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d’agronomes : quelles articulations ?

COMPAGNONE Claude

1

SIGWALT Annie

2

et PRIBETICH Justine

1

1

AgroSupDijon – Inra Listo, 26 bld du docteur PetitJean 21000 Dijon,

c.compagnone@agrosupdijon.fr

2

Groupe ESA LARESS, 55 rue Rabelais BP30748 49007 Angers cedex 01

 

Objet de la communication

Dans la perspective d’actions qui pourraient être menées avec et pour les agriculteurs, pour maîtriser des problèmes techniques ou sociaux liés à l’usage agricole du sol, il semble indispensable de s’interroger sur la manière dont les agriculteurs et ceux qui les conseillent conçoivent et caractérisent cette entité. En effet, la diversité des conceptions des agriculteurs en la matière reste mal connue ainsi que la façon dont ces conceptions s’articulent avec celles, plus savantes, portées par l’encadrement technique et la recherche. Un projet de recherche du programme GESSOL a été développé sur cette question. Après avoir fait apparaître en quoi les sols ne sont pas, à proprement parler, les mêmes entités pour les scientifiques du sol, les agronomes et les agriculteurs, ce projet vise à révéler des points d’ancrage communs entre conceptions de praticiens et conceptions savantes pour réfléchir aux glissements envisageables d’éléments d’une conception vers une autre. Il s’agit d’identifier des formes d’appropriations réciproques de ces conceptions, la manière dont les questionnements des uns peuvent être saisis par les autres, la façon dont des connaissances et des informations sur les sols peuvent circuler d’un milieu social à un autre. L’objet de cette communication est de rendre compte du dispositif de recherche mis en place et de ses premiers résultats.

Dispositif de recherche

Le projet s’est appuyé sur la mise en place d’un dispositif original dont l’objectif est de favoriser la construction de points de vue collectifs propres à des groupes d’agriculteurs et de permettre la confrontation de ces points de vue avec celui d’un groupe d’agronomes. Il a consisté à : 1) accompagner trois groupes d’agriculteurs de nature différente de Vendée (en agriculture conventionnelle, en agriculture bio, en agriculture de conservation) afin qu’ils puissent spécifier, en salle, leur point de vue sur les sols et leurs usages ; 2) recueillir, toujours en salle, les conceptions sur cette question des sols, et des pratiques des agriculteurs sur et avec ces sols, d’un groupe d’agronomes travaillant sur la même zone que ces derniers ; 3) placer chacun de ces groupes (agriculteurs et agronomes) en situation concrète de jugement de la nature des sols et de leurs usages sur un parcours prédéfini de trois parcelles (bio labouré, conventionnel labouré, conservation). Il s’est agi, en filmant les situations, d’une part, de faire le lien entre des référents concrets et les mots employés en salle pour les décrire et, d’autre part, de repérer les « manières de faire », propres à chacun de ces groupes (agriculteurs et agronomes), pour la caractérisation des sols de ces parcelles ; 4) susciter une interaction sur la question des sols entre le groupe d’agronomes et chacun des groupes d’agriculteurs, pris un à un, suite à ce parcours de parcelles, pour identifier les points qui font débat dans les caractérisations de ces sols.

 

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Traitement des données et premiers résultats

Dans le traitement des données, nous avons étudié la façon dont les différents acteurs conçoivent les sols et leur usage en nous arrêtant sur différents thèmes : les manières variées de prendre connaissance et d’évaluer l'état d'un sol ; les pratiques d'amélioration de l'état des sols ; les pratiques de travail du sol ; les nouvelles pratiques culturales récemment introduites ou qui pourraient l’être. L’ensemble de ce travail a donné lieu à une comparaison entre les données recueillies en salle et celles recueillies sur les parcelles, ainsi qu’à une comparaison entre les conceptions et appréciations des agriculteurs et des agronomes. Des premiers résultats sur le traitement des réunions en salle, font apparaître, comme on pouvait s’y attendre, des conceptions assez différentes sur les sols entre les agriculteurs « avec charrue » et les agriculteurs « sans charrue ». Par contre ce qui était moins attendu, c’est une posture des agriculteurs bio – qui ont opéré leur conversion vers l’année 2000 - en matière de sol, assez proche de celle des agriculteurs « avec charrue ».

Si la question de la vie du sol est essentielle, voire parfois première dans leur pratique, pour les « sans charrue », ce n’est pas le cas pour les agriculteurs des autres groupes. Les « sans charrue » font valoir leur passage à une agriculture de conservation comme une véritable révolution conceptuelle qui les amène à penser différemment leurs pratiques. Ils mettent ainsi en œuvre, selon eux, une « vraie » agronomie ou du moins une agronomie différente de celle qu’on leur a enseignée. Cette différence est notable dans le sens où les références de l’agronomie « ordinaire » ne tiennent plus dans leurs systèmes de pratiques et qu’ils doivent activement en produire et chercher des plus adaptées. Les critères à partir desquels ils définissent cette vie des sols sont très riches et les pratiques qu’ils décrivent (pratiques culturales, rotations, drainage, irrigation, etc.) sont appréhendées en fonction de leurs effets sur la qualité des sols. Un objet de débat majeur porte sur le passage au semis direct. Si des essais sont réalisés par lcs agriculteurs, cette pratique n’est pas pour autant encore installée.

En ce qui concerne les deux autres groupes, la question des sols n’est pas centrale dans leur conception des choses. Mais c’est finalement chez les agriculteurs « avec charrue » qu’elle est le plus développée plutôt que chez les bio. Chez ces derniers, bien que des éléments de biologie des sols puissent être évoqués, ceux le plus souvent exprimés dans les descriptions concernent les aspects physiques. Un certain nombre de ces agriculteurs font un travail cultural simplifié, ceux labourant systématiquement toutes leurs parcelles étant assez minoritaires. Les questions autour du sol, ou les soucis du sol, apparaissent dans leurs propos de manière indirecte. Ainsi pour les « non bio » ce thème est présent lorsqu’il s’agit de parler de l’usage des phytosanitaires et de leurs effets sur et dans les sols – surtout en monoculture de maïs – et de la mise en œuvre de pratiques alternatives à cet usage. Ou encore, pour les bio et non bio lorsque les effets des cultures intermédiaires rendues obligatoires sont analysés en termes positifs pour la structuration du sol et la simplification du travail.

L’utilisation des sols urbains et périurbains pour le développement

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