le 13 D´ecembre 2009 UTBM MT26
Arthur LANNUZEL http ://mathutbmal.free.fr
Fonctions d’une variable complexe
1 G´ en´ eralit´ es.
D´efinition 1.1 On appellefonction d’une variable complexe une applicationf deC dans C :
f : Df ⊂C −→ C
z 7→ Z =f(z)
Exemples 1.2 i) ∑
zn est une fonction complexe d´efinie sur D(0,1) ={z ∈C,|z| <1}. Elle v´erifie sur cet ouvert ∑
zn= 1−1z. 1−1z est une fonction complexe sur C− {1}. ii) ∑zn
n! =:ez est une fonction complexe d´efinie sur C.
iii)f(z) = 1+zz2 est une fonction complexe d´efinie surC−{i,−i}. Elle v´erifie∀z ∈D(0,1), f(z) =
∑(−1)n.z2n+1.
Exercice 1.3
Soit l’application f d´efinie par f(z) = zz−−41. 1) Calculer f(i.√
2). D´eterminer sa partie r´eelle et imaginaire.
2) D´emontrer que f admet deux points invariants a et b (On notera a celui de partie r´eelle positive).
3) Donner une interpr´etation g´eom´etrique de |z−4|, |z−1| et |f(z)|. En d´eduire l’ensemble D des points z tels que |f(z)|= 1.
4) On pose z =x+iy et f(z) =X+iY avec x, y, X, Y r´eels.
a - D´eterminer X et Y en fonction de x, y.
b - D´eterminer l’ensemble E des points z tels que f(z) soit r´eel.
c - D´eterminer l’ensemble F des points z tels que f(z) soit imaginaire pur.
D´efinition 1.4 Soit f une fonction complexe d´efinie sur D. Soit z0 ∈D¯. On dit que f admet une limite l en z0 ssi
∀ϵ >0,∃α >0,∀z ∈ D(|z−z0|< α=⇒ |f(z)−l|< ϵ).
Ce qui ´equivaut `a
zlim→z0
P(z) =Re(l) et lim
z→z0
Q(z) =Im(l)
o`u f(z) =P(z) +iQ(z).
D´efinition 1.5 Soit f une fonction complexe d´efinie sur D. Soit z0 ∈ D. On dit que f est continue en z0 ssi
zlim→z0
f(z) = f(z0).
Remarque 1.6 Les propri´et´es de la limite et de la continuit´e sont les mˆemes que pour les fonctions r´eelles.
2 Fonctions holomorphes.
D´efinition 2.1 Soit f une fonction complexe d´efinie sur D.Soit z0 ∈ D. f est dite d´erivable en z0 ssi f(z)z−−f(zz 0)
0 admet une limite quand z tend vers z0. Cette limite est appel´ee d´eriv´ee de f en z0 et not´ee f′(z0).
Soit U ⊂ C, U ouvert, on dit que f est holomorphe sur U si f est d´erivable en tout point de U.
Remarque 2.2 1) La d´erivabilit´e complexe est lin´eaire.
2) On montre de la mˆeme fa¸con que pour les fonctions r´eelles, (uv)′ =u′v+uv′ , (1
u)′ = u′
u2 et u◦v =v′.u′◦v.
Conditions de Cauchy.
Proposition 2.3 Soit f une fonction complexe. Si f(z) = f(x+iy) =P(x, y) +i.Q(x, t) est d´erivable en z0 =x0+i.y0 alors
{ ∂P
∂x(x0, y0) = ∂Q∂y(x0, y0)
∂P
∂y(x0, y0) = −∂Q∂x(x0, y0) et
f′(z0) = ∂P
∂x(x0, y0) +i.∂Q
∂x(x0, y0) = ∂Q
∂y(x0, y0)−i.∂P
∂y(x0, y0).
Preuve.
Supposons f d´erivable en z0. On a
f(z)−f(z0) = (z−z0).(f′(z0) +ϵ(z))
donc P(x, y)−P(x0, y0) = (x−x0)(A+α(z))−(y−y0)(B +β(z)) et Q(x, y)−Q(x0, y0) = (y−y0)(B +β(z)) + (y−y0)(B +β(z)) o`u f′(z0) =A+iB et ϵ=α+iβ.
En posant alors y=y0 (d´eriv´ee suivant l’axe des x), puis x=x0 (d´eriv´ee suivant l’axe des y), on obtientA = ∂P∂x(x0, y0) = ∂Q∂y(x0, y0) et B = ∂Q∂x(x0, y0) =−∂P∂y(x0, y0).
