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CHAPITRE 3. LA CONSTRUCTION D’UN ESPACE DE CONSERVATION :

3.4 L ES MÉCANISMES DE LA CONSERVATION ENVIRONNEMENTALE

3.4.1 Protection, suivi environnemental, recherche et surveillance : l’application des

3.4.1.2 Zonage du territoire et usages de l’environnement

Afin de mener à bien ses objectifs de conservation, la Réserve opère selon un système d’inspection et de surveillance des activités humaines dans les terres et la lagune. Celui-ci implique l’imposition de lois et de normes qui concernent majoritairement la restriction de

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Biocenosis, Pronatura Península de Yucatán et Niños y Crías sont les principales.

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l’accès à certains lieux ainsi que de l’utilisation de certaines ressources. Cette gestion de l’environnement et cet encadrement vis-à-vis les pratiques des habitants ne sont pas neutres mais découlent directement du type de découpage du territoire propre au modèle transnational de la réserve de biosphère, lequel cherche à réguler les activités qui prennent place au sein de son ensemble à travers une division particulière de l’espace (Annexe 6). La RBRL comprend actuellement six zones centrales – qui représentent dans les faits 39,25 % de la superficie totale du territoire protégé – et qui se répartissent en sous-zones de protection et en sous-zones d’utilisation restreinte. Les sous-zones de protection sont des endroits strictement réservés à la recherche, la conservation et l’éducation environnementale, alors que toute autre forme d’activité y est interdite. Il en est de même pour la sous-zone d’utilisation restreinte, qui permet toutefois que prenne place un tourisme dit durable (SEMARNAT 2007).

Quant à la zone d’amortissement, elle couvre une superficie totale de 60,75 % et se divise en quatre sous-zones. La sous-zone de préservation permet les activités liées à la recherche, la conservation, l’éducation environnementale et au tourisme durable, tandis que les autres formes d’activités productives ou de subsistance y sont strictement interdites. Dans la sous- zone d’utilisation traditionnelle, certaines pratiques sont permises (sous certaines conditions) pour les habitants des très petites localités106, notamment l’agriculture, l’utilisation des feuilles de chit et de huano de même que du bois de chauffage (leña) pour l’autosubsistance. La sous-zone d’utilisation durable des ressources naturelles, qui représente 95,72 % de toute la zone d’amortissement (ou 58,15 % de la superficie totale de la RBRL), inclut les quatre communautés de la Réserve et permet, sous certaines conditions107, que prennent place des activités productives telles que l’agriculture, la pêche, l’élevage bovin, le tourisme ainsi que l’utilisation de certaines ressources. Enfin, la sous- zone d’utilisation publique comprend cinq plages qui sont pour la plupart adjacentes aux communautés. Elles doivent être utilisées par les habitants et les touristes uniquement dans

106 Tres Reyes, San Fernando, San Agustín, Santa Cruz et San José.

107 La LGEEPA prévoit à cet effet que les seules activités impliquant l’utilisation des ressources naturelles

permises à l’intérieur des aires protégées sont celles qui génèrent de bénéfices aux populations locales et qui sont conformes aux principes de développement durable (SEMARNAT 2007: 147).

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un but récréatif ou touristique tandis qu’aucune forme d’activité productive ne peut y être pratiquée (SEMARNAT 2007).

En outre, il est possible de constater à travers ce découpage particulier de l’espace que mis à part les activités liées à la recherche et à la conservation, les seules activités humaines permises dans les zones centrales sont l’éducation environnementale et le tourisme durable (seulement dans la sous-zone d’utilisation restreinte). Il semble que ces activités soient jugées compatibles avec la conservation aux yeux de la Réserve.

Ce découpage de l’espace définit les activités jugées acceptables ou non dans les différentes zones, de même que la manière adéquate d’utiliser l’environnement. Ainsi, les activités traditionnelles ou constitutives de la survie des habitants sont permises108, mais sous certaines conditions bien précises. Par exemple, la coupe de bois pour son utilisation domestique et l’agriculture de subsistance sont interdites dans les zones centrales, alors qu’elles sont autorisées dans certains endroits de la zone d’amortissement. D’autres pratiques sont interdites en permanence, telles que la chasse des cerfs, des flamants roses ou des tortues marines (et de leurs œufs), ou encore la coupe de certaines essences de bois endémiques. Cette nouvelle morphologie de l’espace limite par le fait même le développement urbain du village de Río Lagartos, puisque celui-ci est entouré de zones centrales. Il en est de même pour le développement d’infrastructures touristiques par exemple, sur la bordure du village face à la ría, car elle est zonée fédérale jusqu’à 20 mètres vers l’intérieur des terres. Également, compte tenu de la croissance démographique constante du village, la disponibilité du nombre de terrains est de plus en plus limitée par la configuration actuelle de l’espace. Ce problème se voit accentué par la demande extérieure grandissante pour des propriétés en bordure de la ría, engendrant une plus grande rareté des terrains disponibles au village et une augmentation de leurs prix.

Dans tous les cas, les activités qui concernent l’extraction de ressources naturelles doivent être sanctionnées par un permis ou une autorisation de la PROFEPA. Par exemple, tandis que la coupe de certains arbres comme le kuká est interdite, d’autres essences de bois

108 Le Plan de conservation et de gestion de la Réserve stipule qu’il est nécessaire que ses politiques et ses

normes considèrent les usages et les coutumes des communautés par rapport aux ressources naturelles afin qu’elles soient mieux adaptées aux réalités locales. Toutefois, le Plan ne précise pas comment il intègre ces considérations (SEMARNAT 2007: 126).

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peuvent être utilisées. Toutefois, ce n’est que sous certaines conditions : il s’agit d’une quantité limitée, uniquement lorsque les arbres sont secs ou morts et ils ne peuvent être prélevés qu’à une zone précise indiqué par les agents dans la zone d’amortissement au moment fixé par la Réserve :

Entonces, hasta para el talar de leña, hay permiso, pero tienen que ir, reportar que necesitan, lo piden a nosotros a la Reserva, y tienen que pedir el permiso, se les da una hoja el día que van a ir y se les dice una zona en la que pueden hacer esta actividad. Pues a los lugares en los que hay árboles ya caídos secos que se pueden talar, eso se les da el permiso y moderado. Tampoco le sirve para vender, porque hay mucha gente que la vende. Que le sirva para ellos, o sea para su consumo solamente en la casa.109 (B17)

Il arrive même parfois que des gardes de parc de la Réserve ou des agents de la PROFEPA se rendent chez le demandeur à des fins de vérification avant de valider sa demande. Ainsi, toute forme d’accès, d’utilisation ou d’extraction de l’environnement est aujourd’hui sujette à des réglementations très précises, et les habitants doivent se prévaloir de permis ou d’autorisations auprès de la PROFEPA afin de pouvoir le faire.