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Le vieillissement normal…

Dans le document DEPENDANCE ET STIMULATION DES SENS (Page 15-20)

Le vieillissement est le parcours de tout individu depuis sa naissance jusqu’à son aboutissement naturel qui est la mort. Il n’est pas facile de répondre à la question « quand devient-on vieux »? La vieillesse désigne la dernière étape de la vie mais comment savoir à quel moment elle commence? Nous allons tenter de décrire le vieillissement à travers quelques définitions.

Selon R.FONTAINE (1999, p.4) : « le vieillissement est l’ensemble des processus que subit un organisme après sa phase de développement (…) Vieillissement et développement sont des ensembles de phénomènes dynamiques qui évoquent des transformations de l’organisme de nature biologique ou psychologique en fonction du temps ».

Si le vieillissement est un processus inéluctable pour tout être vivant, il est cependant vécu différemment chez chaque individu.

L’O.M.S* appelle jeunes vieillards les personnes de 60 à 74 ans, puis vieillards celles de 75 à 90 ans et enfin grands vieillards les personnes âgée de plus de 90 ans. Le troisième âge débute à 60 ans tandis que le quatrième âge prend en compte les personnes en perte d’autonomie.

Nous abordons ici le vieillissement normal sous ses différents aspects : neurologique, sensoriel, cognitif, psychologique et psychomoteur.

1.1- Le vieillissement neurologique

L’être humain possède à sa naissance un capital neurologique intact et complet, c’est à dire qu’il ne fabriquera plus de neurones par la suite.

Selon R. FONTAINE (1999) il existe une mortalité neuronale croissante avec l’âge, et qui affecte les cortex cérébral et cérébelleux et trois des noyaux gris centraux (putamen, locus niger et locus coeruleus) ainsi que les motoneurones médullaires.

* Tous les mots marqués d’un astérisque sont définis dans le lexique

La perte neuronale atteindrait 40 % dans certaines zones frontales et pariétales ainsi que dans l’hippocampe (zone capitale dans le traitement des informations à mémoriser).

On observe en outre diverses modifications nerveuses :

- L’atrophie du cerveau (perte de poids et diminution du volume). La réduction de la substance blanche serait la cause de cette atrophie cérébrale.

- L’apparition de plaques séniles qui sont des lésions entre les corps cellulaires. Lors du vieillissement normal, les plaques séniles semblent apparaître essentiellement dans l’hippocampe et dans le néocortex, avec une densité faible.

- La dégénérescence neurofibrillaire. Il s’agit d’une lésion qui, contrairement à la plaque sénile, apparaît à l’intérieur du corps cellulaire du neurone. Elle est composée de faisceaux de filaments anormaux qui envahissent le corps cellulaire, pouvant provoquer une distorsion et un déplacement du noyau et ainsi empêcher son bon fonctionnement. Cette dégénérescence serait présente chez plus de 60% des personnes âgées de plus de 70ans.

- La neuroplasticité*, qui tend à s’affaiblir lors du vieillissement. Son activité ainsi que son efficacité sont diminuées ce qui entraîne une baisse des capacités d’apprentissage.

- Certaines régions du cerveau sont affectées par un enrichissement de l’arborisation dendritique, d’autres par une raréfaction de cette même arborisation.

B.TAVERNIER-VIDAL et F.MOUREY (1991) constatent certaines modifications de la jonction neuromusculaire* au niveau du système nerveux périphérique*, comme l’élargissement de la fente synaptique, l’épaississement de la membrane basale, ainsi que la réduction de taille. Ces modifications entraînent une réponse musculaire lente et un épuisement rapide.

D’autres facteurs tels que la réduction de la gaine de myéline*, l’importance des ramifications dendritiques ainsi que la modification de la qualité de certains neurotransmetteurs peuvent également expliquer la lenteur d’exécution motrice.

1.2- Le vieillissement sensoriel

1.2.1-La gustation et l’olfaction

Selon R.FONTAINE (1999), la gustation est le sens de la saveur qui repose sur la combinaison de quatre saveurs fondamentales : le sucré, le salé, l’acide et l’amer. Chez l’homme, les récepteurs gustatifs sont situés sur la langue et sur la paroi de la bouche. Avec l’âge, on constate une légère augmentation des seuils perceptifs de sensibilité aux saveurs.

Cela signifie qu’une concentration plus forte d’une saveur considérée est nécessaire chez la personne âgée pour obtenir la même sensation.

Selon B. LEBRETON, C. HAZIF-THOMAS, P. THOMAS (1997), les déficits sensoriels sont plus importants pour les substances amères que pour les substances sucrées.