CQFD
Le r´esultat pr´ec´edent admet la r´eciproque :
Proposition 2.4 Soit f une fonction complexe (f(z) = P(x, y) +i.Q(x, y)). Si il existe U ouvert contenant z0 =x0+iy0 tel que P et Q sont C1 sur U et
{ ∂P
∂x(x0, y0) = ∂Q∂y(x0, y0)
∂P
∂y(x0, y0) = −∂Q∂x(x0, y0) Alors f(z) est d´erivable en z0.
Preuve.
Th´eor`eme des accroissements finis autour de (x0, y0) appliqu´e aux deux fonctions P etQ, puis passage `a la limite.
CQFD
Ce qui nous donne le
Th´eor`eme 2.5 (Conditions de Cauchy)
Soit f une fonction complexe. f(z) = f(x+iy) = P(x, y) + i.Q(x, y) est holomorphe sur U ouvert si et seulement si P, Q C1 sur U et
{ ∂P
∂x = ∂Q∂y
∂P
∂y = −∂Q∂x Preuve.
Provient des 2 propositions ci-dessus.
CQFD
Exemples 2.6 f(z) = 1z,g(z) = x+y−1 +i(x−y+ 2),h(z) =y2−x2 +i(y2−2x),k(z) = x2−y2+ 2ixy.
3 Fonctions analytiques.
D´efinition 3.1 Soit f une fonction complexe d´efinie sur un ouvert U.
On dit que f estanalytique sur U ssi en tout point z ∈U,f est d´eveloppable en s´erie enti`ere sur un disque D(z, r) (r >0).
Remarque 3.2 Une fonction analytique sur U (ouvert) est holomorphe sur U (ainsi que toutes ces d´eriv´ees successives).
Exemples 3.3 i) 1z est analytique sur R∗.
ii) Toute s´erie enti`ere de rayon de convergence non nul d´efinit sur son disque de convergence (ouvert) une fonction analytique. Ce n’est pas trivial, car une s´erie enti`ere est `a priori un d´eveloppement au voisinage d’un seul point.
Preuve.
1- dans le cas o`u an+1a
n a une limite en +∞. f(z) = ∑
n≥0anzn convergeant en z0. Montrons que f admet un d´eveloppement en s´erie enti`ere en z0 :
f(z) = ∑
n≥0an(z0−(z0−z)n) = ∑
n≥0an∑n
k=0Cnkzn0−k.(z0−z)k =∑+∞
m=0(∑+∞
p=map.Cpm.z0p−m).(z0− z)m avec ∑+∞
p=map.Cpm.z0p−m qui converge puisque ap+1.C
p+1m
ap.Cpm ∼ ap+1ap . 2- Dans le cas g´en´eral, majorer ∑+∞
p=map.Cpm.z0p−m. CQFD
Th´eor`eme 3.4 Soit f une fonction complexe d´efinie sur un ouvert U. f holomorphe sur U ⇐⇒f analytique sur U.
Preuve.
Admis CQFD
Z´ eros isol´ es.
Proposition 3.5 Soit f une fonction analytique sur U (ouvert).
Si f(z0) = 0 et ∀r > 0,∃z ∈ D(z0, r)/f(z) ̸= 0 alors z0 est un z´ero isol´e (i.e. ∃r > 0,∀z ∈ D(z0, r)− {z0}, f(z)̸= 0).
Preuve.
Sur D(z0, r), on a f(z) = ∑
an(z−z0)n = (z−z0)k.∑
n≥0an+k(z−z0)n avec ak ̸= 0 sinon la fonction serait nulle sur le disque (k est alors la multiplicit´e du 0 def).
Or g(z) = ∑
n≥0an+k(z−z0)n est continue donc ∃r′ > 0/∀z ∈ D(z0, r′), g(z) ̸= 0 donc ∀z ∈ D(z0, r′)− {z0}, f(z) = (z−z0)k.g(z)̸= 0.
CQFD
Proposition 3.6 (z´eros isol´es)
Soit f une fonction analytique sur U (ouvert connexe = ”U ne peut pas s’´ecrire comme la r´eunion de deux ouverts non-vides disjoints”).
Si f n’est pas la fonction nulle sur U alors tous ses 0 sont isol´es (i.e. si f(z0) = 0 alors
∃r >0,∀z ∈D(z0, r)− {z0}, f(z)̸= 0).
Preuve.
Soit f une fonction analytique non nulle sur un ouvertU s’annulant enz0.
Supposons que ∃r > 0,∀z ∈ D(z0, r), f(z) = 0. Soit V ⊂ U ”le plus grand ouvert connexe contenant z0 tel que ∀z ∈ V, f(z) = 0”. Si V ̸= U alors, ∃z1 ∈ U/V, avec z1 ∈ V. Alors
∀r >0,∃z ∈D(z1, r)/f(z)̸= 0. Donc d’apr´es la proposition pr´ec´edente, ce z´ero serait isol´e. Ce qui est contradictoire puisque ∀r >0, D(z1, r)∩V ̸=∅.
