (L nrr.ncE, LACHAND et MASSON, i
971
). La continuité de l’intestin résiduel fonctionnel est restaurée dans tous les cas par anasto-
mose termino-terminale.
Le segment
digestif réséqué
ou exclu (4m) représente environ 25 p. 100de la longueur totalede l’intestin grêle.
q. - Les C011tJ’()/CS firr- et
post-opératoiles
La consommation alimentaire effective de matière sèche est mesurée quotidiennement pour
chaque porc. La croissance corporelle est contrôlée par pesée hebdomadaire des animaux. Leur
performance de croissance est exprimée par l’indice de consommation (coîit alimentaire du kg
de gain de poids vif dans la période étudiée).
_lprès abattage des porcs, le foie (sans vésicule biliaire) et les reins sont pesés. Le tractus digestif,
prélevé
aussitôt, fait l’objet de mensurations de longueur puis, après évacuation complètedes contenus, de poids de tissu frais, selon la méthodologie initialement
dévcloppée
chez le Lapin (Lrüns et Lnl.ncE, i97=) et le protocole d’analyse précédemment utilisé(expérience
B, LAPLACE,1975 a). _
La carcasse des animaux est soumise, après découpe parisienne, aux mensurations classiques (épaisseur de lard, poids des morceaux constitutifs de la carcasse). La densité du Rein de Porc >
(longe et bardière avant leur séparation) est calculée, selon le principe d’Archimède, à partir de
son poids brut et de son poids apparent en immersion, mesuré seLu la technique de 1)1smoumN (
’ () 70
). Cette densité pcrmet de caractériser le degré d’adiposité des carcasses (DESMOULix et 130CIwO
X
, ic)7I).
5
. - Calculs et analyses
statistiques
La valeur moyenne, avec
écart-type
de la moyenne de chaque mesure, a été calculée pourchaque groupe expérimental
(mêmes
classes de poids, sexe et traitement). Les comparaisonsentre moyennes ont été effectuées avec le test t de Student. Parallèlement, l’ensemble des données recueillies a fait
l’objet
d’analyses sur ordinateur(IBM
360-50) : analyse de variance factorielle(programme
AVFAC (1)) et analyse de covariance multivariate (programme COVAR (1)).RÉSULTATS
. I. - Croissance
corporelle
et consommation atimezztazyeL’analyse
de variance factorielle identifie deux sources de variationsignifica-
tive du
poids
àl’abattage
des animaux :l’une, évidente,
concerne la classed’âge-
poids (F
=66, 07 6
-seuil 99
p.I oo),
l’autre le traitementexpérimental (F
= 3,q.ai- seuil
95
p.100 ).
Mais ce dernier effet n’est selon le test de Studentsignificatif
que dans la classe 3o
kg-go j,
et se traduit par unpoids
vif(tabl. 2 )
desporteurs
d’anse isolée considérablement moindre(P
<o,o 5 )
que celui des témoins ouréséqués.
Le
gain
depoids
vif réalisé en 16semaines,
du même ordre degrandeur
pour les porcs des 2classes,
variesignificativement
en fonction du sexe(F = 4 , 21 8
- seuil95
p.100 )
et du traitementexpérimental (F
= 3,520 - seuil95
p.100 ). Toutefois,
là encore, selon les
comparaisons
des moyennes au sein dechaque classe,
ces deuxeffets ne sont pas
significatifs
dans la classe 60kg-i 4 6 jours.
Les porcs soumis à exclusion fonctionnelle àl’âge
de 90jours présentent
ungain
depoids
vif très infé-rieur à celui des autres groupes
(tabl. 2 ).
Globalement,
la variabilité des consommations alimentaires(tabl. 2 ) répond
aux effets de la classe
d’âge-poids (F
=29 , 30 6
- seuil 99 p.100 )
et du sexe desanimaux
(F
=6, 0 8 7
- seuil95
p.100 ). L’influence
du traitementexpérimental
reste non
significative
selonl’analyse
de varianceglobale. Pourtant,
dans la seuleclasse 3o
kg-go j,
lacomparaison
des consommations moyennes montre que lesporteurs
d’anse isolée ontingéré
unequantité
de matière sèchesignificativement plus
faible que les 2 autres groupes de porcs(P
< 0,10 ou P < 0,05 selon que lacomparaison
concerne les mâles castrés ou les femelles etqu’elle
est effectuée parrapport
aux témoins ou auxréséqués).
