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Article pp.1-2 du Vol.31 n°328 (2012)

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BIOFUTUR 328 • JANVIER 2012 1

ÉDITO

La systématique est la science des classifications. Dit de manière plus rigoureuse, c’est la science de la nature qui règle les relations entre les choses que nous rencontrons, les concepts que nous fabriquons pour pouvoir en parler et les mots que nous utilisons pour désigner ces concepts.

Au sein d’un ensemble d’individus qui peuvent avoir ensemble une descendance fertile, il n’y a pas deux individus identiques. Même des frères jumeaux ne sont pas rigoureusement identiques. Le vivant n’est pas stable : il y a de la variation qui donne de la variété. Si nous consi- dérons le vivant dans la profondeur du temps, c’est encore pire : les générations se suivent et ne se ressemblent pas complètement. Tout est mouvant.

Pour autant, nous ne pouvons pas interpréter scientifiquement la nature en donnant un prénom à chaque mouche ou à chaque oiseau qui passe, à chaque pâquerette ou à chaque bactérie. Nous avons besoin de caté- gories, qui sont des concepts englobants faits pour pouvoir parler et généraliser sans s’encombrer de l’infinie variété des êtres. Heureusement, notre œil et notre cerveau sont capables, instinctivement, de s’arrêter sur des ressemblances. Le loup nous semble plus en rapport avec le renard qu’avec le ver de terre. Ces ressemblances ont été, de tout temps, à l’ori- gine de catégories mentales auxquelles les humains ont associé des noms.

S’agissant des sciences, la systématique consiste donc à créer des boîtes dans nos têtes, avec le souci de rendre intelligible l’exhaustivité du monde vivant dans un but bien précis : les boîtes sont faites en vertu de ce que les êtres vivants ont en commun, car les degrés de partage reflètent des degrés relatifs d’apparentement.

Pourquoi un dossier sur la systématique ? Parce que c’est la science sur laquelle toutes les autres sciences biologiques sont assises. Nous avons le devoir de savoir sur quoi exactement nous travaillons, surtout à l’époque d’une érosion de la biodiversité sans précédent. Parce que les classifi- cations se font en lien avec l’évolution, et que l’évolution est le cadre théorique général de toute la biologie, de la paléontologie et de l’anthropologie. Parce que cette science, la systématique, s’est elle-même profondément renouvelée dans la seconde moitié du XXesiècle, du point de vue conceptuel d’abord, puis du point de vue technologique. Ensuite, parce qu’au moment même où elle se renouvelait, elle fut oubliée des autres sciences et surtout des décisions politiques. Il y a donc aujourd’hui beaucoup à apprendre de la systématique. Enfin, parce que sans la systématique, nos prétentions à limiter les dégâts que nous infligeons à la biodiversité seraient vaines. G

Guillaume Lecointre

Professeur au Muséum national d’histoire naturelle Directeur du département de recherche Systématique et évolution

Une réaction ? Un commentaire ? Une seule adresse : biofutur@lavoisier.fr

Dans le dossier précédent consacré au VIH,

nous avons omis de mentionner que Jacqueline Capeau préside le groupe Vieillissement de L’ANRS.

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