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A titre personnel c’est une problématique qui me tient à cœur, mais ce n’est pas suffisant. C’est une des problématiques com-munes à l’ensemble de nos associations, qui, même si elles ont des vocations propres et des pratiques liées à des problématiques de handicap et de maladies différentes ont toutes un point en commun : l’utilisation de chiens qu’il faut éduquer. Alors avoir comme dénominateur commun la prise en compte du Bien-être du chien nous rappelle aussi que nous avons des valeurs com-munes.

Au-delà du bénéfice pour les animaux et pour les bénéficiaires, ce qui est par ailleurs le point le plus important, cela aura égale-ment un impact en termes de visibilité par rapport au secteur et aux messages que nous envoyons aux pouvoirs publics, aux dona-teurs, aux mécènes, à la société…

CAPwelfare :

La première finalité de la prise en compte du Bien-Etre de ces chiens n’est –elle pas finalement qu’ils travaillent mieux, qu’ils soient plus ‘’performants’’ ?

Yasmine Debarge

Yasmine Debarge, est chargée de

mission pour Canidea, organisation qui

réunit l’ensemble des associations qui

éduquent et remettent des chiens d’aide

à la personne : Chiens-guides, chiens

d’assistance et chiens de médiation...

Yasmine Debarge :

Il faut plutôt se dire que le Bien-Etre de l’animal dans ce domaine est un principe de base. Ensuite, il me parait évident qu’un chien qui se sent bien aura une meilleure relation avec son maître, et oui, cette équipe fonctionnera mieux.

CAPwelfare :

Quelles relations entretenez-vous avec le monde vétérinaire ? Yasmine Debarge :

Deux vétérinaires siègent dans notre conseil scientifique ; ils sont notamment présents au sein d’une commission ‘’certification et procédures ‘’ qui traite plus particulièrement de questions liées au Bien être des chiens.

Et dans nos écoles, d’autres vétérinaires sont présents soit en tant qu’administrateurs, soit parce qu’ils sont les professionnels consultés lors du parcours d’éducation des chiens. Bien évidem-ment, nos centres d’élevage ont aussi leurs vétérinaires attitrés.

CAPwelfare :

Les vétérinaires évaluent donc le bien-être physique des diffé-rents chiens utilisés dans les associations réunies au sein de Ca-nidea, mais quels sont les outils, s’ils existent, que vous utilisez pour évaluer leur Bien-être mental?

Yasmine Debarge :

Aujourd’hui dans ce domaine, rien n’est encore formalisé, chez Ca-nidea en tout cas.

Evaluer la bonne santé, l’aspect physique c’est assez simple, éva-luer la santé mentale c’est autrement plus compliqué…

Dans la réalité aujourd’hui, ce sont les éducateurs canins qui es-timent si les chiens vont bien ou pas, et je voudrais préciser que ce sont des personnels très compétents et expérimentés, notam-ment pour déceler des comportenotam-ments anormaux. Mais il est vrai que les pratiques sont variables et qu’il y a nécessité d’un forma-lisme à ce niveau.

CAPwelfare :

Justement, concernant la question du Bien-être animal, êtes-vous en attente d’une expertise particulière de la profession vétérinaire ?

Yasmine Debarge:

Lorsque nous avons lancé la réflexion sur cette question du bien-Etre animal, on s’est aperçu qu’il y avait des définitions extrême-ment variables et qu’aujourd’hui on est plutôt sur une définition en négatif définissant le Bien-Etre comme une absence de mal-être. Or il nous semble que les choses ne sont pas si simples...

Par ailleurs nous constatons qu’au niveau de l’expertise vétéri-naire les choses sont également variables, et que les diagnostics sur le Bien-être peuvent être différents d’un vétérinaire à l’autre (en gros elles vont de l’absence simple de Mal-être à des analyses beaucoup plus fines). Autrement dit, dans les faits, la profession vétérinaire en tant que telle ne fait pas forcément office de ré-férence absolue. Dans la réalité l’expertise développée par des individus investis, et pas seulement les vétérinaires, est plus im-portante pour nous.

Nous sommes convaincus en tout cas qu’il y a complémentarité des métiers...Et puis il faut prendre en compte les fonctions sup-ports, qui ont aussi leur importance en ce sens qu’elles ont leur mot à dire sur les moyens alloués et aux structures pour aller vers le Bien-être animal.

En résumé, il n’y a pas que le vétérinaire, même si son expertise est primordiale. La complémentarité entre les différents métiers est nécessaire si on veut avoir un regard lucide sur ce qu’on peut apporter au chien en terme de Bien-être.

CAPwelfare :

On connait les chiens d’assistance, les chiens de médiation, les chiens guide, ceux qui contrôlent le diabète ou les crises d’épi-lepsie, mais avez-vous identifié des domaines de travail ou d’uti-lisation des chiens qui sont plus problématiques si on veut tenir compte de son Bien-être ? Y-a-t-il des domaines plus …flous ? On sait par exemple qu’aux USA des chiens ont été remis à des vété-rans en syndrome de stress post-traumatique.

Yasmine Debarge :

Un peu partout dans le monde il y a des expérimentations qui sont lancées sur tout un panel de pathologies psychiques qui peuvent recourir à l’utilisation de chiens d’assistance...

On souhaiterait développer ça en France mais nous attendons clai-rement un cadre réglementaire précis pour savoir comment proté-ger les chiens également, notamment concernant les risques de passage à l’acte sur l’animal.

Un cadre réglementaire nécessaire également pour régler les nombreuses interrogations que ça soulève : la sélection des bé-néficiaires par exemple, avec ou sans carte d’invalidité. Or dans le cadre de pathologies psychiques, toutes ne donnent pas droit à une carte d’invalidité et d’un point de vue réglementaire en France sans carte d’invalidité il n’y pas possibilité d’avoir un chien d’as-sistance ...

Nous y allons donc prudemment car les risques de dérives sont réels : il n’y a qu’à songer au chien de soutien émotionnel aux Etats-Unis, pratique contre laquelle nous allons prendre une po-sition officielle en France car ces chiens, dont les maitres veulent prétendre à l’accessibilité, n’ont pas reçu ni formation, ni éduca-tion spécifique.

Pour notre part nous ne souhaitons pas le développement de ce type de chien d’assistance car justement on ne sait pas ce qu’il en est en termes de bien-être animal. Et au-delà je ne suis pas persuadée que remettre un chien d’assistance à une personne dé-pressive va sortir la personne de la dépression.

Douleur et