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WHAT’S IN A NAME ?

LÀ OÙ SAUSSURE ATTEND FREUD

2. WHAT’S IN A NAME ?

… je vois (je lis) la différence entre une poésie qui n’écrit le présent que pour y convoquer le passé ou pour annoncer le futur et une qui « rétablit inlassa- blement au présent le verbe qui est au passé ». Il y a une poésie de l’évitement ou de la neutralisation des images. Une poésie que je voudrais pouvoir appeler « littérale ». Au-delà, sans doute, du partage du propre et du figuré. Au-delà, peut-être, simplement du sens. Difficile hypothèse, violente. Que la poésie, comme la réalité, « n’ait » pas de sens : « trop de simplicité fait peur. Quand les mots collent de trop près à la réalité, ils font peur » (du Bouchet). Il me semble que s’il y a une obscurité moderne de la poésie, il ne faut la cher- cher ni dans l’étrangeté de ses figures, ni dans la mise en œuvre de procédures hermétiques, surtout pas dans sa complication. Dans sa simplicité au contraire, dans l’extrémisme de sa simplicité, dans ses moments (inte- nables) où elle parvient au plus près de ce qui est. Les moments où elle est sur le point de toucher. Ses moments de plus radicale littéralité […] Il se peut que cela, cette démarche que je continue d’appeler poésie, n’ait plus de nom, ce nom. Écrire, en ce sens, n’appar- tient peut-être pas à la littérature. Ou serait ce qui, dans la littérature, n’appartient pas à la littérature. Ou ce qui, dans la poésie, « n’a rien à voir avec la poésie ».

Jean-Marie Gleize, « Ce qui se passe est sans nom », A noir. Poésie et littéralité, Paris, Le Seuil, 1992, p. 16-17.

À moins d’admettre, comme le suggère André-Jean Pétroff – plus sous l’effet d’un wishful thinking que par réelle conviction – que Saussure pouvait être au courant de « ce qui se passait à Vienne dans ces années-là » (Pétroff 2004 : 240), la rencontre souvent fantasmée entre Freud et Saussure n’a jamais eu lieu (les travaux de Michel Arrivé faisant autorité en la matière, nous y renvoyons ici le lecteur désireux d’en savoir plus sur ces questions 11). Il n’en reste pas moins

que la lecture croisée des cahiers d’anagrammes et des premiers chapitres de Psychopathologie de la vie quotidienne – pour nous en

11. Michel Arrivé fait remarquer à juste titre qu’il s’en est fallu de peu pour que la rencontre ait lieu : « Pendant quelques mois de son séjour à Paris [entre 1880 et 1891], Saussure aura été, très vraisemblablement sans le savoir, le voisin, au sens géogra- phique du terme, d’un autre étranger, à l’époque à vrai dire aussi peu connu que lui en dehors d’un milieu professionnel assez fermé : Sigmund Freud, qui vécut à Paris d’octobre 1885 à février 1886 » (Arrivé 2007 : 27).

tenir au seul phénomène de l’acte manqué – s’avère particulièrement édifiante. S’il est un point sur lequel les deux textes se rencontrent et semblent même dialoguer, c’est bien la place éminente qu’occupe le nom propre dans la réflexion des deux auteurs. Le nom que Saussure recherche, enfoui dans les profondeurs du vers antique, Freud le retrouve enfoui dans les tréfonds de l’inconscient, de sorte qu’à l’oubli du nom que le locuteur a sur le bout de la langue semble faire écho la mémoire de ce nom aboli par le poète que le texte a conservée : nous avons, d’un côté, un locuteur oublieux et, de l’autre, un texte bardé de réminiscences onomastiques. Voilà qui mérite quelque réflexion.

