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D- LES MISSIONS DU MISSISSIP

2. LES TROIS PRECURSEURS

Mgr de Laval et les directeurs du Séminaire ne se cachaient pas que l’établissement et le maintien de missions aussi éloignées leur en coûteraient beau­ coup. Une initiative de cette envergure exigerait non seulement des frais considérables, mais surtout le lourd sacrifice de plusieurs prêtres. Il avait été décidé, en effet, que, pour débuter, la présence d'au moins trois missionnaires était requise autant pour

l'efficacité de leur apostolat que pour leur soutien mutuel(l). Le choix tomba sur les abbés François de Montigny, Antoine Davion et Jean-François Buisson de Saint-Cosme.

1. L’abbé Dudouyt à la suite d’une conversation qu'il avait eue avec le Supérieur de Saint-Sulpice in­ formait Mgr de Laval, en 1682, que les mission­ naires des sauvages devaient être "au moins deux ensemble". Dudouyt à Mgr de Laval, 10 juin 1682, ASQ, Lettres, N, 64; 2.

François de Montigny(2) était placé à la tete de l’expédition comme "supérieur général de toutes lesd. missions pour les conduire et gouver­ ner au nom et de la part dud. Seminre avec tous les pouvoirs et privilèges et conditions accordées aud. Seminre"(3) comme l’indique sa nomination en date du

12 mai 1698. Né en 1669, et originaire du diocèse de Paris, il était entré à Saint-Sulpice en 1687 (4). C’est là apparemment que Mgr de Saint-Vallier alla

le chercher, encore simple tonsuré, pour le joindre au groupe d’ecclésiastiques à sa dévotion qu’il amena avec lui en 1692. M. de Montigny reçut l'onction

2. Et non François Jolliet de Montigny, comme l'écrit Noiseux, dans sa Liste chronologique des Evêques

et des Prêtres, tant séculiers que réguliers, employés au service de 1'Eglise du Canada,.., 10. Presque tous les auteurs ont répété la même er­ reur, y compris Marcel Giraud, Histoire de la

Louisiane française, I: 362. Or, ce nom de Jolliet n'est mentionné ni dans ses actes d'ordination, ni dans ses lettres de nomination aux différents em­ plois qu'il a remplis durant son séjour au Canada. Adrien Launay dans son Mémorial de la Société des Missions Etrangères (II: 457), n'en parle pas non plus. Enfin, M. de Montigny n'a jamais signé que Montigny, ou fr« Montigny, sans plus. Cf. Amédée Gosselin, M. de Montigny, BRH, XXXI: 171.

3• Nomination de Mr Montigni, supérieur, 12 may 1698, ASQ, Missions, 61.

4. Voir Adrien Launay, Mémorial de la Société des Missions-Etrangères, II: 457.

sacerdotale le 8 mars 1693 des mains de son bienfai­ teur^) , qui, en octobre, l’envoya desservir la pa­ roisse de 1’Ange-Gardien(6)« Le 13 octobre de l’année suivante, l’évêque de Québec, avant de partir pour la France, le choisit, malgré son âge, comme l’un des deux grands vicaires qu’il laissait pour le remplacer à la tête du diocèse(7), et le donna comme supérieur

5. Dans la chapelle des Ursulines de Québec, AAQ, Registre A, 315.

6. Voir Rolle des Curez des paroisses du Canada qui les desservent pourveus de provisions tant de Mr de Laval ancien Evesque que de Mr de Saint- Vallier jusqu’au commencement de juillet, et Rolle des Curez des paroisses de Canada qui ne nous ont point fait voir de provisions et décla­

ré (nt) n’en estre point pourveus jusqu’au com­ mencement de juillet de cette année (1694), AAQ, Eglise du Canada, III, 9; RAPQ(1939-1940): 320s.

Le nom de M. de Montigny figure dans le rôle des curés non "pourveus de provisions”. On désignait ainsi les curés qui avaient été nommés sans avoir reçu de lettres en forme. Le premier acte du curé de Montigny dans les registres de 1’Ange-Gardien est du 25 octobre 1693. Voir Amédée Gosselin, op. cit., 172.

7. Mgr de Saint-Vallier se contenta de le désigner pour remplir les fonctions de grand vicaire sans lui en donner les lettres; mais expédia les siennes a l’ab­ bé Dollier de Casson le 25 août, AAQ, Registre B,

165. Quand l'évêque revint au Canada vers la mi- août 1697, il "fut si satisfait de la façon dont le jeune abbé s'était acquitté de sa charge qu'il lui donna, cette même année, des lettres en forme de vicaire général pour tout le diocèse.” Amédée Gosselin, op. cit., 173. Les lettres de grand vi­ caire sont datées du 16 octobre, AAQ, Registre A, 593. Mgr de Saint-Vallier se choisit encore un autre grand vicaire en la personne de l'abbé Glan- delet, le 8 septembre ou le 18 octobre, 1697, AAQ, Registre B, 169. Le texte indique "die octava

ecclésiastique aux Ursulines du Monastère de Québec(8).