Les indices de consommation(tabl. 2 )
diffèrenttrès
significativement
selon la classed’âge-poids
considérée(F
=8 3 ,5 09
- seuil99 p.
100 ). L’analyse
de variance identifie en outre une interactionsignificative
(seuil 95
p.100 )
entre traitementexpérimental
et classed’âge-poids.
Onnote,
parailleurs,
dans le cas de la seule classe 30kg-go jours,
que l’indice de consommation des femellesporteuses
d’une anse isolée estsignificativement plus
médiocre que celui des femellesréséquées (P
<o,io)
et des femelles témoins(P
<o,o!).
2
. -
Composition corporelle
ctadiposité
Les variations entre groupes du
poids
moyen de la carcasse ou des divers mor-ceaux
qui
laconstituent, reflètent, indépendmntnent
de l’effet de la classed’âge-poids,
l’infériorité des
poids
mesurés pour les carcasses de porcs à anse isolée. Par ailleurs l’effet du sexe,significatif
pour labardière,
la panne et l’ensemblepoitrine-hachage, implique
dans tous les cas despoids
de ces morceauxplus
faibles chez les femelles que chez les mâles castrés. Les résultatscorrespondants
del’analyse
de variance factorielle sontapportés
dans le tableau 3. Pour cequi
concerne l’effet du traitementexpérimental,
l’absence d’anomalie derépartition
des massescorporelles
est confir-mée par
l’analogie
despoids
pour les 3 groupesaprès ajustement
en fonction dupoids
vif(analyses
de covariance au sein d’une même classe et d’un mêmesexe).
Les
mesuresd’épaisseur
du lardpratiquées
au niveau durein,
du dos et du cou, ne font selonl’analyse
de variance que confirmer(seuil
go p.100 )
l’effet du facteur classe depoids
initial et celuiclassique
du facteur sexe,précédemment
identifiéspour le
poids
de la bardière.En
cequi
concerne lepoids
brut(dans l’air)
et lepoids apparent (en immersion)
du « Rein de Porc
» (fig. i),
l’influence de la classe<i’âge-poids
initial estsignificative
pour le seul
poids
brut(F = 6 7 , 323 --
seuil 99 p.roo) ;
l’influence du sexe estsigni-
ficative pour ces 2 mesures
(poids
brutplus faible,
F =404 8 3
- seuil 95 p. 100, etpoids apparent plus élevé,
F = 24,999 - seuil gg p. 100, pour lesfemelles) ;
l’influence
opératoire
n’estsignificative (F’ =
3,723 - seuil 95 p.100 )
que pour lepoids brut,
etcorrespond
encore à unpoids
faible du « Rein de Porc &dquo; chez lesporteurs
d’anse isolée.
La
densité moyenne du « Rein de Porc », calculée pourchaque
grouped’après
ces
données,
estexprimée
dans lafigure
i. Toutecomparaison
entre animaux des2 classes est évidemment
exclue,
en raison de l’évolution de la densitécorporelle
en fonction de
l’âge
et dupoids
des porcs(DES lVIO ULI&dquo;,&dquo;
etBOURDON, 1971 ).
La compa- raison des densités de la classe 60kg- 14 6 jours
montre l’absence d’effetopératoire significatif,
et l’existence chez les seules femellesréséquées
d’uneadiposité signifi-
cativement
plus
faible(P
<0 , 05 )
que chez les mâles castrésréséqués.
Dans la classe3
o
kg-go jours,
l’effet sexe(moindre adiposité
desfemelles)
est constant pour les 3groupes : témoins et
réséqués (P
<0 , 05 )
ou porcs à anse isolée(P
<o,io).
Deplus,
chez les seuls mâlescastrés,
lesporteurs
d’anse isolée ont uneadiposité signifi-
cativement
plus
faible que lesréséqués (P
<o,io)
ou témoins(P
<0 , 05 ).
Cescomparaisons
restentcritiquables
étant donné les différences depoids
des porcs au sein d’une même classe. Bienqu’également critiquable, l’analyse
de covariancepeut
être
appliquée
à ces données(tabl. 4 )
en raison de la corrélation constammentsigni-
ficative
(P
<o,or)
observée entre densité du « Rein de porc » etpoids
vif des ani- maux, et ses résultats confrontés à ceux que fournitl’analyse
durapport pondéral longe/bardière (fig. 2 ).