Peut-on sinon reformuler du moins tenter une lecture de la théorie saussurienne de l’anagramme à la lumière des apports et des ensei- gnements de la psychanalyse ? Philippe Willemart s’y est essayé en postulant une correspondance plus ou moins figurée entre l’hypothèse saussurienne du redoublement phonique et du reliquat signifiant dans le Saturnien et la topographie freudienne de l’appareil psychique (systèmes ϕ, ψ et ω), telle qu’elle est décrite par l’auteur, en termes quantitatifs de décharge, de plaisir et de déplaisir, dans son Esquisse

d’une psychologie scientifique (titre de l’éditeur) :

Si un poète du Saturnien a un nom en tête et si, d’un autre côté, ce nom est en rapport avec une expérience de plaisir, nous pouvons supposer que, utilisant consciemment le système des associations, les liaisons se feront dans son code et produiront le poème. […] En 1895, plongé encore dans la théorie énergétique, Freud traçait un parcours quantité-qualité du système psi au système oméga, auquel nous pourrions assimiler la parité et le surgissement du nom. Le nom conscient serait le quotient des nombres pairs des voyelles et des consonnes. Saussure écrit explicitement dans un cahier sans titre : « Il y a toujours dans les inscriptions, un résidu consonnantique [sic], et selon notre hypothèse développée plus haut, ce résidu est voulu et destiné à reproduire les consonnes du thème initial, écrit en abréviation pour les noms propres, et en toutes lettres pour les autres. » Le quotient ou résidu, évidemment conscient chez le poète, correspondrait au système oméga de Freud. (Willemart 2008 : 115)

Mais l’auteur, qui tente ici un timide rapprochement avec l’appro- che prépsychanalytique des phénomènes psychiques appréhendés sous l’espèce du neurologique, n’ira pas plus loin, freiné dans son élan par les difficultés d’ordre technique que suppose l’application stricte du principe saussurien de la parité consonantique et vocalique. L’hypo- thèse est pourtant stimulante (rappelons au passage que comme Saussure, Freud n’a jamais voulu publier son texte, qu’il écrit au crayon), et la phrase par laquelle Willemart résume la loi de cou- plaison – « une lettre en complète une autre et celle qui vient en trop retrouve une équivalence au vers suivant » – n’est pas sans faire penser au processus d’écoulement des quantités d’un neurone à l’autre auquel pourrait être assimilée, sur le texte, la « transmission » des

lettres excédentaires d’un vers se déchargeant de son trop-plein sur le vers suivant. L’auteur imagine alors, suivant cette fois-ci le principe lacanien de l’insistance de la chaîne signifiante, et partant, du principe que dans le dialogue « même le plus aveugle, il n’y a pas pur jeu de hasard » (ibid. : 116), une sorte de dialogue entre le poète et l’ensemble des lettres qui composent son thème onomastique, mais il se heurte toujours à la même difficulté : « Pourquoi un a attire un a et non un troisième ? Le couple semble indispensable. Cela ressemble à la scission cellulaire où le un devient deux, le deux quatre, etc. » (ibid.).

Soucieux de rendre compte de la loi de couplaison, technique mathématique par trop exigeante (il est aussi difficile de penser que le procédé était voulu qu’il est peu plausible de prétendre que toute répétition relève de l’inconscient), c’est lorsqu’il se détache du problème de la parité phonique que Philippe Willemart émet, à mon sens, les hypothèses les plus séduisantes sur l’anagramme, comme lorsqu’il met en parallèle le travail du poète élisant le nom qui servira de canevas sonore à sa composition et celui que font les parents lorsqu’ils cherchent un nom pour leur enfant : « Les mouvements sont inversés. Le nom du dieu élu déjà connu peut être retrouvé dans la poésie alors que peu de gens savent pourquoi ils portent tel ou tel nom. En d’autres termes, quand il écrit son poème, l’auteur emploierait le même procédé que celui des parents, avec l’avantage d’en montrer l’élaboration » (ibid. : 118). Sur le trajet qui conduit du nom du père au père du nom, le rapprochement entre ces deux actes de nomination s’avère suggestif à plus d’un titre. En effet, lorsqu’ils cherchent un prénom pour leur enfant, les parents ne passent pas en revue des mots comme les autres, c’est-à-dire des mots qui « signi- fient », mais des mots à la référentialité suspendue et au sémantisme « déficient » puisque le propre du nom propre est d’être un désigna- teur rigide dépourvu de tout contenu descriptif. Pourtant, en écartant de leur choix tel nom trop « extravagant », trop « dur » ou pas assez « jeune » et en retenant tel autre plus « doux », plus « noble » ou plus « mélodieux », ils investissent, comme s’ils étaient dotés d’un contenu représentationnel, les noms qu’ils passent en revue de significations diverses, plus ou moins mouvantes et intersubjectives, que le linguiste mettra au nombre des connexions sémiotiques et dont le psychanalyste étendra le rayon d’action à l’ensemble des traces mnésiques suscep- tibles d’entrer en résonance avec le complexe signifiant (vécu per- sonnel, symbolisation, mémoire, affect, refoulements, traumatismes, etc.). Mais alors que l’un (le géniteur), cherche à établir une sorte d’adéquation entre les valeurs qu’il croit déceler dans le signe et celles dont il souhaite voir investi celui qui n’est pas encore et qui en sera porteur, l’autre (le poète) construit par amplification un discours par