François de Montigny n’appartenait pas au ”corps du Séminaire”, comme on disait alors. Aussi sa nomi­ nation comme supérieur des Missions du Mississipi sur­ prit-elle désagréablement les directeurs de Paris. Ils trouvèrent inconvenant que ”le sup(érieu)r des missions de n(o)tre semi(nai)re n’en soit pas”(9), remarqua l’abbé Tremblay. Mais le jeune abbé était le protégé de Mon­ seigneur de Québec. On ne saurait dire si le Séminaire, en le désignant, voulut témoigner sa reconnaissance en­ vers l’évêque, ou si celui-ci exigea un prêtre de son choix pour régir les futures missions(10). Quoi qu’il

8. AMUQ, Annales du Monastère des Ursulines de Québec, I: 81. M. de Montigny demeura supérieur jusqu’à son départ pour les missions. Cf. ibid., 91. 9. Tremblay à Glandelet, 1er mai 1699, ASQ, Lettres,

O, 55: 14.

10. Mgr de Saint-Vallier estimait fort son collabora­ teur, car il lui renouvela ses pouvoirs en 1700. Le six juillet, l’évêque de Québec révoqua les pouvoirs de grand vicaire qu’il avait accordés aux Jésuites en 1690, pour les transmettre aux abbés Joseph de la Colombière, Marc Bergier, et François de Montigny, Ces pouvoirs leur donnaient juridiction dans tous ”les lieux et missions des pais d’enhaut, comme Outaouaks, Illinois, Tama- rouais et autres situez le long du fleuve de Mis- sissipy et aux Nations qui sont dans les rivières du costé dudit fleuve.” ASQ, Polygraphie, IX, 10, 10a et 10b. Trois copies signées et scellées. Au reste, M. de Montigny, après l’échec de ses projets de missions aux Outaouais, paraît avoir été l’un des promoteurs de l’entreprise de la Louisiane. Voir Tremblay à de Maizerets, 2 avril 1701, ASQ, Lettres, O, 31: 21.

en soit, le premier supérieur général ne restera pas longtemps en Louisiane, Les protestations des jésuites des le début de l’installation chez les Tamarois, et, surtout, l’indifférence religieuse de

la plupart des indigènes le découragèrent(11), Après avoir distribué leur poste à chacun de ses compagnons, et s’être lui-même consacré quelque temps aux Natchez(12), il s’embarqua à Biloxi, le 28 mai 1700, sur la Renom­

mée ( 13) , et quitta l'Amérique pour toujours(14),

11, "Il a remporté du Mississipi une idée si peu avan­ tageuse du bien qu'on pourroit y faire qu’il n'a pu se résoudre à y retourner," De Brisacier à

Mgr de Laval, 17 juin 1701, ASQ, Lettres, N, 115:2, 12, Voir la lettre de M. de Montigny, des Arkansas,

2 janvier 1699, publiée par John G, Shea, dans Relation de la Mission du Mississipi du Séminaire de Québec en 1700, 47; aussi le Mémoire sur l'éta­ blissement de la mission des Tamarois de 1699 à

1724, ASQ, Polygraphie, IX, 26; et Margry, IV: 417, 13, Voir Margry, IV: 431, 372 et 377,

14, "En 1702, il revint à Québec et en 1724, il repassa en France", écrit le P. Le Jeune, o,m.i,(Diction­ naire général du Canada, I: 299) à la suite des

généalogistes Tanguay (Répertoire général du cler­ gé canadien..., 68) et Allaire (Le Clergé Canadien- Français, les Anciens, 390), C'est une erreur,

M, de Montigny ne revint jamais au Canada. Mais sa carrière missionnaire ne se termina point sur cette démission. Il profita d'abord de son séjour à Paris pour s'agréger à la Société des Missions- Etrangères, puis, sur ses instances, ses supérieurs

lui permirent d'accompagner l'abbé Meulande de Cicé qui venait d'être nommé vicaire apostolique de Siam. M, de Montigny passa ensuite en Chine d’où il ne

revint qu'en 1709, chassé par la persécution dé­ clenchée par l'empereur. Elu directeur du Séminaire de Paris le 10 juillet 1711, il en servit les inté­ rêts, à Rome de 1714 à 1721, et ensuite à Paris