L’olfaction est un sens qui permet la détection d’un nombre illimité d’odeurs. Les récepteurs olfactifs sont situés sur la muqueuse nasale. Leur nombre chez l’homme est d’environ dix millions. R. FONTAINE (1999) ajoute que passé l’âge de 60 ans les seuils de la sensibilité olfactive augmentent différemment selon les individus et selon les odeurs testées. Il semblerait que l’olfaction soit plus sensible au vieillissement que la gustation.

Par ailleurs, selon B. LEBRETON, C. HAZIF-THOMAS, P. THOMAS (1997) le déficit de la fonction gustative serait essentiellement dû au déclin de la fonction olfactive.

Le vieillissement induit des phénomènes neuro-anatomiques qui perturbent inévitablement le système olfacto-gustatif. On observe chez la personne âgée une diminution des bourgeons gustatifs, des papilles fonctionnelles, et des axones au sein des glomérules olfactifs, ainsi qu’une dégénération du cortex olfactif.

Le déficit de la sensibilité olfacto-gustative peut être la cause d’une diminution de la consommation alimentaire pouvant provoquer une perte de plaisir à s’alimenter et de ce fait conduire le sujet à une malnutrition et à un amaigrissement.

1.2.2- Le toucher

«Différents récepteurs contenus sous la peau nous permettent de percevoir une pression. Les seuils absolu et différentiel augmentent avec l’âge, ce qui signifie une baisse de la sensibilité dans la paume de la main. » (CAUNA N., cité par R.

FONTAINE, 1999, p.67-68)

« Pour la plus grande partie du reste du corps, la sensibilité demeure inchangée jusque dans le grand âge.» (KENSHALO D.R, cité par R. FONTAINE, 1999, p.68)

En ce qui concerne la température, selon Clark et Mehl, (cité par R. FONTAINE, 1999, p.68), les seuils absolu et différentiel de la sensation de chaleur augmentent significativement chez le sujet âgé. En revanche, la perception du froid se caractérise par une faible augmentation des seuils.

Selon FONTAINE (1999), on constate chez les personnes âgées une baisse de l’efficacité de la thermorégulation qui entraîne un besoin de compensation, soit en augmentant la température de son logement, soit en se couvrant de vêtements chauds.

1.2.3- L’audition

Selon R. FONTAINE (1999), on observe chez la personne âgée une baisse auditive due à la dégénérescence progressive au cours de l’âge de cellules appelées cellules ciliées ainsi que des cellules nerveuses.

L’oreille permet d’entrer en relation avec les autres, de se situer dans l’espace et d’interagir avec le monde environnant. Elle permet donc à la personne d’être autonome dans la vie quotidienne.

Selon E. MEISAMI (1997) la perte auditive liée au vieillissement, appelée la presbyacousie*, peut donc engendrer des troubles comportementaux et sociaux allant jusqu’au retrait et à l’isolement.

Il semblerait qu’avec l’âge, les sons de haute fréquence ainsi que les consonnes sont moins bien perçus, que le sujet ait une moins bonne capacité à localiser la source des sons surtout lors de plusieurs stimulations auditives simultanées.

1.2.4- La vision

Comme l’audition, la vision est une modalité sensorielle importante pour l’espèce humaine et selon R. FONTAINE (1999), particulièrement sensible à l’effet de l’âge. Elle permet de découvrir l’espace environnant et d’entrer en relation avec autrui.

L’œil est à la fois un système optique et une structure nerveuse et rétinienne.

Les effets de l’âge sur le système visuel apparaissent dès 40 ans pour la structure optique et à partir de 60 ans pour la structure rétinienne.

Selon E. MEISAMI (1997) les modifications de la capacité visuelle liées à l’âge se traduisent par des difficultés dans la perception d’objets distants et de la profondeur, ainsi que par une diminution de la sensibilité à l’éblouissement et aux couleurs.

1.3- Le vieillissement cognitif et psychologique

1.3.1- Le vieillissement cognitif

Le système cognitif subit des modifications tout au long de la vie adulte.

Le vieillissement mnésique n’est pas homogène. R. FONTAINE (1999) nous explique que certaines activités mnésiques résistent à l’âge alors que d’autres y sont sensibles.

La mémoire de travail* ainsi que la mémoire épisodique* déclinent au cours du vieillissement alors que les mémoires sémantique* et procédurale* semble être moins altérées.

L’intelligence peut être mesurée par le WAIS (Wechsler Adult Intelligence Scale). Cet outil propose une batterie de tests permettant de mesurer le QI verbal, le QI de performance ainsi que le QI total. Le premier serait stable jusqu’à 80 ans alors que le second déclinerait à partir de 45 ans pour s’effondrer après 70 ans.