lequel il entend exténuer les possibilités combinatoires du nom qui en a permis l’avènement poétique. À première vue, la différence entre les deux démarches – celle des parents à la recherche d’un nom et celle du poète se donnant un nom à anagrammatiser – est qu’il y aurait, d’un côté, un projet onomastique voulu, alors que, de l’autre, l’inten- tionnalité du procédé resterait à prouver. Il n’empêche que, même s’il est voulu, le nom donné à l’enfant n’échappe pas au travail de l’incon- scient et que les raisons qui conduisent à retenir ou à exclure un nom au cours de la recherche onomastique demeurent souvent inconnues des propres parents : le choix du nom est conscient, ce qui l’est sou- vent beaucoup moins ce sont les raisons de ce choix. Je ne suis pas sûr, par exemple, qu’en donnant à leur fils le nom de Lenny, un jeune couple de mon cercle de connaissances ait remarqué que celui-ci était formé, tel un acronyme, de la dernière syllabe du prénom de la mère (Marlène) suivi de la première syllabe du nom du père (Nicolas) : MarLENIcolas. Qu’un nom soit voulu ne veut pas dire que le proces- sus qui a conduit à sa sélection soit connu et cela est valable aussi bien pour le locuteur ordinaire que pour le créateur ou pour l’onomaturge : il y a « du » savoir qui ne se sait pas.

Outre la place cardinale qu’occupe le nom propre dans la réflexion des deux auteurs, ce qui rapproche Freud et Saussure dans leur conception du signifiant, c’est la façon dont chacun, par une voie propre, entreprend de le tabulariser et finit par en postuler une appré- hension aussi attentive à ses enchaînements qu’à ses empiètements : la linéarité du signe que le Cours érige en principe universel et que Saussure fait voler en éclats dans ses recherches sur l’anagramme, Freud n’en ignore ni les causes ni moins encore les effets, mais il n’y prend garde que pour mieux mettre au jour, non pas les servitudes de la chronologie, mais les pleins pouvoirs de l’analogie. Crase est le nom du procédé linguistique qui, à la source des phénomènes de com- pression lexicale observés par Freud, est problématisé tout au long de ses écrits, que ce soit lorsqu’il théorise sur le lapsus ou sur l’oubli des noms ou sur le mot d’esprit. Et c’est aussi, très singulièrement, le propre du travail du rêve, façonné par ces deux mécanismes eux aussi universels que sont la condensation et le déplacement. Aussi, lorsqu’il décrypte le mot propylène qui s’est imposé à lui au cours d’un rêve devenu célèbre – le rêve de l’injection d’Irma, jeune patiente hysté- rique –, Freud explique, dans son étude Sur le rêve (où il reprend synthétiquement l’analyse qu’il développe dans L’Interprétation des

rêves), que ce signifiant – un nom propre, notons-le au passage – est

une représentation « qui fait la moyenne entre amylène et Propylées » (Freud [1900] 1988 : 89) : c’est pour cette raison, poursuit Freud, qu’« il a pénétré dans le contenu du rêve à la manière d’un compro-

mis, par une condensation et un déplacement simultanés » 12 (ibid.).

