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L'architecture dans la philosophie antique : approches pour une anthologie

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-01896640

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01896640

Submitted on 16 Oct 2018

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L’architecture dans la philosophie antique : approches

pour une anthologie

Anne Cauquelin, Arnaud Sompairac

To cite this version:

Anne Cauquelin, Arnaud Sompairac. L’architecture dans la philosophie antique : approches pour une anthologie. [Rapport de recherche] 340/86, Ministère de l’urbanisme, du logement et des transports / Secrétariat de la recherche architecturale (SRA); Ministère de la recherche et de la technologie; Architecture, recherche, paysage (ARP). 1985. �hal-01896640�

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L' ARCHITECTURE DANS LA PHILOSOPHIE ANTIQUE: A P P R O C H E S POUR U N E A N T H O L O G I E A n n e C a u q u e l i n A r n a u d S o m p a i r a c C O N T R A T N 0

Ministère de l'Urbanisme, du Logement et des Transports, Direction de L'Architecture Secrétariat de la Recherche Architecturale.

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a r c h i t e c t u r e - r e c h e r c h e - p a y s a g e

L' ARCHITECTURE DANS LA PHILOSOPHIE ANTIQUE:

A P P R O C H E S

POUR UNE A N T H O L O G I E

Anne C a u q u e l i n A r n a u d S o m p a i r a c

C O N T R A T N°

Ministère de l'Urbanisme, du Logement et des Transports, Direction de L'Architecture Secrétariat de la Recherche Architecturale.

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Septembre 1985

Le présent document constitue le rapport final d'une recherche remise au Secrétariat de la Recherche Architecturale en éxecution du programme général de recherche mené par le Ministère de l'Urbanisme , du Logement et des Transports avec le Ministère de La Recherche et de La Technologie. Les jugements et opinions émis par les respon­ sables de la recherche n'engagent que leurs auteurs.

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Introduction. Un référent majeur: la Grèce antique.

1- Technique et discours de la technique p . 7 2- Une structure intégrée p. 9 3- Statut et place de l'architecture p. 10

I. Le Lien

1- Héraclite p . 16

2- Parménide p . 17

3- Empédocle p . 19

II. Le Vivre ensemble: l'habiter

1- Le lien vivant: la philia p . 22 2- Construire le lien: la maison p . 24

III. Le Lieu propre

1- Le " propre " p. 28 2- Ce qu'il en est du lieu p . 29

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IV. La Ville

1- La Cité plurielle p. 36

2- Le Critias: la cité du Dieu p. 38 Digression 1: l'espace de la démocratie athénienne p. 47 3- L'arithmétique des "Lois " p. 50 Digression 2: Les deux égalités p. 58

V. Economie et Politique urbaine

1- Hippodamos et Aristote p. 65 2- Symbolique du domaine public p. 69 3- L'usage, référence majeure p. 74 4- La maison et la cité, l'architecture et la philosophie p. 79

Petit lexique p.86

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UN REFERENT MAJEUR : LA GRECE ANTIQUE .

LE PROPOS

A chercher les éléments d'une théorie de l'architecture, ses principes, l'exposition des fins et des moyens, la description des processus qui mèneraient le concepteur à la réalisation, la perception, en retour, des citoyens de la Cité antique, nous nous trouvons face à un vide théorique . A une sorte de mutisme du discours grec à ce sujet.

Constatation fort étrange si nous tenons pour assuré le fait que la prati­ que, l'exercice de l'architecture grecque, ses réalisations sont encore pour nous modèles, et modèles majeurs.

Que la Référence - avec un grand "R"- soit précisément celle là-même qu'au­ cun discours bien formé n'ait pris en charge, qu'elle ne s'accompagne pas de théorisation, ce fait devrait nous faire rêver au décalage entre une pratique et son fondement dans le logos.

Plus avant, cela donne à penser qu'une telle référence - si vivante pour nous - tient son pouvoir millénaire de quelque structure singulièrement consistante qui lui donnerait cohérence.

Autrement dit, si le discours proprement architectural manque à sa pla­ ce, ses thèmes, ses finalités, ses moyens se dissimulent dans un système du monde, pour lequel l'architecture, l'urbanisme, sont de simples appli­ cations, des exercices qui n'ont pas besoin de justifications autres que la représentation commune que les citoyens se font du système. De là notre pari: le logos de l'architecture grecque se tient ailleurs, dans des textes à teneur philosophique, cosmologique, politique, biologique. Tout autre part, et de tout autre part que là même où nous avons l'habi­ tude de le chercher dans la pratique actuelle.

Ce qui paraît, en effet, de cette constatation première, c'est que l'archi­ tecture ne consiste pas si elle n'est soutenue par un discours " autre ". Ou de l'autre. Que sa consistance - sa perdurance, sa fermeté ou sa tenue

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- sont affaire de connivence avec ce qui se passe ou passe ailleurs, dans le champs du social, du politique, de la science.

S ’il y a là lien interne - par quoi le style peut se définir - c ’est à répéter un lien qui existe en dehors de l'art de construire, et qui so­ lidarise les différentes unités sociales.

Ainsi, la belle architecture antique est-elle fille d ’harmonie, armoni- zein : lier ensemble - proportionner - musicalement - et donner à voir ce lien qui court le long d'un système complexe, aux niveaux multiples, et qui se conforte d'une répétition métabolique.

Or, cette construction systématique est l ’oeuvre des gens de parole. Et en Grèce, singulièrement, paroles de philosophes.

L'architecture grecque comme référent majeur de nos pratiques, toujours vivante, oui. Mais à dire que ce n'est pas l'architecture elle-même qui joue ce rôle de référent, mais ce qui la borde, la porte, la tient et la soutient: le monde ( kosmos) dont elle n'est qu'un fragment natura­ lisé.

Si nous en acceptons l'hypothèse, la techné grecque s' origine donc d'un discours global, d'une totalité, qui n'a nul besoin d'être dite

( d'être posée devant - prolégomène) pour jouer son rôle de soutien. Fraicheur et effet de nouveauté procèdent de ce silence du dire, en mê­ me temps que d'une présence forte de tous les éléments environnants, coexistant dans un ensemble lié.

Il faut bien en effet qu'une correspondance tacite ait lié la conception d'une cité à des représentations " communes ", partagées par un ensemble d'individus, représentations si fortes et si unanimement acceptées

qu'il ne fut pas rendu nécessaire d'expliciter leur présence comme élé­ ment constitutif d'une théorie architecturale. Notre tâche, ici, est de mettre à jour cette correspondance, d'en décrire les points forts, et de nous rendre clairs à la fois la raison de cette absence et les traits singuliers qui par là même sont conditions de son exercice.

Du même mouvement nous pouvons bien admettre que notre pari, celui de cette anthologie, tient de la gageure: une anthologie des textes philoso­

phiques sur l'architecture ne comportant que peu de références à l'archi­ tecture... disséminées au travers de textes, et servant plutôt d'illus­

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tration pour des arguments philosophiques...

Ces points exigent quelques précisions que nous voulons brèves.

1 - Technique et discours de la technique .

