1.3 Laser à cavité dégénérée
2.1.1 Intégrale de recouvrement mode–gain
Nous allons développer ici une expression analytique permettant de calculer la valeur propre
associée à un mode propre d’une cavité vide en présence d’un gain et de pertes linéaires, en
supposant que l’introduction d’un gain dépendant de l’espace ne modifie pas significativement
les modes propres de cette cavité. Il est bien entendu que ce type de raisonnement ne s’applique
que dans des conditions où le gain dans le milieu actif est faible et où la propagation dans le vide
joue un rôle essentiel, comme c’est le cas pour les cavités étendues pompées longitudinalement.
Système étudié
Par souci de simplicité, nous nous restreignons ici à l’étude d’une cavité plan–concave
conte-nant un milieu actif d’indice n et d’épaisseur d localisé sur le miroir plan représenté par la
figure 2.1. Cependant tous les raisonnements qui vont suivre pourraient tout à fait être
généra-lisés à tout type de cavité dont on connait une base de modes propres, et ceci peu importe la
position du milieu actif. La cavité de longueurL considérée est supposée pompée
longitudinale-ment, et on noteg
0(x,y,z)le profil de gain. Les pertes s’effectuent uniquement par l’intermédiaire
du miroir sphérique M
2de rayon de courbure Rc et de coefficient de réflexion en intensité R.
On a noté Π
0le plan particulier correspondant à la surface du miroir plan M
1et Π
dle plan
correspondant à la face de sortie du milieu actif. Le champ paraxial intracavité est quant-à lui
toujours notéu(x,y,z).
La présence d’un milieu d’indice n et d’épaisseur d dans la cavité ne modifie en rien les
propriétés des modes propres présentées au chapitre 1, sous réserve de travailler avec une longueur
Critère analytique de sélection de modes 59
Figure 2.1 – Cavité plan–concave contenant un milieu actif d’indicen et d’épaisseur dpompé
longitudinalement.
de cavité équivalente donnée par :
˜
L=L−
n−1
n
d. (2.1)
La longueur de Rayleigh équivalente s’écrit alors :
z
R=
q
˜
L(R
c−L˜), (2.2)
de manière tout à fait identique à l’équation (1.27), et le waist des modes propres de la cavité
est toujours localisé sur le miroir plan et donné par :
w
20= λ
0π z
R, (2.3)
oùλ
0est la longueur d’onde longitudinale dans le vide du mode considéré.
De même, les expressions de la largeur du faisceauw(z), du rayon de courbure du front d’onde
R(z) et de la phase de Gouy Ψ
G(z) restent données par les expressions (1.9), (1.10) et (1.11)
respectivement, sous réserve d’y introduire la longueur de Rayleigh équivalente.
Enfin, nous supposons que la longueur d du milieu actif est petite devant la longueur de
Rayleigh, de manière à ce que le champ dans la cavité évolue peu entre l’entrée et la sortie du
milieu actif. De cette manière, en l’absence de pompage, le champu(x,y,l) dans le milieu actif,
0≤l≤d, pourra être assimilé au champ u(Π
0) au niveau du miroir plan.
Équation paraxiale dans le milieu actif
Nous cherchons ici à montrer que lorsque le gain n’est pas trop fort il est possible de découpler
l’action de propagation du champ dans le milieu actif de l’effet d’amplification. Pour cela, il est
nécessaire de partir d’une équation de propagation amplifiée du champ dans le milieu actif que l’on
construit à partir de l’équation paraxiale (1.6) en supposant que dans une tranche infinitésimale
de milieu actif dz la propagation et l’amplification possèdent effectivement deux contributions
indépendantes et que l’amplification consiste uniquement en la multiplication du champ par le
profil transverse du gain g
0(x,y,z) à la position z considérée. On obtient donc l’équation de
propagation suivante :
∂u
∂z =−
i
2k∇
2 ⊥u+g
0(x,y,z)u, (2.4)
où k= 2π/λavecλ=λ
0/n étant la longueur d’onde dans le milieu d’indicen.
Considérons le champ u défini par :
u(x,y,z) =v(x,y,z)e
R0zg0(x,y,l) dl, (2.5)
où v est une solution de l’équation paraxiale dans un milieu d’indicen.
