FACULTE DE MEDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1898-1899 IV0
ID TT
LIT PLATRE
DANS LE TRAITEMENT DES
iilositts points tt des M
CHEZ LES TOUT JEUNES ENFANTS
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 30 Janvier 11199
PAR
Ferdinand-Emile GEORGES
Né à Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 4 Mai 1874.
ÉlèveduService de Santé de la Marine
Examinateursde la Thèse:•
MM. PIECHAUD professeur^.. Président.
LAYET professeur....
DENUCÉ agrégé \ Juges.
CHAVANNAZ agrégé
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les
diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL GASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91 1899
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire,
ritoiissints
MM. M1GÉ \
AZAM DUP1JY MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne...
Clinique externe...
Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique Médecine opératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie. pathologi¬
que Anatomie..-
Anatomie générale et histologie
Physiologie Hygiène
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
BOUCHARD.
VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
GllÉGÉS EN
Médecinelégale...
Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matièremédicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicale des maladiesdesenfants Chimiebiologique...
i:\i iu u i: :
MM.
MORACHE.
BERGON1É.
BLAREZ.
GU1LLAUD.
FIGUIER.
de NABI AS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
section de médecine(Pathologie interne et Médecinelégale.)
MM. CASSAET. MM. Le DANTEC.
AUCHÉ. HOBBS.
SABRAZÈS.
section de chirurgie et accouchements
Accouchements \MM. CHAMBRELENT
•) FIEUX.
(MM. BINAUD.
Pathologieexterne/ BRAQUEHAYE
|
CHAVANNAZ. |section dessciences anatomiques et physioi.ogiques
Anatomie
|MM.
CANNIEU.PRINCETEAU | Physiologie
Histoire naturelle.MM. PACHON.
BEILLE.Physique.
section des sciencesphysiques
MM. SIGALAS. I Pharmacie M. BARTHE 4 4»l it S 1 4» M1» Vj 1 1 11 11 \ I A I It ES :
Clinique desmaladiescutanées etsyphilitiques MM. DUBREUILH.
Clinique desmaladies des voies urinaires POUSSON.
Maladies dularynx, des oreillesetdunez . MOURE.
Maladies mentales REGIS.
Pathologie interne RONDOT.
Pathologie externe
DENUCÉ.
Accouchements CHAMBRELENT.
Chimie DUPOUY.
Physiologie PACHON.
Embryologie CANNIEU.
Pathologie oculaire LAGRANGE.
Conférence d'Hydrologie etMinéralogie CARLES.
LeSecrétaire dela Faculté: LEMA1RE.
Par délibération du 5 août 1879,la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les
Thèsesquiluisont présentéesdoivent être considérées comme propres à leursauteurs, et qu'elle n'entend leur donner niapprobation niimprobation.
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
Témoignaged'affeetion etde reconnais¬
sance.
A MES SŒURS
A MON BEAU-FRÈRE
TIMOTIIÉE
KLOBBPROFESSEUR A LA FACULTÉ DE PHARMACIE DE L'UNIVERSITÉ DE NANCY
A MONSIEUR LE DOCTEUR PICOT
PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A MONSIEUR LE DOCTEUR ARNOZAN
PROFESSEUR DE THÉRAPEUTIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A MONSIEUR LE DOCTEUR FRŒLICII
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE L'UNIVERSITÉ
DE NANCY
A MONSIEUR LE DOCTEUR LE DAN TEC
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX MÉDECIN DE PREMIÈRE CLASSE DE LA MARINE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MONSIEUR LE DOCTEUR DENUCÊ
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHIRURGIEN DES HOPITAUX
OFFICIER D'ACADÉMIE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR
PIÉCHAUD
PROFESSEUR DE CLINIQUE CHIRURGICALE INFANTILE A LA FACULTÉ
DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHIRURGIEN DES HOPITAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
M. leprofesseur
Barthe
aété
pour nous,pendant
cestrois années
d'école, un ami sincère et
dévoué. Nous l'en remercions du fond du
cœur.
M.le DrBourru, directeur de
l'Ecole de santé navale,
adroit à notre
reconnaissance
particulière
pourle vif intérêt qu'il
nous atoujours
porté tant à
Rochefort qu'à Bordeaux et
pourla bienveillance toute
paternelle
qu'il n'a cessé de
noustémoigner.
Nousremercionsici,pour
s'être intéressés à
nous,MM. les professeurs
Picot et Arnozan, de
l'Université de Bordeaux, et M. le professeur
agrégé
Frœlich,de l'Université de Nancy.
M. le Dr Bourdon, chargé du service
de l'orthopédie à la Clinique
chirurgicale desEnfants,
nous adonné le sujet de cette thèse; on
connaît sa science,son talent etson
habileté
enmatière d'orthopédie
; aussi n'avons-nous pasbesoin de faire
sonéloge. Les recherches
cons¬tantes qu'il
fait dans cette partie l'ont amené à apporter dans la con¬
fection du litplâtré certaines
modifications importantes. Nous le remer¬
cions sincèrementd'avoir bien voulu nous
communiquer
sestravaux
personnelsconcernant le sujet qui
nous occupe.M. leprofesseur
Piéchaud sait à quel point tous
ceuxqui ont fait
partie de son
service et suivi
sescliniques si instructives lui savent gré
de sabonté et de ses fatigues. Nous ne pouvons
apporter ici qu'un
témoignagede
plus. Aujourd'hui,
cemaître,
nousdonnant une nouvelle
preuve de son
intérêt,
nousfait l'honneur de présider notre thèse inau¬
gurale. Nous
lui
enexprimons notre bien sincère gratitude.