Si l'absence de discours fondateur d'une pratique telle que la prati­ que architecturale nous étonne si fort, c'est que nous sommes habitués à un régime de raison encadrant chaque spécification des activités qui sont les nôtres. Cette habitude, si bien ancrée, est un fait"moderne'', et va de pair avec une déhiscence des liaisons sociales.

Dans une société éclatée où chaque strate ou niveau de la composition des forces agissantes s'est singularisé dans des institutions, s'est for­ mé en corps quasi indépendants, sans qu'un consensus global n'intervienne sur les buts ultimes et sur le dessein général, projet de société commun à tous, ces activités ont un besoin urgent de se définir les unes par rapport aux autres, d'expliciter leur lien hiérarchique ou non, de se positionner sur l'échelle événementielle. Le discours de la technique ou technologie, apparait quand la technique n'est plus une simple manifesta­ tion " naturelle" d'une activité ordonnée mais tente de se faire une place consistante dans le désordre du socius. Un tel discours tend à do­ miner l'ensemble des autres discours car, appuyé sur des acquis, les artefacts, il se saisit des objets visibles pour arguer de l'objectivi­ té de son dire . Telle est la situation de notre monde contemporain qui n'a d'autre point d'accord - l'unité du monde faisant défaut - pour ten­ ter l'unification, l'homogénéisation des unités dispersées.

C'est ainsi que nous sommes habitués à juger d'un parti au moins autant par le discours qui en soutient l'argument que par le dessin qui le don­ ne à voir. Ce discours, pour nous, est de la plus extrême importance, car il s'adresse aux raisons, les met en ordre et produit au jour la partie de l'iceberg qui, lors de la réalisation nous aveugle de sa visibilité. Nous réclamons les fondements qui tiennent lieu de cause, et satisfont à nos exigences. La parole architecturale nous donne à voir l'existence de l'architecture comme le produit de ses propositions bien enchaînées.

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S'il y manque une virgule, il manquera certainement au projet une articulation avec la question à laquelle il est censé répondre. Tout ce travail question/ réponse, établi selon des critères hiérarchisés, est sous-jacent à la réali­ sation. La conception, référentiée, précède l'acte de bâtir qui n'en est que la conclusion.

Telle certes n'était pas la situation du monde grec. Une unité consentie faisait du monde un Kosmos, un tout lié. Chaque élément de ce tout disait l'ensemble. En elle-même la techné répétait ce lien, harmonisant le savoir et la pratique dans un seul geste. Sa place était fixée non par un discours qui lui aurait été propre mais par l'ensemble du logos distributeur, qui établis­ sait le cercle de possibilités correspondant à son essence, laissait à chaque activité spécifique le soin de se munir de recettes. Les recettes sont singu­ lières, occasionnelles, temporelles, et ne relèvent pas directement du logos unificateur.

C'est bien ainsi que procède la techné: elle s'intéresse au singulier, aménage le divers, à partir d'une unité, mais celle-ci n'est pas prononcée dans le champ spécifique de la technique. Elle se prononce ailleurs, dans la spécula­ tion.

Mouvement bien fait pour nous déconcerter, nous qui allons à l'inverse, des productions vers le discours qui est censé s'en déduire, puis, revenant à la production la justifie par cela même qui en est issu.

Mais il n'est pas de notre propos de faire le procès du discours contemporain de l'architecture. Contentons nous de noter la différence entre deux sortes de dispositifs qui concernent théorie et pratique, ou, si on veut, entre deux emplois du dire et du bâtir, au regard d'un ensemble de productions distantes de quelques 25 siècles.

Remarquons aussi, pour nous repérer dans ces textes étrangers à notre "culture" quoi qu'on dise - que la constante référence à l'architecture grecque n'ex­ clut pas la méconnaissance du système dans lequel elle se trouvait en exercice. Méconnaissance qui va à l'émiettement des unités que nous reconnaissons comme architecturales ( l'agora, le temple, les modalités du style...) et que nous appelons grecques - tandis que nous ignorons que ces unités étaient liées

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entre elles non par des motifs ou des partis mais par une indivisible repré­ sentation du tout de la cité: tous niveaux confondus. Nous ne nous servons que des référents, et non de la référence. (1)

Alors qu'à l'évidence c'est la référence dans sa présence totale qui peut nous introduire dans la vision du statut, des particularités et des savoir- faire qui caractérisent l'architecture ancienne.

Aussi bien, délaissant les référents occasionnels, nous occuperons nous ici de la Référence, qui préside à la techné.

Avant d'aborder les textes qui en établissent la domination, nous tenterons de schématiser cette unité, cette cohérence de la structure sociale et po­ litique de la démocratie athénienne. Notre point de référence est la cité grecque du IVè et Vè siècle telle qu'on peut le lire à travers les textes et les réalisations qui nous sont connues.

Certes, ce n'est pas d'un seul mouvement que la forme de la cité s'est trou­ vée ainsi produite dans le schéma abstrait de la " République" . Mais c'est pourtant bien à cette période que nous nous référons ordinairement quand nous parlons de la ville ancienne. C'est une forme qui nous voile ses abords et qui vient se superposer à la démarche de Clisthène. Il nous parait im­ portant en effet de montrer les liens qui assurent la tenue des différents niveaux de cette structure de façon à pouvoir circuler ensuite dans les tex­ tes que nous aurons à prélever.

2 - Une structure intégrée .

Cette structure peut être dite circulaire. Elle se constitue en noyau et en cercles concentriques qui s'étagent autour du noyau.

Au centre : le logos.

Il est à la fois raison, norme, loi. Son exercice- qui est celui d'une parole distributrice procède de l'intelligence ( noos ) et se produit sous la con­ duite de la science ( episteme).

Ce logos qui règne ainsi, au centre, sur toutes les activités théorétiques est le fief politique des citoyens " plus égaux que les autres" ( dit

Platon) qui en détiennent l'exercice. Se superpose donc à un centre de raison, un pouvoir d'action pour la cité : c'est lui qui aux mains des citoyens à

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part entière fait l'unité des autres cercles.

Car s'étagent autour de lui, satellisés, les genres inférieurs de la pensée, dont l'opinion ( doxa) représente le plus commun. Cette doxa est l'apanage des classes sociales écartées du pouvoir: femmes, enfants, artisans. La

distribution sociale s'accorde donc à une répartition des genres de la pensée. Plus encore : l'espace de la cité est construit sur cette répartition, qui ancre dans le concret ( donne à voir ) la figure concentrique du dispositif. Ce schéma répète celui de la cosmologie , ou l'astre solaire est fixé dans des limites, tandis que les astres errants , comme la doxa dont ils sont comme l'analogon, tournoient dans le ciel .

Trois niveaux : l'intelligence, la société, le monde, sont ainsi liés dans une seule figure.

Si l'exercice théorétique occupe la place prépondérante, la techné se trouve déporté vers le cercle voisin, inférieur en dignité et sa place est fixée par la loi de cet univers dont aucun élément n'échappe à la dispsition inté­ rieure.

Niveaux de sens et niveaux de pouvoir se correspondent . Au sens plein et au discours de l'être, attribut* du logos, appartiennent les discours de fonda­ tion. Au*sens malléables; divers, errants de la doxa correspondent les réali­ sations techniques faites d'occasionnelles recettes. Le phénomène est l'apa­ nage de ce niveau, qui ne tire sa beauté ou sa cohérence que d'avoir partie liée avec le noyau du sens plein.

