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B- LE SEMINAIRE DES MISSIONS-ETRANGERES DE QUEBEC

1. SA VOCATION MISSIONNAIRE

Une si rude existence risquait cependant de décimer en peu d’années la petite équipe qui entou­ rait l’évêque. Déjà les abbés Torcapel et pèlerin, que Mgr de Laval avait amenés avec lui, étaient repar­ tis épuisés au bout d’un an. Jésuites et Sulpiciens comptaient naturellement sur les renforts dépêchés par leurs maisons de France; mais les séculiers eux, n’étaient pas dans les mêmes conditions. Leur recru­ tement, c’était à prévoir, resterait longtemps pré­ caire. Pourtant, il était indispensable d’assurer

aussi la relève des prêtres diocésains. D’autant plus que le sage pasteur n’entendait pas restrein­ dre leur ministère aux seules paroisses organisées. Bien au contraire, son intention était de les asso­ cier à toutes les formes de l’apostolat, même mis­ sionnaire. En ce domaine, l’ampleur de la tâche était telle que le concours de tous les dévouements serait longtemps requis(l). Le vicaire apostolique

1. ”11 a donné à chaque Cure le nom de Mission, et le nom de Missionnaire â chaque Curé, et il a tou­ jours eu en vue qu’après qu’il auroit pourveu tou­ tes les Cures de la colonie françoise de bons Prê­ tres, on formerait dans le Séminaire des Mission­ naires qui se consacreroient au service des Sau­ vages •” Mémoire sur l’Etat de l’Eglise de Canada sous l'ancien évêque. Ce document de huit pages est suivi d'un autre•intitulé: Etat de l’Eglise de Ca­ nada depuis l’arrivée du nouvel évêque, de vingt- trois pages. Ces mémoires, datés de 1696, mais non signés ont pour auteurs l’abbé Henri-Jean Tremblay, directeur du Séminaire des Missions-Etrangères de Paris, et procureur du Séminaire de Québec, l’abbé de Brisacier, supérieur du Séminaire de Paris, et M. de Denonville, gouverneur de la Nouvelle-France de 1685 â 1689. Cf. Quebecen, Beatificationis et canonizationis ven, servi Dei Francisci de Montmo­ rency-Laval, Episcopi Quebecensis (+1708), Altéra

nova positio super Virtutibus..., Doc» LI: 11, p. 562. L’original se trouve à Paris, AC, C11A, vol. 106,

ff. 10-25. Le Séminaire jen possède un photostat: ASQ, Lettres, O, 58; et une copie contemporaine

•'d’après un manuscrit présenté par Sa Seigneurie le Lord Durham, à la Société Littéraire et Histo­ rique de Québec”, et qui a pour titre: Mémoire sur l’Etat de l’Eglise de Canada sous l’ancien Evêque et sous le nouvel Evêque, ASQ, Polygraphie, III, 87. Le passage cité plus haut est tiré du photos­ tat de l’original, ASQ, Lettres, O, 58: 12,

connaissait trop bien les directives de la Congré­ gation de la Propagande sur la formation du clergé

indigène pour ne pas voir que la solution résidait dans la fondation d’un séminaire. Evidemment, il ne pouvait être question, pour le moment, d’un sémi­ naire au sens que lui donnaient les Instructions de

la Sacrée Congrégation. Les autochtones, bien qu’on trouvât parmi eux quelques âmes d’élite, ne donne­ raient pas de prêtres avant plusieurs générations, tant les meilleurs néophytes eux-mêmes se montraient réfractaires a la civilisation. Mgr de Laval comprit qu'il lui faudrait d'abord chercher ses sujets chez

les Français "habitués", au sein des vaillantes famil­ les de colons si profondément pénétrés d'esprit chré­ tien. Seul un séminaire diocésain favoriserait l'éclo­ sion des vocations sacerdotales, et donnerait â la

jeune Eglise le clergé nécessaire â sa croissance comme â sa stabilité.

