A NNALES DE L ’I. H. P.
E UGENE L UKACS
Les fonctions caractéristiques analytiques
Annales de l’I. H. P., tome 15, n
o4 (1957), p. 217-251
<http://www.numdam.org/item?id=AIHP_1957__15_4_217_0>
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Les fonctions caractéristiques analytiques
par
Eugene LUKACS (1).
1. Introduction. - Cet article traite d’une classe de fonctions
caractéristiques qui
contientbeaucoup
de fonctionscaractéristiques importantes
dans la théorie desprobabilités
et dans lastatistique
mathé-matique.
Nous donnerons unexposé
de cette théorie et nousparlerons
aussi de
quelques problèmes spéciaux qui
y sont liés. Laplus grande partie
des résultats fut obtenue au cours des 20 dernières années et ces résultats sontdispersés
dans différentespublications
et souventmême dans des
journaux qu’on
nepeut
obtenir aisément. C’estpourquoi
nous
espérons qu’une exposition systématique
serapeut-être
utile.Soit
F(x)
une fonction derépartition,
c’est-à-dire une fonction non-décroissante,
continue degauche
et telle queF(-oo) = o,
tandisque == i. La transformée de Fourier de
F(x),
ou bien B)
s’appelle
la fonctioncaractéristique
de larépartition p’ (x)
et cettefonction est définie pour tout t réel. On sait que la fonction
J(t)
estcontinue et bornée et que
f ( o )
_ I .Alors cp ( t)
=log f( t)
est définieau moins dans un intervalle contenant
l’origine.
Lafonction q(t) s’appelle
la secondecaractéristique
de larépartition F (x).
Nous dirons
qu’une
fonctioncaractéristique
est une fonction carac-téristique analytique
si elle coïncide avec une fonctionqui
est holo-morphe
dans levoisinage
del’origine
duplan complexe.
Pluspréci-
( 1 ) Recherches subventionnées par l’Office of Naval Research et par la National Science Foundation ( NSF, G 2781).
sément : soit
f ( t )
une fonctioncaractéristique
de la variable réelle tet soit
A(z)
une fonctionholomorphe
dans lecercle .~ ~
C p telle queA ( t)
-f (t)
pour t réel tel que~ t ~ ~;
dans cesconditions,
nousdirons que
f ( t )
est une fonctioncaractéristique analytique.
. L’existence des moments d’une fonction de
répartition F (x)
est liéeintime.ment à la différentiabilité de sa fonction
caractéristique f (t).
Désignons
par=
~-~ xk
dF(x)le moment
(algébrique)
d’ordre k deF(x)
et par;~k=
x
k dF(x)son moment absolu d’ordre h~. N’ous aurons besoin des résultats suivants. . LEMME 1.1. - Faisons
l’hypothèse
que lafonction
caractéris-tique f(t)
de larépartition F(x)
ait une dérivée d’ordre k aupoint
t = o; alors tous les moments deF(x)
d’ordreinférieur
ouégal
à k existent si k est un nombrepair,
mais seulement des ordresin férieurs
ouégaux
à( k
-i )
si k est un entierimpair.
La
première
démonstration de ce lemme fut donnée par R.Fortet [7];
un résultat
plus général
fut obtenu d’une manièresimple
par 0. Szaszet par l’auteur
~~~. ~.
LEMME 1.2. -
Supposons
que le moment d’ordre r, 03B1r de lafonction
de
répartition F(x)
existe. Alors onpeut différentier
safonction caractéristique f (t)
r,fois
et l’on obtient(1. t)
f(r)(
t) = xe dF(x).- x
Il s’ensuit que
f(r)(o)
= et que ! x |r dF(x) =03B2r.
Si r est un nombre
pair, ;
_-__2,k,
et il devient :| |f2k(o) | = 03B12k.
2. La bande de
régularité
et lareprésentation
par une intégrale. -Dans ce
qui
suit nous considérerons des fonctionscaractéristiques analytiques.
Soitf ( t~
une telle fonction. On déduit alors du lemme 1. ~.que tous les moments de sa fonction de
répartition existent,
donc onpeut développer f ( t )
en série de Mc Laurin (2.I)f(z) = 03A3 ik03B1k k! zk
pour |z| 03C1 (z complexe),k=0
où p > o est le ray on de convergence de cette série.
Nous
désignons
lapartie paire
def (2 ~
parJ~(H) wt~~e‘,(~
Vet la
partie impaire
par,1’,
)-- lJ°
z > -J’
- = >1 .Alors les deux séries
convergent aussi dans des cercles autour de
l’origine.
Nous
désignons
par po et p1 les rayons de convergence des séries pourfo ( z)
etf1(.~).