Ces diversesapproches
montrent sansambiguïté
la moindreadiposité
des femelles parrapport
aux mâles castrésquelles
que soient la classe depoids
àl’opération
oul’opération
subie. Pour l’effetopératoire,
la convergence des2
approches
montre que chez les mâles castrésl’adiposité
desréséqués
ne diffèrepas de celle des
témoins,
mais que celle des porcs à anse isolée estsignificativement plus
faible. Ilapparaît
aussi que !hez lesfemelles, l’adiposité
desréséquées
estsigni-
ficativement
plus
faible que celle des témoins cequi
n’est pas le cas pour les femellesportant
une anse isolée. A noter toutefois que selon lerapport longe/bardière,
cettedernière
proposition
n’est vérifiée que pour la classe 60kg-r 4 6 jours.
3
. - Meiisuratioiis viscérales
Le
poids
dufoie
et celui des reins ne sontl’objet
d’aucune variation liée à uneffet
opératoire
ou sexuel. La différence de cespoids
entre les porcs des 2 classescorrespond
à l’étroite liaison de la croissance de ces 2 viscères et de la croissancecorporelle globale.
De même les variations au sein d’une même classe sont strictement corrélatives desparticularités
depoids
vif des porcs, ainsi que le démontrel’analyse
de covariance. De la même
façon,
l’effetopératoire significatif
pour lepoids
del’estomac
(F
= 3,373 - seuil95
p.ioo), plus
faible chez les porcs à anseisolée,
en
particulier
dans la classe 30kg-go j,
est directement corrélatif dupoids
vifplus
faible de ces porcs selon
l’analyse
de covariance.La
longueur
totale de l’intestinest
soumise à 2 effetssignificatifs :
l’effetde la classe
d’âge-poids
initial(F = 5,177 -
seuil95
p.ioo)
et l’effetopératoire (F’
=5 0 , 30; )
- seuil 99 p.ioo).
Ce dernier traduit le raccourcissement lié à la résec- tion ou à l’exclusion de 4 ni dejéjunum,
que l’on considère ou non pour ce derniercas le seul intestin
grêle
fonctionnel. Lacomparaison
directe des moyennes des divers groupesexpérimentaux (tabl. 5 )
montre du reste, au sein de chacune des classesd’âge-poids,
que l’intestingrêle
totalprésent
chez unporteur
d’anse isolée(fonction-
nel
-f- anse)
restesignificativement plus
court que celui d’un témoin(P
< 0,05 pour le groupe 30kg-go jours
et P < 0,10 pour le groupe 60kg- 14 6 jours) ;
l’écartentre les
longueurs
totales d’intestingrêle
desréséqués
et des témoins est encoreplus important (P
< o,oi dans les 2 classesd’âge-poids).
I)e fait leslongueurs
totales d’intestin
grêle fonctionnel
desporteurs
d’anse isolée et desréséqués (tabl. 5 )
ne diffèrent
jamais significativement
àl’exception
du cas des femelles à anse isoléede la classe 60
kg- y 6 jours
pourlesquelles
l’intestingrêle
fonctionnel estplus
courtque chez les femelles
réséquées
de la même classe(P
<o,io). Enfin,
les anses isoléesconfectionnées avec un
segment jéjunal
de .1 m ont subi au cours des 16 semainespost-opératoires
un raccourcissement considérable de l’o:dre de 40 p. 100(tabl. 6).
Il subsiste
cependant
une différence trèssignificative, quels
que soient le sexe ou la classed’âge-poids,
entre lalongueur
totale d’intestingrêle présente
dansl’organisme
et la
longueur
fonctionnelle de ce viscère che-r, les animauxporteurs
d’une anse isolée.En ce
qui
concerne enfin le territoirecœco-colique,
lalon g ncur
du côlon laéLicoïdal diffère selon la classed’âge-poids (F
---- 4,529 - seuilc!!
p.100 )
mais aussi selon le sexe(F = 6, 3 6 2
- seuil c!! p.ioo),
cesegment
étantplus
court chez lesfemelles,
en
particulier
chez cellesportant
une anse isolée(Y
<o,o!)
au sein de la classe 30kg-go jours.
Le
poids
total de tissu frais d’intestingrêle (tabl. 5 )
nefait,
selonl’analyse
devariance
globale, l’objet
d’aucune variationsignificative.
Au sein de chacune des2
classes,
en ne considérant que l’intestin fonctionnel dans le cas des porcs à anseisolée,
on constate encore pour un même sexe l’absence de différencesignificative
par
rapport
aupoids enregistré
pour les témoins ou lesréséqués.