L’abbé Antoine(15) Davion, natif, selon Bé­ nard de La I-Iarpe, de Saint-Omer en Artois(16), fit, lui aussi, ses études au Séminaire de Saint-Sulpice à Paris(17). il arriva à Québec le 24 mai 1690 et, en 1694, il était promu à la cure de Saint-Jean, Ile d'Orléans, qu’il occupa jusqu’à son départ pour la

Louisiane(18). M. Davion eut bien du mérite d’accepter cet apostolat épuisant. L’abbé Tremblay dira de lui qu’il était "un très bon Prestre mais qui ne convenoit pas pour ces Missions. Il estoit aagé II a de la peine a apprendre la langue, et il est dune santé si foible et si délicate que la vie sauvage ne lui convient

14. (suite)

jusqu’à sa mort, en qualité de procureur général des missions. A partir de 1740, et probablement plus tôt, il succéda à l’abbé I-Ienri-Jean Tremblay comme procureur du Séminaire de Québec à Paris. L’abbé François de Montigny décéda le 19 décembre 1742, en prononçant ces mots: "Je meurs comme j’ai toujours cru qu’il convenait à un prêtre de mourir, sans dettes et sans biens." Voir Launay, op. cit., II: 457.

15. Ou Albert. Cf. Tremblay à Mgr de Laval, 19 juin 1705, ASQ, Lettres, N, 123: 10, et le P. Raphaël de

Luxembourg, capucin, aux directeurs de la Compa­ gnie des Indes occidentales, 30 août 1723, ASQ, Evêques, 172 •

16. Relation du voyage de Bénard de La Harpe en 1719, dans Margry, VI: 247,

17. François de Montigny à Monsieur...(1’un des direc­ teurs du Séminaire de Québec), 22 mai 1726, ASQ, Lettres, M, 48: 2.

18. "Le Sieur (Antoine) Davion, curé de Saint-Jean et de Saint-Francois", dans le Rolle des Curez des

paroisses du Canada qui ne nous ont point fait voir de provisions", AAQ, Eglise du Canada, III: 9.

nullement”(19). Tel était aussi le sentiment de ses confrères en missions: ”C’est un très excellent ou­ vrier Evangélique, écrivait l’abbé de la Vente en 1704, ... (mais) qui ne fait que languir”(20); et l’abbé Bergier constatait également que ”Mr Davion n’a pas assez de santé pour une mission sauvage, Dieu

luy en donne assez, et de force, s’il luy plait, pour celle de La Mobile”(21). Antoine Davion n’en demeura pas moins quelque vingt-cinq sois au MississipiJ M. de Montigny l’avait installé en 1699 chez les Indiens de la tribu des Tonicas(22), et il y passa presque toute sa vie missionnaire. Ses sauvages paroissiens le trai­ tèrent toujours avec respect, et le considéraient même comme un de leurs chefs. Bénard de La Harpe, qui le visita en 1719, rapporte que

19. Tremblay à Mgr de Laval, 19 juin, 1705, ASQ, Lettres, N, 123: 10.

20. L’abbé de la Vente aux directeurs du Séminaire des Missions-Etrangères de Paris, 20 septembre

1704, ASQ, Lettres, R, 77: 8.

21. L'abbé Marc Bergier au Supérieur du Séminaire

de Québec, 30 mars 1704, ASQ, Lettres, R, 64: 1, 22. Lettre de M. de Montigny, des Arkansas, 2 janvier

1699, dans J.G. Shea, Relation de la mission du Mississipi, 46.

Depuis qu’il est aux Tonicas, il a fait abandonner à ces peuples la plus grande partie de leur idolastrie; leurs dieux pénates estoient un crapaud et une figure de ferme qu’ils adoroient, croyant qu’ils représentoient le Soleil. Cette nation est composée, en tout, de

quatre cent soixante habitants; ils ont deux grands chefs des nations rassem­ blées, parlant la mesme langue. Le pre­ mier se nomme Cahura-Joligo; il se rend tous les jours avec sa famille aux

prières et exhortations que leur fait M. Davion, lequel est fort révéré dans ce village, quoiqu’il se soit opposé à

leurs dîners et à la pluralité des femmes(23)