Au-delà encore, le sens se disperse en fantômes et miroirs fugaces. Enfants et femmes ne sont pas dans le sens, mais dans une périphérie du logos tout juste digne d'être écoutée.

Enfin, par delà les frontières de cet univers clos sur son milieu, le sens se dégrade en non-sens : l'esclave, l'étranger, le barbare n'ont pas accès même à la parole doxique.

3 - Statut et place de l'architecture.

Dans cet étagement réglé du sens - à partir du centre unificateur et universa­ lisant du logos - il faut avouer que la place d'un savoir-faire tel que

l'art de bâtir est assez ambiguë .

Contrairement à d'autres savoir-faire bien situés dans la hiérarchie des valeurs, l'architecture se voit dotée d'une situation"mixte" , qui à la fois

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l'approche et l'éloigne du centre.

Ainsi la poésie, art de l'imitation et du vraisemblable jouit du privilège d'avoir comme soutien une théorie - celle qu'Aristote nous livre dans sa Poétique. La peinture, elle, art de l'image se voit traitée en plusieurs

endroits des dialogues platoniciens, pour être reléguée ou simplement rejetée: ne contaminerait-elle pas la vision de ce qui ne peut se voir sinon par l'es­ prit ? Ainsi ces deux techné - que nous nommons actuellement " arts " sont- elles tenues séparées par le discours qui les soutenant les tient écartées.

Sans doute faut-il voir là - hypothèse plausible - la crainte que leur séduc­ tion ne fasse dévier de la voie droite les raisons des citoyens au mépris de la recherche de la sagesse.

Toutes deux, poésie et peinture, ont donc suscité bien des mises au point.(2) Les métiers d'artisans eux, n'ont nul besoin d'être écartés : ils le sont par nature- pourrait-on dire - et ne narguent pas sur leur propre terrain ni le logos dont ils ne participent pas, ni la vision de la vérité, qu'ils igno­ rent.

Ils entrent simplement dans l'unité de la cité en tant qu'utiles à divers degrés. Ils seront hiérarchisés d'après cette fonction d'utilité publique reconnue par tous.

D'autre part, ils seront aussi étagés selon le principe qui les conduit - savoir-faire où le savoir notionnel est plus fondamental que le faire. Faires qui n'ont pas recours aux notions pour s'exercer. Dans ce vaste chan­ tier, les prix seront distribués sous ces deux aspects.

Que ces savoir-faire soient doubles, nous en avons la confirmation dans un dialogue de Platon : le Philèbe .

(1). " Divisons donc en deux ce qu'on appelle les arts ( technas), d'une part

ceux qui font cortège à la musique et dont les créations présentent moins d'exactitude, d'autre part ceux qui se rattachent à l'art de construire ( tectoniké ) et sont plus exacts. " -PHILEBE 56 C .

La musique, dans ce texte, est le prototype des conjectures empiriques de l'inexactitude et de la routine ... (2) " L'art de la flûte... ajuste ses

harmonies non par mesure mais par conjecture empirique, de même toute la

musique qui poursuit à coups de conjectures la mesure de chaque corde en vibra tion, si bien qu'elle contient une forte dose d'imprécision et peu de certi­ tude.” PHILEBE 56 a .

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(3) " L'art du stratège, de l'agriculteur, du médecin sont dans le même cas, ajoute Platon. Mais l'art de la construction, le fait qu'il use de plus de mesures et de plus d'instruments que tout autre lui confère beaucoup d'exac­

titude et lui assure une rigueur que n'a pas le commun des sciences.

Dans la construction des navires, dans celle des maisons et dans beaucoup d'autres branches de la charpenterie, car on s'y sert, je pense, de la règle, du tour, du compas, du cordeau et de l'ingénieux instrument qu'est l'equer- re .” ( prosagogos ) . PHILEBE 56 b-c

Mais cet accès d'enthousiasme pour l'art de construire vient peu après se confondre car si une partie de l'art de bâtir est bien relié au calcul et à la géométrie, il n'en reste pas moins que l'art du calcul et de la mesure qu'il utilise " n'a rien de commun avec la géométrie philosophique et avec

les calculs savants ." PHILEBE 56 e

Il y aurait donc un partage entre les arts de la rigueur et ceux du hasard. Mais simultanément, on note ce même partage pour chaque " art " particulier qui regarde des deux côtés et se divise en deux disciplines, comme il en va de la gymnastique par rapport à son double la cosmétique, ou comme de la médecine au regard de son double la gymnastique .

On peut alors augurer que l'architecture pourrait bien être double elle aus­ si, et que son"noble " exercice pourrait bien s'accompagner d'un autre, plus conjectural, plus " empirique ", du côté des recettes et des routines.

Aristote ne se démarque pas de cette hiérarchisation. On trouve en effet dans " l'Ethique à Nicomaque ", au livre I, 1 :

(4) " Les fins auxquelles tendent les arts et les sciences sont distinctes. Les unes consistent dans des activités et les autres dans certaines oeuvres distinctes des activités elles-mêmes."

L'activité de l'oeil, par exemple, est une activité immanente, ou praxis. L'activité qui consiste à produire une oeuvre est transitive : c'est une poeisis . Elle est inférieure à la première, mais elle est elle-même double: les arts architectoniques poursuivent des fins supérieures à celles des arts subordonnés.

(5) " Est architectonique l'art qui poursuit un but unique, par exemple l'art de construire des vaisseaux a pour but le navire, mais sous l'art himmique

tombe l 'art de fabriquer des freins et tous les autres métiers concernant l'harnachement des chevaux..."

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A ce titre, l'architecture doit connaître la forme de la maison et en même temps sa matière ( à savoir tuiles et bois ) . Mais dans cette répartition la forme est supérieure à la matière . En effet, (6), ” les arts architecto­

niques ont pour oeuvre de connaître la forme, et les autres en tant que poiéti- ques de connaître la matière." PHYSIQUE 194 a-b .

Cette double constitution se ré pète au niveau de la répartition des artisans:

(7) " les uns sont des chefs, ( architecton) car ils connaissent la théorie, les autres des manoeuvres semblables à des choses inanimées". METAPHYSIQUE A 1

981 a.

Dualité qui est marquée au niveau des termes eux-mêmes . L' oikodomikos et le tektonikos sont tous deux convoqués à rendre compte de l'activité de l'ar­ chitecte. Quant au terme " architecton ", il est employé pour désigner le chef des ouvriers.

On peut imaginer que celui qui s'occupe des maisons est plus porté à l'empi- rie que celui qui construit des navires ou de grands bâtiments: oikodomikê et tectonikê sont deux faces d'un même art.

Suivant le cas alors l'artisan passe après le musicien si décrié tout à l'heu­ re, car il ne s'agit plus de faire routinier: c'est ainsi que dans le PHEDRE 248 e , il arrive en 7ème place après les artistes de la flûte mais que sur son versant " géométrique ", le PHILEBE lui accorde une place supérieure. Ce flottement dans le statut de l'architecte - artisan ou savant? - le met à la merci d'une démonstration où il se trouve comme en otage pour servir d'exemple. A ce compte le médecin est logé à la même enseigne, et c'est sou­ vent qu'ils apparaissent tous deux, côte à côte, dans les textes philosophi­ ques .