On déduit de
l’inégalité
-|x2k-1|
I 2
(x2k+ x2k-2) que(2.3)
03B12k-1 (2k-I)! 03B22k-1 (2k-I) ! I 2 [03B12k (2k) ! (2k) + 03B12k-2 (2k-2) !].
Il s’ensuit que p~ ~ po ~ p et aussi que la série
~ lj~ j
converge pourvuk=0
que |z|
03C10.Soit )
un nombre réelquelconque
etdésignons
par03C10(03BE) [respecti-
vement par
p~ (~)~
le rayon de convergence de la série deTaylor
pour
f o (z ) ~ respectivement
pourfi ~ 2 )~
autour dupoint
z _-_~.
Onvoit,
à l’aide du lemme
1 . 2,
quealors
03C10(03BE)
03C10(o) = et P1(°) = 03C11 P.Les séries de
Taylor
des fonctionsf o (z)
etfi (z) ayant
pour centreconvergent
alors dans l’intérieur des cercles dont les rayons sont au moinségaux
à’ p. Parconséquent,
ceci estégalement
vrai pourf(z)
et
f(z)
estholomorphe
au moins dans labande
p. Le faitqu’une
fonctioncaractéristique analytique
estholomorphe
dans unebande horizontale fut démontré
indépendamment
parplusieurs
auteurs,par
exemple
par R. P. Boas[1]
et par D. A. Raikov[27].
Nous avons
déjà
mentionné que la série~
convergepour
~ ( p. Alors
pour A > o, B > o
quelconque.
On voit quel’intégrale J
e’existe pourvu que
|y| 03C1
et quel’intégrale ~-~eiz,x dF (x)
convergesi
|eizx|e|yx|,
où z = t +iy.
Cela veut dire quel’intégrale ~-~ eizx dF (x)
est
convergente pour ~ quelconque
et~y p.
CetteIntégrale
est unefonction
holomorphe
dans la bande~p
et coïncideavec/(~)
pour ~
réel;
II faut alors que/(~)
soitégale
à cetteintégrale
pour desvaleurs
complexes
== ~ -+-rr
pourvu que~y
p.L’intégrale
f(z) = ~-~ eizx dF(x), où z = t + iy,
converge dans une bande
où x~p?
P~P
et elle est
holomorphe
dans cette bande.Écrivons
Jo
~-~Les fonctions et
L~)
sont desIntégrales qui
convergentrespectivement
dans lesdemi-plans
y >2014 oc et ~-f3.
Posons ~ ==~
alors
w = - iz = - it + y
et0
converge pour Rew = y > - 03B1.
On sait que la transformée de
Laplace
y(,s) =
e-.~c
U dG(t) .d’une fonction monotone G
( t)
a unesingularité
aupoint
d’intersection de son axe de convergence avec l’axe réel. Pour unedémonstration,
nous renvoyons le lecteur à
([30],
p.58,
th. CommeF(x)
estnon-décroissante,
on peutappliquer
ce résultat à03A6(w)
et l’on voitque - ? est une
singularité
Alors - ia doit être unesingu-
larité de
f(z).
On démontre de même que +i03B2
est aussi unesingularité
de
f(z).
D’où le théorème :THÉORÈME 2. 1. 2014 Une
fonction caractéristique qui
estholomorphe
dans un
voi’sinaye
del’origine
esttoujours holomorphe
dans unebande horizontale. A l’intérieur de cette bande on peut
repré-
senter
f (2)
par uneintégrale
de Fourier. La bandepeut
être leplan entier;
sinon elle a unefrontière composée
d’une ou cle deuxdroites. Les
points
purementimaginaires
de lafrontière
sont dessingularités de f(z).
Une indication de ce théorème se trouve dans une note d’un article de l’.
Lévy ~1~~;
à peuprés
à la mêmeépoque,
D. A. Raikov~~1 ~
adémontré
indépendamment qu’une
fonctioncaractéristique analytique
est
holomorphe
dans une bande horizontale etqu’elle
estreprésentée
par une
intégrale
de Fourier à l’intérieur de cette bande.On peut déduire du théorème ~ .’1
quelques conséquences
utiles.COROLLAIRE DU THÉORÈME 2.1. 2014 Une condition nécessaire pour
qu’une fonction holomorphe
dans unvoisinage
del’origine
soit unefonction caractéristique
est que danschaque demi-plan
lasingularité
la
plus proche
de l’axe réel soit située sur l’axeimaginaire.
A l’aide de ce corollaire on peut reconnaître si une fonction
holomorphe
donnée peut être une fonctioncaractéristique.
Soit
f(z)
une fonctioncaractéristique analytique
avec une bandede
régularité
- a Im z03B2,
alorsf(z)
= ~-~ eizx
dF (x) ;on a
f(r)(z) = dr dzr f(z) = ir ~-~ xr eizx dF (x).