Et cependant, il ne réussit à convertir aucun adulte(24). Finalement, en 1722, usé par des maladies fréquentes et les voyages incessants, l’abbé Davion se retira à la Nouvelle-Orléans. Il était désormais le doyen des missionnaires du Séminaire et son seul repré­

sentant en Basse-Louisiane; il crut que ces circonstan­ ces l’autorisaient à exercer les pouvoirs de grand vicai­ re de l’évêque de Québec. Mais les Peres Capucins qui avaient obtenu la permission de s’établir dans le pays, refusèrent carrément de reconnaître sa juridiction, et

23. Margry, VI: 247.

24. Charlevoix, Histoire et description générale de la Nouvelle-France, avec le Journal d’un Voyage fait par ordre du Roi dans l’Amérique septentrio­ nale , VI: 194s.

prièrent la Compagnie des Indes de le faire passer en France(25). Antoine Davion revint donc dans son pays natal, mais pour y mourir bientôt. C’est l'abbé de Montigny lui-même qui, dans une lettre datée du 22 mai 1726, annonça aux confrères de Québec la nouvelle de son décès:

Mr Davion etoit repassé en france par ordre de la Compagnie des Indes qui ne veut que des Capucins au Mississipi

(...) ce bon missionaire, mon ancien compagnon de voyage, ayant resté quel­ que temps au séminaire de Paris, a voulu aller voir ses parents qu’il

n’avoit point vu depuis près de 40 ans. il a été attaqué chez ses parents de la goutte, Laquelle étant remontée il est mort, Le 8 d’avril dernier, c’étoit un saint missionaire, il etoit du corps de notre seminaire(26).

25, Raphaül de Luxembourg, capucin, aux directeurs de la Compagnie des Indes occidentales, 30 août 1723, ASQ, Evêques, 172; Copie de la lettre de M. Raudot

du 7 janvier 1724 aux directeurs du Séminaire des Missions-Etrangères de Paris, dans Copie d’une

requête à MM. de la Compagnie des Indes au sujet des Missions de la louisiane, ASQ, Missions, 73c: 3. Voir aussi le mémoire de M. de La Chaise, gouver­ neur de la Louisiane aux directeurs de la Compagnie des Indes, Nouvelle-Orléans, 6 et 10 septembre 1723, publié en anglais par D. Rowland et A.G. Sanders, dans Mississipi Provincial Archives, 1701-1729, French Dominion, II: 346s.

26. François de Montigny à Monsieur..., 22 mai 1726, ASQ, Lettres, M, 48: 4,

L’abbé Davion, en plus d’être un saint missionnaire était aussi un homme très cultivé, si l’on en juge par sa bibliothèque. En effet, malgré l’éloignement et les conditions précaires de son existence, il avait réussi à se procurer quelque trois cents ouvrages de sciences religieuses et même profanes.

Le troisième membre de l’équipe, l’abbé Jean-François Buisson de Saint-Cosme(27) était

lui, un Canadien. Il naquit en effet "en la coste de Lauson’’(28) le 30 janvier 1667, de Michel Bisson

26. (suite)

Quand le jour vint pour lui de quitter ses cheres missions, ce prêtre généreux ne voulut pas emporter ses livres si laborieusement réu­ nis, mais il les confia à la garde des Capucins de La Nouvelle-Orléans pour *' estre remis aux messieurs les missionnaires des Thamarois.” Voir Arthur Maheux, La bibliothèque du mission­ naire Davion au XVIII° siecle, dans Le Canada Français , XXVII(mars 1940): 650s.

27. Ou Bysson , Bisson. Le nom même de Bisson serait une altération de Buisson,■ou peut-être un déri­ vé de l’ancien français bisse qui désignait du lin très fin. Bisson (ou Bysson) est l’orthogra­ phe française, tandis qu’au Canada on adoptera généralement Buisson. Les ancêtres de cette famille au Canada furent deux frères, Gervais et Florent (ou Fleurant), originaires de Saint-

Cosme-de-Vair (Sarthe) au diocèse du Mans. Gervais débarqua à Québec vers 1652. Il fut le père de Jean-François, né en 1660, qui devint chanoine de

la cathédrale de Québec et procureur du Séminaire de 1684 à 1710, date de sa mort. Quant à Florent, dont la présence est signalée au Cap Tourmente en 1654, il eut pour fils Michel dit Saint-Cosme, le père du missionnaire au Mississipi. Cf. Archan­ ge Godbout, o.f.m., Nos ancêtres au XVII° siècle, dans RAPQ(1955-1957): 477s. Le nom de Buisson dit Saint-Cosme semble s’être mué très tôt en Buisson de Saint-Cosme, selon un procédé fréquent à cette époque où la particule nobiliaire jouissait d’un si grand prestige. A ce propos, voir R. La Rocque de Roquebrune, Particules, surnoms, titres et armoiries, dans Nova Francia, V(1930): 363s.