Sous une certaine approximation, on peut montrer que u peut être considérée comme une
solution approchée de l’équation (2.4). En effet, en dérivant l’équation (2.5), on obtient :
∂u
∂z =−
i
2k ∇
2 ⊥ve
Rz 0 g0(x,y,l) dl+g
0(x,y,z)u. (2.6)
On suppose alors que les variations du profil de gaing
0(x,y,z) sont suffisamment lentes dans
les plans transverses afin que le terme en exponentielle dans l’équation (2.6) puisse être associé
àvdans le laplacien transverse. Sous cette condition,udéfinie par (2.5) est bien une solution de
l’équation (2.4) et les distributions transverses du champ à l’entrée et à la sortie du milieu actif,
lorsque celui-ci se propage deM
1versM
2, sont liées par la relation :
u(Π
d) = exp
Z
d 0g
0(x,y,l) dl
MK[d/n]u(Π
0), (2.7)
où on rappelle que M
K[d/n] représente l’opérateur de propagation d’un champ de longueur
d’ondeλ
0dans le vide d’une distanced/n.
Nous avons donc montré que sous la condition d’un profil transverse de gain lentement
va-riable, la propagation amplifiée d’un champ traversant un milieu actif linéaire peut être décrite
par deux actions indépendantes, à savoir la propagation à travers un milieu d’indice net de
lon-gueurdsuivie de la multiplication par le profil de gain exponentiel intégré sur toute la longueur
du cristal.
Critère analytique de sélection de modes 61
Dérivation de l’intégrale de recouvrement mode–gain
L’équation (2.7) indique que l’opération de multiplication du mode par le profil de gain
moyen doit s’effectuer après propagation du mode dans le cristal. Nous supposons ici que cette
multiplication peut également s’effectuer avant l’opération de propagation, ce qui est justifié par
le fait que lorsquedz
Rle profil du mode évolue très peu au cours de sa propagation dans le
cristal. Ceci nous permet d’exprimer l’opérateur d’aller–retour dans la cavité avec gainMcav(g
0)
en fonction de l’opérateur d’aller–retour dans la cavité videM
cavde la manière suivante :
Mcav(g
0) =e
g0˜Mcav, (2.8)
où on a introduit le gain intégré sur un aller–retour˜g
0(x,y) = 2R
0dg
0(x,y,l) dl.
Considérons maintenant la base(u
m,n)de modes Hermite–Gauss étant des modes propres de
la cavité vide, satisfaisant l’équation :
M
cavu
m,n=
√
Re
2i(m+n+1)ΨG( ˜L)u
m,n. (2.9)
Tout mode propre u=P
c
m,nu
m,nde la cavité avec gain doit alors satisfaire l’équation :
√
Re
g0˜Xcm,ne
2i(m+n+1)ΨG( ˜L)um,n =σuu, (2.10)
oùσ
uest la valeur propre associée au mode propre u.
On suppose désormais que les différentes phases de Gouy présentes dans la somme de
l’équa-tion (2.10) s’accordent suffisamment de telle manière que :
∃p∈N/ Xc
m,ne
2i(m+n+1)ΨG( ˜L)u
m,n=e
2i(p+1)ΨG( ˜L)u+b, (2.11)
oùb(x,y) est une fonction de faible amplitude vérifiantR |b|
2R
|u|
2.
Maintenant, en appliquant l’opérationR u
∗de part et d’autre de l’égalité (2.10) et en
négli-geant le terme faisant intervenir la fonction b(x,y), on obtient l’expression de la valeur propre
σu :
σ
u=√Re
2i(p+1)ΨG( ˜L)x
Π0|u(x,y)|
2kuk
2e
˜g0(x,y)dxdy. (2.12)
Dans le cas oùg˜
0est faible, ce qui sera toujours le cas en pratique, on peut remplacer le terme
en exponentielle présent dans (2.12) par son développement limité à l’ordre 1, ce qui donne une
nouvelle expression deσ
ufaisant intervenir l’intégrale de recouvrement mode–gain entre le profil
de gain linéaire intégré et le profil d’intensité du mode normalisé :
σu=
√
Re
2i(p+1)ΨG( ˜L)
1 +x
Π0|u(x,y)|
2kuk
2˜g
0(x,y) dxdy
. (2.13)
Nous allons utiliser cette intégrale de recouvrement mode–gain comme le critère significatif
nous permettant d’effectuer des prédictions quant-aux modes qui seront susceptibles d’osciller
dans diverses configurations de pompage. En effet, on voit immédiatement que le module de la
valeur propre σ
udépend directement de la valeur de cette intégrale.
Dans le document
Étude de la sélection des structures transverses stationnaires dans les lasers
(Page 65-69)