Université Pierre & Marie Curie M1 de Mathématiques
MM002 (Algèbre et théorie de Galois) Automne 2012
TD n◦1b.
Exercice 1. SoitQla clôture algébrique de QdansC. Montrer que
Q= (Q∩R)(i).
Solution. On ai∈Qet (Q∩R)⊂R, donc (Q∩R)(i)⊂Q.
Réciproquement, soitz ∈Q. Comme tout nombre complexe, il s’écrit,z =a+ibaveca, b∈R. Montrons que a, b∈Q. SoitP ∈Q[X] un polynôme annulateur non nul dez; AlorsP(¯z) =P(z) = 0, donc ¯zest algébrique.
Donca= z+¯2z est aussi algébrique etb=−i(z−a) aussi. Doncz∈(Q∩R)(i).
Exercice 2. Montrer que P =X3−X+ 1 est irréductible surQ. Soitαune racine deP dansC. Quel est le degré deQ(α) surQ? Exprimer l’inverse deβ=α2−α+ 1 dans la familleQ-libre (1, α, α2).
Solution. Comme P est de degré 3, il suffit de vérifier que P n’a pas de racines dans Q. Si z est une telle racine, elle s’écrit z= pq avecpet qpremiers entre eux. Alorsp3−3pq2+q3= 0 et doncq3=p(3q2−p2) est divisible parp. Commepetqsont premiers entre eux,pest inversible. De mêmep3=q(3pq−q2doncqdivise p3, doncqest aussi inversible. Doncz= 1 ou−1, qui ne sont ni l”une ni l’autre solutions. Donc [Q(α) :Q] = 3.
On applique l’algorithme d’euclide
0 =α3−α+ 1 = (α+ 1)β−α, β=α(α−1) + 1,
Donc en remplaçantαdans la deuxième ligne par sa valeur dans la première ligne, on trouve 1 =β−α(α−1) = β(1−(α−1)(α+ 1) =β(2−α2). Doncβ−1= 2−α2.
Exercice 3. SoitIun idéal d’un anneau (commutatif unitaire)A.
Montrer queI est un idéal premier si et seulement siA/I est intègre.
Montrer queI est un idéal maximal si et seulement siA/I est un corps.
Solution. Si I est premier, soit ¯a,¯b∈ A/I tels que ¯a¯b = 0. En prenant des préimagesa,b de ¯a,¯b dansA, on obtientab∈I , donca∈I(et donc ¯a= 0) oub∈I(et donc ¯b= 0).
Réciproquement, siA/I est intègre, soienta, b∈Atels queab∈I. Alors ¯a¯b= 0, donc ¯a= 0 (et donca∈I) ou
¯b= 0 (et doncb∈I).
.
Si I est un idéal maximal, soit ¯x non nul dans A/I. ALors une préimage x dans A n’est pas dans I. Par maximalité deI, I+Ax=A, donc 1 =z+xx0 avecz∈I et x0 ∈A. Donc ¯x¯x0= 1, etA/I est bien un corps.
Si A/I est un corps. SoitJ 6=I un idéal contenant I. Soit x∈J\I. Alors ¯xest inversible dans A/I et soitx0 une préimage de cet inverse. On a xx0−1∈I ⊂J. Comme xx0 ∈J, on obtient 1∈J et doncJ =A, ce qui prouve la maximalité deJ.
Exercice 4. Montrer que la sous-variété deC2 définie par l’équationX2=Y3est irréductible.
Solution. On a un morphisme d’anneau injectifC[X, Y]/(X2−Y3)→C[T], qui envoieX surT3etY surT2. DoncC[X, Y]/(X2−Y3) est intègre en tant que sous-anneau d’un anneau intègre. Donc la sous-variété est bien irréductible.
Exercice 5. Montrer que la sous-variétéV deC3définie par les deux équationsXZ=X et X2=Y Z a trois composantes irréductibles.
Solution. La première équation équivaut à X = 0 ouZ = 1. SiX = 0 la seconde équation équivaut à Y = 0 oùZ = 0. DoncV ={X = 0, Y = 0} ∪ {X = 0, Z = 0} ∪ {Z = 1, X2 =Y}et aucune de ces trois composante n’est contenue dans l’union des deux autres. Montrons qu’elles sont bien irréductibles.