Avant de parler de compromis (Kompromisses), terme souligné par lui, Freud parle d’un signifiant « faisant la moyenne » de deux autres (Mittelvorstellung). Or, cette notion de « représentation médiane », on la retrouve aussi, transposée au plan acoustique, sous la plume de Ferdinand de Saussure lorsqu’à propos d’un autre nom propre, il s’ingénie à faire fusionner en une seule deux syllabes distinctes, non pour les compacter ou les écraser (la crase, serait-on tenté de dire, n’étant autre chose qu’un phénomène d’« écrasement » syllabique), mais bien pour obtenir ce que Freud appelle une « moyenne » de deux valeurs. Qu’on lise en effet les lignes, copieusement citées et com- mentées, où Saussure met en débat la consécutivité du signe, et on verra cette course au signifiant caché se transformer purement et simplement en course contre le temps :

Peut-on donner TAE par ta + te, c’est-à-dire inviter le lecteur non plus à une juxtaposition dans la consécutivité, mais à une moyenne des impres- sions acoustiques hors du temps ? hors de l’ordre dans le temps qu’ont les éléments ? hors de l’ordre linéaire qui est observé si je donne TAE par TA-AE ou TA-E, mais ne l’est pas si je le donne par ta + te à amalgamer hors du temps comme je pourrais le faire pour deux couleurs simultanées. (cité par Starobinski 1971 : 47)

Autrement dit, il est permis, pour suggérer la suite tae, de donner à lire consécutivement les diphones dissociés ta puis te, à charge pour l’oreille de les amalgamer après coup et « hors du temps » pour en faire une sorte de « moyenne des impressions acoustiques ». Cette miscibilité des sons, Saussure l’illustre, en bon synesthète, en figurant les sons décalés dans le temps qui se mêlent simultanément dans l’oreille comme des couleurs se mélangeant sur la rétine. S’il y a crase, c’est non seulement parce que la consonne dentale permet la mise en facteur des diphones ta et te, mais aussi en vertu de la réduc- tion syllabique qui « écrase » en une diphtongue tae deux voyelles distinctes, prononcées chacune d’une émission de voix différente. Le résultat est un compromis, une moyenne acoustique qui n’est pas sans rappeler la représentation médiane dont parle Freud à propos du mot- valise (Mittelvorstellung), la coïncidence terminologique étant trop rigoureuse pour ne pas être soulignée. C’est, par ailleurs, une syntaxe singulièrement performative que Saussure met involontairement en œuvre en n’achevant pas, une fois de plus et comme pour mieux contrecarrer les effets de la consécutivité discursive qu’il s’apprête à problématiser, la phrase qu’il énonce, au milieu de laquelle trône en majesté un blanc typographique, béance creusée dans le flux d’une prose – du latin prosus « qui avance en ligne droite » – qui, par deux fois, dit son refus d’avancer :

12. „Propylen ist sozusagen die Mittelvorstellung zwischen Amylen und Propyläen und ist darum nach Art eines Kompromisses durch gleichzeitige Verdichtung und Verschie- bung in den Trauminhalt gelangt.“

Le principe du diphone revient à dire qu’on représente les syllabes dans la

CONSÉCUTIVITÉ de leurs éléments. Je ne crains pas ce mot nouveau, vu que s’il existait, ce n’est pas seulement [ ], c’est pour la linguistique elle- même qu’il ferait sentir ses effets bienfaisants.

