Nous reprenons ici la même configuration de cavité que précédemment, à la différence du fait
que nous nous autoriserons à faire varier le coefficient de réflexion en intensité R du miroir de
sortie. Dans le régime linéaire, l’existence des zones de dégénérescence est due au couplage exercé
par le gain entre les différents modes de cavité. Il est naturel de penser qu’il en sera de même
dans le régime stationnaire en remplaçant le gain linéaire par le gain saturé. Or, dans le régime
stationnaire, le gain saturé compense exactement les pertes. Nous allons donc montrer que dans
le régime stationnaire la largeur des zones de dégénérescence ne dépend plus de la puissance de
pompeG
0, mais uniquement des pertesR.
Pour commencer, nous avons donc représenté sur la figure A.3 l’évolution de la corrélation
entre le mode propre uF L calculé par l’algorithme de Fox–Li saturé et le mode fondamental
gaussienu
0de la cavité vide, autour de la longueur de dégénérescenceL=R
c/2pour différentes
puissances de pompeG
0.
0.6
0.65
0.7
0.75
0.8
0.85
0.9
0.95
1
-1000 -500 0 500 1000
Figure A.3 – Mesure des largeurs de dégénérescence∆W autour deL=Rc/2 pour différentes
puissances de pompe avec un gain saturé de largeur wp = 0,75w
0et un miroir de sortie de
coefficient de reflexion en intensité R= 0,98.
On constate que la largeur de dégénérescence∆W évolue très peu dans les différentes
situa-tions, même si l’effet de la saturation induit des effets importants sur le coefficient de corrélation
lorsque la puissance de pompe augmente. En revanche, nous pouvons voir sur la figure A.4 que
la largeur de la zone de dégénérescence augmente lorsque l’on diminue le coefficient de réflexion
R du miroir de sortie. La diminution deR va bien de pair avec l’augmentation du gain saturé.
Afin de déterminer la forme de la dépendance de ∆W en fonction de R, on peut s’inspirer
de l’équation de stationnarité (2.14). Le bon paramètre à considérer semble êtreα =
1−√ R √
R
. La
figure A.5 représente la dépendance de la largeur de dégénérescence∆W autour deL=Rc/2en
fonction de R, et semble être parfaitement interpolée par une combinaison linéaire particulière
de α etα
2.
Encore une fois, nous n’avons pas de modèle pour expliquer la relation entre∆W etR, celle-ci
dépendant par ailleurs toujours de la taille de la pompe. Cependant, on peut voir sur la figure A.5
que l’extrapolation des points de mesure conduit à une largeur de dégénérescence nulle pour un
coefficient de réflexionR= 1, ce qui correspond bien à une situation où le gain est nul.
Zones de dégénérescence dans le régime stationnaire 157
0.7
0.75
0.8
0.85
0.9
0.95
1
-2000 -1500 -1000 -500 0 500 1000 1500 2000
Figure A.4 – Mesure des largeurs de dégénérescence ∆W autour de L =Rc/2 pour différents
coefficients de réflexion en intensitéR du miroir de sortie, pour un gain saturé de largeurw
p=
0,75w
0.
0
5
10
15
20
25
30
35
0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
FigureA.5 – Dépendance de la largeur de dégénérescence∆W autour deL=R
c/2en fonction
du coefficient de réflexion en intensité R du miroir de sortie, pour un gain saturé de largeur
w
p= 0,75w
0.
