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Les zoonoses, l'eau potable et les gastroentérites au Nunavik : un bref portrait

V Messier, B. Lévesque, J.-F. Proulx, B.J. Ward, M. Libman, M. Couillard, D. Martin, B. Hubert, L. Rochette (2007). Zoonotic Diseases, Drinking Water and Gastroenteritis in Nunavik: a Brief Portrait. Institut national de santé publique du Québec, Régie régionale de

la santé et des services sociaux du Nunavik, Québec. 18 p.

Résumé

Dans le cadre de l'Enquête sur la santé des Inuit du Nunavik (ESIN) réalisée à l'automne 2004, des données ont été recueillies afin de décrire l'approvisionnement en eau potable et de connaître la prévalence de certaines infections d'origine hydrique, alimentaire et environnementale, dont les gastroentérites et huit infections zoonotiques. Des informations sociodémographiques et portant sur l'environnement domestique, la nutrition ainsi que certains indicateurs de santé, ont été colligées par questionnaires parmi un total de 521 ménages. Des prélèvements sanguins ont été réalisés parmi la population adulte âgée de 18 à 74 ans (n=917) afin de vérifier la séroprévalence des anticorps contre huit micro- organismes responsables de zoonoses, soit Trichinella sp., Toxoplasma gondii, Toxocara canis, Echinococcus granulosus, Leptospira sp., Coxiella burnetii, Brucella sp. et Francisella tularensis. Pour les zoonoses, les participants avec des résultats positifs étaient comparés avec les sujets séronégatifs à l'aide du test du khi carré. Certaines analyses ont également été faites en stratifiant pour l'âge.

Nos résultats montrent que la région d'appartenance et les caractéristiques socioéconomiques (âge, scolarité et revenu) des répondants principaux (n=521) sont associées au mode d'approvisionnement en eau potable des ménages. Environ le tiers des ménages prélèvent principalement leur eau d'une source naturelle. Cependant, les participants plus jeunes, plus scolarisés ou résidant dans le secteur de l'Ungava consomment moins d'eau naturelle. La filtration de l'eau potable est plus fréquente parmi les résidents de l'Ungava, les répondants plus éduqués ou encore ayant un revenu annuel supérieur ou égal à 20 000$, tandis que le nettoyage du réservoir domestique est plus

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courant parmi les ménages de la Baie d'Hudson. L'enquête a permis de documenter la prévalence des gastroentérites sur une période de trente jours parmi les membres des ménages échantillonnés (n=2410). Les résultats montrent une prévalence globale pondérée des gastroentérites de 9,6%, avec des taux plus élevés parmi les groupes d'âge extrêmes. Le mode de préparation des viandes, la promiscuité, la source d'eau potable ou le type de traitement de l'eau utilisé par le ménage ne montrent pas d'association avec les épisodes de gastroentérite. Toutefois, le nettoyage fréquent du réservoir d'eau domestique semble avoir un effet protecteur. Nos données révèlent également que la population inuite est exposée aux micro-organismes responsables de certaines infections zoonotiques, en particulier à T. gondii. De manière générale, la séroprévalence des anticorps contre les zoonoses tend à augmenter avec l'âge. La séroprévalence est associée à l'âge et la région d'appartenance pour F. tularensis et T. Canis, tandis que le genre (femme), la scolarité et le nettoyage fréquent du réservoir d'eau domestique sont associés à la séropositivité pour E. granulosus. L'âge, le genre, la scolarité, la région d'appartenance, la consommation de viande de mammifères marins, de gibier à plumes ou de poisson, ainsi que le nettoyage fréquent du réservoir d'eau domestique semblent aussi associés à l'infection par T. gondii. À l'exception de l'âge, aucun facteur de risque précis n'a été identifié pour l'infection par Leptospira sp.

En regard des zoonoses et des maladies transmises par l'eau ou les aliments, une attention particulière doit être portée aux mesures préventives dans la préparation et la manipulation des aliments ainsi que la consommation d'eau naturelle, particulièrement à l'intention des populations vulnérables. Par ailleurs, l'eau de surface non traitée devrait être bouillie avant consommation et les efforts devraient être poursuivis afin de bien identifier les risques microbiologiques associés à l'eau potable au Nunavik.

Summary

As part of the Nunavik Inuit Health Survey, conducted in the fall 2004, informations were gathered in order to describe the sources of drinking water and the prevalence of certain infectious diseases amongst the Nunavik population, including gastroenteritis and eight zoonotic infections. Information on sociodemographic characteristics, the domestic

environment, nutrition and some health indicators was gathered by questionnaires in a total of 521 households. Blood samples were withdrawn from adult participants aged 18 to 74 (n=917) for the detection of antibodies against Trichinella sp., Toxoplasma gondii, Toxocara canis, Echinococcus granulosus, Leptospira sp., Coxiella burnetii, Brucella sp. and Francisella tularensis. The proportion of participants with positive results was compared with seronegative subjects using the chi-squared test. Some variables were also verified by stratifying for age.

About one third of the population of Nunavik consumes untreated water. Younger or more educated respondents, or those who live in the Ungava sector, consume less natural water. The proportion of households that filter their water is greater among Ungava residents, more educated respondents and individuals with an annual personal income of $20 000 or more. The cleaning of the domestic water reservoirs was more common in Hudson households. Episodes of gastroenteritis in the population of Nunavik were documented over a 30 days period. The overall prevalence during this period has been estimated at 9.6%, with the extreme age groups being particularly affected. No significant links were found between episodes of gastroenteritis and variables such as overcrowding, the cooking of food, the principal source of drinking water, and the type of water treatment. However, frequent cleaning of the domestic water reservoir does seem to have a protective effect. Data on zoonotic infections show that 59.8% of the Inuit of Nunavik have been exposed to T. gondii, 8.3% to Echinococcus granulosus, and 3.9% to Toxocara canis. The estimated séroprévalence is 5.9% for Leptospira sp. and 2.6% for Francisella tularensis. Séroprévalence of Brucella sp., Coxiella burnetii and Trichinella sp. is pretty low, being equal or less than 1.0% (n<5). The variables related to the séroprévalence of antibodies were age and region of residence for F. tularensis and T. canis, and gender (women), schooling and frequent cleaning of water reservoir for E. granulosus. For T gondii, age, gender (women), schooling, region of residence, exposure to "high risk" water, frequent cleaning of water reservoir, and consumption of marine mammals, fish and feathered game were associated with seropositivity.

With regards to zoonoses and foodborne and waterborne diseases, special attention should be given to preventive measures during food preparation and to drinking of natural water,

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especially among populations at risk. As for untreated surface water, it should be boiled before its consumption, and efforts should be pursued to better identify microbiological risks associated with drinking water in Nunavik.