Écrivons
z = t +i y,
avec t et y réels et - a y03B2,
alors+
/
,( ~ )
__ , x~~~
dF (x).Si r = 2 k
( k
- o, 1, 2,... ),
cela entraînel’inégalité
f ~~~~~(t+ i y)
!x~~~
(x) =~
et, par
conséquent,
Max
"
. - ~t+~
Ainsi on obticnt le théorème suivant :
THÉORÈME 2.2. - Le module maximum d’une
fonction
caracté-ristique analytique
ainsi que celui de ses dérivées d’ordrepair,
lelong
d’uneligne
horizontale située à l’intérieur de sa bande derégularité
est atteint sur l’axeimaginaire.
Ge résultat fut trouvé par D.
Dugué ~û~.
.GOROLLAIRE DU THÉORÈME 2.2. - Une
fonction caractéristique analytique
n’a pas de zéro sur le segment de l’axeimaginaire qui
est situé à l’intérieur de sa bande de
régularité.
Les zéros et lessingularités
d’unefonction caractéristique analytique
sont situéssymétriquement
parrapport
à l’axeimaginaire.
La
première partie
du corollaire est uneconséquence
immédiate du théorème ‘~ . ~. On déduit l’énoncé sur les zéros et sur lessingularités
dela relation fonctionnelle
(?~4) >
=f (-~)
)qui
est valide non seulement dans la bande derégularité,
mais danstout le domaine
d’analyticité de f ’( N ) .
Une fonction
caractéristique analytique,
dont la bande est leplan entier,
est une fonction entière. M. P.Lévy [15]
a obtenu un théorèmesur l’ordre des fonctions
caractéristiques
entières que nousreproduirons
maintenant.
Soit
f (N)
une fonctioncaractéristique
entière.Désignons
par~
M(r; f’) = ~
le module maximum
de f (N )
dans le cercle( .~ ~
r. Ce maximum estatteint sur la circonférence et nous voyons, en vertu du
théorème 2.2,
que
M(r;
f)
==Max(f(ir), f (-
ir)).LEMME 2. 1. - Soit une
fonction caractéristique entière,
onel alors les
inégalités
(f(l,’)~f(-’ir))~M(r~,f~)~ ~(f(a~’)+’,Î(-ir)).
Une
fonction caractéristique
entiènepeut
êtrereprésentée
par uneintégrale
cle Fourier dans tout leplan complexe,
donc(2.5) f(ir)+f(-ir)=2~-~ ch r x dF(x).
Il s’ensuit
( compte
tenu du lemme2.1)
queM (r ;
f) f eh
rx dF (x)I 2
(e~r +e-~r) |x|~
dF (x)I 2
[ |x|~
dF(x)]e~r,
où E est un nombre
positif quelconque.
Nous écrironsla condition nécessaire et suffisante pour que a = o pour ê > o
quel-
conque est que
F (x)
soit une fonction derépartition dégénérée.
Onobtient de
l’inégalité précédente
la formule(2.6) M (r ; f) 03B1 2 e~r.
L’ordre p d’une fonction entière est définie par . (2.7) 03C1 = Lim sup Log Log M (r;
f) Log r
.On déduit aisément de
(2.6)
quep ~
I pourvuque
et l’onobtient le théorème suivant : :
THÉORÈME 2.3. - L’ordre d’une
fonction caractéristique
entièrequi
n’est pas constante est au moinségal
à 1. .Nous continuerons l’étude des fonctions
caractéristiques
entièresdans
la section suivante et traitons maintenant des
propriétés
de convexité des fonctionscaractéristiques analytiques. Supposons
quel’intégrale
(2.8) ’
existe pour
( y ~ R,
où R est une constantepositive quelconque, s’appelle
alors la fonctiongénératrice
de larépartition F(x).
Soitf (z )
une fonctioncaractéristique analytique.
Enposant R = Min (a, p)
nous voyons que la fonction
génératrice
de larépartition
def (z )
existeet que
M( y) = f (- L y).
GommeM(y)
est réelle etpositive
tandisque
M"(y) o,
on voit quef(- iy)
est réelle et convexe pour tout ytel que
l’intégrale (2 . 8)
existe. Onpeut
même dire que NI(y ~
=f(- i y)
est strictement convexe pourvu
que f (z ) ~
i.Nous allons discuter des
propriétés
de convexité moins triviales des fonctionscaractéristiques analytiques
et de leurs dérivées d’ordrepair.
Soit
f (z )
une fonctioncaractéristique analytique
dont la bande derégularité
est - a Im zp
et écrivons z = t +i y.