Sa décision prise, Mgr de Laval n'eut qu'un désir, celui de réaliser le projet le plus tôt possi­ ble. Le 12 août 1662, il slembarquait pour la France. La Cour lui fit le meilleur accueil, et Louis XIV, qui

lui avait déjà dit son intention de le nommer évê­ que en titre et de "protéger & secourir puissamment "le pays"(2), se rendit à toutes ses demandes. Le 26 mars 1663, Mgr de Pétrée rendait à Paris l'ordon­ nance établissant le Séminaire de Québec. Ce pré­ cieux document constitue l'acte de naissance de l'ins­ titution; il en décrit la nature et indique le triple mandat qui lui est assigné. Le Séminaire de Québec, dans la pensée de son fondateur, doit d'abord "servir de Clergé à cette nouvelle Eglise". Le Séminaire et le clergé ne font qu'un; ils forment une famille dont l'évêque est le père, et leurs modèles à tous sont les membres de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. La condition première de l'union est l'es­ prit de désappropriation, "l’esprit de grâce", qui commande la mise en commun des biens de chacun. En retour, le Séminaire devient la maison commune, l'asi­ le toujours ouvert où l'on ira se refaire des forces, chercher encouragement, réconfort, et une retraite assurée dans la maladie ou les infirmités de la vieil­ lesse. Le Séminaire de Québec est encore une maison de formation. On y préparera "les jeunes clercs, qui

2. Louis XIV à Mgr de Laval, 30 avril 1662, ASQ, Lettres, N, 10,

paroistront propres au service de dieu, et ausquels a cette fin l’on enseignera la manière de bien admi­ nistrer les sacrements", et généralement toutes cho­ ses qui appartiennent aux devoirs d’un bon ecclésias­ tique. Enfin, cette "continuelle escole de vertu (...)*' sera le "lieu de réserve" d’où, au dire de son fon­

dateur, "nous puissions tirer des sujets pieux, et capables pour les envoyer à toutes rencontres, et au besoin dans les paroisses, et tous autres lieux du dit pays, affin d’y faire les fonctions curiales, et autres ausquelles ils auront esté destinés"(3). Tel est donc le rôle que le nouvel établissement devra désormais remplir(4). Si, dans le texte du mandement d’érection, les missions sauvages ne sont pas mention­ nées explicitement, les mots "à toutes rencontres, et au besoin dans les paroisses, et autres lieux du dit pays" indiquent la volonté du fondateur de ne fixer

3. Acte de fondation du Séminaire de Québec par Mgr de Laval, 26 mars 1663, ASQ, Séminaire, II, 36. Original en parchemin signé et scellé. Aussi ASQ, Polygraphie, IV, 1, autre acte original en par­ chemin, signé et scellé.

4. Sur la fondation de 1663, et les intentions de Mgr de Laval, voir le Mémoire sur l’Etat de 1*Eglise de Canada sous l’ancien évêque, cité plus haut, n. 39; aussi I-Ionorius Provost, Le Séminaire de Québec dans le plan de Mgr de Laval, dans La

Société Canadienne d'histoire de 1'Eglise catholi­ que, rapport pour l'année 1959: 19-29.

point de limite au zèle de ses prêtres. D’ailleurs le geste posé par Mgr de Laval sera bientôt suivi d'un autre, non moins important, qui va préciser d'une façon non équivoque la vocation missionnaire du Séminaire de Québec.

Le vicaire apostolique de la Nouvelle-France se rendait compte que, dans l'état de dénuement où se débattait encore la colonie, son oeuvre était bien fragile. En chef prévoyant, il voulait lui procurer un puissant appui en France même, d'où lui viendraient des recrues et des ressources supplémentaires ainsi que les conseils d'amis éclairés et influents. Or, en ce printemps de 1663, il avait assisté, rue du Bac, dans la propriété de Mgr de Sainte-Thérèse, évêque de Babylone, à l'installation d'un institut d'un nouveau genre: le Séminaire des Missions-Etrangères de Paris. Nulle institution ne lui parut mieux indiquée pour

guider et soutenir son oeuvre au Canada. Non seule­ ment les fondateurs étaient-ils des amis de vieille date du clergé québécois et de son évêque, mais encore Mgr de Laval lui-même n'avait pas été étranger aux

parisien. N'avait-il pas signé en 1658, peu de temps après sa nomination, conjointement avec

