1.3 Laser à cavité dégénérée
1.3.2 Observations expérimentales issues de la littérature
Le comportement d’un laser opérant à une dégénérescence de la cavité vide est sensiblement
différent du cas non–dégénéré étudié précédemment où on observe toujours des modes propres
d’ordre unique. Comme nous l’avons souligné précédemment, à dégénérescence le laser possède
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Figure 1.24 – Trajectoires géométriques particulières lorsqueL=R
c/4 (ordre 6), ainsi que les
profils d’intensité des modes attendus sur le miroir plan (1), sur le miroir sphérique (2), et dans
un plan intermédiaire.
plus de degrés de liberté pour sélectionner un mode propre puisqu’il peut combiner plusieurs
modes d’ordres différents sous réserve qu’ils soient tous congrus au même entier modulo l’ordre
de la dégénérescence. Les modes issus de trajectoires géométriques que l’on vient de présenter sont
seulement des cas particuliers de modes propres accessibles au laser à dégénérescence mais nous
allons voir que ceux-ci ont fait l’objet de plusieurs études et observations. Un autre aspect des
faisceaux ayant été étudiés à dégénérescence concerne la puissance qu’ils sont capables d’extraire
du milieu actif. En effet, de nombreuses observations témoignent d’une augmentation significative
de la puissance de fonctionnement des lasers autour des points de dégénérescence de la cavité vide,
s’expliquant facilement par un meilleur accord du profil transverse du mode propre sélectionné
avec le profil du gain dans le milieu actif.
Modes géométriques
Certains auteurs ont cherché à tirer parti du grand nombre de degrés de liberté disponibles
à dégénérescence pour montrer qu’il était possible de forcer la formation de modes transverses
d’intérêt en insérant des filtres en transmission ou en phase dans la cavité. C’est par exemple le
cas de Colombeau et coll. [65] qui ont exploité le comportement d’une cavité concave–concave
confocale, dégénérée d’ordre 2, pour construire des modes semblables à des réseaux de franges
issues de l’interférence entre deux disques de champs séparées dans l’espace.
cavités dégénérées plus simples ou la sélection de modes s’effectue uniquement par le profil de
gain utilisé. L’appellation de modes géométriques a ainsi été introduite par Dingjan et coll.[64]
qui ont observé des modes transverses ressemblant parfaitement aux modes représentés sur la
figure 1.22, obtenus dans une cavité plan–concave dégénérée d’ordre 4 où L =R
c/2, dans une
situation de pompage excentré par rapport à l’axe optique de la cavité. Par la suite, ces modes ont
également été étudiés analytiquement et expérimentalement à plusieurs reprises par Y.F. Chen
et coll.[66, 67].
Enfin, C.H. Chen et coll.ont observé des modes géométriques dans un laser constitué d’une
cavité plan–concave dégénérée d’ordre 3 où L = 3Rc/4, dans le cas où la pompe est cette
fois-ci alignée sur l’axe optique. Dans leur article [68], les auteurs montrent à l’aide d’une étude
numérique que le profil transverse observé expérimentalement peut être retrouvé en sommant
trois aller–retours successifs d’une distribution gaussienne suivant approximativement le profil
de la pompe dans le milieu actif. Ils remarquent également que le faisceau ainsi construit semble
posséder trois waists de tailles différentes et à des positions différentes, ce qu’ils parviennent
à confirmer expérimentalement. Nous montrerons toutefois à la fin de cette partie qu’une plus
grande rigueur s’impose lorsque l’on souhaite construire un mode géométrique à partir d’une
distribution de champ initiale, et que les résultats obtenus ne peuvent s’interpréter physiquement
que de manière très qualitative.
Puissance de sortie et largeurs de dégénérescences
Un autre aspect expérimental lié à la formation des modes transverses à dégénérescence est
la puissance que ceux-ci parviennent à extraire de la cavité en comparaison des situations non–
dégénérées. Nous avons déjà émis l’hypothèse que le mode que l’on doit s’attendre à observer en
sortie de laser est celui qui a la valeur propre la plus grande dans le régime linéaire. De plus, il
est évident que plus la valeur propre associée à un mode est grande, plus l’intensité lumineuse du
faisceau devra être importante afin de saturer le gain et atteindre le régime stationnaire. Ainsi,
on peut facilement expliquer que les dégénérescences de la cavité conduisent à une sélection de
modes qui tentent de profiter au mieux du milieu actif et donc d’en extraire le maximum de
puissance. La seule chose qui n’est pas évidente et qui ne sera discutée que dans le chapitre
suivant est que les modes propres de la cavité avec un gain linéaire se transforment sensiblement
lorsque l’on ajoute de la saturation dans le modèle, et ce particulièrement lorsque la cavité est
dégénérée. En première approximation, nous pouvons néanmoins ignorer ce fait et raisonner
comme si la valeur propre d’un mode dans le régime linéaire était directement liée à la puissance
de sortie du laser dans le régime stationnaire.
L’augmentation de la puissance de sortie du laser à dégénérescence a d’abord été observée
dans une cavité concave–concave confocale par Coudercet coll.[69]. Dans cette expérience, il est
montré que le mode laser se construit de manière à occuper du mieux qu’il peut le volume pompé
dans le milieu actif. L’étude extensive de la puissance de sortie d’un laser constitué d’une cavité
plan–concave a été réalisée par Zhang et coll. autour d’un grand nombre de dégénérescences
partielles de la cavité [70]. Cette augmentation de puissance est également mise en évidence par
un modèle analytique développé par Y.F. Chen et coll.[67] initialement dans le but d’étudier la
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formation des modes géométriques aux longueurs des dégénérescences les plus notables.
Les courbes de puissances mesurées en faisant varier la longueur de cavité autour des
dégé-nérescences sont bien évidemment continues. Physiquement, il existe donc une transition douce
entre les situations non–dégénérées où seuls des modes d’ordre unique sont observés et les points
exacts de dégénérescence où des modes géométriques prennent place. Les profils transverses que
l’on peut observer dans ces zones de transition que l’on peut qualifier de semi–dégénérées n’ont
cependant jamais été étudiés. Nous consacrerons une partie du chapitre 2 à l’étude numérique
de telles zones de dégénérescence, dont l’origine physique réside exclusivement dans le couplage
entre modes de cavité exercé par le milieu actif. Cette étude sera également l’occasion de montrer
qu’il existe des modes propres semi–dégénérés qui combinent un nombre très restreint de modes
d’ordres uniques et qui ne peuvent pas être décrits par des modes géométriques. Avant cela, nous
souhaitons conclure ce chapitre en présentant une méthode rigoureuse permettant de construire
des modes géométriques à partir d’une distribution initiale de champ arbitraire, complétant ainsi
le travail de C.H. Chenet coll.[68].
Dans le document
Étude de la sélection des structures transverses stationnaires dans les lasers
(Page 53-56)