Il s’ensuit duthéorème 2.2 que
~‘~~9)
~ _-_ f (2~)(i.Y)~
Supposons
maintenantqu’il
existe un nombre yo tel que- et = o.. .
Alors
f ~2~ï~ (z)
- o etf (z),
ainsi quef (t~
pour tréel,
est unpolynome
d’ordre 2k. C’est une
conséquence
immédiate del’équation (2. g)
et del’analyticité
defez).
MaisJ(t)
est bornée et ceci n’estpossible
que si etf (t)
=1. Ainsi les dérivéesf ~?~e (z )
d’ordrepair
d’unefonction
caractéristique analytique
n’ont pas de zéros sur lesegment
de l’axe
imaginaire
situé dans l’intérieur de sa bande derégularité.
Chaque point iy
de ce segment a unvoisinage
danslequel (z)
estholomorphe
et différente de zéro. Dans cevoisinage,
on peut doncécrire
f(2k)(z) =
exp(gk(z)),où est
holomorphe
en toutpoint
du segment- a Imz .
Soit
Ak (
t,y)
lapartie
réelle etBk(
t,y)
lapartie imaginaire
de( z ) ; alors,
f(2k)(z)
= exp(Ak(t, y) + i Bk(t, y)).Ainsi
) _-_. Log
|f(2k)(z)
) et y) _Argf(2k)(z).
On peut transformer
l’inégalité (~ . g )
et l’on obtient Ak(t, y’) Ak(o, y),donc la fonction
A/t(t, y)
a un maximum aupoint
t - o pourvuque
y (- 03B1 y
soit fixé. Cela veut dire que~Ak ~t (o, y) = o, ~2Ak ~t2 (
o, y) o.Comme est
holomorphe
aupoint z
==i~~^,
on peutappliquer
leséquations
deCauchy-Riemann
et deLaplace,
et l’on ay~~
(°, Y)=° ~~)~ ~ .~
(°~y)~a.Nous avons ainsi établi le résultat suivant :
THÉORÈME 2.4. - Soit
f (z)
unefonction caractéristique analytique
dont la bande de
régularité
est lcc bande - a Im z = yfi
etsoit If un entier non
négatif.
Alors estindépendante
de y et
Log|f(2k)(iy) |
est unefonction
convexe de y pourvu que - ety 03B2.
Lafonction f(- i y )
est unefonction réelle,
nonnégative
et convexe et elle est même strictement convexe sif (z )
i .3. Les fonctions caractéristiques
analytiques
et leurs fonctions derépartition.
- Nous examinerons dans cettepartie
la relationqui
existeentre une fonction
caractéristique analytique
et sa fonction derépar-
tition. Nous commençons par donner une condition nécessaire et
suffisante
qui
doit être satisfaite par la fonction derépartition
pour quesa fonction
caractéristique
soit une fonctioncaractéristique analytique.
Nous avons
déjà
vu que la fonctiongénératrice (2.8)
existe pourchaque
fonction derépartition F (x) qui
a une fonctioncaractéristique analytique.
Laréciproque
est aussivraie,
c’est uneconséquence
duraisonnement utilisé dans le théorème 2.1. Ainsi les fonctions de
répartition ayant
une fonctioncaractéristique analytique
sontidentiques
aux fonctions de
répartition possédant
une fonctiongénératrice (2.8).
Le critère suivant est donc immédiat. Pour que la fonction de
répar-
tition
F (x)
ait une fonctioncaractéristique analytique,
il faut et il suffitque :
loF (x)
ait des moments 03B1k de tous ordresA ;
’1
2° Lim oo.
Alors la
série 03A3 03B103BD 03BD ! (iz)03BD
converge dans le cercle( z
p et coïncide03BD=0
avec la fonction
caractéristique
deF(x)
pour des valeurs réelles de z.Le résultat suivant est
plus
utile et ilpeut
êtreappliqué
immédia-tement.
THÉORÈME 3.1. - Pour que la
fonction
derépartition
F(x)
ait unefonction caractéristique analytique
ilfaut
et ilsuffit
que(3.1) 1-F(x)+F(-x)=o(e-e.x)
quand
pour tous les r tels que r R. Ici R est une constante
positive quel-
conque et la bande de
régularité
de lafonction caractéristique
deF ( x )
contient la bandeI
Im z R.Remarque:
- Rpeut
êtreinfini,
alors(3. i)
est satisfait pour toutr réel et la fonctioncaractéristique f(z)
de F(x)
est une fonction entière.La relation
(3.i)
est évidemmentéquivalente
aux deux relationssimultanées :
Nous commencerons par démontrer que ces conditions sont suffi-
santes. Soit y un nombre réel tel
que 1 y
R et choisissons r > o tel que r R. Soit k un entierpositif,
on voit immédiatement queIl s’ensuit de la relation
(i) qu’il
existe un nombreCi
tel quel’inégalité
I - F ( k - ) Ci e-rk
soit satisfaite pour k suffisamment
grand,
soitpour k
>K1.
