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PROCESSUS D’INTÉGRATION DIFFÉRENCIATION

DÉPERDITIONS À L ’ INTERFACE

1.2.6. S YNTHÈSE ET DÉFINITIONS

Le tableau 1.2 ci-après récapitule et résume les éléments de connaissance contenus dans les 10 corpus théoriques analysés du point de vue de l’interface. En colonne figurent ces corpus, en ligne figurent les propriétés de l’interface telles que définies au chapitre 1420, c’est-à-dire la frontière, la

séparation, la liaison et la migration. Deux éléments sont ajoutés pour compléter le résumé : une ligne pour expliciter la conception des protagonistes en relation (agent, acteurs, etc.), une autre pour caractériser, de manière générale, l’interface.

Tous les corpus, à l’exception de la théorie classique, montrent que le conflit entre entités, et plus largement la désorganisation de leurs interactions, est l’une des conséquences de leur différenciation, bien que le conflit et cette différenciation prennent des formes différentes selon les corpus, et que les postulats de ces derniers puissent radicalement s’opposer.

La différenciation sera définie comme le processus par lequel les entités de l’organisation, initialement semblables, acquièrent des propriétés différentes, c’est-à-dire des propriétés qui les distinguent, et l’état qui en résulte.

L’intégration, qu’elle soit mécaniste ou complexe, renvoie systématiquement à la construction d’une unité et/ou d’une cohérence organisationnelle, à une image symétrique de celle de la différenciation et de ses effets désorganisateurs. Nous la définirons comme le processus par lequel les entités différenciées de l’organisation forment un tout et l’état qui en résulte.

La représentation de la frontière oscille, selon les théories, entre la limite-barrière et la zone d’interaction, telles que décrites par Grima (1997)421. Les objets qui franchissent cette frontière

et/ou qui structurent les relations à l’interface varient également selon les théories. Il peut s’agir d’informations, formelles ou informelles, de règles et plus généralement de structures, de contrats, de conventions, de produits/services ou d’instruments de gestion.

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420 Cf. 1.1.6. Une définition de l’interface, p. 56.

Parmi ces 10 corpus, on peut mettre en évidence des convergences et des spécificités et donc dresser une typologie des approches théoriques de l’intégration-différenciation et de l’interface. Celle-ci est présentée ci-après.

1.2.6.1.

C

INQ APPROCHES THÉORIQUES DE L

INTÉGRATION

-

DIFFÉRENCIATION ET

DE L

INTERFACE

Pour synthétiser le contenu de ce tableau récapitulatif, nous avons regroupé ces 10 corpus de la régulation de l’intégration-différenciation aux interfaces en cinq groupes, représentés sur une carte (cf. figure 1.5). Chacun correspond à un ensemble théorique relativement homogène.

Les abscisses représentent le degré de complexité ou de prévisibilité qui caractérise cette régulation ; on retrouve d’une part le mécanicisme422, d’autre part la complexité. Les ordonnées

décrivent la primauté accordée soit aux structures, soit aux comportements des protagonistes, dans cette régulation.

1.2.6.1.1. L

E DÉTERMINISME ÉCONOMIQUE

Le premier groupe est composé de l’école classique, de la théorie de l’agence et de la théorie des coûts de transaction. Il renvoie à un déterminisme structurel et économique, pour signifier que la régulation aux interfaces est déterminée par des structures auxquelles l’homo œconomicus se soumet contre une rétribution économique.

L’interface apparaît comme une ligne mécanique dans l’organisation classique. Verticalement, des ordres “objectifs” la traversent et sont intériorisés par des agents, différenciés par les tâches qu’ils réalisent et leur statut, subordonnés, asservis et rationnels. Ce mécanisme d’intégration fonctionne dans la mesure où la supervision détaillée de l’agent est nécessaire, et où ce dernier s’y conforme pour maximiser sa rémunération, sa seule raison d’être. L’interface transversale n’existe qu’à travers son interdiction.

Dans la théorie de l’agence et dans la théorie des coûts de transaction, l’interface est qualifiée de mécaniste-allocative. L’interface, au centre de laquelle se trouve le contrat, est une fonction, au sens mathématique du terme, permettant de répartir les surplus d’utilité. Les ajustements entre agents, la régulation de l’intégration-différenciation, sont opérés par des règles ou des structures de gouvernance.

La théorie de l’agence est néanmoins plus déterministe, postulant une rationalité forte de l’agent, ce qui permet au principal, pour obtenir de sa part une conformité comportementale, de lui fixer des règles incitatives avant la réalisation du contrat. La théorie des coûts de transaction introduit la rationalité limitée et l’opportunisme de l’agent, et, considérant le conflit comme inévitable, propose une structure de gouvernance pour gérer en temps réel la réalisation du contrat. La dynamique de la frontière est celle de l’efficience comparée du marché et de la hiérarchie, et, in fine, se confond avec celle de la propriété de la firme.

1.2.6.1.2. L

E DÉTERMINISME PSYCHOSOCIAL

L’école des relations humaines constitue le deuxième groupe, qualifié de déterminisme psychosocial. La différenciation n’est pas différente de celle de l’organisation classique, la spécialisation et la parcellisation des tâches ne sont pas fondamentalement remises en cause, mais elles sont considérées comme des limites à la performance. L’intégration passe ici par les relations

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422 Doctrine selon laquelle une classe de faits, ou même l'ensemble des phénomènes, peut être ramené à un système de

informelles, la cohésion, l’autonomie des acteurs, ainsi que par un style de management participatif, moins autoritaire. Dans ce cadre, la frontière est dotée d’épaisseur. La variable psychosociologique remplace la variable économique de l’organisation classique, pour former un autre déterminisme.

Figure 1. 5 : typologie des approches théoriques de l’interface

1.2.6.1.3. L

E FONCTIONNALISME

Viennent ensuite les approches qualifiées de fonctionnalistes. Il s’agit de la théorie de la contingence et de la théorie systémique. L’une et l’autre expliquent la différenciation et l’intégration exclusivement comme des fonctions précises dans l’organisation, satisfaisant des besoins vitaux de cette dernière. Dans les deux cas, la différenciation sert d’adaptation à l’environnement ; dans la théorie systémique, elle sert de plus à satisfaire le système de finalisation. L’intégration, de la même manière déterminée, est enclenchée, puis respectée, quasi mécaniquement, programmatiquement dans la théorie systémique, pour sa fonction de coordination et de préservation de l’unité. Les fonctions, les besoins, et les contraintes sont objectifs et sont donnés.

1.2.6.1.4. L’

INTERACTIONNISME

Les approches sociologiques sont regroupées en référence à leur dimension interactive pour former le quatrième groupe. L’interaction est à dominante sociale ou cognitive.

L’analyse stratégique et la théorie de la régulation sociale se détachent de la conception fonctionnaliste de la théorie systémique, bien qu’elles s’en inspirent largement, pour introduire la reconstruction permanente et contingente des dynamiques sociales à l’interface, sur une base politique, fondée sur l’intentionnalité de l’acteur.

La différenciation est expliquée par la divergence des objectifs et stratégies des acteurs et par leur recherche d’autonomie, ce qui fait de l’interface un espace conflictuel. L’intégration, comme

convergence de ces objectifs et stratégies, reposant sur l’interdépendance des acteurs, est contrainte par les règles du jeu de l’organisation. Elle se concrétise par une négociation à l’interface, portant sur l’échange de comportement coopératif et sur l’inflexion des règles du jeu car structurant le champ politique. Cette activité, par son intensité, favorise l’autonomisation de