1. Suites et s´
eries
MTH1101
C. Audet, G. Jomphe, S. Le Digabel Polytechnique Montr´eal
A2019
Plan
1. Suites
Historique (1/2)
I La notion de suite est pr´esente d`es qu’apparaissent des proc´ed´es illimit´es de calcul. On en trouve, par exemple, `a l’´epoque babylonienne, chez Archim`ede, sp´ecialiste des proc´ed´es illimit´es d’approximation pour des calculs d’aires et de volumes, ou, plus r´ecemment en ´Egypte au 1er si`ecle apr`es J´esus-Christ, dans le proc´ed´e d’extraction d’une racine carr´ee par la m´ethode de H´eron d’Alexandrie.
I Quelques si`ecles plus tard, des math´ematiciens comme Bernoulli, Newton, De Moivre, Stirling et Wallis, se sont int´eress´es aux suites pour approcher des valeurs num´eriques. C’est `a Lagrange que l’on doit, semble-t-il, la notation indicielle.
Historique (2/2)
I L’´etude des suites a ouvert la porte `a celle des s´eries enti`eres dont le but est d’approcher, non plus des nombres, mais des fonctions.
I Dans la seconde moiti´e du 20`eme si`ecle, le d´eveloppement des calculateurs et des ordinateurs a donn´e un second souffle `a l’´etude des suites en analyse num´erique grˆace `a la m´ethode des ´el´ements finis.
I L’usage des suites et des s´eries, en particulier la s´erie g´eom´etrique, est largement r´epandu en math´ematiques financi`eres.
Motivation pour les suites et s´
eries
I Un ordinateur ne sait faire que les quatre op´erations ´
el´ementaires.
I Comment calculer les valeurs des diff´erentes fonctions avec seulement les op´erations ´el´ementaires ? Quelles sont les erreurs, les pr´ecisions ?
I On utilise des s´eries pour cela.
I On peut aussi les utiliser pour int´egrer certaines fonctions.
I La notion de s´erie repose sur la notion de suite.
I Nous allons ´etudier la convergencedes s´eries infinies.
I Ceci permettra ensuite d’´etudier les s´eries de Taylor pour la repr´esentation des fonctions.
1. Suites
D´
efinitions
Unesuiteest une liste infinie de nombres, not´ee {a1, a2, . . .}
ou
{an}
ou
{an}∞n=1
D´
efinitions
Il existe 2 fa¸cons de d´efinir une suite :
I Par une relation de r´ecurrence : an+1 =
1
2(an+ 4) + 2 avec n ≥ 0 et a0 = 6
I A l’aide d’un terme g´` en´eral : an=
n + 1
Exemple 1
Trouver le terme g´en´eral de la suite 3 5, − 4 25, 5 125, − 6 625, 7 3125, . . .
Suite g´
eom´
etrique
Consid´erons la suite g´eom´etrique{an} d´efinie par
a0 = a
an+1= r an, n ≥ 1
o`u a et r (laraison) sont deux r´eels. Le terme g´en´eral s’´ecrit an= arn avec n ≥ 0. Illustration : a0 = a a1 = ra0= ar a2 = ra1= ar2 a3 = ra2= ar3 .. . an = ran−1= arn
Suite de Fibonacci
C’est la suite
{1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, . . .} d´efinie par
a1 = 1, a2 = 1, an= an−1+ an−2 pour n ≥ 3
Propri´et´e : La suite {an/an−1} convergevers le nombre d’or :
1/1 = 1 2/1 = 2 3/2 = 1.5 5/3 ' 1.667 8/5 = 1.6 13/8 = 1.625 21/13 ' 1.615 . . . an/an−1 → 1 +√5 2 = 1.6180339 . . .
Suites et fonctions
L’´etude d’une suite {an} peut se faire `a l’aide de la notion de
fonctions. Pour cela, reportons sur un graphique quelques ´el´ements de la suite et consid´erons une fonction f qui passe par les points de coordonn´ees (1, a1), (2, a2), (3, a3), . . .
Il est donct possible de d´efinir une suite `a l’aide de la notion de fonction.
Une suite est une fonction f telle que f (n) = an. Le domaine de la
Repr´
esentation graphique
Deux fa¸cons de repr´esenter la suite an= n/(n + 1), n ≥ 1 :
Ces graphes semblent indiquer que les termestendentvers 1 lorsque n devient grand.