M. leprofesseur
agrégé Denucé
a eul'amabilité de nous prêter quel¬
ques documents
très utiles
pournotre travail ; nous l'en remercions
vivement.
Nousn'oublions point
enfin
ceuxde
noscamarades qui
nousont
prêté leurconcours ; nous
garderons d'eux
unexcellent souvenir.
m," -\s
INTRODUCTION
Il est une thérapeutique
qui
aété longtemps méconnue,
mais qui
tend aujourd'hui à
sefaire jour dans la pratique
chirurgicale :
c'est l'orthopédie.
En chirurgie
infantile, surtout, la
curepar l'application d'appareils orthopédiques présente dans certains cas des
avantages sur
l'intervention sanglante, et, même lorsqu'une
opération
sanglante est jugée nécessaire, le traitement
orthopédique
doit souvent compléter cette opération.
En effet, si nous passonsen revue
les opérations chirurgi¬
cales
pratiquées
surles enfants, nous pouvons nous rendre
comptedu
grand rôle dévolu à la partie orthopédique dans
la
plupart des
cas.Il n'y
aqu'à suivre un service de chirur¬
gie
d'enfants
pourconstater la grande quantité de déforma¬
tions ou devices d'attitude, soit
des membres, soit du tronc,
qu'on yrencontre.
Or, dans cette
partie, deux éléments sont à considérer .:
l'opération
elle-même
ouredressement, et le maintien de la
position
obtenue
au moyend'appareils spéciaux.
De nombreuses méthodes de
redressement ont
parudans
ces derniers temps;
il
y en a,parmi elles, qui sont sanglan¬
tes; d'autres ne
le sont
pas.Il est à remarquerque,
dans
cesdernières années, la mé¬
thode non sanglante
semble jouir d'une certaine faveur.
C'est celle
qu'emploient
enAllemagne, Lorenz, Hoffa, Wolff,
dans letraitement de la
luxation congénitale de la hanche,
du genu
valgum, dans le redressement du pied bot.
Il est
cependant des
casoù l'intervention sanglante est de
— 14 -
règle; mais, ici encore , l'orthopédie interviendra
d'une
ma¬nière efficace comme procédé post-opératoire.
C'estgrâce au traitement orthopédique,eneffet, qu'on rend
à un membre
opéré
sa fonction.C'est lui qui,
après
laréduction
d'une luxationde
lahan¬
che,
après
le redressementd'un pied bot
parexemple,
per¬mettra le rétablissement des mouvements normaux qui se passentdans
l'articulation coxo-fémorale, dans celle du
cou¬de-pied.
Nous avons ditqu'il ne suffisait pas de redresser les
défor¬
mations, mais qu'il
était
aussi de toute nécessité deles
maintenir, une fois réduites, dans une bonne position. C'estencore l'orthopédiequi joue ce rôle important; c'est
alors
qu'interviennent comme facteurs les appareilsde
con¬tention.
L'importance du traitement orthopédique nous
semble
suffisamment prouvée; aussi, dans un mémoire, le profes¬
seur Sclianz, de Dresde, disaitquejusqu'à ce jour, dans
les
cliniques universitaires, la partie orthopédique semblaitné¬
gligée, mais que, depuis quelques années, «l'essor queprend l'orthopédie est
évident.
»Onne saurait confier sans surveillance à des tiers la con¬
fection desappareils orthopédiques, car ces tiers ne savent pas la plupart du temps le but exact que cherche le chirur¬
gien. Comment faut-il comprendre l'appareil
orthopédique?
Robin nous le dit :
«Un appareil orthopédique estun appareil dont l'applica¬
tion a pourbut la conservation des formes naturelles, dépen¬
dant de l'état desmuscles, du squelette et de ses articula¬
tions, ou de les rétablir lorsqu'elles sont altérées. »
Leprofesseur Schanz, de Dresde, nous donne le secret de cette construction.
« Le premier principe de la construction d'un appareil or¬
thopédique, nous dit-il, consiste tout d'abord à prendre sur le corps un point d'appui qui soulage la partie malade, règle
fondamentale qui doit être suivie strictement sous peine de voir l'appareil
rejeté
comme absolumentsans valeur. »— 15 —
La réalisation de ce premier principe
offre
souvent de grandesdifficultés,
car il faut que nonseulementl'appareil
ne se dérangepasdans la position du repos, mais
qu'il
rem¬plisse
aussi
cetteobligation
dans tousles
mouvements pos¬sibles; il ne faut pas non plus que l'action de
l'appareil lui-
même dérange le corps de sa position.
L'appareil
nedoit
exercer aucunepression,
negêner
enaucune façon la circulation. Toutes ces
conditions
sont dif¬ficiles à remplir, mais ellessontabsolument
indispensables
; leur réalisation nécessite parfois la construction d'appareils beaucoup plusgrands
qu'on nel'aurait voulu de prime
abord et dont la partie
fondamentale, ainsi
quele dit le
pro¬fesseurSchanz,
siège
souvent bienloin
dumal.
Les appareils qui réalisent de
la façon la plus parfaite le
but poursuivi, ce sont des enveloppes
qui s'adaptent étroite¬
ment et uniformément à la partie du corps qu'on veut
im¬
mobiliser, enveloppes qui, grâce
à
leursgrandes surfaces
de contact, offrent un point d'appui beaucoup plus ferme.