Lesanalyses
decovariance confirment l’absence de différence
significative
liée au sexe dans lesgroupes
opératoires,
ou de différence entreopérés
au sein des 2 groupes sexuels.I,a
recherche de la localisation des modifications de l’intestinrésiduel/fonctionnel
ches les
opérés
parrapport
à l’intestin entier destémoins,
montre à côté d’un effetsexe
(poids
de duodénumplus
élevé chez les mâlescastrés,
F =6,6 95
- seuil95
p.100 )
confirmé en covariance chez les seuls porcs à anse isolée(F
=3 ,q6o
-seuil
0 , 07 8),
que lejéjunum
et l’iléon sont lesiège
d’uneaugmentation
depoids
detissu : cette
hypertrophie compensatrice
estsignificative
pour lejéjunum résiduel/-
fonctionnel des femelles
après
résection ou exclusion(F
=3 , 3 8 2
- seuil0 , 049 ) ;
elle l’est aussi pour l’iléon des 2
types d’opérés,
tant chez les mâles castrés(F = 6, 7 66
- seuil
0 , 00 ;))
que chez les femelles(F
= 10,103 - seuil0 , 001 ). I,e poids
de tissufrais des anses isolées
(tabl. 6)
est considérablementplus
faible que celui dusegment
intestinalhomologue
chez les porcstémoins, quels
que soient le sexe ou la classed’âge-poids
initial. On note deplus
dans la classe 6okg- 14 6 jours
que lepoids
del’anse isolée est
significativement (P
<0 , 05 ) plus
faible chez les femelles que chez les mâles castrés.Le
poids
de tissu frais du grosiJltCStz:11,
ou du caecum et du côlon hélicoïdalconsidérés isolément
(tabl. 7 ),
variesignificativement
en fonction de la classed’âge- poids initial,
et du sexe(F
=8, 4 og
et F = lz,35°- seuils 99p.ioo),
le gros intestin étantplus
lourd chez les mâles castrés. Cet effet sexuel est aboli chez les 2types d’opérés
de la classe 30kg-go jours,
et chez lesréséqués
de la classe 60kg- 14 6 jours.
Les
effets strictementopératoires
sont limités au caecum dans la classe 30kg-go jours,
plus
lourd(P
<o,o 5 )
chez lesréséqués
que chez les 2 autres groupes, et au côlonhélicoïdal chez les seules femelles dans la classe 6o
kg-r 4 6 jours (P
<0 , 10 ).
Maisl’hypertrophie
caecale n’est confirmée parl’analyse
de covariance(F = 2 ,8 71 -
seuil
0 , 073 ) qu’après
résection et chez les seules femelles. Larépartition
des massesdigestives
16 semainesaprès opération, exprimée
par lerapport pondéral
intestingrêle/gros intestin,
resteinchangée
chez les porcs à anseisolée ;
la valeur durapport
est
systématiquement
réduite chez lesréséqués,
mais cette différence n’estsignifi-
cative
(P
<o,io)
que chez les femelles de la classe 30kg- 90 jours ( I , II
contre1 , 3 8).
La densité linéaire de l’intestin
grêle
total(tabl. 8)
fait exclusivementl’objet
de variations liées aux traitements
opératoires (F
=4 ,8 2 i
- seuilgj
p.100 ),
confir-mées dans des conditions
d’ajustement (analyse
decovariance).
Dans le cas de laclasse 30
kg-go jours,
la densité linéaire de l’intestinrésiduel/fonctionnel
desréséqués
et
porteurs
d’anse isolée estsystématiquement plus
élevée(P
<0 , 05 )
que celleenregistrée
pour les témoins. Dans le cas de la classe 60kg- 14 6 jours,
les 3 groupes de mâles castrés ont des densités linéaires nonsignificativement différentes, cependant
que chez les femelles la densité linéaire est pour les
réséquées
trèssupérieure (P
<o,o!)
à celle
enregistrée
pour les 2 autresgroupes.Ces
effetsopératoires
concernentplus particulièrement
lejéjunum (F = 4 ,o8q
- seuil95
p.100 )
en amont du site de larésection v.s. exclusion et
plus
encore l’iléon(F
=2 i,g 4 6
- seuil 99 p.ioo)
enaval de celui-ci
(fig. 3 ).