L'oeuvre accomplie par l'architecture, c'est " la construction d'habitations", chose très utile comme est précieuse la santé .

L'architecture se logera donc avec les arts ( technai ) du corps, qui à la fois s'intéressent au singulier et par quelque côté s'articulent à l'unité de la science. La géométrie préside à l'action du bâtir, et la mesure, la pro­ portion appartiennent de plein droit aux sciences que promeut la philosophie.

A ce titre, la technique du construire est mieux logée dans la hiérarchie des technê, que la gymnastique ou la cosmétique, et, étant plus utile que l'art de jouer de la flûte ou de peindre des murs, se verra confinée dans un " sta­ tut d'utilité publique, pour le bien-être et le vivre ensemble " de la cité.

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L'utilité que représente la construction d'habitations ou de navires empê­ che l'architecture de tomber au rang de la pure imitation, copie éloignée de la vérité, mais ( La République ) lui interdit l'accès à la pensée del'ei- dos, de l'Idée .

Car le point commun de toutes les techniques, qu'elles fassent ou non partie des genres " nobles ", qu'elles se rapprochent ou non de la science, c'est d'avoir l'objet de leur activité en dehors d'elles-mêmes. En cela, elles diffèrent profondément - d'une différence incontournable de l'exercice de la sagesse ( phronesis ) qui se nourrit d'elle-même et n'est pas déterminée de l'extérieur . Un passage du CHARMIDE nous livre la clef de cette différence.

(8) " S i tu me demandais maintenant, étant donné que la médecine est la scien­ ce de la santé à quoi elle sert et quel avantage elle nous procure, je te répondrais q u ’elle est fort utile, puisque son oeuvre propre est de donner la santé, chose fort précieuse. Si tu me demandais à propos de l'architecture ( oikodomike ) quelle oeuvre elle réalise en tant que science de la construc­ tion, je te répondrais : nos habitations et ainsi de suite pour les autres arts ( techné )... Mais ce qu'on connait de cette science, comment le connait- on ? en matière de santé, c'est par la médecine et non par la sagesse qu'on s'instruit. En matière de construction, c'est par l'art de construire ( oikodo- mikon oikodomiké ), mais non par la sagesse ." CHARMIDE 170 .

Statut ambigu, donc, à mi chemin, ou à l'intersection des opérations théori­ ques et des opérations concrètes, disons à cheval sur la ligne de séparation en genres et en classes .

Si l'architecte est tenu ainsi à l'écart de la pensée de vérité et de sagesse tout en participant quelque part à la rigueur de la droite raison, droite raison dont les instruments concrets sont la règle ( Kanon ), le compas et le tour, il devient nécessaire qu'un lien supérieur court à travers sa tech­ nique pour qu'elle puisse prendre part à cette unité organique qu'est la cité. L'hypothèse que nous développerons ici est que ce lien qui fait l'unité est revendiqué comme le moteur de tout ce qui existe et cela bien plus avant dans

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la pensée grecque, chez les Présocratiques, et qu’il sous-tend, dans les formulations qui tentent de l'exprimer, toute pensée et toute activité proprement citoyenne.

Comment ce lien qu'Hèraclite appelle " invisible " sous-tend-il et arti­ cule-t-il la technique du bâtir à l ’ensemble de la cité ? C'est ce que nous allons nous efforcer de préciser.

Suivant par là-même la pente de cette double opération par quoi d ’un côté l'architecture se trouve jouxter l'unité de l'intelligence du tout, alors même que sa pratique se trouve engagée dans le divers singulier, nous suivrons

la hiérarchie installée par les philosophes que nous avons cités, et ferons des éléments théoriques la clef architectonique de notre travail.

Aussi bien est-ce sur ces éléments que portent les textes que nous avons à notre disposition.

LE PLAN . En premier lieu, donc, le lien ( Chapitre 1)

Ce lien nous le verrons à l'oeuvre dans la notion du "vivre ensemble qui se trouve concrétisé dans"l'habiter" (chapitre 2 ).

Cet habiter dont Heidegger nous a tracé le dessin idéalisé, et qui est indissociable d'une réflexion sur le " lieu propre" ( chapitre 3 ).

Lieu qui pour être " propre" est aussi bien " public" et se trou­ ve rapporté aux grandes cosmologies, au sacré et au politique (chapitres 4 et 5 ) .

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1» Héraclite

Le lien se dit " armoné " en grec : harmonie .

Un fragment d'Héraclite nous introduit directement à la pensée du lien :

(9) " Le lien qu'on ne voit pas est plus fort que le lien qu'on voit ".

Ce lien ( harmonie ) dit l'unité de toute chose. A laquelle le sage doit se plier. Car cette unité harmonieuse est essentielle et divine; sans elle, il n'y aurait que savoirs éparpillés et activités désorientées, éparpillement de l'émotion et de l'opinion .

Aussi bien doit-on discerner dans l'harmonie une intention qui court à tra­ vers le monde, qui va, comme la foudre, et gouverne toute chose à travers toutes choses :

(10) " SAVOIR QU'UNE INTENTION GOUVERNE TOUTE CHOSE A TRAVERS TOUTES CHOSES" ( fragment 41 )

A ce compte l'art ( to sophon) est un . Il est séparé des activités pratiques ou des savoirs nombreux.

(11) " Un, l'art ". ( fragment 32)

(12) " La chose qui, séparée de toutes, fait l'art." ( Fragment 108 )

Il y a chez Heraclite une sorte de mépris pour les historiens ou enquêteurs, hommes de savoirsen morceaux.

(13) Le savoir nombreux n'enseigne pas 1'intelligence(noon) " ( Fragment 40 ) (14) " Pythagore, fils de Ménarque, travaillait à savoir plus qu'aucun autre homme au monde, ainsi par choix, il fait de ces ouvrages composites un art à lui, une science universelle, un manuel du vice ( Kakotechné ) ."

( Fragment 129 )

Le lien alors se conforte à la fois d'un gnomen, d'une intention, et de l'u­ nicité de cette intention qui gouverne le tout . Le sage aura à exhiber ce lien par la mise en avant d'un " dire ensemble " de ce qui est ensemble. Non pas dire ensemble au sens de dire avec tous, mais de dire ensemble le tout .

La chose commune est chose d'intelligence, son étymologie désigne le sun ( ensemble) comme ce qui fait la raison de l'intelligence : Sun-noos, ou " Xunon ", ce qui est commun .

(15) " S i l'on parle avec intelligence ( noô), il faut bien qu'on se forti­ fie de la chose commune à tout ( xunô) comme la cité le fait par la loi (nomô) Car elles se nourissent toutes, les lois des hommes, d'une loi divine ."

( Fragment 114 )

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pour ce qui est des astres.