Alorse|y|x dF(x) 1e-k(r-|y| ) pour k fl K1.
Nous choisissons un entier K >
Ki
et deux nombres réels a et b tels que aK,
b > o . Alorse|y|xdF(x)03A3
a ~ e|y|xdF(x)103A3e-k(r-|y|)=1e-(r-|y|)K 1-e-(r-|y|).
k=K
i - e- -
Le membre de droite de cette
inégalité
devient aussipetit qu’on
veut pourvu que K soit suffisamment
grand.
Mais cela veut dire quel’intégrale : a+bae|y
|xdF(x)
devient aussipetite
que l’on veut,quelle
a
que soit la valeur de
b,
si l’on choisit a assezgrand.
Alorsl’intégrale
0. 0
existe et est finie.
De la méme
façon.
nous avonsl’inégalité
-k-1k e|yx|dF(x) e|y|kF(-k+I)
et la relation
(ii)
entraînequ’il
existe une constante’1
telle queF (- k -f-1 ~
e~’’~~ pour tout k suffisammentgrand,
soit pour k ~K1.
Nous choisissons un nombre entier
K’> K1
et deux nombres réelsc > K’ et d > o et nous démontrons aisément que
-e-c-de|yx|dF(x) ’1 e-9r-|y|)K’ I-3-(r-|y|).
A l’aide d’un raisonnement semblable au
précédent,
on voit quel’intégrale 0-~e|yx|dF(x)
existe et est unie. Mais alors il est immédiatque
l’intégrale ~-~e|yx|dF(x)
et donc aussil’intégrale ~-~eyxdF(x)
existent et sont finies pourvu
que |y|
R. Soient z = t + iy, alorsl’intégrale
/(~)= f eizx
dF (x)est convergente pour t
quelconque
et( y ~
R etf ’(,~ )
est une fonctionholomorphe.
Ainsi nous avons démontré que notre condition estsuffisante.
Pour établir la nécessité de la condition
(3. i),
nous posonsl’hypo-
thèse que la fonction
caractéristique
f(z)
= ~-~ eizx dF(x)est une fonction
caractéristique analytique
dont la bande derégularité
est la
bande - 03B1 Im z = y 03B2.
Soit et soit x unnombre
positif;
alors lesintégrales
eyu
dF(u)
et eyu dF(u)~’ - r
.
existent et sont finies pour tout y satisfaisant
l’inégalité ~
R. Nouschoisissons un nombre n R ainsi
qu’un
nombre ~°z tel que r ri R.Alors il existe un nombre réel et
positif
tel queeur1dF(u)er1x(I-F(x))
ou
o ( 2014 F ( s )) erx ’’
Comme lr1 > r, le membre de droite tond vers zéro
quand
x tendvers l’infini et nous voyons que
1- F ( x) = o ( e-’~v’ ) quand
x -+ ce. ,De même, on établit que la condition
(ii)
est satisfaite.Nous disons
qu’une
fonction derépartition F(x)
est bornée àgauche
et que et est son extrémité
gauche
- en formule a ==gext(F)
- sipour ~ ~
oquelconque
F(a - ~ )
= o, tandis que F( a
+E )
> o. Nousdéfinissons de la môme
façon
des fonctions derépartitions qui
sontbornées à droite et leur extrémité
droite, dext(F) (2).
Nous disonsqu’une
fonction derépartition
est unilatérale si elle est bornée ouà
gauche
ou àdroite,
mais nousparlons
d’une fonction derépartition
finie si elle est bornée en même
temps
àgauche
et à droite.(’- ) Dans la littérature anglaise on a la notation lext( F ) pour gext(F) et rext( F)
pour dext ( F ) ( voir [ 26 ] ).
Soit F
(x)
une foncion derépartition finie,
alors- F (x) -f- F (-x) = o
pour x suffisamment
grand.
AinsiF(x)
satisfait à la condition(3. ! )
etl’on voit que la fonction
caractéristique
d’unerépartition
finie esttoujours
une fonction entière. Mais onpeut
donner des énoncésplus précis qui
sont liés auxpropriétés
des fonctions derépartitions
uni-latérales dont la fonction
caractéristique
estanalytique.
C’est cetteclasse de fonctions de
répartitions
que nous allons étudier maintenant.THÉORÈME 3.2. - Soit
F(x)
unefonction
derépartition qui
a unef onction caractéristique analytique.