On notecependant
dans la classe 30kg-go jours
que chez les mâles castrésporteurs
d’une anse isolée cephénomène d’hypertrophie
compen- satrice reste modéré parrapport
à celuiqui
est constaté pour lesréséqués
du mêmegroupe sexuel. Dans la classe 60
kg-r 4 6 jours,
seul l’iléon est véritablementhyper- trophié,
notamment chez les mâles castrés.Enfin, l’atrophie
considérable dusegment jéjunal
distal isolé du circuitdigestif
estsystématiquement
constatée. Au niveau du gros intestin estenregistrée
exclusivement unehypertrophie
caecaleaprès
résectionchez les porcs de la classe 30
kg-go jours.
DISCUSSION
i. - Cronssance et consommation aÜmel1!aire
Des résultats
recueillis,
il ressort que les porcs à anse isolée offrentsystémati-
quement
une consommation alimentaire moyennequotidienne
de matière sècheplus
faible,
un indice de consommationplus mauvais,
ungain
depoids
vif moyen quo- tidien et unpoids
vifd’abattage plus
faibles que ceux de leurscongénères
témoins ouréséqués.
Al’inverse,
la résection d’une même étendue du même territoire intestinalconduit à des
performances
en touspoints analogues
à celles observées chez les porcs témoins. Parrapport
à la netteté de cesrésultats,
en défaveur de l’exclusion parrapport
à larésection, qui
ne concernentqu’un segment
limité d’intestingrêle
chez nos porcs, il faut
rappeler
que, chez deschiens, KxrMEv,
Li!-;-NTr,,R et N!t,soV( 1954
) observent, après
réalisation d’une fistule deThiry-Vella
d’unelongueur
de50ou 70p. 100 de l’intestin
grêle total,
despertes
depoids
d’autantplus importantes
voire
irréversibles,
que lesegment
isolé estplus
distal.Malheureusement,
le mêmeauteur n’a pas réalisé de résections
homologues permettant
unecomparaison
directe.Mais la
comparaison
réelle laplus spectaculaire
des effetsrespectifs
de la résection et du court-circuit de 80 p. 100 de l’intestingrêle
chez le Chien a étéapportée
par BonDnR et PISESKY( 19 6 7 ) : après résection,
les chiensprésentent
unerégression progressive
de la diarrhée et de laperte
depoids,
alors que le court-circuit les conduitassez
rapidement
à la mort si ce territoire exclu n’est pas lui-mêmeréséqué.
Faceà cette
opposition
d’effets des 2 interventionscomparées,
deuxhypothèses peuvent
être
envisagées :
soitl’adaptation
de l’intestin résiduel estlargement différente,
soit existent dans l’un des 2 cas des modifications neuro-humorales oumétaboliques particulières.
Cette différence de
développement corporel
n’estcependant significative
que chez les porcs de la classe 30kg-go jours.
On nepeut
en déduire seulement que lagravité
de l’actechirurgical
décroît avecl’âge,
ou que lejeune
animal est un meilleurréactif en
chirurgie expérimentale (THOMPSOa, BONTA, Ct,n’rwoRTH y , 1955).
Lalongueur
intestinaleréséquée
ou exclueayant
été la même dans les 2classes de porcs, cettelongueur
est en valeur relative moindre chez les porcs lesplus âgés compte
tenu de la croissance
digestive
normale(LAP LA CE,
Io70b ; LoEiéi 0E i«
etKOC H , 1 070 ).
Ainsi la modestie des effets constatés chez les porcs
opérés
à 60kg pourrait
aussicorrespondre
à la réduction relativement moindre de lacapacité digestive
fonction-nelle.
Si l’on considère les consommations alimentaires des divers groupes de porcs
opérés
à 30kg,
onpeut
constater que la différence entre mâles castrés et femelles témoins est réduiteaprès résection,
par relèvement relatif de la consommation desfemelles,
ainsiqu’il
a été antérieurement constaté(L APL ACE, 1975 cr).
Parcontre,
la consommation d’aliment desporteurs
d’anse isolée des 2 sexes estréduite,
enaccord avec les observations de KmG et al.
( 1974 ) après
court-circuitjéjuno-iléal
chez l’homme. A cet effet
s’ajoute,
toutparticulièrement
chez lesfemelles,
unedétérioration de l’indice de
consommation, qui
montrequ’à
une sous-consommation alimentaires’ajoute
lors d’exclusion fonctionnelle une moins bonne utilisation de l’alimentingéré.