La pression uniforme
qu'elles exercent, répartie
surde
vastes surfaces, n'engendre aucun trouble circulatoire.
Une fois en possession du point
d'appui, partie passive, il
faut trouver la partie active,
variable suivant les
cas.Ce
sera, en effet, tantôt la pression,
tantôt la traction, qu'il
s'a¬gira de savoir choisir suivant les circonstances.
Mais,
quenous employionsjune tractionouune
pression, il est
unprin¬
cipe très importantet dont on
doit tenir
ungrand compte,
c'estqu'il faut toujours,
à
chaquetraction
unecontre-trac¬
tion correspondante, à chaque
pression
unecontre-pression
correspondante.Ence qui concerne la pression et
la traction,
nouschoisi¬
rons de préférence la traction et
la pression élastiques,
car la force à employer se trouve par cefait considérablement
diminuée; etaussi, parce que
la pression et la traction élas¬
tiques se supportent
beaucoup mieux
que ce queSchanz
appelle la pression etla traction raides.
Enfin,une
règle générale essentielle de construction est
— 16 —
que
l'appareil doit être adapté
aupatient, et
nonle patient
à l'appareil. Pour
cela, l'appareil
seraautant
quepossible
travaillé sur le corps du patient, ou tout au moins
fait sui¬
vant des mensurations rigoureuses, et,
d'après
un modèleexact en bois, en carton, mais de
préférence
enplâtre.
Maintenant que nous avons bien
défini les conditions
que doit remplirun bon appareil orthopédique, nous nous can¬tonneronsdans un point spécial. Il serait trop
long,
eneffet,
d'étudier, dans un ouvrage de ce genre, toute lachirurgie
orthopédique. Nous netraiterons
quedes appareils destinés
à remédieraux gibbosités pottiques et aux
scolioses
graves chez les toutjeunes enfants.Pour rendre ce travail plus
clair,
nous lediviserons
en plusieurs chapitresdistincts
:Dans un premier chapitre, nous
donnerons
surles gibbo¬
sités pottiques et
les scolioses quelques notions pathogéni-
ques et
anatomo-pathologiques, utiles
auxindications du
traitement.
Dans un deuxième chapitre, nous passerons en revue
les
divers modesde traitement actuellement en usage dans la
cure deces deux sortes de difformités.
Dans un troisièmechapitre enfin, nous nous
étendrons
sur la méthode que nouspréconisons
:le lit plâtré. Après avoir exposé
lafaçon dont
Lorenzl'a, le premier, construit,
nous mentionnerons lesparticularités introduites
parcertains
auteurs, tels que
Redard, Jagerink et autres
;puis,
nous nous arrêterons sur les modificationsapportéesparM. le Dr Gour- don,chargé du serviced'orthopédie à la Clinique chirurgicale
des Enfants.
CHAPITRE PREMIER
Anatomie
pathologique.
1° Anatomie pathologique des gibbosités pottiques
On sait que le mal de Pott est une affection d'origine tuberculeuse. La maladiedébute insidieusement et peut ne se révéler tout d'abord par aucun signe extérieur apprécia¬
ble. Cependant, le plus souvent, certains symptômes, la raideur musculaire, des attitudes particulières, des phéno¬
mènes douloureux spontanés ou provoqués révéleront l'en¬
vahissement de la colonne vertébrale parleprocessus tuber¬
culeux.
Lagibbosité peut, il est vrai, de même queles paraplégies,
les abcès par congestion, être le premier symptôme révéla¬
teur de la maladie, mais, généralement, elle n'apparaît que
quelque temps après les douleurs habituelles du début.
Le foyer tuberculeux peut se développer primitivement
soit dans
l'apophyse
épineuseou dans l'arc postérieur des vertèbres(mal
vertébralpostérieur),
soit quelquefois dansles
fibro-cartilages
intervertébraux. L'envahissement des articulationsdu rachis(polyarthrite
vertébrale tuberculeuse, décrite par Broca, Azam, Ripoll) est presque toujours consé¬cutifà l'infection osseuse.
Les lésions
développées
dans les parties du rachis, indi¬quées ci-dessus, n'entraînant presque jamais la formation
degibbosités, quand elles y sont
limitées,
ne nousarrête¬
ront pas plus longtemps.
Geo, 2
— 18 -
Mais c'est quand les corps
vertébraux sont atteints primi¬
tivement ou secondairement que la
gibbosité tendra à
se produire. Si les lésions auniveau du
corpsvertébral restent
limitées à la couche sous-périostée,
elles n'entraînent
pasencorela formation de gibbosités.
Il n'en est pas de
même des lésions qui
sedéveloppent
dans la profondeur descorps
vertébraux.
Dans la forme du tubercule
enkysté, des granulations
grises plus oumoins nombreuses
sedéposent
en unpoint
du tissu spongieux du corps
des vertèbres, elles sont sépa¬
rées d'abord les unes des autres pardes
trabécules
osseuses, mais bientôt les cloisons se résorbent et lesgranulations juxtaposées
se fusionnent pourformer le
noyaucaséeux.
Autour de ce tubercule en voie d'accroissement le tissu
osseuxsubira les lésions de l'ostéite raréfiante.