Convergence et divergence d’une suite
Une suite {an}admet une limite L, et l’on ´ecrit
lim
n→∞ an= L ou bien an→ L lorsque n → ∞,
si pour tout ε > 0 il existe un entier positif N (ε) tel que |an− L| < ε pour tout n > N (ε)
I Cela signifie que les termes de la suite peuvent ˆetre rendus aussi proches que l’on veut de L en prenant n suffisamment grand.
I Si limn→∞ an existe, on dit que la suite estconvergente.
Illustration
Illustration
Illustration
Illustration
Illustration
Illustration
Illustration
ε = 0.0001 : `a partir de a200000000 on a 0.9999 < an< 1.0001
Divergence vers l’infini
{an}diverge vers l’inifinisi pour tout nombre positif M il existe un
entier N tel que
si n > N alors an> M
On note
lim
n→∞an= ∞
Exemple 2
D´emontrer en utilisant la d´efinition que la suite1n converge vers z´ero.
Travailler avec cette d´efinition n’est pas toujours facile. C’est pourquoi on a d´evelopp´e d’autres outils.
Liens avec la limite d’une fonction
I Si limx→∞f (x) = L et f (n) = an lorsque n est entier, alors
lim
n→∞an= L
I Exemple : Comme lim
x→∞(1/x r) = 0 lorsque r > 0, on a lim n→∞1/n r= 0 si r > 0 I Si lim
n→∞an= L et si la fonction f est continue en L, alors
lim
n→∞f (an) = f (L)
I Exemple 3 : Calculer lim
Propri´
et´
es des limites
Consid´erons les deux suites convergentes {an} et {bn} et telles que
lim n→∞ an= a et n→∞lim bn= b alors P1. lim n→∞ (an± bn) = limn→∞ an± limn→∞ bn= a ± b P2. lim
n→∞ (Kan) = K limn→∞ an= Ka o`u K est une constante
P3. lim n→∞ an bn = lim n→∞ an lim n→∞ bn = a
b pour b non nul
P4. lim
Th´
eor`
eme du sandwich ou des gendarmes
Si, pour un certain N on an≤ bn≤ cn pour n ≥ N , et que
lim n→∞ an= limn→∞ cn= L alors lim n→∞ bn= L Cas particulier :
Comme −|an| ≤ an≤ |an|, si limn→∞ |an| = 0, alors
lim
Exemples
I Ex. 4 : ´Etudier la convergence de an= n!/nn
I Ex. 5 : ´Etudier la convergence de an= ln n/n
I Ex. 6 : ´Etudier la convergence de an= rn selon les valeurs
Monotonicit´
e
Une suite {an} est :
I Croissante si an+1≥ an pour tout n
I D´ecroissante si an+1≤ an pour tout n
I Strictement croissante si an+1> an pour tout n
I Strictement d´ecroissantesi an+1< an pour tout n
I (Strictement) monotonesi elle est (strictement) croissante ou (strictement) d´ecroissante
Exemple 7 : Montrer que la suite an= n/(5n + 3) pour n ≥ 1 est
Majoration
Une suite {an} est :
I Born´ee sup´erieurement s’il existe M tel que an≤ M pour
tout n
I Born´ee inf´erieurement s’il existe m tel que an≥ M pour
tout n
I Born´eesi elle est born´ee sup´erieurement et inf´erieurement Th´eor`eme des suites monotones :
Toute suite monotone et born´ee est convergente
De mˆeme, toute suite croissante et born´ee sup´erieurement converge, et toute suite d´ecroissante et born´ee inf´erieurement converge
Exemple 8
´
Etudier la suite {an} d´efinie par a1 = 2 et an+1= (an+ 6)/2 pour
Exemple 9
1. Suites
Introduction
Tout nombre peut s’´ecrire sous la forme d’une somme infinie. Comme par exemple, avec la notation d´ecimale :
π = 3 + 1 10+ 4 102 + 1 103 + 5 104 + 9 105 + 2 106 + 6 107 + 5 108 + . . . = a1+ a2+ a3+ a4+ a5+ a6+ a7+ a8+ a9+ . . . = ∞ X i=1 ai
S´
eries num´
eriques : D´
efinitions
I Une s´erieest la somme des termes d’une suite {an}∞n=1 : ∞
X
n=1
an= a1+ a2+ a3+ . . .