On a C[X, Y, Z]/(X, Z)'C[Y], qui est intègre, donc {X = 0, Y = 0} est irréductible. De même pour {X = 0, Z= 0}.
On a C[X, Y, Z]/(Z−1, X2−Y)'C[X], en envoyantX sur X,Y surX2 etZ sur 1. Donc{Z= 1, X2=Y} est aussi irréductible.
1
Exercice 6. Montrer que la sous-variétéV deC3définie par les deux équationsXZ=Y2 etX3=Y Z a deux composantes irréductibles : les ensemblesV1={(0,0, t), t∈C}et V2={(t3, t4, t5), t∈C}.
Solution. On vérifie facilement que V = V1 ∪V2 et que V1 et V2 ne se contiennent pas l’un l’autre. Or V1={X = 0, Y = 0}est une sous-variété irréductible.
On aV2=V(I) avecI= (Y3−X4, Y5−Z4, X5−Z3). En effet si (x, y, z)∈V(Y3−X4, Y5−Z4), soitt une racine cubique de x. On obtient alors y3 =x4 =t12. Doncy =t4ω oùω3 = 1. En remplaçant t partω2, on obtientx=t3ety=t4. Alorsz4=y5=t20 etz5=t25 donczt−5 est une racine quatrième et cinquième de 1 : doncz=t5. DoncV2 est une variété algébrique.
On a un morphisme f : C[X, Y, Z] → C[T] qui envoie X sur T3, Y sur T4 et Z sur T5. Si f(P) = 0, alors P(T3, T4, T5) = 0 donc P s’annule surV2, doncP ∈√
I d’après le nullstellensatz. Donc I ⊂kerf ⊂√ I. Or kerf est premier puisqueC[T] est intègre. Ce qui prouve queV2 est irréductible.
Exercice 7. Étant donnéI un idéal d’un anneauA, on note √
I son radical (ou sa racine). SoientI, J et L des idéaux de A, montrer les assertions suivantes :
a) si I⊂J, alors√ I⊂√
J, b) √
I·J=√ I∩J, c) √
I∩J =√ I∩√
J, d) p√
I=√ I,
e) si pest un idéal premier, alors√ p=p, f) √
I+√ J ⊂√
I+J, g) √
I+J =p√
I+√ J, h) p
(I∩J) + (I∩L) =p
I∩(J+L),
i) soient (pi)1≤i≤n des idéaux premiers de A, supposons que
I⊂
n
\
i=1
pi⊂√ I,
montrer que
√ I=
n
\
i=1
pi.
Solution. a) Sifn∈I,fn∈J et doncf ∈√ J.
b) CommeIJ⊂I∩J,√
I·J ⊂√
I∩J d’aprèsa). Réciproquement sifn∈I∩J, alorsf2n=fn·fn∈I·J et doncf ∈√
I·J. c) I∩J ⊂I, donc √
I∩J ⊂√
I, d’après a). De même, √
I∩J ⊂√
J, donc √
I∩J ⊂√ I∩√
J. Récipro- quement, sifn ∈Iet fm∈J, alorsfmax(m,n)∈I∩J et doncf ∈√
I∩J. d) Sifn∈√
Ialors, il existe mtel que (fn)m∈I. Commefnm∈I,f ∈√
I. La réciproque est évidente.
e) Sifn=f· · · · ·f ∈p, alorsf ∈pcarp est premier.
f) On a√ I,√
J ⊂√
I+J d’après a), donc√ I+√
J ⊂√
I+J. En appliquanta) àf), puisd), on obtient p√I+√
J ⊂√ I+J. Réciproquement, I ⊂√
I et J ⊂ √
J, doncI+J ⊂√ I+√
J. En appliquant a), on obtient l’inclusion voulue.
g) On aI∩J, I∩L⊂I∩(J+L) doncp
(I∩J) + (I∩L)⊂p
I∩(J+L) en appliquant a).
Réciproquement, Sifn ∈I∩(J+L), alors fn = j+l avecj ∈ J et l ∈ L. Alorsf2n =jfn+lfn et jfn ∈I∩J etlfn∈I∩L. Doncf ∈p
(I∩J) + (I∩L).
h) En appliquanta) on obtient √
I⊂pTn
i=1pi. OrpTn
i=1pi=Tn i=1
√pi =Tn
i=1pi d’aprèsc) ete). Donc
√I⊂Tn
i=1pi et l’autre inclusion est vraie par hypothèse.
2