2
. -
Composition corporelle
Si l’on examine la
répartition
des densités moyennesreprésentatives
dechaque
groupe de porcs dans un
système d’abaques,
il est àsouligner
pour les témoins mâlescastrés,
lesréséquées
femelles et lesréséqués
mâles castrés que ces densités moyennesse situent
approximativement
sur uneligne
d’isodensité pour les porcsopérés
à3
o et à 60
kg, malgré
la différence despoids
vifs moyensd’abattage (écarts
de respec- tivement2 8- 27
et 31kg).
Les porcs de ces groupesopérés
à 60kg
ne sont donc pasplus adipeux (en
termes dedensité)
que ceux mis enexpérience
à 3okg, quoique
plus
lourds etayant
consommémalgré
leurâge
le même aliment de croissance.Ce
phénomène, déjà
curieux pour les porcstémoins,
ne l’est pas moins pour les porcsréséqués
pourlesquels
l’ablation intestinale à 60kg
est relativement moinsimpor-
tante
qu’à
30kg.
Par contre, pour les femelles témoins(écart
entre les groupes 30kg-6o kg :
28kg
lors del’abattage),
lesporteurs
d’anse isolée mâles castrés(écart
45
kg)
et femelles(écart
40kg)
la densité estplus
faible doncl’adiposité plus grande
pour les porcs
plus âgés,
cequi
concorde avec les données de DESMOULINet BOURDON( 1971
).
Cet examen montre combien il estdangereux
de tenter unecomparaison
entre des animaux de
poids
très différents.L’appel
auxanalyses
de covariance avecrecoupement
par les valeurs durapport longe/bardière permet
d’affirmer la moindreadiposité
des femelles parrapport
aux mâles castrés dans tous les groupesopératoires.
Par ailleurs la
comparaison
des 3 traitementsopératoires
au sein dechaque
groupe sexuel montre que la résection conduit à une moindreadiposité
chez les femelles mais pas chez les mâlescastrés,
cequi
confirme deprécédents
résultats(LAPLACE, 1975 a).
Al’inverse,
l’exclusion intestinale conduit à une moindreadiposité
chezles mâles castrés et non chez les femelles. Sur ce
plan
encore, les effets des 2 inter- ventions sont donc diamétralementopposés.
3
. -
Morphologie
viscéraleAu-delà de l’imbrication des effets
opératoires
etsexuels,
lespremiers
étantnuancés en fonction des
seconds,
il estremarquable
que lesréséqués
comme lesporcs à anse isolée
disposent
d’unpoids
total de tissu fonctionnelanalogue
à celuimesuré chez les
témoins,
endépit
del’importante
différence delongueur
de cetintestin fonctionnel. Cette
compensation
de masse tissulaire est doncbien, compte
tenu du
poids
vif des animaux et ainsi que le démontrent lesanalyses
decovariance, analogue
au niveau de l’intestinrésiduel/fonctionnel après
résection ou exclusiond’un même territoire. Cette constatation
rejoint
celle de divers auteurs bien que ces derniers aient souventcomparé
les effets d’une résection à ceux d’uncourt-circuit, sujets
à caution dans la mesure où un reflux de contenusdigestifs
dans celui-ci esttoujours possible.
Mais NVGAARD( 19 6 7 )
constate chez le Ratl’identité,
pour tous lesparamètres contrôlés,
des effets d’une résection ou du court-circuit soit des 75 p. 100proximaux,
soit des 50 p. 100 médians de l’intestingrêle.
Cette identité d’effets vis-à-vis de l’intestin resté enplace
est encore confirmée par RODGERS et BOCHENE
K
( 1970 ),
comme parG LE E SON , C ULLEN
et DOWLING( 1972 ) qui
ont réaliséchez le Rat des fistules de
Thiry-Vella.
Au
plan
de la localisation de cet accroissementpondéral,
on note encore que l’iléon est le territoire leplus
concerné en accord avec les résultats antérieursL
APLACE
,
1975a).
Uneanalyse
de covariance tenantcompte
à la fois dupoids
vif desporcs et de la
longueur
dessegments
intestinaux(bien
que celle-ci ne fasse indivi- duellementl’objet
d’aucune différencesignificative) apporte
une observationcomplé-
mentaire. Dans ces conditions la
supériorité
dupoids
d’iléon desopérés
parrapport
aux témoins est constatée pour les 2 sexes alors
qu’elle
ne l’est que chez les femelles dans une covariance àpoids
vifégal.