En effet, le soleil ne lui échappe pas,.son mouvement est limité :

(16) " Le soleil ne dépassera pas la mesure ( metra) ou alors les Erinyes, aides de justice, le rattraperont bien." ( Fragment 94 )

La justice elle-même est " liée " : ( le lien est lié ) .

( 17 ) " Ils n'auraient pas lié le nom de justice si ces choses-là n'étaient pas ." ( Fragment 23 )

Le nom de justice ( diké ) est distinct de ce qui est ou juste ou injuste, il est d'une abstraction supérieure parce qu'il LIE, qu'il rend les opposi­ tions particulières à leur unité .

De même, ces"choses-là" forment une unité, la plus belle qui soit, si le lien les " dit ensemble " .

( 18 ) " Des choses jetées-là au hasard, le plus bel arrangememt, le Cosmos." ( Fragment 124 )

Cette réflexion d'Hèraclite sur l'unité du lien qui gouverne le tôut ne nous paraît pas négligeable pour la constitution de la cité, à laquelle il donne accès.

Nous savons avec lui qu'il est de l'ordre de l'intelligence et invisible, qu'il gouverne mais qu'il est caché, qu'il unit en respectant les oppositions. Ainsi, le rassemblement, l'arrangement, sont affaires de lien, de même que la séparation que le lien maintient ouverte.

Il nous faut alors voir le lien comme tension, équilibre, chemin vers l'harmo­ nie, il doit être prononcé ( dit), concrétisé, dans le dire, pour que son office de lien se poursuive.

Dire ensemble, c'est lier .

Mais que lie-t-il donc, ce lien ? Qu'est-ce qui doit être " dit ensemble " ?

2. PARMENIDE ici nous est d'un grand secours. Son poème s'ouvre sur une PORTE.

(19 ) " L à sont les portes ( pulais) qui ouvrent sur les chemins de la Nuit et du Jour, encastrées dans un linteau, en haut et en bas un seuil de pierre. Elles s'élèvent dans les airs, portes aux forts châssis, et c'est la justice aux nombreuses rigueurs qui en détient les clefs au double usage... (...) à

(21)

écarter des portes le verrou chevillé, celles-ci s'envolèrent, créant un espace béant entre les battants et faisant tourner en sens opposé les gonds garnis de cuivre dans les écrous ajustés par des chevilles et des agrafes..." ( Parménide. Poème 11 à 18 )

Ainsi la porte, élément d ’architecture s'il en est, ouvre chez Parménide l'accès au chemin où la vérité doit se prononcer. Cette porte aux doubles gonds qui bat et bée sur un espace ouvert, a la double fonction de séparer et de réunir . Elle limite l'étendue qui, nous le savons, est la gardienne de la mesure à respecter.

Le seuil, le linteau et jusqu'à la minitieuse description des fermetures, font office de séparation. Tandis que le lien est marqué par le simple pas­ sage à travers cette porte. Car ce que procure le passage, c'est le rassem­ blement, l'assemblage de deux mondes, que la voie traverse.

Non pas que quittant le premier monde, celui des apparences, on dût l'aban­ donner et aller à la recherche de la vérité - non pas d'un côté la doxa et de l'autre l'epistémé - mais les deux tenues ensemble: telle est la voie.

Que la porte symbolise ainsi le lien, voilà qui pourrait étonner, si nous ne savions déjà que le lien est pure tension, et qu'il ne s'agit pas de re­ noncer à un côté pour l'autre, mais de tenir ensemble.

L'être et la doxa, la vérité et l'opinion, sont " complémentaires " au sens que nous attribuons maintenant à ce terme : quand l'une est déterminée, l'autre est imprécise, et cependant nous devons compter sur leur assemblage.

Et Parménide poursuit :

( 20 ) " La diversité qui fait montre d'elle-même doit déployer une présence digne d'être reçue, étendant son règne à travers toutes choses..."

( Poème, I, 31-32)

(21) " L a pensée ne coupera pas l'être de ses apparences, ni pour le laisser se démembrer dans une dispersion totale, ni pour qu'il se rassemble du

dehors." ... ( Ibid IV )

(22) " ... nécessaire est ceci: dire et penser l'étant de l'être." ( Ibid VI, 1 )

(22)

Nous avons là le " double-gond " de cette porte dont nous avons affirmé qu'elle était lien. Car le dire est différent du penser: il s'étend en uni­ tés discrètes coupées et séparées, se disperse, alors que le penser, conti­ nu, se ramasse à l'intérieur. Tous deux cependant, le penser et le dire, sont convoqués ensemble. La différence entre la doxa et la vérité - l'étant dans sa diversité et la vérité dans son unité- sont logés à l'intérieur l'un de l'autre: ils se traversent.

L'intérêt de ce texte, pour notre anthologie, est la forme que prend cette traversée: la porte à double gond.

Et sans doute pourrons-nous faire l'hypothèse que le bâtir, lui aussi, est de telle sorte qu'il dit ensemble, ou montre ensemble - rend visible - l'in­ tention du lien.

3. Ajoutons à notre dyptique un troisième volet avec EMPEDOCLE .

Il s'agira aussi du lien qui rassemble: le poème des origines donne le mon­ de fait de morceaux disjoints et errants dans l'espace. Ce sont des formes isolées qui s'assemblent au hasard:

(23) " mêlées sont nées les formes et couleurs des mortels "

( 450. B 71) (24) ” Comme les joues sans nuques en nombre germaient soudain, les bras sans armes ballaient veufs d'épaules, les yeux rôdaient solitaires en quête de fronts..."

( 495. B 57 )

Le principe de l'assemblage des diverses formes mortelles, c'est l'amitié, qui fait lien.

(25) ” Le principe qui produit le bien, Empédocle lui donne le nom de pholo- tes et de philié, souvent d'harmonie aux yeux graves ”

( PLUTARQUE chap.48 370 d: de Iside à Osi-ride)

Et toujours Plutarque à propos d'Empédocle :

(26) ” L'amitié réunit et lie, elle maintient unis, elle cherche à créer cette amitié et ce caillage...’

Les formes ne font corps que par la philia qui les tient ensemble: certains membres s'aiment, d'autres se désunissent et se retournent errants.

(23)

20

Reprenons maintenant tous ces termes, le gnomen ou intention, la traversée de toutes choses, le dire ensemble, la loi et l'amitié qui les lie:

Nous aurions là le foyer de termes qui nous conduirait à envisager la Cité comme ce lieu du lien qui se montre lui-même et qui n'est pas éloigné du " vivre ensemble " qui pour Aristote définit la société humaine.

Car le " vivre " est bien cette unité non disjointe du dire, du penser et de l'oeuvrer en vue d'une fin: l'intention de rassemblement.

Intention que la polis met à l'oeuvre, selon la règle de la loi et dans la concrétisation d'un corps " rassemblé ": un lieu .

(24)
(25)

Chapitre II. LE VIVRE ENSEMBLE: L ’HABITER

1. Le lien vivant: la philia

Etre rassemblé comme un corps dont les membres sont liés par l'amitié, telle est la formule qui nous introduit dans la notion de ” l'habiter

Habiter veut donc toujours dire, ici, " vivre ensemble " .