La condition nécessaire etsuffi-
sante pour
queF(x)
soit bornée àgauche (èc droite)
est quef(z)
soitholomorphe
dans ledemi-plan supérieur (inférieur)
etqu’il
existe unnombre
positif
c tel que|ec|z |,
pourvu que > o(Im z o).
Supposons
queF ( x )
soit bornée àgauche
et que a =gext ( F ) .
Alorsl’intégrale ~a eixz dF(x),
où z == t +iy,
est une fonctionholomorphe
de z pourvu que y = Imz > o. C’est presque immédiat
quand
a > o,si a o nous écrivons
eixz dF(x) = eixz dF(x) + eixzdF(x).
La
première intégrale
du côté droit est une fonction entière de z tandis que la secondeintégrale
estholomorphe
pour y > o. Nous avonsposé l’hypothèse
quef(z)
est une fonctioncaractéristique analytique.
Donc
f (z)
estholomorphe
dans une bandequi
contient l’axe réel à l’intérieur etf (2) peut
êtrereprésentée
par uneintégrale
de Fourier(z)=
~-~eixz
dF(x).Comme f(z)
estholomorphe
dans ledemi-plan supérieur,
on voit que le domaine de validité de cettereprésentation
contient ledemi-plan
Imz > o à l’intérieur.
Ainsi,
nous avons~/(~=! / ’a f /
~ t.. a .à condition que y = Imz > o et l’on voit aisément que
Ainsi nous avons démontré que la condition est nécessaire.
Supposons
maintenant que soit unefonction caractéristique analytique holomorphe
pour y ==Imz >
o etqui
satisfait dans ce demi-plan
àl’inégalité
~,f(’~) ~
ec l ~ l ,où c est un nombre
positif.
Posons z =iy(y
>o ),
onpeut
alors démontrer queh = - Lirn
sup - Log f
(i,y)1+ z y
est fini. Soit s un nombre
positif quelconque
et soient X1 et X2 deuxnombres réels tels que et h - x2 = 2~.
Représentant f(z)
comme une
intégrale
deFourier,
nous voyons quef (iy) =
Il résulte de la définition de Il que - la + E
> .Y I Log f ( iy) ,
ouf(
iy) C e-y(h-~) = e-y(r2+~).Par
conséquent, e-~~00FF > F (x2~ - F (x1’) ~ o pour ~ ~
c>quelconque
pourvu que y soit assez
grand.
Mais ceci n’estpossible
que si’
quand
cela veut dire que
F (x)
est bornée àgauche
et quegext(F)
Ainsi .le théorème est établi pour des fonctions de
répartition
bornées àgauche.
Mais il s’ensuit encore de
(3 . 2)
queLog f ( i y )
alors ona nécessairement aussi
l’inégalité
Il > a =gext(F),
où h = a et nousobtenons la formule
(3.3) gext(F) gext(f) = - Lim sup I y Log f (iy). =- Lim sup Nous pouvons maintenant énoncer le
COROLLAIRE 1 DU THÉORÈME 3 . 2. - Soit F
(x)
unefonction
derépar-
tition bornée à
gauche (à droite)
dont lafonction caractéristique
est une
fonction canactéristique analytique.
AlorsNous avons démontré le théorème 3.2 et son corollaire seulement pour les fonctions de
répartitions qui
sont bornées àgauche.
De la mêmefaçon,
on démontre lethéorème
pour lesrépartitions
bornées à droite.Si la fonction de
répartition
estfinie,
on obtient un résultatplus
fort.THÉORÈME 3.3. - Soit
F(x)
unefonction
derépartition finie
etsupposons
qu’elle
n’est pasdégénérée.
Alors safonction
caractéris-tique
est unefonction
entière d’ordre i et dutype exponentiel qui
aune
infinité
dezéros. Réciproquement,
unefonction caractéristique
entière d’ordre 1 et du
type exponentiel correspond tou jours
à unefonction
derépartition finie.
Les extrémités deF(x)
sont donnéespar les
formules (3.4~.
Soient
a = gext[F],
b =dext[F],
c =max(|
a|, |b |)
. Il résulte duthéorème 3.2 que
]
donc Utilisant le théo-rème
2.3,
nous voyonsque f(z)
est une fonction entière d’ordre 1 etdu
type exponentiel.
En vertu du théorème deHadamard,
on af (,~ )
=G ( z ) e"~ ,
oùG ( z ~
est leproduit canonique
déterminé par les zéros def(z).
Comme|
I pour tréel, G(z)
nepeut
pas être unpolynome
et doit ainsi avoir une infinité de zéros. Le second énoncé du théorème 3.3 et les formules pour les extrémités sont uneconséquence
du théorème 3.2.
La
première partie
du théorème 3.3 fut démontré par P.Lévy [15],
la
réciproque
par G.Pôlya [26].