Il se formera donc peu
à
peu, ausein du
corpsvertébral,
des cavitésplus ou moins
irrégulières
;tantôt les parois de
ces cavités seront recouvertes d'une membrane granuleuse sclérosée, assez nettementlimitée, et leur intérieur,
rempli
de fongositésetde
matière
caséeuse.Ce
serala forme sèche
de Kœnig, la moins grave, car
elle
seprête
peuà la
propa¬gation locale de la
tuberculose
eta unetendance
propreà la
production d'untissu cicatriciel; tantôt,
aucontraire, les
paroisde
cescavités seront recouvertes d'un tissu de
granu¬lations molles et infiltrées plus ou
moins loin dans les
tissus avoisinants, leur intérieur, rempli de pus. Ce sera
la
forme humide de Kœnig, beaucoup plus grave que
la forme'
sèche, carelle a une tendancemarquée à la caséification et
auramollissement, c'est-à-dire à la formation de pus,
elle
s'accroît très souvent, sortant des limites de la
vertèbre
pour envahir les tissus voisins.
A côté du tubercule
enkysté,
on peut rencontreruneautre
forme de lésion, consistant dans une tache d'abord opaline,
demi transparente, à bords nets, mais
qui,
parsuite de
l'oblitération des vaisseaux qui rampent à sa surface, ne tarde pas
à devenir
opaque,à
senécroser et à aboutir à la
formation cTiin
séquestre,
séparé bientôt du tissu sain parun sillon d'élimination.
C'est là la forme de l'infiltration tuberculeuse. Dans les formes dont nous venons de parler, tubercule
enkysté
et in¬filtration tuberculeuse, il se produit dans le tissu osseux voisin une irritation qui se traduit parfois par une ostéite condensante, tendant à limiter le mal, mais qui peut aussi donner lieu à une ostéite raréfiante, exagérée encorepar la compression (ulcération compressive).
On comprendra aisémentque les lésionsque nous venons de décrire, minantpeu à peu les corps vertébraux, ne tar¬
dent pasà ébranlerla soliditéde la tige rachidienne.La subs¬
tance spongieuse, en effet, est détruite peu à peu, une ou
plusieurs vertèbres peuvent mêmedisparaîtreen partie et la colonne vertébrale s'écrouler sous l'influence du poids des parties sus-jacentes, sous l'influence
également
du poids des viscères et des membres, influence à laquelle vient s'a¬jouter l'ulcération compressive, la partie antérieure malade des vertèbres s'affaisse.
Les divers mouvements du malade, la marche, les efforts,
les traumatismes favorisent dans unecertaine mesure, l'ef¬
fondrement de la partie malade du rachis, la colonne verté¬
brale s'infléchira en formant un angle ouvert en avant, se traduisant à l'extérieur par unesaillie qui n'est autre que la gibbosité.
La gibbosité, avons-nous dit plus haut, apparaît le plus souvent quelque temps
après
les douleurs du début de la maladie.Si la perte de substance est minime, maisquela résistance des tissus voisins soit altérée sur une assez grande étendue, la gibbosité, à peine appréciable tout d'abord, s'accentuera d'une
façon
lente et progressive, elle mettra plusieurs mois,un an même, avant d'être définitivement constituée; nous
assisterons, dans ce cas, à la formation d'une courbure de plusen plus arrondie, au niveau de la partie»malade.
Mais il n'en est pas toujours ainsi. Dans quelques cas, la
— 20 -
perte de
substance occupant la
presquetotalité du
corpsdes
vertèbres et le poids des
parties sus-jacentes n'étant plus
soutenu que par une sorte
de
coquesuperficielle, plus
ou moins mince, et d'ailleurs altérée, la gibbosité seproduit
brusquement.Témoin le
cascélèbre cité
parNélaton
: une gibbosité se produisitsubitement chez
unjeune
garçonqui
montaitun escalier, tenant à chaquemainun
broc très lourd
rempli de vin.Cette apparition brusque
de la gibbosité lui donnera géné¬
ralement une formeangulaire. L'effondrement se
produisant
dans la plupart des cas
suivant la verticale passant
parle
centre des corps vertébraux, la
gibbosité
serapostérieure et
médiane.
Cependant, si les
lésions
sesont localisées plus spéciale¬
mentdans lesparties latérales
des
corpsvertébraux,
ou,si
elles se sont développées d'une
façon asymétrique, envahis¬
sant un côté plus rapidementque
l'autre, la gibbosité
sera latérale; cette déviation latérale sera encoreexagérée
parla
contraction musculaire ainsi que par un mouvement
de
torsion dû àune position vicieuse
de
toutle tronc.
Le mécanisme qui
préside à la formation de la gibbosité
est identique dans toutes
les parties de la colonne verté¬
brale, mais onobservera certaines
particularités suivant les
régions atteintes.Ainsi, la gibbosité est
moins fréquente à la région cervi¬
cale qu'aux régions
dorsale
etlombaire.
Ala partie
supérieure du
cou(mal sous-occipital), elle est
due au glissement des masses
latérales de l'atlas
sur l'axis.Dans le mal de Pott cervico-dorsal, la gibbosité diffèresui¬
vantqu'il
s'agit.de la partie
moyennedu
cou oude la région
cervico-dorsaie. Au cou, la saillie faiblement anguleuse est
formée par une ou
deux apophyses épineuses.
Du reste, on voit aussi en
examinant
parla bouche,
au niveau du pharynx, unesaillie présentant
uneconsistance
duré, Plus bas, au contraire, lagibbosité
est souvent plus— 21 —
accentuée, formant engénéral une courbe à plus ou moins grand rayon.