Et Aristote ajoutera, pour distinguer les rassemblements animaux des ras­ semblements humains, l'adverbe " BIEN

Le " bien vivre " renvoie au vivre le lien en tant qu'il lie de l'intérieur et non pas comme une contrainte venue du dehors. ( Souvenons-nous de Parmé- nide et du " rassemblement qui ne doit pas venir du dehors").

Le lien est donc interne au rassemblement, répond à une intention et est à lui-même sa fin.

Vivre bien, c'est aussi vivre dans le bien . Ce que prononce à sa façon le terme PHILIA . La nature du lien est consensus, connivence. Il est à la fois sexué - c'est Aphrodite qui lie - et cosmique - le monde , le kosmos est rassemblement de ce qui, sans la philia, ne serait que chaos.

La philia lie aussi bien les êtres humains entre eux que les éléments de la nature avec eux-mêmes, et les humains avec les éléments. Elle lie aussi les différentes activités humaines, selon des différences qu'elle n'exclut pas . (1)

Ainsi habiter, au sens grec, signifie-t-il une liaison constante entre les différents niveaux de sens que revêt la vie civile.

Le dire et le penser, l'agir et le produire, sont parties prenantes de cet habiter ensemble que la loi maintient dans les limites de la justice.

(1) Le lien sépare autant qu'il lie, la leçon d'Hèraclite n'est pas perdue pour Aristote: un lien qui ne sépare pas est tout simplement une uniformité destructrice de la pluralité urbaine: c'est là le totalitarisme de la Répu­ blique vue par Platon, contre quoi s'insurge le Stagyrite.

(26)

23

Nous avons glissé de la présence du lien invisible et comme abstrait, de l'ordre du kosmos lié à celui de la cité, visible, et qui aménage la pensée du lien; en en faisant le principe d'une répartition suivant l'égalité har­ monieuse. La notion se mathématise. Il s'agira maintenant de distribuer ce lien de façon égale dans la Cité .

D'une part, le lien ( philia ) concernera les rapports inter-individuels sous la forme psychologique de l'amitié entre égaux: Aristote consacre une partie de l'Ethique à Nicomaque à cet aspect; d'autre part le lien constitue­ ra la pierre de touche de toute organisation civile sous forme de justice dis tributive, proportionnelle .

L'harmoné, qui disait seulement le lien dit maintenant autre chose: la juste proportion.

Que le lien introduise la notion d'égalité, de proportion et de mesure, voil4 une innovation qui mesure elle-même la distance entre la recherche présocratique sur les éléments du cosmos, leur mode d'articulation et d'au­ tre part l'établissement d'une Cité "juste", à la manière platonicienne ou aristotélicienne. Le lien, si l'on peut dire ainsi, se socialise: il devient principe et nature de l'homme politique.

En ce sens, habiter, c'est résider en consonnance avec ce lien en tout ce qui touche la vie concrète. Entre les différents personnages d'une cellule socia­ le, entre leurs fonctions ( ergon ), leur activité et la totalité des

fonctions accomplies par la cité, se tisse " l'harmoné ": l'équilibre.

Ainsi, habiter, c'est beaucoup plus que se loger ou s'abriter, contrairement à ce que développera la doctrine architecturale à l'âgeclassique. C'est " bien vivre ensemble " selon la règle du lien.

Gardons cette notion à l'esprit pour comprendre ce que représente l'archi­ tecture pour la Grèce antique.

(27)

24

2. Construire le lien: la maison

Il faut voir " 1 'oikodomikos " comme celui qui met en oeuvre par sa fabrica­ tion ( poiesis) le lien de parenté, la familiarité ( philotiké). Aussi bien ne se contente-t-il pas de se plier à des règles de fabrication usten- silaire: encore faut-il q u ’il prenne en compte la règle de justice inhérente à son art.

Comme le précise Aristote: " Meta logou alethous” ( suivant la règle de vérité ), à savoir: la raison.

Une règle invisible se superpose ainsi à la règle visible ( tour, compas, equerre) et c'est bien là la règle du lien.

C ’est ce que nous dit encore Aristote: pour être grammairien, il ne suffit pas de suivre les règles de la grammaire; il faut encore être grammairien, faire acte de grammairien. Ici la praxis et la poiesis sont convoquées et conjuguées:

(27) " C'est qu'il est possible qu'on fasse une chose ressortissant à la grammaire soit par chance, soit sous l'indication d'autrui: on ne sera donc grammairien que si à la fois on a fait quelque chose de grammatical et si l'on a fait de façon grammaticales à savoir conformément à la science gram­ maticale qu'on possède en soi-même."

ETHIQUE A NICOMAQUE. 11,3. 1105 a.

(28) " Les choses qui peuvent être autres qu'elles ne sont comprennent à la fois les choses que l'on fabrique et les actions qu'on accomplit.

Production et action sont distinctes ( poiesis et praxis).

Il s'ensuit que la disposition à agir accompagnée de règles est différente de la disposition à produire accompagnée de règles.

De là vient qu'elle ne sont pas une partie l'une de l'autre, car ni l'action ( praxis) n'est une production ( poiesis), ni la production ( poiesis) une action ( praxis). Et puisque 1'architecture est un art ( techné) et est essentiellement une disposition à produire accompagnée de règles, et qu'il n'existe aucun art qui ne soit une disposition à produire accompagnée de rè­ gles, ni aucune disposition de ce genre qui ne soit un art, il y aura

(28)

iden-25

tité entre art et disposition à produire accompagnée de règles exactes” (meta logou alethous - mot à mot: suivant la raison vraie)

”...L 'art(techné) concerne toujours un devenir, et s'appliquer à un art, c'est considérer la façon d'amener à existence une de ces choses qui sont susceptibles d'être ou de n'être pas, mais dont le principe d'existence réside dans l'artiste et non dans la chose produite.

L'art en effet ne concerne pas les choses qui existent nécessairement, ni non plus les êtres naturels, qui ont en eux-mêmes leur principe d'existence. ARISTOTE; ETHIQUE à NICOMAQUE. VI, 4, 1140a.

” En fondant une maison il faut avoir égard aux propriétés qui en dépendent, ainsi qu'à la santé et au bien-être de ses habitants. Au terme ” propriétés” on rattachera par exemple les questions suivantes : quel type de bâtiment est commode pour conserver produits du sol et vêtements ? Quel type encore adop­ ter pour les fruits secs et quel type pour les fruits frais ? La même

question se pose pour les autres biens; que faire dans le cas de biens doués de vie et dans le cas de biens inanimés, esclaves, hommes libres, femmes, hommes, citoyens, étrangers? Et pour ce qui a trait au bien-être et à la san té, la maison doit être bien aérée en été et ensoleillée en hiver. La mai­ son répondant à ces qualités sera exposée au nord et plus longue que large. En outre, dans les exploitations importantes, il est semble-t-il, utile d'installer un portier qui ne soit astreint à aucun autre travail que d'ob­ server soigneusement ce qu'on apporte et emporte.

Pour le bon usage de l'outillage, qu'on suive la méthode lacédémonienne: chaque instrument pris individuellement doit occuper la place qui lui est propre, car de cette façon étant toujours sous la main, on n'aura pas à le chercher."

ARISTOTE} ECONOMIQUE . Livre 1.6.