Notre dérivation du théorème 3.2 se sert de la méthode de démonstration dePôlya.
Ici il faut faire deux remarques :I. Une fonction de
répartition
unilatérale n’a pas nécessairement une fonctioncaractéristique analytique.
Commeexemples
nous citons les lois stables avec indices o~(x;i iet ;3 = ±
Ispécifiquement
nousfaisons mention d’une loi trouvée par N. V. Smirnov
(voir
Gnedenko-Kolmogorov [9],
p.I7I)
et par P.Lévy ([18],
p. 18 iet [19]).
Cetteloi a la densité de
probabilité
et la fonction
caractéristique
Il serait intéressant de trouver des conditions suffisantes pour
qu’une
fonction de
répartition
unilatérale ait une fonctioncaractéristique
ana-lytique.
II. Il y a des fonctions de
répartition
unilatéralesqui
ont des fonc-tions
caractéristiques
entières d’ordresupérieur
à i. On obtient une telle fonction derépartition
entronquant
la distribution deLaplace
03A6(x)
= 1 ~-~e-t2 2 dt
aupoint
x = o.Il y a des fonctions
caractéristiques
entières d’ordrequelconque
etl’on
peut
dériver une condition suffisante pourqu’une
fonction derépar-
tition ait une fonction
caractéristique
entière d’ordre donné.THÉORÈME 3.4. - Soit a un nombre
positi f
et F(x)
unefonction
derépartition. Supposons qu’il
existe deux constantes réelleset positives,
K > o et o, , telles que
pour
chaque
x xo. L’ordre 03C1 def(z)
est alors 03C1 = I +I 03B1.
Soit
y ~
o et choisissons un nombreentier y
> i tel que1
(3.5) x = (g|y|)03B1 > x0.
Soient B et v deux nombres réels tels que
B ~
p ~ x, alors (~.6~~)Calculons
l’intégrale
~ ~L
x x
Intégrant
parpardes
nous obtenonsBxe-y03BDdF(03BD)=e-yx[I-F(x)]-e-yB[I-F(B)]-yBxe-y03BD[I-
F(03BD)]d03BD.Comme il s’ensuit de
( i )
et de( 3 . 6 a )
queDe la même
façon,
on déduit de(i)
et(3.6a) l’inégalité
~ ~B
~ ~.
t~)
Alors les
intégrales
~
et~
~ ~ ~~
existent et sont unies et nous avons
Donc on a
~x e-y03BD dF(03BD) K e-x|y|+|y| ~xe-y03BD[I-F(03BD)] d03BD 2 K e-x|y|
et
(3.7a)
~x e-y03BDdF(03BD)
2 K exp[- g1 03B1
|y| 1+1 03B1]
.Soit maintenant A > x et soit v tel que
A ~ ~ v ~ ~
x, il s’ensuit alors de(3.5)
(3.6b) ~
et nous voyons à l’aide de
( i )
et de(3.6 b )
quee~~’~ F(_ et lim F(_ A ) = o.
A~~
De la même
façon,
on voit. quequand v o.
En vertu de
( 3 . ~ b ),
nous obtenonsEn
répétant
le raisonnementqui
nous donnait(3. ~ a)
nous établissons quel’intégrale -x-~ e-y03BD
_dF (p)
existe et est finie et que234
Enfin,
nous considéronsl’intégrale x-~e-y03BD dF (03BD).
Comme-
y03BD |y| . |03BD| |y| x,
nous déduisons de
(3.5) l’inégalité
(3.70)
x-x e-y03BD dF (03BD) exp [g1 03B1 |y|1+1 03B1].
Additionnant les
intégrales (3.~), (3.~~)
et(3.~ c),
on obtient(3.8)
(3.8) ~-~e-y03BD d F(03BD) 4 K exp[- g1 03B1 |y| 1+1 03B1] +exp
[g1 03B1 |y| 1+1 03B1].
Cette relation montre que
l’intégrale
existe pour z
complexe quelconque
etque f(z)
est une fonction entière.En accord avec le lemme
2.1,
nous avons/(~)+/(-~)~M(y;/),
et) parconséquent,
de(3.8),
Nous en déduisons aisément que
(3.9) 1
+ [ S
P.Pour établir
l’inégalité inverse,
nous utiliserons le lemme2 . 1
et nousremarquerons que
N’ (J/ ;
f) 2 ( lf iy)
+f(-
l S( / /
(e>’’ + e->.> iF ( v >, où J/ > o.Alors
où x est déterminé par
(3.5). Écrivons
en vertu
de (ii)
nous voyons que ~ (X > o et obtenons _Alors,
on a aisément(3.gb)
P~~+ ~.
