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Mr Lamour participe à notre groupe de réflexion à titre personnel

à partir du moment où les chiens avaient leur poids de forme et faisaient bien leur travail…

Puis, à y regarder de plus près, et considérant la notion de bien-être animal, on a commencé à se poser des questions. On s’est demandé si nous avions les conditions optimales pour mettre ces animaux dans un état de bien-être. Beaucoup d’inter-rogations se sont faites jour sur les conditions d’hébergement des chiens dans des chenils militaires par exemple.

Nous avons donc créé un groupe de travail, à l’initiative de vé-térinaires des armées, avec l’accord de la hiérarchie militaire. Ce groupe travaille notamment sur la question des chenils.

CAPwelfare :

Comment procède ce groupe de travail ?

En visitant les chenils, du point de vue du bien-être animal et en observant chaque chien de manière individuelle. L’idée c’est de vérifier si le chien a un comportement de chien ‘’normal’’ mal-gré le fait qu’il soit un chien militaire, c’est-à-dire un chien qui va faire son travail de mordant, de recherche etc… Nous nous ren-dons bien compte que ces chiens ne sont pas dans une situation de bien-être optimale, d’où les questions que nous nous posons, relatives à l’amélioration de leurs conditions d’hébergement mais aussi de travail…

CAPwelfare :

Vous venez de le dire, concernant les chiens des armées, et par rapport à leurs conditions d’hébergement, dans des espaces confi-nés de 12 mètres carrés, il semble en effet difficile d’affirmer que ces animaux sont dans un état de bien-être. Il est vrai néanmoins que certains chiens sont en demande, de concentration, de travail physique, aussi faut-il évaluer chaque situation, au cas par cas, en observant l’animal et son comportement. Pour autant, quand des environnements sont très contraignants, et qu’ils tiennent les individus trop éloignés des besoins de leur espèce (interaction entre les individus par exemple) on se doute bien que ceux-ci ne pourront pas à accéder à une forme de bien-être…

Thierry Lamour :

C’est vrai qu’aujourd’hui lors des visites des chenils du point de vue du bien-être animal on se rend compte que nous n’avons pas tous les outils, toutes les connaissances en éthologie ou en comportement.

Nous sommes dans une institution, militaire, qui évolue lente-ment. Mais qui évolue. Dans le groupe de travail dont je parlais

tout à l’heure, nous avons la participation à part entière d’une vétérinaire comportementaliste réserviste et qui nous aide beau-coup.

Nous tentons par conséquent d’expliquer à notre hiérarchie qu’il est absolument nécessaire aujourd’hui de former des vétérinaires militaires comportementalistes. Nous pensons que tout le monde doit au minimum avoir des notions dans ce domaine-là et nous aimerions avoir 2 ou 3 référents formés complètement au com-portement au sein de notre institution.

CAPwelfare :

Sur ce sujet précis, l’armée est-elle perméable aux évolutions so-ciétales, et à cette demande sociale qui s’affirme de plus en plus concernant le bien-être animal ? Avez-vous perçu une évolution justement dans la manière dont les éducateurs, les animaliers interagissent avec les chiens, dans la manière dont ils en parlent ? Thierry Lamour :

Je suis content que vous me posiez cette question parce que je trouve que nous avons évolué dans ce domaine, notamment nos maîtres-chiens. Lorsque j’ai débuté peu importait au fond la mé-thode, y compris si elle était coercitive : il fallait que le chien ait du mordant et qu’il assure la défense de zone, point.

On nous adressait d’ailleurs bien souvent des chiens au compor-tement agressif. On peut même dire que c’était même une voie de garage, une sorte de filière pour les chiens du civil qui étaient dans ce cas.

A cette époque, pas si ancienne, nous avions également beaucoup d’appelés du contingent, qui pouvaient passer du temps avec les animaux, et les amadouer petit à petit.

Aujourd’hui tout cela est terminé. L’armée s’est professionnalisée et les militaires ne disposent plus de ce temps-là pour se familia-riser avec les chiens. Ils doivent partir en mission avec leurs chiens très rapidement. Par conséquent l’armée recherche aujourd’hui des chiens plus sociables, dès le départ. En parallèle les maitres- chiens s’intéressent de plus en plus à des méthodes d’éducation positives et sans contraintes.

La scission entre les vétérinaires militaires qui soignent et éva-luent les capacités physiologiques des animaux et les maitres-chiens qui les éduquent est aussi en train d’évoluer…Les savoirs et les pratiques se mixent, les maîtres-chiens sont en demande

de conseils en comportement auprès des vétérinaires …On évolue, lentement, mais surement.

CAPwelfare :

Justement, avez-vous besoin de former des vétérinaires ou des éducateurs canins que ce soit en zoopsychiatrie ou en médecine du comportement ?

Thierry Lamour :

Absolument, nous avons besoin de former nos vétérinaires comme nos éducateurs canins. En interne nous sommes en plein questionnement pour savoir quelles sont les formations les plus adaptées pour les uns et les autres, qu’il s’agisse de zoopsychia-trie, d’éthologie canine, de médecine du comportement.

Dans un premier temps nous nous ouvrons au monde civil et aux compétences de gens déjà formés et dans un deuxième temps nous réfléchissons aux formations les plus adaptées à nos pra-tiques et à nos besoins.

CAPwelfare :

Si votre préoccupation est de parvenir au bien-être de vos chiens il est important en effet de choisir les bonnes formations. En zoopsychiatrie la base de la formation c’est de dire que les chiens qui produisent des comportements anormaux sont ma-lades et qu’il faut les soigner avec des médicaments tandis que la formation du CEAV est fondée sur une vision éthologique où l’on va discriminer les facteurs de troubles relevant de l’environ-nement et non pas d’une pseudo »maladie… Mais en mettant sur la table ces réflexions, ne craignez-vous pas d’ouvrir la boîte de Pandore ?

Thierry Lamour :

Moi en tant que vétérinaire non, ma hiérarchie peut-être plus ! Nous devons avancer, c’est sûr, mais nous y allons progressive-ment, probablement trop lentement pour certains.

Il faut bien comprendre que dans l’armée, depuis toujours, nos chiens ont connu l’isolement (historiquement ils étaient agressifs je vous le rappelle). Désormais on réfléchit à ce que les chiens puissent sortir de cet univers quasi carcéral et puissent avoir des interactions entre eux. On réfléchit par exemple à ce qu’ils puissent rentrer le soir avec leur maître, comme les chiens des douanes. Encore une fois on y va doucement. Mais sur ce sujet, on veut avancer.

Gonadectomies :