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Chapitre 1 : PROBLÉMATIQUE

1.7 Divers portraits de femmes immigrantes

Dans le cadre de cette recherche, le sujet qui nous intéresse est celui des femmes immigrantes. Nous présentons ici divers portraits de celles-ci. Les femmes immigrantes sont des mères transnationales, des femmes venues d‘ailleurs, des femmes autonomes, des femmes-chefs de famille et des femmes, malgré tout, vulnérables.

1.7.1 Des mères transnationales

Précisons que, dans le cas des mères venues d‘ailleurs, elles sont confrontées à des décisions difficiles en tant que mères. Ces femmes émigrent de leur pays d‘origine, laissant leurs enfants à leur famille (Sternberg, 2010). Tel est le cas de celles qui doivent surmonter les épreuves et les dangers inhérents au passage clandestin de la frontière américano- mexicaine. Elles continuent à souffrir du fait de la séparation d‘avec leurs enfants et vivent dans l‘espoir de se retrouver à nouveau en famille. Ainsi, les femmes qui ont émigré seules et qui ont laissé époux et enfants dans le pays d‘origine deviennent des chefs de famille, de facto du foyer transnational, du fait de l'importance des transferts monétaires vers la famille dans le pays d‘origine. Les enfants restent avec les grands-parents ou avec le père, mais c‘est généralement un membre féminin de la famille qui s‘en occupe : grandes sœurs, tantes, belles-sœurs, etc.

1.7.2 Des femmes venues d‘ailleurs

Venir d‘ailleurs signifie, en quelque sorte, pour les immigrantes, ce que Bérubé (2004) appelle être transplanté d‘un monde à un autre, c‘est aussi se voir confier le mandat de guider et d‘initier ses enfants aux réalités d‘une société dont on connaît à peine les contours. Les différences dans la manière de penser, de ressentir, d‘exprimer et d‘agir sont modelées en fonction du genre. Les façons de régler les problèmes d‘adaptation sociale sont différentes chez les femmes; elles peuvent élargir les perspectives et la vision des choses et elles peuvent mieux s‘adapter. L‘adaptation des femmes pose des défis particuliers. À cet égard, mentionnons que les modifications des rôles favorisent ces problèmes.

Bien que la culture soit l‘un des facteurs qui influencent la façon dont les parents s‘impliquent auprès du bébé et dans l‘espace domestique, les circonstances migratoires sont telles qu‘en modifiant la structure familiale, elles incitent, dans le cas des hommes, à ajuster leurs comportements et leur rôle (Battaglini et al., 2002; Hernandez, 2001). Or, beaucoup de femmes, suivant la tradition de leur pays, assurent un rôle affectif dans la famille, s‘occupent de l‘éducation des enfants et de l‘entretien ménager.

1.7.3 Des femmes autonomes

L‘incorporation des femmes immigrantes au marché du travail, et la possibilité de confier la responsabilité des enfants à quelqu‘un d‘autre, les amènent à une certaine autonomie, ce qui change les rapports dans le couple. Même si les immigrantes proviennent de sociétés qui les obligeaient à l‘obéissance, elles se rendent compte que les femmes canadiennes ont réalisé de nombreux gains à la suite de revendications contre le patriarcat et le rapport de pouvoir spécifique qu‘exercent les hommes, contre leur enfermement dans leur sphère privée et contre leur assignation prioritaire à des tâches spécifiques. À cet égard, dans le cas du Québec, citons la Marche des femmes « Du pain et des roses » de 1995 (Villeneuve, 2007; 2005) où la lutte qu'elles ont entreprise, relativement leurs droits contre la domination des hommes, contre la place limitée des femmes et pour l‘égalité homme-femme, a également appelé à une redéfinition du couple, de la parentalité et de la famille.

1.7.4 Des femmes-chefs de famille

Pour Tobío et al. (2007), les femmes « de la nouvelle génération doivent penser aux stratégies pour réconcilier le travail et la vie de famille » (p. 41). En outre, l‘immigration a subi des changements importants, tel est le cas de l‘augmentation de sa féminisation (Tobío et al., 2007). Or, pour Rassiguier (2003), mettre l‘accent sur le travail des femmes immigrantes amène à reconsidérer les clichés et les biais sexistes et racistes qui rendent plus facile d‘ignorer leur rôle fondamental dans notre société. Dans ce voyage, on trouve des femmes qui bougent, qui travaillent et qui luttent; et elles font tout cela en étant bien souvent elles-mêmes chefs de famille. Ajoutons à cela l‘invisibilité de la migration féminine dont parle Oso (2000). Pour elles, cette invisibilité de la migration féminine s‘inscrit dans un cadre plus large : la sous-estimation des femmes comme protagonistes du développement (en tant qu‘éléments moteurs de ce développement).

Dans une étude de l‘Institut canadien de recherche sur les femmes, citée par Morris (2002 :5) dans Pierre (2005), tendait « effectivement à établir un lien entre le nombre d‘enfants et la situation salariale, dans le sens que, plus une femme a des enfants, plus son

salaire est bas, ou plus elle risque d‘être au chômage » (p. 88). L‘explication, dans ce cas, serait associée au fait que la femme immigrante serait obligée de diminuer son temps de travail rémunéré, de quitter son emploi ou prendre un congé en cas d‘urgence ou refuser une promotion pour s‘occuper des enfants. Cette inégalité est aussi observée par Bastia (2007); Battaglini et al. (2002) et Hernandez (2001).

1.7.5 Des femmes malgré tout vulnérables

En parcourant les écrits existants sur le sujet (Rojas-Viger, 2006; Cardu et Sanschagrin, 2002; Mianda, 1998; Hernandez, 2007; Roy, 2003), il est possible de dégager une problématique dominante. Cela serait la précarité des conditions socio-économiques des femmes immigrées. Comme le démontre la littérature recensée, cette problématique couvre plusieurs dimensions. D‘abord, pour Pierre (2005), la « dimension sociale du statut précaire d‘une partie des femmes immigrées nous renvoie aux phénomènes de l‘exploitation des femmes et des conditions d‘immigration ». La dimension économique, elle, « désigne non seulement les inégalités salariales en emploi, la pauvreté et le chômage, mais comprend aussi des pratiques économiques hautement illégales comme l'exploitation, le trafic de personnes, le travail forcé » (p. 78).