28. Et non à Québec, comme l’a écrit Tanguay et presque tous les historiens et généalogistes après lui, même le P. Archange Godbout. Le texte de l’acte de baptême dans le premier registre de la paroisse

ou. Buisson dit Saint—Cosme et de Suzanne de Licé- rasse, et fut baptisé le 6 février par le P. Henri Nouvel, s.j. Jean-François fit très tôt partie du Séminaire puisqu’il y entra le 22 juillet 1675 (29). Ses parents eux-mêmes le rejoignirent en qualité de "donnés” pour "travailler en ce qu'on les voudra

employer selon leur industrie le reste de leurs jours”, comme le rapporte un acte du notaire Romain Becquet du 19 octobre 1680 (30).

28. (suite)

Notre-Dame de Québec est pourtant bien clair: "Lan de grâce mil six cents soixante et sept le sixiesme de febvrier, le Pere Henry Nouvel Jesuite a Baptisé en la coste de Lauson Jean François Bysson ne le dernier de.janvier (en marge: ne le 30e janvr) fils de Michel Bysson

et de Susanne delicerasse sa femme. Le parrain a esté Jean Joly et Louyse Byssot marraine." APNDQ, Registre des baptêmes de 1621 au 5 octo­ bre 1667, I: 87. Inutile d'ajouter que Jean- François Buisson n'est pas né en 1658 et qu'il ne fut pas Jésuite, comme le prétend John Wallace, The History of Illinois and Louisiane under the French Rule, 201, en note, d'après Appleton’s Encyclopedia of American Biography, V: 369. Ces auteurs ont peut-être confondu Jean-François avec Etienne, fils de Gervais, qui fut quelque temps chez les Jésuites de Québec sans qu'on sache s'il devint de la Compagnie de Jésus. 29. ASQ, Annales du Petit Séminaire, Manuscrit, 2: 5. 30. ASQ, Séminaire, LXIX, 2, copie dactylographiée de

l'acte dressé par le notaire royal Romain Becquet et provenant des Archives Judiciaires de Québec. Michel Buisson de Saint-Cosme et Suzanne de Licé- rasse, fille de Jean et d'Elisabeth de la Placette, de Saint-Jean de Canéja, évêché de Bordeaux, s'é­ taient épousés à Québec le 8 novembre 1663. Ce n'est pas la misère qui obligea les époux Buisson

Ordonné prêtre par Mgr de Saint-Vallier le 2 février 1690 (31), l’abbé de Saint-Cosme exerça

son zele dans la région de Québec jusqu’en 1692, alors que le Séminaire l’envoya comme missionnaire en Acadie» La vie n’était pas de tout repos dans cette colonie éloignée. A côté de colons honnêtes et laborieux, il

30. (suite)

a s’abandonner aux soins du Séminaire, car ils possédaient plusieurs concessions, et ”leur

situation était florissante" remarque le P, God- bout. Mais ils désiraient "depuis un longtems... se donner entièrement à Dieu en luy offrant leurs personnes, leurs industrie et travail." Le Sémi­ naire leur confia la direction de sa ferme à Saint- François-de-Sales de l’Ile Jésus. Ils y passèrent le reste de leur vie, et furent inhumés dans le cimetière paroissial, Michel le 22 mars 1702, et sa femme le 25 décembre 1723. Des neuf enfants nés de ce mariage, cinq moururent en bas âge, et trois des survivants se donnèrent aussi à Dieu: Jean- François, son cadet Michel et une fille, Marie- Françoise. Michel né en 1681 fut longtemps curé de la paroisse de Saint-François-de-Sales de l’Ile Jésus, et vint mourir à Québec le 18 février 1712. Marie-Françoise entra chez les Hospitalières de Québec en 1687, et y mourut, le 5 novembre 1710, à

l’âge de 38 ans. Voir Archange Godbout, op, cit. , 483s., et Amédée Gosselin, Les Buisson de Saint- Cosme, prêtres, BRH, XXX: 195s.; APNDQ, Registre des mariages de 1621 au 17 octobre 1667, 146.

31. "in capella domus nostrae episcopalis". AAQ, Regis­ tre A, 282. Il s’agit bien d’une maison, et non du palais épiscopal "plus digne et plus spacieux" que l’évêque se fera construire plus tard. Cette "maison en pierre â deux étages couverte en ardoise" s’élevait en haut de la Cote de la Montagne, là où se trouve aujourd’hui le parc Montmorency. Mgr de Saint-Vallier prit possession de sa demeure au dé­ but du mois d’août 1688. A peine installé, "il se