les vicaires apostoliques désignés pour l’Orient, Pallu et La Motte-Lambert, une supplique adressée au Saint-Siège? Les trois prélats représentaient comme "nécessaire pour la conservation et l’accrois­ sement des missions de commencer au plus tôt l’oeuvre du clergé indigène dans le Canada, la Chine, le Ton- kin et la Cochinchine, suivant l'ordre de Sa Sainte­ té", Ils demandaient qu’on trouvât "bon qu’il y eut toujours quelques sujets totalement disposés â être envoyés au secours des autres missionnaires, ou à commencer d’autres missions, si la Sacrée Congréga­ tion le jugeait à propos". Il paraissait dès lors "non seulement convenable, concluait le document, mais nécessaire de fonder un séminaire qui eût pour unique fin la propagation de la foi auprès des infi­ dèles, et dans lequel puissent être admis tous les prêtres afin d’éprouver leur vocation, et de les pré­ parer par tous les moyens convenables à quelque mis­ sion que ce fût"(5). Fonder un séminaire s’adressant

5. "Postulation adressé à la Sacrée Congrégation de la Propagande pour obtenir la fondation d’un Séminai­ re des Missions Etrangères, 1er juillet 1658", Archives du Séminaire des Missions-Etrangères de Paris, vol. 27, 265. Cf, Adrien Launay, Histoire générale de la Société des Missions-Etrangères, I: 39s.

”à tous les prêtres” et "qui eût pour unique fin la propagation de la foi auprès des infidèles”, voilà à n’en pas douter qui constituait une idée originale, et une initiative grandement audacieuse pour le temps. Et Mgr de Laval, pour sa part, à

la veille de rejoindre son poste, entendait bien, on le voit, associer le Canada à cette noble entre­ prise. Pour faire suite aux voeux exprimés dans la supplique de 1658, un groupement commença de se for­ mer d’où devait sortir d’abord la Société des Missions- Etrangères, puis le Séminaire de la rue du Bac(6).

Monsieur de Pétrée était reparti pour le Cana­ da sans attendre l'approbation du nouvel institut par

les autorités civiles(7), Cependant, il n’en avait pas moins convenu avec les directeurs des Missions- Etrangères de réunir son séminaire à celui de Paris, On ne saurait expliquer autrement les mesures prises, de part et d'autre, après que la nouvelle de la fonda­ tion définitive du séminaire de Paris eut été communi­ quée à Québec au début de 1664. Mgr de Laval s'empresse d’abord, dans une lettre datée du 20 août, d'exprimer sa joie et ses félicitations à ses confrères et amis,

6, Launay, op. cit., 37s*, 59sj, 83s,

7, Les patentes royales furent accordées en juillet 1663; Mgr de Laval s’était mis en route pour Québec au mois de mai précédent.

et de les inviter cordialement à établir une de leurs maisons à Québec même. "Venez donc à la bon heure, s’exclame-t-il, nous vous reçevrons avec joye. Vous trouverez un logement préparé, et un fond suffisant pour commencer un petit establis- sement, qui ira tousiours croissant comme jespère •••”(8) Puis, deux jours après, l’évêque confirme cette invitation par une autorisation officielle, rédigée en forme de mandement, "sur la demande que nous auroient faitte Messieurs les Ecclesiastiques du Séminaire des missions estrangeres estably a

paris au faubourg St germain”. Ces messieurs reçoi­ vent donc la permission la plus ample, ”apresent et a tousiours”, de s’établir ”Selon leurs Réglés, et constitutions”, et les pouvoirs d’exercer leur minis­ tère et même d’aller dans les missions partout et en tous lieux ”de nostre diocese et jurisdiction”. En outre, ”affin de contribuer au dit Establissement”, la paroisse de Québec lui est annexée "pour le présent

8. Mgr de Laval aux directeurs du Séminaire des Missions-Etrangères, 20 août 1664, ASQ, Sé­ minaire, II, 28 c, copie collationnée à Qué­ bec par Rageot; ibid., 44, copie collation­ née à Paris; ibid., 17, autre copie non

collationnée. Rome venait de confirmer offi­ ciellement, le 11 août, l’établissement du

Séminaire des Missions-Etrangères. Voir Launay, op. cit., 81s.

et a tousiours irrévocablement”. Enfin, le supé­ rieur ”de la ditte maison establie au dit Quebec” sera nommé par les directeurs de Paris, sous réser­ ve de l’approbation épiscopale(9). Or, la cure de Québec n’a pas encore été érigée légalement. Mgr

de Laval, le 15 septembre, avant que ne partent les derniers vaisseaux, lui confère son existence cano­ nique sous le patronage de l’immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, par un mandement qui renouvelle l’union irrévocable et perpétuelle avec les Missions-Etrangères de Paris. Et le curé en titre, celui-là même qui en remplit les fonctions depuis l’automne de 1660, l’abbé Henri de Bernières, est désigné, chaque fois qu’il est fait mention de sa personne, comme étant ”prêtre du Séminaire des Missions-Etrangères de Paris”(10).

