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Chapitre 4 : RÉSULTATS

4.6 La vie aujourd'hui

Cette section s‘attarde à mettre en perspective la vie que mènent aujourd‘hui les 13 femmes interviewées dans le cadre de cette étude. Tout cela à partir de cinq volets. Le premier, le fonctionnement du marché du travail. Le second, les facteurs qui facilitent l‘intégration sociale et économique. Le troisième, les facteurs qui nuisent à l‘intégration sociale et économique. Le quatrième, des suggestions pour le service d‘accueil de la ville de Rouyn- Noranda et le cinquième, des suggestions pour les nouvelles arrivantes.

4.6.1 Fonctionnement du marché du travail

La plupart des répondantes (dix femmes) estiment connaître très bien le marché du travail dans la région de l‘Abitibi-Témiscamingue : « Oui, je connais très bien comment fonctionne tout ici, parce que j’ai eu l’opportunité de travailler dans différents endroits, écoles, centre de la petite enfance, etc. » (Ximena). Les démarches qu‘ont entreprises les répondantes pour connaître le fonctionnement du marché du travail proviennent principalement de trois sources : conjoint, amies et Internet. Des témoignages illustrent très bien cela :

Je lis beaucoup sur Internet pour m‘informer. Oui, j‘ai un emploi dans une institution financière depuis 2011. J‘ai été embauchée dans un emploi qui, pour l‘instant, me plaît et qui va bien avec mes études. Ici m‘ont demandé pour mon emploi juste un diplôme de secondaire V, seulement ça. (Alicia)

Oui, maintenant, je connais le fonctionnement du marché du travail. J'ai appris tout ça en me renseignant auprès des amies. Cela m‘a pris quelque temps de tout savoir, au moins de savoir ce dont j‘avais besoin pour trouver un travail qui me permettrait de vivre et de me sentir utile. (Muriel)

Le fait de vivre en région depuis quelque temps permet aux répondantes de se fixer des attentes plutôt réelles pour leur intégration économique.

Le marché du travail, comme je vous ai dit avant, on doit avoir une certaine expérience ici pour rentrer au marché de travail. D‘un autre côté, les études que l‘on a faites chez nous avant de rentrer au Canada ne sont pas suffisantes. Mais on doit avoir une petite expérience, on doit commencer sur l‘échelle la plus basse pour commencer à avoir des expériences, et après monter tranquillement. (Ximena)

Je savais que mon diplôme du Mexique ne serait pas reconnu ici, et pour me faire reconnaître tout ça, j‘ai fait la maîtrise dans le domaine de la santé. Cela m‘a ouvert la porte à un travail comme je voulais. (Paula)

Deux autres répondantes soulèvent le fait que, pour trouver un emploi, il faut avoir des contacts et une bonne maîtrise de la langue française.

Ici ça marche beaucoup avec des contacts. Ici ça compte beaucoup les contacts, parce que tout le monde se connaît ou presque tous. C‘est comme ça que j‘ai réussi à trouver mes premiers travaux, sinon ça n‘aurait pas marché et cela a pris du temps. (Arielle)

Pour trouver un bon emploi, il faut maîtriser bien le français. Aller dans un organisme qui peut nous aider à rédiger une carte de présentation et un bon CV est toujours bon. Utiliser le bouche-à-bouche entre amis, ça marche aussi. (Anne)

À propos du cadre juridique qui régit les lois en matière d‘emploi, une répondante se sent assez conforme avec le système de protection existant pour les employés : « D’après mon conjoint, j’ai trouvé qu’ici c’est correct et équitable. Concernant les lois, elles sont bien encadrées ici, il y a beaucoup de protection envers les employés ». (Andrea)

Seulement trois répondantes rapportent une méconnaissance du marché de travail. Dans un des cas, une des femmes regrette ne pas avoir eu de connaissances minimales après avoir échoué dans un petit commerce de décoration de fleurs dans la ville de Rouyn-Noranda.

Je ne sais pas comment ça fonctionne ici. Mon mari et moi avons loué un local pendant l‘été dernier - 2012 - pour vendre des fleurs, mais cela n‘a pas marché parce que les gens ne venaient pas au local. J‘aurais peut-être dû m‘informer avant d‘ouvrir le local, pour me renseigner si le marché des fleurs est quelque chose qui pourrait fonctionner à Rouyn ou non! (Lucia)

En effet, je ne connais pas beaucoup en ce moment comment fonctionne ça ici, comme je t‘ai dit, je ne travaille pas à cause que je ne parle pas le français. Je ne m‘intéresse pas beaucoup – du moins pour le moment – de trouver un travail, il va venir le moment de m‘en occuper et apprendre sur tout ça. (Caroline)

4.6.2 Le travail maintenant

Les femmes interviewées ont, pour la plupart, des activités rémunérées, à l‘exception de trois répondantes qui ne travaillent pas. À propos du genre de travail qu‘elles font, nous y trouvons, par exemple, des activités non liées à leur formation d‘origine ainsi que des activités liées à la formation suivie au Québec. Dans le premier cas, sept répondantes travaillent dans des activités mineures : donnant des cours d‘espagnol, gardienne en milieu familial, préposée à l‘accueil dans des entreprises privées. « Je travaille comme professeure d’espagnol et aussi comme massothérapeute (Marie); je suis responsable d’une garderie en milieu familial subventionnée par le gouvernement. » (Ximena).