Annexe B
Vortex tournants en z
Nous rappelons qu’un vortex optique est défini comme étant un zéro isolé du champ autour
duquel, sur un contour fermé, la phase varie continûment d’un multiple de2π. Nous dirons qu’un
vortex a une hélicité positive si la phase croit lorsque l’on parcourt ce contour dans le sens
trigo-nométrique et une hélicité négative dans le cas contraire. De plus, on définit l’ordre d’un vortex
comme étant le degré minimal du terme polynomial intervenant dans le développement limité du
champ autour de cette singularité. Dans cette annexe, nous montrons comment une
superposi-tion cohérente de vortex d’ordres différents localisés au même endroit peut conduire à un mode
constitué de vortex multiples tournant dans le plan transverse au rythme de la phase de Gouy en
fonction de la distancezde propagation. Dans un premier temps, nous montrons que la manière
la plus simple de construire un réseau de vortex où la position des zéros est parfaitement connue
est de superposer de manière cohérente des vortex de même hélicité. Nous montrons ensuite
qu’une combinaison arbitraire de vortex d’hélicités différentes conduit en général à l’apparition
de lignes nodales et non de vortex, mais qu’il existe toutefois un type de combinaison particulière
nous permettant de nous ramener au cas précédent. Enfin, nous montrons comment les réseaux
de vortex obtenus se comportent vis-à-vis de la propagation et illustrerons sur quelques exemples
leur rotation observée dans le plan transverse.
B.1 Composition de vortex de même hélicité
La famille de vortex que nous considérons ici est un sous-ensemble des modes Laguerre–
Gauss contenant un vortex mais aucune ligne nodale circulaire. Dans un repère de coordonnées
cylindriques(r,θ,z), un vortex d’ordre p≥0 et d’hélicitéh=±1 possède l’expression suivante :
v
hp(r,θ,z) =r
pe
hipθe
−r2 w(z)2
e
−ikr2
2R(z)
e
i(p+1)ΨG(z), (B.1)
où la normalisation ne nous intéresse pas ici, et où w(z), R(z) et Ψ
G(z) sont donnés par les
expressions (1.9), (1.10) et (1.11) respectivement. On remarque que le mode d’ordre 0 est le
mode fondamental gaussien et ne contient en réalité pas de vortex.
Étant donné que nous nous intéressons ici à la composition de vortex de même hélicité, nous
pouvons travailler sans perte de généralité avec des vortex d’hélicité positive h = 1. De plus,
nous nous limitons à la composition de vortex dont les waist sont identiques et pouvons donc
nous restreindre à une étude dans le planz= 0. La propragation de ces superpositions de modes
pourra être étudiée par la suite à l’aide de l’expression (B.1).
Nous introduisons donc des fonctions permettant de décrire des vortex élémentaires d’ordre
p dans le planz= 0 :
v
p(r,θ) =re
iθp
e
−r2
w02
, (B.2)
où w
0est la taille du vortex dans le planz= 0.
On s’intéresse désormais au profil transverse d’une combinaison arbitraire de vortex
élémen-taires (B.2) définie par :
v(r,θ) =e
− r2 w2 0X
α
pre
iθp
, (B.3)
où ∀p, α
p∈C.
On remarque évidemment qu’une telle combinaison de modes possède toujours une enveloppe
gaussienne de waist w
0. De plus, résoudre l’équation v(r,θ) = 0 revient à chercher les zéros du
polynôme à coefficients complexes P(X) =P
α
pX
p, où on a simplement poséX =re
iθ. Un tel
polynôme est scindé sur Cet peut s’écrire de la manière suivante :
P(X) =P
0X(X−X
k)
dk, (B.4)
où X
k=r
ie
iθk∈Cest la k
èmeracine du polynôme etd
k∈N est son ordre.
L’expression (B.3) ne contient donc aucune ligne nodale, mais est en revanche un réseau de
vortex avec une enveloppe gaussienne dont les zéros sont situés aux positions(rk,θk)dans le plan
complexe. Réciproquement, si on souhaite créer un réseau de vortex dont les zéros sont à des
positions bien déterminées, il suffit de construire l’expression (B.4) de son choix et de la multiplier
par une fonction gaussienne. En développant l’expression obtenue on peut également retrouver les
poidsαp intervenant dans la décomposition en vortex élémentaires (B.2). La figure B.1 représente
des réseaux de vortex obtenus à partir d’expressions polynomiales simples.
Composition de vortex d’hélicités différentes 161
Dans le document
Étude de la sélection des structures transverses stationnaires dans les lasers
(Page 162-168)