Ces importants documents furent reçus au sémi­ naire de la rue du Bac avec une vive satisfaction,

9. Mgr de Laval aux directeurs des Missions-Etrangères, 22 août 1664, ASQ, Séminaire, II, 28 b, copie

collationnée à Québec par Rageot; Séminaire, I, 9a, et Séminaire, II, 52 a, deux copies collationnées en France.

10. Mandement pour l’érection de la cure de Québec,

15 septembre 1664, ASQ, Chapitre, 211; Séminaire, II, 33.

Les supérieur et directeurs, les abbés Vincent de Meurs, François Bézard, Luc Fermanel, Michel Gazil

et Nicolas Lambert "après avoir leu, et bien exami­ né le contenu es dittes lettres patentes, et sur ce meurement délibéré, voulant correspondre aux pieuses intentions du dit Seigneur Evesque", acceptèrent non seulement "denvoyer de leurs Ecclesiastiques en Cana­ da et nouvelle £ rance et d’y establir un séminaire en

la ville de Quebec”, mais encore de réunir la maison québécoise à leur institut. Le 29 janvier 1665, ils signaient à cet effet avec les abbés Armand Poitevin et Jacques Bertot, agissant en qualité de "grands vicaires et procureurs généraux de Révérendissime pere en Dieu Messire François de Laval" un acte par

lequel devenaient unis et annexés

àperpétuité par ces présentes ledit Séminaire de Canada estably enla dit’ Ville de Quebec, Ensemble lamaison d’iceluy Etladit’ Cure et paroisse de nostre dame dudit lieu, presbitaire, terres et revenus, droits, et toutes leurs dépendances Sans aucune exception ny reserve, audit Séminaire des missions estrangeres de Paris Estably audit St Germain desprez rue du bac, Pour y estre

Incorporez Inséparablement et exercer les Mesmes fonctions sous la Conduite et Supériorité dudit séminaire de Paris

comme membre dépendant d’Iceluy, et travailler a la conversion des Sau­ vages, et autres habitans, et faire toutes les fonctions qui peuvent re­ garder le service de l’Eglise et diocese de la nouvelle france(ll).

L’administration des deux séminaires restait cependant distincte, chacun étant "soustenu & nourry des revenus qui luy seront propres et destinez". Et Paris ne s’engageait à envoyer des missionnaires à Québec "qu’autant qu’il s’en présentera de capables

et qu’il le pourra"(12). L’évêque de Pétrée qui, précisément, avait recherché l’union pour assurer le

recrutement sacerdotal, perçut le danger de cette restriction. Dans le but de prévenir le cas où le

Séminaire de Paris se déclarerait incapable de fournir des sujets, il jugea indispensable que celui de Québec conservât son caractère de séminaire épiscopal chargé de la formation des clercs. Aussi, le 6 octobre sui­ vant, il publia encore un mandement â l’intention des

11, Union du Séminaire des Missions-Etrangères de Paris avec le Séminaire et la Cure de Québec, 29 janvier 1665, ASQ, Polygraphie, XVII, 7, Expédition originale en parchemin. Aussi Sémi­ naire, II, 28 a, copie confectionnée à Québec; Séminaire, I, 9; II, 52, copies collationnées en France.

Missions-Etrangères, rédigé, à peu de choses près, dans les mêmes termes que les patentes du 22 août 1664, mais qui apportait cette précision:

Entendons neanmoins qu’ils soient obligés d’élever dans leur Séminaire et former dans l’estât Ecclésiastique, les personnes qui seront capables d’y estre recsus (sic) et qui auront ce qui sera necessaire pour Leur subsis­ tance( 13) .