CQFD
4 Le logarithme complexe.
Soit z ∈C. A quelle condition existe-t-il Z ∈C tel que z =eZ?
Si z = eZ = eRe(Z)+i.Im(Z) = eRe(Z).ei.Im(Z) donc |z| = eRe(Z) ⇐⇒ Re(Z) = ln|z| et arg(z) = Im(Z) (2π).
On peut donc d´efinir
D´efinition 4.1 (logarithme complexe)
On d´efinit le logarithme complexe ln :C∗ −→C par ln(z) =Z avec
{ Re(Z) = ln|z|
Im(Z) = arg(z)∈]−π, π]
Remarque 4.2
i) Le logarithme complexe est une bijection de C∗ sur B :={z∈C,−π < Im(z)≤π}. ii) La fonction r´eciproque de ln est exp :B −→C∗.
iii) Pour z, α∈C (z ̸= 0), on d´efinit zα :=eα.ln(z).
Exemples 4.3 Calculer ln(z.¯z+ez + 1) avec z = 1 +iπ4.
5 Introduction au th´ eor` eme des r´ esidus.
5.1 Int´ egrale d’une fonction complexe sur un chemin C
1.
D´efinition 5.1 Un chemin continument d´erivable (ou C1) (par morceaux) est une appli- cation continue γ : [a, b]−→C d´erivable `a d´eriv´ee continue (par morceaux).
Si γ(a) =γ(b) on parle de chemin ferm´e ou lacet.
D´efinition 5.2 Soit f : Ω ⊂ C−→C une fonction de la variable complexe et γ : [a, b]−→ C un chemin continuement d´erivable. On d´efinit l’int´egrale de f sur γ par :
∫
γ
f(z)dz :=
∫ b a
f(γ(t)).γ′(t)dt.
Si γ est ferm´e, on utilise parfois la notation H
γf(z)dz.
Exemples 5.3 1) Calculer ∫
γ 1
zdz o`u γ est le cercle de centre 0 et de rayon r parcouru dans le sens indirect.
2) Calculer ∫
γ1∪γ2zdz o`u γ1 est le demi cercle de centre 2 et de rayon 1 dans le demi-plan sup´erieur parcouru dans le sens direct etγ2 est le segment[1,3]parcouru dans le sens croissant.
5.2 S´ erie de Laurent.
Soit f une fonction holomorphe sur un disque ouvert D(z0, R) sauf eventuellement en z0 alors f s’´ecrit de fa¸con unique sur U :
f(z) =
+∞
∑
n=−∞
an.(z−z0)n.
On appelle alors Res(f, zk) = a−1 le r´esidu de f enzk. Calcul du r´esidu de f en zk.
Soit f une fonction holomorphe sur un disque ouvert D(z0, R) sauf eventuellement en z0 alors Res(f, zk) = 1
2π.i
∫
C(z0,r)
f(z)dz = 1 2π
∫ 2π 0
f(z0+r.eit).re−itdt (0< r < R).
Remarque 5.4 Dans le cas d’un pˆole a d’ordre 1 de f, le r´esidu de f en a est Res(f, a) = lim
z→a(z−a)f(z).
5.3 th´ eor` eme des r´ esidus.
Th´eor`eme 5.5 (Enonc´e simplifi´e du th´eor`eme des r´esidus)
Soit f une fonction holomorphe sur C sauf en un nombre finis de points (z1, ...,zn∈C).
Soit Γ un lacet ferm´e, sans point double, de C− {z1, ..., zn}.
On a alors ∫
Γ
f(z)dz = 2πi.
∑n k=1
IkΓ.Res(f, zk).
avec IkΓ= +1 si le lacet entour zk et est parcouru dans le sens direct (sens inverse des aiguille d’une montre),IkΓ=−1si le lacet entour zk et est parcouru dans le sens indirect,IkΓ = 0 sinon.
Exemples 5.6 Calculer I =∫π 0
1 1+sin2(t)dt.
R´eponse :
En posant θ = 2t et en utilisant cos(θ) = 1−2 sin2(θ2), on obtient I =
∫ 2π 0
1
3−cos(θ)dθ.
On pose ensuite z =eiθ (dθ = dziz).
D’o`u I =∫
C 2i
z2−6z+1dz o`u C est le cercle unit´e parcouru dans le sens direct.
Le seul pˆole de z2−2i6z+1 dans C est 3−2√ 2.
Donc I = 2iπ.Res(z2−2i6z+1,3−2√
2) = −4π
P′(3−2√
2) avec P(z) =z2 −6z+ 1.
D’o`u I = √π 2.