Que les éléments qui forment un mot se suivent, c’est là une vérité qu’il vaudrait mieux ne pas considérer, en linguistique, comme une chose sans intérêt parce qu’évidente, mais qui donne d’avance au contraire le principe central de toute réflexion utile sur les mots. Dans un domaine infiniment spécial comme celui que nous avons à traiter, c’est toujours en vertu de la loi fondamentale du mot humain en général que peut se poser une question comme celle de la consécutivité ou non-consécutivité, et dès la première [ ] (cité par Starobinski 1971 : 46-47).

À peine la consécutivité nommée, l’écriture s’y dérobe par là où le nom, brisant la chaîne discursive, se fraie un chemin vers l’innom- mable : lieu de tous les possibles, le silence suspend la contradiction entre consécutivité ou non-consécutivité, un peu comme le rêve abolit l’alternative ou bien – ou bien.

À cette appréhension discontinue et non consécutive du langage partagée par Freud et par Saussure, s’ajoute une autre donnée fonda- mentale qui structure et qui rapproche étroitement la pensée des deux auteurs : l’unité de signifiance manipulée par Freud comme par Saus- sure prend sa place quelque part entre la première et la deuxième articulation du langage, certes plus près de la première que de la seconde pour Freud, mais invariablement en deçà et au-delà de ces deux termes ad quem et a quo que sont le monème et le phonème. C’est, me semble-t-il, le sens qu’il convient de donner à la notion de syllabe, que ce soit sous la plume du linguiste ou du psychanalyste, notion mouvante qui ne recouvre pas exactement le sens que lui donne le phonéticien mais qui désigne, plus vaguement, un segment semio- acoustique constitué d’un nombre variable de phonèmes. À ce titre, et reprenant les thèses de Meringer sur les mécanismes psycho-physiolo- giques qui sont à l’origine du lapsus (interversions, anticipations, empiètements, postpositions, contaminations, substitutions), Freud va rappeler les bases psychiques de la phonation :

Au moment même où nous innervons le premier son d’un mot, le premier mot d’une phrase, le processus d’excitation se dirige vers les sons sui- vants, vers les mots suivants, et ces innervations simultanées, concomi- tantes, empiétant les unes sur les autres, impriment les unes aux autres des modifications et des déformations. L’excitation d’un son ayant une inten- sité psychique plus grande devance le processus d’innervation moins im- portant ou persiste après ce processus, en le troublant ainsi, soit par antici- pation, soit rétroactivement. Il s’agit donc de rechercher quels sont les sons les plus importants d’un mot. (Freud [1904] 2001 : 70-71)

Comme le fera Saussure, l’auteur va alors s’intéresser aux posi- tions cardinales du mot et soulever ainsi la question – commune à

l’oubli des noms, au lapsus et à l’anagramme – de la saillance des constituants du signifiant :

Meringer pense que « Si l’on veut savoir quel est dans un mot le son qui possède l’intensité la plus grande, on n’a qu’à observer soi-même pendant qu’on cherche un mot oublié, un nom, par exemple. Le premier son qu’on retrouve est toujours celui qui, avant l’oubli, avait l’intensité la plus grande. » « Les sons les plus importants sont donc le son initial de la syllabe radicale, le commencement du mot et la ou les voyelles sur lesquelles porte l’accent. » (ibid. : 71).

Mais Freud élève une objection à l’encontre de l’hypothèse de Meringer et de la prétendue rémanence des initiales du mot cible à l’attaque du nom de substitution qui, pour l’auteur, est loin de revêtir un caractère systématique :

Que le son initial d’un nom constitue ou non un de ses éléments essen- tiels, il n’est pas exact de prétendre qu’en cas d’oubli il soit le premier qui se présente à la conscience ; la règle énoncée par Meringer est donc sans valeur. Lorsqu’on s’observe pendant qu’on cherche un nom oublié, on croit souvent pouvoir affirmer que ce nom commence par une certaine lettre. Mais cette affirmation se révèle inexacte dans la moitié des cas. Je prétends même qu’on annonce le plus souvent un son initial faux. Dans notre exemple Signorelli, on ne retrouvait, dans les noms de substitution, ni le son initial, ni les syllabes essentielles ; seules les deux syllabes les