Voilà quelles furent les circonstances et les conditions de l’union des deux instituts(14). Apostolique dans ses origines et son premier établis­

sement, le Séminaire de Québec reçut ainsi la consé­ cration officielle de sa vocation missionnaire, selon les voeux de son fondateur. Mgr de Laval "unit son Séminaire de Québec à celui des Missions Etrangères, dit La Tour, ou plutôt il le lui donna. De sorte qu’on

13. ASQ, Séminaire, I, 12, original en parchemin scellé et signé; Séminaire, II, 28 b, copie collationnée par Rageot.

14. Quand il fut devenu évêque de Québec, Mgr de Laval, pour éviter toute possibilité de con­ testation, voulut revalider, pour ainsi dire, les fondations antérieures. C’est ainsi qu’il procéda, le 19 mai 1675, au renouvellement de l’union afin de ”plus solidement pourvoir a la conservation dudit Séminaire de Quebec dans

les mesme Esprit Ecclésiastique & des Missions”« Cf. Mandement pour l’union du Séminaire de Québec

au Séminaire des Missions-Etrangères de Paris, ASQ, Séminaire, I: 1, original signé et scellé.

ne l’a long temps appelé que le Séminaire des Missions Etrangères établi à Québec (...) le Séminaire de Quebec fut la première branche qui sortit de ce grand arbre, & l’Evêque de Pétrée un de ses premiers Vicaires apostoliques”(15).

Aussi bien, Mgr de Laval et les supérieurs de Paris ne perdront aucune occasion de rappeler que désormais ”la conversion des Sauvages est l’esprit et l’obliga­ tion principalle et essentielle”(16) du Séminaire, et la fondation des missions "la fin principale d’un Seminre des Missions Estrangeres”(17). Ce devoir

15. La Tour, Mémoires sur la vie de M» de Laval, 102s. 16. Mgr de Laval aux directeurs du Séminaire de Québec,

18 mars 1637, ASQ, Lettres, N, 86: 3. Voir aussi, le même aux mêmes, 9 juin 1687, Lettres, N, 87:14. 17. MM. Tiberge et de Brisacier à MM. du Séminaire de

Québec, 3 mai 1697, ASQ, Lettres, M, 24: 3. Quand, à Québec, on semblait vouloir s'écarter du but, Paris ne tardait pas à faire la mise au point. L’abbé Henri-Jean Tremblay, en 1702, avertissait carrément l’abbé Glandelet que "Nos Messrs n’ont point esté contens que dans les lettres que vous avez escrites à M. le card.^ de Noailles et à M. de Pontchartrain vous avez répété plusrs fois que la principale fin de v(ot)re Semre est deslever de la jeunesse car cela n’est pas vray. V(ot)re lre fin c’est la conversion des Infidèles, La 2° c’est la formation du clergé, et cette éducation de la jeunesse, n’en est qu’une troisième qui a

rapport aussi bien que la 2° a la lere’», Tremblay à Glandelet, 1—28 mai 1702, ASQ, Lettres, O,

sacré, le Séminaire l'inscrivit en tête de ses Constitutions, et lui donna la place d'honneur

comme à l'un de ses plus beaux fleurons:

Ce Séminaire a été institué princi­ palement pour avancer le Royaume de dieu dans lestablissement et le

progrès delà religion, soit parmi les françois delà colonie, soit parmi les Sauvages et infidelles du canada, ce sont la les deux objets qu'on se doit proposer dans ce Séminre.

C'est donc lestablissement solide delà religion chrétienne parmi les nations privées de la foy et sa con­

servation parmi les françois delà colo­ nie qui sont la principale fin de cette maison.

Cette fin principale engage les di­ recteurs qui seront chargez delà con­ duite delà maison à former sur ce pied là les jeunes clercs qui seront confiez a leurs soins de sorte qu'on en puisse tirer des Missionnaires pour les infi­

delles aussi bien que pour les françois"(18),

Les directeurs du Séminaire de Québec n'oublie­ ront pas le mandat qui leur avait été assigné. Les

vicissitudes de l'Histoire, il est vrai, en lui imposant

18. Copie non datée ni signée des Reglements absolument nécessaires pour le soutien et la conservation du Sen,re et ceux qui ont seulement Rapport au bon ordre qui doit être gardé et ce qu'on appelle les usages du Sem,re, ASQ, Séminaire, XCV, 14: 1. Ce règlement est antérieur à 1713. Voir Ilonorius Pro-