3.1 Laser plan–concave stable en cavité étendue
3.1.2 Cavité non–dégénérée et pompe parallèle à l’axe optique
On considère ici une situation de cavité non–dégénérée avecL= 16cm ainsi qu’un pompage
longitudinal parallèle à l’axe optique. Comme nous l’avons vu précédemment, on peut modéliser
le profil de pompe expérimental par un profil transverse gaussienwaist wp < w
0.
Transitions entre modes
La première expérience que nous avons réalisé consiste à déplacer la pompe parallèlement à
l’axe optique d’une position x
pet à mesurer les positions pour lesquelles une transition entre
modes d’ordre supérieur se produit, comme dans l’expérience de Y.F. Chenet coll.[88]. On peut
fixery
p= 0sans perte de généralité car la pompe étant parallèle à l’axe optique, seule la distance
du centre de la pompe à l’axe optique compte dans la sélection du mode à une rotation près.
La figure 3.6 représente les positions expérimentales et simulées des différentes transitions entre
modes, et la figure 3.7 représente les profils transverses expérimentaux et simulés associés.
Figure 3.6 – Transitions entre différents modes Ince–Gauss de type IG
ep,pen fonction du
désa-lignement x
pde la pompe, pour une longueur de cavitéL= 16cm.
Laser plan–concave stable en cavité étendue 121
0 130 200
300 340
250
Figure3.7 – Modes Ince–Gauss d’ordre supérieur obtenus pour différents désalignements de la
pompe.
Expérimentalement, il existe des zones de transitions dans lesquelles on observe une
super-position de deux modes transverses d’ordres différents, ce qui a déjà été mis en évidence par
Kubodera et coll. [41]. La présence d’une borne inférieure et d’une borne supérieure sur la
fi-gure 3.6 met en évidence les zones dans lesquelles nous n’avons pas été capable d’identifier
expérimentalement un mode transverse d’ordre unique. Du point de vue de la simulation, nous
nous sommes limités à l’observation des positions de transitions entre modes dans le cas d’un
état stationnaire contenant un unique mode transverse. De plus, nous avons remarqué que les
positions exactes des transitions entre modes dépendent de la taille de la pompe que l’on rentre
dans la simulation. Dans le cas de l’expérience réalisée, il s’avère que le choix de wp = 110µm
est la valeur qui reproduit au mieux les résultats expérimentaux.
Concernant la comparaison des profils transverses expérimentaux et simulés de la figure 3.7,
on peut dire que l’accord semble vraiment parfait. De plus, l’analyse des profils transverses
simulés montre qu’il s’agit bien de modes Ince–Gauss de type IG
ep,p
.
Puissance de sortie du laser
Nous voulons comparer ici la puissance de sortie du laser en fonction de la puissance de
pompe obtenue par l’expérience à celle calculée par la simulation Fox–Li. Dans la simulation,
nous n’avons pas développé de modèle pour calculer l’amplitude du profil de gaing
0en fonction
du faisceau de pompe incident. La seule chose que nous ayons supposé est queg
0est proportionnel
à l’intensité du faisceau de pompe dans le cristal. C’est le paramètreG
0sans dimension qui joue
pour nous le rôle de la puissance de pompe car on suppose qu’il lui est proportionnel. Afin de
pouvoir comparer l’expérience à la simulation, il faut donc s’accorder au moins sur un point
de mesure. Le plus simple est de s’accorder sur la puissance de pompe définissant le seuil de
l’oscillation laser. Ainsi, la puissance de pompe expérimentale divisée par la puissance de seuil
est une grandeur sans dimension correspondant exactement au rapportG
0/G
0th, oùG
0thdésigne
la valeur deG
0pour laquelle la valeur propre du mode calculé par l’algorithme de Fox–Li linéaire
vaut 1.
La figure 3.8 représente la comparaison entre expérience et simulation de la puissance de
sortie du laser en fonction de la puissance de pompe rapportée à la puissance de seuil. Concernant
l’expérience nous nous plaçons dans les mêmes conditions que précédemment tandis que dans la
simulation nous avons considéré différentes valeurs de w
p. On constate que la taille de pompe
permettant d’ajuster au mieux les points expérimentaux est w
p= 160µm. Ceci n’est pas en
accord avec la valeur de wp calculée précédemment pour les transitions entre modes. On peut
attribuer ce désaccord principalement à trois sources d’erreurs indépendantes. La première est
l’erreur que l’on commet sur le calcul de pompe moyen à l’intérieur du cristal. La seconde est
l’utilisation d’une valeur de l’intensité de saturationIsat = 1,25 10
7W.m
−2ne correspondant peut
être pas à la valeur qu’il faudrait rentrer dans le modèle pour décrire notre milieu actif. Enfin,
la troisième est la possible existence de pertes intracavité [89] dues à des facteurs multiples
(poussières, traitement anti-reflet vieillissant...). Étant donné que les mesures expérimentales
semblent bien décrire une droite, nous pensons qu’il est inutile de raffiner le modèle de gain
saturé que nous utilisons, comme cela est suggéré par Casperson dans l’article [90] pour tenir
compte du hole burning longitudinal et de l’élargissement homogène du gain. En effet, si la
fréquence d’oscillation d’un mode devait entrer en compte significativement dans l’expression
Laser plan–concave stable en cavité étendue 123
du gain saturé associé à ce mode, les points de mesure expérimentaux ne formeraient plus une
simple droite.
Figure3.8 – Comparaison entre une expérience et différentes simulations Fox–Li de la puissance
de sortie du laser en fonction de la puissance de pompe rapportée à la puissance de seuil.
Ainsi, même si en l’état la simulation ne s’accorde pas parfaitement avec les puissances de
sortie expérimentales, nous pensons qu’il s’agit principalement d’une question de calibration des
paramètres du modèle, et non un problème de fond du modèle lui-même. Étant donné que le
calcul des positions de transitions entre modes sont en très bon accord avec l’expérience, nous
pensons que le désaccord vient soit de pertes intracavité, soit de l’utilisation d’une valeur deIsat
inadaptée. En toute rigueur, la mesure de la valeur deI
satne peut pas se faire sans tenir compte
du profil de pompe utilisé et du mode transverse sélectionné par le laser. Une fois que ceux-ci sont
connus, une manière de calculerIsat est de mesurer la puissance de sortie du laser, d’en déduire
la puissance intracavité et de chercher à satisfaire l’équation de stationnarité (2.14). En se basant
sur les mesures de la figure 3.8, si on suppose quewp = 110µmest la bonne taille du profil de
pompe, cela conduirait à une valeur corrigée de l’intensité de saturationI
sat= 1,58 10
7W.m
−2.
Cette valeur paraît très éloignée de la valeur théorique connue pour le Nd:YAG, c’est pourquoi
nous penchons également pour l’existence de pertes intracavité non maîtrisées, probablement
dues à des défauts du cristal.
Dans le document
Étude de la sélection des structures transverses stationnaires dans les lasers
(Page 127-131)