Ce fait confirme(L APLACE , 1975 a) qu’une
variation de
longueur
nonsignificative
en elle-mêmeimplique
une variation nonnégligeable
dupoids
de tissu intestinal. Deplus, toujours
en covariance à 2 cova-riables,
lepoids
dejéjunum
desopérés
estsupérieur
à celui des témoins dans le casdes seules femelles. Ces
quelques
observationssoulignent
une fois deplus
que lacompensation
de masse tissulaire estplus importante
chez les femelles que chez les mâles castrés.Enfin,
l’accroissementpondéral
du gros intestinaprès
résection ouexclusion,
commel’hypertrophie
caecaleaprès résection,
fontpratiquement
défautchez les porcs les
plus âgés.
Cetteparticularité
estprobablement
à rattacherà l’étendue relative moindre de la résection ou exclusion
pratiquée
chezceux-ci,
ce
qui
conduirait à étendre au gros intestin la conclusion de BOOTH CI al.(ig 5 g)
selon
laquelle
l’étendue de la résection aurait un effet sur l’intensité(et
laprécocité)
de la transformation
morphologique
de l’intestin résiduel.Si
l’on considère lephénomène d’hypertrophie
locale de l’intestingrêle
fonction-nel, apprécié
au travers de la densitélinéaire,
la moindreimportance
desphénomènes
de
compensation
chez les mâles castrés se trouve confirmée. Eneffet,
dans la classe 30kg-go jours
la densité linéaireplus
élevée que chez lestémoins,
pour lesréséqués
des 2 sexes, n’est constatée que chez les femelles dans le cas des porcs à anse isolée.
En ce
qui
concerne la classe 60kg-z 4 6 jours,
iln’y
a pas de variationsignificative
de la densité linéaire chez les mâles
castrés ;
deplus
chez lesfemelles,
seule la résection entraîne un accroissementsignificatif
de la densitélinéaire,
celuiqui
résulte de l’exclusion restant bienplus
faible. Ces remarques conduisent à retenir quel’hyper- trophie
locale estgénéralement
moindre chez les mâles castrés que chez les femelles(en
accord avec les résultatsantérieurs, L API , ACE , 1975 a)
et ce d’autantplus
que la résection ou exclusion est moins étendue(cas
des porcsplus âgés).
Mais elles montrentaussi que le
développement
de cettehypertrophie
locale est moindreaprès
une exclu-sion
qu’après
unerésection,
bien queglobalement
lacompensation
de masse tissu-laire résultante
après
exclusion ne soit passignificativetnent plus
faiblequ’après
résection.
En
cequi
concerne enfin l’anse isoléeelle-même,
nous avons constamment observé unpoids
de tissu frais et une densité linéairebeaucoup plus
faibles que ceux d’unsegment homologue
fonctionnel. Cette «atrophie
»globale
pour nos anses totalement isolées du circuitdigestif
confirme les réserves faitesplus
hautquant
à lasignification
des courts-circuits.En
effetTtr,so N
et WRIGHT(ig 7 o)
notent unehyperplasie
modérée dans des courts-circuitsclassiques
alors que BOCHKOV( 195 8)
et
G L EE SON , C ULLEN
et Dowt,mG( 1972 )
observent uneatrophie
ethypoplasie
dansdes anses isolées sous la forme de fistules de
Thiry
ouThiry-Vella.
Ces observations concordentparfaitement
avec ladescription
del’atrophie
desegments
intestinaux isolés du circuitdigestif,
et de l’effettrophique
de laprésence
de nutriments sur cessegments atrophiés,
récemmentapportée
par DowljNG( 1975 ).
4
. -
Interprétatz:on générale
Au terme de cette
expérimentation,
lasuspicion
initiale du caractère norsuperposable
desconséquences
pourl’organisme
de la résection ou de l’exclusion fonctionnelle d’unsegment intestinal,
se trouve totalement confirmée.L 1 analysc
de labibliographie
relative aux résections d’intestingrêle (L APLACE , 1975 b)
montreque l’on entend habituellement par
adaptation
à larésection, l’hypertrophie
compen- satrice de l’intestin résiduel. Or il s’avère que la transformation de l’intestinrésiduel/-
fonctionnel n’est pas fondamentalement différente
après
exclusion ou résection.Pourtant les porcs à anse isolée ont une croissance