Dans la région dorso-lombaire, la forme de la gibbosité est plus ou moins anguleuse,, suivant qu'il y a un nombre plus
ou moins grand de corps vertébraux atteints.
La gibbosité, abandonnée à elle-même, peu! rester station- naire; mais cette heureuse évolution est malheureusement trop exceptionnelle pour pouvoir en tenir compte.
Le plussouvent, au contraire, elle a une tendance mar¬
quée à s'accroître, entraînant à sa suite une série de com¬
plications que nous allons passer en revue.
Lesparties du squelette avoisinant la colonne vertébrale subiront des déformations consécutives.
Le bassin n'aura plus ses diamètresnormaux.
Le thorax sera déformé.
Ces lésions entraînent elles-mêmes des troubles de la res¬
piration etde la circulation.
La moelle et les méninges subiront d'importantes altéra¬
tions.
Soit par suite d'une compression mécanique au niveau de la gibbosité, soit parsimpleirritation devoisinage, la moelle et les nerfs, qui sortent du canal rachidien dans toute l'éten¬
due de la partie malade, serontaltérés; il en résultera des troubles diversportant sur la sensibilité, sur la motricité, des troubles d'ordre trophique; on observera des névrites, des paraplégies. Les ganglions voisins seront envahis; les muscles subiront la dégénérescence fibreuse ou graisseuse.
Enfin, on ne tardera pas à voir apparaître des
abcès
par congestion ayant précisément pour point de départ la lésionosseuseet qui ne cesseront de se reformer tant que cette dernière persistera.
La gibbosité, enfin, étant un foyer actif de tuberculose locale, l'infection pourra d'un moment à l'autre se généra¬
liser et envahir toute l'économie.
Le pronostic du mal de Pott est donc très grave, ainsi qu'on peutenjuger par les nombreuses complications que nous venonsde passer en revue.
— 22 —
Le seul moyen d'éviter ces complications est
d'opposer à
la gibbosité un traitement
énergique.
Sans doute, d'une façon
générale, l'affection guérira d'au¬
tantplus facilement que la
gibbosité
sera encore peu accen¬tuée, en voie de formation, et qu'on aura affaire
à
dessujets
très jeunes.
Cependant, môme
quand
lagibbosité
estdéfinitivement
constituée, un traitement bien compris rendra encorede
signalés services.x
2° Anatomie pathologique de la scoliose
La scoliose est unedéviation latérale de la colonne verté¬
brale.
De même que dans le mal de Pott, nous retrouvons
ici,
comme cause immédiate de cette déviation,une diminution dans la solidité de la tige rachidienne; ce n'est plus ici le processus
tuberculeux qui amoindrit ainsi la résistance de
la colonne vertébrale, mais un certain nombre d'autres influencesprédisposent
à
cettemoindre résistance du rachis.
Nous citerons parmi elles le rachitisme. La scoliose d'ori¬
gine rachitique est en
effet très
fréquente ; mais cettevariété
de scoliosese montre surtout chez lesjeunes enfants.
A côté de la scoliose rachitique, en effet,nous rencontrons souvent, principalement chez les jeunes filles à l'âge de
la
puberté, des casde scoliose où le rachitisme n'intervient
certainementen aucune façon.
Ce sont là des scolioses essentielles.
Il faut donc invoquer pour la production de ces
dernières
déformations d'autrescausesque le rachitisme, qui, comme cette dernièreaffection,agissent en amoindrissantla solidité de la tige rachidienne. Nous citerons parmi elles,notam¬
ment, la faiblesse générale constitutionnelle, l'anémie, la
chlorose, lestroublesmenstruels, chez les toutes jeunes filles, la faiblesse musculaire et ligamenteuse, la croissance exa¬
géréeou
irrégulière, stationnaire pendant longtemps, puis
brusquement
excessive
etdemandant
parconséquent
une dépense dematériaux dont l'organisme
ne peutfaire les
frais.
Que ces-jeunes filles
déjà
prédisposéessoient soumises à
l'influence de certaines causes déterminantes, telles que
positions défectueuses, port d'objets trop lourds d'un côté...,
etnous ne tarderons pas à voir apparaître chez elles
des
déformations.
Lescauses occasionnelles ne font pas
défaut.
Un certainnombre sont indépendantes de l'enfant
lui-même.
Si des enfants sont assis à table, par exemple, sur des sièges trop
élevés
;si, d'autre part, le mobilier scolaire est
défectueux et ne remplit pas les conditions
hygiéniques
désirables, si, par exemple,la table
oule banc
sonttrop
hauts, s'ils sont tropéloignés l'un de l'autre, l'enfant
se fatigue, il secontorsionne, prend des positions vicieuses, et,
pour peu
qu'il soit prédisposé, il favorisera ainsi la produc¬
tion chez lui de déformations variées.
Le genre d'écriture
adopté doit aussi entrer
enligne de
compte, et
l'écriture anglaise courante
enFrance,
pour laquelle on doit, enmême temps qu'on écrit penché, tenir le
papierdroit, contribue certainement à imposer
aurachis
des attitudes vicieuses.
Une des causes les plus
fréquentes de déformation sont
les vices de conformation des yeux,
des oreilles, les
causes d'obstruction du nez, du larynx,les
grossesamygdales...
Debout, l'enfant prend
souvent
uneposition hanchée, don¬
nant ainsi une certaine inclinaison au bassin, dont le dia¬
mètre transversal cesse d'être
perpendiculaire
augrand
axe du rachis, d'où courburedu rachis nécessaire
pour com¬pensercet état.