« Une dissociation semble ainsi apparaître entre une intelligence liée aux connaissances, aux savoirs scolaires, qui pourrait résister voire s’améliorer avec l’âge, et une intelligence liée à des contextes nouveaux (puzzle, découverte d’une histoire ou d’une énigme) qui vieillirait dès la quarantaine. » (FONTAINE R., 1999, p88-89)

1.3.2- Le vieillissement psychologique

Comme l’adolescence, la vieillesse est caractérisée par la profondeur des transformations marquant cette période de la vie.

« Par le déclin physique, les séparations et les deuils qu’elle entraîne, la vieillesse est à ce point placée sous le signe de la perte que l’on tend à lui ramener toute sa psychopathologie, l’expérience de la perte pouvant être aussi bien à l’origine des dépressions que des réactions délirantes ou confusionnelles et de l’atteinte du moi dans les démences. » (CHARAZAC P., 1998, p.16)

Du fait de la transformation de son aspect physique, la personne âgée est déstabilisée. Elle est confrontée à ses pertes, à ses doutes et au manque.

Des comportements d’angoisse, d’inquiétude, de désarroi peuvent se manifester chez le sujet âgé à l’approche de sa propre mort.

« L’angoisse de mort peut-être liée à la peur de la perte de notre identité avec la disparition de l’ego, à la crainte de revivre la même angoisse que celle vécue dans la construction de notre Moi (angoisse de morcellement), à la perte des limites de l’espace et du temps. » F.PITTERI (2000, p230)

L’ensemble de ces modifications génère donc une série de perturbations chez le patient. Il est alors très important que l’entourage réalise pleinement l’ampleur de cette déstabilisation, et agisse en conséquence pour entourer la personne âgée et l’assister au mieux de leurs possibilités.

1.4- Le vieillissement psychomoteur

Le vieillissement psychomoteur varie d’un individu à l’autre. Les modifications qu’il entraîne sont spécifiques à chaque individu. Elles dépendent de son âge, des changements neuroanatomiques et neurophysiologiques qu’il présente ainsi que de sa structure psychique.

1.4.1- Le tonus et les coordinations dynamiques générales

«Concernant le tonus de fond, les sujets de plus de 70 ans présentent des paratonies de fond tellement fréquentes que de Ajuriaguerra (1970) les a considérées comme quasi physiologiques ». F. PITTERI (2000, p227)

En ce qui concerne le tonus d’attitude, la puissance des muscles antigravitaires diminue. L’équilibre statique peut devenir précaire, la marche est plus lente.

L’amplitude des mouvements ainsi que la masse musculaire sont réduites, le ballant des membres supérieurs est diminué.

Tout ceci entraîne une perte de la faculté à coordonner plusieurs groupes musculaires nécessaires dans une même tâche.

1.4.2- Le schéma corporel et l’image du corps

Selon chaque individu, le schéma corporel* et l’image du corps* sont sujets à modifications. Certaines personnes, privées par l’immobilité d’un ensemble de sensations kinesthésiques, proprioceptives et tactiles, vont voir leur schéma corporel se déstructurer.

Les troubles praxiques éventuels sont accentués par une difficulté à percevoir le schéma corporel. La déstructuration du schéma corporel peut être à l’origine d’une désorientation temporo-spatiale chez la personne âgée.

La personne âgée est confrontée à de nombreuses modifications physiologiques telles que la sécheresse et la rudesse de la peau, le blanchissement des cheveux, la posture, la silhouette, la souplesse des mouvements. De plus, F. PITTERI (2000) souligne que ces changements varient d’un individu à l’autre mais sont la plupart du temps difficiles à accepter. Ils peuvent être source d’angoisse, de difficultés d’adaptation et de dévalorisation de l’image du corps.

1.4.3- L’espace et le temps

Les altérations physiques et psychologiques que peut ressentir le sujet âgé peuvent influencer ses initiatives motrices. F.

PITTERI (2000) ajoute que l’espace est de moins en moins investi, les explorations spatiales diminuent et amène le sujet à renégocier perpétuellement la relation entre ses projets, ses désirs et l’espace réel.

Dans cet espace réel, le sujet manque de repères et se sent parfois totalement déstabilisé, angoissé et en insécurité. Afin de se protéger, il va adopter des attitudes psycho-corporelles pour restaurer autour de lui un micro-espace sécurisant.

Les personnes âgées ont souvent un rythme biologique perturbé avec notamment des troubles du sommeil fréquents. Le manque de repères concret a pour conséquence une méconnaissance du temps socialisé (l’entrée en institution peut favoriser ce manque de repères) et la personne âgée a souvent le sentiment d’allongement du temps. Les journées sont rythmées par les repas, les toilettes, le coucher…

Dans le document DEPENDANCE ET STIMULATION DES SENS (Page 15-20)