Trois autres répondantes ont réussi à décrocher un travail conforme à leurs compétences. Deux femmes travaillant à l‘Agence de santé et de services sociaux de l‘Abitibi- Témiscamingue, l‘une dans le domaine de la santé, la seconde comme coordonnatrice du programme qui facilite l‘intégration des minorités anglophones et des peuples autochtones, et la dernière dans le domaine de la sécurité publique.

Je travaille aujourd‘hui comme conseillère au ministère de la Sécurité publique. J‘ai fait plusieurs concours à la fonction publique. J‘ai fait 5 concours et j‘étais classée sur une liste d‘appels. Je n'ai pas été embauchée par mon diplôme d‘ici — j‘ai fait une maîtrise en gestion à l‘UQAT — ils m‘ont embauchée avec mon baccalauréat de mon pays d‘origine. (Laura)

Effectivement, je travaille en santé publique. De ça, ça fait quelques années déjà. En premier, j‘étais ailleurs au Québec puis je suis déménagée à Rouyn pour mon travail. (Paula).

4.6.3 L‘attachement à la région

En ce qui a trait au sentiment d‘attachement à la région, neuf femmes ont répondu être très attachées à l‘Abitibi-Témiscamingue. Voici quelques verbatim des interviews :

Je pense que c‘est une place sécuritaire, surtout quand nous avons une famille. Pour les enfants, c'est une place tranquille en relation aux grandes villes. Ici les enfants ont une meilleure qualité de vie. Si vous aimez la vie en plein air, vous trouvez tout ça ici. (Andrea)

Concernant la ville, la région, je me sens bien. Il est vrai que, du côté de la langue, je me sens pas bien, je ne parle pas français; mais la ville comme telle, je trouve que c‘est un lieu idéal pour vivre en famille. (Laura)

Je me sens très bien ici, à Rouyn-Noranda. Parce que je me sens très bien ici, les enfants vont bien à l‘école. On fait des activités après l‘école. Ici, c‘est une ville calme près de la nature. Je me sens mieux à Rouyn que quand je suis à Montréal ou Toronto; les grandes villes, ça bouge trop, ça bouge vite. (Chloé)

4.6.4 Un hiver difficile à supporter

Toutes les répondantes considèrent que le climat d‘hiver affecte de façon importante leur moral. Elles manifestent plusieurs sentiments de mécontentement sur les conditions climatiques, par exemple : l‘hiver n‘est pas agréable pour personne, le manque de soleil, un

hiver très long, la difficulté de conduire en hiver. Ainsi, l‘hiver produit diverses émotions négatives chez les 13 répondantes.

C‘est sûr! Le climat n‘est pas agréable à personne, je pense. L‘hiver, ce n‘est pas vraiment agréable à personne, surtout quand tu ne fais pas des activités d‘hiver ou sports d‘hiver. Je pense sérieusement que, pour moi, c‘est le plus difficile, le froid, le vent et la neige pendant des mois. (Andrea)

Je n‘aime pas le froid, et ici l‘hiver est vraiment long. Pour moi, c'est très difficile et chaque année est plus difficile encore. L‘hiver est vraiment long et je ne m‘adapte pas au froid. Chaque fois que finit l‘été, je commence à dire un autre hiver, un autre hiver! (Ximena)

L‘hiver est dur, mais à part de ça, je suis bien. Le manque de soleil me fait mal. En général, on ne gagne pas beaucoup pendant l‘hiver, le soleil se couche très tôt. Pour moi, j‘aimerais avoir 8 heures de soleil toute l‘année. (Paula)

Une répondante ajoute que, pour elle, une des choses les plus difficiles en hiver, au-delà du froid, c'est la difficulté de conduire et le risque d‘avoir un accident : « De conduire l’hiver pour moi, c'est quelque chose que malgré les années que je suis ici, je ne suis pas habituée à faire ». (Marie)

4.6.5 Des projets

De façon à obtenir des informations relativement aux projets des répondantes, une question a été posée à ce propos. Parmi les projets qui émergent du discours des répondantes, on retrouve deux axes : celui qui regroupe les répondantes qui se voient toute leur vie en région. C‘est le cas de neuf femmes : « Je me sens bien ici, la vie est tranquille, c’est une bonne place pour élever les enfants. Mes enfants sont ici et je ne pense pas partir ailleurs. » (Anne) Et il y a celles qui pensent quitter la région un jour, pour certaines périodes de l‘année, ou pour toujours.

J‘aimerais arranger ma vie de façon à passer l‘hiver au Mexique, mais je ne sais pas encore comme je ferais ça. Je suis rendue dans un point de ma vie que… je ne voudrais pas, disons, rester toute ma vie ici, à Rouyn-Noranda. J‘aime beaucoup la vie ici en région, quand même, sauf que mon pays me manque beaucoup, parce qu‘ici le froid est dur, très dur. (Marie)

Longtemps ici non, peut-être changer à une autre ville, par exemple aller à Toronto, au rentrer chez moi. La seule chose qui fait que je reste ici, c‘est mon fils. Comme lui est né ici et son papa est québécois, je ne peux pas partir avec lui. Mon ex- conjoint ne me donnera pas la permission pour quitter le pays avec mon fils. (Ximena)

Pour une répondante, le fait de quitter la région qui l‘a accueillie dépend seulement de la suite des études universitaires de ses enfants.

Oui, jusqu‘à notre retraite. Jusqu‘à notre retraite, peut-être après la retraite, on s‘en va ailleurs, les enfants vont grandir et choisir une carrière universitaire qui n‘est pas ici. Mais il est sûr qu‘on va rester jusqu‘à la retraite, et après on verra, dans ce sens, je crois qu‘on va partir dans une grande ville. (Chloé)