Toutesces causes occasionnelles, agissant sur des
sujets prédisposés, déterminent la scoliose dite essentielle.
Mais, en cequiconcerne
la variété de scoliose dont
nousavons parlé au
début de
cechapitre et dans laquelle le rachi¬
tismejoue le
rôle de
causeprédisposante, point n'est besoin
— 24 —
de l'infinievariété de causes déterminantes considérées
plus
haut, puisqu'il s'agit ici de sujets toutjeunes, qui n'ont pointencore étévictimes du surmenage de l'école.
Seules, une hâte trop grande à les faire marcher, la ma¬
nière de les porter, de façon à
donner
au corps de l'enfantunemauvaise position, le décubitus
latéral
prolongé dansun lit, la tête reposant sur un coussin trop élevé, influent
dans ces conditions.
Sous l'influence des différentes causes déterminantes ci-dessus énoncées, nous verrons bientôt, chez les prédis¬
posés, apparaître
les déformations suivantes
:Il se produira une courbure
du
rachis, nondans
le plan antéro-postérieur, mais dansles
plans diagonaux.Les vertèbres ne prennent pas de semblables positions
sans se modifierbeaucoup dans leur aspect.
Aussi, lorsqu'on les examine, trouve-t-on des caractères
particuliers.
En effet, du côté concave, on assiste à un amincissement desvertèbres; cet amincissement peut être tel, qu'au niveau
du point culminant et du
coté
concave les bords de plu¬sieursvertèbresconsécutives fusionnent.
D'ailleurs, le corps vertébral n'est pas seul à subir de
telles modifications: mais toute la moitié de la vertèbre située du côté concave, soient l'arc, le pédicule, la lame, les apophyses articulaires.
La vertèbre subit en outre une déformation
spéciale,
quiest la torsion.
Fischer (de
Strasbourg)
aémis quelques principes
surla
forme de cette torsion : dans la moitiéinférieure la plus rap¬
prochée du bassin, dans une
courbure
convexedroite, les
vertèbres basales et intermédiaires sont tordues en spirale
sevestre. Dans la moitié supérieure, l'angle de torsion est dextre. Et inversement, dans une courbure convexe gauche.
D'ailleurs, la vertèbre proéminenteest toujours la plus lé¬
sée, mais cette torsion s'observe encore beaucoup sur les vertèbresbasales et aussi sur lesvertèbres intermédiaires.
Ces vertèbres subissent de telles modifications que
la défor¬
mation du trou vertébral et autre auront dans certains cas rendu difficile le diagnostic dugenre
de vertèbres.
A côté de cette torsion, il faut considérer la torsion
géné¬
rale du raclais qui est
amenée
parla déformation des
arcs,des
pédicules, du côté
concavede la courbure. D'autres lé¬
sions anatomo-pathologiques accompagnent encore
celles
des vertèbres. Lescôtes sont atteintes elles aussi et, à leur sujet, on peut encore
distinguer les lésions de torsion et les
lésions de flexion.
Le thorax formant un angle fermé, le redressement
de
l'angle du côté concave a pourconséquence nécessaire l'aug¬
mentation del'angle situé sur la partie opposée
du thorax.
Cetangle, en devenantplusaigu,
entraine la formation d'une
gibbositécostale.
Dansles
cas graves,la côte incurvée peut
arriver à toucher de sa face interne la face antéro-externe du corps
vertébral.
Lesmodifications d'inflexion des côtes
sont causées par le déplacement
latéral du rachis et consis¬
tent en changement de direction
des côtes relativement
aux corpsvertébraux.
Ducôté
convexe,les côtes sont
engénéral
abaissées. Ceci s'explique parla
résistance des muscles tho-
raciques contre uneélévation possible des côtes supérieures
en raison de la déviation convexe latérale du rachis. Par contre, du côté concave, les côtes ont une
direction plus
ou moins horizontale. Lescôtes du côté convexesont divergen¬tes, celles du côté concave
raccourcies, diminuées. Quelque¬
fois même, dans les cas graves,
elles sont soudées les
unesaux autres par des
synostoses.
Il n'est pasjusqu'au
bassin qui, dans le système
osseux,ne subisse des modifications.
Lesligaments sont
altérés aussi,
enparticulier le ligament
vertébral antérieur, dont lebord concave
devient épais, tan¬
dis que son
bord
convexes'amincit et finit
par seconfondre
avec le périostesans
distinction bien nette.
Les organescontenus
dans le thorax subissent des modifi¬
cations.
Toutes les lésions qui viennent d'être décrites ne se pro¬
duisent pas indifféremment danstous les cas. Elles varient selon la nature et le siège de la courbure
scoliotique.
En effet, il faut distinguer deux grandes classes de scolioses :1° La scoliose lombaire primitive.
2° La scoliose dorsale primitive.
La
première
est dans la majorité des cas une scoliose dite statique; elle est due à uneinégalitédes membresinférieurs;la deuxième est due à une mauvaise position dans l'écriture
ou à une mauvaise conformation des yeux.
Ce que nous venons de dire dans les pages précédentes,
montreassez que le pronostic est loin d'être bénin.
En effet, si on ne porte de.suite attentionaux scolioses,
même légères, on ne tardera pas à voir ces déviationsac¬
quérir un
développement très
grand dontleprincipal
incon¬vénientsera, non seulement de rendre le sujet disgracieux,
mais encore entraînera desdéplacements d'organes dont on ne peut prévoir les fâcheuses conséquences, sans compter que chez les femmes qui sont le plus souvent atteintes de déviations, les vices de forme du bassin, consécutifs à ces mêmesdéviations, leur réserve un avenir au point de vue de l'accouchement qui n'est pas sans danger, surtout lors¬
qu'on a affaire à des rachitiques.