I Suite des sommes partielles : {S1, S2, S3, . . .} avec
S1 = a1, S2 = a1+ a2, . . . , Sn= a1+ a2+ a3+ . . . + an
I Lasomme d’une s´erie, not´ee S, est d´efinie par S = lim
n→∞ Sn
I Si cette limite existe alors la s´erie est dite convergente. Dans le cas contraire, elle est dite divergente.
Exemple 10
Montrer que la somme de las´erie g´eom´etriqueest
∞ X n=0 arn= a + ar + ar2+ ar3+ . . . = a 1 − r pour a, r ∈ R et |r| < 1
Autre exemple : Las´erie de Riemann
∞ P n=1 1 np converge si p > 1 et diverge si p ≤ 1
Test de divergence
I Th´eor`eme : Si
∞
P
n=1
anconverge alors lim
n→∞an= 0
I L’inverse n’est pas forc´ement vrai : 1
n → 0 mais ∞ P n=1 1 n = ∞
I La contrapos´ee est vraie : Si la suite {an} diverge ou converge
`
a autre chose que z´ero, alors la s´erie P∞
n=1an diverge.
Test de l’int´
egrale (pour s´
eries `
a termes positifs)
I Soit la s´erie∞
P
n=1
an avecan≥ 0 pour tout n ≥ 1.
I Soit une fonction f telle que f (n) = an pour tout n ≥ 1 et
telle que sur l’intervalle [1; +∞[, elle estpositive,continue,
d´ecroissante. I Alors ∞ P n=1 anconvergente ⇐⇒ ∞ R 1 f (x)dx converge ∞ P n=1 an divergente ⇐⇒ ∞ R 1 f (x)dx diverge
I Exemple 11 : Montrer que
∞
P
n=1 ln n
Test de comparaison (s´
eries `
a termes positifs)
I Soient ∞ P n=1 an et ∞ P n=1bn deux s´eries `a termes positifs (an≥ 0
et bn≥ 0 pour tout n ≥ 1).
I Si an≤ bn pour tout n (ou `a partir d’un certain N ) et ∞ P n=1 bn converge, alors ∞ P n=1 an converge.
I Si an≥ bn pour tout n (ou `a partir d’un certain N ) et ∞ P n=1 bn diverge, alors ∞ P n=1 an diverge.
I Exemple 12 : Montrer que
∞
P
n=1 1
Test du quotient (s´
eries `
a termes positifs)
I Soient ∞ P n=1 an et ∞ P n=1bn deux s´eries `a termes positifs `a partir
de n ≥ N .
I Si lim
n→∞ an
bn = C avec C > 0 fini, alors les deux s´eries
convergent ou divergent en mˆeme temps.
I Exemple 13 : Est-ce que la s´erie
∞ P n=1 n3 n4+4n+2 converge ou diverge ?
Test de Leibniz pour une s´
erie altern´
ee
I La s´erie altern´ee ∞ X n=1 (−1)n+1an= a1− a2+ a3− a4+ . . .converge si les conditions de Leibnizsuivantes sont respect´ees :
I an≥ 0 pour tout n ≥ 1 ; I {an} est d´ecroissante ; I {an} converge vers 0.
I Si les conditions de Leibniz ne sont pas respect´ees, on ne peut rien dire sur la convergence de la s´erie.
I Exemple 14 : ´Etudier la convergence de
∞
P
n=1
Estimation de la somme d’une s´
erie altern´
ee
Soit une s´erie altern´eeP∞
n=1(−1)n+1an telle que les conditions de
Leibniz sont satisfaites. On veut mesurer la qualit´e d’approximation de S par Sn, avec S = ∞ X k=1 (−1)k+1ak= Sn+ ∞ X k=n+1 (−1)k+1ak On a |S − Sn| = ∞ X k=n+1 (−1)k+1ak ≤ (−1)n+2an+1 ≤ |an+1| = an+1
Exemple 15 : Estimer la valeur deR0.1
0 1
1+x100dx avec une
S´
erie absolument convergente
La s´erie ∞ P n=1 an est dite I absolument convergentesi P∞ n=1|an| converge ; I semi-convergente si P∞n=1an converge mais que
P∞
n=1|an|
diverge ;
Th´eor`eme : Si une s´erie est absolument convergente, alors elle est convergente.
Exemple 16 : ´Etudier les s´eries P∞
n=1(−1)n 1n2 et
P∞
Test du quotient (d’Alembert)
Soit la s´erie ∞ P n=1 an et L = lim n→∞ an+1 anI Si L < 1 : La s´erie est absolument convergente (et donc elle converge).
I Si L > 1 : La s´erie diverge.