°L’assertion du théorème 3.4 est une
conséquence
immédiate desInégalités ( 3 . g cc) et 3 . g b ).
D.
Dugué
a donné un énoncé semblable dans une Note[5].
Cette Notene contient pas la démonstration et les
hypothèses
faites sont un peuplus
restrictives que celles du théorème 3.4.Enfin nous remarquerons
qu’il
y a aussi des fonctionscaractéristiques
entières d’ordre infini.
Soit f (t)
une fonctioncaractéristique quelconque,
on sait alors que la fonction exp
~ f ( t)
-i ~
est aussi une fonction carac-téristique.
Enrépétant
ceraisonnement,
on voit que toutes les fonctionsde la suite définie par
f(1)(t) =f(t),
f(n)(t) =exp[fn-1(t)
- I]sont des fonctions
caractéristiques. Commençant
avecf(1)(t)
= eit onconstruit ainsi une suite de fonctions
caractéristiques
entières d’ordre infini et de croissance deplus
enplus rapide.
4. La
décomposition
des fonctions caractéristiquesanalytiques.
- SoitJ( t)
une fonctioncaractéristique
arbitrairequi
n’est pas néces-sairement
analytique.
Ilpeut
arriverqu’il
soitpossible
dereprésenter f (t)
comme leproduit
de deux fonctionscaractéristiques
(4.i~)
f(t) = fl (t) f~(~)~
Supposons,
deplus,
que les fonctionsf ~ ( t)
etf ~ ( t) correspondent
àdes fonctions de
répartition
nondégénérées,
on dit alors quef (t)
estdécomposable
etqu’elle
a les facteursfi ( t)
etf 2 ( t ). Désignons
parF(x), Fs (x), Fz (x)
les fonctions derépartition qui correspondent
auxfonctions
caractéristiques f ( t), f, ( t), f ~ ( t).
Le théorème decomposi-
tion
([20],
p.193)
fait que l’assertion(4.1 a)
estéquivalente
àNous n’avons pas l’intention de
discuter
lesproblèmes
dedécompo-
sition des fonctions
caractéristiques.
C’est unsujet
trèsintéressant,
maisnous n’examinerons ici
qu’une question spéciale
et nous nous occuperonsseulement
de ladécomposition
des fonctionscaractéristiques analytiques.
Soit une fonction
caractéristique analytique
dont la bande derégularité
est la bande-- a Im,~ ~,
oùa > o, ~i > o.
Faisonsl’hypothèse
quef’~2)
estdécomposable,
alors~4.1 a)
est satisfaite pour t réelquelconque.
SoientA, B, ~~, ~2 quatre
nombres réels tels queA> 0,
B > o,
~2 > ~i,
il s’ensuit alors de(4. I b)
queFixons un nombre réel v tel que - « v
03B2 ;
comme est unefonction
caractéristique analytique.
on sait quel’intégrale dF(x)
existe et est finie et que
/ ~
- x/ ~
- ltpour a et b
positifs quelconques.
Afin d’écrirel’intégrale
e-03BDxdF(x)
comme la limites des sommes de
Riemann-Stieltjes
nous construisonsune suite de subdivisions de
l’intervalle ~ ab ~
en introduisantAinsi .
Désignons
par237
pour j
== ï, 2, ..., 2’t et par2n
gn(y; ~)
=~h;’(y~
v).j=1
Alors il s’ensuit de
(4.2) et (4.5)
que(4.6)
ba e-03BDx dF (x)
~c limv)dF2(y).
Évidemment
x(a+1 ) C x(ra+9 ) C x(n+1)2 j+1,
de cette
inégalité
et de(4.4)
on conclut que ,v) ~ v) + v)
et l’on a ainsi
gn (,Y; v ) ~ (,i’; v ).
Regardant
les fonctions comme des sommes de Riemann-Stieltjes,
on voit quelim 03BD)
_ _
~-~ .’ . dF1(z).Appliquons
le théorème de convergence monotone à la formule(4.6),
alors
ba
e-03BDx dF (x)
B-03BB
[
li
m gn(y; 03BD)]
dF2(y)e-vx dF(x) B-A[lim gn(y;
03BD)] dF2(y)
ou
~> ~-~e-03BDx dF(x) ba e-03BDx dF(x) B-A
e-03BDy[b-ya-y e-03BDz
dF1(z)] dF2(y)
.Remarquons
queb-ya-y e-03BDz dF1(z) b-B
e-03BDz dF1(z ),a-y a+A
ainsi
~-~ e-03BDx dF(x) [B-A e-03BDy dF2(y)][b-Ba+A e-03BDz dF1(z)].
L’intégrale
dans le membre degauche
de cetteinégalité
est finie etest