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: INRAP UMR 5140, Equipe Sol-DMOS, Agroparistech, julia.wattez@inrap.fr
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: Doctorante, UMR 8215, Equipe Sol-DMOS, Agroparistech, onfray.marylise@live.fr
Contexte de la recherche
C’est avec l’émergence et l’expansion des premières sociétés paysannes, au Néolithique, que l’on place le début des effets des activités humaines sur l’évolution des sols (Langhor, 2001). L’influence anthropique est le plus souvent envisagée du point de vue des pratiques agro-pastorales et les recherches dans ce domaine tendent à montrer que ces dernières ont entrainé des modifications profondes qui ont pu réorienter l’évolution des sols (par exemple, Kalis et al., 2003).
L’archéologie préventive, en multipliant les fenêtres d’observation (diagnostics, fouilles), a contribué à enrichir les référentiels micromorphologiques des interactions socio- environnementales, dans différents contextes chrono-culturels, géomorphologiques et pédologiques (Gebhardt, 2001, 2010 ; Cammas et Wattez, 2009). La diversité des processus anthropiques identifiés a conduit à souligner l’importance du rôle de l’homme dans la formation des sols, en particulier pour le Néolithique (Wattez et Cammas, 2009 ; Wattez, 2009 ; Onfray, 2010). En effet, dans certaines situations comme celles des plateaux (Ile-de- France, Centre), les occupations sont parfois matérialisées par des épandages de mobilier, qui s’inscrivent dans des horizons ne présentant pas les attributs spécifiques des sols d’occupation. Les exemples présentés illustrent l’intérêt de ces contextes pour appréhender les modes d’usage des sols et leurs effets sur l’évolution des luvisols.
Deux exemples d’usage des sols en contexte de plateau (Ile-de-France et Centre) A Méré (Yvelines), une occupation attribuée à une phase ancienne du Néolithique a été mise au jour à la base d’un profil présentant les caractères d’un horizon éluvié. Les caractères micromorphologiques mettent en évidence une succession de petits horizons de surface, alimentés par des colluvions fines, liées à des ruissellements diffus.
Ces horizons sont colonisés par un couvert végétal bas mais sont partiellement déstructurés par des remaniements mécaniques résultant du travail du sol (agrégats basculés, croûtes de surfaces et revêtements argilo-poussiéreux cassés). La présence de fines racines carbonisées en place révèle des pratiques de brûlis. Les constituants anthropiques comme des débris de torchis et des charbons de bois sont bien représentés et pourraient correspondre à des amendements.
La séquence observée témoigne d’un mode de mise en culture qui n’affecte pas le sol en profondeur mais qui a entrainé des modifications structurales intenses en surface.
Le second exemple concerne le site des Carreaux (Prunay-le-Gillon, Eure et Loir) et illustre des transformations relevant d’un usage différent du sol. L’occupation du néolithique moyen est également repérée dans un horizon de type éluvié. Les caractères micromorphologiques montrent une dynamique de mise en place dominée par des apports liés au démantèlement progressif d’une structure construite en terre crue (viellissement) et à l’érosion d’horizons de surface voisins.
Ces apports sont réguliers et sont rythmés par les effets mécaniques du piétinement et dans une moindre mesure par l’activité biologique. La structuration liée au piétinement est cependant peu exprimée et témoigne d’un espace peu fréquenté.
149 Cette séquence relève d’un usage du sol en marge d’une occupation principale qui influence en particulier la nature des constituants. L’activité biologique (géophages, cavités racinaire ) est nettement développée dans la partie supérieure, attestant de la déprise anthropique dans le secteur étudié.
Conclusions
Ces recherches montrent que les pratiques agricoles ne sont pas les seules responsables de l’évolution des sols dans les phases anciennes du Néolithique. La présence de structures d’habitat et leur occupation ont également une incidence sur le fonctionnement des sols, même dans les zones en marge des aires d’activités principales.
A l’instar des recherches actuelles menées sur les effets des travaux agricoles, les activités des communautés néolithiques, bien que de faible amplitude et qui s’inscrivent sur une durée relativement courte, celle de l’occupation, peuvent modifier de manière irréversible l’évolution des sols (Montagne, 2006).
Néanmoins, un recentrage des études pédo-stratigraphiques et micromorphologiques, à l’échelle micro-régionale, doit permettre de documenter les modes d’usage des sols en fonction des activités et d’en évaluer l’intensité afin de comprendre l’évolution du paysage pédologique.
Références
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Onfray M., 2010 – Approche géoarchéologique de l'utilisation de la terre crue au Néolithique
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