La question du"propre" (oikeion) qu'Aristote ici utilise pour donner leur place aux instruments peut être généralisée à tous les éléments vivants de la maison: ils doivent être dans leur lieu propre: c ’est à dire respecter le lien naturel ( la philia ) qui les unit et leur donne des droits à propor­ tion de leur rang.

La maison est le lieu du propre. Le "propre" étant entendu comme le proche, le lié et le naturel.

(29)

26

Ainsi le rapport du père à la mère, de ceux-ci aux enfants, aux domestiques, aux animaux et aux biens sont-ils conçus suivant la nature de chacun.

Mais la question du propre, nous le verrons, touche aussi aux éléments d'ar­ chitecture qui doivent prendre place dans la maison:

(30)
(31)

Chapitre III. Le lieu propre

Cette notion appelle la définition des éléments qui entrent en composition dans l'opération de bâtir: à savoir une technique - ce qu'elle est - un espace - quel il est - et une liaison - entre quelles parties du dispositif global - .

De la technique nous savons déjà qu'elle est un " art " accompagné de règles, et de cette règle nous savons qu'elle reprend le " lien " invisible, celui qui tend son fil à travers cité, cosmos et citoyens. Soit: le logos. La raison.

1. Le " propre "

Le " propre ", l'oikeion, rassemble alors en un point ce qui du lien se trouve concrétisé dans une habitation, elle-même dans son lieu propre ( la cité ). La propriété du propre, c'est encore une fois le lien qui existe entre un élément donné (être vivant ou chose inanimée) et sa nature.

Sans doute est-ce là quelque chose de difficile à comprendre que cette liai­ son entre un donné visible tangible et sa règle de vérité: cette liaison est de même sorte que celle qui, chez Heraclite établissait une connivence entre les lois de la cité et la loi divine. Etre dans son lieu propre, c'est être d'accord ( s'harmoniser, se lier ou encore: consonner ) avec sa propre nature. Ainsi le lieu propre de la pierre est-il la terre, dont la pierre est composée. C'est là que la pierre sera oikeion, chez elle .

L'homme, lui, sera chez lui dans la cité, c'est elle son lieu propre, dans la mesure où sa nature y correspond. Mais ce lien ainsi tendu entre son lieu et sa nature n'est pas pour autant universel: à chaque fonction, à chaque classe, à chaque rapport, son lieu.

La cité est ainsi composée d'une multitude de lieux propres, et non d'un seul.

(32)

29

là une bataille, bien connue, entre Platon et Aristote. Pour le premier, le lien doit être total: une communauté où tous les biens se partagent ( Répu­ blique ); la philia est à ce point dominante que femmes et enfants sont en commun. A ce compte, réplique Aristote ( Politique, livre II ), la cité devient non plus une symphonie mais une homophonie, et de rythmée devient " basique apylatie sur un seul son.

En revanche, si nous usons de la notion de lieu propre, nous sauvegardons les différences, en même temps que le lien.

(31) ” Nous considérons l'amitié ( philia ) comme le plus grand des biens pour la cité, et Socrate loue tout particulièrement l'unité de la cité: on y voit l'oeuvre de l'amitié. " POLITIQUEt II 1262 a.

A condition toutefois que cette unité ne devienne pas"unisson", qu'elle n ’ap latisse pas les différences

(32) "Il y a un point où la cité en progressant vers l'unité cessera d'en être une ou elle sera encore une cité mais près de ne plus l'être: une cité inférieure, comme si on faisait de la symphonie un unisson ( homophonian) ou du rythme ( rythmos ), une unique mesure ( basin )

POLITIQU: II, 1263 b.

Le lieu des différents lieux, qui fait lien entre eux, c'est donc la cité du bien-vivre ensemble. Encore faut-il préciser ce qu'il en est d'une définition de cet espace particulier qu'est"le lieu " . Définition cette fois physique. Nous devons pour cela faire table rase de nos habituelles conceptions de l'étendue, que nous appelons " espace " et par lesquelles nous entendons une unité d'aperception globale, abstraite, assortie d'attributs non moins abs­ traits. Nous aurions à revenir sur une conception beaucoup plus ancienne, qu'Aristote reprend lui-même pour en fournir une explicitation et l'actuali­ ser dans son livre de "Physique ". Alors seulement pourrions-nous commencer à comprendre que cette conception, ainsi précisée, fait partie d'une réfle­ xion " propre" à l'architecture, dont elle trace, pour ainsi dire, le lieu d'application.

2. Ce qu'il en est du lieu

(33)

(33) " Il détermine en effet le mouvement des corps: dans la nature en effet, chaque détermination est définie absolument: le haut n'est pas n'importe quoi mais le lieu où le feu et le léger sont transportés, de même le bas n'est pas n'importe quoi mais le lieu où les choses pesantes et terreuses sont transportées." PHYSIQUE IV, 208 b, 8 .

(34) " La puissance du lieu est prodigieuse et prime tout, car ce sans quoi nulle autre chose n'existe est premier nécessairement. Il existe sans les choses puisqu'il n'est pas supprimé quand ce qui est en lui est détruit." PHYSIQUE IV, 208 b, 22.

L'espace en revanche n'est qu'objet de pensée:

(35) " Les objets mathématiques sont dans un espace , mais non dans un lieu." PHYSIQUE IV, 208 b, 22 .

Le lieu est donc un élément naturel, et, comme la nature, impose sa finalité.

3. La limite .

Le lieu n'est ni forme, ni matière, ni intervalle: il est limite. Il n'est pas la forme de la chose car:

(36) " Les extrémités de ce qui enveloppe et du corps enveloppant sont les mêmes. Assurément donc, ce sont là deux limites, mais non du même être. La forme est limite de la chose, et le lieu, du corps enveloppant ."

PHYSIQUE IV 211 a.

Il n'est pas matière car:

(37) " la matière n'est pas séparable de la chose ni de l'enveloppe, ce qui sont les deux caractères du lieu."

PHYSIQUE IV 212 a.

Il n'est pas intervalle car:

(38) " Si l'intervalle, pris en soi, était capable d'exister en soi et de subsister par soi-même, les lieux seraient infinis."

..." Quand on verse l'eau d'un vase, le corps enveloppé par le vase est rem­ placé par l'air, mais toutes les parties de l'air feront dans le vase ce que

(34)

31

faisait toute l'eau dans le vase."

..." Ainsi le lieu est bien seulement la limite du corps enveloppant. Le corps enveloppé étant celui qui est mobile par transport."

" Le lieu veut être immobile , aussi bien un navire qui est en mouvement sur un fleuve a pour lieu le fleuve dans son ensemble, parce que le fleuve pris dans son entier est immobile. C'est un vase qu'on ne peut mouvoir."

" La limite immobile immédiate de l'enveloppe, tel est le lieu." PHYSIQUE 212 a 20.

( 39) " Conséquence : le lieu paraît être comme un vase: une enveloppe. En outre le lieu est avec la chose car avec le limité, la limite."

PHYSIQUE 212 a 28 .

Cette théorie du lieu aristotélicien nous importe car elle définit d'une part le lieu comme naturel, existant et d'autre part celui-ci se trouve alors aller avec les corps qui se meuvent et ne peut être perçu sans eux.