Il est donc nécessaire, eu égard à ces complications pos¬
sibles, de traiter la scoliose dès qu'elle se produit.
CHAPITRE II
Divers modes de traitements
orthopédiques employés
dans la cure des
gibbosités pottiques et des
scolioses.
1° Diverstraitements orthopédiques des gibbosités
pottiques
Les traitements qui ont pour
but de remédier
aumal de
Pott sontnombreux.Tous ont pour principe
l'immobilisation
de la partie
malade, et certains complètent le traitement
parle redressementde la gibbosité. Mais
ils varient
avecl'inten¬
sité et le siège dela
maladie.
Les
appareils employés sont de deux ordres
:les uns
nécessitent le décubitus; les autres
sont portatifs. Les
pre¬miers conviennentseulsà la période aiguë. Les
seconds sont
employésde préférence dans le traitement des gibbosités
parvenues
à la période de consolidation. Examinons mainte¬
nantces différents genres de
traitements et les appareils qui
s'y rattachent. Letraitement des affections pottiques aiguës
nécessite, outre le décubitus,
la fixation qui
assurel'immo¬
bilisation, et l'extension
continue, destinée à combattre la
compressionréciproque des
corpsvertébraux. Cette extension
continue sera obtenue soit par
traction, soit
parréclinaison.
La traction sera surtout utile à la région
cervico-dorsale
supérieure.Quant à la réclinaison,
on enretirera un
notable bénéfice dans le traitement des
gibbosités dorso-
lombaires.
Lesimplerepos au
lit,
sur unmatelas suffisamment con-
sistant, reposant de
préférence
sur une planche, constitue le traitement le plus élémentaire. Ladécompression
est ainsi à peuprèsobtenue. Mais onne parvient pas de cettefaçon
à immobiliser la région malade ni à diminuer la contracture musculaire et les douleurs.Ledécubitus dorsal sur un matelas peut êtrecomplété par l'extension continue ou la réclinaison. L'extension, dans la méthode deVolkmann, s'obtient en
plaçant
le maladesur un lit incliné,les pieds correspondant à la partie la plus déclive.On pratique l'extension au moyen d'un collier de Glisson muni d'un poids de 2 à 3 kilogrammes. Le poids du corps assure la contre-extension.
La réclinaison peut être effectuée aumoyen d'un fortcous¬
sin ou d'un plan incliné, ou bien encore par le procédé de la sangle de Rauchfuss, modifiée par Reyher. Ces manœuvres sont non seulement peu utiles, maisencore très fatigantes.
Le décubitus abdominal, préconisé en Angleterre par
Bampfield et Harrisson, en France par Pravaz père, permet de mieux éviter l'affaissement par pression des corps verté¬
braux. La réclinaison est plus facile à établir, et surtout à supporter. Les procédés les plus employés sont le matelas
concave longitudinalement de Behrend et la planche mate¬
lassée de Redard.
Mais l'immobilisation, seul but à poursuivre avant tout, n'est pas parfaitement réalisable dans le décubitus dorsal sur une surface plane.On obtient un résultat
beaucoup
plus satisfaisant en plaçant le malade dans un appareil se mode¬lant plus ou moins sur son corps. Le type
classique
de ce genre d'appareils est la gouttière de Bonnet, dont ledispositifest trop connu pour que nous l'exposions ici. Mais .cet appa¬
reil est coûteux et il est difficile de se le procurer. Bien autrement réalisables sont la caisse de Nebel et le lit de Phelps.
La caisse de Nebel consiste tout
simplement
en une caisse reproduisant les contours du corps dans le décubitus dorsal.Cette caisse est rembourrée.
Phelpsa
modifié
cel appareil; il lemunit de béquillons
axillaires, et renferme le malade dans la caisse au moyen de bandes plâtrées,modelées. L'appareil,
unefois
sec, est ouvert, puis muni decrochets le
long des fentes, etfinale¬
mentmatelassé. Dans ces conditions, le patient est remis
dans lelitde Phelps ; on lace les valves
plâtrées,
et l'immo¬bilisation est obtenue. Cesdeuxappareils sont
d'un
prixpeu élevé, et faciles à construire.Lelit plâtré de Lorenz est encore plus
simple.
Pourle
construire, on place le malade sur le ventre, et,à
l'aide decoussins dedifférentes hauteurs, placés en des points varia¬
bles, on donne à la colonne
vertébrale
unelordose artifi¬
cielle plus ou moins
prononcée. Puis
onmatelasse la jgibbo-
sité, et on recouvre le dos de ouate, depuis le vertex jus¬qu'aux cuisses. On
applique ensuite les bandes plâtrées,
que l'on renforce au moyend'étoupe
plâtrée; etl'on
applique l'appareilainsi constitué
avecdes bandes serrées, On sèche,
puis on ouvre cetappareil. Il
nereste plus qu'à le régulariser
et à le capitonner. Ceci
fait, le petit malade
yest placé.
Par¬dessus, on le revêt d'un
maillot
ouvert enarrière,
quel'on
boutonne et qui constitue un
bon
moyende fixation.