La définition du lieu comme limite implique aussi l'existence de plusieurs lieux, qui sont tous enveloppés eux-mêmes par l'univers, le tout, qui n'a rien qui l'enveloppe lui-même.

Le monde se limite lui-même, il est le lieu absolu.

De même que la cité est le lieu naturel, absolu, le tout des lieux singuliers qui sont limites des actions naturelles des différentes fonctions de l'hom­ me.

Comme le lieu absolu, la cité a sa fin en elle-même, et c'est cette fin qui est cause des parties qui la forment.

Elle est limite absolue des limites partielles des corps qui la composent. Cette définition donnée dans le politique convient à la fois à la cité comme fin et lieu naturel et à la nature en général: c'est ainsi en effet que les choses sont réparties dans la nature en vertu des fins de la nature elle-même.

Il en vient une conséquence non négligeable, c'est que toutes les actions entreprises au sein de la cité par quelqu'artisan ( un architecte, par exemple) et qui ne se rapporteraient pas à la cause finale seraient des

(35)

accidents, et en quelque manière " des monstres

Car elles ne se rapporteraient pas à leur fin naturelle et ne prendraient place dans aucun lieu.

(40) " Si un corps a avec lui un corps qui l'enveloppe, il est dans un lieu, sinon, non ."

PHYSIQUE IV 212 a 28 .

Un corps, comme un bâtiment, doit donc pour être dans un lieu avoir comme limite l'enveloppe totale, soit ici: la cité.

Cette condition nécessaire entraine une classification des oeuvres: ou elles sont nécessaires ( autrement dit entreprises suivant la cause finale ) ou elles sont des erreurs ( de la nature ou de l'art). Car il en est de l'art comme de la nature. Les mêmes fins lui sont attribuées, et à y échapper, il errerait:

(41) " Il y a aussi des fautes dans les choses artificiellest il arrive au grammairien d'écrire incorrectement, au médecin d'administrer sa potion mal à propos...Si donc il y a certaines choses artificielles où ce qui est cor­ recte est déterminé par rapport à sa fin, tandis que les parties fautives ont bien été entreprises en vue d'une fin, mais ont été marquées, de même en est-il pour les choses naturelles et les monstres sont des erreurs de la finalité. "

PHYSIQUE II 199 b.

Et la finalité n'est pas un objet de délibérations; elle s'impose absolu­ ment :

(42) " Voyez l'art: il ne délibère pas. Si l'art de construire des vaisseaux était dans le bois ( qui aurait ainsi sa finalité déterminée) il agirait comme la nature . Le meilleur exemple est l'homme qui se guérit lui-même: la nature lui ressemble."

PHYSIQUE II 199b .

Et pour terminer avec cette finalité qu'impose le lieu naturel, dans un chapitre où il s'agit de reconnaitre de quelle nécessité - hypothétique ou absolue - se soutient la nature ( phusis ), la comparaison qui vient sous la plume d'Aristote est celle de la maison.

(36)

(43) " Les philosophes ( ceux qu'Aristote critique ) jugent que le mur se produit nécessairement parce que les graves sont transportés naturellement vers le bas et les légers vers la surface; ainsi les pierres et les fonde­ ments en bas, la terre en haut, par légèreté, et le bois tout à fait à la surface: en effet c'est le plus léger.

La vérité, cependant, est que sans cela, la génération de la maison n'aurait pas lieu, mais elle n'a pas lieu par cela, mais en vue de couvrir et de con­ server... Partout ailleurs aussi, les choses ne sont pas sans les conditions nécessaires, mais ce n'est pas par ces conditions qu'elles existent mais par leurs fins ."

PHYSIQUE II 200 a.

Que le lien soit ainsi une limite, et provoque une série d'enveloppements voilà qui n'est pas pour surprendre, puisqu'aussi bien le lien ( la philia ) est ce qui réunit en séparant.

La séparation : la limite est aussi protection contre l'indéfini ou l'infi­ ni: cette forme de chaos où tout est indistinct. Elle permet le rassemble­ ment et le promeut contre la dissémination laquelle est la forme archaïque de la société.

Cette notion est une des grandes figures de la pensée grecque et se pense comme défense contre 1 'apeiron ( l'ouvert, le non-fini, le non-formé). Elle a son efficacité pleine dans la pensée modélisante de l'urbanisme; en tant que pensée modélisante, sa figuration concrète est le cercle. C'est par le cercle ( ou la sphère ) que se définit le grand tout, l'uni­ vers, dont les limites partielles qui enveloppent les corps sublunaires ne sont jamais que la répétition.

La limite fait ainsi lien avec le monde, ce que nous dit fort bien Aristote au livre IV de sa Physique :

( 44) " A la vérité, les parties d'un tout se mouvront. Elles s'enveloppent mutuellement. Mais le tout, s'il se meut en un sens, en un autre non. En

tant que tout en effet, il ne change pas de.lieu, mais il se mouvra en cercle... Car tel est le lieu qu'il faut attribuer aux parties...

Le ciel n'est pas quelque part ou en un certain lieu. Le tout n'est pas quelque part: à côté du tout de l'univers, il n'y a rien en dehors du tout,

(37)

34

car le ciel est le tout.

Or le lieu, ce n'est pas le ciel, c'est 1'extrémité du ciel qui est en contact ( symphise ) avec le corps mobile, comme limite immobile." PHYSIQUE IV 5.

(38)
(39)

36

Chapitre IV. La Ville .

1. La cité plurielle : une nature .

A la différence des pratiques modernes, la recherche des liaisons n'est pas dévolue à 1 1 urbaniste qui tente de faire communiquer des éléments isolés entre eux, mais à l'architecte qui s'occupe de la proximité où vivront les citoyens à l'intérieur de leur maison. Il sait en effet que bâtir des mai­ sons où bien vivre ensemble, ce n'est pas isoler du reste de la cité quel­ ques particuliers bien protégés, mais qu'il y a entre la cité et les maisons qui la composent physiquement un lien métonymique ( ce qu'Alberti reprendra à son compte, près de deux millénaires après ). La partie ( l'oikeion) n'est autre que le tout ( la cité ) si l'on considère qu'elle la répète en tout, d'une part et que d'autre part elle y a sa fin: au-dessus des causalités contingentes par quoi est construite la maison, règne la cause finale qui n'est autre que le bien-être de tous, autre dénomination pour la cité, la Polis .

C'est aussi savoir que 1'" oikeion" ( le proche et le propre) qui constitue la maison, la communauté, se loge lui-même dans un autre oikeion, plus lar­ ge: le lieu qui enveloppe chaque " oikeion " particulier de sa définition générique: la ville.

De proche en proche, le lien s'étend et forme la communauté sociale élargie. Non pas à la manière dont des unités s'additionnent, mais à la manière dont elles se rassemblent. En un seul lieu .

(45) ” C'est en effet l'unité du lieu ( topos eis ) qui fait l'unité de la cité ( mias poleos ), et les citoyens sont ceux qui ont en commun ( koinô- noi ) leur unique ( mias ) cité

POLITIQUE II, 1261 a.

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