Cet appareil a sur
les précédents l'avantage de permettre
des mouvements modérés des membres inférieurs, ce qui aide le patient à supporter sans trop
de fatigue
undécubitus
prolongé. De plus, cetappareil
permet unebonne immobili¬
sation, et annihile la compression. Ce traitement doit être continuéjusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune
douleur locale,
ni spontanée ni
provoquée
parla pression
oude légères
se¬cousses du corps. Encas de doute, il faut se
rappeler
qu'unemobilisation
prématurée
atoujours des suites désastreuses,
et qu'une amélioration
sensible d'une gibbosité pottique
ne doit pas êtreconfondue
avecla guéris;on.
La deuxièmeclassed'appareils
proposés
pourle
traitementdes gibbosités pottiques
comprend tous les appareils dits
por¬tatifs. Ce sont en général des instruments
de
soutien,effec¬
tuant uneimmobilisationapproximative, et permettant dans
une certaine mesure l'extension ou la réclinaison.
- 30 -
Les
appareils servant simplement de soutien
nesont
ap¬plicables qu'à la convalescence. La cuirasse de Verneuil, les
corsets de Mathieu, Beely et Colin ne
donnent qu'un béné¬
fice relatif, et
n'empêchent
pasla compression des
corps vertébraux. La plupart de cesappareils sont munis de bé- quillons, qui élèvent le
creuxaxillaire mais
nemodifient
pas
les courbures du rachis.
D'autres appareils,
constitués
parde véritables armatures,
ont pour but
de
compenserles courbures pathologiques
par descourburesantagonistes. Tels sont lesappareils de Taylor,
de Schildbach et de Stillmann.
Mais de tous les appareils
portatifs, le moins coûteux et le
plusutile est assurément le corset plâtré de Sayre. Il immo¬
bilise assez bien le rachis, diminue la décompression des
corps
vertébraux
entransmettant directement
aubassin le poids des parties sus-jacentes, et permet de
conserver en partie lebénéfice de l'extension
oude la réclinaison effec¬
tuées au momentde sonapplication. La
technique du corset
de Sayre
consiste d'abord à placer le patient
ensuspension
cervicale, pour
supprimer les courbures du rachis,
ouplus
exactementles diminuer. Il a été au préalable
revêtu d'un
jerseyexactement tendu. On matelasse ensuite soigneuse¬
ment la gibbosité et
les saillies
osseuses.On ménage
au moyen d'uneserviette, pliée
auniveau de l'épigastre,
un es¬pace
nécessaire à l'expansion de l'estomac
aumoment des
repas.
S'il s'agit d'une jeune fille ayant les seins
assezdéve¬
loppés,
on recouvreceux-ci
avecdes postiches
entoile mé¬
tallique.
Ensuite
onprocède à l'application des bandes plâ¬
trées, qui
seront imbriquées depuis le
creuxaxillaire jusqu'à
uneligne
également distante de l'épine iliaque antérieure et
supérieureet
du grand trochanter. Ces bandes doivent être
entarlatane
apprêtée. Quant à la bouillie plâtrée, elle
serafaite
avec du plâtre
employé ordinairement
pourles moulages
parles
dentistes. Enfin,
unefois les bandes appliquées, on
les modèlera bien sur le corps du
malade,
et onles laissera
sécher, cequi,
avecle plâtre des dentistes, demande environ
- 31 —
dix minutes. Ceci fait, on régularise les bords, et
l'appareil
estachevé.
Ce corset de Sayre a été modifié, surtout quant à son ap¬
plication.
W. Pye le remplace par une sorte de
feuillet plâtré,
appli¬qué sur unetable à réclinaison. Petersen exécute cettema¬
nœuvre sur la sangle de Rauchfuss. Barwel assied le malade
sur un tabouret, et modifie les gibbosités au moyen d'une sangle commandée pardes moufles. Madelung dispose son malade de façon
à
produire une exagération de la lor¬dose lombaire, qu'il compare à la position d'une sirène
(Syl- fenstellung).
Sayre lui-mêmea fait deson corset plâtré une variété amovible, en le fendant à sa partieantérieure,
ce qui permet de l'enlever et de le remettre à volonté. L'appareil est maintenu en placepar un système de lacs. D'autres auteurs conseillent de partager le corset en deux valves, l'une anté¬rieure, l'autre postérieure. Les succédanés du corset plâtré
sont aussi nombreux que peu avantageux. On a successive¬
mentproposé le feutre poroplastique
(Adams),
surtout utileen ce qu'il paraîtêtre très facilement traversé parles rayons de Rœntgen, le placage debois
(Waltuch),
le silicate de po¬tasse
(Kolliker,
Julius Wolff), la toile métallique modelée(Karewsky),
le papier(Vance,
Hawkes), le cuir moulé(Ma¬
thieu),
l'aluminium(Phelps),
etc.Le corset de Sayre a été l'objet de violentes critiques. On lui a
reproché
de ne pas conserver au rachisle bénéfice desmanœuvresd'extension, de produiresouvent des ulcérations cutanées et des eschares, d'empêcher les soins de propreté, etc. Ces critiques sont exagérées. Un bon corset de Sayre,
bien appliqué sur unjersey
préalablement
rendu aussi pro¬pre que possible, constitue un excellent traitement, surtout si l'on sait réserver son emploi aux cas dans lesquels on peut secontenter du traitement ambulatoire.
Mais nous avons vuM. le Dr Gourdon, dans les cas où il a cru devoir traiter le mal dePott par le corset, faire toujours le corsetse terminant par une